B. L'ESSENTIEL DES ENTRETIENS AVEC LES AUTORITÉS DU PAYS

• La séance de travail à l'Assemblée nationale équatoguinéenne

En l'absence du Président de l'Assemblée nationale de Guinée équatoriale, alors en visite officielle en Corée du Sud, la délégation sénatoriale a été reçue au nouveau siège du Parlement monocaméral à Bata par le vice-président de cette assemblée, M. Angel Serafin Seriche Dougan, autour duquel étaient réunis plusieurs députés.

Au début de cet entretien très cordial, le Président Seriche Dougan a brièvement récapitulé la composition (100 membres), le statut et les modalités de fonctionnement de l'assemblée, puis a souligné l'attachement que tous ses compatriotes portent à la France et, désormais, à la Francophonie. Il a rappelé que la coopération française avait beaucoup aidé son pays dans les années 80, à une période où il était encore très pauvre, et a souhaité que les entreprises françaises bénéficient à leur tour de l'appui de la Guinée équatoriale, maintenant qu'elle devenait plus riche grâce à ses ressources pétrolières.

Il a également souhaité le renforcement de la présence culturelle française en Guinée équatoriale, préoccupation devenue cruciale depuis que le français y était devenu deuxième langue officielle et à un moment où son pays plaidait pour jouer un rôle plus actif dans les instances de la Francophonie.

Le Président Seriche Dougan a enfin appelé de ses voeux l'établissement de liens de coopération entre son Assemblée et les deux chambres du Parlement français, axés prioritairement sur la formation des députés et des personnels de l'assemblée ; il a indiqué, à ce sujet, que le Secrétaire général de l'assemblée équatoguinéenne avait passé une semaine à l'Assemblée nationale française, et que cette expérience s'était avérée très concluante. En réponse, le Président Jean-Pierre Cantegrit a estimé qu'une telle coopération serait en effet envisageable et que dans un premier temps, le groupe d'amitié du Sénat serait honoré d'accueillir à Paris une délégation de députés équatoguinéens, selon des modalités à préciser le moment venu.

M. Jacques Legendre, en sa qualité de Secrétaire général parlementaire de l'Assemblée parlementaire de la Francophonie, a ajouté que l'assemblée équatoguinéenne, membre de droit de l'APF en tant que Parlement francophone, devrait également trouver un grand intérêt aux différents programmes et aux modules de formation mis en place par l'APF.

En conclusion, M. François Trucy, Président délégué pour la Guinée équatoriale, a jugé très positive cette visite à un Parlement avec lequel le groupe d'amitié n'avait encore jamais eu l'occasion d'établir de contact officiel. Il a par ailleurs souligné qu'elle intervenait à un moment particulièrement propice de l'évolution institutionnelle du pays, aujourd'hui doté d'un pouvoir stable et de ressources économiques qui lui permettaient de regarder l'avenir avec plus de confiance que d'autres États africains moins favorisés.

• L'entretien avec le ministre des Affaires étrangères

La délégation a été reçue par M. Pastor Micha Ondo Bilé, ministre des Affaires étrangères, de la Coopération internationale et de la Francophonie. Au cours de cet entretien, le ministre a exprimé les attentes fortes de son pays envers la France dans deux domaines en particulier : l'implantation d'entreprises françaises -encore trop peu nombreuses même si la situation s'était un peu améliorée depuis la précédente visite des sénateurs en 2003- et le renforcement de sa présence culturelle. Sur ce second point, le ministre a regretté que l'apprentissage du français reste problématique, surtout dans la partie continentale du pays qui concentre pourtant près de 80 % de sa population. Le Président Jean-Pierre Cantegrit ayant fait observer que si elle souhaitait attirer des enseignants français en nombre suffisant, la Guinée équatoriale devait leur assurer un niveau de traitement et de statut comparable à celui qu'ils trouvent dans d'autres pays, le ministre a précisé que le Gouvernement équatoguinéen était bien conscient de cette exigence et qu'il serait d'ailleurs prêt à prendre un financement complémentaire à sa charge.

A la demande de M. François Trucy, Président délégué pour la Guinée équatoriale, le ministre a ensuite résumé la position de son pays sur les différents conflits affectant actuellement l'Afrique centrale et des Lacs (République centrafricaine, Tchad, Soudan, Darfour...).

A l'issue de l'entretien, le ministre a exprimé le souhait qu'à l'occasion de leur prochaine visite en Guinée équatoriale, les sénateurs français passent un peu plus de temps dans son pays. Il s'est par ailleurs réjoui du projet de visite en France d'une délégation de députés de Guinée équatoriale.

• L'audience avec le Président Teodoro Obiang

L'entretien avec le Président Obiang s'est déroulé dans un climat moins guindé et bien plus chaleureux que la première rencontre protocolaire de 2003. Se déclarant sensible à cette deuxième visite des sénateurs français, le Chef de l'État a convié le groupe d'amitié à revenir plus souvent en Guinée équatoriale et, la prochaine fois, à y passer au moins une nuit : proposition pas anodine, dans une culture africaine où retenir l'hôte à dormir est un signe de confiance propice à des alliances plus durables.

Sur le fond, le Président Obiang a brossé un rapide historique des relations entre la France et la Guinée équatoriale, insistant tout particulièrement sur le rôle que notre pays avait joué pour favoriser l'intégration de son pays dans la Zone franc. A plusieurs reprises, il a qualifié la France d'alliée naturelle de la Guinée équatoriale, ajoutant que cette amitié était née à une époque où son pays était un des plus pauvres d'Afrique et qu'il ne l'oublierait pas au moment où grâce au pétrole, la Guinée équatoriale entre dans le clan des pays riches.

Le Chef de l'État a regretté que les entreprises françaises ne se soient pas mieux positionnées au moment du décollage économique équatoguinéen, faute, notamment, d'avoir pu déceler du pétrole dans les lots qui avaient été attribués en permis de recherche à Elf et à Total. Il a souhaité, en compensation, que nos entreprises se hissent en meilleure place dans d'autres secteurs où leur savoir-faire serait très utile. D'une manière plus générale, il s'est montré ouvert à tous les opérateurs étrangers, et cité comme exemple les bonnes relations commerciales établies depuis quelques années entre la Guinée équatoriale et les États-unis ou la Chine.

Le Président Obiang a ensuite souligné l'engagement de son pays dans la francophonie, au point d'avoir érigé le français au rang de seconde langue officielle. Il a vu dans la langue française un instrument fondamental de coopération avec les autres pays de la CEMAC. Il a souhaité que la France l'appuie plus efficacement dans cette démarche, notamment en renforçant l'enseignement du français dans son pays.

A la demande du Président Jean-Pierre Cantegrit, le Chef de l'État a évoqué les relations de la Guinée équatoriale avec la République centrafricaine et le Tchad, approuvant l'intervention française pour arrêter un conflit qui risquait de déstabiliser l'ensemble des pays de la CEMAC ; il a ajouté que la Guinée équatoriale continuerait de fournir une assistance financière à la RCA pour l'aider a surmonter ses difficultés économiques.

Cette audience a enfin permis d'évoquer en détail la question de l'îlot de Mbanié, objet de plus amples développements ci-après.

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