IV. Audition de M.
Gérard Aschieri,
Secrétaire national du syndical national des
enseignants du second degré (SNES)
A titre liminaire, M. Gérard Aschieri a souligné que les prises de position du SNES ne concernaient que les aides éducateurs embauchés par un établissement du second degré.
A l'origine, 70 % des aides éducateurs travaillaient dans les écoles primaires et 30 % d'entre eux étaient recrutés dans les collèges et les lycées ; actuellement, cette proportion s'est modifiée en faveur du cycle secondaire qui emploie désormais 40 % des 66.000 aides éducateurs.
Si les aides éducateurs correspondent bien à des besoins " non satisfaits ", ils sont loin de correspondre toujours à des " besoins émergents ".
Il est apparu des phénomènes de substitution à des emplois existants, -rarement totale mais souvent partielle-, concernant notamment les emplois de maître d'internat et surveillant d'externat (MISE), ainsi que les emplois des personnels administratifs et sociaux.
Trois catégories d'activités émergentes peuvent être dégagés :
- les nouvelles technologies de l'information et de la communication (NTIC) : peu de personnel qualifié était présent dans les établissements scolaires en ce domaine ;
- l'aide à la documentation : l'aide documentaliste risque parfois de se substituer au documentaliste lui-même ;
- l'ingénierie de projet, c'est-à-dire l'accompagnement d'un projet de développement au sein d'un établissement.
Les personnels permanents des établissements scolaires ont perçu positivement l'arrivée de personnel supplémentaire mais certaines catégories d'agents, notamment les MISE, vivent très mal la concurrence que font peser sur eux les aides éducateurs.
Le SNES constate que les aides éducateurs sont satisfaits d'avoir un emploi et ont le sentiment de l'utilité de celui-ci, mais très peu pensent pouvoir rester sur leur poste au-delà des cinq ans réglementaires.
Le taux de " turnover " parmi les aides éducateurs est évalué de 10 à 15 % : il ne s'agit pas uniquement de démissions dues à un échec mais souvent de départs d'aides éducateurs qui ont trouvé un autre emploi plus motivant.
Le remplacement des aides éducateurs démissionnaires soulève un réel problème de formation : en effet, ce sont souvent les jeunes les plus qualifiés qui quittent le plus rapidement leur poste ; ils sont remplacés par des jeunes souvent moins qualifiés mais pour lesquels la durée de la formation ne peut s'étendre que sur deux ou trois ans au maximum, soit une durée bien inférieure aux cinq ans de formation ouverts à ceux qui étaient entrés dans le programme dès son ouverture.
Le ministère de l'Education nationale a mené une politique active de recherche d'emploi pour les aides éducateurs en passant des accords avec des entreprises telles que Air France ou le groupe Accor. Mais les débouchés semblent insuffisants au regard du nombre d'aides éducateurs dont l'emploi ne devrait pas être pérennisé.
Plus globalement, le ministère de l'Education nationale ne se préoccupe pas assez des débouchés à offrir, en son sein, aux aides éducateurs. Dans l'hypothèse où un aide éducateur sur deux seulement resterait jusqu'au bout, ce serait près de 33.000 jeunes qui devraient trouver un nouvel emploi à l'issue des cinq ans. La sortie du dispositif de 50 % des emplois-jeunes qui n'ont pas vocation à être pérennisés est une préoccupation réelle pour l'Education nationale qui s'inquiète de l'avenir du dispositif.
La formation est un fort sujet de mécontentement des aides éducateurs qui critiquent, d'une part, leur manque de temps pour se former et, d'autre part, l'inadaptation des enseignements assurés par les organismes de formation, voire l'absence de mise en place de formations adaptées par les universités.
Le problème est compliqué par le fait qu'un tiers des aides éducateurs souhaiterait s'orienter dans le secteur du travail social : or, dans ce secteur, les formations sont limitées par un numerus clausus et les débouchés sont réduits dans la mesure où ces postes devraient être réservés prioritairement aux emplois-jeunes des associations et des collectivités locales.
D'une manière générale, le SNES estime que l'encadrement des aides éducateurs, laissé à l'initiative du chef d'établissement, est insuffisant. Les aides éducateurs souffrent souvent d'être des salariés de droit privé dans une structure où les personnels sous statut de droit public sont largement dominants. Les aides éducateurs se plaignent parfois d'un manque de considération qui les conduit à leur faire jouer le rôle de " bouche-trou " ou à gérer leur emplois du temps dans une relative improvisation.
Le SNES souhaite l'arrêt du recrutement de nouveaux aides éducateurs et la transformation des postes existants en emplois statutaires, soit en emplois déjà existants (MISE), soit en emplois totalement nouveaux.