CONTRIBUTION DU GROUPE LES RÉPUBLICAINS
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Bien que reconnaissant la qualité du travail effectué par la mission et son rapporteur, notre groupe émet quelques réserves sur certaines observations et propositions du rapport.
En premier lieu, on peut regretter que le vocabulaire employé mêle des notions aussi diverses qu'égalité et égalitarisme, égalité et discrimination positive...
Nous regrettons aussi que certains sujets n'aient pas été traités. Ainsi, alors que le Sénat a conduit des débats d'une grande richesse lors de l'examen de la loi du 24 août 2021 confortant le respect des principes de la République, le rapport n'évoque pas le lien entre émancipation et citoyenneté. Une vision politique citoyenne de la jeunesse, promouvant les valeurs républicaines et un idéal démocratique, devrait accompagner l'émancipation de celle-ci, ce que le rapport ne développe pas, alors que nombre de jeunes manquent actuellement de repères.
On peut d'ailleurs regretter l'absence d'ouverture du champ de réflexion de la mission. Est-il en effet possible de traiter le sujet de la jeunesse sans évoquer l'évolution de la pauvreté en France, les politiques sociales ou fiscales de l'Etat, bien que ces sujets ne visent pas directement celle-ci ? De trop nombreuses interactions avec des questions d'ordre structurel auraient sans doute rendu l'exercice trop difficile, mais l'absence de ces sujets participe au sentiment d'inachevé laissé la lecture du rapport.
Notre groupe rejoint les perspectives dressées par les conclusions du rapport sur le constat de politiques insuffisamment soutenues et coordonnées pour défendre l'égalité des chances. Cependant, on peut regretter que la mission n'ait pas opéré d'évaluation approfondie de celles-ci.
De nombreux dispositifs sont évoqués. Les inventorier n'est pas inutile, mais les propositions du rapport se limitent trop souvent à recommander l'augmentation des moyens qui leur sont accordés sans réellement évaluer ni leur efficacité, ni leur coût, ni leurs interactions. Notre groupe regrette que le rapport valide ainsi l'empilement de dispositifs, même si des propositions de rationalisation des actions sont parfois formulées. Celles-ci se réduisent cependant souvent à des voeux pieux, telle l'articulation entre les missions locales et Pôle emploi...
Le Parlement remplit régulièrement sa mission de contrôle des politiques menées en faveur de la jeunesse. Nous disposons donc déjà de la plupart des constats opérés par la mission, que cela concerne la petite enfance, la scolarité, l'enseignement supérieur, l'orientation ou l'insertion... « L'ouverture des horizons » prônée par le rapport ne se concrétise guère par des propositions nouvelles, se résumant à la relance des projets éducatifs territoriaux, au soutien au projet Demos, à des recommandations visant à mieux communiquer ou à valoriser certains dispositifs (séjours collectifs de vacances)... Nous regrettons ce manque d'ambition.
Si le rapport prône la multiplication des moyens pour les dispositifs existants, il ne cherche pas à en évaluer l'impact. Le chapitre dédié au parcours scolaire illustre bien cela en recommandant pêle-mêle l'extension du dédoublement des classes, le développement des dispositifs « vacances apprenantes » et « devoirs faits », ou l'extension des cités éducatives et de l'accueil dès deux ans.
Par ailleurs, le rapport nous semble trop prudent dans ses recommandations sur la ruralité et les déséquilibres entre territoires, la jeunesse y étant davantage impactée que le rapport ne l'indique, en raison notamment de critères d'affectation budgétaire et de focalisation sur les grandes métropoles qui doivent être dénoncés.
Enfin, le groupe Les Républicains remarque que les annonces du Gouvernement, précédant la prochaine échéance électorale, ont sans doute contribué à paralyser les travaux de la mission. Les annonces du président de la République sur l'extension du dispositif « Garantie jeunes » à un million de bénéficiaires, contre deux cent mille aujourd'hui, assortie d'une enveloppe de deux milliards d'euros, ne s'accompagnaient d'aucun regard global ni prospective audacieuse sur l'évolution de l'ensemble des politiques aujourd'hui conduites. Le Président du Haut Conseil des Finances Publiques Pierre Moscovici vient de dénoncer un projet de budget 2022 « incomplet » car n'intégrant pas les dépenses du revenu d'engagement pour les jeunes. Le rapport ne consacre que quelques paragraphes à cette question de l'accompagnement financier vers l'autonomie. Mais était-il possible de procéder autrement à la veille de l'élection présidentielle ?