D. MAURITANIE : UNE ÉCONOMIE EN DÉVELOPPEMENT MAIS FORTEMENT ASSISTÉE
Intermédiaire entre les pays d'Afrique du Nord et ceux de l'Afrique de l'Ouest, et sans doute moins dépendante de l'activité économique en Europe, l'économie mauritanienne a été moins affectée que celle des pays du Maghreb.
Après le rebond qu'elle a connu en 2012 (+ 6,9% - le PIB atteint 7 824 Mds $) et qui faisait suite à une période de sécheresse, l'activité économique devrait croître de plus de 6,5% en 2013 soutenue par le dynamisme de l'agriculture et des services, une production minière plus régulière et de grands projets d'infrastructures : le nouvel aéroport, une ligne électrique terrestre et un système d'adduction d`eau potable. La marge de manoeuvre des autorités s'est considérablement améliorée grâce au programme soutenu par la FEC 76 ( * ) et la politique budgétaire suit aussi une orientation plus prudente. La flambée des prix du minerai de fer et l'afflux de recettes minières préserveront en 2013 les amortisseurs extérieurs et budgétaires.
L'inflation est estimée à 5,3%. Les prix des produits alimentaires locaux ont augmenté faiblement sous l'effet de bonnes récoltes et les prix administrés des principales denrées de base importées ont continué de transmettre de façon limitée les effets de la hausse des prix internationaux des produits alimentaires.
Le déficit du compte courant s'est creusé pour s'établir à 32% du PIB en 2013 en raison de l'afflux d'investissements financés par l'IDE dans le secteur minier. Le paiement anticipé de la licence de pêche par l'UE (qui équivaut à 2,1% du PIB et qui n'était pas attendu avant 2013) ainsi que le don exceptionnel de la Libye promu lors de la table ronde des bailleurs de fonds de 2010 (environ 5% du PIB) ont conforté la position extérieure du pays en 2012, en portant les réserves de change brutes à 962 millions de dollars fin 2012, soit l'équivalent de 6,2 mois d'importations. La situation s'est un peu dégradée en 2013 (907 millions de dollars).
Les résultats budgétaires consolidés en 2012 grâce à un meilleur recouvrement des impôts et à l'amélioration de l'administration fiscale, au paiement anticipé de la licence de pêche, au don exceptionnel reçu ce qui avait permis de financer la hausse des subventions alimentaires dans le cadre du programme d'urgence mis en place pendant la sécheresse, le remboursement des arriérés de la dette accumulés en 2011 et les subventions à l'électricité, la masse salariale restant contenue, se sont légèrement détériorés en 2013 . Le solde de base hors pétrole (dons et dépenses en capital financées par l'extérieur non compris) et le solde global, devenus excédentaires pour la première fois dans l'histoire récente de la Mauritanie sont redevenus déficitaires en 2013 en raison de la baisse des recettes du secteur halieutique et de l'augmentation des dépenses publiques dont celles affectées à l'organisation des élections législatives.
La Mauritanie reste toutefois largement soutenue par l'aide internationale au développement . Elle est l'un des pays d'Afrique les plus aidés par habitant par la communauté des bailleurs internationaux (environs 100 $ d'aide publique au développement par habitant soit le quart du PIB).
La Mauritanie a surmonté plusieurs chocs exogènes et a retrouvé une certaine stabilité macroéconomique. Cela permet de relancer le développement des infrastructures : l'enveloppe d'investissements publics a plus que doublé en proportion du PIB hors pétrole pour la période 2010-13. Toutefois, malgré ces efforts, la plupart des objectifs du Millénaire pour le développement fixés pour 2015 concernant l'éducation, la santé et l'environnement durable semblent difficiles à atteindre 77 ( * ) . Il est, en outre, probable que la sécheresse de 2011 a aggravé la situation de pauvreté : 70% des pauvres vivent en zone rurale. Le taux de chômage reste élevé à plus de 30%, le PIB par habitant s'élève à 2 225 $, parmi les plus faibles du monde (190 e rang) et 40% de la population demeure en dessous du seuil de pauvreté.
Les perspectives économiques à court et moyen termes restent favorables. En outre, le retour des armateurs européens avec la mise en oeuvre de l'accord de partenariat avec l'Union européenne devrait relancer l'activité du secteur de la pêche, dont l'activité a chuté de 25% depuis le début de l'année.
Cependant, plusieurs risques potentiels demeurent bien présents : vulnérabilité à une évolution négative du prix des matières premières, climat peu favorable aux affaires 78 ( * ) , croissance insuffisamment partagée avec des taux élevés de pauvreté et de chômage, ce qui nécessitera une stratégie globale de réformes structurelles. Elle doit par ailleurs faire face au coût de l'assistance aux réfugiés maliens.
Le FMI milite pour une diversification de la base productive qui passe par la promotion du secteur privé et un accès facilité au crédit mais aussi pour la mise en oeuvre d'une stratégie de développement basée sur l'emploi.
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Les économies des pays du Maghreb disposent d'un potentiel de croissance important et font preuve de résilience, en dépit du ralentissement observé en 2011-2012 imputable au contexte de transition et à un environnement extérieur défavorable. Ce ralentissement a entraîné des besoins de financement accrus pour les pays en transition, pour autant ceux-ci ne traduisent aucun problème de soutenabilité de l'endettement extérieur public. La mise en place dans la plupart de ces pays en 2012 de programmes d'assistance du FMI répond à leurs besoins de financement immédiats accompagnant le rebond de l'activité attendu en 2013 et la mise en place de réformes structurelles.
* 76 La Facilité élargie de crédit (FEC), qui a remplacé la Facilité pour la réduction de la pauvreté et pour la croissance (FRPC) comme principal outil dont dispose le FMI pour apporter un soutien financier à moyen terme aux pays à faible revenu, est caractérisée par des niveaux d'accès plus élevés aux financements, des modalités de concours plus concessionnelles, une plus grande souplesse dans la conception des programmes, et une conditionnalité à la fois plus simple et mieux ciblée .
* 77 l'Indice de développement humain (IDH) représente une volonté de définition plus large du bien-être et fournit une mesure composite de trois dimensions de base du développement humain : la santé, l'éducation et le revenu. Entre 1980 et 2012 l'IDH de Mauritanie a augmenté de 0.5% par an, passant de 0.340 à 0.467 aujourd'hui, ce qui place aujourd'hui ce pays 155 de 187 pays disposant de données comparables. L'IDH de l'Afrique subsaharienne en tant que région est passé de 0.366 en 1980 à 0.475 aujourd'hui, plaçant Mauritanie en-dessous de la moyenne régionale.
* 78 La Mauritanie a perdu 8 places et figure désormais au 167ème rang du classement Doing Business 2013. Quelques améliorations méritent cependant d'être notées : Le nouveau code des investissements, élaboré avec l'appui du PNUD et approuvé avec retard en juin 2012, et l'opérationnalisation du guichet unique, souhaitée par le FMI pour fin 2012, permettront de simplifier les procédures et de raccourcir les délais administratifs pour les nouveaux investissements.