3. La stratégie chinoise de modernisation militaire
L'objectif prioritaire de Pékin est d'être en mesure de maîtriser tout conflit armé dans le détroit de Taïwan. Concrètement, il s'agit de se donner les moyens de :
- neutraliser les forces armées taïwanaises et les centres politiques et économiques vitaux de l'île avant que les Etats-Unis ne puissent réagir (ce qui explique que plus de 600 missiles chinois sont déployés en face des côtes taïwanaises) ;
- atteindre les bases américaines au Japon et à Guam afin de ralentir toute intervention de Washington ;
- détruire ou d'endommager suffisamment de bâtiments de la marine américaine dans cette zone pour rendre le coût de toute intervention américaine politiquement prohibitif.
Pékin souhaite également renforcer le contrôle de ses frontières. La frontière continentale s'étend sur 20 000 km, la frontière maritime sur 10 000 km. 14 pays sont frontaliers terrestres de la Chine et les pays voisins au nombre de 25. Les risques de conflits aux frontières ne sont donc pas négligeables. De plus, les frontières sont par nature poreuses. La Chine ne peut plus construire une Grande Muraille... La drogue et le crime organisé s'introduisent massivement dans ce pays. Pour les responsables chinois, il est donc indispensable d'accroître les moyens de surveillance frontalière.
En termes de stratégie globale et dans le cadre d'une doctrine « défensive », la Chine entend être en état d'intervenir sur des théâtres extérieurs proches pour y défendre ses intérêts nationaux s'ils sont menacés. C'est cet objectif qui conduit la Chine à moderniser ses forces armées et en particulier à améliorer ses capacités de projection dans son voisinage immédiat.