E. DES ÉTABLISSEMENTS INÉGALEMENT ATTRACTIFS À L'ÉTRANGER ET QUI TENTENT POUR CERTAINS DE S'INSCRIRE DANS UNE DYNAMIQUE EUROPÉENNE VOIRE MONDIALE
1. Trois opérateurs sur quatre sont intégrés dans le programme européen Erasmus +
À l'exception du Centre national des arts du cirque, les opérateurs du ministère de la culture en charge de l'enseignement supérieur du spectacle vivant s'inscrivent dans le programme européen Erasmus +. Les financements européens qu'ils perçoivent proviennent essentiellement de ce programme, à l'image des autres établissements d'enseignement supérieur sous tutelle du ministère de la culture.
Ainsi, entre 2014 et 2020, 82 d'entre eux ont reçu près de 24 millions d'euros de financements Erasmus+ pour financer leurs projets de mobilité mais aussi de partenariat pour créer des formations, concevoir le musée de demain, faire entrer la culture à l'école. 8 739 étudiants inscrits dans ces établissements ont réalisé une mobilité d'études ou de stage Erasmus+ et 1 410 enseignants et personnels administratifs sont partis pour une expérience d'enseignement ou de formation. Si l'on compte les mobilités entrantes, le volume total est de 16 182 personnes en échanges Erasmus+ grâce à ces établissements.
Le montant des financements européens versés aux opérateurs atteint ainsi 1,13 million d'euros sur la période 2015-2020, seul le CNAC n'étant pas concerné. L'établissement a néanmoins obtenu le Certificat de Qualité de la "charte Erasmus + (EuRopean Action Scheme for the Mobility of University Students) pour la formation supérieure 2021-2027".
Financements européens perçus par les quatre opérateurs entre 2015 et 2020
(en euros)
Source : commission des finances du Sénat d'après les réponses au questionnaire des rapporteurs spéciaux
2. Une ouverture aux étudiants étrangers qui témoigne d'une attractivité inégale
Le Conservatoire national supérieur d'art dramatique (CNSAD) accueillait lors de l'année scolaire 2020-2021, 10 élèves de nationalité étrangère sur les 110 élèves qui suivent ses formations (9 % du total). 1 seul suivait une formation en doctorat, les 9 autres étant répartis au sein des trois premières années de formation (5 en 1 ère année, 1 en 2 ème année et 3 en 3 ème année). 4 étudiants sont issus de pays de l'Union européenne (Belgique, Croatie, Grèce, Italie) et 6 proviennent de pays tiers (Chine, Congo, Haïti, Russie, Suisse). La faiblesse de ce taux tient sans doute à la barrière de la langue, plus sensible s'agissant de la discipline théâtrale que dans les domaines de la musique, de la danse ou des arts du cirque.
Le CNSMD de Lyon accueillait de son côté 122 élèves étrangers à la rentrée 2019-2020 , soit 20 % des effectifs totaux . 33 proviennent de l'Union européenne (Allemagne, Autriche, Belgique, Danemark, Espagne, Italie, Lettonie, Lituanie, Pologne, Portugal, République tchèque, Roumanie, Suède). Les 89 autres étudiants étrangers sont issus de tous les autres continents (Albanie, Australie, Bolivie, Brésil, Canada, Chili, Chine, Colombie, Corée du Sud, Israël, Japon, Mali, Mexique, Pérou, Royaume-Uni, Russie, Suisse, Taïwan, Turquie, Ukraine, Venezuela).
Au CNSMD de Paris, sur 1 339 étudiants inscrits en 2019-2020, 293, soit près de 22 % d'entre eux, proviennent d'un autre pays : 98 sont issus d'un pays membre de l'Union européenne et 195 de pays tiers.
Le Centre national des arts du cirque (CNAC) témoigne également d'une réelle attractivité : sur les 42 étudiants ayant suivi un enseignement du CNAC en 2020/2021, seuls 17 disposent de la nationalité française dont 3 binationaux (Venezuela et Suisse). Les 25 étudiants étrangers (60 % des effectifs) proviennent à parts quasiment égales de l'Union européenne (12 étudiants issus d'Allemagne, de Belgique, d'Espagne, d'Italie et des Pays-Bas) et des pays tiers (13 élèves en provenance du Brésil, du Chili, du Royaume-Uni, de Suisse et de Taïwan).
3. Une réelle volonté de nouer des relations avec les établissements étrangers
La convention Erasmus + Academix est dédiée notamment aux échanges de bonnes pratiques sur les enseignements. Elle a pour objectif d'explorer les différentes méthodes d'enseignement d'une discipline et les modalités de mutualisation de modules d'enseignement ainsi que les synergies possibles pour permettre la mise en place d'un véritable espace de création européen, avec, notamment, la mise en place d'un futur festival à Paris. La Convention permet au CNSAD de bénéficier d'un financement de 186 828 euros sur 2 ans. Cette convention réunit également le conservatoire royal de Glasgow, l'école supérieure de théâtre de Valence, l'académie de théâtre de Varsovie, l'Académie de Munich et l'Académie du film du Bade-Wurtemberg.
Le Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Lyon (CNSMD) a, de son côté, développé deux parcours intégrant une dynamique internationale :
- le parcours International Master in Composition for Screen (InMICS), conçu au dans le cadre du programme conjoint européen pour la composition de musique pour l'audiovisuel : International Creative Soundtrack Sudies (ICSS). Il débouche sur la délivrance d'un master commun à quatre établissements : le CNSMD de Lyon, le Conservatorio di Musica G.B. Martini de Bologne (Italie), le KASK & Conservatorium /School of Arts Ghent (HoGent) de Gand (Belgique) et la Faculté de Musique - Université de Montréal (Canada) ;
- le 2 ème cycle musicien-performeur, qui s'intègre dans le cadre du programme européen CoPeCo - Contemporary performance and composition , qui associe le CNSMD de Lyon à l'Eesti Muusikaja Teatriakadeemia (Académie nationale de musique et de théâtre) de Tallinn (Estonie), le Kungliga Musikhögskolan (Conservatoire royal de musique) de Stockholm (Suède), la Hochschule für Musik und Theater de Hambourg (Allemagne).
Le CNSMD de Lyon a, par ailleurs, mis en oeuvre depuis 2016 des partenariats dédiés au développement des capacités et à la transculturalité (Afrique, Chine, Colombie) et des partenariats de coopérations pédagogiques intercontinentales (États-Unis, Russie, Taiwan). Une convention cadre triennale a par ailleurs été élaborée en 2019 entre la Beijing Normal University (Chine) et le département danse du CNSMD de Lyon, avec pour objectif l'échange de compétences et de ressources pédagogiques entre les deux structures : danse classique, contemporaine, traditionnelle chinoise, arts martiaux.
Le CNSMD de Paris poursuit la même logique que l'établissement lyonnais, nouant plusieurs partenariats avec l'université MDW de Vienne (Autriche), la Taiwan National University of the Arts , le New Music Dublinn , le Festival de percussions de Shanghai, le Sistema Greece ou les fondations socio-éducatives d'Amérique latine ( Batuta en Colombie, Guri au Brésil).
Le Conservatoire a également mis au point avec ses partenaires des académies et cursus conjoints réunissant plusieurs institutions :
- la European Chamber Music Academy (ECMA) qui organise à un rythme mensuel des stages dans ses écoles membres (Paris, Vienne, La Haye, Oslo, Vilnius, Fiesole, Manchester, Berne). Le projet bénéficie d'un financement du programme Europe Créative de la Commission européenne, qui prévoit notamment la création d'un centre de ressources en ligne ;
- le programme ECMAster qui propose un parcours d'études diplômant en 2 ème cycle supérieur, destiné aux ensembles chambristes à partir du trio. Il impose deux semestres d'études (sur quatre) dans deux écoles partenaires (Vienne, La Haye, Oslo, Vilnius, Fiesole, Manchester) ;
- le programme EUJAM ( European Jazz Master ) qui propose aux étudiants en jazz deux semestres de formation (sur quatre) au sein d'établissements partenaires : Conservatorium van Amsterdam, Jazz Institute Berlin, Rhythmic Music Conservatory de Copenhague, Faculté de Musique de la Norwegian University of Science and Technology située à Trondheim.
Le CNSMD Paris participe, par ailleurs à des modules conjoints, stages intensifs et sessions en ligne de METRIC - Modernizing European Higher Music Education through Improvisation qui réunissent les techniques et approches créatives de 15 établissements dans une perspective pluridisciplinaire.
Le CNAC ne semble pas, quant à lui, s'inscrire dans une logique de partenariat européen ou extra-européen , ses responsables rappelant aux rapporteurs spéciaux le contexte de concurrence dans lequel il s'inscrit face aux écoles dédiées implantées à Bruxelles, Montréal , Stockholm, Tillburg, Rotterdam ou Londres.