Démission d'une sénatrice
M. le président. - Par courrier en date du 14 septembre, notre collègue Mme Hélène Luc m'a fait part de son intention de démissionner de son mandat de sénateur du Val-de-Marne. (Protestations désolées à droite)
Je vous en donne lecture :
« Monsieur le Président, j'ai l'honneur de vous informer de ma décision de démissionner de mon mandat de sénatrice du Val-de-Marne. Celle-ci prendra effet le 18 septembre 2007 à minuit.
Je passe le relais après trente ans de mandat, siégeant toujours avec beaucoup d'émotion à cette place qu'occupa Victor Hugo.
Durant toutes ces années, j'ai eu l'honneur, avec mon groupe, de pouvoir porter avec conviction notre contribution dans des débats passionnés et de haute tenue.
Je quitte notre Haute Assemblée au terme d'un travail législatif et parlementaire sous-tendu en permanence par un idéal de justice, l'avenir de la jeunesse, la parité pour les femmes et le rôle de la France dans le monde.
Je remercie tous les personnels du Sénat pour leur contribution de qualité. Je tiens à vous saluer, monsieur le Président, ainsi que l'ensemble de mes collègues en les remerciant de leur fidèle attention. » (Applaudissements)
Acte est donné de cette démission qui prendra effet aujourd'hui à minuit.
Chère Hélène Luc, je ne peux vous voir prendre cette décision sans évoquer quelques souvenirs marquants de votre longue vie sénatoriale. Longue vie en effet, car vous avez siégé au Sénat sans interruption depuis votre première élection en septembre 1977.
En avance sur votre temps, vous n'avez pas attendu une réforme constitutionnelle pour devenir sénatrice, ni pour être présidente du groupe communiste pendant vingt ans : votre formation politique avait mis en oeuvre la parité avant l'heure et c'est d'ailleurs par une femme que vous avez été remplacée...
Nul doute que personne ici n'oubliera votre forte personnalité, votre tempérament, votre redoutable ténacité au cours de nos débats -les présidents de séance peuvent en témoigner... (sourires)- et la fougue que vous avez toujours montrée pour défendre la cause des plus démunis.
Élue locale, vous n'avez jamais manqué une occasion de nous parler de Choisy-le-Roi : combien de rappels au Règlement, combien de questions orales et écrites pour nous décrire les difficultés quotidiennes des populations de cette commune à laquelle vous êtes très attachée...
Mais les causes que vous défendiez ne sont pas restées cantonnées à votre circonscription. Membre de la commission des affaires étrangères, vous avez élargi vos combats au-delà de nos frontières, au monde entier : reconnaissance du génocide arménien, indemnisation des victimes des essais nucléaires, interdiction des mines anti-personnel, voilà encore des batailles que vous avez livrées récemment, toujours avec la même passion.
Au fil du temps vous êtes devenue une sénatrice dans l'âme, très représentative de notre institution, et vous avez démontré par l'exemple que le mandat sénatorial pouvait offrir de multiples possibilités d'expression, de réflexion et d'action, mais aussi de représentation de la diversité française.
Au-delà de nos divergences politiques, chère Hélène, dans cette maison à laquelle vous êtes très attachée, je regretterai votre humanisme et je sais que je ne serai pas le seul. Merci encore de tout ce que vous avez fait pour le Sénat. (Applaudissements nourris et prolongés)