Question de M. LEFÈVRE Antoine (Aisne - Les Républicains) publiée le 27/03/2025
M. Antoine Lefèvre appelle l'attention de Mme la ministre de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire sur les conséquences économiques potentielles d'une épizootie de fièvre porcine africaine (FPA), aussi appelée peste porcine africaine (PPA).
La FPA est une maladie virale qui affecte exclusivement les porcs domestiques et les sangliers. Bien qu'absente du territoire français, elle sévit dans des pays voisins comme l'Allemagne et l'Italie, ce qui alimente les craintes d'une introduction en France. Une telle éventualité pourrait en effet engendrer des répercussions socio-économiques et sanitaires graves pour notre filière porcine.
L'Ifip - Institut du porc a mené une étude d'impact économique basée sur les tendances observées en Allemagne depuis la découverte de la FPA sur son territoire en 2020. Selon cette étude, les impacts seraient significatifs. La France pourrait connaître une chute drastique de ses volumes exportés, une forte baisse du prix du porc, et des perturbations importantes des flux commerciaux.
En 2020, l'Asie de l'Est représentait 35% des volumes exportés par la filière porcine française. Une détection de FPA en France entraînerait probablement la fermeture des frontières asiatiques, avec une perte économique estimée à 471 millions d'euros. Cependant, cette projection pourrait être révisée à la baisse aujourd'hui, en raison de la diminution des exportations vers cette région ces dernières années.
Pour prévenir l'introduction et la propagation de la FPA, un plan national d'action a été actualisé en 2024, succédant à celui de 2022. Élaboré par la direction générale de l'alimentation (DGAL) en concertation avec l'ensemble des acteurs de la filière, ce plan vise à renforcer la surveillance et à limiter les risques de propagation.
Dans ce contexte, il souhaiterait connaître les mesures concrètes mises en oeuvre pour empêcher l'introduction de ce fléau sanitaire sur le territoire national et protéger la filière porcine.
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Réponse du Ministère de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire publiée le 18/09/2025
La France est aujourd'hui indemne de la peste porcine africaine (PPA), aussi appelée fièvre porcine africaine (FPA). Mais elle est exposée au risque d'introduction de proche en proche via des sangliers infectés originaires de pays frontaliers, l'Allemagne et l'Italie, notamment. Si la situation est stable depuis plusieurs mois, sans progression notable des cas vers les frontières françaises, il ne faut cependant pas négliger le risque d'introduction du virus. L'inquiétude face à la fièvre porcine africaine est légitime. En effet, cette maladie des suidés (porc et sanglier) aurait des répercussions économiques majeures sur la filière porcine si elle apparaissait en France. L'institut technique du Porc (IFIP) a estimé qu'un seul foyer de FPA pourrait entraîner entre 254 et 364 millions d'euros de pertes pour les exportateurs français. Outre l'introduction du virus via les sangliers sauvages ou les porcs domestiques, il convient de souligner par ailleurs, la possible introduction du virus par des aliments contaminés, dit risque « sandwich », qui permettrait à la FPA de faire un bond de plusieurs centaines de kilomètres depuis les pays du Centre de l'Europe où cette maladie sévit. Les territoires d'outre-mer des Antilles sont également exposés, car Haïti et la République Dominicaine sont infectées. Dans ce contexte, le plan national d'action de prévention de l'introduction et de la propagation de la PPA a été rénové en décembre 2023 en lien avec les parties prenantes professionnelles. À ce jour, les principales mesures déployées et mises en oeuvre de ce plan sont les suivantes : - le renforcement des mesures de biosécurité en élevage, avec notamment la réalisation tout au long de l'année 2025 d'audits volontaires de biosécurité porcine pris en charge par l'État. Ces audits ne se substituent pas aux contrôles officiels de biosécurité menés chaque année par les agents de l'État, mais constituent un outil visant à permettre aux éleveurs d'évaluer leur niveau de biosécurité. L'objectif est de pouvoir déployer des actions ciblées pour renforcer la biosécurité des élevages en cas de niveau de biosécurité faible ; - le soutien aux travaux de recherche menés par l'agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses-Ploufragran, laboratoire national de référence pour la FPA) sur un candidat vaccin prometteur contre la FPA administrable par voie oro-nasale et par voie intramusculaire ; - le renforcement de la surveillance SAGIR, réalisée par l'office français de la biodiversité (OFB) en collaboration avec les chasseurs, chez les sangliers sauvages dans les départements limitrophes avec l'Allemagne. Ce niveau est déjà renforcé dans certains départements de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, limitrophes avec l'Italie, dans les deux départements de Corse, à La Réunion et à Mayotte. Par ailleurs, la direction générale de l'alimentation (DGAL) finance également l'OFB des programmes pour développer d'autres méthodes de détection des cadavres de sangliers sauvages comme la recherche par des chiens et l'utilisation de drones équipés d'une caméra thermique ; - la finalisation du plan national conjoint entre le ministère chargé de l'agriculture et le ministère de la transition écologique relatif à la régulation des populations de sangliers pour reduire la population des sangliers et prévenir la propagation de la PPA ; - la coopération transfrontalière avec l'Italie et l'Allemagne ainsi que la diplomatie sanitaire avec des pays tiers pour limiter les embargos commerciaux ; - la préparation à une situation de crise, avec notamment : - un renforcement des moyens humains avec le recrutement de six référents nationaux en gestion de crise sanitaire en santé ; - une formation continue des vétérinaires sanitaires sur la FPA, en particulier dans les régions frontalières de l'Allemagne et de l'Italie ; - une politique continue d'exercices des services du ministère ; - un marché public en place pour les opérations de dépeuplement des élevages infectés ; - un marché type pour la pose, la maintenance et la dépose de clôtures, transmis aux directions régionales de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt (DRAAF) pour être décliné régionalement ; - la conduite d'un plan média national au cours du second semestre 2024 et reconduit en 2025 avec des publications dans la presse cynégétique et celle dédiée aux transporteurs, des diffusions en digital de spots audio et vidéo. La communication et les appels à la vigilance ont été relayés par des affiches et des flyers auprès de différents publics cibles : éleveurs, chasseurs, travailleurs saisonniers expatriés, transporteurs routiers et voyageurs internationaux, grand public. Le Gouvernement reste pleinement impliqué dans la prévention de l'introduction de la FPA en étroite collaboration avec tous les acteurs nationaux impliqués (interprofession porcine, OFB, chasseurs, Anses,. etc.) et avec les autorités compétentes des pays limitophes infectés.
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