Question de M. GENET Fabien (Saône-et-Loire - Les Républicains-R) publiée le 14/07/2022
M. Fabien Genet attire l'attention de M. le ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires sur la prolifération de la jussie (ludwigia peploides) et de la jussie à grandes fleurs (ludwigia grandiflora) sur les canaux et les zones humides.
Se caractérisant par un pouvoir élevé de multiplication, la jussie est une plante aquatique invasive dont la propagation justifie la crainte de nombreux utilisateurs de plans d'eau et de cours d'eau (pêcheurs, agriculteurs, plaisanciers, baigneurs
) de voir ces espaces privés de leur biodiversité par anoxie.
En l'absence de consommateurs herbivores ou de maladies et régulateurs naturels, elle se développe sous forme d'herbiers aquatiques très denses et parfois presque impénétrables, immergés ou émergés, en produisant des tapis de tiges plus ou moins rigides pouvant atteindre et même dépasser 6 m de long.
Elle est aujourd'hui considérée comme l'une des plantes envahissantes les plus problématiques pour l'eau, et depuis 2016, cette plante est inscrite dans la liste des espèces exotiques envahissantes préoccupantes pour l'Union européenne.
Cette extension rapide du phénomène est particulièrement redoutée par les agriculteurs dont les prairies humides sont envahies et les conséquences risquent d'être lourdes pour l'élevage traditionnel et pour la biodiversité si aucune mesure d'envergure n'est prise.
Les agriculteurs soulignent que la jussie étant une plante non fourragère, les surfaces impactées par sa prolifération se verront retirées des surfaces agricoles utiles, avec pour conséquence la suppression des aides agricoles qui y sont liées.
Si des plans locaux de lutte contre la jussie existent, les professionnels et usagers insistent sur la nécessité d'un engagement plus affirmé de l'État pour accompagner leurs initiatives et développer des méthodes d'arrachement et de prévention pour combattre ce fléau.
Il demande donc quelles mesures le Gouvernement entend prendre en la matière.
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Réponse du Ministère de la transition écologique et de la cohésion des territoires publiée le 20/10/2022
Les espèces exotiques envahissantes contribuent à près de la moitié des extinctions d'espèces connues à l'échelle mondiale. Elles peuvent capter une part importante des ressources dont les espèces locales ont besoin pour survivre, modifier les milieux naturels voire être prédatrices des espèces indigènes. Elles peuvent aussi menacer notre santé, par leur capacité allergisante ou vectrice de maladies, et notre économie. En Europe continentale, les coûts générés par la gestion et la réparation des dommages causés par les invasions biologiques ont été estimés à plus de 12,5 milliards d'euros par an. De manière générale, la lutte contre les espèces exotiques envahissantes relève du gestionnaire du terrain concerné. Dans les espaces protégés, la prévention et la lutte doivent être intégrées dans le plan de gestion et être mises en uvre par les acteurs identifiés par ce plan. L'État apporte d'abord un appui technique grâce au centre de ressources sur les espèces exotiques envahissantes de l'Office français de la biodiversité, mis en place en 2018 avec le concours du comité français de l'Union Internationale pour la conservation de la nature (UICN). Le ministère de la transition écologique et de la cohésion des territoires prend ensuite les mesures nécessaires pour éviter la diffusion de ces espèces en réglementant leur commercialisation, leur transport, leur introduction dans le milieu naturel ou leur détention. Plusieurs arrêtés ont ainsi été pris en 2021 pour chacun des territoires ultra marins. Un nouvel arrêté est actuellement en consultation du public pour 7 nouvelles espèces. Un plan d'actions pour prévenir l'introduction et la propagation de ces espèces a été publié en mars 2022, par la secrétaire d'État à la biodiversité. S'agissant de la lutte en elle-même, l'État a apporté son concours à plusieurs opérations dans le cadre du volet biodiversité du plan France relance. Les travaux d'élaboration de la Stratégie nationale biodiversité 2030 ont conduit au lancement d'un programme doté de 1,5 millions d'euros pour la réalisation d'ici 2025 de 500 opérations "coups de poing". Le sens de ce nouveau programme est de réaliser à la fois des actions de lutte mais aussi d'enrichir l'expérience des acteurs de terrain pour faire rentrer cette lutte dans des actions courantes d'entretien des milieux.
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