Direction de la séance |
Projet de loi PLFRSS pour 2023 (1ère lecture) (n° 368 , 375 , 373) |
N° 2381 1 mars 2023 |
AMENDEMENTprésenté par |
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Mme PRÉVILLE ARTICLE ADDITIONNEL APRÈS ARTICLE 2 |
Après l'article 2
Insérer un article additionnel ainsi rédigé :
Dans un délai de trois mois à compter de la promulgation de la présente loi, le Gouvernement remet au Parlement un rapport évaluant le manque à gagner pour les comptes sociaux (retraites, chômage, maladie...) provoqué par la qualification indue des travailleurs des plateformes en tant que travailleurs indépendants, et les effets financiers qu’auraient leur requalification en salariés.
Objet
Par cet amendement, il est demandé au Gouvernement de faire toute la transparence sur le coût pour la Sécurité sociale de son refus de reconnaître les travailleurs des plateformes faussement indépendants pour ce qu'ils sont, des salariés ; comme le précisent la Cour de Cassation dans son arrêt du 4 mars 2020 et depuis nombre de juridictions. Encore mi janvier le tribunal des Prud'hommes de Lyon a condamné la plateforme Uber à près de 20 millions d'euros à 139 chauffeurs en plus d'une requalification en salariés.
Véritable machine à dé-cotiser, le statut de faux indépendant induit de fait un manque à gagner considérable pour notre système de protection sociale. Ce rapport permettra de le chiffrer et ainsi d'indiquer à la représentation nationale de nouveaux paramètres en vue de légiférer sur ce statut.
Les membres du groupe socialiste, écologiste et républicain du Sénat, défendent depuis des années la présomption de salariat pour ces travailleurs afin d'améliorer leurs droits sociaux et par voie de conséquence conforter l'équilibre des comptes sociaux.
Le modèle économique dominant de cette plateformisation du travail repose en grande partie, au-delà de la chasse aux cotisations, sur l'exploitation des plus vulnérables. Deliveroo a été condamné à deux reprises pour travail dissimulé et doit verser presque 10 millions d'euros à l'URSSAF. Frichti, Stuart et d'autres sont régulièrement épinglées par la presse et les syndicats pour avoir recours aux pires montages financiers et sociaux n'ayant pour finalité qu'une précarité toujours plus grande pour des sans-papiers déjà vulnérables. En effet, en plus du manque à gagner pour la sécurité sociale de la substitution au salariat, le travail au noir est généralisé et prive encore le régime de recettes. Une étude du Haut Conseil pour le financement de la protection sociale a montré l'ampleur de phénomène. Les abus sont particulièrement importants chez les chauffeurs de VTC : 90 % d'entre eux ont sous-déclaré leur chiffre d'affaires auprès de l'Urssaf et 66 % des cotisations dues ont été éludées, soit 49 millions d'euros perdus pour le système social.
Il est temps que le gouvernement objective la réalité financière du système qu'il encourage. Ce rapport y contribuera.