B. FAIRE DE L'UNIVERSITÉ UN OUTIL AU SERVICE DE L'ÉPANOUISSEMENT TERRITORIAL ET DU RAYONNEMENT RÉGIONAL
1. Faire de l'université le fer de lance des stratégies territoriales de développement
Votre groupe de travail propose que, dans chaque territoire, soit élaboré un schéma directeur de l'enseignement supérieur et de la recherche, sous l'égide de la région ou de la future collectivité unique (responsable de la définition du schéma régional de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation, et compétente en matière de formation continue et professionnelle), à partir d'une large concertation de l'ensemble des partenaires concernés organisée dans le cadre d'un comité de liaison .
Ce schéma directeur doit comporter un projet de carte territoriale des formations universitaires, en particulier pour les parcours professionnalisants courts et les formations de premier cycle, après identification des secteurs d'activité créateurs d'emploi et des besoins de qualifications correspondants. Le comité de liaison, présidé par le président de région, réunirait les responsables de l'université dans le territoire (présidence d'université ou présidence de pôle et directeurs de composantes), les représentants des organismes de recherche, l'État (préfecture et rectorat), les collectivités territoriales et les représentants des organisations professionnelles, consulaires et syndicales. Ce comité de liaison doit pouvoir fonctionner régulièrement, au rythme d'au moins deux sessions annuelles :
- la première précédant la période d'examen des demandes d'ouverture de nouvelles formations par les conseils centraux de l'université ou de ses pôles (avril), afin de faire remonter les souhaits des partenaires pour la carte des formations universitaires ;
- la seconde au milieu du premier semestre de l'année universitaire (décembre-janvier) afin de faire le bilan des effectifs des formations en cours et de l'insertion professionnelle des diplômés, et d'émettre un avis sur la réalisation par l'université des objectifs qui lui ont été assignés par le schéma directeur et par son contrat quinquennal avec l'État.
Ce comité de liaison pourrait être installé au conseil économique, social et environnemental régional de chaque territoire qui en assurerait le secrétariat. Il va de soi que ce comité de liaison doit être étroitement associé, en amont, à la préparation des contrats quinquennaux liant l'université à l'État.
Le schéma directeur de l'enseignement supérieur et de la recherche aura pour objet de déterminer l'organisation optimale de l'offre de formation et de recherche sur le territoire, à partir des priorités stratégiques territoriales identifiées . Le schéma directeur portera une attention particulière à l'analyse des besoins et des potentialités spécifiques du territoire d'implantation, de l'adéquation de l'offre de formation et de recherche de niveau licence aux besoins du territoire, au renforcement des dispositifs de réussite des étudiants en assurant la continuité entre les trois dernières années de l'enseignement secondaire et les trois premières années de l'enseignement supérieur (bac - 3/+ 3) et à l'émergence de pôles d'excellence.
Proposition n° 8 : Élaborer, dans chaque territoire, un schéma directeur de l'enseignement supérieur et de la recherche, à partir d'une large concertation de l'ensemble des partenaires concernés (instances universitaires, organismes de recherche, services de l'État, collectivités territoriales, organisations professionnelles, consulaires, syndicales et étudiantes) réunis au sein d'un comité de liaison, afin de définir, notamment, une carte des formations supérieures de niveau licence en adéquation avec les besoins du territoire. |
Dans le cas de la future Université de la Guyane, ce schéma sera, par exemple, fondamental pour définir les conditions de la transformation de l'IESG 115 ( * ) en plusieurs UFR dotées de projets éducatifs et de recherche clairs assortis d'objectifs cibles, renforcer l'ÉSPÉ de la Guyane afin d'assurer l'émergence d'un corps professoral dynamique indispensable à la qualité de l'enseignement primaire et secondaire, et consolider le rôle de l'IUT dans la formation de jeunes cadres guyanais. Un meilleur accompagnement des lycéens en Guyane signifie un plus grand nombre de bacheliers mieux préparés à l'université, et donc, en dernier ressort, une meilleure réussite en licence. Il est, de plus, urgent de mettre un terme, en Guyane, à une relative inadéquation constatée de l'offre de formation et de recherche aux besoins et aux spécificités de l'environnement régional (carences en professeurs d'histoire-géographie, de mathématiques, d'espagnol 116 ( * ) ...)
2. Faire de l'université un vecteur de rayonnement régional, national et international
Le schéma institutionnel mis en oeuvre dans chacune des trois régions doit permettre de concilier développement des territoires et rayonnement universitaire et scientifique .
Par conséquent, votre groupe de travail a examiné les différents scenarii possibles d'évolution institutionnelle de l'UAG sur la base d'un cahier des charges dont les éléments incontournables sont les suivants :
- l' adéquation du système universitaire à la réalité géopolitique , en offrant aux territoires une capacité d'insertion et de rayonnement dans leur environnement régional : les Antilles tournées vers la Caraïbe et l'Amérique du Nord, la Guyane prioritairement tournée vers l'Amérique du Sud ;
- la consolidation du rôle de l'université comme outil majeur de la stratégie de développement territorial , en s'assurant que les conditions de l'autonomie universitaire sont réunies dans chaque région pour permettre la mise en oeuvre d'une carte des formations adaptées à ses besoins économiques, sociaux et culturels ;
- la préservation de la visibilité et de la lisibilité du schéma universitaire pour garantir le potentiel de recherche (masters et doctorats), l'attractivité et la reconnaissance internationale des diplômes ;
- la mise en place de coopérations et de mutualisations (services communs et composantes) entre régions afin, dans un cadre budgétaire contraint, d'optimiser les missions et les compétences ;
- le développement de pôles d'excellence en cohérence avec le développement régional (Guyane : biodiversité marine et forestière, épidémiologie et maladies tropicales, environnement, sciences humaines en Amérique latine... ; Guadeloupe : sciences et technologies de pointe, énergies décarbonnées... ; Martinique : sciences juridiques et économiques, science politique...) 117 ( * ) ;
- le renforcement des partenariats de financement dans le strict respect de l'autonomie des universités , en favorisant un investissement plus ample des collectivités territoriales et des entreprises dans le financement 118 ( * ) de projets de formation ou de recherche, en fonction de priorités stratégiques ;
- l'offre de parcours, limités dans le temps ou pérennes, de réussite, ambitieux et innovants à de jeunes professeurs ou chercheurs, doctorants... ;
- le développement des partenariats internationaux ;
- le renforcement du contrôle de l'attribution et du suivi d'exécution des fonds européens .
* 115 L'IESG comporte, à l'heure actuelle, trois départements : sciences, technologies et santé (STS), lettres et sciences humaines (LSH) et sciences juridiques et économiques (SJE).
* 116 Il n'existe pas de licence d'espagnol en Guyane !
* 117 Évocation non exhaustive.
* 118 Alors que les dépenses en faveur de la formation professionnelle et de l'apprentissage (FPA) ont progressé, entre 2012 et 2013, de plus de 10 % en Guadeloupe et en Martinique, elles ont diminué de près de 18 % en Guyane, pour une dépense de FPA par habitant de 33 euros en Guyane, contre 136 euros et 132 euros respectivement en Guadeloupe et en Martinique.