Question de Mme GUILLOTIN Véronique (Meurthe-et-Moselle - RDSE) publiée le 24/10/2024

Mme Véronique Guillotin interroge Mme la ministre de la transition écologique, de l'énergie, du climat et de la prévention des risques sur la prolifération des chenilles processionnaires du chêne dans les massifs forestiers. De nombreux administrés s'inquiètent de la présence de ces chenilles dans les forêts en raison des risques sanitaires liés à leurs soies urticantes. Malgré l'arrêté des agences régionales de santé prévoyant une lutte curative, les services de l'État, sollicités par les habitants des communes concernées, indiquent ne pas disposer de moyens de lutte contre cette espèce au sein des massifs forestiers, car les méthodes employées dans les parcs et jardins ne sont pas adaptées à une application à grande échelle. Elle lui demande donc si le Gouvernement envisage d'étendre les mesures de contrôle et de lutte contre la prolifération des chenilles processionnaires du chêne aux massifs forestiers.

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Transmise au Ministère auprès de la ministre du travail, de la santé, de la solidarité et des familles, chargé de la santé et de l'accès aux soins


Réponse du Ministère auprès de la ministre du travail, de la santé, de la solidarité et des familles, chargé de la santé et de l'accès aux soins publiée le 19/06/2025

Les chenilles processionnaires sont des insectes dotés de poils urticants pouvant être relâchés en cas de stress, de conditions météorologiques particulières ou au cours de leur croissance. Ces poils urticants induisent des symptômes handicapants parfois graves chez les promeneurs et les travailleurs qui fréquentent les espaces verts, les jardins, et les massifs forestiers, ainsi que pour les animaux domestiques (nécrose de la langue des chiens exposés…). De plus, les chenilles processionnaires du chêne se nourrissent exclusivement de cette essence et pourraient induire des dégâts sur les spécimens déjà affaiblis. Ces dernières années, de fortes pullulations ont été observées sur le territoire français. En conséquence, les chenilles processionnaires du pin et du chêne ont été classées comme espèce dont la prolifération constitue une menace pour la santé humaine selon l'article D. 1338-1 du code de la santé publique en 2022. Au titre de ce classement, plusieurs mesures de lutte sont prévues et peuvent être mises en oeuvre par le biais d'arrêtés préfectoraux : la surveillance, la gestion des espaces favorables à l'implémentation de ces espèces, la destruction des spécimens, l'information du public et la valorisation et la diffusion des connaissances scientifiques disponibles. La législation prévoit également l'établissement d'un centre national de référence relatif aux espèces à enjeux pour la santé afin de contribuer aux mesures évoquées ci-dessus. L'observatoire des chenilles processionnaires ainsi créé a produit de nombreux documents de référence en partenariat avec le ministère chargé de la santé, notamment un recueil des méthodes de lutte contre les chenilles processionnaires. Le guide comporte quatre méthodes de lutte utilisables vis-à-vis des chenilles processionnaires du chêne, allant de la gestion paysagère préventive à la lutte par pulvérisation de Bacillus Thuringiensis Kurstaki (Btk). Il est important de souligner toutefois qu'aucune spécialité à base de Btk pour un usage biocide sur les chenilles processionnaires, c'est-à-dire pour la protection de la santé humaine, n'est commercialisée en France. Par ailleurs, les chenilles processionnaires sont une espèce autochtone et font partie intégrante de notre écosystème. Une éradication complète ne semble ni possible, ni souhaitable : il convient alors de limiter les impacts sur la santé lors des pullulations. Une lutte au sein des massifs forestiers par pulvérisation de Btk ou de substances chimiques permettant une gestion à grande échelle impliquerait des dommages conséquents sur les populations de lépidoptères peuplant ces espaces, alors que les travaux de l'union internationale pour la conservation de la nature font état de la grande vulnérabilité des espèces de papillons présents en France. La priorité du Gouvernement reste donc la lutte raisonnée en lisière des espaces forestiers et dans les zones urbanisées, afin de limiter l'extension des chenilles processionnaires et leurs impacts sur la santé des populations, tout en évitant un effondrement de la biodiversité. Afin de faciliter la lutte réfléchie, un système d'information permettant de signaler la présence de chenilles processionnaires ou des symptômes associés à une exposition à ces insectes a été déployé à l'échelle nationale au début du mois de février 2025. Cette plateforme de signalement, accessible à tous, permettra à long terme une meilleure surveillance de la dynamique d'extension, une aide pour limiter la prolifération et participer à la mesure des impacts sur la santé liée aux chenilles processionnaires.

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