Question de M. DÉTRAIGNE Yves (Marne - UC) publiée le 15/12/2022

M. Yves Détraigne souhaite appeler l'attention de M. le ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse sur la réforme des lycées professionnels, telle qu'annoncée par le Président de la République en septembre 2022.
Créé en 1985, le lycée professionnel s'apprête à subir l'une des réformes les plus importantes de ces dernières décennies. Or, les lignes directrices définies (priorité donnée à l'apprentissage, augmentation du temps de stage, révisions locales des cartes de formation, autonomisation des établissements…) inquiètent enseignants et lycéens.
Jusqu'à présent, le bac professionnel devait participer à l'objectif de démocratisation scolaire, c'est-à-dire permettre aux élèves de poursuivre des études dans le supérieur tout en découvrant le monde du travail. Aujourd'hui, en proposant de passer de 22 à 33 semaines de stages, le projet réduit d'autant le temps d'enseignement en classe pour les autres matières et risque de faire « glisser » l'enseignement professionnel vers l'apprentissage. Les élèves passeraient alors un tiers de leur formation en apprentissage.
Or, en lycée professionnel, ils sont formés sur la théorie (droits, contrat, sécurité au travail…). L'école sert à former des citoyens autonomes, d'où la présence de matières générales dans le cursus… Les jeunes ne peuvent pas tout apprendre directement dans l'environnement professionnel, certains d'entre eux ayant parfois de grosses difficultés, des problèmes de comportement… Les enseignants sont là pour les gérer et les remettre dans le droit chemin. Il n'est donc pas certain qu'une entreprise prenne le temps de faire cela.
Si, à la suite de la réforme, les lycéens passent un tiers de leur formation en apprentissage, les enseignants passeront moins d'heures à enseigner et verront moins leurs élèves.
Une part d'immersion dans l'entreprise ne pouvant pas remplacer des cours en classe, il lui demande de tenir compte des objections des personnels de terrain et de s'assurer que la filière professionnelle conserve sa vocation éducative et émancipatrice.

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Réponse du Ministère de l'éducation nationale et de la jeunesse publiée le 16/03/2023

Le travail à mener pour la réforme des lycées professionnels a donné lieu au lancement le 21 octobre 2022 par la ministre déléguée à l'enseignement et à la formation professionnels de 4 groupes de travail portant respectivement sur la question de la lutte contre le décrochage scolaire, la poursuite d'études des lycéens professionnels, une meilleure insertion professionnelle des lycéens professionnels et les marges de manœuvre dont peuvent disposer les lycées professionnels tout en conservant le caractère national des diplômes. Chacun de ces groupes a été piloté par un recteur avec l'appui d'un inspecteur général de l'éducation, du sport et de la recherche, et un très large public (élèves, enseignants, personnels de direction, personnels d'inspection, familles et monde économique) a été invité à y participer. Ces travaux ont duré trois mois, durant lesquels 160 participants se sont régulièrement réunis et ont pu mettre en commun leurs propositions respectives et constater ainsi les consensus et les divergences sur chacune des pistes. Ces nombreux échanges ont permis de faire émerger de nombreuses évolutions possibles pour les lycées professionnels, parmi lesquelles chaque établissement pourra choisir le scénario qui correspond le mieux aux grands enjeux de transitions (énergétique, numérique, électrification du parc automobile, etc.), et à leurs réalités locales, sans jamais renoncer au caractère national des diplômes. Dans le prolongement des travaux engagés, un travail pour accélérer la transformation de la carte des formations professionnelles scolaires en région est également entamé avec l'appui de l'Association des régions de France et du Secrétariat général pour l'investissement. L'objectif est de faire en sorte que la voie professionnelle réponde mieux aux besoins de l'économie et particulièrement à l'essor des métiers d'avenir et des métiers en tension. Le niveau d'accompagnement des élèves par les professeurs, du domaine général comme du domaine professionnel, sera maintenu, voire renforcé. En effet, la réforme vise à faire de la voie professionnelle un véritable ascenseur social, et de permettre à chaque lycéen professionnel de disposer du portefeuille de compétences nécessaire pour lui permettre de progresser tout au long de sa vie professionnelle. L'ensemble des propositions issues des groupes de travail permettront d'engager la mise en place d'une réforme progressive à partir de la rentrée 2023. L'objectif est ainsi de proposer à chaque élève entrant en voie professionnelle de disposer de meilleures chances d'insertion professionnelle, immédiate à l'issue d'un premier cycle de formation, ou différée à l'issue d'une poursuite d'études.

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