« L'ARMÉNIE : UN AN APRÈS... »
Bilan et perspectives un an après l'adoption par le Sénat de la résolution portant sur la nécessité de reconnaître le Haut-Karabagh
Actes du colloque du 23 novembre 2021
Placé sous le haut patronage de
M. Gérard LARCHER, Président du Sénat,
et organisé par le groupe de liaison, de
réflexion, de vigilance et de solidarité avec les
Chrétiens d'Orient, les minorités au Moyen-Orient et les Kurdes,
présidé par M. Bruno RETAILLEAU,
en partenariat avec l'Ambassade de la République d'Arménie en France
Salle Médicis
Palais du Luxembourg
INTRODUCTION
M. Gilbert-Luc DEVINAZ, Sénateur
Mesdames et Messieurs,
Je vous remercie de votre présence. Il me revient l'honneur de vous accueillir pour ce colloque, le Président Gérard Larcher ayant été retardé par la conférence des présidents rendue nécessaire pour réorganiser le travail parlementaire, après le rejet par le Sénat de la première partie de la loi de finances.
Permettez-moi de saluer le Patriarche arménien et sa délégation, ainsi que le Président de l'Assemblée nationale arménienne, Monsieur Simonian. Dans cette délégation nombreuse, je voudrais particulièrement saluer Vladimir Vardanyan qui est le président du groupe d'amitié Arménie-France à l'Assemblée nationale arménienne. Je remercie tout particulièrement l'Ambassadrice d'Arménie en France, Son Exc. Madame Hasmik Tolmajian, qui s'est beaucoup investie pour ce colloque. Il s'articulera autour de deux tables rondes : la première composée de témoins qui exposeront leur vision de la situation en Arménie et au Haut-Karabagh et la deuxième qui portera sur le rôle de la France dans la résolution du conflit que connaît l'Artsakh.
En tant que Président du groupe d'amitié France-Arménie, je voudrais rappeler qu'il s'agit d'un groupe important, composé de 38 sénatrices et sénateurs, qui représentent toutes les formations politiques du Sénat. C'est un des groupes les plus importants au Sénat.
Hier soir, le Président Gérard Larcher a eu le plaisir d'accueillir le Président de l'Assemblée nationale arménienne à la Présidence du Sénat pour la signature d'une convention de coopération interparlementaire. Lors de ces échanges, le Président de l'Assemblée nationale arménienne, M. Alain Simonian, a attiré l'attention sur la situation d'insécurité que traversent aujourd'hui l'Arménie et Artsakh, dont 42 kilomètres carrés sont occupés par l'Azerbaïdjan. Il a souligné la responsabilité qui pèse aujourd'hui sur l'ensemble des élus et des formations politiques de l'Arménie face à une situation plus que dangereuse pour le pays.
Permettez-moi aussi de rappeler que nous avions reçu au Sénat, durant cinq jours, en octobre 2019, une délégation de députés arméniens conduite par Vladimir Vardanyan. Le chef de la délégation avait alors souhaité que nous communiquions sur le risque certain d'un conflit dit « gelé » au niveau d'Artsakh. Nous avions fait paraître un communiqué. Il est cependant évident que, pour ce qui concerne l'Europe de l'Ouest, nous n'apprécions pas la situation comme nos amis arméniens. Je voudrais attirer votre attention, pour ma part, sur un propos qu'a tenu Erdogan dans un discours à Bakou, annonçant qu'il allait « terminer le travail de ses grands-parents ». Il importe de prendre ces propos au sérieux.
J'ai eu pour ma part la chance - ou la malchance - de pouvoir me rendre immédiatement au Haut-Karabagh, le 2 décembre, avec une délégation. Nous sommes passés par le cimetière militaire dans la capitale arménienne avant de nous rendre en Artsakh. Très sincèrement, c'était bouleversant. En apprenant le nombre de jeunes gens qui, en 44 jours, ont trouvé la mort, on est forcément saisi. On nous a expliqué comment s'est déroulée la guerre, avec de nouvelles formes de guerre qui sont, à mon sens, des expérimentations pour d'autres terrains, notamment des terrains plus urbains et sur lesquels nous devrions nous pencher à la Commission des Affaires étrangères, de la Défense et des Forces armées. Les médecins français qui soignaient les 10 000 blessés ont confirmé l'expérimentation de nouvelles armes, notamment les drones et l'utilisation de bombes au phosphore dont témoignaient les blessures.
Nous avons été encadrés par les soldats russes, qui voulaient absolument, je pense, que nous repartions avec l'idée qu'ils étaient sur ce terrain des soldats de la paix. Nous nous sommes rendus dans un certain nombre de villages où nous avons rencontré des gens qui revenaient et qui avaient tout perdu. Dans cette situation terrible, les familles que nous avons rencontrées, qui venaient se réinstaller alors que l'hiver arrivait, ont voulu absolument que la délégation rentre dans la pièce unique qu'ils occupaient afin de partager un bout de pain, une pomme, et bien évidemment, de la vodka ! Voilà des gens qui n'avaient plus rien qui ont quand même partagé le peu qu'ils avaient. Cette chaleur humaine est à souligner. Je pense que le Président Larcher et l'ensemble des présidents des groupes politiques avaient perçu la même chaleur humaine le 24 avril en Arménie. À la suite de cette mission, le Président Larcher a souhaité que notre coopération soit revisitée. La convention a été signée hier. Dorénavant, l'ensemble des membres du groupe d'amitié France-Arménie oeuvrera pour lui donner corps au quotidien.
Mesdames et Messieurs, j'apprécie le privilège qui m'a été donné d'introduire ce colloque et de vous accueillir, sans prétendre pour autant avoir pu remplacer notre Président Larcher, à qui je souhaite la bienvenue.