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Question de Mme Marie-Laure Phinera-Horth (Guyane - RDPI) publiée le 03/10/2024

Mme Marie-Laure Phinera-Horth attire l'attention de M. le ministre délégué auprès de la ministre du partenariat avec les territoires et de la décentralisation, chargé des transports sur le problème de désenclavement en Guyane. Faute de route, près de 30 000 Guyanais, installés dans les communes du fleuve, ne peuvent pas se déplacer librement sur le territoire guyanais. Quand les avions ne volent plus, les habitants de Maripasoula, par exemple, ne peuvent compter que la pirogue pour rejoindre le littoral après deux jours de navigation dans le meilleur des cas. La route du fleuve, qui permettrait de libérer la Guyane, reste aujourd'hui encore un doux rêve pour ses habitants qui se sentent pris en otage. En l'espace de 500 ans de présence en Guyane, la France n'a construit que 500 kilomètres de routes, soit un kilomètre par an. Elle lui demande ce qu'il compte faire pour accélérer le désenclavement de la Guyane.

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Réponse du Ministère délégué auprès de la ministre du partenariat avec les territoires et de la décentralisation, chargé de la mer et de la pêche publiée le 23/10/2024

Réponse apportée en séance publique le 22/10/2024

M. le président. La parole est à Mme Marie-Laure Phinera-Horth, auteure de la question n° 056, adressée à M. le ministre délégué auprès de la ministre du partenariat avec les territoires et de la décentralisation, chargé des transports.

Mme Marie-Laure Phinera-Horth. Monsieur le ministre, à l'occasion de sa déclaration de politique générale, Michel Barnier faisait sienne cette phrase de Michel Rocard : « Nos priorités ne sont pas celles d'une moitié de la France contre l'autre moitié, mais celles de tous les Français. »

Tous les Français ? Permettez-moi d'en douter, monsieur le ministre. Comme toujours, les outre-mer sont les enfants oubliés de la République. Nos priorités sont vaguement écoutées à l'occasion de visites ministérielles éclair dans nos territoires. Elles sont entendues seulement quand le peuple, comme actuellement en Martinique, descend dans la rue pour manifester son mécontentement. Les Ultramarins, disait Aimé Césaire, sont des citoyens « entièrement à part ».

Que dire de mes compatriotes des zones enclavées de Guyane qui, chaque jour, constatent avec amertume que la République ne pense jamais à eux ?

Une commune guyanaise sur trois n'est pas reliée au littoral par la route, monsieur le ministre. Près de 60 000 habitants ne peuvent compter que sur la pirogue pour se rendre dans une grande ville lorsque les avions sont cloués au sol. Ces déplacements sont pourtant obligatoires pour se soigner, pour suivre une formation ou tout simplement pour des raisons économiques.

En 500 ans de présence en Guyane, la République n'a construit que quelque 500 kilomètres de route. Nous ne savons pourtant que trop bien, mes chers collègues, que le développement économique d'un territoire passe forcément par le développement de son réseau routier.

Que doivent penser mes compatriotes quand la France dépense plus de 1 milliard d'euros pour une route de douze kilomètres à La Réunion ? Que doivent penser mes compatriotes quand l'État refuse d'augmenter sa participation à la continuité territoriale interne aérienne afin de permettre aux Guyanais de circuler à moindre coût sur leur territoire ?

Ma question est simple et directe, monsieur le ministre : que comptez-vous faire pour accélérer le désenclavement de mon territoire ?

M. le président. La parole est à M. le ministre délégué.

M. Fabrice Loher, ministre délégué auprès de la ministre du partenariat avec les territoires et de la décentralisation, chargé de la mer et de la pêche. Madame la sénatrice Phinera-Horth, vous appelez l'attention du Gouvernement sur la situation des transports en Guyane, et plus largement dans l'ensemble des territoires ultramarins.

Ces territoires sont au coeur de la politique conduite par le Gouvernement. Telle est la raison pour laquelle le Premier ministre a souhaité que le ministre chargé des outre-mer, François-Noël Buffet, lui soit directement rattaché afin de coordonner au mieux l'action de tous les services de l'État en faveur de nos concitoyens ultramarins.

Comme le Premier ministre l'a fortement rappelé lors de sa déclaration de politique générale, nos douze départements et territoires d'outre-mer sont une partie essentielle de notre pays.

Dans le courant du premier trimestre 2025, le Premier ministre présidera un comité interministériel des outre-mer visant à valoriser les ressources propres - agricoles, forestières, maritimes, énergétiques - de ces territoires au bénéfice le plus direct de leurs habitants.

J'en viens plus spécifiquement à la Guyane. Le contrat de convergence et de transformation 2024-2027 prévoit la mobilisation par l'État de 171 millions d'euros de crédits, sur un total de 175,6 millions d'euros. Dans ce cadre, quelque 152,4 millions d'euros seront consacrés à l'entretien et à la modernisation du réseau routier, dont plus de 100 millions d'euros financés exclusivement par l'État pour poursuivre l'aménagement de la route nationale 1.

Le détail de ces opérations et de leur financement est en cours de discussion sous l'égide du préfet avec l'ensemble des élus locaux et des services mobilisés.

M. le président. La parole est à Mme Marie-Laure Phinera-Horth, pour la réplique.

Mme Marie-Laure Phinera-Horth. Je vous remercie de votre réponse, dans laquelle vous n'abordez toutefois que l'aspect financier. J'attends pour ma part impatiemment mon rendez-vous, au début du mois de novembre, avec le ministre chargé des transports.

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