B. AMÉLIORER LA DESSERTE TERRESTRE DES PORTS FRANÇAIS
1. Mettre en oeuvre les schémas directeurs
Le schéma de desserte terrestre des ports maritimes
défini en 1996 par le rapport Belmain, en fonction des prévisions
d'activité à l'horizon 2015 et des besoins exprimés par
chacun des ports, constitue une base solide, qui mérite d'être
intégrée aux schémas directeurs routier, fluvial et
ferroviaire.
Les tableaux ci-après récapitulent les besoins exprimés
par les ports de la Manche-Mer du Nord.
Besoins du port autonome du Havre en matière de desserte terrestre |
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MODE ROUTIER |
MODE FERROVIAIRE |
MODE FLUVIAL |
- A28 (Rouen-Alençon).
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- Electrification de la
section
Motteville-Montérolier-Buchy de la ligne Le Havre-Amiens.
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- Restauration des
écluses de Tancarville et des
ouvrages de Notre Dame La Garenne.
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Besoins du port autonome de Dunkerque en matière de desserte terrestre |
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MODE ROUTIER |
MODE FERROVIAIRE |
MODE FLUVIAL |
- Achèvement par la
Belgique du tronçon
devant relier l'A16 au réseau autoroutier belge.
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- Electrification et
doublement
de la voie reliant
Dunkerque au Port-Ouest et au Tunnel.
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- Proposition d'une
charge pour
le développement
de la voie fluviale à Dunkerque, rassemblant le Port Autonome et l'UMC,
VNF, les représentants des transporteurs fluviaux et le port de Lille.
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Besoins du port autonome de Rouen en matière de desserte terrestre |
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MODE ROUTIER |
MODE FERROVIAIRE |
MODE FLUVIAL |
Desserte de
proximité
:
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- Résoudre le
problème de la congestion de
la grande ceinture.
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- Desserte de
la
Champagne par Compiègne-Reims et
par des aménagements définitifs jusqu'à Nogent.
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Le fait que la desserte des ports ait été
pendant longtemps négligée dans les schémas autoroutiers
nationaux et dans le développement du réseau ferroviaire peut
s'expliquer par la pluralité inévitable des objectifs de la
politique des transports dans un pays étendu comme la France. A cet
égard, les arbitrages sont plus aisés à rendre dans des
pays plus petits et plus densément peuplés comme la Belgique ou
les Pays-Bas.
Le retard qui a été ainsi pris dans la desserte terrestre des
ports français semble à présent en passe d'être
rattrapé, à la condition que les opérations
programmées soient effectivement financées.
Votre rapporteur ne peut qu'espérer la réalisation la plus rapide
possible de toutes ces opérations, tout en ayant bien conscience que
l'ampleur des financements nécessaires suppose des délais
importants, au moins à échéance de dix ans.
2. Utiliser au mieux les infrastructures existantes
L'impossibilité de réaliser immédiatement
tous les travaux souhaitables d'amélioration de la desserte terrestre
rend d'autant plus nécessaire d'utiliser efficacement les
infrastructures existantes. Des progrès restent à faire sur ce
point.
Ainsi, en matière de transport routier, la réglementation en
vigueur limite le poids des camions à 40 tonnes s'ils vont à
destination d'un port français, mais à 44 tonnes s'ils sont
à destination d'un port belge ou hollandais. Cette aberration s'explique
par le fait que la France ne souhaite pas l'harmonisation à
44 tonnes envisagée au niveau communautaire, mais ne peut imposer
sa propre limitation que sur les trajets purement nationaux.
En matière de transport fluvial, certaines réformes
organisationnelles seraient de nature à renforcer la
compétitivité de ce mode de transport. Il s'agit de lever les
entraves réglementaires à la liberté de navigation des
bateaux fluviaux dans les enceintes portuaires, ainsi que de supprimer
l'obligation du tour de rôle pour les contrats au voyage.
En matière de transport ferroviaire, le développement du trafic
des marchandises souffre de la priorité donnée au trafic de
voyageurs sur le réseau français, priorité encore
renforcée par l'ouverture de nouvelles lignes TGV.
S'il semble difficile de revenir sur cette priorité aux voyageurs, la
compétitivité du transport ferroviaire peut être grandement
améliorée par la mise en service de "navettes" à cadences
rapprochées et régulières entre les grands ports et les
principales villes. Les préoccupations de rentabilité de la SNCF
l'ont conduite à mettre en place dans un premier temps des navettes
à destination d'Anvers, mais elle a récemment mis en service des
navettes desservant le Havre.
3. Orienter les programmes communautaires
Les préoccupations portuaires semblent insuffisamment
relayées par la France au niveau communautaire, à la
différence de la Belgique ou des Pays-Bas, qui ont toujours
veillé à ce que les intérêts de leurs ports soient
intégrés dans les programmes européens de réseaux
de transports.
De ce point de vue, l'épisode des "corridors de fret" est
révélateur. Les études de la Commission européenne
ont été étrangement favorables aux ports du Nord de
l'Europe, et les premiers projets arrêtés par le Conseil ont
confirmé cette orientation.
La SNCF a certes présenté des contre-propositions, plus
favorables aux ports français. Mais celles-ci doivent encore être
appuyées officiellement par le Gouvernement auprès des instances
bruxelloises. En tout état de cause, la compagnie ferroviaire nationale
ne pourra pas prendre en charge le coût des investissements
nécessaires à la concrétisation de ces liaisons Ouest-Est,
qui dépend d'une décision politique.
Plus généralement, à l'exemple des pays voisins, la France
ne devrait pas non plus hésiter à user de son influence pour
orienter favorablement à ses ports les décisions prises dans les
instances communautaires, et s'efforcer de le faire le plus en amont possible.
Cette stratégie apparaît d'autant plus opportune qu'une politique
portuaire européenne spécifique pourrait bientôt être
mise en place.