Direction de la séance |
Projet de loi Projet de loi de finances pour 2025 (1ère lecture) SECONDE PARTIE MISSION OUTRE-MER (n° 143 , 144 , 145, 150) |
N° II-1253 2 décembre 2024 |
En attente de recevabilité financière |
AMENDEMENTprésenté par |
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M. KANNER, Mmes NARASSIGUIN et ARTIGALAS, MM. TEMAL et LUREL, Mmes BÉLIM, CONCONNE et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain Article 42 (crédits de la mission) (État B) |
I. – Créer le programme :
Aide à la reconstruction de la Nouvelle-Calédonie
II. – En conséquence, modifier ainsi les crédits des programmes :
(en euros)
Programmes | Autorisations d’engagement | Crédits de paiement | ||
+ | - | + | - | |
Emploi outre-mer dont titre 2 |
| 150 000 000 |
| 150 000 000 |
Conditions de vie outre-mer |
| 550 000 000 |
| 550 000 000 |
Aide à la reconstruction de la Nouvelle-Calédonie | 700 000 000 |
| 700 000 000 |
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TOTAL | 700 000 000 | 700 000 000 | 700 000 000 | 700 000 000 |
SOLDE | 0 | 0 |
Objet
Le présent amendement du Groupe SER qui propose la création d’un nouveau programme intitulé : « Aide à la reconstruction de la Nouvelle-Calédonie » abondé à hauteur de 700 millions d’euros tant en autorisations d’engagement (AE) qu’en crédits de paiement (CP) témoigne de l’implication constante des sénatrices et sénateurs socialistes sur l'avenir de la Nouvelle-Calédonie.
Après le vote de la proposition de loi organique du groupe SER visant à repousser les provinciales en novembre 2025 au plus tard pour faciliter la conclusion d’un accord global sur l’évolution institutionnelle du territoire et l’adoption des mesures fiscales de relance et de croissance de l’activité en Nouvelle-Calédonie dans la première partie du PLF 2025, il est impératif de traiter l’urgence économique et sociale dans la continuité du plan PS2R du gouvernement local et la résolution du congrès demandant un aide de 4,2 milliards € sur cinq ans.
En effet, depuis le 13 mai 2024, la Nouvelle-Calédonie est confrontée à une crise d’une gravité exceptionnelle, dont le point de départ a été l’examen puis le vote à marche forcée du projet de loi constitutionnelle portant modification du corps électoral pour les élections au congrès et aux assemblées de province.
Les émeutes qui ont éclaté sur le territoire, en particulier dans la zone du grand Nouméa, ont été la cause d’un lourd bilan humain direct et indirect. Elles ont entraîné également des conséquences dévastatrices sur l’économie calédonienne et sur la situation sociale et budgétaire du territoire.
Les dégâts dans les secteurs privé et public sont évalués à 2,3 milliards d’euros. En raison de la chute des recettes fiscales provenant des entreprises détruites et des salariés au chômage, la situation budgétaire s’est dégradée. En se cumulant, ces crises économiques et budgétaires sont venues renforcer la crise sociale. Celle-ci ne peut que s’aggraver au cours des prochains mois si les dispositifs de soutien aux entreprises et aux particuliers, comme le chômage partiel, ne sont pas prolongés.
Le présent amendement s’inscrit dans la double démarche engagée par les institutions de la Nouvelle-Calédonie que sont le gouvernement et le congrès.
Le congrès de la Nouvelle-Calédonie a adopté une résolution transpartisane, fin août, qui demande le soutien de l’État pour la mise en œuvre d’un plan quinquennal visant à :
- compenser les pertes de recettes douanières, fiscales et sociales sur trois ans ;
- assurer le financement des indemnités de chômage partiel ou total au-delà du 31 décembre ;
- faciliter la reconstruction des entreprises et infrastructures publiques détruites ;
- sauver les systèmes de protection sociale, de soins, de transports publics, de logement social ou encore de production électrique.
Le gouvernement collégial de la Nouvelle-Calédonie a de son côté proposé un plan de sauvegarde, de refondation et de reconstruction (PS2R) pour trois ans. Il combine, comme son nom l’indique, des mesures d’urgence de court terme en faveur des secteurs de la santé, de l’énergie, des retraites, les transports ou encore l’alimentaire, une réflexion sur les dépenses publiques et une reconstruction de long terme en particulier via la diversification de l’économie et la sortie de la dépendance au nickel. En outre ce plan présente le mérite d’associer la société civile à son élaboration.
Il est primordial qu’un signal significatif soit adressé à tous les calédoniens par la représentation nationale. Les discussions entre l’État et les acteurs calédoniens concernant l’avenir institutionnel du territoire et la refondation de ses relations avec l’Hexagone vont se poursuivre dans les semaines et mois à venir. Si l’on veut participer à l’apaisement de la situation et donner à la négociation toutes les chances d’être conclusive, il nous paraît essentiel d’offrir des perspectives de relance économique et sociale durables offrant une visibilité suffisante.
A cette fin, le Groupe SER vous propose d’adopter trois amendements qui visent un objectif commun :
- la signature d’une convention cadre pluriannuelle conclue entre l’État et la Nouvelle-Calédonie, au plus tard au 30 mars 2025 que nous présentons après l’article 59 du PLF 2025 ;
- la compensation des pertes de recettes fiscales, douanières et sociales qui sont estimées à 700 millions d’euros sur l’année 2024 et l’aide aux collectivités locales pour la reconstruction des infrastructures publiques, évaluées à 400 millions d’euros que nous présentons dans le cadre de la mission budgétaire outre-mer.
- 150 millions d’euros les crédits l’action 2 « Aide à l’insertion et à la qualification professionnelle » du programme 138 « Emploi outre-mer » ;
- 180 millions d’euros les crédits de l’action 1 « Logement » du programme 123 « Conditions de vie en Outremer » ;
- 40 millions d’euros les crédits de l’action 2 « Aménagement du territoire » » du programme 123 « Conditions de vie en Outremer » ;
- 40 millions d’euros les crédits de l’action 3 « Continuité territoriale » du programme 123 « Conditions de vie en Outremer » ;
- 200 millions d’euros les crédits de l’action 6 « Collectivité territoriale » du programme 123 « Conditions de vie en Outre-mer » ;
- 70 millions d’euros les crédits de l’action 8 « Fonds exceptionnel d’investissement » du programme 123 « Conditions de vie en Outremer » ;
- 20 millions d’euros les crédits de l’action 9 « Appui à l’accès aux financements bancaires » du programme 123 « Conditions de vie en Outre-mer ».
L’intention de cet amendement n’étant pas de réduire les moyens affectés aux programme 138 et 123, alors que ces derniers sont déjà en baisse par rapport à la LFI 2024, les auteurs du présent amendement appellent le gouvernement à lever le gage.