Hommage à Didier Guillaume
M. le président. - (Mmes et MM. les sénateurs, ainsi que Mmes et MM. les membres du Gouvernement, se lèvent.) C'est avec stupéfaction et une immense tristesse que nous avons appris le décès de Didier Guillaume, le 15 janvier dernier.
Impossible d'évoquer la vie de Didier Guillaume sans rappeler son attachement à la Drôme et son parcours au sein du parti socialiste.
Responsable départemental du mouvement des jeunes socialistes, Didier Guillaume s'engage au sein du comité de soutien drômois à François Mitterrand lors de l'élection présidentielle de 1981.
Agent du Trésor public, il est élu pour la première fois conseiller municipal de Bourg-de-Péage en 1983. Il est directeur de cabinet du président du conseil général de la Drôme en 1990. Il devient conseiller régional de Rhône-Alpes en 1992. En 1995, il devient maire de Bourg-de-Péage, fonction qu'il occupera jusqu'en 2004, puis trois ans plus tard, il est élu conseiller général du canton de Bourg-de-Péage.
Fils d'éleveur de brebis, il se passionne pour l'agriculture et devient conseiller politique de Jean Glavany, alors ministre de l'agriculture et de la pêche, en 1998. Réélu conseiller général en 2004, il devient président du conseil général de la Drôme.
Son arrivée au Sénat, en 2008, restera un moment privilégié de sa vie publique. Il défendra avec passion ce département au sein de notre assemblée. Dès son arrivée, il rejoint le groupe socialiste alors présidé par Jean-Pierre Bel. Il sera successivement membre de la commission de l'économie, du développement durable et de l'aménagement du territoire, puis de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées et enfin de la commission des finances.
Il devient premier vice-président du Sénat le 5 octobre 2011. Au sein de la conférence des présidents, j'ai pu alors apprécier ses qualités humaines. Puis, en avril 2014, il succède à François Rebsamen à la présidence du groupe socialiste.
La même année, il est rapporteur du projet de loi d'avenir pour l'agriculture, l'alimentation et la forêt. Son rapport sur la modernisation des relations entre l'État et les fédérations sportives, en 2015, marquera aussi notre assemblée. Membre de la délégation aux collectivités territoriales, il est rapporteur d'une mission d'information visant à rénover le dialogue entre l'État et les collectivités territoriales.
Au cours de ses mandats de sénateur, il défendra le département et « son rôle de proximité irremplaçable », selon ses propres mots. Il considérait que « la ruralité est une chance pour la cohésion et l'avenir des territoires ».
Le 16 octobre 2018, Didier Guillaume est nommé ministre de l'agriculture et de l'alimentation dans le gouvernement d'Édouard Philippe. Il s'implique notamment dans le dossier des pesticides et l'épandage à proximité des lieux abritant des populations sensibles. Il est aussi attentif à la question du bien-être animal.
Le 10 juin 2024, Didier Guillaume est désigné par son altesse sérénissime le prince Albert II pour être ministre d'État de la principauté de Monaco et met son engagement et ses compétences au service de la principauté.
Passionné de politique, mais aussi de sport, notamment de rugby, il aimait citer Voltaire pour qui « les passions sont les vents qui enflent les voiles des navires ; elles les submergent quelquefois, mais sans elles ils ne pourraient voguer ». Didier Guillaume nous a quittés et vogue désormais vers de nouveaux horizons.
À ses anciens collègues, aux sénateurs de la Drôme, j'exprime notre sympathie. À tous ceux qui l'ont connu, au-delà de cet hémicycle, j'adresse mes pensées. À son épouse, à ses enfants, à toute sa famille et à tous ceux qui ont partagé ses engagements, je souhaite redire la part que le Sénat prend à leur tristesse. (Mmes et MM. les sénateurs, ainsi que Mmes et MM. les membres du Gouvernement, observent un instant de recueillement.)
M. François Bayrou, Premier ministre. - J'associe le Gouvernement à la tristesse du Sénat. C'est avec gratitude que nous pensons à Didier Guillaume. Personnalité marquante, il a été président du conseil général de la Drôme, sénateur, ministre. Pour beaucoup d'entre nous, il a été un ami et un repère, solide et chaleureux. C'était un amateur de sport - de rugby, surtout - mais aussi un amoureux de la côte basque, passionné de Biarritz, ce qui nous a valu de partager bien des moments chaleureux.
C'est pour ses qualités humaines qu'il avait été choisi par son altesse sérénissime pour exercer les fonctions de ministre d'État à Monaco.
La maladie, foudroyante, nous a privés de cette personnalité chaleureuse. Le Gouvernement est aux côtés du Sénat.
M. le président. - Merci, monsieur le Premier ministre.