Question de M. JOLY Patrice (Nièvre - SER) publiée le 14/07/2022
M. Patrice Joly attire l'attention de Mme la ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche sur la fermeture programmée du brevet de technicien supérieur (BTS) contrôle industriel et régulation automatique (CIRA) au lycée Jules Renard de Nevers.
À la suite de cette annonce brutale et de la fermeture des inscriptions pour la rentrée prochaine sur la plateforme Parcoursup, l'incompréhension et la colère dominent chez les parents d'élèves, les élus et les entreprises du bassin neversois.
À ce jour, aucune concertation ne semble avoir été menée avec l'établissement, ni avec les représentants des apprenants et encore moins avec le monde de l'entreprise quant à cette suppression. Pourtant, ce processus essentiel doit être engagé pour permettre de réunir les acteurs de cette filière et proposer des solutions concrètes et éclairées aux élèves et à leurs familles.
Même si une évolution régulière de la carte scolaire est nécessaire, la fermeture de cette filière d'enseignement supérieure de proximité à Nevers vient porter un coup dur à la jeunesse de ce territoire déjà frappé par les contraintes de la période actuelle. Ils seront désormais contraints de s'inscrire dans les BTS proposés à Dijon et dans d'autres régions plus éloignées fermant ainsi la porte à de nombreux jeunes ne pouvant prendre en charge les frais de mobilité.
Il est également à noter que cette formation post-baccalauréat de proximité ne connait aujourd'hui aucun problème de recrutement et permet à des jeunes issus de milieux sociaux défavorisés d'accéder à des études post-baccalauréat et ainsi de s'insérer plus facilement dans le monde professionnel. Cette formation offre de nombreux débouchés dans une grande variété de secteurs industriels : nucléaire, énergie, chimie-pétrole, agro-alimentaire, aéronautique et spatiale, navale et ferroviaire, bâtiment et travaux publics, etc.
Enfin, cette décision est tristement dommageable pour les étudiants eux-mêmes mais aussi pour le tissu industriel local qui justifie sans conteste la présence d'un BTS CIRA. Dans la Nièvre, les grandes industries de la chimie ou de l'énergie et celles de la transformation (technicentre SNCF de Varennes-Vauzelles, centrale de Belleville, circuit de Magny-Cours, Solvay, Aperam, centre Pharma, cimenterie...) accueillent les étudiants non seulement à l'embauche, mais leur proposent aussi des formations complémentaires liées à leurs spécificités. C'est une chance et une opportunité pour tous.
C'est pourquoi il demande au Gouvernement de bien vouloir faire réexaminer cette décision et de maintenir ce BTS au sein du lycée Jules Renard de Nevers.
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Réponse du Ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche publiée le 01/12/2022
Cette décision de fermeture du BTS CIRA s'intègre dans le processus d'élaboration de la carte des formations professionnelles qui s'appuie sur des orientations et des priorités partagées avec le conseil régional de Bourgogne-Franche Comté. Quelques chiffres clés permettent de situer le contexte académique : à la rentrée 2021, l'académie de Dijon scolarise 17 764 élèves dans la voie initiale scolaire professionnelle, dont 26 % dans le privé sous contrat (18 036 élèves pour la rentrée 2020). Cette baisse d'effectifs a des répercussions sur les recrutements et sur les taux de places vacantes dans les différents niveaux de formation ; pour le seul enseignement public, de 2015 à 2021, la voie professionnelle a perdu 1 493 élèves (- 10 %) et ces tendances devraient se poursuivre en 2022, avec une baisse estimée de - 514 élèves (soit - 2,8 %). Cette baisse concernerait principalement les baccalauréats professionnels (- 330 élèves, soit - 3 % par rapport aux effectifs actuels) et les BTS (- 218 élèves soit - 4,5 % par rapport aux effectifs actuels) ; en 2021-2022, le taux de places vacantes dans le public est de 12,5 % (+ 2,6 points par rapport à N-1) en première année de formation (soit 721 places vacantes) et de 15,5 % (- 2,2 points par rapport à N-1) sur l'ensemble du cursus (soit 2 291 places vacantes). Ce taux est plus élevé pour les BTS (15,2 %). Dans ce contexte, la fermeture du BTS CIRA a été actée après présentation et approbation par l'assemblée délibérante du conseil régional Bourgogne Franche-Comté et consultation du comité technique académique dans le cadre de la préparation de la rentrée 2022. En effet, les expertises menées sur cette formation ont souligné : un manque d'attractivité pour ce diplôme qui est déjà implanté à Bourges et à Besançon, soit dans un rayon assez proche. Ce BTS demande un bon niveau de départ dans les domaines scientifiques et plus spécifiquement en physique chimie. Aussi, les élèves pouvant candidater s'orientent davantage sur les BUT. Par ailleurs, ce diplôme a déjà été ouvert en apprentissage dans la région, mais n'a pu perdurer faute de candidats et d'attrait ; le taux de places vacantes demeure important en 1ère année : 44 % (contre 11% tous BTS confondus). Ce taux augmente en 2ème année du fait d'un décrochage important entre les 2 années qui engendre un taux de places vacantes de 48 % sur le cursus (contre 19 % tous BTS confondus) ; le taux de réussite de ce BTS se situe à 62 % (contre 83 % tous BTS confondus) ce qui accentue son manque d'attractivité ; les zones d'emplois en lien avec ce secteur d'activités se situent davantage sur Dijon, Belfort-Montbéliard, Besançon, Chalon, Le Creusot. Les offres sont en revanche assez faibles sur le département de la Nièvre, ce qui interroge la mobilité des jeunes afin d'accéder aux emplois en lien direct avec ce diplôme.
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