C. DANS UNE ÈRE DE « BASSE PRESSION NUCLÉAIRE », LA POSTURE DE DÉFENSE DE LA FRANCE CONSERVE TOUTE SA PERTINENCE
1. Une dissuasion « strictement suffisante »
La posture de défense de la France est fondée sur le calibrage à un niveau de stricte suffisance de sa dissuasion. Elle démontre, par là même, qu'elle n'a pas de volonté agressive à l'égard d'Etats dotés ou non dotés, ses forces conventionnelles jouant un rôle « d'amortisseur » dans le mécanisme de la dissuasion.
Si l'on se fonde sur les estimations du rapport Schlesinger-Perry sur l'état actuel des arsenaux nucléaires (mai 2009), y compris les armes détenues en réserve et les armes dites tactiques :
- les Etats-Unis détiennent 9 400 têtes nucléaires ;
- la Russie 13 000 têtes nucléaires ;
- la Chine 400 têtes nucléaires ;
- la France 300 têtes nucléaires ;
- la Grande Bretagne 200 têtes nucléaires ;
- les autres (Inde, Pakistan, Israël) environ 300 têtes nucléaires ;
- soit un total de 23 600 armes nucléaires.
La France ne détient donc qu'un peu plus de 1 % du stock total.
La France n'a pas calibré sa défense comme une défense conventionnelle. Celle-ci, réduite à elle-même, serait « sous-dimensionnée » par rapport au besoin de sécurité de la France. Sa doctrine reste la dissuasion. Elle ne peut d'ailleurs changer de position par rapport à la loi de programmation militaire sans affaiblir la crédibilité de sa dissuasion globale. « La dissuasion nucléaire demeure un fondement essentiel de la stratégie nationale de défense. Elle est la garantie ultime de la sécurité et de l'indépendance de la France. Elle a pour fonction d'empêcher une agression d'origine étatique contre les intérêts vitaux du pays, d'où qu'elle vienne et quelle qu'en soit la forme » 72 ( * ) .
2. Une posture défensive
L'arme nucléaire comme arme de non-emploi calibrée selon la doctrine de la « stricte suffisance », dans les mains d'une puissance responsable et démocratique (la France comme membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies exerce des responsabilités éminentes pour veiller à la paix et à la sécurité dans le monde), reste légitime au stade du désarmement où nous sommes aujourd'hui.
Un pays comme la France ne menace personne. Sa défense est cohérente à partir de la dissuasion nucléaire. Face aux risques d'armes de destruction massive, la France doit maintenir cette dissuasion, d'essence défensive et conforme à l'article 51 de la Charte des Nations Unies.
* 72 Rapport annexé à la loi de programmation militaire pour les années 2009 à 2014 - paragraphe 1.3 : « les cinq grandes fonctions stratégiques ».