3. Une « amitié inaltérable » avec la Chine ?
L ' excellence des rapports entre les deux pays a été célébrée en mai 2006, lors du 55 e anniversaire de l'établissement de relations diplomatiques entre les deux pays.
Cependant, le Pakistan n'a pas pu ne pas relever la prudence observée par Pékin lors de la crise de Kargil, en août 1999, qui lui a montré que l'amitié comportait des limites. La Chine, dont les relations avec l'Inde, ont été longtemps tendues, n'entend pas les aggraver en se mêlant de la situation du Cachemire. Le rapprochement entre les Etats-Unis et l'Inde amène , au contraire, Pékin à souhaiter améliorer ses relations avec Delhi pour éviter de se trouver isolé. Aussi les relations pakistano-chinoises ont-elles un contenu principalement économique. Pékin a notamment pris entièrement à sa charge la réalisation de la première phase de la construction du port de Gwadar. Celui-ci permettra de désenclaver les provinces du sud ouest de la Chine en leur ménageant un accès plus direct à la mer. Encore faudra-t-il que l'axe routier du « Karakorum », qui relie la Chine de l'ouest à Gwadar soit élargi et refait, et qu'un oléoduc soit construit. La Chine projette, en effet, d'édifier une raffinerie à Gwadar. Ces infrastructures offriront non seulement à la Chine mais à l'Asie centrale un accès précieux à l'océan.
Il a été prévu, d'autre part, d'encadrer les exportations chinoises, de produits de consommation qui déferlent sur le Pakistan dans la mesure où elles menaceraient l'industrie pakistanaise.
L'ARMÉE PAKISTANAISE, SES EFFECTIFS, SES ÉQUIPEMENTS Dès la fondation du Pakistan, en 1947, les forces armées en ont constitué la « colonne vertébrale ». Bénéficiant de la formation dispensée par le colonisateur britannique, ces forces sont soudées par une stricte discipline qui fait d'elles le point d'appui central du nouveau pouvoir. Ce rôle majeur ne s'est jamais démenti, même lorsque le pays a connu des périodes de pouvoir civil (Ali Bhutto, Bénazir Bhutto, Nawaz Sharif, notamment). Le coup d'Etat qui a porté le général Moucharraf au pouvoir en octobre 1999, après la déconfiture de Kargil au Cachemire, a renforcé la mainmise de l'armée sur le pays. Lors de son discours fondateur de janvier 2002, qui présentait les orientations de sa politique après l'intervention américaine en Afghanistan, le général Moucharraf s'était engagé à devenir un dirigeant civil et à abandonner l'uniforme. Cet engagement n'a pas été tenu. Les trois tentatives d'assassinat dirigées contre lui, et auxquelles des éléments subalternes de l'armée ont été mêlés, ont souligné la nécessité pour le chef de l'Etat de ne pas renoncer à sa légitimité de commandant en chef de l'armée. Les forces armées pakistanaises ont pour composante essentielle l'armée de terre, avec 500 000 hommes, effectif qui peut être doublé par une réserve de même importance. La marine compte 22 000 hommes et l'armée de l'air, 30 000. A ces forces régulières s'ajoutent 40 000 paramilitaires qui relèvent du ministère de l'intérieur. L'armée de terre reçoit environ 50 % du budget de la défense, et la marine et l'armée de l'air, 16 % chacune. Le budget militaire représente, officiellement, 20 % du budget de l'Etat. Pour l'année 2005-2006, il s'élevait à 3,73 milliards de USD. Cependant, ces chiffres ne comprennent ni les retraites militaires, ni les dépenses afférentes au programme nucléaire. L'intégration de ces éléments porte les dépenses militaires à un total de l'ordre de 30 à 40 % du budget de l'Etat. Plusieurs programmes d'armement conventionnel sont en cours entre l'industrie française et l'armée pakistanaise . La DCN (Direction des Constructions Navales) construit à Karachi un troisième sous-marin Agosta 90-B. Ses cadres ont été victimes, en 2002, d'un attentat qui a fait 11 victimes parmi eux. Deux autres Agosta du même type, construits en France, ont déjà été livrés. Au total, le Pakistan dispose de huit sous-marins, dont deux Agosta plus anciens, achetés d'occasion en Afrique du Sud, et de quatre Daphné français datant des années 1970. Le Pakistan souhaite se doter d'un sous-marin conventionnel de nouvelle génération, pour lequel la DCN est en concurrence avec l'Allemand HDW. S'agissant de l'armée de terre, la France a fourni au Pakistan 35 hélicoptères de transport PUMA dont seuls 8 sont encore en état de voler, du fait de leur ancienneté et de leur mauvais entretien. C'est ainsi que les PUMA n'ont pas rendu les services escomptés par les autorités lors du secours aux populations sinistrées par le séisme de l'automne 2005, ce qui a conduit à mettre en cause à tort les matériels livrés par la France. Les PUMA exigent une maintenance onéreuse : le coût d'une révision complète d'un appareil serait égal à celui de l'achat de quatre hélicoptères russes MI. Le Pakistan s'est doté, dans les années 1970, d'une importante flotte de Mirage III et IV, récemment complétée par des Mirages acquis d'occasion auprès des armées française, belge et libyenne. Au total, l'armée de l'air possède près de 300 Mirages, dont 240 en état de vol Elle s'en déclare très satisfaite. La société SNECMA assure, depuis une vingtaine d'années, l'entretien des moteurs, en s'appuyant sur des ouvriers pakistanais jugés compétents. Le Pakistan projette d'acquérir des avions dotés de capacités de ravitaillement en vol, pour lesquels Dassault est en concurrence avec un fournisseur sud-africain. Le pays se dote aujourd'hui d'un avion de nouvelle génération, le JF 17, en coopération avec la Chine. Une quinzaine de ces appareils monoplace devraient être livrés par le Chine au printemps 2007, et les autres seront construits au Pakistan à partir du printemps 2008. Les sociétés françaises Sagem et Thalès pourraient assurer l'équipement électronique de ces avions, sous réserve de l'autorisation de la CIEEMG (Commission interministérielle pour l'étude des exportations de matériels de guerre). Par ailleurs, le Pakistan a manifesté l'intention d'acquérir 80 F.16 américains, dont 15 ont été livrés. |