III. Audition de M. Jean
Rogue,
Directeur de la mission ressources humaines de l'Union nationale des
Fédérations d'organismes d'habitations à loyer
modéré (UNFO-HLM), accompagné de M. Didier Poussou,
chargé de mission pour les emplois-jeunes
L'accord signé le 19 janvier 1998 entre l'Etat et l'UNFO-HLM sur le développement des services et de l'emploi associe deux volets : l'aménagement et la réduction du temps de travail et le recrutement d'emplois-jeunes. Cet accord prévoit 5.000 créations d'emplois en trois ans.
L'accord détermine quatre domaines d'activités des emplois-jeunes :
- la permanence du service,
- le service personnalité,
- l'accompagnement social,
- le développement économique et social.
L'UNFO-HLM a également mis en place un dispositif d'appui aux organismes pour aider à la création des emplois-jeunes. Ce dispositif, qui a représenté un investissement d'environ 1 million de francs, comprend :
- une cellule d'appui, en liaison avec les associations régionales,
- une campagne d'information,
- un service " SVP " aux organismes,
- une aide directe aux organismes,
- la fourniture d'outils méthodologiques (guide Emplois-jeunes, guide A.R.T.T., guide Médiation).
Le premier bilan des emplois-jeunes dans le mouvement HLM apparaît satisfaisant. 2.800 emplois-jeunes ont été conventionnés (1.000 par des offices publics, 1.000 par des OPAC et 800 par des sociétés anonymes). L'objectif de 5.000 créations d'emplois devrait être atteint à la fin de l'année, 1.500 emplois ayant été créés du fait de la réduction du temps de travail.
Les activités effectivement exercées s'articulent principalement autour de métiers de proximité. Elles se répartissent de la manière suivante :
- permanence du service : 30 % des emplois,
- service personnalisé : 60 % des emplois,
- accompagnement social : 8 % des emplois,
- développement économique et social :2 % des emplois.
Une enquête, que réalise actuellement l'UNFO-HLM avec le F.A.F. Habitat Formation (le Fonds d'Assurance Formation des acteurs de la ville), devrait permettre de mieux cerner les profils des jeunes recrutés. Il est toutefois dès à présent possible de préciser globalement leur niveau : environ 60 % sont de niveau BAC et au-delà.
La rémunération varie en fonction du poste tenu, les minima, en application des conventions collectives, étant de l'ordre du SMIC + 20 %.
Le développement de la formation, souvent limitée dans un premier temps à l'intégration dans l'entreprise et à l'adaptation au poste de travail, est tributaire de deux éléments : le financement et l'offre de formation.
Le financement, avec le concours financier des régions, selon des modalités diverses, repose essentiellement sur les organismes. Ceux-ci intègrent souvent leur personnel embauché sous contrat emplois jeunes dans leur plan de formation ; cette banalisation positive (l'emploi jeune étant considéré comme un salarié " comme un autre ") rend difficile l'appréciation de l'effort fourni. L'UNFO-HLM et les autres acteurs de la ville avaient proposé à l'Etat, à titre expérimental, que les fonds non consommés dédiés aux formations en alternance puissent servir à la formation des emplois-jeunes. Cette suggestion n'a pas été retenue. Un récent accord entre le F.A.F. Habitat Formation et l'Etat devrait permettre d'autres financements (budget spécifique du F.A.F. dont les moyens demeurent cependant très limités et concours du Fonds social européen).
Dès le départ l'UNFO-HLM a proposé aux organismes HLM, à travers son organisme de formation -l'AFPOLS-, à la fois des formations de tuteurs et des formations correspondant aux grands secteurs d'activité du mouvement HLM. Celles-ci, ainsi que d'autres formations de ce type développées en région par d'autres formateurs, demeurent à ce jour limitées. A cette approche globale les organismes semblent préférer une approche individualisée des cursus, variables selon les besoins et les profils des jeunes recrutés.
S'agissant de la pérennisation, l'UNFO-HLM se fixe pour objectif la pérennisation des emplois " pérennisables " et considère que les activités non pérennisables seront résiduelles. Près de 40 % des jeunes ont été directement recrutés en contrats à durée indéterminée Cette pérennisation doit se faire sans augmentation des loyers, le financement des nouvelles activités au bout des cinq ans devant être assuré par des gains de productivité liés à la nouvelle organisation du travail et par des ressources supplémentaires liées à l'activité des emplois-jeunes. Ainsi, les emplois-jeunes permettent de lutter contre la vacance, ce qui génère des loyers supplémentaires et permet alors le financement des emplois créés.
Il semble que les emplois-jeunes du secteur HLM ne doivent pas se préoccuper de leur avenir professionnel. Pour ceux dont les activités ne seraient pas pérennisables, le principe d'un reclassement interne dans l'organisme semble en effet envisageable.
Il faut toutefois souligner le problème spécifique rencontré par les offices publics. Ceux-ci étant des établissements publics administratifs, la seule voie possible de pérennisation est le concours.
Or, les concours ne sont pas forcément adaptés à l'expérience professionnelle des emplois-jeunes. En outre, à ce jour, le CNFPT n'offre aux emplois-jeunes la possibilité de suivre une préparation aux concours que si les organismes prennent en charge le financement de cette formation. La Fédération des offices dialogue avec le CNFPT pour que ces modalités soient revues ou assouplies.