III. RÉNOVATION ÉNERGÉTIQUE : DES SIGNAUX ENCOURAGEANTS, UN FINANCEMENT SOUS TENSION
En 2025, la rénovation énergétique des bâtiments a, de nouveau, été marquée par de nouvelles turbulences autour de MaPrimeRénov'.
En 2024, la réforme s'était appuyée sur deux piliers :
· d'un côté, la rénovation d'ampleur, ciblée sur les passoires thermiques,
· et de l'autre, la rénovation par geste, centrée sur les systèmes de chauffage.
L'année de transition a entraîné en 2024 une sous-consommation des crédits, en raison de l'évolution des critères d'éligibilité. Le Gouvernement avait à tort déduit de cette sous-consommation que les crédits pouvaient être réduits. La commission ne partageait en effet pas cette analyse et avait alerté sur un risque d'insuffisance de crédits. En effet, en juin 2025, le dispositif a dû être suspendu, faute de crédits. La stagnation des crédits prévue pour 2026 laisse craindre une nouvelle situation de tension.
Pourtant, la réforme commence à produire ses effets : un basculement réel vers les rénovations d'ampleur est observé. Environ 100 000 rénovations d'ampleur seront soutenues en 2025 selon les chiffres provisoires communiqués au rapporteur, contre 65 000 à 70 000 dans les années précédant la réforme, soit plus de 30 % de hausse. L'objectif programmatique de 370 000 rénovations globales par an jusqu'en 2030, fixé par la stratégie nationale bas carbone, reste toutefois largement hors d'atteinte.
Source : Commission de l'aménagement du
territoire et du développement durable,
à partir des
données de l'Agence nationale de l'habitat (Anah)
Ce projet de loi de finances entérine également un basculement du financement de MaPrimeRénov' du budget de l'État vers les certificats d'économie d'énergie (CEE), financés par les fournisseurs d'énergie. La commission comprend la logique de cette débudgétisation, qui permet de réduire la charge pesant sur les finances publiques tout en préservant l'ambition de notre politique de rénovation énergétique. Mais ce choix appelle à une vigilance accrue : le prix de marché des CEE est extrêmement volatil, et cette volatilité risque de fragiliser la trésorerie de l'Agence nationale de l'habitat (Anah), responsable du déploiement de MaPrimeRénov'.
Pour la commission, il est indispensable qu'un mécanisme d'amortissement des fluctuations soit étudié, afin que le soutien à la rénovation énergétique ne dépende pas, demain, du cours des CEE.
