CHAPITRE III
La nécessité de la recherche
On
assiste dans ce domaine à une véritable offensive dans toutes les
directions des Etats-Unis. Cette action est menée par les grandes
entreprises mais aussi par une multitude de petites entreprises et par les
universités, aussi modestes que celles-ci puissent apparaître.
L'orientation est très claire : il faut absolument que l'Union
européenne et la France puissent rester dans la compétition
mondiale qui vient à peine de s'amorcer mais qui se dessine très
nettement. Cette exigence est très forte dans le domaine de la
génomique où nous évoquerons la position et les atouts de
notre pays. Le panel des citoyens l'a bien compris en déclarant que
" le gouvernement doit augmenter les moyens de la recherche publique en
France afin que notre pays ne prenne pas de retard vis-à-vis des autres
pays et que les autorités publiques puissent assumer efficacement leur
mission de décision et de contrôle ".
A - Rester dans la compétition mondiale
Le domaine où se jouera cette compétition mondiale est très clairement identifié : c'est celui de la connaissance et du fonctionnement du génome qui nécessitera le développement d'outils nouveaux dont font partie les puces à A.D.N. La compétition mondiale se joue aussi dans le domaine des brevets dont les procédures de délivrance ne sont pas indifférentes à la compétitivité de ce secteur qui se caractérise de plus en plus par les performances des petites structures.
a - La connaissance et le fonctionnement du génome
Les
dirigeants de Monsanto rencontrés au cours de ma mission aux Etats-Unis
ont attiré mon attention sur le fait que l'on pouvait faire un
parallèle entre le développement des connaissances dans le
domaine de l'informatique et celui de la connaissance des gènes.
Tout le monde se souvient sans doute en effet qu'en 1965, Gordon Moore
prédisait que la puissance des puces de silicium doublerait tous les
dix-huit ou vingt-quatre mois. Ce phénomène, maintenant connu
sous le nom de " Loi de Moore ", s'est confirmé et a
été illustrée par la courbe très fortement
ascendante de la croissance et de la valeur économique de l'industrie
électronique.
Les dirigeants de cette entreprise ont, modestement, baptisée
" loi de Monsanto ", le fait que la capacité actuelle
d'identification et d'utilisation des informations génétiques
doublerait tous les douze-vingt-quatre mois.
Les deux graphiques illustrant ces deux phénomènes mis en
parallèle sont en effet assez démonstratifs :
Actuellement l'approche de la recherche dans ce domaine devient très
intégrative. Elle vise en effet à replacer les gènes dans
un contexte fonctionnel et organisationnel au niveau des grandes fonctions de
l'organisme, qu'il s'agisse de micro-organismes ou d'organismes
supérieurs comme les animaux ou les végétaux.
Quatre grands domaines semblent devoir plus particulièrement être
explorés:
- La génomique fonctionnelle
Elle doit intégrer les connaissances élémentaires des
génomes pour mieux en connaître le fonctionnement, la structure et
la dynamique. Elle doit aussi préparer les applications technologiques
à hautes performances qui s'annoncent et dont il sera plus
particulièrement question dans le prochain paragraphe,
c'est-à-dire les criblages à haute densité sur puces
à A.D.N.
Trois axes ont été identifiés comme fondamentaux dans ce
domaine :
- la maîtrise des gènes : il faut apprendre à les
connaître, à les assembler pour pouvoir créer des
variétés végétales plus performantes,
- la préservation des gènes : il faut préserver la
biodiversité, réservoir des modifications
génétiques du futur,
- la maîtrise microbiologique : il faut se rendre maître des agents
pathogènes, notamment dans les processus de transformation et de
conservation des produits, secteurs où les agents microbiologiques
jouent un rôle majeur.
- La biochimie structurale des macromolécules biologiques
L'objectif est ici d'associer des structures tridimensionnelles à des
fonctions spécifiques. Les technologies nouvelles comme l'imagerie
à résonance magnétique (I.R.M.), la spectrographie de
masse, la diffraction de rayons X ou de rayonnement synchrotron sont maintenant
accessibles aux biologistes. Ces techniques permettent d'approcher les
dynamiques des assemblages de ces macromolécules.
- L'étude des grandes fonctions des organismes
Elle concerne principalement la biologie du développement, la
neurobiologie et la physiologie.
Dans ces domaines la souris va tenir une place éminente parmi les
modèles expérimentaux. Compte tenu des avancées
très importantes dans la modification contrôlée du
génome de ce mammifère, on peut prévoir le
développement d'une génétique dont l'ampleur et
l'intérêt sont sans doute comparables à ceux qu'a connu la
génétique de la drosophile dans les années 1930.
- La physiologie et la physiopathologie des micro-organismes
Ce domaine devrait être largement irrigué par le décryptage
des génomes des micro-organismes dont les principales retombées
devraient se faire dans le domaine du développement de nouveaux agents
thérapeutiques.
b - Une technologie d'avenir : les puces à A.D.N.
Un des
indices de l'importance de cette technologie réside sans doute dans le
fait qu'il ne m'a jamais été possible, lors de mes missions
préparatoires à ce rapport, de me faire présenter
matériellement ces fameuses puces par les entreprises qui mènent
une recherche très active dans ce domaine.
Comme le note MM. Michel Bellis et Pierre Casellas dans le numéro de
novembre 1997 de la revue " Médecine/ Sciences ", " la
puce à A.D.N. est une méthode révolutionnaire pour
identifier et doser les constituants d'un mélange complexe d'A.D.N. ou
d'A.R.N. grâce à l'hybridation en parallèle sur une
centaine de milliers de microsurfaces greffées avec des sondes. Le
développement industriel des puces à A.D.N. repose sur la
combinaison des techniques de la micro-électronique, de la chimie, de la
biologie moléculaire et de l'informatique. Leurs applications concernent
tous les domaines de la génétique médicale, du
séquençage du génome, à la recherche de mutations
responsables de maladies génétiques et au développement de
nouveaux médicaments.
La figure suivante extraite de la même revue ainsi que le texte
explicatif, montre le schéma d'une puce à A.D. N. :
" Les oligonucléotides ou polynucléotides
simple
brin greffés sur la puce constituent les sondes dont le rôle est
de détecter les cibles complémentaires, marquées par
fluorescence, présentes dans le mélange complexe à
analyser. Les sondes sont, soit déposées par une tête
d'impression commandée par un robot, soit synthétisées
in situ
, uniquement pour les oligonucléotides.
L'élément matériel principal de la puce à A.D.N.
est l'unité d'hybridation (UH) qui a une adresse connue sur la puce et
qui correspond, par exemple, à un gène indexé dans un
catalogue. Après hybridation et lavage, le signal moyen de chaque
unité d'hybridation est enregistré grâce à un
microscope confocal. Enfin le traitement numérique du signal permet
d'établir la concentration exacte des cibles. "
Comme le notent ces auteurs, " [...] la puce à A.D.N. en tant
qu'objet technologique est le résultat dans sa forme la plus simple, du
mariage des techniques de miniaturisation propres à l'informatique et de
la chimie des nucléotides. "
Les applications actuelles de ces puces sont les suivantes :
- séquençage par hybridation : c'est l'une des applications les
plus en pointe et un moteur de développement de ces puces,
- profil d'expression d'A.R.N.m,
- criblage de mutations.
Le marché des puces à A.D.N. est largement dominé par les
firmes américaines Affymetrix, développant la technique de la
photolithographie, et Synteni, utilisant le micropipetage.
Mais un grand nombre de sociétés s'y intéressent et
essaient de développer des solutions alternatives concernant certains
segments de la technologie, notamment la détection et le traitement du
signal. On ne peut que se féliciter de constater que deux filiales du
Commissariat à l'énergie atomique, CIS bio et le Laboratoire
d'électronique et d'instrumentation (L.E.T.I.), soient très
présentes en association dans ce domaine avec une technologie originale,
l'adressage électrochimique.
Il y a un accord unanime pour considérer que les quelques
réalisations déjà effectuées par ces puces
illustrent leurs immenses potentialités auxquelles il est prédit
un avenir qui serait semblable à celui de la P.C.R.
Il me semble qu'il est tout à fait souhaitable que l'exemple de CIS bio
et du L.E.T.I. soit suivi par d'autres entreprises françaises afin de
pouvoir détenir sinon l'ensemble, tout au moins une partie, du savoir
faire en la matière. L'emploi de ces techniques seront certainement dans
l'avenir routinier, à l'exemple actuel des techniques de P.C.R. Il ne
faut pas oublier que le brevetage systématique de ces techniques permet
d'envisager des retours sur investissements.
Les recherches pour accélérer la connaissance des
différents génomes conduisent à mettre à
contribution l'industrie de l'informatique dont certaines entreprises se
rapprochent des acteurs de la filière agrochimique. Il en est ainsi par
exemple de l'accord conclu entre Monsanto et I.B.M., cette dernière
apportant une nouvelle génération d'algorithme d'analyse des
génomes. Il se crée ainsi une nouvelle branche commune à
l'informatique et à la biologie, la bio-informatique.
c - Le problème de la brevetabilité
Pendant
des années, on a pu penser que les génomes échappaient
à la protection par brevets, les arguments reposant en
général sur la non brevetabilité du vivant. Il est de fait
que cette argumentation s'est progressivement affaiblie. C'est ainsi
qu'à partir de 1980 et la décision " Chakrabarty " de
la Cour suprême des Etats-Unis on a breveté des espèces
végétales, puis des micro-organismes et même des
espèces animales, en l'occurrence des souris oncogènes.
Le problème de la brevetabilité des résultats de la
recherche en biotechnologie s'est posée de façon de plus en plus
aiguë au fur et à mesure que la lourdeur des investissements
s'accroissait et que la concurrence s'exacerbait entre tous les protagonistes
de cette recherche. Ce mouvement peut s'expliquer par le fait que le brevet
accorde un droit exclusif à exploiter une invention pendant un laps de
temps déterminé, ce qui permet au détenteur de ce droit de
pouvoir espérer rentabiliser ses investissements.
L'importance des brevets concernant les plantes transgéniques peut se
mesurer avec ce diagramme extrait d'une publication de l'I.N.I.S.T. de Nancy :
On voit qu'à partir de 1987, les brevets concernant les plantes
transgéniques " décollent " littéralement pour
devenir le premier secteur de publication de brevets.
Ce problème de la brevetabilité dans le domaine des
biotechnologies est actuellement un problème de tout premier plan pour
les industries semencières et agro-chimiques comme me l'ont
confirmé tous mes interlocuteurs responsables d'entreprises de ce
secteur.
On ne se livrera pas dans ce paragraphe à une analyse
détaillée des systèmes de protection des inventions
biotechnologiques. On évoquera seulement deux points : la position
européenne et le problème de la comparaison des situations
européenne et américaine en la matière.
- La position européenne
Le Parlement européen vient enfin, après dix ans de discussions,
d'adopter un texte sur la protection juridique des inventions
biotechnologiques. Le texte fait la distinction entre
" découverte " et " invention ". Ainsi un
gène en tant que tel n'est pas brevetable car ce n'est pas une
découverte. Mais le même gène est brevetable s'il est
isolé et cloné, par exemple dans un micro-organisme pour
fabriquer une protéine recombinante, car il s'agit alors d'une
invention. Comme pour tous les brevets, il faut aussi que la faisabilité
de l'invention soit démontrée et que les modalités de sa
mise en oeuvre soient décrites.
L'ensemble des dispositions adoptées par le Parlement européen
rapproche de façon assez sensible les positions européennes de
celles en vigueur aux Etats-Unis. Mais un certain nombre de différences
subsistent et représentant un avantage pour nos concurrents
américains comme me l'ont exposé notamment les responsables de la
coopérative Limagrain.
- La comparaison des situations européenne et américaine.
Avant d'évoquer les situations comparées des deux ensembles, on
notera la prédominance des Etats-Unis dans le domaine des plantes
transgéniques comme le montre le tableau élaboré
d'après la publication de l'I.N.I.S.T. déjà citée
:
|
Etats-Unis |
Europe |
Japon |
Reste du Monde |
total |
Brevets
publiés
|
49 % |
31 % |
14 % |
6 % |
100 |
En
matière de brevets deux problèmes font difficulté : une
opposition sur le caractère brevetable des variétés
végétales et des séquences de gènes; l'existence de
dispositions juridiques et de procédures plus efficaces pour les
industriels américains dans les domaines soumis au brevet.
Une opposition sur le caractère brevetable des variétés
végétales et des séquences de gènes
En Europe, les variétés végétales ne sont pas
brevetables mais sont soumises au régime de protection du certificat
d'obtention végétale (C.O.V.). Ce mécanisme garantit
l'exemption de recherche c'est-à-dire l'accès au patrimoine
génétique comme source d'enrichissement de la sélection
variétale.
Aux Etats-Unis, le choix est notamment offert entre une protection de type
C.O.V., le
Plant variety protection certificate
, et une protection par
brevet d'invention, l'
Utility patent
. Ce dernier est utilisé de
façon croissante par les industriels américains pour s'opposer au
privilège de l'agriculteur et à l'exemption de recherche. Cela
leur permet ainsi d'interdire l'utilisation du produit breveté à
des fins de recherche. Cette interdiction porte sur l'ensemble du génome
d'une variété brevetée ou contenant un gène
d'intérêt breveté. Cela empêche aussi finalement de
ce fait d'améliorer des invention brevetées, source
indéniable de progrès.
Il faut noter à cet égard que les Etats-Unis étant le seul
pays à présenter cette exception, il semble indispensable
d'obtenir sur ce point une harmonisation internationale dans le cadre des
futures négociations de l'Organisation mondiale du commerce.
Un autre problème réside dans le fait qu'aux Etats-Unis, le
critère d'
utility
, que l'on peut traduire par
" applicabilité industrielle " ne semble pas suffisant pour
faire obstacle à la brevetabilité de séquences d'A.D.N.
même si leur rôle est uniquement de servir de sonde de recherche.
Par contre l'Europe s'en tient au fait qu'un gène n'est brevetable que
si l'on en décrit la fonction.
Cette formulation semble bien en effet exclure du champ de la
brevetabilité les séquences dont l'utilité se limite
à être des outils de recherche sans finalité clairement
exposée, cette position étant motivée par le souci de ne
pas décourager la recherche en instituant une sorte de
" sous-brevet " qui contraindrait le véritable inventeur.
Il convient de noter que ces deux limitations à la brevetabilité
du matériel végétal et des inventions biotechnologiques
ont été récemment réaffirmées par la
profession semencière française.
L'existence de dispositions juridiques et de procédures plus efficaces
pour les industriels américains dans les domaines soumis au brevet
- Le droit au brevet
Il y a là une différence fondamentale puisque le droit
américain accorde un brevet au premier inventeur
(
first-to-invent
) alors que l'Europe et le reste du monde
confèrent le droit au premier déposant (
first-to-file
).
- Le délai de grâce
Celui-ci m'a été très souvent signalé par mes
interlocuteurs comme constituant un avantage important pour les demandeurs
souhaitant une protection par brevet aux Etats-Unis, et donc, au premier chef,
pour les industriels américains.
Ce système permet le dépôt d'une demande de brevet bien
qu'une publication ait été réalisée
antérieurement à cette demande. Même si ce délai est
limité à un an, il constitue un avantage certain par rapport
à la situation européenne où une telle publication
antérieure est destructrice du brevet en général.
Cette situation apparaît d'autant plus avantageuse que les chercheurs
sont de plus en plus incités à publier très rapidement
leurs découvertes et leurs travaux compte tenu du climat d'intense
concurrence qui s'est installé dans ce secteur de la science.
- La publication des demandes de brevets
Les demandes de brevets sont en règle générale
publiées en Europe dix-huit mois après leur dépôt.
Aux Etats-Unis celles-ci ne sont publiées qu'après la
délivrance du brevet. Jusqu'à la délivrance la demande
reste donc secrète, ce qui constitue pour les industriels
européens un handicap majeur en matière de veille technologique
et concurrentielle.
- La durée de la procédure
En Europe, la procédure de délivrance est en moyenne plus longue
qu'aux Etats-Unis : de quatre à cinq ans contre deux à trois ans.
Il s'avère au total que la délivrance d'un brevet est, aux
Etats-Unis, très facilitée par rapport à la situation
prévalent en Europe, ce qui désavantage l'industrie
européenne dans sa globalité. Cette situation amène ainsi
un certain nombre d'entreprises européennes, dont des françaises,
à présenter des demandes de brevets aux Etats-Unis. C'est ainsi
qu'en 1996 sur les 4 844 brevets accordés, le
Patent and trademark
office
(P.T.O.) a accepté 149 demandes d'origine française.
Il me semble donc nécessaire que l'Europe, sans renoncer à ses
principes éthiques et à un certain nombre de dispositions comme
le C.O.V., puisse affronter ses concurrents d'Outre-Atlantique à armes
égales.
Il sera indispensable de poser ce problème à l'échelon de
l'Organisation mondiale du commerce. Dans cette enceinte, la plus grande
vigilance devra être observée pour que les solutions visant
à obvier à ces déséquilibres ne se fassent pas au
détriment des intérêts européens et encore moins de
ses principes éthiques.
Au delà des différences de procédures et de
législation entre les Etats-Unis et l'Europe, il semble, comme vient de
le signaler le Conseil économique et social, qu'il y ait un
problème en France d'utilisation de cette arme
essentielle, stratégique, qu'est le brevet dans la
compétition internationale. Il semble indispensable que cette situation
change :
elle exige peut-être une réforme de notre
système d'attribution de ces brevets ainsi certainement qu'un
abaissement du coût d'établissement ainsi qu'une obligation de
publier les séquences.
d - Le problème des structures de recherche
J'ai
déjà évoqué ce problème en soulignant qu'aux
Etats-Unis la recherche de pointe en biotechnologie est de plus en plus le fait
de petites entreprises créées à l'initiative de chercheurs
indépendants ou enseignants d'une Université. Ce type de
structure présente l'avantage de permettre une grande liberté de
recherche et d'inventivité, éléments indispensables pour
permettre des percées conceptuelles.
Il est patent que ce type d'entreprise a toujours eu du mal à
s'implanter en France. Outre les raisons avancées par M. Alain Coleno et
rappelées
supra
, les causes de cette situation sont assez bien
connues : moindre goût du risque en France qu'aux Etats-Unis, existence
des grands organismes de recherche, moindre influence des universités de
ce fait en France par rapport aux Etats-Unis et enfin difficultés
propres au statut d'un certain nombre de candidats potentiels à la
création de ces entreprises.
La moindre appétence pour le risque ne peut certainement pas être
supprimée du jour au lendemain, mais un certain nombre de mesures
peuvent être prises afin de remédier à certains des
blocages existants.
C'est le sens des mesures que le Premier ministre vient d'annoncer en
déclarant aux récentes Assises de l'innovation qu'" une
politique de l'innovation doit s'accompagner d'une modification profonde des
relations entre l'Etat et les acteurs du processus de production et de
création ", M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat à
l'industrie déclarant, quant à lui, qu'il n'y a " pas
d'esprit d'entreprise sans goût du risque et sans
rémunération ". M. Claude Allègre, ministre de
l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie a
annoncé, lors de son audition, qu'une loi serait présentée
à la fin de l'année 1998 au Parlement afin de " faciliter
pour les chercheurs la création d'entreprise, la participation aux
conseils d'administration des entreprises et d'une façon
générale la modification du statut des chercheurs, car,
actuellement nous sommes dans une situation absurde ".
Concernant la rémunération des capitaux, le gouvernement a
déjà engagé trois initiatives : nouveau régime
des reports d'imposition des plus-values réinvesties dans les P.M.E.
innovantes, bons de souscription des parts de créateur d'entreprise et
statut fiscal favorable des contrats dits " DSK ".
D'autres mesures destinées à encourager la prise de risques ont
été envisagées :
- possibilité pour les chercheurs de partager leur temps entre
laboratoires privés et publics;
- mise en place d'un fonds d'amorçage d'un montant annuel de 100
millions de francs intervenant sur la phase initiale des projets innovants
avant le recours au capital-développement;
- reconduction sur cinq ans des crédits d'impôt recherche; nouveau
statut des actions à statut privilégié, dites
stock
options
;
- extension du système de bons de souscription des parts de
créateurs d'entreprise aux entreprises de moins de quinze ans, contre
moins de sept ans aujourd'hui.
Certes ces mesures ne bénéficieront naturellement pas qu'aux
entreprises de biotechnologie. Elles seront cependant peut-être
susceptibles, à terme, de modifier dans un sens positif le paysage de ce
secteur et encourager fortement la création de ces entreprises
innovantes qui font cruellement défaut à notre pays.
Il convient maintenant d'examiner la situation de la France dans ce secteur
hautement stratégique de la génomique.