Le résumé
La première grande crise du XXIe siècle dure depuis dix ans. De financière, elle est rapidement devenue économique, puis sociale, et désormais clairement politique sans qu'on en voie encore la fin.
Si l'objectif initial de cet exercice de prospective était d'évaluer les probabilités de réédition d'un krach qui, cette fois, pourrait être fatal, un horizon plus large s'est rapidement imposé : au-delà des risques techniques qui pèsent sur lui, mesurer la place du système financier et bancaire, ses pratiques, ses évolutions récentes et la réalité de son soutien à une économie qu'il est censé supporter. Rien, donc, de plus naturel que la délégation à la prospective se soit emparée d'un tel sujet et préoccupée de savoir quelles formes pourrait bien prendre notre avenir immédiat.
Car nous vivons une situation paradoxale : aujourd'hui, le risque d'un krach financier d'ampleur équivalente à celui de 2007 n'a pas diminué, bien au contraire. Les quelques dispositions destinées à rendre le système moins instable qui ont pu lui être imposées sous le coup de l'émotion, non seulement ont laissé intact l'essentiel mais ont été largement compensées par les effets négatifs du traitement de la crise. Et pourtant, le danger pourrait plutôt provenir d'événements politiques collatéraux engendrés par la prolongation de la crise économique : l'incapacité structurelle du système à se réformer et le désaveu populaire qui en résulte et qui s'exprime au travers de ce qui ressemble fort à des « émeutes électorales ».
Encore faut-il que les responsables politiques réalisent l'ampleur du danger. C'est l'ambition de ce rapport que de vouloir la souligner, dans cette époque incertaine aux airs de déjà-vu, autant dire d'avant-guerre. Et il n'est jamais bon de laisser trop longtemps l'Histoire bégayer.