III. DES ÉCHANGES BILATÉRAUX FRANCE-JAPON RESTANT À DÉVELOPPER

Bien que proches à de nombreux égards, le Japon et la France n'entretiennent pas de relations économiques très poussées. La faute en revient en grande partie à notre pays : ainsi que l'a souligné devant la délégation l'ambassadeur de France au Japon, les entreprises françaises ne portent pas une grande attention au marché japonais et préfèrent se concentrer sur des partenaires considérés comme plus prometteurs comme les « BRIC » 21 ( * ) .

Il y a là une situation à laquelle il serait d'autant plus nécessaire et utile de remédier que le potentiel de développement de nos entreprises dans l'archipel nippon, où la France jouit d'une bonne image, paraît très prometteur.

A. DES RELATIONS FRANCO-JAPONAISES DÉSÉQUILIBRÉES AU PROFIT DU JAPON

1. Des liens commerciaux insuffisamment développés entre la France et le Japon

Le Japon est loin d'être parmi nos premiers partenaires économiques, et inversement. Le pays est en effet notre treizième client et notre onzième fournisseur , notre part de marché y étant est de 1,5 %.

En 2008, les exportations françaises vers le Japon se sont repliées de 3,1 %, en raison notamment au ralentissement de la croissance dans l'archipel. Cette baisse intervient toutefois après trois années 2005, 2006 et 2007 dynamiques, durant lesquels les exportations avaient cru.

« Seules » 10.000 entreprises françaises exportent vers le Japon, là où 20.000 le font vers les Etats-Unis et 25.000 vers l'Allemagne.

2. Une balance du commerce extérieur français déficitaire au profit du Japon

Due également au ralentissement de l'économie, la baisse de nos importations en 2008 en provenance du Japon, dont le montant est 1,7 fois supérieur aux exportations, permet à la France d'afficher un déficit commercial en légère réduction, confirmant ainsi la tendance à l'amélioration de notre solde commercial bilatéral observée depuis quelques années.

On notera que la Chine a dépassé le Japon, depuis 2001, comme premier fournisseur asiatique de la France, ce pays constituant également notre premier déficit bilatéral.

Avec 4,6 milliards d'euros, le Japon n'en reste pas moins notre septième déficit commercial , notre taux de couverture à son égard n'étant que de 57 %. Nous avons en effet, cette même année, exporté pour 5,7 milliards d'euros au Japon, mais importé pour 10,3 milliards.

3. Des investissements français au Japon importants mais une présence encore limitée

En 2007, la France est devenue le deuxième investisseur étranger au Japon en flux , derrière les Etats-Unis et ex-æquo avec le Royaume-Uni. En stock , la France arrive au troisième rang (9 milliards d'euros et 10 % du total), derrière les Etats-Unis et les Pays-Bas, mais devant tous les autres partenaires européens, notamment le Royaume-Uni (4 %) et l'Allemagne (3 %).

Si ces chiffres sont élogieux, ils ne se traduisent pas par une présence marquée de notre pays au Japon. Ainsi, L'investissement français y est principalement le fait de quelques grandes entreprises . Par ailleurs, « seuls » 8.000 expatriés français vivent au Japon, tandis qu'ils sont 45.000 japonais à vivre en France.

Une étude récente 22 ( * ) a mis en évidence la forte dominance des secteurs industriel et financier . Le secteur manufacturier (50 % du total) comprend les industries de transport et de l'aéronautique (Air France et Michelin, présents depuis plus de 30 ans) ou les grands groupes automobiles (Renault et Peugeot, mais également les équipementiers Valeo et Faurecia), les industries chimique et mécanique (Air Liquide et Sanofi-Aventis), les industries du secteur du bâtiment et des travaux publics, de l'environnement et de l'énergie (Saint-Gobain, Total, Areva et Cogema). L'industrie agroalimentaire est une composante forte du secteur manufacturier au Japon, avec 12 % du total des implantations, et se caractérise par la présence de grands groupes industriels tels que Danone ou Lactalis.

Point important, un nombre croissant de partenariats a été noué entre entreprises françaises et japonaises dans des secteurs industriels comme l'automobile (Renault et Nissan), le nucléaire (Areva et Mitsubishi), le militaire (EADS, Eurocopter et Kawasaki), les énergies renouvelables (EDF et Mitsubishi)...

Le secteur de la finance et des services affiche 60 implantations (15 % du total). Les principales banques françaises sont présentes au Japon (BNP-Paribas, Société Générale, Calyon...) ainsi que l'assureur Axa. Avec près de 80 entités (dont des grandes marques de luxe et de cosmétique comme LVMH, Hermès, Chanel, Dior, L'Oréal), le secteur des biens de consommation (21 % du total des entités interrogées) reste très important.

La présence française dans le domaine des TIC demeure proportionnellement faible (39 implantations et 10 % du total) avec des grands groupes (Alcatel-Lucent, France Télécom, Oberthur Card Systems ...), mais aussi des PME innovantes et très spécialisées.

4. Une présence japonaise en France conséquente

En stock, les investissements directs du Japon en France représentent 3 % du total de ses investissements directs dans le monde, et 2 % de ceux réalisés en France. La France est la troisième destination des IDE japonais en Europe , après les Pays-Bas et le Royaume-Uni. Si la concurrence des pays d'Europe orientale et d'Asie dans l'attraction des IDE est forte, on constate peu de désinvestissements japonais en France.

400 entreprises japonaises sont présentes dans notre pays sur 650 sites représentant environ 55.000 emplois . Les secteurs les plus représentés sont l'automobile (35 % des entreprises), les TIC, la chimie et la plasturgie (9 %), l'industrie du verre (8 %), les services (7 %), le secteur de la santé (5 %), l'agroalimentaire (3 %) et la logistique (1 %). Le plus grand site industriel étranger en France, l'usine Toyota de Valenciennes, est japonais.

En 2007, 60 % des emplois générés par les entreprises japonaises en France sont des emplois industriels. Les fonctions commerciales arrivent en deuxième position (29 %), tandis que celle des services est orientée à la hausse. Les investissements japonais en France créent chaque année environ 1.500 emplois nouveaux , plaçant le Japon au quatrième rang des investisseurs étrangers dans notre pays.

* 21 Brésil, Russie, Inde et Chine.

* 22 Enquête filiale 2007 réalisée par la mission économique française au Japon auprès de 390 entités françaises.

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