III. QUATRE DOSSIERS À SUIVRE EN 2026

A. UN ÉVÉNEMENT IMPORTANT POUR LE CINÉMA FRANÇAIS : LE RACHAT D'UGC PAR CANAL +

Canal + a annoncé acquérir 34 % du capital d'UGC en septembre2025, avant une prise de contrôle complète prévue pour 2028. Cette opération constitue à la fois un signal positif pour la solidité économique du cinéma français et un sujet de vigilance pour l'avenir :

· un signal positif, car la situation financière d'UGC était préoccupante et que l'intérêt pour la salle de cinéma d'un acteur majeur du secteur tel que Canal + est rassurant pour l'avenir du cinéma français. Canal + et UGC avaient d'ailleurs déjà opéré des rapprochements dans de nombreux domaines, du catalogue de films aux offres combinées d'abonnement. Cette alliance entre un producteur / distributeur / diffuseur (Canal +) et un producteur / distributeur / exploitant (UGC) est donc tout sauf contre nature ;

· un sujet de vigilance, comme pour toute opération de concentration, car il ne faudrait pas qu'il en résulte une réduction de la diversité de la production, les producteurs se trouvant face à un moindre éventail de financeurs susceptibles de soutenir leurs projets3(*). Certains producteurs ou auteurs de films estiment en effet que, globalement, les diffuseurs font preuve de davantage de frilosité qu'auparavant. Le CNC et les autres acteurs de la filière devront donc rester vigilants pour que les spectateurs puissent continuer à bénéficier de toute la diversité souhaitable dans les salles de cinéma.

B. VIOLENCES SEXUELLES ET SEXISTES : DES CONDITIONNALITÉS QUI SE METTENT EN PLACE

1. Des avancées en 2024 - 2025

Dans le cadre de l'examen en séance publique de la proposition de loi visant à conforter la filière cinématographique en France, le Sénat avait adopté le 14 février 2024, à l'initiative de Monique de Marco et de plusieurs de ses collègues, un amendement privant les producteurs des aides du CNC lorsque des faits de violences sexistes et sexuelles (VSS) ont été constatés et que les obligations de prévention n'ont pas été remplies.

Depuis le 1er janvier 2021, l'accès à toutes les aides du CNC a été conditionné au respect par les entreprises de production des industries (étendu en janvier 2022 aux exploitants) d'une obligation de prévenir, mettre fin et sanctionner les VSS. Le CNC a mis en place une formation obligatoire de tous les responsables d'entreprises du secteur à la prévention et à la lutte contre les VSS, le suivi de cette formation conditionnant également l'accès aux aides. À l'été 2025, le CNC avait ainsi formé 6 880 professionnels.

2. Une extension des obligations de formation à l'ensemble des équipes en 2025

Alors qu'elle ne concernait que les chefs d'entreprise, l'obligation imposée par le CNC de former les équipes de tournage dans leur ensemble, annoncée en décembre 2023, est devenue effective le 1er février 2025. La formation et la conditionnalité des aides au respect de cette formation seront étendues aux tournages d'oeuvres audiovisuelles à partir du mois de juin 2026. Une conditionnalité du soutien au suivi d'une formation par les équipes dirigeantes des festivals sera également mise en place en 2026.

Ainsi, peu à peu, ce sont l'ensemble des professionnels du secteur du cinéma, de l'audiovisuel et des festivals qui seront formés, tandis que la conditionnalité des aides du CNC par rapport au suivi des formations sera généralisée.

Le cinéma, qui du fait de son exposition et de sa popularité en France, se doit d'être particulièrement exemplaire, n'en est sans doute qu'à ses débuts dans le profond changement des mentalités qui doit le mener à cette exemplarité. Cependant, le tournant est pris. Les prochaines années devront permettre d'évaluer précisément l'efficacité des dispositifs mis en place.


* 3 Il faut par ailleurs noter que Merit, la holding de la famille Saada, est entrée en mai 2025 au capital du groupe Pathé à hauteur de 20 %.

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