N°267
SENAT
SESSION ORDINAIRE DE 1997-1998
Annexe au procès-verbal de la séance du 4 février 1998.
PROPOSITION DE LOI
relative à l'élection des membres français du Parlement européen,
PRESENTEE
Par MM. Michel BARNIER, Alphonse ARZEL, Denis BADRÉ, Claude BELOT, Jean BERNARD, Roger BESSE, Jean BIZET, François BLAIZOT, Gérard BRAUN, Mme Paulette BRISEPIERRE, MM. Charles CECCALDI-RAYNAUD, Gérard CÉSAR, Jacques CHAUMONT, Charles de CUTTOLI, Désiré DEBAVELAERE, Charles DESCOURS, Michel DOUBLET, Daniel ECKENSPIELLER, Pierre FAUCHON, Gérard FAYOLLE, Hilaire FLANDRE, Jean-Pierre FOURCADE, Yann GAILLARD, Patrice GÉLARD, Jacques GENTON, Alain GÉRARD, Paul GIROD, Daniel GOULET, Georges GRUILLOT, Bernard HUGO, Roger HUSSON, Bernard JOLY, André JOURDAIN, Alain JOYANDET, Pierre LAFFITTE, Gérard LARCHER, Dominique LECLERC, Jacques LEGENDRE, Jean-François LE GRAND, François LESEIN, Jacques MACHET, Jean MADELAIN, Pierre MARTIN, Mmes Lucette MICHAUX-CHEVRY, Nelly OLIN, MM. Paul d'ORNANO, Joseph OSTERMANN, Victor REUX, Roger RIGAUDIÈRE, Louis SOUVET et André VALLET,
Sénateurs.
(Renvoyée à la commission des Lois constitutionnelles, de législation, du suffrage universel, du règlement et d'administration générale, sous réserve de la constitution éventuelle d'une commission spéciale dans les conditions prévues par le Règlement.)
Elections et référendums.
EXPOSE DES MOTIFS
MESDAMES, MESSIEURS,
La présente proposition de loi a pour objet de renforcer le lien devant exister entre les membres français du Parlement européen et leurs mandataires.
Le constat
Depuis 1979, les membres français du Parlement européen sont élus au suffrage universel sur la base d'un scrutin proportionnel à l'échelle nationale. Au fil des scrutins, la participation populaire s'est considérablement réduite, diminuant d'autant la représentativité de nos représentants au Parlement de Strasbourg. A cela, plusieurs explications dont l'une l'emporte sur toutes les autres : le mode de scrutin actuellement en vigueur ne permet pas à l'élu européen de s'individualiser aux yeux de l'électeur, et à la construction européenne d'être représentée par un visage connu de chacun.
Cette représentativité est pourtant une des conditions d'une bonne prise en compte des intérêts français dans la construction européenne, au sein de laquelle le Parlement européen joue un rôle important et qui sera sans doute appelé à croître dans les prochaines années.
Il importe donc que les préoccupations de nos concitoyens soient exposées au mieux par leurs représentants au sein de l'unique institution communautaire élue. Force est de constater que tel n'est pas le cas aujourd'hui. La représentation parlementaire à Strasbourg se caractérise par un fort absentéisme, favorisé par la variété des lieux de travail des élus européens. Les fréquents cas de cumul des mandats obligent en outre à des choix dont pâtissent trop souvent les activités communautaires. A cela s'ajoute un système de scrutin qui, en favorisant le creusement d'un important fossé entre l'élu et l'électeur, ne permet pas à ce dernier d'exercer un contrôle sur son représentant, et à ce dernier, de défendre ses propositions comme le bilan de son action devant ses électeurs.
L'esprit de la réforme
La prochaine élection au Parlement européen aura lieu au printemps 1999. Il reste un peu moins de deux ans pour mener à bien cette réforme. Ce délai est largement suffisant alors qu'il n'est guère utile d'insister sur l'ampleur de l'enjeu compte tenu de l'importance prise par la dimension communautaire dans la législation intérieure de chaque Etat membre, et donc de la France qui se doit de disposer à Strasbourg d'une représentation conforme à sa vocation et à ses aspirations européennes.
La présente proposition de loi vise au maintien d'un scrutin proportionnel car les enjeux en présence plaident en faveur d'une représentation de l'ensemble des sensibilités politiques françaises. Elle est cependant favorable à la suppression du principe d'une seule et unique circonscription qui présente les inconvénients mentionnés précédemment. Elle soumet à l'approbation de la représentation nationale l'idée d'un découpage en plusieurs grandes circonscriptions réunissant plusieurs régions administratives, à l'exception de l'Ile-de-France, en raison de son importance démographique.
Ces circonscriptions répondraient à une logique géographique et économique et auraient une superficie significative tout en étant des ensembles doués d'une dimension à échelle humaine. Le nombre d'élus qu'elles désigneraient serait suffisamment élevé pour que puisse pleinement jouer le scrutin proportionnel, mais également suffisamment limité pour que le choix des électeurs puisse aisément s'exprimer. Les élus au Parlement européen, responsables devant les habitants d'une zone précise, pourraient ainsi témoigner de leur activité devant leurs électeurs.
La représentativité moyenne de chaque élu européen par nombre global d'habitants serait équivalente d'une région à l'autre (685 598), à l'exception des DOM-TOM où elle serait plus élevée (481 750), ce qui se justifie par l'importance que cette partie de la République occupe dans les programmes communautaires.
Loin de créer un échelon supplémentaire dans l'ordre administratif, ces circonscriptions, dont le seul objet serait de permettre l'élection des parlementaires européens, éviteraient que n'apparaissent à terme des « super-députés » représentant une région particulière, ce qui se produirait immanquablement dans le cas d'une superposition de la circonscription européenne et de la région, deux régions n'ayant dans ce cas qu'un élu, onze autres n'en ayant que deux.
Par ailleurs, une circonscription supplémentaire serait créée pour les Français établis hors de France.
Cette proposition de loi, enfin, tout en étant d'une mise en oeuvre aisée, garantit le maintien du principe d'égalité de l'ensemble des citoyens quel que soit leur lieu de résidence.
Tel est l'objet de la présente proposition de loi que ses auteurs vous demandent de bien vouloir adopter.
PROPOSITION DE LOI
Article premier
L'article 4 de la loi n° 77-729 du 7 juillet 1977 relative à l'élection des représentants au Parlement européen est ainsi rédigé :
«Art. 4. - Le territoire de la République est divisé en huit circonscriptions composées de régions au sens de la loi n° 82-213 du 2 mars 1982.
« La répartition des sièges à pourvoir entre les circonscriptions ainsi que la composition des circonscriptions est fixée conformément au tableau suivant :
Circonscriptions |
Nombre d'élus |
Nord-Manche (Basse-Normandie, Haute-Normandie, Picardie, Nord -
Pas-
|
13 |
Grand Est
(Alsace, Bourgogne, Champagne-Ardenne, Lorraine,
Franche-
|
12 |
Ile-de-France .. |
15 |
Arc Atlantique (Bretagne Pays de la Loire Poitou-Charentes) |
11 |
Centre-Massif central (Auvergne Centre Limousin) . . |
6 |
Grand Sud-Ouest (Aquitaine Languedoc-Roussillon Midi-Pyrénées) |
11 |
Rhône-Alpes-Méditerranée-Corse
(Corse,
Provence-Côte d'Azur, Rhône-
|
14 |
DOM-TOM |
4 |
Article 2
II est inséré, après l'article 4 de la loi n° 77-729 du 7 juillet 1977 précitée, un article additionnel ainsi rédigé :
«Art. 4 bis. - Une circonscription supplémentaire est créée pour permettre aux Français établis hors de France d'élire leur représentant. Un siège est affecté à cette circonscription électorale. »