Direction de la séance |
Projet de loi Projet de loi de finances pour 2025 (1ère lecture) PREMIÈRE PARTIE (n° 143 , 144 ) |
N° I-1796 21 novembre 2024 |
AMENDEMENTprésenté par |
|
||||||||
M. OUIZILLE ARTICLE ADDITIONNEL APRÈS ARTICLE 19 |
Après l’article 19
Insérer un article additionnel ainsi rédigé :
L’article 777 du code général des impôts est ainsi rédigé :
« Les droits de mutation à titre gratuit sont fixés aux taux indiqués dans les tableaux ci-après, pour la part nette revenant à chaque ayant droit :
« Tableau I
« Tarif des droits applicables en ligne directe :
«
FRACTION DE PART NETTE TAXABLE | TARIF applicable ( %) |
N’excédant pas 8 072 € |
5 |
Comprise entre 8 072 € et 12 109 € |
10 |
Comprise entre 12 109 € et 15 932 € |
15 |
Comprise entre 15 932 € et 552 324 € |
20 |
Comprise entre 552 324 € et 902 838 € |
30 |
Comprise entre 902 838 € et 1 805 677 € |
40 |
Comprise entre 1 805 677 € et 6 000 000 € |
45 |
Au delà de 6 000 000 € | 50 |
« Tableau II
« Tarif des droits applicables entre époux et entre partenaires liés par un pacte civil de solidarité :
«
FRACTION DE PART NETTE TAXABLE | TARIF applicable ( %) |
N’excédant pas 8 072 € |
5 |
Comprise entre 8 072 € et 15 932 € |
10 |
Comprise entre 15 932 € et 31 865 € |
15 |
Comprise entre 31 865 € et 552 324 € |
20 |
Comprise entre 552 324 € et 902 838 € |
30 |
Comprise entre 902 838 € et 1 805 677 € |
40 |
Comprise entre 1 805 677 € et 6 000 000 € |
45 |
Au delà de 6 000 000 € | 50 |
« Tableau III
« Tarif des droits applicables en ligne collatérale et entre non-parents :
«
FRACTION DE PART NETTE TAXABLE | TARIF applicable ( %) |
Entre frères et sœurs vivants ou représentés : | |
N’excédant pas 24 430 € |
35 |
Supérieure à 24 430 € |
45 |
Entre parents jusqu’au 4e degré inclusivement |
55 |
Entre parents au-delà du 4e degré et entre personnes non-parentes |
60 |
».
Objet
Quel monde allons-nous laisser à nos enfants et à nos petits-enfants ? Cette question résume l’inquiétude partagée par la génération du baby-boom face aux crises contemporaines : crise écologique, crise démocratique, crise économique et crise des inégalités.
Pour cette génération, le patrimoine accumulé est souvent le fruit d’une vie de labeur et constitue une bouée de sauvetage envoyée à ses enfants. Pourvoyeur de certitude dans un monde incertain, l’héritage forme aux yeux des parents le prolongement du filet de sécurité sociale. Offrant la possibilité de léguer un patrimoine, il est également perçu comme un symbole de la mobilité sociale – à la fois une espérance et un horizon. Cette double fonction, économique et symbolique, participe à l’attachement des Français à l’héritage.
Au cours des quinze prochaines années, la France connaîtra le plus grand transfert de richesse de son histoire contemporaine : plus de 9 000 milliards d’euros de patrimoine détenu par les Français les plus âgés seront transmis à leurs enfants. Ce mouvement, appelé la "Grande Transmission" (Great Wealth Transfer dans les pays anglo-saxons), est lié à la disparition progressive de la génération du baby-boom.
Cependant, la grande transmission présente un caractère extrêmement inégalitaire : 10 % des ménages détiennent 55 % du patrimoine total des Français. Si nous ne faisons rien, elle risque de rétablir une société où la fortune héritée surdétermine la position sociale des individus, et où le poids des dynasties patrimoniales l’emporte sur les résultats de l’effort et du travail, trahissant la promesse républicaine selon laquelle "les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune".
Face à ces défis, une réponse collective est indispensable. La somme d’héritages individuels que représente la grande transmission ne suffira pas à relever des défis globaux comme la crise écologique. Refusant cette fatalité, nous proposons de transformer la grande transmission en une opportunité pour financer l’avenir autour de trois priorités nationales : la transition écologique, la recherche et l’éducation.
Pour y parvenir, nous proposons un impôt sur les grandes successions (IGS) reposant sur trois piliers :
(i) une refonte de l’assiette des droits de succession et l’instauration d’un barème plus progressif ; (ii) la taxation des plus-values latentes, pour mettre fin à l’effacement fiscal des gains non réalisés dans les transmissions du top 1 % ; (iii) une modernisation pour faciliter les transmissions au cours de la vie.
Actuellement, seuls 5 % des 400 milliards d’euros transmis annuellement sont fiscalisés, générant 20 milliards d’eurosde recettes. La réforme porterait ce taux à 9 %, permettant de mobiliser 400 milliards d’euros entre 2025 et 2040 pour financer les investissements nécessaires.
Suivant les estimations du CAE dont nous nous inspirons, une réforme du barème des droits de successions (concomitante à un travail sur l'assiette) devrait permettre de générer des droits supplémentaires de l’ordre de 10 milliards d’euros par an.
Cet amendement a été travaillé avec le laboratoire d'idées Hémisphère gauche.