commission des affaires sociales |
Proposition de loi Permettre aux salariés de certains secteurs de travailler le 1er mai (1ère lecture) (n° 550 ) |
N° COM-3 23 juin 2025 |
AMENDEMENTprésenté par |
|
||||
Mmes LUBIN, LE HOUEROU, CANALÈS, CONCONNE et FÉRET, MM. FICHET et JOMIER, Mmes POUMIROL, ROSSIGNOL et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain ARTICLE UNIQUE |
Supprimer cet article.
Objet
Le 1er mai est un symbole, la Fête du Travail. Il se distingue nettement des autres jours fériés. Le 1er mai reste un symbole de luttes ouvrières, il est le seul jour férié chômé et payé des 11 jours fériés de l’année.
Cette proposition de loi s'attaque donc à un symbole, alors qu'il y a déjà des exceptions proposées dans le droit pour déroger à la règle du jour chômé.
En effet, l’article L.3133-6 du Code du travail permet aux établissements et aux services qui, en raison de la nature de leurs activités, ne peuvent pas interrompre le travail, de faire travailler leurs salariés.
Ce texte semble avoir été rédigé sous le coup de l’émotion suscitée par l’affaire des boulangers vendéens, alors même que les juges du fond, seuls compétents pour apprécier la nature des activités pouvant être maintenues le 1er mai, ont relaxé ces derniers. En réalité, les syndicats patronaux semblent saisir cette affaire comme une opportunité pour remettre en question le régime spécifique du 1er mai.
En plus de s'attaquer au symbole qu'est le 1er mai, cette proposition de loi s’inscrit une fois de plus dans une logique de recul des droits des salariés. De plus, le dispositif ne précise pas les modalités de sa mise en œuvre : les salariés seront-ils contraints d’accepter de travailler ce jour-là, ou s’agira-t-il d’un dispositif fondé sur le volontariat ? Et dans ce dernier cas, que vaudra réellement le "volontariat" dans les petites entreprises où le refus est souvent difficile ?
Une fois encore, les grands oubliés de ce débat sont les salariés eux-mêmes : personne ne semble avoir jugé utile de leur demander s’ils souhaitent, ou non, travailler le 1er mai.
Seules l’Espagne et la Pologne, considèrent le 1er mai comme un jour férié chômé. Ne bradons pas cette spécificité. Un seul jour chômé sur 365, est-ce vraiment trop ?
Pour toutes ces raisons les sénateurs du groupe Socialiste, Écologiste et républicain proposent de supprimer cet article unique.
commission des affaires sociales |
Proposition de loi Permettre aux salariés de certains secteurs de travailler le 1er mai (1ère lecture) (n° 550 ) |
N° COM-4 rect. 23 juin 2025 |
AMENDEMENTprésenté par |
|
||||
M. HENNO, rapporteur ARTICLE UNIQUE |
Rédiger ainsi cet article :
L’article L. 3133-6 du code du travail est ainsi modifié :
1° Au début, est ajoutée la mention : « I. – » ;
2° Est ajouté un II ainsi rédigé :
« II. – Peuvent également occuper des salariés ce jour, sous réserve de leur volontariat, les établissements, autres que ceux mentionnés au I, suivants :
« 1° Les établissements assurant, à titre principal, la fabrication ou la préparation de produits alimentaires destinés à la consommation immédiate ;
« 2° Les autres établissements dont l'activité exclusive est la vente de produits alimentaires au détail ;
« 3° Les établissements dont l’activité répond à un besoin du public lié à un usage traditionnel propre au 1er mai ;
« 4° Les établissements exerçant une activité culturelle.
« Les catégories d’établissements concernées sont déterminées par un décret en Conseil d’État.
« Les salariés occupés bénéficient d’une indemnité dans les conditions prévues au même I. »
Objet
Le code du travail prévoit une dérogation au caractère chômé du 1er mai pour les établissements ou services qui, en raison de leur activité, ne peuvent interrompre le travail. Il incombe à chaque employeur de démontrer que sa situation particulière répond à ce critère légal. Or, les services d'inspection du travail ne font pas tous la même appréciation de ce critère. Il en résulte une insécurité juridique regrettable pour certains secteurs qui travaillent traditionnellement le 1er mai : fleuristes, jardineries, boulangeries et autres commerces de bouche de proximité, ainsi que les théâtres et cinémas.
La proposition de loi autorise le travail le 1er mai pour tous les secteurs qui disposent d'une dérogation permanente de droit au repos donné le dimanche. Or, ces secteurs, listés par décret, sont très nombreux et des catégories d'établissement sont régulièrement ajoutées.
Le caractère chômé du 1er mai est un principe important reconnu par la loi depuis 1947 ; il convient de ne pas le remettre en cause mais de préciser sa dérogation en vue de répondre au strict besoin de sécurité juridique des commerces mentionnés.
Cet amendement vise donc à resserrer la liste des secteurs qui bénéficieraient, par principe, d'une dérogation à l'interdiction d'occuper des salariés le 1er mai. Seraient ainsi concernés les établissements, dont la liste précise serait déterminée par le pouvoir réglementaire, et :
- dont l'activité consiste, à titre principal, à la fabrication ou à la préparation de produits alimentaires destinés à la consommation immédiate ou, à titre exclusif, la vente de produits alimentaires au détail ;
- dont l'activité répond à un besoin du public lié à un usage traditionnel propre au 1er mai, à savoir la vente du muguet ;
- ou, enfin, qui exercent une activité culturelle.
En outre, cet amendement prévoit, pour ces seuls établissements, le principe du volontariat de leurs salariés.
Les autres secteurs pourront toujours bénéficier des dispositions existantes du code du travail.
commission des affaires sociales |
Proposition de loi Permettre aux salariés de certains secteurs de travailler le 1er mai (1ère lecture) (n° 550 ) |
N° COM-2 23 juin 2025 |
AMENDEMENTprésenté par |
|
||||
Mmes PONCET MONGE et SOUYRIS, MM. BENARROCHE, Grégory BLANC et DANTEC, Mme de MARCO, MM. DOSSUS, FERNIQUE et GONTARD, Mme GUHL, MM. JADOT et MELLOULI, Mme OLLIVIER, M. SALMON et Mmes SENÉE et Mélanie VOGEL PROPOSITION DE LOI VISANT À PERMETTRE AUX SALARIÉS DE CERTAINS ÉTABLISSEMENTS ET SERVICES DE TRAVAILLER LE 1ER MAI |
Intitulé de la proposition de loi
1° Remplacer le mot :
salariés
par le mot :
employeurs
2° Après le mot :
secteurs
rédiger ainsi la fin de cet intitulé :
de faire travailler leurs employés le 1er mai
Objet
La présente proposition de loi a pour titre : « Proposition de loi visant à permettre aux salariés de certains établissements et services de travailler le 1ᵉʳ mai ». Or, nous souhaitons modifier son titre pour qu’il soit plus adéquat et juste.
Nous souhaiterions ainsi que le titre de la proposition de loi soit le suivant : « Proposition de loi visant à permettre aux employeurs de certains établissements et services de faire travailler leurs employés le 1ᵉʳ mai ».
En effet, nous ne pouvons cautionner l’implicite de ce titre qui serait de permettre aux salariés de travailler le 1ᵉʳ mai, sous entendant qu’ils seraient demandeurs individuellement ou par leurs représentants y compris de branche, de travailler ce seul jour férié et obligatoirement chômé de l’année, alors qu’autour d’eux, tout le monde chôme et que la majeure partie des services et administrations sont fermés (crèches, écoles, quelquefois transports…). Ce qui portera atteinte à l’articulation entre leur vie professionnelle et leur vie familiale.
Il est plus exact voire plus honnête de retenir une formulation qui rend compte que la demande émane des employeurs et de leurs syndicats, employeurs artisans et commerçants qui pouvaient déjà ouvrir de façon légale le 1er mai en tant qu’indépendants sans qu’une dérogation ne soit nécessaire.
Cette proposition de loi émane d’une demande patronale et toutes les organisations syndicales de salariés sont vent debout contre.
En outre, la notion de volontariat n’est pas opératoire concernant le 1er mai de par sa nature de journée fériée mais obligatoirement chômée et donc payée même en modifiant le champ des dérogations permises qui nécessiteraient d’ailleurs d’être précisé quant aux activités permises des établissements concernés, ce qui est le cas de la dérogation au repos dominical.
Aujourd’hui, les salariés.e.s qui travaillent le 1er mai ne peuvent pas refuser du fait de la limitation stricte de la nature des activités auxquels ils participent, limitation que cette proposition de loi se propose de faire sauter pour un champ qui ne cesse de s’élargir concernant la dérogation permise pour le repos dominical. Le bénévolat ne semble guère applicable d’après la DGT pourtant favorable à cette nouvelle dérégulation. Pour illustration concernant le 1er mai (aujourd’hui) compte tenu de la nature des activités autorisées, la décision de la Cour de Cassation datant du 14 mars 2006, en cas d’ouverture, il appartient au commerçant « d’établir que la nature de l’activité exercée ne permet pas d’interrompre le travail le jour du 1er mai ».
Par ailleurs, la volonté constante des employeurs de déroger au droit du travail pour certains établissements et services n’est pas nouvelle. Évoquons un autre exemple qui a donné lieu à une volonté de dérégulation et d’amoindrissement des droits : le travail du dimanche. Selon l’article 2 de la loi du 13 juillet 1906 établissant le repos hebdomadaire en faveur des employés et ouvriers, « le repos hebdomadaire doit être donné le dimanche ». En 2009 d’abord, la loi Mallié assouplit les règles. Le texte prévoit la possibilité d'ouvrir les magasins le dimanche dans deux types de zones :
Les zones "touristiques et thermales" Les "périmètres d'usage de consommation exceptionnel" (PUCE) situés dans les "unités urbaines de plus d'un million d'habitants" faisant un "usage de consommation exceptionnel" le dimanche.
La loi Macron de 2015 a étendu le droit de faire travailler le dimanche, rendant possible l’ouverture des commerces le dimanche dans certaines zones géographiques, à forte fréquentation touristique notamment. En fonction du type d’entreprise, de zone, et du type de dérogation, travailler le dimanche entraîne des contreparties (repos compensateurs et doublement du salaire).
Après un début respectant majoration, repos et volontariat, le rapport de force entre salariés et employeurs et le lien de subordination ont émoussé au fil du temps ces contreparties. Le volontariat reste un mythe qui nie l’asymétrie de la relation de travail.
Au regard de tous ces constats et enseignements, le titre doit traduire le fait que le demandeur est le patronat et non la partie représentative des salariés unanime contre cette dérégulation, patronat qui demande que lui soit enfin permis de faire travailler leurs employés le 1er mai même si la raison n’est plus l’impossibilité d’interrompre le travail, motif spécifique au 1er mai, et que dès lors, le caractère obligatoire d’un jour pas seulement férié mais chômé qui entraîne son paiement, soit en partie levé, aujourd’hui pour quelques activités sous prétexte de réponses « aux besoins du public » et demain pour bien d’autres grâce à une notion manifestement propre à s’élargir régulièrement.