Actes du colloque "LES QUESTIONS SOCIALES AU PARLEMENT (1789 - 2006)"
Palais du Luxembourg - 31 mars 2006 en partenariat avec le Comité d'Histoire Parlementaire et Politique
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MESSAGE DE M. CHRISTIAN PONCELET,
PRÉSIDENT DU SÉNAT
LU PAR MME CATHERINE PROCACCIA, SÉNATEUR DU VAL-DE-MARNE
Bonjour à toutes et à tous. Je suis heureuse de vous accueillir au Sénat, dans cette salle remplie qui montre bien votre intérêt pour ce colloque. Je vais vous lire le message d'accueil de Monsieur Christian Poncelet, président du Sénat.
Monsieur le Président, cher Jean Garrigues, Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, chers amis, retenu dans les Vosges par des engagements contractés de longue date, je ne peux être parmi vous aujourd'hui. Croyez bien que je le regrette. Je tiens néanmoins à vous adresser, à toutes et à tous, mes voeux de cordiale bienvenue, ici, au Sénat. J'ai demandé à Madame Catherine Procaccia, sénateur du Val-de-Marne, membre de la commission des Affaires sociales, de bien vouloir vous délivrer ce message.
Le thème que vous avez décidé de traiter aujourd'hui est essentiel à bien des égards et, ô combien ! d'actualité. Le Sénat, assemblée parlementaire à part entière, est particulièrement vigilant sur les questions sociales, tout simplement parce qu'elles constituent la préoccupation première de nos concitoyens. Cher Jean Garrigues, je vous félicite pour la pertinence de ce choix. Après « Femmes et pouvoir » en 2004, « La laïcité » en 2005, vous avez eu l'audace de vous attaquer aux questions sociales au Parlement. Bravo et merci, ainsi qu'aux prestigieux intervenants qui ont accepté de relever ce défi avec vous aujourd'hui.
La genèse que vous allez retracer dans quelques instants permettra de saisir l'importance et l'influence de la thématique sociale sur les processus de décision politique et dans notre quotidien. Force est de constater que les questions sociales s'invitent souvent « douloureusement » dans les débats parlementaires. De son origine à nos jours, la question sociale se décline parfois en crise du lien social, crise du travail, crise du salariat et parfois même en crise de l'État. Sans doute est-ce dû, comme le disait l'un de mes illustres prédécesseurs, au fait que « la rue est le cordon qui relie l'individu à la société. » Je n'aurai pas l'audace de retracer l'historique de la prise en compte des questions sociales par le Parlement, mais je tiens à vous dire combien je regrette sincèrement que les parlementaires légifèrent de plus en plus sous la contrainte sociale, sans avoir parfois le recul nécessaire.
À cet égard, celles et ceux qui comparaient le Sénat à une « anomalie démocratique » ont, une fois de plus, pu observer, la nécessité du bicamérisme, tout récemment. En effet, les sénatrices et les sénateurs ont pu apporter une indispensable analyse de fond sur le projet de loi pour l'égalité des chances. Je tiens à saluer l'excellent travail de la commission des Affaires sociales, présidée par Nicolas About, sénateur des Yvelines, ainsi que l'opiniâtreté du sénateur Alain Gournac, rapporteur de ce texte et de l'ensemble de mes collègues qui ont, en quelques jours, siégé 96 heures, afin de défendre les valeurs de notre République, au premier rang desquelles figure l'égalité des chances, pilier de toute cohésion sociale.
Ce lien entre le Parlement et la question sociale s'est d'ailleurs renforcé, depuis 1996, avec l'examen annuel du projet de loi de financement de la sécurité sociale, qui représente près de 350 milliards d'euros de dépenses, soit 25 % de plus que le budget de l'État. Le secteur social est bien au coeur des préoccupations des Français, cependant si la valeur de toute société, de tout être humain, se mesure à la qualité de ses rêves, je suis très inquiet lorsque j'observe ce qui se passe, parfois à quelques rues d'ici, pour l'avenir de notre pays.
Que de chemin parcouru, néanmoins, depuis la création du ministère du Travail, dont nous fêtons cette année le centenaire ! Quel symbole, l'année même où l'égalité des chances est décrétée grande cause nationale ! Parce que la fracture sociale met en péril la République, il est de notre devoir de préserver et de consolider notre pacte social. N'oublions pas, et j'en terminerai par là, que la République, quand elle est sociale, est émancipatrice, comme le disait Jean Jaurès.
Je ne doute pas que vos travaux contribueront à illustrer le bien-fondé de cette formule. Je vous souhaite à toutes et à tous une excellente journée et de fructueux débats.