- Lundi 3 février 2025
- Projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale, d'orientation pour la souveraineté alimentaire et agricole et le renouvellement des générations en agriculture - Examen des amendements au texte de la commission
- Projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale, d'urgence pour Mayotte - Examen des amendements au texte de la commission
- Mardi
4 février 2025
- Projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale, d'orientation pour la souveraineté alimentaire et agricole et le renouvellement des générations en agriculture - Suite de l'examen des amendements au texte de la commission
- Projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale, d'orientation pour la souveraineté alimentaire et agricole et le renouvellement des générations en agriculture - Suite de l'examen des amendements au texte de la commission
- Mercredi
5 février 2025
- Projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale, d'orientation pour la souveraineté alimentaire et agricole et le renouvellement des générations en agriculture - Suite de l'examen des amendements au texte de la commission
- Proposition de loi portant diverses mesures visant à adapter le fonctionnement des instances de gouvernance des chambres d'agriculture et de la mutualité sociale agricole - Examen des amendements au texte de la commission
- Projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale, d'urgence pour Mayotte - Désignation des candidats pour faire partie de la commission mixte paritaire
- Proposition de loi portant diverses mesures visant à adapter le fonctionnement des instances de gouvernance des chambres d'agriculture et de la mutualité sociale agricole - Désignation des rapporteurs pour faire partie de la commission mixte paritaire
- Audition de M. Joël Fourny, président des chambres de métiers et de l'artisanat
- Jeudi 6 février 2025
Lundi 3 février 2025
- Présidence de Mme Dominique Estrosi Sassone, présidente -
La réunion est ouverte à 14 h 15.
Projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale, d'orientation pour la souveraineté alimentaire et agricole et le renouvellement des générations en agriculture - Examen des amendements au texte de la commission
Mme Dominique Estrosi Sassone, présidente. - Nous entamons cet après-midi l'examen des amendements au texte de la commission sur le projet de loi d'orientation pour la souveraineté alimentaire et agricole et le renouvellement des générations en agriculture (PLOA), qui se poursuivra sur plusieurs jours.
Au total, ce sont en effet 797 amendements - sans ceux du Gouvernement - qui ont été déposés, sur lesquels nous allons devoir nous prononcer.
Concernant l'organisation de nos travaux, nous examinerons aujourd'hui 202 amendements déposés sur le titre Ier ; demain mardi 4 février, à partir de 9 h 30, 148 amendements sur le titre II ; mercredi 5 février à partir de 9 heures, les 285 amendements sur le titre III ; enfin, jeudi 6 février à partir de 9 h 30, les 240 amendements sur le titre IV.
Nos rapporteurs, Laurent Duplomb et Franck Menonville, vont nous présenter les principaux arbitrages qu'ils proposent. Vous pourrez ensuite exprimer votre position générale et demander des éclaircissements sur certains amendements spécifiques si vous le souhaitez. Les rapporteurs vous fourniront alors les explications nécessaires. Enfin, sauf demande de vote séparé sur un amendement particulier, nous procéderons à un vote en bloc sur l'ensemble du tableau qui vous a été distribué.
M. Laurent Duplomb, rapporteur. - Nous examinons donc aujourd'hui les amendements déposés sur le titre Ier : ils sont au nombre de 204, dont 17 du Gouvernement, auxquels s'ajoutent 19 amendements des rapporteurs.
Globalement, nous avons souhaité préserver l'équilibre qui a été trouvé en commission ; les amendements visant à bouleverser cet équilibre ont donc reçu un avis défavorable.
Nous demandons de nombreux retraits, car beaucoup d'amendements sont déjà satisfaits. Je pense aux amendements sur l'outre-mer. Lorsqu'ils ne sont pas satisfaits, nous avons émis un avis favorable, car nous accordons une attention forte à l'adaptation des politiques agricoles au contexte et aux enjeux des territoires ultramarins.
Quelques discussions communes seront assez longues - notamment la première -, ce qui ne facilitera pas la clarté des débats.
À ce titre, nous proposerons une série d'amendements destinés à faire une distinction nette, au sein du titre Ier, entre les dispositions normatives et les dispositions programmatiques, pour s'assurer de ne pas être censurés par le Conseil constitutionnel pour défaut d'intelligibilité de la loi. Nous proposerons donc des suppressions d'alinéas clefs de l'article 1er, non pas parce que nous avons changé d'avis, mais pour mieux les réintroduire dans un article à part. Ce déplacement pour des raisons juridiques ne nous empêchera nullement d'avoir le débat sur le fond, puisque les 28 amendements en discussion commune seront examinés. Le Gouvernement fera d'ailleurs de même au sein du titre II, dont nous examinerons les amendements demain.
Nous avons travaillé en lien très étroit avec le Gouvernement, ce qui nous amènera à donner des avis favorables et de sagesse à un certain nombre de ses propositions. Sur d'autres points, des désaccords majeurs demeurent, comme sur le principe de non-régression de la souveraineté agricole, que le Gouvernement entend supprimer.
Enfin, je tiens à alerter mes collègues sur un point : de nombreux amendements identiques ont été déposés par nos collègues, notamment de la majorité sénatoriale, à la suite des propositions des Jeunes agriculteurs (JA) et de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA). Si, dans certains cas, ces propositions sont intéressantes - et nous ne manquons pas d'échanger avec ces organisations -, dans d'autres cas, et surtout à l'article 1er, ces amendements témoignent d'une incompréhension de la logique interne qui sous-tend cet article, et de sa complémentarité avec l'article 8. Nous en demanderons donc le retrait.
Par exemple, concernant l'article 1er, l'adoption des amendements visant à réécrire la priorité no 3 relative au changement climatique aurait pour conséquence, d'une part, de brouiller l'objectif de concision des quatre objectifs que nous avons définis au début de l'article, et, d'autre part, d'aboutir à une redondance complète avec une disposition figurant juste après, et reprenant mot pour mot la rédaction des amendements déposés, mais j'y reviendrai en séance.
Enfin, nous avons donné un avis favorable ou de sagesse à des amendements qui visent à améliorer le texte. Je pense, par exemple, à des amendements du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain (SER) sur la performance sanitaire des filières, ou sur l'enjeu de préservation des sols. Je pense aussi à des amendements de la majorité sénatoriale comme celui de Jean Sol sur l'irrigation, ou aux amendements identiques de MM. Bleunven et Gremillet sur le principe : « Pas d'interdiction sans solution. »
Lors de notre dernière réunion, nous avons accepté de manière transpartisane que l'article 1er consacre la spécificité de la souveraineté alimentaire et que toutes les dispositions relatives à l'installation et à la transmission - le renouvellement des générations, qui est la première des priorités, est un enjeu fondamental pour le maintien de cette souveraineté - soient insérées au sein d'un article 8, également programmatique. Cette démarche répond à une volonté de clarté, afin que ces points extrêmement importants fassent l'objet de deux discussions différentes. Ce texte doit être un véritable projet de loi d'orientation !
M. Jean-Claude Tissot. - Les amendements du titre Ier concernés sont-ils automatiquement déplacés à l'article 8 ?
M. Laurent Duplomb, rapporteur. - Non, tous les amendements spécifiques à l'installation recevront un avis défavorable.
M. Jean-Claude Tissot. - Je pensais qu'ils étaient satisfaits par les autres articles.
M. Laurent Duplomb, rapporteur. - Ils sont satisfaits par l'article 8.
M. Daniel Fargeot. - Il s'agit d'un reclassement en quelque sorte.
M. Laurent Duplomb, rapporteur. - Exactement ! Nous avons procédé à une réorganisation de ces dispositions, mais nos collègues qui ne sont pas membres de la commission ne pouvaient pas le savoir. Le débat va s'en trouver allongé, mais j'expliquerai notre objectif en séance.
EXAMEN DES AMENDEMENTS DES RAPPORTEURS
Article 1er
Les sous-amendements nos 881 et 882 sont adoptés.
Les amendements nos 875, 880, 876, 884, 883, 877, 887, 888, 878, 879, 905 et 907 sont adoptés.
Article 1er ter
L'amendement n° 885 est adopté.
Article 1er quater
L'amendement n° 886 est adopté.
EXAMEN DES AMENDEMENTS AU TEXTE DE LA COMMISSION
La commission a donné les avis suivants sur les amendements dont elle est saisie, qui sont retracés dans le tableau ci-après :
Projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale, d'urgence pour Mayotte - Examen des amendements au texte de la commission
Mme Dominique Estrosi Sassone, présidente. - Nous en venons à l'examen des amendements au texte de la commission sur le projet de loi d'urgence pour Mayotte. Nous suivrons la même méthode de travail que précédemment.
Mme Micheline Jacques, rapporteur. - Mes chers collègues, au total, 163 amendements ont été déposés sur le texte de la commission, dont 89 relèvent des champs de compétence de notre commission. 3 amendements ont été retirés. J'indique que 14 amendements émanent du Gouvernement (l'un ayant été retiré). Par ailleurs, 6 amendements ont été jugés irrecevables par la commission des finances au titre de l'article 40 de la Constitution.
Conformément au périmètre du projet de loi que nous avons défini la semaine dernière, je propose de déclarer irrecevables en application de l'article 45 de la Constitution 4 amendements portant sur la garantie décennale, l'octroi de mer et la construction de nouveaux logements. Un amendement est également irrecevable, car il étend l'habilitation à légiférer par ordonnance prévue à l'article 4.
Sur le fond, je vous propose des avis favorables sur l'ensemble des amendements visant à mieux sécuriser les dispositions qui figurent dans le texte de la commission. À l'article 7, je propose de mieux cibler les travaux qui pourront exceptionnellement faire l'objet d'une déclaration simple en mairie, au lieu d'une autorisation d'urbanisme en excluant les travaux de reconstruction intégrale, susceptibles de présenter davantage de risques pour la sécurité des personnes. En réalité, ce sont surtout les réfections de toitures qui sont visées.
De même, la proposition du Gouvernement d'interdire les démolitions anticipées sur des bâtiments protégés au titre du code du patrimoine est tout à fait pertinente, même si les cas d'espèce sont peu nombreux à Mayotte.
Je vous propose également d'approuver plusieurs amendements tendant à préciser la gouvernance du futur établissement public chargé de la reconstruction de Mayotte, pour donner un peu plus de souplesse et laisser au Gouvernement le temps d'organiser des concertations quant à la composition exacte du conseil d'administration, tout en conservant nos avancées sur la représentation des communes, et pour intégrer au comité technique plusieurs acteurs comme les opérateurs de réseaux et des organisations représentatives des professionnels de la construction.
Je vous propose aussi de soutenir tous les amendements visant à rendre plus opérationnelles ou plus efficaces les mesures contenues dans notre texte.
À l'article 4, le Gouvernement rétablit le périmètre initial de l'habilitation à légiférer par ordonnance sur les normes de construction, en supprimant les contraintes excessives posées par les députés concernant les énergies renouvelables et l'accessibilité : cette modification, que les règles de recevabilité nous avaient interdit de faire en commission, est très souhaitable.
Je vous proposerai également, avec l'accord du Gouvernement, d'étendre légèrement l'assiette de l'exonération de la taxe générale sur les activités polluantes (TGAP) portant sur les déchets à Mayotte que nous avons votée en commission, pour y inclure les déchets exportés.
Je suis également favorable aux amendements qui introduisent des facilitations connexes à celles qui sont contenues dans le texte, car elles pourraient s'avérer très utiles. Alertée sur le cas des bâtiments agricoles, je vous propose une levée temporaire de l'avis conforme de la commission départementale de la préservation des espaces naturels, agricoles et forestiers (CDPENAF), au profit d'un avis simple, pour la reconstruction des bâtiments liés aux activités agricoles. De même, concernant le volet financier, le Gouvernement étend, de manière cohérente, la suspension du recouvrement forcé aux créances douanières.
Le Gouvernement a déposé un amendement tendant à créer un prêt à taux zéro pour financer les travaux de reconstruction à Mayotte, en contrepartie duquel les établissements prêteurs pourront bénéficier de crédits d'impôt : c'est une mesure utile que je vous propose de soutenir. Les règles pratiques seront fixées par décret.
En revanche, je vous propose d'émettre un avis défavorable sur tous les amendements incantatoires ou programmatiques qui ne tiennent absolument pas compte des réalités de terrain. L'avis est également défavorable sur toutes les propositions qui sont de nature à alourdir le texte, sans apporter de valeur ajoutée, ou qui vont à l'encontre de l'objectif d'accélération et imposent des contraintes trop grandes à la reconstruction, même si certaines d'entre elles, sur le fond et sur le long terme, sont intéressantes.
Sur le volet financier, compte tenu du contexte budgétaire et du fragile équilibre qui vient d'être trouvé sur le projet de loi de finances, il ne me semble pas opportun d'étendre les mécanismes de réduction d'impôt, a fortiori à titre rétroactif.
EXAMEN DES AMENDEMENTS DU RAPPORTEUR
Article 1er
L'amendement n° 170 est adopté.
Article 1er bis
L'amendement n° 171 est adopté.
Article 6
L'amendement n° 166 est adopté.
Article 6 bis A
L'amendement n° 164 est adopté.
Article 6 bis
L'amendement n° 165 est adopté.
Article 6 ter
L'amendement n° 163 est adopté.
Article 7
Les amendements nos 168 et 167 sont adoptés.
Après l'article 7
L'amendement n° 169 est adopté.
Article 17 ter
L'amendement n° 172 est adopté.
EXAMEN DES AMENDEMENTS AU TEXTE DE LA COMMISSION
La commission a donné les avis suivants sur les amendements dont elle est saisie, qui sont retracés dans le tableau ci-après :
La réunion est close à 16 h 30.
Mardi 4 février 2025
- Présidence de Mme Dominique Estrosi Sassone, présidente -
La réunion est ouverte à 9 h 40.
Projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale, d'orientation pour la souveraineté alimentaire et agricole et le renouvellement des générations en agriculture - Suite de l'examen des amendements au texte de la commission
Mme Dominique Estrosi Sassone, présidente. - Mes chers collègues, nous poursuivons l'examen des amendements au texte de la commission sur le projet de loi d'orientation pour la souveraineté alimentaire et agricole et le renouvellement des générations en agriculture.
Je vous propose, comme nous l'avons fait hier, de voter sur l'ensemble des amendements des rapporteurs et des avis qu'ils vous proposent de donner aux autres amendements, tels qu'ils vous sont présentés dans le tableau qui vous est distribué.
M. Franck Menonville, rapporteur. - Nous examinons aujourd'hui les amendements aux articles du titre II du projet de loi : ils sont au nombre de 148, dont 17 amendements du Gouvernement, auxquels s'ajoutent 16 amendements des rapporteurs.
En ce qui concerne le volet relatif à l'enseignement agricole, le ministère a salué notre travail de correction et de recentrement du texte, dont l'examen par l'Assemblée nationale avait pu emporter l'ajout de certaines précisions superfétatoires. Avec Laurent Duplomb, nous vous proposons donc peu d'amendements sur cette partie. Si la plupart de ces amendements sont rédactionnels et tendent à peaufiner le texte, j'attire votre attention sur l'amendement 897 rect., qui vise à conforter la vocation pédagogique des exploitations agricoles des établissements publics locaux d'enseignement et de formation professionnelle agricoles. J'espère que cette disposition recueillera un soutien transpartisan.
Par souci de conserver l'équilibre trouvé en commission ainsi qu'à l'Assemblée nationale, les avis que nous vous proposons sur les amendements aux articles relatifs à l'enseignement agricole sont majoritairement défavorables. À ce titre, nous nous opposerons aux amendements tendant à avantager l'enseignement public au détriment du privé non lucratif. Du fait de son importance historique, cette branche de l'enseignement agricole est en effet indispensable au maillage de nos territoires. Nous proposerons néanmoins des avis favorables et de sagesse à des amendements déposés par différents groupes, notamment à un amendement du groupe socialiste relatif à la reconversion professionnelle, qui était devenu sans objet en commission alors qu'il nous paraissait pertinent.
Nous avons eu avec la ministre un débat qui, bien que sémantique, nous paraît important. La ministre partage avec nous le souhait de ne pas faire référence à la notion d'agroécologie, qui date de la loi du 13 octobre 2014 d'avenir pour l'agriculture, l'alimentation et la forêt. Ce terme est en effet devenu un mot-valise qui est parfois employé à tort et à travers. Le Gouvernement a par ailleurs déposé plusieurs amendements visant à remplacer notre notion d'« adaptation au changement climatique » par celle de « transitions climatique et environnementale », faisant valoir que l'adaptation suppose une forme de passivité, quand la transition implique un changement de pratiques. Or c'est précisément ce qui nous effraie, bien que nous ne niions pas la pertinence de l'objectif.
Dans le titre II, nous définissons en effet les priorités en matière d'enseignement et de recherche, au service de nos agriculteurs et de la performance de notre agriculture. Depuis notre examen en commission, les plans prioritaires pluriannuels d'adaptation au changement climatique et de souveraineté agricole et agroalimentaire, prévus à l'article 6, visent par ailleurs à répondre à des problématiques identifiées par les filières. De grâce, n'y mettons pas de contraintes !
Après échanges avec la ministre, nous acceptons toutefois d'élargir la focale, en retenant l'adaptation climatique « et environnementale ».
En ce qui concerne le volet vétérinaire, rapporté par Laurent Duplomb, nous en sommes restés à l'équilibre trouvé en commission, moyennant de légers ajustements juridiques visant à procéder aux bons renvois réglementaires pour l'application des articles concernés.
L'article 7 permet la délégation de certains soins à des auxiliaires spécialisés vétérinaires (ASV) et à des étudiants en école vétérinaire, sous la responsabilité d'un vétérinaire. Laurent Duplomb constate avec satisfaction que notre appel à ne pas aller plus loin dans cette délégation a été entendu. Dans l'hypothèse inverse, le risque serait en effet de fragiliser davantage l'équilibre économique déjà précaire des cabinets vétérinaires en milieu rural, ce qui aurait des effets contre-productifs pour le maillage vétérinaire.
M. Daniel Salmon. - Pourquoi proposez-vous de remplacer la notion d'« adaptation au changement climatique » par celle d'« adaptation climatique et environnementale » ? Quel est l'enjeu qui se cache derrière la suppression de la référence au changement climatique ?
M. Franck Menonville, rapporteur. - Nous nous sommes simplement adaptés à la terminologie du ministère. Il n'y a pas vraiment d'enjeu, mon cher collègue.
M. Daniel Salmon. - Nous allons nous pencher sur cette question, car le diable se cache dans les détails !
EXAMEN DES AMENDEMENTS DES RAPPORTEURS (SUITE)
Article 2
Le sous-amendement 904, les amendements 890, 891, 892, 893 et 894 sont adoptés.
Article 3
Les amendements 896, 897 rect., 899 et 898 rect. sont adoptés.
Article 3 bis A
L'amendement 903 est adopté.
Article 3 bis
L'amendement 900 est adopté.
Article 5
L'amendement 895 est adopté.
Article 6
L'amendement 901 est adopté.
Article 7
L'amendement 902 est adopté.
EXAMEN DES AMENDEMENTS AU TEXTE DE LA COMMISSION (SUITE)
La commission a donné les avis suivants sur les amendements dont elle est saisie, qui sont retracés dans le tableau ci-après :
Mme Dominique Estrosi Sassone, présidente. - Compte tenu de l'ordre du jour, nous devrions entamer l'examen de ce texte en séance publique cet après-midi, autour de 18 heures. Nous le poursuivrons ce soir, demain après-midi après les questions d'actualité au Gouvernement et jeudi après-midi, le soir et la nuit. Nous ne siégerons pas vendredi 7 février, et reprendrons l'examen le lundi 10 février à 16 heures et le soir. Si nous terminons l'examen de ce texte jeudi 13 février, nous ne siégerons pas vendredi 14 février.
L'examen des amendements étant assez rapide avec la nouvelle procédure, je vous propose par ailleurs de reculer l'heure de notre réunion de commission de demain à 9 heures 30, au lieu de 9 heures pour l'examen du titre III, et notre réunion de jeudi de 9 heures 30 à 10 heures pour l'examen du titre IV.
La réunion est close à 9 h 55.
La réunion est ouverte à 20 h 00.
Projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale, d'orientation pour la souveraineté alimentaire et agricole et le renouvellement des générations en agriculture - Suite de l'examen des amendements au texte de la commission
Mme Dominique Estrosi Sassone, présidente. - Mes chers collègues, nous devons nous réunir brièvement ce soir pour examiner l'amendement n° 908 déposé par le Gouvernement à l'article 1er, ainsi que les trois sous-amendements proposés par nos rapporteurs.
M. Laurent Duplomb, rapporteur. - Cet amendement du Gouvernement vise à instituer des conférences nationales de la souveraineté alimentaire, ce à quoi nous sommes favorables. Nous souhaitons toutefois nous assurer, par nos sous-amendements, que les rapports relatifs aux stratégies de chaque filière soient bien transmis au Parlement et non au seul ministère de l'agriculture, que les collectivités d'outre-mer soient bien prises en compte et, enfin, que le Parlement soit pleinement informé de la manière dont le Gouvernement tiendra compte des stratégies de filières issus de ces conférences dans le cadre des négociations relatives à la politique agricole commune.
Les sous-amendements n° 913, 914 et 915 sont adoptés et la commission donne un avis favorable à l'amendement n° 908 ainsi sous-amendé.
La réunion est close à 20 h 05.
Mercredi 5 février 2025
- Présidence de Mme Dominique Estrosi Sassone, présidente -
La réunion est ouverte à 9 h 35.
Projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale, d'orientation pour la souveraineté alimentaire et agricole et le renouvellement des générations en agriculture - Suite de l'examen des amendements au texte de la commission
Mme Dominique Estrosi Sassone, présidente. - Nous poursuivons l'examen des amendements sur le texte de la commission sur le projet de loi d'orientation pour la souveraineté alimentaire et agricole et le renouvellement des générations en agriculture (PLOA). Aujourd'hui, nous abordons le titre III.
Je vous propose, comme nous l'avons fait hier, de voter en bloc sur l'ensemble des avis que nos rapporteurs vous proposent de donner aux amendements, tels qu'ils vous sont présentés dans le tableau qui vous est distribué.
M. Franck Menonville, rapporteur. - Nous examinons aujourd'hui les amendements déposés sur le titre III relatif à l'installation et à la transmission des exploitations agricoles, c'est-à-dire le coeur de l'enjeu de renouvellement des générations en agriculture.
Ces amendements sont au nombre de 286, dont seulement 12 amendements du Gouvernement, un nombre un peu moins important que sur les deux titres précédents, auxquels s'ajoutent 20 amendements et 3 sous-amendements des rapporteurs.
Je propose 27 avis favorables, 8 avis de sagesse et 85 avis défavorables, preuve que le texte continue d'être construit et co-construit. Les autres amendements ont été retirés par leurs auteurs ou déclarés irrecevables.
Nous avons eu fort à faire au sujet des articles 9 et 10, le premier relatif au diagnostic des exploitations et le second concernant le guichet unique de l'installation et de la transmission. En effet, plusieurs collègues appartenant à des groupes différents ont déposé des amendements identiques pour revenir sur les équilibres auxquels la commission était parvenue.
Sur ce sujet hautement professionnel, nous nous sommes rapprochés des chambres d'agriculture et du syndicat de Jeunes Agriculteurs (JA), afin de traduire dans la loi les dispositions permettant de respecter le bon équilibre.
À l'article 10, les amendements proposés par le syndicat des JA répondaient à leur préoccupation de ne pas trop restreindre l'accès au guichet unique de la formation et de l'installation. Dans le texte transmis au Sénat, cette possibilité était ouverte à « tous les actifs agricoles », ce qui nous faisait craindre un doublon des missions des chambres d'agriculture.
Aussi, en commission, soucieux de garantir l'efficacité du dispositif et de ne pas submerger les guichets départementaux uniques de demandes peu sérieuses ou sans lien avec la problématique de l'installation ou de la transmission, nous avions voulu recentrer l'accueil sur les personnes ayant un projet d'installation ou de transmission. Mais la rédaction excluait ce que les JA appellent les « porteurs d'idées » ou les actifs agricoles se posant des questions sans projet clairement défini. Or les différents rapports montrent à la fois qu'on s'y prend trop tard pour accompagner les cessions et qu'on s'y prend mal pour accompagner les installations.
Nous avons donc entendu les craintes exprimées et vous proposons, en accord avec les JA, une fusée à deux étages : un accueil pour toute personne souhaitant s'engager dans une activité agricole - les personnes pourront ainsi faire mûrir leur projet - et un accompagnement renforcé pour ceux qui ont un projet plus mûr.
Par ailleurs, à l'article 9 bis, nous vous proposons d'accepter un amendement du Gouvernement qui recalibre notre cartographie des opportunités et des risques de marché. Nous sommes satisfaits que cette analyse « macro » pour anticiper l'agriculture de demain fasse son chemin et que chacun se l'approprie.
À l'article 8 bis A, nous maintiendrons l'économie générale de l'aide au passage de relais, sous forme programmatique, contre l'avis du Gouvernement.
À l'article 10 bis, un amendement de Daniel Gremillet est de nature à consolider juridiquement le droit à l'essai, dispositif d'installation progressive et collective auquel je suis très attaché.
M. Laurent Duplomb, rapporteur. - Sur l'article 9 relatif aux diagnostics de viabilité économique et de vivabilité des projets agricoles, nous procédons à quelques clarifications, qui ont été acceptées par les JA. Ce syndicat avait été associé à une rédaction complète de cet article à l'Assemblée nationale et restait attaché à quelques points.
À la demande générale, nous précisons explicitement que le diagnostic redevient modulaire. En prévoyant cinq modules au lieu de trois dans la rédaction issue des travaux de l'Assemblée nationale, et même un sixième avec un ajout du Gouvernement sur les produits phytosanitaires, que nous accepterons, nous allons encore plus loin dans la granularité, pour que ce dispositif soit plus encore « à la carte ». Cependant, nous prévoyons un garde-fou supplémentaire pour assurer la cohérence du dispositif, car l'idée initiale de ces diagnostics était, je le rappelle, de faire une photo à 360° du projet : nous voulons qu'au moins deux des modules soient mobilisés à chaque fois, dont, nécessairement, le stress-test aléas climatiques. C'est un aspect très important qui peut, me semble-t-il, faire consensus.
En revanche, nous nous opposerons à l'amendement du Gouvernement tendant à revenir sur la gratuité des diagnostics. Il importe d'inciter le cédant à réaliser le diagnostic avant de céder son exploitation ou que le jeune qui s'installe puisse le faire durant les trois ans qui suivent.
Nous nous opposerons également aux amendements soutenus par les JA qui veulent rendre obligatoire le diagnostic ou introduire une conditionnalité des aides publiques. N'ajoutons pas des contraintes supplémentaires, alors que nous plaidons pour une simplification des formalités administratives. Ce n'est pas par des obligations, mais par des incitations qu'on parviendra à massifier ces diagnostics.
Les organisations professionnelles agricoles semblent très majoritairement satisfaites de la rédaction proposée de l'article 9.
EXAMEN DES AMENDEMENTS DES RAPPORTEURS (SUITE)
Article 1er (suite)
Les sous-amendements n° 914 rect, n° 915 rect et n° 913 sont adoptés.
Article 8
Les amendements n° 917, n° 921, n° 918, n° 919 et n° 920 sont adoptés.
Article 8 bis A
L'amendement n° 922 est adopté.
Article 9
Les amendements n° 924, n° 923, n° 926 et n° 927 sont adoptés, de même que le sous-amendement n° 925.
Article 9 bis
Les sous-amendements n° 936 et n° 935 sont adoptés.
Article 10
Les amendements n° 928, n° 929, n° 930, n° 931, n° 932, n° 933, n° 934 et n° 937 sont adoptés.
Article 10 bis
L'amendement n° 938 est adopté.
Article 12 bis
L'amendement n° 916 est adopté.
EXAMEN DES AMENDEMENTS AU TEXTE DE LA COMMISSION (SUITE)
La commission a donné les avis suivants sur les amendements dont elle est saisie, qui sont retracés dans le tableau ci-après :
Proposition de loi portant diverses mesures visant à adapter le fonctionnement des instances de gouvernance des chambres d'agriculture et de la mutualité sociale agricole - Examen des amendements au texte de la commission
Mme Dominique Estrosi Sassone, présidente. - Nous examinons maintenant les amendements au texte de la commission sur la proposition de loi portant diverses mesures visant à adapter le fonctionnement des instances de gouvernance des chambres d'agriculture et de la mutualité sociale agricole.
M. Vincent Louault, rapporteur. - Mes chers collègues, neuf amendements ont été déposés sur le texte de la commission, qui, je le rappelle, ne diffère du texte transmis au Sénat que par la suppression de l'article 1er ter, qui prévoyait une demande de rapport sur l'opportunité d'adopter un mode de scrutin à la proportionnelle intégrale pour les élections aux chambres d'agriculture. Cet ajout de l'Assemblée nationale est arrivé comme « un cheveu sur la soupe », si je puis dire, dans cette proposition de loi, qui ne contenait initialement que des dispositions purement techniques, des corrections juridiques, des ajustements de calendrier ou des solutions temporaires, tel l'article 1er, qui doit être adopté dans l'attente d'une réforme plus structurelle de la séparation de la vente et du conseil. C'est pour cette raison que je parle de « tentative d'introduction par effraction » d'enjeux politiques dans ce texte normalement consensuel. Un amendement de suppression de Franck Menonville a opportunément corrigé cette disposition.
L'essentiel des amendements déposés en vue de la séance publique ont déjà reçu un avis défavorable de la commission. J'émettrai un avis favorable à un seul amendement, déposé par le groupe socialiste, qui me semble rétablir une disposition assez logique du texte initial : pour être éligible aux instances dirigeantes des caisses de Mutualité sociale agricole, il faut être à jour de ses cotisations. C'est la moindre des choses si l'on veut participer à la représentation et à la direction d'une organisation !
Je me félicite que la commission mixte paritaire se réunisse dans les plus brefs délais, dès lundi prochain, en vue de permettre la promulgation de ce texte en temps voulu pour la constitution des bureaux des chambres d'agriculture, au plus tard le 5 mars.
EXAMEN DES AMENDEMENTS AU TEXTE DE LA COMMISSION
La commission a donné les avis suivants sur les amendements dont elle est saisie, qui sont retracés dans le tableau ci-après :
Projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale, d'urgence pour Mayotte - Désignation des candidats pour faire partie de la commission mixte paritaire
Mme Dominique Estrosi Sassone, présidente. - Je vous informe que la commission mixte paritaire sur le projet de loi d'urgence pour Mayotte se réunira lundi prochain à 10 heures à l'Assemblée nationale.
La commission soumet au Sénat la nomination de Mme Dominique Estrosi Sassone, Mme Micheline Jacques, Mme Christine Bonfanti-Dossati, Mme Isabelle Florennes, Mme Viviane Artigalas, M. Saïd Omar Oili et Mme Salama Ramia comme membres titulaires, et de M. Patrick Chaize, Mme Anne Chain-Larché, M. Daniel Fargeot, Mme Annie Le Houerou, Mme Evelyne Corbière Naminzo, M. Pierre-Jean Verzelen et M. Jean-Marc Ruel comme membres suppléants de la commission mixte paritaire chargée de proposer un texte sur les dispositions restant en discussion du projet de loi d'urgence pour Mayotte.
Proposition de loi portant diverses mesures visant à adapter le fonctionnement des instances de gouvernance des chambres d'agriculture et de la mutualité sociale agricole - Désignation des rapporteurs pour faire partie de la commission mixte paritaire
Mme Dominique Estrosi Sassone, présidente. - Je vous informe que la commission mixte paritaire sur la proposition de loi portant diverses mesures visant à adapter le fonctionnement des instances de gouvernance des chambres d'agriculture et de la mutualité sociale agricole se réunira lundi prochain à 14 h 30 à l'Assemblée nationale.
La commission soumet au Sénat la nomination de Mme Dominique Estrosi Sassone, Mme Marie-Lise Housseau, M. Laurent Duplomb, M. Daniel Gremillet, M. Christian Redon-Sarrazy, M. Jean-Claude Tissot et M. Bernard Buis comme membres titulaires, et de M. Jean-Marc Boyer, M. Pierre Cuypers, M. Yves Bleunven, Mme Viviane Artigalas, M. Gérard Lahellec, Mme Laure Darcos et M. Henri Cabanel comme membres suppléants de la commission mixte paritaire chargée de proposer un texte sur les dispositions restant en discussion de la proposition de loi portant diverses mesures visant à adapter le fonctionnement des instances de gouvernance des chambres d'agriculture et de la mutualité sociale agricole.
Audition de M. Joël Fourny, président des chambres de métiers et de l'artisanat
Mme Dominique Estrosi Sassone, présidente. - Nous avons le plaisir d'accueillir ce matin M. Joël Fourny, président de CMA France, qui est la fédération nationale des chambres de métiers et de l'artisanat (CMA).
Dès 1986, dans votre ville natale d'Issé, en Loire-Atlantique, vous avez, Monsieur le président, créé votre entreprise de modelage mécanique, SIMM, qui s'est peu à peu développée, comptant aujourd'hui une dizaine de salariés.
Parallèlement, vous avez rejoint, en 1999, la chambre de métiers et de l'artisanat de Loire-Atlantique, avant d'en devenir président en 2010. En 2016, vous avez été élu président de la CMA des Pays de la Loire, puis, en 2020, président de CMA France, à la suite du décès brutal de votre prédécesseur Bernard Stalter.
Au cours de votre carrière tournée vers l'accompagnement et le soutien aux entreprises artisanales de nos territoires, vous avez notamment participé au groupe de travail « reconversion des sites industriels » du Conseil national de l'industrie (CNI) et vous avez travaillé à un partenariat stratégique entre CMA France et les Ateliers d'art de France, qui pourrait aboutir à un contrat de filière en 2025.
Votre audition s'inscrit dans la continuité de l'intérêt que nous portons aux métiers de l'artisanat, si importants pour nos territoires et notre économie. Nous comptons donc sur vous pour parler sans tabous des défis que vous devez relever ainsi que des difficultés rencontrées.
Comment se portent les 700 000 entreprises artisanales qui maillent nos territoires ? Rencontrent-elles des difficultés de trésorerie ? Si oui, dans quelle mesure et comment y remédier ? Quel regard portez-vous, par ailleurs, sur l'enjeu des normes et du cadre réglementaire ? Avez-vous le sentiment que le secteur subit une sorte de surrèglementation ?
Dans le secteur du logement et de la rénovation énergétique, nous soutenons les efforts de la ministre Valérie Létard pour ne pas modifier une nouvelle fois, en 2025, les conditions de MaPrimeRénov', ce qui se ferait au détriment de nos concitoyens et des artisans. La commission d'enquête sur l'efficacité des politiques publiques en matière de rénovation énergétique, que je présidais en 2023, avait également demandé que le label RGE (pour « reconnu garant de l'environnement ») soit simplifié et, plus généralement, que les artisans soient inclus dans un cercle local de confiance et de partenariat, seul à même de booster les rénovations.
Vous avez déclaré, Monsieur le président, que « les artisans s'adaptent en permanence » et qu'ils « font volontairement évoluer leurs pratiques pour répondre aux nouveaux défis numériques et environnementaux ». Pouvez-vous nous en dire plus sur la façon dont ces défis sont appréhendés par les métiers de l'artisanat ? Comment accompagner au mieux ce secteur dans un contexte de plus en plus évolutif ?
La transmission des savoir-faire reste, par ailleurs, au coeur de l'artisanat. Comment simplifier cette transmission ? Vous aviez lancé une « alerte rouge » sur l'apprentissage à la fin de l'année 2023, alerte que vous aviez renouvelée à la fin de l'année dernière. Où en sommes-nous ? Je pense en particulier à la baisse des aides versées aux employeurs d'apprentis, cette fameuse question des niveaux de prise en charge (NPEC) des « coûts-contrats » de l'apprentissage. Comme vous le savez, le président du Sénat est particulièrement attentif à cette question et a tenu à ce que notre institution accueille un grand nombre d'apprentis, même si ce sont le plus souvent des étudiants du supérieur.
Avant de vous céder la parole, Monsieur le président, je rappelle que cette audition fait l'objet d'une captation vidéo et qu'elle est diffusée sur le site du Sénat.
M. Joël Fourny, président des chambres de métiers et de l'artisanat. - Je vous remercie de votre invitation, Madame la présidente. Cette audition est une occasion privilégiée pour moi de venir parler du secteur de l'artisanat.
Comme vous l'avez rappelé, j'ai moi-même créé mon entreprise en 1986, dans le domaine de la sous-traitance industrielle. J'en suis très fier, tout comme je suis fier d'avoir depuis trente-six ans le même associé. On l'oublie parfois, mais 98° % des artisans sont aussi des sous-traitants.
Bras armé de l'État pour mettre en oeuvre sur l'ensemble du territoire les politiques publiques en direction des entreprises artisanales, le réseau des chambres de métiers et de l'artisanat exerce des responsabilités en matière de formation initiale et continue, de certification et de délivrance des titres, de développement économique et d'aménagement du territoire - en lien étroit avec les collectivités locales -, de promotion des métiers de l'artisanat et de défense des intérêts du secteur.
L'artisanat en France, c'est 250 métiers, 2,4 millions d'entreprises et 3,1 millions d'actifs, avec une forte présence dans les territoires ruraux. Je crois pouvoir dire que dans chaque commune française, il y a au moins un artisan.
Après la réforme de la régionalisation, engagée par la loi Pacte, CMA France est à la tête d'un réseau de 20 établissements publics régionaux, qui s'appuie sur 2 500 élus consulaires, 12 000 collaborateurs et un maillage serré de points de contact de proximité dans chaque département.
S'agissant de la promotion des métiers de l'artisanat, dans la ligne de la campagne de publicité « L'artisanat, première entreprise de France », dont vous vous souvenez certainement, nous diffusons actuellement des spots publicitaires sur la valeur de l'apprentissage en France. Nous venons aussi d'organiser la semaine de l'apprentissage, qui a permis de mettre en valeur l'engagement des entreprises artisanales pour la formation initiale des jeunes.
Les deux principales missions des CMA restent l'accompagnement économique des entreprises et la formation des artisans.
Sur le premier volet, le réseau a mis en place un numéro unique, le 3006, qui permet de répondre à tous les besoins d'accompagnement sur l'ensemble du territoire national. Nous assurons ainsi un rôle d'appui et d'expertise, avec 260 000 contacts chaque année.
Sur le deuxième volet, à travers nos 147 établissements et nos 350 offres de formation, nous formons 112 500 apprentis chaque année. Sans l'apprentissage, il n'y aurait pas d'artisanat. La formation par alternance est vraiment dans l'ADN des artisans. Notre ambition est donc de préparer les nouvelles générations à ces métiers, qui ont d'importants besoins de main-d'oeuvre.
Même si les pénuries sont aujourd'hui un peu moins fortes qu'après le covid, nous ne devons pas baisser la garde sur la formation. Quand la reprise économique sera au rendez-vous, les tensions sur le marché de l'emploi reviendront si nous ne continuons pas à former suffisamment pendant la période actuelle.
Bien que cette mission soit moins bien identifiée, nous sommes aussi des partenaires pour les collectivités territoriales, avec une capacité de porter un diagnostic territorial, de faire des études et d'accompagner la création de nouveaux dispositifs permettant de répondre aux besoins spécifiques des entreprises artisanales. Nous pouvons aussi travailler avec elles sur l'aménagement du territoire dans son ensemble - immobilier d'entreprise, villages artisanaux, implantation de nouveaux locaux ou équipements, etc.
Nous travaillons aussi sur la transmission et la reprise d'entreprises, une priorité pour l'avenir de la filière artisanale. Dans les dix ans à venir, 300 000 entreprises changeront de mains. Nous nous devons de préserver ces savoir-faire, parfois exceptionnels, et ces emplois de proximité. Si l'on considère l'ensemble des entreprises artisanales, le nombre d'emplois en jeu est considérable.
Lors de la réforme de la régionalisation en 2021, nous avons veillé à conserver, et même à renforcer les points de contact de proximité. C'est un élément auquel je suis profondément attaché. Si je me suis engagé dans le réseau des chambres de métiers, c'est d'abord parce que j'avais moi-même bénéficié de leurs services et que je souhaitais permettre à d'autres artisans d'en bénéficier à leur tour. La politique est définie au niveau régional, mais sa mise en oeuvre se fait localement, à travers nos antennes interconsulaires.
Aujourd'hui, 8 % à 10 % des entreprises seulement sollicitent le réseau, un taux nettement insuffisant au regard de notre offre de services. Auparavant, la loi imposait un stage préalable à l'installation, qui faisait office de « passage obligé » par la chambre consulaire. Aujourd'hui, cette obligation a disparu et les entreprises n'ont pas forcément le réflexe de s'adresser à nous. Il est donc de notre devoir d'aller à leur rencontre et de leur proposer des offres adaptées à leurs besoins. L'idée de proposer, dans certains cas, des services marchands à forte plus-value ne nous pose pas de problème de principe.
La situation budgétaire du réseau est assez délicate. Le reversement de la taxe pour frais de CMA, payée par chaque entreprise artisanale, qui s'élevait à 203 millions d'euros en 2020, connaît depuis une baisse constante. Les difficultés budgétaires du pays depuis 2024 n'ont évidemment rien arrangé.
Il était donc de ma responsabilité de réfléchir à la manière dont le réseau des CMA pouvait se réorganiser et se repositionner en termes de services dans un contexte de diminution des moyens. En d'autres termes, comment faire mieux avec moins...
L'assemblée générale du réseau a approuvé, en mai 2024, un plan stratégique de transformation à l'horizon de 2027. Bien entendu, il ne sera réalisable que si nous obtenons la confirmation du maintien des engagements financiers pour les trois années à venir, à savoir une limitation de la baisse des crédits à 60 millions d'euros jusqu'en 2027, puis une stabilisation en 2028 afin que nous disposions des ressources nécessaires au maintien de notre réseau. Je remercie à cet égard les sénateurs ayant déposé des amendements allant dans ce sens lors de la dernière discussion budgétaire.
S'agissant du financement de la formation en alternance, nous nous questionnons en effet sur la redéfinition des coûts-contrats. Si rien n'est fait dans les mois qui viennent, nous ne sommes pas sûrs de pouvoir maintenir notre offre actuelle de formations à la rentrée de septembre 2025. Nous perdons environ 30 millions d'euros chaque année sur l'ensemble des contrats d'apprentissage signés, et une vingtaine des certificats d'aptitude professionnelle (CAP) que nous proposons sont aujourd'hui en grave déséquilibre budgétaire.
Nous avons le souci de délivrer des formations de proximité - des centres de formation des apprentis existent dans chaque département -, qualifiantes et à haute valeur ajoutée en matière de savoir-faire et d'employabilité de nos apprentis. Bien évidemment, il est nécessaire de contrôler ces formations, et nous nous tenons à l'entière disposition de France compétences pour opérer à tout moment une vérification de nos dispositifs.
Je demande que les coûts-contrats soient revus. On ne peut pas comparer une formation digitale et une formation en présentiel. Les futurs boulangers ou bouchers doivent pouvoir s'exercer sur des plateaux techniques répondant aux nouvelles exigences de leurs métiers. L'amortissement des lourds investissements que nous réalisons doit être mieux pris en compte dans la définition des coûts-contrats, au-delà de la durée actuelle de trois ans, si nous voulons pouvoir assurer le maintien de notre offre de formations. En contrepartie, comme je l'ai dit aux derniers ministres qui se sont succédé, je m'engage à être totalement transparent et à reverser d'éventuels excédents dans le pot commun de la formation.
Plus généralement, le secteur de l'artisanat traverse une période délicate en raison d'un manque de confiance et de sérénité. La situation politique actuelle n'offre pas une visibilité suffisante pour permettre aux entreprises d'engager des investissements.
Lors d'un colloque organisé hier à la Banque de France avec la société de caution mutuelle Siagi, les résultats d'une enquête ont été dévoilés : ils montrent que beaucoup de petites entreprises ont l'habitude de financer leurs investissements sur leur trésorerie avant de se tourner vers l'emprunt. Je rappelle aussi que, lors de la pandémie de Covid, 19,6 % seulement des entreprises artisanales avaient sollicité un prêt garanti par l'État (PGE).
Aujourd'hui, la consommation des ménages est en baisse, le chiffre d'affaires des entreprises artisanales également. Certaines entreprises du secteur du bâtiment sont aussi confrontées à des projets qui restent dans les tiroirs, car les dispositifs d'aide et d'accompagnement n'ont pu être confirmés.
Je reste toutefois confiant. Les artisans ont toujours su faire preuve de résilience et de capacités d'adaptation, et ils savent prendre les bonnes décisions. Il n'en demeure pas moins que des réponses doivent être apportées rapidement. Si le budget est confirmé aujourd'hui, le Gouvernement doit très vite mettre en place des dispositifs permettant de rassurer l'ensemble du secteur artisanal.
Les entreprises artisanales ne manquent ni de projets ni d'ambitions. Elles sont également déterminées à poursuivre leur engagement en matière de formation, même si l'aide à l'apprentissage reste bien entendu un sujet : une perte de 1 000 euros à la signature d'un contrat d'apprentissage, cela peut paraître peu, mais c'est beaucoup pour une entreprise artisanale. Pour ma part, j'ai toujours défendu l'idée de traiter différemment les entreprises de moins de 250 salariés, mais également celles de moins de 50 salariés en matière d'aides à l'apprentissage.
Autre élément, dont on ne parle pas suffisamment : jusqu'à présent, si un apprenti faisait le choix de rester dans la même entreprise pour une formation complémentaire, le maintien des aides à l'apprentissage était possible pour l'entreprise. Or, désormais, il semblerait qu'une seule période soit prise en compte, la deuxième n'étant plus éligible. Une telle évolution place les jeunes et les entreprises dans une situation délicate.
Nous sommes très attachés au maintien de dispositifs comme le label RGE, mais le sujet relève plutôt de la compétence des organisations professionnelles, notamment de la Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment (Capeb) et de la Fédération française du bâtiment (FFB).
Pour conclure, nous avons donc l'ambition de transformer en profondeur le réseau des CMA pour mieux servir la filière artisanale et répondre aux besoins des territoires et des entreprises, dans l'intérêt économique du pays.
M. Jean-Claude Tissot. - Cette semaine, en séance publique, nous abordons le sujet de la transmission des exploitations et de l'installation de nouveaux agriculteurs. Je voudrais vous interroger sur la question de la transmission et de la reprise des entreprises artisanales. On parle de relancer l'économie, mais ne faudrait-il pas déjà réussir à conserver notre tissu artisanal ? Vous estimez à 300 000 le nombre d'entreprises qui seront à reprendre dans les dix ans qui viennent, et vous dites que plus de la moitié des entreprises concernées par une transmission finissent par fermer faute de repreneur.
Ma question est simple : comment relancer la dynamique de transmission ? On parle souvent des repreneurs, mais identifiez-vous des leviers pour mieux accompagner les cédants ? Outre la transmission familiale ou la formation d'apprentis, vers quelles solutions un artisan peut-il se tourner ?
Mme Sylviane Noël. - En ma qualité de rapporteure pour avis de la mission « Économie », j'ai défendu un amendement tendant à porter les crédits alloués au label « Entreprise du patrimoine vivant » (EPV) à 1,5 million d'euros. Pouvez-vous nous dire ce qu'il en est de ce dispositif ?
Qu'en est-il, par ailleurs, de la stratégie nationale en faveur des métiers d'art, adoptée en mai 2023 ?
Quelle serait, enfin, selon vous, la bonne trajectoire de la taxe pour frais de chambre de métiers et de l'artisanat, dont le produit vous est affecté ?
M. Philippe Grosvalet. - Les collectivités locales et les chambres de métiers collaborent utilement en faveur de l'emploi. Le réseau et les artisans contribuent notamment à la réinsertion et à l'accompagnement des personnes les plus éloignées de l'emploi. Pourriez-vous développer ce point ?
M. Joël Fourny. - Une entreprise artisanale ne se cède pas en quelques mois. Cela suppose en général cinq à six ans de préparation. Nous effectuons donc un travail de fond avec les entreprises, d'information, de sensibilisation et de repérage d'éventuels repreneurs - au sein du cercle familial ou des salariés, mais aussi à l'extérieur, des personnes en reconversion pouvant présenter des profils très intéressants.
Nous constatons que le manque d'investissements, dû à la projection du cédant dans une cessation d'activité, est souvent pénalisant. Nous accompagnons donc les artisans dans le maintien d'outils présentant un véritable potentiel de reprise. La pression immobilière constitue un autre obstacle à la reprise, les artisans pouvant être incités à effectuer une opération immobilière plutôt que de céder leur entreprise, ce qui entraîne une perte de savoir-faire et de services de proximité. Cela appelle une évolution des politiques publiques, notamment des communes, qui doivent encadrer ces cessions afin nous préserver d'un tel écueil.
Les chefs d'entreprise artisans ayant plusieurs casquettes, ils manquent souvent de temps pour s'investir dans une démarche de labellisation EPV. J'estime qu'avec l'Institut supérieur pour les savoir-faire français, nous sommes les mieux placés pour accompagner les entreprises vers cette labellisation.
Des crédits ont effectivement été alloués au développement de ce label, mais j'attends pour ma part les orientations et les objectifs du Gouvernement quant à leur utilisation. En dehors des moyens financiers, quels outils et quels éléments opérationnels pouvons-nous apporter aux artisans en vue de l'obtention de ce label ?
La filière des métiers d'art est par ailleurs tout à fait précieuse. Si la rénovation de la Cathédrale Notre-Dame par des entreprises artisanales françaises représente pour nous une grande fierté, il nous faut préserver ces savoir-faire, car l'activité de ces entreprises n'étant pas forcément rentable, celles-ci se trouvent souvent dans une situation économique délicate. Les conseils régionaux ont mis en place un certain nombre de dispositifs visant à soutenir la filière des métiers d'art et à aider les entreprises à définir leur rentabilité et à se développer. En tout état de cause, l'accompagnement de cette filière est à mes yeux primordial.
Le réseau contribue effectivement à la réinsertion des publics les plus éloignés de l'emploi. En Loire-Atlantique, la chambre de métiers constatant qu'il y avait de forts besoins de main d'oeuvre dans le secteur de la boucherie, nous nous sommes rapprochés du conseil départemental pour proposer à des bénéficiaires du revenu de solidarité active (RSA) de suivre une formation dans ce secteur. Un grand nombre d'entre eux ont trouvé un emploi pérenne à l'issue de cette formation. J'invite donc régulièrement les chambres de métiers départementales à se rapprocher des collectivités territoriales et des missions locales.
De même, la prépa-apprentissage a permis d'accueillir des publics de moins de 30 ans, parfois très éloignés de l'emploi, et de leur permettre de tester, durant six mois, l'exercice d'un métier dans le cadre d'un contrat de formation d'apprentis (CFA). Ce dispositif n'a - hélas ! - pas été renouvelé pour des raisons budgétaires, mais il a permis de réinsérer entre 65 % et 70 % des personnes qui en ont bénéficié.
Mme Amel Gacquerre. - Quelque 95 % de nos bâtiments doivent faire l'objet d'une rénovation globale d'ici à 2050, et la loi prévoit 500 000 rénovations par an depuis 2017 et 900 000 rénovations par an à compter de 2030. En 2023, France Stratégie évoquait la nécessité de créer entre 170 000 et 250 000 nouveaux emplois pour mettre l'ensemble du parc immobilier aux normes bâtiments basse consommation énergétique (BBC) et rénover près de 740 000 immeubles collectifs d'ici à 2030. Parallèlement à cela, le nombre d'entreprises artisanales labellisées RGE recule.
Pensez-vous que nous serons en mesure de tenir les objectifs ? Quelles sont vos actions en faveur des entreprises du bâtiment ?
M. Serge Mérillou. - Le stage de préparation à l'installation (SPI), qui était obligatoire, a été rendu facultatif par la loi Pacte en 2019. Quel regard portez-vous sur cette évolution ?
Par ailleurs, le statut d'auto-entrepreneur pour lequel optent un certain nombre d'artisans est-il selon vous un statut au rabais ?
Mme Marie-Lise Housseau. - Le projet de loi de finances prévoit l'abaissement à 25 000 euros du seuil de franchise en base de TVA pour les auto-entrepreneurs, contre 37 500 euros pour les prestations de services et 85 000 euros pour les activités commerciales actuellement.
Dans le Tarn, département dont je suis élue, la moitié des entreprises créées sont des auto-entreprises. Alors que les faillites s'accumulent et que le contexte économique tient du marasme, quelles seront selon vous les répercussions d'une telle disposition sur les installations d'artisans ?
M. Joël Fourny. - La rénovation des bâtiments et la réduction de leur consommation énergétique exigent une transformation importante du secteur de l'artisanat. L'obtention des qualifications nécessaires et le manque de main d'oeuvre sont deux sujets d'inquiétude pour les entreprises. Je salue à ce titre le travail des organisations professionnelles, la Capeb et la FFB, qui oeuvrent en première ligne auprès des entreprises du secteur. Ces organisations ont mis en place un certain nombre de dispositifs d'accompagnement et en appellent à des simplifications, notamment administratives. Je pourrai du reste vous transmettre leurs propositions.
En tout état de cause, il faut non seulement s'assurer que les entreprises du secteur du bâtiment ne ferment pas, mais aussi encourager des créations, car il est clair que nous manquons de professionnels qualifiés. Il faut également renforcer le nombre de places en formation initiale et continue.
Disposant désormais de plusieurs années de recul, je puis affirmer qu'il est bien regrettable d'avoir rendu le SPI facultatif. Ce stage est en effet un excellent outil d'accompagnement des porteurs et des repreneurs de projet, auxquels il permet d'acquérir des connaissances en matière de gestion, d'analyse financière, de fiscalité et de gestion des ressources humaines.
Les artisans étant spontanément davantage portés sur l'aspect technique de leur métier que sur les fonctions support, ils ont tendance à penser qu'ils peuvent se passer de ce stage. Or trois ou quatre ans après la création d'une entreprise, quand les connaissances qu'ils auraient pu acquérir grâce à ce stage viennent à manquer de manière critique, il est parfois trop tard.
Je ne suis pas, pour ma part, défavorable à la micro-entreprise, dans la mesure où dans un certain nombre de cas, ce régime - car il ne s'agit pas d'un statut - peut favoriser l'entrepreneuriat. J'estime toutefois qu'il faut l'encadrer et le limiter dans le temps. Aujourd'hui, 65 % des inscriptions au répertoire des métiers sont des micro-entreprises. Cela réduit d'autant la capacité de formation de la filière artisanale et fait peser une menace, à terme, sur le maintien d'entreprises à haute valeur ajoutée.
La modification des seuils de franchise de TVA entrave certes le développement d'auto-entreprises, mais elle permet aussi d'engranger des cotisations et d'une certaine manière, de contribuer au bien commun en contrepartie du chiffre d'affaires produit. De plus, après des années de micro-entreprise, certains se rendent compte que leurs droits à la retraite sont dérisoires, ce qui emporte un coût faramineux pour la société.
Mme Viviane Artigalas. - La diminution des crédits alloués à MaPrimeRénov' induira le report, voire l'annulation de nombreux lancements de chantier. Comment les artisans anticipent-ils ce problème ? Faut-il selon vous repenser le système d'aides à la rénovation ?
M. Daniel Fargeot. - Si l'artisanat est la première entreprise de France, le nombre de défaillances d'entreprise a considérablement augmenté depuis 2024. La semaine dernière, Bernard Arnault a déploré une énième augmentation des impôts pesant sur les grandes entreprises, laissant planer des doutes sur la perspective de possibles délocalisations. Que pensez-vous de ces déclarations ?
Nous formons chaque année 200 000 apprentis, quand le nombre de cédants s'établit à 300 000. Comment accompagner la transmission des entreprises à nos jeunes diplômés ?
Mme Évelyne Renaud-Garabedian. - En ma qualité de sénateur des Français de l'étranger, je suis particulièrement attentive à la situation des entrepreneurs français installés à l'étranger. Les entrepreneurs français sont adhérents aux chambres de commerce internationales. Envisagez-vous la création d'une CMA internationale ? Il importe en effet de promouvoir nos artisans, qui sont les ambassadeurs du savoir-frais français.
M. Julien Gondard, directeur général de CMA France. - L'atteinte des objectifs de transformation de notre parc immobilier suppose en effet des aides et des formations. Il est contradictoire de se fixer des objectifs sans se donner les moyens de les tenir.
En ce qui concerne la trajectoire de la taxe pour frais de chambre de métiers et de l'artisanat, nous nous sommes engagés à baisser annuellement les recettes de 13,25 millions d'euros jusqu'en 2027, de manière à atterrir sur un montant de 140 millions d'euros. Le respect de cette trajectoire emporte de grands efforts et des transformations nombreuses du réseau. Nous ne pourrons donc pas aller au-delà et faire de nouvelles économies.
M. Joël Fourny. - Je ne commenterai pas les propos de Bernard Arnault, mais les choix qui seront effectués pourront en effet fragiliser la filière. Un certain nombre de métiers d'art et de savoir-faire pourraient disparaître. Au-delà des questions de fiscalité et de rentabilité, il faut que les dirigeants soient conscients des conséquences de leurs choix.
Grâce au dispositif CMA international, nous proposons une offre de services, notamment en matière d'export et de faire valoir, dans les territoires étrangers comme sur le territoire national, des activités des artisans français installés à l'étranger. Nous travaillons en étroite collaboration avec les services du réseau des chambres de commerce et d'industrie (CCI France), dont les dispositifs d'accompagnement à l'export sont bien plus performants que ce que nous pouvons proposer.
La CMA régionale des Pays de la Loire, dont je suis président, a d'ailleurs passé un contrat avec la CCI des Pays de la Loire qui nous permet d'orienter directement les entreprises concernées vers la CCI. Dans le cadre des mobilités d'apprentis, un certain nombre de jeunes souhaitent travailler dans ces entreprises installées à l'étranger. Notre accompagnement consiste donc aussi à mettre ces entreprises en relation avec les professionnels formés sur le territoire national.
M. Daniel Gremillet. - Ne faudrait-il pas imaginer une période bien plus longue de « tuilage » entre un artisan qui envisage de cesser son activité et le salarié qui souhaite la reprendre, et partant, des dispositifs permettant qu'une telle embauche se fasse dans des conditions soutenables pour l'artisan ? Cela me paraîtrait de nature à rendre les reprises plus accessibles.
Par ailleurs, vous satisfaites-vous de la trajectoire post-accès régulé à l'électricité nucléaire historique (Arenh) prévue dans le projet de loi de finances pour 2025 ?
Mme Annick Jacquemet. - Quelle perception les artisans ont-ils du développement de l'intelligence artificielle (IA) ? Leur paraît-il possible de s'adapter à ces changements technologiques tout en préservant leurs savoir-faire traditionnels ? Le réseau joue-t-il en la matière un rôle d'accompagnement ?
M. Bernard Buis. - La réforme de la formation professionnelle a-t-elle eu un impact sur les CFA gérés par les CMA ? Comment améliorer l'accès aux aides publiques pour les artisans ? Les chambres de métiers et d'artisanat et les chambres de commerce et d'industrie sont-elles réellement complémentaires ? Ne sont-elles pas plutôt concurrentes ?
M. Joël Fourny. - Il pourrait en effet être intéressant de permettre aux chefs d'entreprise de proposer à un futur repreneur qu'ils auraient repéré de l'accompagner durant une période suffisamment longue - que j'estime entre cinq et six ans - pour préparer la reprise. Cela pourrait passer par des dispositifs fiscaux et sociaux avantageux. En tout état de cause, le réseau réfléchit à des dispositifs très concrets visant à accompagner ces processus de transmission.
La constitution d'une société coopérative de production (Scop) est une autre solution pour assurer la reprise d'une entreprise, mais il faudrait sans doute ouvrir davantage ce dispositif.
Les artisans ne doivent pas avoir peur de l'IA. Ils doivent au contraire s'approprier cette technologie qui, dans certains métiers et pour la formation, peut constituer une réelle opportunité. Nous avons donc un travail de sensibilisation à mener pour convaincre les artisans qui, dès lors qu'ils n'ont pas de formalités à remplir - ils attendent, à ce titre, beaucoup du projet de loi de simplification de la vie économique qui nous est annoncé -, sont par nature focalisés sur la production.
J'estime que la réforme de la formation professionnelle introduite par la loi du 5 septembre 2018 pour la liberté de choisir son avenir professionnel est une bonne réforme, qui a notamment permis de revaloriser l'apprentissage. Alors que celui-ci était perçu comme un dernier recours, il est aujourd'hui apprécié par les jeunes comme par les professionnels. La relation avec nos voisins allemands, dont nous jalousions les dispositifs de formation en alternance, s'est à ce titre totalement inversée, ces derniers nous enviant désormais l'augmentation très rapide de notre nombre d'apprentis.
Je défends donc fermement le maintien des crédits alloués à ces dispositifs, qui doivent être vus non pas comme un coût pour la société, mais comme un investissement pour l'avenir.
M. Julien Gondard. - Sur le site aide-entreprises.fr, que nous nous efforçons de porter à la connaissance de l'ensemble des acteurs économiques, le réseau des CMA référence l'ensemble des aides publiques aux entreprises.
M. Joël Fourny. - Il existe trois réseaux consulaires. Chacun a ses spécificités, et si nous sommes parfois concurrents, nous n'en sommes pas moins complémentaires. En tout état de cause, lorsque des mutualisations sont possibles, elles sont non seulement bienvenues, mais aussi obligatoires depuis la loi Pacte. Pour ma part, j'incite les présidents régionaux à effectuer de tels rapprochements.
Il reste que depuis cent ans cette année, le réseau des chambres de métiers et d'artisanat promeut la filière artisanale et défend ses intérêts. J'estime que son existence est pleinement justifiée.
M. Rémi Cardon. - En quoi les changements de seuils de franchise de TVA pour les auto-entrepreneurs contribueront-ils à simplifier quoi que ce soit ? En réalité, le Gouvernement choisit de frapper les plus fragiles, une fois de plus. Ne pensez-vous pas qu'il est temps de taxer le capital plutôt que le travail ?
M. Christian Redon-Sarrazy. - En ce qui concerne les reprises, des échanges ont été menés avec l'enseignement supérieur dans le secteur des services, de la gestion et du commerce, dont les étudiants sont autant de possibles repreneurs. Où en sont ces discussions ?
Par ailleurs, les chefs d'entreprises sont-ils suffisamment accompagnés par les banques dans la conduite de ces reprises qui, comme vous l'indiquiez, emportent des coûts qui peuvent être autant de freins ?
Mme Micheline Jacques. - Les artisans mahorais sont confrontés au défi de la formation, car, à défaut, il ne sera pas possible de reconstruire Mayotte dans un temps raisonnable. Ils sont par ailleurs peu nombreux à avoir accès à l'assurance décennale. CMA France a-t-elle identifié ces difficultés ? Si oui, quelles actions compte-t-elle mettre en oeuvre ?
Mme Marianne Margaté. - Les organisations professionnelles du bâtiment nous saisissent de la question de la sous-traitance en cascade dans le bâtiment, certaines demandant que celle-ci soit limitée à deux rangs. Dans un contexte de grande fragilité de ce secteur, quel regard portez-vous sur cette question ?
M. Pierre Cuypers. - Quelle différence faites-vous entre la micro-entreprise et l'auto-entreprise ?
M. Joël Fourny. - Le réseau n'est pas du tout favorable aux changements constants d'appréciation des seuils de franchise de TVA pour les auto-entrepreneurs, mais je laisse Julien Gondard répondre à cette question.
M. Julien Gondard. - Sur le terrain, toute variation des seuils de franchise de TVA pour les auto-entrepreneurs entraîne une précarisation de l'économie. Si le régime de la micro-entreprise permet de développer une activité complémentaire, l'économie ne se développera toutefois qu'avec des entreprises qui recrutent, forment leurs salariés et payent des taxes. L'artisanat n'échappant pas à la règle, nous estimons que pour développer la production, il faut limiter ce dispositif dans le temps. Il est tout de même regrettable que de nombreux artisans s'efforcent de ne pas dépasser les seuils de franchise de TVA pour ne pas être taxés davantage, au détriment de la production.
M. Joël Fourny. - Nous faisons en sorte de permettre aux étudiants issus de l'enseignement supérieur qui sont intéressés par la reprise d'une activité artisanale d'acquérir les connaissances supplémentaires dont ils ont besoin pour concrétiser leur projet. Ils constituent en effet un vivier de repreneurs intéressant.
En ce qui concerne le financement des reprises, j'encourage toujours l'orientation des repreneurs vers les plateformes d'initiatives locales. Les repreneurs peuvent ainsi y solliciter un soutien au travers d'un prêt d'honneur et d'un parrainage, ce qui leur permettra ensuite d'obtenir plus facilement un prêt auprès d'un organisme financier.
Le recours à l'emprunt est souvent perçu, à tort, comme un élément négatif dans le cadre d'une reprise ou d'une création d'entreprise. Si un apport personnel est dans tous les cas indispensable, les centres interdépartementaux de gestion (CIG) proposent des dispositifs de cautionnement mutuel pouvant faciliter l'octroi d'un emprunt.
Ces dispositifs d'aide au financement existent bien, mais ils sont trop souvent méconnus des personnes concernées.
Nous allons renforcer les dispositifs en faveur de la formation à Mayotte. Notre chambre consulaire sur place en propose déjà, même si elle a rencontré des difficultés particulières du fait de la situation politique.
C'est à juste titre que l'absence d'assurance décennale est mise en avant. Mais, en réalité, de nombreuses entreprises ne sont pas assurées du tout et ne sont, de ce fait, pas éligibles aux aides du Fonds de calamités et de catastrophes naturelles (FCCN) qui peuvent être mises à disposition des entreprises artisanales en difficulté.
M. Julien Gondard. - L'accès à l'assurance est aujourd'hui la principale difficulté, car compte tenu du contexte d'aléas climatiques forts sur le territoire de Mayotte, les compagnies d'assurance ont fixé des barèmes qui peuvent être prohibitifs.
De nos échanges avec nos collègues de la chambre de métiers de Mayotte, il ressort - sans préjudice des dispositifs d'aide à la reconstruction et de la mise à disposition de moyens d'urgence, qui sont naturellement nécessaires - qu'il faut impérativement que la reconstruction de l'archipel soit prise en charge par les Mahorais et les entreprises mahoraises. À défaut, ce serait la double peine, car les ravages subis par l'île emporteraient l'arrêt de l'activité économique et de la formation.
M. Joël Fourny. - Les entreprises du bâtiment s'inquiètent en effet du report d'un certain nombre de programmes d'investissement et de l'arrêt de certains dispositifs fiscaux, sans compter les incidences à venir des baisses de ressources que subissent les collectivités territoriales.
Les sous-traitants de dernier rang sont en général les premiers à pâtir d'un ralentissement de l'activité. Or ce sont souvent des micro-entreprises dont le savoir-faire spécifique est menacé de disparition. Ces sous-traitants sont au fond des salariés déportés des plus grandes entreprises dont ils sont les clients.
Il y a quelques années, le secteur de la métallurgie a rencontré des difficultés similaires, et le secteur de l'aéronautique pourrait être concerné en cas de ralentissement, car il repose sur le même système de sous-traitance en cascade.
Si le réseau ne porte pas de revendication particulière en la matière, les organisations professionnelles se sont quant à elles emparées du sujet et recherchent des solutions permettant de garantir l'avenir de ces entreprises.
Je ne fais pas de différence entre une micro-entreprise et une auto-entreprise, même si le terme micro-entreprise me paraît plus commode, parce qu'il permet de désigner l'ensemble des activités que ce régime recouvre.
Nous veillons, en outre, de près sur les qualifications des auto-entrepreneurs lors de leur inscription au répertoire des métiers, conformément aux exigences du code de l'artisanat. Depuis la mise en place du guichet unique, si nous avons toujours l'obligation de vérifier les qualifications professionnelles, il nous est plus difficile, compte tenu de la complexité de ce dispositif, de nous assurer que toutes les entreprises font bien l'objet d'une vérification. En tout état de cause, nous faisons tout notre possible pour accompagner l'Institut national de la propriété industrielle (Inpi) dans la conduite de ces vérifications.
Ce point de l'ordre du jour a fait l'objet d'une captation vidéo qui est disponible en ligne sur le site du Sénat.
La réunion est close à 11 heures 55.
Jeudi 6 février 2025
- Présidence de Mme Dominique Estrosi Sassone, présidente -
La réunion est ouverte à 10 h 00.
Projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale, d'orientation pour la souveraineté alimentaire et agricole et le renouvellement des générations en agriculture - Suite de l'examen des amendements au texte de la commission
Mme Dominique Estrosi Sassone, présidente. - Nous reprenons l'examen des amendements au texte de la commission sur le projet de loi d'orientation pour la souveraineté alimentaire et agricole et le renouvellement des générations en agriculture (PLOA). Nous examinons ce matin les amendements déposés sur le titre IV. J'indique que le Gouvernement devrait déposer des amendements en fin de matinée. Nous nous réunirons donc ultérieurement pour les examiner.
Je vous propose de voter sur l'ensemble des avis que nos rapporteurs vous proposent de donner aux amendements, tels qu'ils vous sont présentés dans le tableau qui vous est distribué.
M. Laurent Duplomb, rapporteur. - Nous examinons aujourd'hui les amendements du titre IV jusqu'à l'article 17 bis. Ce titre vise à « sécuriser, simplifier et faciliter l'exercice des activités agricoles », un titre qui porte surtout sur des allégements normatifs en matière environnementale.
Ces amendements sont au nombre de 185, auxquels s'ajoutent 20 amendements des rapporteurs. Je propose 16 avis favorables, 8 avis de sagesse et 121 demandes de retrait ou avis défavorables sur ce titre qui n'a rien de programmatique. Les autres amendements ont été retirés par leurs auteurs ou déclarés irrecevables.
Sur ce volet que la ministre partage avec le ministère de la transition énergétique (MTE), le Gouvernement a déposé quelque vingt-huit amendements, notamment à cause de logiques interministérielles. Il y a lieu de distinguer deux séries d'amendements.
Certains amendements sont des ajustements rédactionnels, compte tenu notamment de textes réglementaires qui ont été pris entretemps ou pour corriger des effets de bord : sur les recours, à l'article 15, sur la non-protégeabilité face au loup, à l'article 16, ce qui ne semble pas poser de problème. En revanche, d'autres visent à revenir sur des avancées fortes actées en commission - je pense en particulier aux exceptions au zéro artificialisation nette (ZAN), à l'article 14 quater, à la dépénalisation de certaines atteintes non intentionnelles à l'environnement, à l'article 13, à la levée de verrous au développement de l'aquaculture et à la valorisation de la laine à l'article 17 ou à l'article 17 bis à la reconnaissance du rôle des étangs piscicoles. Nous y serons défavorables, car ils vont à l'encontre des logiques que nous avons défendues.
Douze des vingt-huit amendements déposés portent sur le seul article 14. Je vous ai déjà dit à quel point cet article sur la haie était pétri de paradoxes. D'un côté, on cherche à simplifier et, de l'autre, on se retrouve avec un bijou de technocratie : 62 alinéas supplémentaires - excusez du peu ! - dans le code de l'environnement sont censés faciliter l'arrachage des haies dans le cadre d'une gestion dynamique. C'est à n'y plus rien comprendre. Mais j'ai donné quitus au Gouvernement et nous avons travaillé en bonne intelligence sur leur proposition initiale. Aussi, il ne faut pas se fier au nombre d'amendements déposés par le Gouvernement - douze au total -, car il s'agit au final d'ajustements assez marginaux.
Toutefois, un désaccord de principe demeure sur la cartographie des réglementations applicables aux haies, qui me paraît être une démarche de transparence essentielle dans la mesure où le Gouvernement demande aux agriculteurs de connaître ces réglementations sur le bout des doigts. Le Gouvernement nous dit qu'il n'est pas possible de mettre en place cette cartographie alors qu'il est en train de la développer, au moyen d'un outil appelé Envergo. Voilà qui est paradoxal !
Bien que nous ayons voté il y a exactement une semaine la proposition de loi (PPL) de Daniel Salmon, je m'interroge sur l'opportunité de l'injecter dans le PLOA, car la certification de gestion durable perd de son sens dans la mesure où le crédit d'impôt incitatif n'a malheureusement pas été retenu dans le projet de loi de finances (PLF). Ne va-t-on pas se retrouver avec une certification de la gestion durable qui s'apparenterait à une obligation, alors que nous avons voté une incitation par le biais d'un crédit d'impôt ?
M. Lucien Stanzione. - Ne peut-on pas combiner les deux rédactions ?
M. Laurent Duplomb, rapporteur. - Nous ne pouvons pas proposer un amendement prévoyant un crédit d'impôt, car il sera déclaré irrecevable en application de l'article 40 de la Constitution. J'ai pensé créer un article additionnel programmatique, évoquant la possibilité de créer un crédit d'impôt. Mais le Conseil constitutionnel censure toutes les dispositions normatives introduites dans un article programmatique au motif de l'intelligibilité de la loi. Qui plus est, une partie importante des articles de la proposition de loi est déjà programmatique ; on ne peut donc pas ajouter un article programmatique à une proposition de loi qui l'est déjà ! Cela n'aurait plus de sens.
Mme Dominique Estrosi Sassone, présidente. - Daniel Salmon m'a confié la semaine dernière qu'il redoutait que sa proposition de loi ne devienne une coquille vide si le PLF ne retenait pas le crédit d'impôt.
M. Bernard Buis. - Injecter cette proposition de loi dans le projet de loi permettrait de faire avancer les choses. Nous pourrons toujours prévoir un crédit d'impôt lors du prochain PLF.
M. Alain Cadec. - Il faut en effet l'injecter, car elle a été votée à l'unanimité.
M. Lucien Stanzione. - Respectons ce que nous avions décidé la semaine dernière.
Mme Dominique Estrosi Sassone, présidente. - C'était en effet notre perspective pour accélérer son aboutissement.
M. Laurent Duplomb, rapporteur. - Je vous propose une voie médiane. Remettons-nous-en à la sagesse du Sénat et demandons à la ministre ses intentions quant à l'issue de cette proposition de loi.
S'agissant encore de l'articulation avec d'autres textes, je veux vous rendre attentifs aux nombreux amendements qui ont été déposés pour introduire des articles additionnels après l'article 15 sur les installations classées pour la protection de l'environnement (ICPE). Ces amendements ne doivent pas être adoptés, car ils risquent de faire vaciller les compromis que nous avons trouvés dans le cadre de la proposition de loi visant à lever les contraintes à l'exercice du métier d'agriculteur pour ce qui concerne les seuils.
Je vous propose un avis défavorable sur les amendements tendant à adopter des dispositions qui sont contraires à celles que nous avons adoptées. Concernant l'amendement qui reprend les dispositions que nous avons adoptées la semaine dernière, je propose de demander l'avis du Gouvernement. Toutefois, si la ministre y est favorable, cette nouvelle disposition viderait en quelque sorte une partie de la PPL Contraintes. Ne vaudrait-il pas mieux nous en tenir à l'article 15 relatif aux contentieux pour ne pas la dénaturer ?
Mme Anne-Catherine Loisier. - Vise-t-on aussi l'assouplissement des règles pour les petites unités ?
M. Laurent Duplomb, rapporteur. - L'article ne traite que des recours. Certains amendements portant article additionnel créent un régime spécifique pour les entreprises de moins de dix salariés, ce qui est contradictoire avec le vote intervenu la semaine dernière et les dispositions auxquelles le Gouvernement était favorable.
Je serai donc défavorable aux amendements déposés après l'article 15 lorsqu'ils n'ont pas trait aux recours.
M. Lucien Stanzione. - J'en reviens à notre discussion précédente. Sans préjuger de ce que pense l'auteur de la PPL sur les haies, si la commission émet un avis de sagesse, le Gouvernement peut émettre un avis défavorable, et donc faire basculer le vote.
M. Laurent Duplomb, rapporteur. - Un avis de sagesse signifie plutôt un avis favorable pour les sénateurs. Sachant que nous avons voté la PPL à l'unanimité, il n'y a pas de raison que les sénateurs se déjugent.
M. Lucien Stanzione. - Dans ce cas, pourquoi ne pas émettre d'emblée un avis favorable ?
M. Laurent Duplomb, rapporteur. - Tout simplement parce que cela ne correspond pas au texte que nous avons voté : le crédit d'impôt a disparu.
M. Henri Cabanel. - N'est-on pas en train de faire un amalgame entre la question financière et le fond du problème ?
M. Laurent Duplomb, rapporteur. - C'est pour cette raison que nous sommes un peu piégés.
L'avis de sagesse permet de faire valoir auprès de la ministre que nous attendons ce crédit d'impôt. Et les sénateurs ne se déjugeront pas.
Enfin, sur le loup, nous examinerons un amendement important sur le principe de l'indemnisation des pertes indirectes, puisque la ministre a annoncé son intention en ce sens lors de la discussion générale.
Par ailleurs, nous plaidons en faveur d'une indemnisation des bovins et des équins, considérant qu'ils ne sont pas protégeables. La ministre propose une indemnisation des bovins et des équins à condition que l'agriculteur prouve qu'il n'a pas pu les protéger ou qu'il a mis en place les mesures de réduction de la vulnérabilité nécessaires. Or les troupeaux de bovins sont toujours répartis par lots en divers endroits !
Soit on ouvre l'indemnisation pour les bovins et les équins, soit on ne le fait pas, mais on le dit honnêtement. Mais que l'on ne se cache pas derrière ce principe de réduction de la vulnérabilité. Ce serait encore là une source de contentieux.
M. Franck Montaugé. - Concrètement, quelles sont ces mesures de protection envisagées ?
M. Laurent Duplomb, rapporteur. - Je ne sais pas. Vous interrogerez la ministre à ce sujet.
Mme Anne-Catherine Loisier. - Et quid des dégâts indirects ? Le stress, les avortements, etc. ?
M. Laurent Duplomb, rapporteur. - La commission propose un amendement qui les prend en considération. Cela concerne aussi bien les bovins et les équins que les ovins.
Pour en revenir à l'amendement du Gouvernement qui aménage la « non-protégeabilité », notez que cela a aussi des conséquences pour l'autorisation des tirs : c'est possible à condition que toutes les mesures de réduction de la vulnérabilité aient été mises en place. Or il est impossible de prévoir des mesures de protection particulières pour les bovins et les équins au regard de la nature même des conditions d'élevage.
Mme Martine Berthet. - Vous dites que le tir de défense simple sera possible à condition de démontrer que toutes les mesures de protection ont été prises en amont. Mais une expérimentation de tir de défense simple sans condition a été menée dans le massif des Bauges pour les troupeaux de bovins.
M. Laurent Duplomb, rapporteur. - C'est exactement ce que nous avons voté, mais la ministre a déposé un amendement dont la portée est plus restrictive. Compte tenu de nos échanges, je vous propose d'émettre un avis défavorable.
EXAMEN DES AMENDEMENTS DES RAPPORTEURS (SUITE)
Article 13
Les amendements n° 958 et n° 959 sont adoptés.
Article 14
Les amendements n° 940, n° 948, n° 941, n° 942, n° 943, n° 944, n° 945, n° 946, n° 947, n° 949, n° 950 et n° 951 sont adoptés.
Article 14 quinquies
Les amendements n° 952, n° 953 et n° 954 sont adoptés.
Article 15
L'amendement n° 955 est adopté.
Article 16
L'amendement n° 956 est adopté.
EXAMEN DES AMENDEMENTS AU TEXTE DE LA COMMISSION (SUITE)
La commission a donné les avis suivants sur les amendements dont elle est saisie, qui sont retracés dans le tableau ci-après :
La réunion est close à 11 h 00.