C. RÉPONSES DE L'AMBASSADE DE FRANCE AU BRÉSIL

1. L'éducation au Brésil en chiffres

a) Nombre d'inscriptions :

Éducation de base (équivalent primaire + secondaire) : 52,8 millions

- École maternelle : 6,8 millions

- Enseignement fondamental (équivalent élémentaire + collège) : 31,7 millions

- Lycée : 8,3 millions

- Enseignement spécialisé et adapté : 252 600

- Éducation des adultes : 4,7 millions

- Enseignement professionnel et technologique : 861 000

b) Nombre d'établissements d'enseignement :

Éducation de base : 197 468

- Publics : 161 783

- Privés : 35 685

2. Réponses au questionnaire

Question 1

a) Décrire succinctement l'architecture du système d'enseignement secondaire au Brésil. Existe-t-il l'équivalent du « collège unique » français ou, à défaut, quelles sont les différentes filières d'enseignement accessibles aux 11-16 ans ?

L'éducation de base au Brésil se structure de la façon suivante :

- Éducation de l'enfance (crèche + école maternelle) : de 0 à 5 ans.

- Enseignement fondamental : de 6 à 14 ans (premier cycle pour enfants âgés de 6 à 10 ans, et deuxième cycle pour enfants et adolescents de 11 à 14 ans (important décalage âge/niveau).

- Lycée ou enseignement moyen : de 15 à 17 ans (important décalage âge/niveau).

Il n'existe donc pas au Brésil l'équivalent du « collège unique » français. Le tableau suivant permet de comparer l'architecture des systèmes d'enseignement brésilien et français.

Brésil

France

3 ans

É d u c a t i o n d e b a s e

École maternelle

École maternelle

4 ans

5 ans

6 ans

Enseignement fondamental

École primaire

7 ans

8 ans

9 ans

10 ans

11 ans

Collège

12 ans

13 ans

14 ans

15 ans

Enseignement moyen

Lycée

16 ans

17 ans

Enseignement supérieur

Enseignement supérieur

La Loi sur les directives et les bases de l'éducation nationale n° 9394 du 20 décembre 1996 vise à assurer aux jeunes et aux adultes qui n'ont pu suivre une scolarité au début de leur vie une éducation prenant en compte leurs caractéristiques propres, leur âge, leurs intérêts et leurs conditions de vie et de travail.

b) Ce niveau d'enseignement a-t-il fait l'objet de réformes ou de débats récents ?

La Loi sur les directives et les bases de l'éducation nationale, institue l'enseignement obligatoire sur une durée de neuf ans à compter de l'âge de six ans. La mise en oeuvre de cette réforme constitue l'un des objectifs du Plan national de l'éducation (loi n° 10172/2001).

Dix ans plus tard, la loi n° 11274 du 6 février 2006 réforme l'enseignement fondamental dont la durée passe à neuf ans (sont inclus les enfants de 5 à 6 ans).

Avant 2006

Enseignement fondamental

(8 ans)

Âge

Après 2006

Enseignement fondamental

(9 ans)

Alphabétisation

5 à 6

1° série

1er Cycle

1 série

6 à 7

2° série

2 série

7 à 8

3° série

3 série

8 à 9

4° série

4 série

9 à 10

5° série

5 série

10 à 11

6° série

2 ème Cycle

6 série

11 à 12

7° série

7 série

12 à 13

8° série

8 série

13 à 14

9° série

Pour les autorités éducatives nationales, augmenter la durée de l'enseignement obligatoire est important pour deux raisons majeures : a) assurer aux enfants une année supplémentaire d'alphabétisation et de scolarité ; b) mettre en oeuvre au niveau national un mouvement favorisant l'évaluation et la réorganisation de l'enseignement fondamental afin de l'adapter à cette réforme.

Jusqu'en 2010, l'enseignement fondamental était la seule étape obligatoire de l'éducation brésilienne. Avec l'amendement constitutionnel n° 59 de 2009, la scolarisation des enfants est désormais obligatoire entre 4 à 17 ans, c'est-à-dire pour une durée de 13 ans. Les systèmes d'enseignement ont jusqu'à 2016 pour s'adapter et appliquer cet amendement.

c) Quelles autres politiques publiques visent les jeunes de cet âge (politiques urbaines notamment) ?

Le Ministère de l'Education a créé une série de programmes en vue d'améliorer l'efficacité du système éducatif :

- Financement de l'éducation de base (fonds de développement de l'éducation de base, FUNDEB)

Remplaçant le Fonds de fonctionnement, développement et valorisation de l'enseignement fondamental (FUNDEF) limité à l'enseignement fondamental, le FUNDEB finance l'ensemble de l'éducation de base : crèche, école maternelle, enseignement élémentaire, enseignement secondaire et éducation des adultes, ainsi que les autres modalités - éducation indigène, quilombos 9 ( * ) , enseignement spécialisé et adapté. Avec la création du FUNDEB, le gouvernement fédéral a multiplié par 17 l'apport financier complémentaire aux États fédérés et aux communes, soit 7,6 milliards BRL en 2010.

- Le salaire national minimal pour l'enseignement

Depuis janvier 2009, les enseignants de l'éducation de base (primaire et secondaire) constituent la seule catégorie professionnelle jouissant du droit constitutionnel à un salaire national minimal, d'un montant de 1024,67 BRL (445 € au taux de 2,3).

- Formation continue des professeurs d'enseignement fondamental

Ce programme dispense une aide financière aux universités fédérales pour la création de centres de recherche et de développement en matière éducative. Il propose des cours sur les apprentissages fondamentaux (lecture et écriture), ainsi que des formations en sciences exactes, en sciences humaines et sociales, en arts plastiques, en éducation physique et sur la gestion et l'évaluation en matière d'éducation.

- Plan national de formation des enseignants (réseau FREIRE)

Plus de 90 organismes publics (universités fédérales, d'États fédérés et instituts fédéraux) et associatifs, ainsi que l'Université ouverte du Brésil (UaB), coordonnés par la Coordination pour le Perfectionnement du Personnel de l'Enseignement Supérieur (CAPES, organisme public autonome rattaché au ministère de l'éducation), réservent 330 000 nouvelles places de licence aux enseignants travaillant hors de leur domaine de formation.

- Le programme national du livre scolaire

Il vise la distribution de matériel didactique afin d'améliorer la qualité de l'enseignement et de l'apprentissage. Jusqu'en 2005, seuls les élèves de l'enseignement fondamental, âgés de 6 à 14 ans, recevaient des livres scolaires du gouvernement fédéral, grâce au Programme national du livre scolaire (PNLD). En quatre ans, la distribution de livres a pu s'élargir au lycée. En 2009, l'ensemble des 7,2 millions de lycéens de l'enseignement public ont reçu des livres dans toutes les disciplines.

- FUNDESCOLA

Ce Fonds doit permettre d'améliorer la qualité de l'enseignement dans les écoles primaires et les collèges des régions Nord, Nord-Est et Centre-Ouest. Une attention particulière est accordée à l'enseignement en zone rurale, à l'apprentissage de la lecture et de l'écriture et à la formation pédagogique.

- Education inclusive

Pour la première fois en 2008, le nombre d'enfants handicapés inscrits dans des établissements publics d'enseignement général est supérieur à celui des inscriptions en établissements spécialisés.

- Evaluer afin de réorganiser le cursus de l'enseignement fondamental (examen Brésil)

Depuis 2005, l'Examen Brésil (Prova Brasil) permet d'évaluer les connaissances en mathématiques et en langue portugaise chez les élèves de 5 e et de 9 e année dans les établissements publics urbains (N.T. : ces deux années sont équivalentes en France aux dernières années du primaire et du collège). Les résultats servent à calculer l'IDEB et aident les écoles à reformuler leur cursus et leur projet pédagogique.

- Alphabétisation des enfants (examen Brésil junior)

L'Examen Brésil Junior (Provinha Brasil) est un outil permettant aux administrateurs des États fédérés et des communes, aux enseignants et aux chefs d'établissement de mesurer le degré d'alphabétisation des enfants de 8 ans.

- Suivi de la réussite scolaire par élève (EDUCACENSO)

Mis en place en 2007, il s'agit d'un système de collecte d'informations individuelles sur les élèves, les enseignants, les classes et les établissements dans tout le pays. Les informations sur la réussite scolaire et les résultats à l'Examen Brésil permettent de calculer l'Indicateur de Développement de l'Education de Base (IDEB), exprimé sur une échelle de 0 à 10. En 2009, ces informations ont été recueillies auprès d'une population de 52 millions d'élèves.

- Evaluation et définition d'objectifs par établissement (IDEB)

L'Indicateur de Développement de l'Education de Base (IDEB) mesure la qualité de plus de 60 000 établissements publics dans le Brésil. Pour la première fois des objectifs de qualité ont été fixés école par école. Une évaluation a lieu tous les deux ans. Les objectifs nationaux de 2005 et 2007 ont tous été atteints. Une amélioration de l'éducation de base peut être constatée à tous les niveaux : au niveau de l'enseignement fondamental (4 premières années d'enseignement, l'IDEB - moyenne nationale - est passé de 3,8/10 en 2005 à 4,2/10 en 2009).

- Transport scolaire et programme « chemin de l'école »

Les États fédérés et les communes reçoivent désormais du gouvernement fédéral une aide financière par élève, de la maternelle au lycée, habitant en zone rurale, afin de prendre en charge le transport scolaire. De plus, le gouvernement a mis en place le programme « Chemin de l'école », qui vise à rénover la flotte de véhicules de ramassage scolaire. Tous les nouveaux véhicules sont contrôlés par l'Inmetro, l'institut officiel de normalisation. 5721 cars ont été achetés, ce qui représente un investissement de 903 millions BRL. Dans les États d'Amazonas et du Para (région nord, Amazonie), où les déplacements se font essentiellement par voie fluviale, le gouvernement fera l'acquisition de bateaux-écoles.

- Alimentation scolaire

La restauration scolaire était limitée à l'école maternelle, à l'enseignement élémentaire et au collège. Elle est désormais élargie au lycée et à la crèche. Tous les élèves, qu'ils soient enfants, adolescents ou adultes, ont le droit à un repas par jour.

- Internet haut débit à l'école et programme PROINFO

Depuis 2008, le gouvernement fédéral installe l'internet haut débit dans les écoles publiques. Avant 2011, 55 000 établissements publics urbains seront connectés (42 600 à l'heure actuelle). En 2009, 84 000 laboratoires informatiques avaient été ouverts.

- Education à temps plein (Programme plus d'éducation)

Créé en 2008, le programme Plus d'éducation (Mais Educação), vise à mettre en place l'enseignement à temps plein (journée entière) 10 ( * ) , notamment dans les zones défavorisées. La seconde demi-journée est consacrée à des activités culturelles, sportives, récréatives et au soutien scolaire. En 2010, ce programme touche 10 000 établissements.

- Jeux olympiques de mathématiques et de portugais

Organisés par le ministère de l'éducation et par le ministère de la science et de la technologie depuis 2005, les Jeux olympiques de mathématiques ont mobilisé en 2008 près de 18 millions d'élèves de l'enseignement public. Cette même année, les premiers Jeux olympiques de portugais « Écrire l'avenir » ont eu six millions de participants.

- Programme d'amélioration et d'expansion de l'enseignement moyen (lycée)

Il vise à augmenter le nombre d'inscriptions dans l'enseignement secondaire, grâce à une formation continue des enseignants, la construction et la remise en état des écoles, l'achat d'équipements, de fonds bibliographiques et de matériel didactique et pédagogique.

- Crèches et écoles maternelles (ProInfancia)

Créé en 2007, le programme Enfance (ProInfancia) élargit le réseau d'établissements publics (crèches et écoles maternelles). A ce jour, 1,51 milliard BRL ont été investis pour construire 1722 nouveaux établissements.

Question 2

a) Fournir des éléments de diagnostic sur l'échec scolaire et l'inégalité des chances au Brésil

- Taux de réussite dans l'enseignement fondamental : 85,8 % (synthèse des indicateurs sociaux employés par l'Institut brésilien de géographie et de statistiques, IBGE, l'équivalent brésilien de l'INSEE, 17 septembre).

- Taux de réussite au lycée : 77 % (IBGE, Synthèse d'indicateurs sociaux).

- Taux de décrochage scolaire : 3,2 % dans l'enseignement fondamental et 10 % au lycée (IBGE, Synthèse d'indicateurs sociaux).

- Taux d'échec : 11 % dans l'enseignement fondamental, 13,1 % au lycée (taux les plus importants du Mercosur).

- Taux de scolarisation :

de 6 à 14 ans : 97,6 % (selon l'enquête nationale PNAD, 2009). Il s'agit moins d'un problème d'accès que de qualité de l'éducation et de décrochage chez les adolescents.

de 15 à 17 ans : seuls 50,9 % des jeunes de 15 à 17 ans fréquentent le lycée (PNAD 2009).

b) Quels sont les principaux déterminants de la réussite ou des difficultés des jeunes ?

Facteurs de réussite sociaux :

Les données de l'Enquête nationale sur les ménages réalisées par L'IBGE (Institut Brésilien de Géographie et de Statistiques 2009) montrent que le revenu familial est un élément déterminant de la scolarisation des jeunes.

Les conditions de réussite scolaires sont donc principalement liées aux conditions socio- économiques des enfants : les plus défavorisés n'ont pas accès à un autre enseignement que celui proposé par le gouvernement. Pourtant, ce sont les classes sociales les plus aisées ayant effectué leur scolarité dans des établissements privés qui auront accès à l'université publique (car mieux préparés à réussir le concours d'entrée).

Dans les régions les plus pauvres du pays, le nombre d'établissements restent insuffisants et ceux-ci sont souvent éloignés du domicile des enfants. Cela ne favorise pas la réalisation d'une scolarité satisfaisante et en règle générale, les adolescents les plus pauvres abandonnent leurs études très tôt, pour travailler et contribuer aux revenus de la famille.

En outre, les conditions de vie quotidienne difficiles (alimentation, logement, accès aux soins...) des plus défavorisés ne permettent pas la réalisation d'une scolarité dans de bonnes conditions.

Autres facteurs de réussite, liés au système éducatif :

Les services du ministère fédéral de l'éducation mentionnent en particulier les facteurs pédagogiques suivants : la formation des enseignants, l'organisation des établissements et la qualité de leurs administrateurs, la qualité des méthodes et du matériel pédagogique utilisés (principalement au cours de la période d'alphabétisation).

A signaler qu'en général, l'enseignement est de 4 heures par jour et les classes sont fréquemment en sureffectif (40 à 50 élèves).

c) Existe-t-il notamment de fortes différenciations en fonction de leur origine sociale, territoriale ou ethnique ?

Comme évoqué précédemment, l'inégalité des revenus est l'un des principaux déterminants du suivi de la scolarité ou de décrochage :

- Chez les 20 % les plus pauvres du Brésil, seuls 32 % des adolescents de 15 à 17 ans vont au lycée, contre 78 % chez les 20 % les plus riches.

- L'accès à l'école maternelle présente également des différences et est nettement supérieur chez les 20 % les plus riches.

- Outre les inégalités liées aux revenus, on constate des fossés entre les différentes régions du Brésil : dans le Nord (région amazonienne) et le Nord-Est, seuls 39,1 % et 39,2 % respectivement des 15-17 ans étaient inscrits au lycée en 2009 (enseignement public et privé confondus) ; 54,7 % dans la région Centre-Ouest et 60,5 % dans la région Sud-Est.

Question 3

a) Décrire les politiques d'éducation prioritaire et les politiques urbaines (ou leurs équivalents) mises en oeuvre. Quels sont leurs fondements, leur histoire, et les principaux débats dont elles font l'objet ?

Au niveau fédéral : le Plan de développement de l'éducation (PDE)

La politique du ministère de l'éducation s'exprime au travers du Plan de développement de l'éducation (PDE), qui comprend différents volets et actions pour l'enseignement de base concernant notamment :

- la formation des enseignants,

- le financement : établissement d'un salaire national minimal et création du FUNDEB,

- les outils d'évaluation (Examen Brésil Junior, Examen Brésil, SAEB, ENEM et indicateur IDEB).

- Premier volet : formation d'enseignants et seuil salarial national

Les programmes de formation qui visent à la qualification professionnelle et à la formation continue des enseignants sont menés par le ministère fédéral de l'éducation en partenariat avec les administrations des Etats Fédérés et des communes. Ils utilisent très largement les fonctionnalités et les ressources de l'enseignement à distance. Ces programmes de formation sont ciblés en direction des enseignants en prenant en compte les résultats des élèves de l'enseignement fondamental en langue portugaise et en mathématiques dans le cadre de l'évaluation SAEB (système d'évaluation de l'éducation de base), ainsi qu'aux épreuves de l'«Examen du Brésil ».

Programme de formation continue d'enseignants des années initiales de l'enseignement fondamental (Pro-Letramento) :

Il s'agit d'un programme de formation continue des enseignants qui vise à améliorer l'apprentissage de la lecture/écriture et des mathématiques dans les premières années de l'enseignement fondamental. Ce programme est mené par le ministère de l'éducation en partenariat avec des universités associées au Réseau national de formation continue et des administrations des États et municipalités. Tout enseignant en activité affecté dans les classes des premières années de l'enseignement fondamental public peut suivre cette formation de 120 heures. Des outils ont été développés pour assurer cette formation : un guide général, un cahier du tuteur et un cahier comprenant huit fascicules d'activités théoriques et pratiques.

Programme Gestion de l'apprentissage scolaire (GESTAR) :

Le programme Gestion de l'apprentissage scolaire (GESTAR) consiste en une formation continue en langue portugaise et en mathématiques aux enseignants des années initiales (GESTAR I - de la 1ère à la 5e année) et finales (GESTAR II - de la 6 e à la 9 e année de l'enseignement fondamental public. Cette formation s'étale sur 300 heures de cours, dont 120 en salle de classe et 180 à distance (étude individuelle) dans chaque thématique. Ce programme, reposant sur la discussion de questions aussi bien pratiques que théoriques, cherche à contribuer à une plus grande autonomie de l'enseignant en classe. Pour chacune des deux matières du GESTAR II (portugais et mathématiques) les outils suivants ont été développés : un guide général, un cahier du formateur, six cahiers théoriques et pratiques, six cahiers de soutien à l'apprentissage du collégien.

- Deuxième volet : Financement

Le Fonds de fonctionnement et de développement de l'éducation de base et de valorisation des professionnels de l'éducation (FUNDEB) est destiné au financement de l'éducation de base, de la crèche au lycée. Mis en place afin de remplacer le Fonds de fonctionnement et de développement de l'enseignement fondamental et de valorisation du corps enseignant (FUNDEF), en vigueur de 1997 à 2006, le FUNDEB est en vigueur depuis janvier 2007 et restera fonctionnel jusqu'en 2020.

Il s'agit d'un fonds spécial, implanté dans chaque État fédéré et dans le District fédéral, dont les financements proviennent du gouvernement fédéral, des États Fédérés et des crédits d'impôts, conformément à l'article 212 de la Constitution fédérale.

La mise en place de ce fonds permet d'atteindre en 2010 un financement minimum par élève/année de 1414,85 BRL dans les États où ce seuil n'est pas assuré par le gouvernement local. L'apport du gouvernement fédéral au FUNDEB a été de 2 milliards BRL en 2007, 3,2 milliards BRL en 2008 et environ 5,1 milliards en 2009. Il correspond en 2010 à 10 % de la contribution totale des États et des municipalités.

Dans une stratégie de redistribution nationale, l'attribution des financements du FUNDEB prend en compte le développement social et économique des régions.

Le calcul des financements susceptibles d'être attribués est fondé sur le nombre d'élèves de l'éducation de base, fourni par le recensement scolaire de l'année précédente. Le suivi et le contrôle de cette redistribution, des transferts et de l'application des fonds s'effectuent aux niveaux fédéral, des États et municipal, par des conseils mis en place spécifiquement à cet effet. Le ministère de l'éducation se charge de la formation des membres de ces conseils.

- Troisième volet : un outil d'évaluation, l'indicateur de développement de l'éducation de base (IDEB)

L'IDEB a été mis en place en 2007 afin de contrôler la qualité de l'éducation au Brésil, sous l'angle de la réussite scolaire (taux de réussite, d'échec et de décrochage), et de l'apprentissage, en se fondant sur les moyennes des notes obtenues à l'Examen Brésil et au SAEB. Cet indicateur vise à un meilleur suivi des établissements et des élèves.

Il ouvre de nouvelles perspectives pour le contrôle de la qualité du système éducatif et son amélioration, l'objectif étant de permettre au Brésil d'atteindre en 2022 une qualité équivalente au niveau moyen des pays développés. Il permet de faire apparaître les établissements et les réseaux d'enseignement qui présentent les résultats les plus faibles, d'orienter les investissements en termes financiers ou pédagogiques et de signaler les établissements ou les zones éducatives présentant les avancées les plus importantes pour analyser les pratiques qui y sont à l'oeuvre.

Les trois années où il a été réalisé (2005, 2007 et 2009), l'Examen Brésil a fortement mobilisé les secrétariats à l'éducation des États fédérés et des communes. Les résultats de l'IDEB 2009 présentent des avancées par rapport à ceux de 2007, et ces derniers par rapport à 2005. La moyenne de l'IDEB 2009 est de 4,6 (sur 10) pour l'enseignement primaire (de la 1ère à la 5e année de l'enseignement fondamental), de 4,0 pour le collège (6e à 9e année) et de 3,6 pour le lycée (cf. tableau ci-après). En dépit des progrès réalisés, et même si les objectifs fixés par le ministère de l'éducation sont atteints, le Brésil est encore loin d'atteindre l'objectif d'une moyenne de 6, prévu pour 2022.

Niveau

IDEB 2005

IDEB 2007

IDEB 2009

Primaire

3,8

4,2

4,6

Collège

3,5

3,8

4,0

Lycée

3,4

3,5

3,6

Au niveau des états fédérés : politiques d'éducation dans les états de Bahia et Alagoas (Région Nordeste)

L'état de Bahia, situé au Nord-Est du pays, est très étendu (plus grand que la France), peu et inégalement peuplé (15 millions de personnes, dont 3 millions à Salvador, la capitale). A 85 % noir, l'état a été très marqué par l'esclavage. Les zones rurales sont très pauvres et reculées, le climat très sec. Ci-dessous sont décrits trois programmes d'éducation mis en place dans cet état.

Le Programme « Em Campo » (sur le terrain), constitue une alternative pédagogique pour les jeunes et jeunes adultes ruraux, habitant des localités isolées dépourvues de structures d'enseignement secondaire. L'objectif de ce programme est l'optimisation et la requalification des espaces existants en structures d'enseignement secondaire, ainsi que l'amélioration de la formation initiale et continue des éducateurs. 12 000 jeunes sont concernés dans 250 localités.

Selon le Secrétariat d'Etat à l'Education (SUDEB / Direction de l'Education) : en 2009, on comptait 6774 jeunes bénéficiaires dans 135 localités et 300 communautés. Au total, 840 professeurs, 38 coordinateurs pédagogiques et 12 conseillers des directions régionales de l'éducation ont collaboré à cette action (notamment à la conception de cursus).

Source : / SUDEB / Direction de l'Education

Le Programme « Trilha » (la voie, le chemin), créé en 2008, est un programme transversal d'insertion des jeunes sur le marché du travail, dans la perspective de leur donner les moyens de générer un revenu et de développer l'exercice de leur citoyenneté. Le programme Trilha a pour but de promouvoir l'enseignement professionnel intégré à l'enseignement secondaire de façon à maintenir les jeunes dans le système éducatif et à les y faire revenir.

Selon le Secrétariat d'Etat à l'Education, 11 cours d'initiation professionnelle sont offerts au travers de ce programme, ainsi que des cours d'informatique, et des bourses mensuelle d'aide aux couts.

Le Programme Enseignement secondaire innovant (programme fédéral décliné à Bahia) a pour but l'amélioration de la qualité de l'enseignement : rénovation des cursus, formation à la lecture, travaux pratiques scientifiques, initiation à l'art dans une perspective de dépassement des inégalités éducatives, de maintien des jeunes dans le système éducatif et de développement de la diversité.

Selon le Secrétariat d'Etat à l'Education, il y a 24 établissements bénéficiaires (2 à Salvador, 22 dans l'intérieur de l'Etat)

Dans l'état de l'Alagoas, le projet Protagonismo Juvenil (2009) a pour objectif le développement de l'auto-apprentissage chez les publics jeunes dans des espaces dédiés. Selon le Secrétariat d'Etat à l'Education, des actions ont été menées dans 17 collèges sur l'ensemble du territoire de l'Etat.

b) Ces politiques visent-elles des territoires ou des individus ?

L'aménagement du territoire et le respect des diversités propres à une société démocratique sont les bases de la politique éducative menée aujourd'hui au Brésil.

c) Quels sont les critères déclenchant leur mise en oeuvre ?

Le Ministère de l'Education donne la priorité aux réseaux d'établissements des États fédérés installés dans des communes considérées comme « prioritaires » : les 1827 communes présentant un IDEB faible d'après les résultats de 2005 et 2007, et les 175 communes membres du Groupe de travail des capitales et grandes villes, parce qu'elles possèdent de grands nombres d'élèves inscrits dans l'éducation de base. Il faut souligner que priorité ne veut pas dire exclusivité : tous les réseaux d'établissements ayant participé à l'élaboration du Plan d'actions coordonnées (PAR) peuvent recevoir - et reçoivent - une aide du ministère.

d) Des leviers d'actions originaux ont-ils été identifiés pour améliorer l'insertion scolaire et sociale des jeunes ?

Le principal programme social du gouvernement en faveur de l'insertion scolaire des jeunes dans l'éducation de base est le programme Bourse Famille (Bolsa Familia) , mené par le ministère du développement social et de la lutte contre la faim (MDS). Il s'agit d'un programme d'allocations financières versées directement aux familles vivant dans la pauvreté extrême, sous plusieurs conditions (telle que la scolarisation des enfants).

La Bourse Famille bénéficie à plus de 12 millions de familles sur l'ensemble du territoire brésilien. Le montant de cette allocation varie de 22 à 200 BRL en fonction des revenus de la famille (limités à 140 BRL par personne), du nombre et de l'âge des enfants. L'aide financière apportée par la Bourse Famille s'adresse aux familles les plus pauvres. Les conditions d'attribution renforcent l'accès aux droits sociaux essentiels d'éducation, de santé et de protection sociale. Les programmes complémentaires qui accompagnent la Bourse Famille visent à permettre aux bénéficiaires de sortir de leur situation de vulnérabilité.

Le ministère de l'éducation conclut actuellement la mise en oeuvre du programme « Enseignement Fondamental pour les 15-17 ans » , qui consiste en une tentative de corriger le taux de réussite (entendu comme la progression d'un niveau à l'autre) des jeunes de cet âge n'ayant pas conclu l'Enseignement Fondamental, y compris ceux ayant interrompu leur scolarité. Des programmes de correction de progression sont destinés aux élèves de 6 à 14 ans, notamment des initiatives privées telles que celles menées par l'Institut Ayrton Senna, la Fondation Roberto Marinho, le GEEMPA et l'Institut Alfa e Beto.

Le programme PLUS D'ÉDUCATION est mené par le Secrétariat d'État à l'éducation continue, à l'alphabétisation et à la diversité (SECAD/MEC), en partenariat avec le Secrétariat d'État à l'éducation de base (SEB/MEC) et avec les Secrétariats à l'éducation des États fédérés et des communes. Ce programme est financé grâce au programme « Argent direct à l'école » (PDDE), issu du Fonds national pour le développement de l'éducation (FNDE). Créé en 2007, il a pour objectif d'augmenter l'offre éducative dans les établissements publics au moyen d'activités facultatives dans différents domaines, tels que le soutien pédagogique, l'environnement, le sport et les loisirs, les droits de l'homme, la culture et les arts, la culture numérique, la prévention et la santé, la communication, l'éducation scientifique et l'éducation économique. Ce programme est consacré prioritairement aux établissements qui présentent un faible indice de développement d'éducation de base (IDEB), dans les capitales et les grandes villes des États brésiliens. Lancé en 2008, avec la participation de 1380 établissements, dans 55 communes, dans les 27 États du Brésil, il bénéficie à 386 000 élèves. En 2010, l'objectif est de l'implanter dans 10 000 écoles dans les capitales, les régions métropolitaines et les villes de plus de 163 000 habitants, afin d'en faire bénéficier trois millions d'élèves.

Question 4

a) Quels sont les résultats des politiques urbaines et d'éducation prioritaire ? Des évaluations nationales ou locales ont-elles été réalisées ?

Les résultats des évaluations des politiques publiques touchant cette tranche d'âge ne sont pas disponibles de même que les résultats du système brésilien d'évaluation de l'éducation de base (SAEB), qui mesure le niveau de connaissances en lecture et en mathématiques chez les élèves brésiliens inscrits en 5 e et en 9 e année de l'enseignement fondamental et en 3 e année du lycée (équivalent de la terminale). L'organe du ministère de l'éducation chargé de la politique d'évaluation de l'éducation brésilienne est l'Institut national d'études et de recherches en éducation Anisio Teixeira (INEP).

L'INEP a mis en place également avec l'indicateur de développement de l'éducation de base (IDEB) une évaluation des écoles. Cet indicateur se base à la fois sur les résultats de l'élève à des évaluations de l' INEP et sur les taux de passage d'une classe à la classe supérieure.

La mise en oeuvre de ces différentes politiques publiques produit des effets positifs : les résultats de l'IDEB 2009 sont de fait supérieurs aux projections.

b) Décrire le cas échéant quelques bonnes pratiques à l'échelle nationale, locale, voire même celles d'un établissement ou d'une association jugée(e) efficace.

A titre de d'exemple à Salvador dans l'Etat de Bahia, l'Association Pracatum de développement communautaire, créé par l'artiste Carlinhos Brown il y a 17 ans et, maintenant partenaire de l'UNESCO et de la BNDES (Banque Nationale de Développement brésilienne), intervient dans le quartier pauvre du Candeal (quartier natal de Carlinhos Brown) pour conduire des actions en matière d'éducation et culture, mobilisation sociale et urbanisation :

- création d'une école de musique en lien avec la culture bahianaise (accent mis sur les percussions, studios d'enregistrement, cours de musique, bibliothèque, etc...)

- formation à la mode, cours de langue étrangère (anglais),

- création d'une école primaire (230 enfants de 2 à 5 ans),

- mis en place d'un projet dédié au développement et à l'intégration des afro-descendants (cours de capoeira, danse et littérature afro-brésilienne, 160 enfants de 7 à 12 ans), etc ...

Des informations sur les bonnes pratiques en matière éducative sont données dans la publication de l'UNICEF « Chemins du droit d'apprendre - Bonnes pratiques dans 26 communes qui ont amélioré la qualité de l'éducation », en portugais : « Caminhos do Direito de Aprender - Boas praticas de 26 municipios que melhoraram a qualidade da educação » (consultable sur Internet).

Question 5

Existe-t-il des études de prospective consacrées aux politiques visant les jeunes de 11 à 16 ans ? Le cas échéant, quelles sont les principales conclusions de ces études ?

CONCLUSION

Avancées

Le Brésil est presque parvenu à généraliser l'enseignement fondamental. D'après l'enquête nationale PNAD 2007, menée par l'IBGE, 97,6 % des enfants de 7 à 14 ans sont scolarisés, ce qui représente environ 27 millions d'élèves.

L'analyse de l'évolution de l'IDEB (2005 et 2007) révèle que 70 % des communes brésiliennes ont atteint ou dépassé les objectifs liés à l'école élémentaire fixés pour 2007.

Le FUNDEB a permis d'élever le financement de l'ensemble de l'éducation de base.

Défis qui restent à relever

Universaliser l'accès à l'enseignement fondamental. Les 2,4 % d'enfants qui restent hors de l'école représentent environ 680 000 enfants de 7 à 14 ans, selon des chiffres de la PNAD 2007. Ils sont pour la plupart issus de populations les plus défavorisées et vulnérables (noirs, indigènes, habitants des quilombos, populations les plus pauvres). Les inégalités présentes dans la société brésilienne se reflètent donc toujours dans l'éducation.

Augmenter le temps de la journée scolaire grâce à l'école à temps plein et aux programmes tels que Plus d'Éducation (10 000 établissements).

Achever la mise en place de l'enseignement fondamental de neuf ans en 2010 et garantir les conditions permettant l'inscription de tous les enfants de 4 à 17 ans jusqu'en 2016, dans le but d'insérer à l'école les enfants de moins de cinq ans et les adolescents de 15-17 ans, qui représentent le contingent le plus important de jeunes hors de l'école.

Renforcer l'école publique au moyen de la gestion participative et démocratique, l'insertion d'élèves handicapés, la formation des enseignants, et la prise en compte des conditions socioéconomiques et culturelles des élèves (diversité).

Augmenter l'attractivité de la carrière d'enseignant et améliorer la formation et les conditions de travail des enseignants afin de conserver les meilleurs professionnels.

Sources :

Publications :

« Chemins du droit d'apprendre - Bonnes pratiques dans 26 communes qui ont amélioré la qualité de l'éducation » (en portugais : « Caminhos do Direito de Aprender - Boas práticas de 26 municípios que melhoraram a qualidade da educação ») - UNICEF ( http://www.unicef.org/brazil/pt/resources_18427.htm )

« Epreuve Brésil » (en portugais : « Prova Brasil ») - UNICEF

Sites internet consultés :

- Ministère de l'Education Brésilien : http://portal.mec.gov.br/index.html

Portail sur l'Education http://www.min-edu.pt/

Secretaria de Educação Continuada, Alfabetização e Diversidade (SECAD).

Secrétariat d'Etat à l'Education / SUDEB / Direction de l'Education (Bahia)

Secrétariat d'Etat à l'Education / Direction de l'enseignement professionnel (Bahia)

Secrétariat d'Etat à l'Education (Alagoas)

- Organisation des Etats Ibéro-américains http://www.oei.es/noticias/spip.php?article1596

- Institut Brésilien de Géographie et de Statistiques : http://www.ibge.gov.br/home/

- Institut national d'études et de recherches en éducation Anisio Teixeira (INEP) : www.inep.gov.br/

- Apfesp (Association des Professeurs de Français de Sao Paulo) : www.apfesp.org.br

- Ambassade du Brésil en France : http://www.bresil.org/index.php?option=com_content&task=view&id=120&Itemid=51

Personnes consultées :

- Professor Cleyton Gontijo, Université Fédérale de Brasilia/ Faculté d'Education

- Thais Romoli Tavares, Responsable technique à la préfecture de la ville de Sao Paulo

- Edna Borges, Coordinatrice de l'enseignement fondamental/ Ministère fédéral de l'éducation


* 9 Les quilombos sont à l'origine des communautés fondées par des esclaves fugitifs (marrons), généralement à l'intérieur des terres, dans des lieux isolés et difficiles d'accès.

* 10 Jusqu'alors, les élèves brésiliens fréquentaient leur établissement une demi-journée, du lundi au vendredi, soit le matin, soit l'après-midi.

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