2. Le relatif retard de la France
Pour l'équipement des ménages ou des entreprises, le nombre de connections Internet ou le chiffre d'affaires du commerce électronique, la France s'est jusqu'à très récemment singularisée par un retard significatif par rapport à ses principaux partenaires.
PLACE
DE LA FRANCE DANS LA SOCIÉTÉ DE L'INFORMATION
(Janvier
2000)
|
France |
USA |
Royaume-Uni |
Espagne |
Allemagne |
Suède |
% de sociétés ayant un site Internet* |
25 % |
54 % |
51 % |
16 % |
48 % |
54 % |
% de sociétés réalisant des ventes en ligne* |
3 % |
12 % |
9 % |
9 % |
9 % |
10 % |
Valeur des biens vendus en ligne, 1999 (millions d'euros) |
3400 |
15 300 |
5 300 |
400 |
3600 |
700 |
% de sociétés possédant un intranet |
18 % |
29 % |
30 % |
|
30 % |
100 % |
% de sociétés possédant un extranet |
4 % |
8 % |
5 % |
|
8 % |
61 % |
Proportion de ménages ayant un PC (% de la population totale) |
26,6 % |
51 % |
37,3 % |
27,4 % |
35 % |
64 % |
Proportion des ménages ayant une connexion Internet (% de la population totale) |
9,9 % |
39 % |
26,6 % |
10,5 % |
14,5 % |
49 % |
Nombre d'habitants ayant accès à Internet (millions) |
4,6 |
70,1 |
9,8 |
2,9 |
9,2 |
3,5 |
Taux de pénétration des téléphones portables (% du total des consommateurs) |
36,2 % |
32 % |
42,9 % |
40,1 % |
24,5 % |
57,9 % |
% d'internautes ayant réalisé des achats en ligne |
26 %** |
28,4 %*** |
34,8 %** |
9 % |
33,4 %** |
15 % |
* % d'un
échantillon de grandes entreprises.
** % d'internautes ayant utilisé une connexion sécurisée.
*** estimation fondée sur un % d'achats en ligne de 22 % en
décembre 1999.
Source : Netvalue.com, SIFO interactive, EGM, Mediamatrix (janvier
2000).
Avec
trois fois moins de ménages connectés à Internet qu'au
Etats-Unis ou en Grande-Bretagne et deux fois moins de sociétés
ayant un site Internet, la France offre aux entrepreneurs de la nouvelle
économie un marché sans commune mesure avec celui des pays
anglo-saxons.
Ce contexte explique le sous-développement du marché des
équipements, des logiciels, des services Internet et du commerce
électronique en France. Le commerce électronique à
destination des particuliers représentait en 1999 près de
60 milliards de francs aux Etats-Unis, 20 milliards de francs en
Europe et seulement 400 millions de francs en France.
L'étroitesse du marché français allait de pair,
jusqu'à cette année, avec un faible développement du
capital risque.
Dressant l'état des lieux du capital risque en France, M. Henri
Guillaume, chargé d'un rapport sur l'innovation en France, soulignait
" la faiblesse des investissements des sociétés de
capital risque et le nombre trop restreint
d'opérateurs
"
45(
*
)
. Quelques chiffres illustrent cette
affirmation. Le capital-risque était en France, proportionnellement
à la taille de son économie, 40 fois moins
développé qu'aux Etats-Unis : près de 60 milliards de
francs en Amérique ; moins de 8 milliards de francs en France.
Il n'y avait en 1998 que 200 sociétés de
capital-investissement dont une dizaine seulement atteignaient, avec des
disponibilités égales ou supérieures à 150 millions
de francs, une taille nationale, contre un plus de 700 opérateurs aux
Etats-Unis. Ces sociétés investissaient chaque année un
peu plus d'un milliard de francs, soit proportionnellement à la taille
de l'économie américaine, cinq fois moins qu'Outre-Atlantique. A
cela s'ajoute le fait que le Nouveau marché (NM) français est
loin d'offrir les mêmes perspectives de valorisation que le NASDAQ.
Au moins autant que la pénurie de capitaux, le relatif manque
d'expertise et d'investisseurs privés a longtemps freiné le
développement du marché français. Contrairement à
la Grande-Bretagne et aux Etats-Unis, les "business angels " n'ont fait
leur apparition que très récemment en France. Ces investisseurs
qui mettent à la disposition des entreprises naissantes une expertise
liée à la connaissance qu'ils ont acquise du
" métier " d'entrepreneur et du secteur d'activité
concerné, ont joué un rôle décisif dans le
développement des entreprises innovantes américaines.
Aussi, nombre d'entrepreneurs français aujourd'hui implantés aux
Etats-Unis ont quitté la France faute d'y avoir trouvé les
financements et les partenaires nécessaires au développement de
leurs projets.