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Question de M. Bernard Murat (Corrèze - UMP) publiée le 11/02/2005
Question posée en séance publique le 10/02/2005
M. Bernard Murat. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche.
Chaque année, environ 150 000 jeunes sortent du système éducatif français sans qualification et 80 000 enfants entrent en classe de sixième sans maîtriser les savoirs fondamentaux.
Pourtant, en vingt-cinq ans, les moyens ont été multipliés par deux, et, en quinze ans, 130 000 enseignants supplémentaires ont été recrutés, tandis que le nombre d'élèves baissait de 500 000.
M. Jean-Pierre Sueur. C'est déjà la réponse !
M. Simon Sutour. C'est téléphoné !
M. Bernard Murat. Ces chiffres, monsieur le ministre, révèlent l'essoufflement de notre système éducatif et prouvent que la logique quantitative a atteint ses limites.
Vous allez prochainement nous présenter votre projet de loi d'orientation pour l'avenir de l'école.
M. Roland Muzeau. Ce n'est pas sûr !
M. Bernard Murat. Il s'agit là de l'une des grandes réformes du quinquennat, voulue par le Président de la République et dont l'élaboration a donné lieu à une longue réflexion publique.
Ainsi, après plus de deux ans de débats sur l'ensemble du territoire, les travaux de la commission Thélot...
M. René-Pierre Signé. On n'en tient pas compte !
M. Bernard Murat. ...ont permis d'établir un diagnostic partagé entre professeurs, élèves et parents d'élèves et de définir les orientations qui ont largement inspiré votre projet de loi.
Mme Hélène Luc. Vous n'avez pas l'air très convaincu de ce que vous dites ! (Sourires sur les travées du groupe CRC et du groupe socialiste.)
M. Bernard Murat. Afin d' « assurer un parcours de réussite à tous les élèves »,...
M. René-Pierre Signé. Ils sont dans la rue !
M. Bernard Murat. On se demande qui les pousse, mon cher collègue ! (Exclamations sur les travées du groupe socialiste et du groupe CRC.)
M. Roland Muzeau. C'est Moscou !
Mme Hélène Luc. Allez leur demander !
M. Bernard Murat. Afin d' « assurer un parcours de réussite à tous les élèves », disais-je, vont être proposées de nouvelles mesures concernant le rétablissement du brevet, la refonte du baccalauréat, le socle de connaissances, l'apprentissage des langues, le soutien personnalisé.
Pour autant, depuis plusieurs jours, un procès d'intention est fait au Gouvernement, qui plonge les jeunes et les parents d'élèves dans l'inquiétude.
J'ai ainsi reçu, voilà peu, à la mairie de Brive-la-Gaillarde, Alexandra, Chloé et Pierre, tous trois lycéens, comme nos enfants et petits-enfants. Ils pensent que le baccalauréat va être dévalorisé et que les enseignements artistiques et sportifs vont disparaître.
Mme Hélène Luc. Vous voulez les supprimer !
M. Bernard Murat. Votre réforme, monsieur le ministre, leur est présentée par ses détracteurs de manière totalement caricaturale. (Marques d'approbation sur les travées de l'UMP.)
Je crois que, devant ces inquiétudes, il est nécessaire de rétablir certaines vérités, car il y va de l'avenir de la France dans ce qu'elle a de plus essentiel. Je me suis engagé auprès d'Alexandra, de Chloé et de Pierre à les aider à mieux comprendre ce projet de loi ; en me répondant maintenant, monsieur le ministre, c'est à tous les jeunes et à leurs parents que vous allez vous adresser.
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Réponse du Ministère de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche publiée le 11/02/2005
Réponse apportée en séance publique le 10/02/2005
M. François Fillon, ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche. Madame la présidente, mesdames, messieurs les sénateurs, je suis extrêmement préoccupé par le fait qu'aujourd'hui des adolescents manifestent dans les rues de nos villes.
M. Simon Sutour. Il vaut mieux !
Mme Hélène Luc. Vous avez raison de l'être !
M. François Fillon, ministre. Je suis préoccupé, comme vous tous, parce que les manifestations de lycéens présentent toujours des risques.
Je suis préoccupé parce que je ne veux pas laisser s'installer une incompréhension entre la jeunesse et les pouvoirs publics.
M. Simon Sutour. C'est trop tard !
M. René-Pierre Signé. C'est vous qui avez mis les jeunes dans la rue !
M. François Fillon, ministre. Les questions très précises que vous avez posées, monsieur Murat, me donnent l'occasion de leur répondre directement. (Exclamations sur les travées du groupe socialiste.)
M. Jean-Pierre Sueur. Je ne sais pas s'ils regardent le Sénat.
M. François Fillon, ministre. Non, monsieur Murat, rien dans le projet de loi qui va vous être soumis ne remet cause, en quoi que ce soit, les options, l'enseignement de l'éducation physique et sportive, l'enseignement artistique, ou l'enseignement des sciences économiques et sociales.
Non, monsieur le sénateur, il y aura toujours, au baccalauréat, une note pour les travaux personnels encadrés, qui sont maintenus en classe de première.
Enfin, le baccalauréat restera un examen national, un examen anonyme, un examen qui permet automatiquement l'entrée dans l'enseignement supérieur.
Mme Hélène Luc. Il ne sera plus ce qu'il est !
M. François Fillon, ministre. Permettez-moi de dire un mot sur cette réforme du baccalauréat, qui n'est pas centrale dans la réforme que je propose, laquelle est tout entière destinée à lutter contre l'échec scolaire.
Si j'ai proposé que l'on modernise le baccalauréat, c'est parce que tout le monde le réclame. (Exclamations sur les travées du groupe socialiste et du groupe CRC.)
Mme Hélène Luc. Pas comme vous le faites !
M. François Fillon, ministre. C'est parce que les trois associations de parents d'élèves le souhaitent (Signes d'assentiment sur les travées de l'UMP), c'est parce que la plupart des organisations syndicales demandent que l'on réduise la pression qui est mise sur le mois de juin, quand les élèves doivent passer douze épreuves, alors que tous ceux qui sont présents ici en ont passé six ou sept.
M. Josselin de Rohan. Exactement !
M. François Fillon, ministre. J'ai mis en place un groupe de travail, pour que l'on détermine ensemble comment réduire le nombre d'épreuves terminales et instiller, soit une dose de contrôle continu, soit ce que l'on appelle des partiels, comme dans les études supérieures.
Les organisations qui participent à ce groupe de travail, notamment celles de parents d'élèves ainsi que plusieurs organisations de lycéens, viennent de me demander de prolonger de deux mois le délai qui a été donné à ce groupe pour mettre au point un dispositif qui soit parfaitement satisfaisant pour tout le monde. J'ai, naturellement, accédé à cette demande.
M. Christian Cointat. Très bien !
Mme Hélène Luc. Alors il faut retirer votre projet de loi et les entendre !
M. François Fillon, ministre. Je souhaite que le dialogue se poursuive ici même et à l'Assemblée nationale lorsque nous examinerons le projet de loi, comme au sein de la commission qui étudie les moyens de moderniser le baccalauréat.
Comme vous le voyez, monsieur le sénateur, le Gouvernement est ouvert au dialogue avec la jeunesse.
M. René-Pierre Signé. Il a tout prévu !
M. François Fillon, ministre. Il a proposé une réforme qui vise à améliorer les conditions d'étude, notamment en terminale. Nous en discuterons, en particulier avec les lycéens.
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