2. Des actes forts pour panser les blessures de la guerre
a) Des actes à forte portée symbolique qui tournent la Croatie vers l'avenir

Des gestes symboliques forts ont été accomplis par les dirigeants croates pour favoriser la réconciliation non seulement interne mais également régionale. Ils permettent désormais à la Croatie de se tourner vers l'avenir, en tournant la page du passé.

Sur le plan intérieur , il s'agit de saluer toutes les victimes quelles qu'elles soient, pour solder définitivement l'héritage de la seconde guerre mondiale et les divisions qui en ont résulté.

Le 20 juin 2010, le Président Ivo JOSIPOVIC s'est rendu à Bleiburg, ville autrichienne où eut lieu en mai 1945 le massacre de soldats et civils croates par l'armée populaire yougoslave, symbole des crimes commis contre des membres de l'État Oustachi d'Ante PAVELIC, allié aux nazis de 1941 à 1945, par les partisans de Tito, répondant ainsi à l'attente d'une partie de la population croate.

Le Président croate s'est rendu en avril 2011, à l'occasion du 66 ème anniversaire de son démantèlement, au camp de concentration de Jasenovac, parfois appelé l'" Auschwitz croate ", mis en place par le régime pro-nazi Oustachi durant la Seconde guerre mondiale. Lors de cette visite particulièrement symbolique, en présence d'anciens prisonniers du camp, de membres des familles des victimes (pour la plupart Serbes, Juifs, Roms et opposants au régime) et de représentants diplomatiques, le Président a fait des déclarations fortes : « Il ne faut jamais oublier que Jasenovac a été le site des crimes les plus horribles » commis durant la deuxième guerre mondiale, « Nous envoyons d'ici un message de paix. Nous souhaitons tous que des choses telles que celles qui se sont produites à Jasenovac ne se reproduisent jamais » 11 ( * ) .

Le Président croate oeuvre aussi à la réconciliation régionale , pour panser les blessures encore vives de la guerre des années 1990 et rapprocher des peuples qui se sont déchirés il y a 15 ans à peine.

La Croatie oeuvre à la normalisation des relations avec la Serbie , clé de la stabilisation de la région. Les Présidents de ces deux États ont multiplié les gestes de réconciliation, d'abord par des rencontres dans les deux pays, puis par des visites du Président serbe TADIC à Zagreb et dans la ville martyre de Vukovar, où il a présenté ses excuses pour les crimes commis par les forces du régime de MILOSEVIC pendant la guerre. Les deux Présidents sont parvenus à traiter et à dépolitiser des questions pendantes aussi douloureuses que les personnes disparues, les réfugiés, les crimes de guerre, la restitution des biens culturels confisqués, la question de la frontière, et ils sont convenus de faire de la recherche des personnes disparues une priorité.

Le Président JOSIPOVIC a su créer un nouveau climat dans la région en exprimant des regrets pour les erreurs ayant pu être commises en Bosnie-Herzégovine par la Croatie et en rendant hommage à toutes les victimes du conflit des années 1990. Ce langage n'a pas toujours été compris par les Croates de Bosnie ou les milieux conservateurs croates, mais il a permis au Président JOSIPOVIC d'obtenir du leader serbe de Bosnie, M. Milovad DODIK, qu'il s'exprime en faveur du retour des Croates en Républika Srpska (l'entité serbe de Bosnie), lors d'une rencontre inimaginable auparavant.


* 11 (source : dépêches de presse)

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