C. LE CONTEXTE NATIONAL : UNE FORTE CONTRAINTE BUDGETAIRE
1. L'érosion des crédits budgétaires
Les crédits accordés par l'Etat aux ports maritimes ont été orientés à la baisse sur la période récente. Le tableau ci-après, qui retrace l'évolution des crédits budgétaires sur les six dernières années, est éloquent.
Source : DTMPL
Non seulement les crédits consacrés aux ports sont chaque
année présentés en baisse par rapport à la loi de
finances précédente, mais ils sont en exécution
touchés par la régulation budgétaire dans des proportions
significatives.
Ainsi, en francs courants,
les crédits votés de 1997 sont
inférieurs de 22,5 % à ceux de 1992, et les crédits
effectivement disponibles en 1997 sont inférieurs de 17,8 % à
ceux de 1992.
Le désengagement budgétaire de l'Etat se traduit par le fait que
celui-ci ne participe plus aux dépenses d'équipement et
d'entretien des ports autonomes à hauteur des obligations qui lui sont
théoriquement imposées par la loi portuaire de 1965. Le tableau
ci-après rappelle ces règles légales de participation de
l'Etat au financement des ports autonomes.
Type de dépense |
Part de l'Etat (ou de la SNCF) |
Investissements |
|
Accès maritimes |
Etat 80 % |
Quais, engins de radoub |
Etat 60 % |
Terre-pleins, routes |
0 % |
Voies ferrées |
SNCF 50 % |
Superstructures, outillages, bâtiments |
0 % |
Entretien |
|
Accès maritimes |
Etat 100 % |
Quais, engins de radoub |
0 % |
Terre-pleins, routes |
0 % |
Voies ferrées |
SNCF 100 % |
Superstructures, outillages, bâtiments |
0 % |
Personnel |
|
Accès et écluses |
Etat 100 % |
Capitaine, personnel administratif et technique |
0 % |
Personnel d'exploitation |
0 % |
2. L'essoufflement des investissements locaux
Le désengagement budgétaire de l'Etat a
été pour partie compensé par une participation accrue des
collectivités locales, qui financent les investissements portuaires
revêtant un intérêt direct pour le développement
économique régional.
Toutefois, la participation des collectivités locales ne contribue pas
au financement de l'entretien et du fonctionnement des ports. Par ailleurs,
elle est également contrainte par les limites budgétaires des
collectivités locales, ce qui explique qu'elle soit tendanciellement en
retrait ces dernières années. Le tableau ci-dessous permet
d'apprécier l'importance de la participation des collectivités
locales par rapport aux autres sources de financement des investissements des
ports autonomes.
Modes de financement des investissements dans les ports autonomes de 1991 à 1997
(en millions de francs)
|
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997
|
Etat |
163,4 |
143,8 |
130,5 |
104,2 |
130,3 |
99,1 |
94,5 |
Collectivités locales & tiers (FEDER) |
|
|
|
|
|
|
|
Emprunt |
162,8 |
150,5 |
140,0 |
191,2 |
223,3 |
136,5 |
60,0 |
Port
|
|
|
|
|
|
|
|
Total |
1.133,4 |
898,3 |
878,1 |
885,2 |
858,8 |
711,2 |
956,3 |
Source : DTMPL |
Après une décroissance continue depuis 1993,
année où elle avait atteint 254,9 millions de francs, la
contribution des collectivités locales (et du FEDER) connaît un
regain en 1997, année où elle remonte à 277,4 millions de
francs. Toutefois, le rebond de l'investissement des ports autonomes en 1997,
qui devrait s'élever à 956,3 millions de francs, s'explique
essentiellement par un fort autofinancement, à hauteur de 524,4 millions
de francs, rendu possible par le redressement de leurs résultats
d'exploitation.
L'investissement des ports autonomes en 1997 reste néanmoins
inférieur à son niveau de 1991, qui était de 1,133
milliard de francs. Quant à la participation de l'Etat, elle
apparaît tout à fait marginale, avec un montant de 94,5 millions
de francs, soit moins de 10 % du total des investissements.
Le retard pris dans l'exécution des projets d'intérêt
portuaire prévus par les contrats de plan Etat-Régions pour la
période 1994-1997 est le signe que les flux réels
d'investissement restent en-deçà des ambitions affichées.
Le tableau ci-dessous retrace le bilan des contrats de plan pour les trois
ports autonomes de la façade Manche-Mer du Nord.
Exécution des contrats de plans Etat-Régions
(en millions de francs)
Port/opération |
Crédits d'Etat-Mer-AP-Prévisions 1994-1998 |
1994 (réalisation) |
1995 (réalisation) |
1996 (réalisation) |
1997 (prévisions) |
Taux d'exécution |
Dunkerque |
|
|
|
|
|
|
- Dégagement des accès de la darse 4 |
30,00 |
|
|
|
|
0 % |
- Réalisation d'un 1er poste à quai |
|
|
|
|
|
|
- Mise en oeuvre d'un quai d'accostage |
|
|
|
|
|
|
Le Havre |
|
|
|
|
|
|
- Etudes et premiers travaux d'aménagement pour l'accueil des grands navires porte-conteneurs transocéaniques |
|
|
|
|
|
|
Rouen |
|
|
|
|
|
|
- Approfondis-sement du chenal (descente à 10,30 m) |
|
|
|
|
|
|
- Construction de terminaux spécialisés |
9,00 |
|
9,0 |
|
|
100 % |
Totaux |
355 |
|
12,06 |
33 |
28,33 |
20,7 % |
Source : DTMPL
Les taux d'exécution des engagements de l'Etat sont extrêmement
variables selon les opérations, et vont de 0 % à 100 %.
Mais le taux moyen d'exécution des contrats de plan reste des plus
décevants, puisqu'il n'est que de 20,7 % en 1997, alors qu'il
s'agit théoriquement de l'avant-dernière année de la
programmation.
3. Un léger infléchissement dans le budget pour 1998
Les crédits du budget des ports maritimes pour 1998 s'élèvent à 592,7 millions de francs, soit une hausse de 1 % par rapport au budget voté de 1997. Cette légère augmentation, qui ne couvre même pas l'inflation, est plus un infléchissement qu'une rupture, mais elle tranche cependant avec la baisse continue des crédits au cours des années antérieures.
Budget des ports maritimes pour 1998
|
|
|
(en millions de francs) |
|
|
Nature des crédits |
LFI 1997 |
PLF 1998 |
Différence 1997-1998 |
Evolution en % |
|
Titre III Moyens des services |
37,6 |
43 |
5,4 |
14,4 |
|
Titre IV Interventions publiques |
394 |
394 |
0 |
0,0 |
|
Total des dépenses ordinaires |
431,6 |
437 |
5,4 |
1,3 |
|
Titre V Investissements exécutés par l'Etat |
|
|
|
|
|
AP |
157,6 |
180,1 |
22,5 |
14,3 |
|
CP |
152,7 |
153,7 |
1 |
0,7 |
|
Titre VI Subventions d'investissement accordées par l'Etat |
|
|
|
|
|
AP |
4,5 |
4 |
-0,5 |
-11,1 |
|
CP |
2,5 |
2 |
-0,5 |
-20,0 |
|
Total des dépenses en capital |
|
|
|
|
|
AP |
162,1 |
184,1 |
22 |
13,6 |
|
CP |
155,2 |
155,7 |
0,5 |
0,3 |
|
TOTAL GENERAL (crédits de paiement) |
586,8 |
592,7 |
5,9 |
1,0 |
|
Source : projet de loi de finances pour 1998 |
Cette progression modeste des crédits recouvre un gel
des dépenses d'entretien des ports autonomes au niveau de 394 millions
de francs et une quasi-reconduction des dépenses d'investissement, qui
ne progressent que de 0,3 % pour atteindre 155,7 millions de francs en
crédits de paiement.
L'augmentation du budget des ports maritimes résulte presque uniquement
de la hausse des crédits d'entretien des ports d'intérêt
national, qui progressent nettement de 14,4 %, pour atteindre le niveau
toutefois modeste de 43 millions de francs .
Il faut par ailleurs remarquer la progression des autorisations de programme,
qui augmentent de 13,6 % pour atteindre 184,1 millions de francs, ce qui laisse
présager une reprise des investissements de l'Etat dans les ports au
cours des prochaines années.
Néanmoins, l'infléchissement du budget des ports maritimes pour
1998 doit encore être confirmé en exécution. A cet
égard, l'arrêté d'annulation du 16 janvier 1998 n'est
pas très encourageant, puisque les crédits des ports sont une
fois de plus touchés par la régulation budgétaire,
à hauteur de 4,5 millions de francs, soit à peu près
le montant de leur progression affichée.