III. L'AVENIR DU SECTEUR DES FRUITS ET LÉGUMES : UN DEFI À RELEVER
Le
groupe de travail est convaincu
non seulement que
la
réforme
OCM
était nécessaire pour le secteur des
fruits et légumes frais,
mais
encore
qu'elle lui ouvre des
perspectives d'avenir
. Contestée par certains, elle n'en
constitue pas moins un cadre rénové qui apparaît comme une
opportunité
à saisir dans un environnement conjoncturel et
structurel difficile.
Si le groupe de travail
reconnaît certaines insuffisances
dans les
modalités de mise en oeuvre de cette réglementation, il souhaite
toutefois insister sur le fait qu'aujourd'hui
l'avenir du secteur des fruits
et légumes est plus que jamais entre les mains des professionnels et des
autorités gouvernementales..
. Selon l'attitude que chaque partenaire
adoptera dans la mise en oeuvre de cette OCM,
elle pourra être soit le
point de départ d'un nouvel essor du secteur, soit une réforme
inutile à l'instar de ce que sont certains groupements
" fantômes " dont le seul objectif dans la filière est
la survie.
Cet objectif ne pourra être atteint toutefois que si certaines conditions
sont réunies.
A. LE RENFORCEMENT DE LA FILIÈRE DOIT ÊTRE EFFECTIF
Le renforcement de la filière " fruits et légumes " est amorcé, notamment par la reconnaissance du rôle essentiel attribué aux OP et de l'interprofession. Cependant, cette réforme nécessite une mise en oeuvre à la hauteur des enjeux de la filière , le niveau actuel de l'organisation montrant que les groupements de producteurs n'ont pas pu, ou pas su, convaincre une grande partie des producteurs à adhérer.
1. Une profession mieux organisée ...
Au niveau local
Il existe en France, outre 265 groupements de producteurs de fruits et
légumes, une multitude de producteurs non organisés. Si le groupe
de travail
admet
que ces groupements répondent déjà
à un certain nombre d'exigences n'existant pas dans tous les
États membres,
il n'en constate pas moins
qu'une telle
atomisation de l'offre nuit profondément au développement du
secteur.
La
préoccupation
d'obtenir l'ensemble des fonds communautaires,
auxquels la France peut prétendre à juste titre,
est
légitime
dans ce secteur qui connaît de grandes
difficultés. Ainsi, l'Oniflhor estime qu'environ 450 OP devraient
être reconnues dans les mois à venir.
Le groupe de travail
s'interroge
toutefois sur le bien fondé de fixer des règles
de reconnaissance et de fonctionnement des OP qui peuvent conduire, à
moyen terme, à accroître le nombre de groupements de producteurs.
Ne risque-t-on pas d'institutionnaliser à nouveau des organisations pour
lesquelles le marché demeure un paramètre secondaire ?
Par ailleurs,
la distinction entre deux types d'OP
(celles qui
commercialisent et celles qui assurent la mise en marché) peut permettre
à des groupements, en quelques années, de se restructurer et de
mettre en place des programmes stratégiques à vocation
commerciale.
Cependant, les OP qui assurent la commercialisation doivent
être à l'évidence le noyau dur du dispositif. Il serait
totalement absurde de poursuivre sciemment aujourd'hui une logique
institutionnelle qui a profondément déstructuré ce
secteur
.
Le nouveau cadre communautaire
doit être l'occasion
d'un
développement de groupements-entreprises et de réseaux
d'alliances interentreprises au niveau national, voire interrégional, au
sein de l'Union européenne. La reconnaissance de producteurs
motivés, porteurs d'un projet d'entreprise et qui ont su investir en
groupe doit être consacrée. L'incertitude des marchés
mondiaux doit inciter les producteurs à renforcer leur position sur le
marché par la mise en place de solides organisations, tournées
vers la commercialisation, recherchant des collaborations transnationales,
assurant un service meilleur et plus rapide à leurs clients.
Ainsi, il ne serait pas logique par exemple de reconnaître comme OP une
association alors que la filière a besoin de groupements de producteurs
à vocation commerciale, dont la démarche doit être celle
d'une entreprise.
Le groupe de travail estime que
figer la situation actuelle dans le but de
rassurer les producteurs serait un leurre qui conduirait rapidement à
condamner le secteur français des fruits et légumes.
Les pouvoirs publics ont une responsabilité directe dans cette
tâche.
S'il est nécessaire que le regroupement des
organisations de producteurs s'effectue progressivement vers des organismes qui
tiendront mieux compte des réalités de la production,
le
groupe de travail considère comme essentielle la prise en compte des
réalités de la commercialisation.
Il n'est plus possible
aujourd'hui de produire sans penser à tout moment à la
commercialisation.
La priorité dans l'affectation des aides publiques
aux groupements de producteurs pourrait ainsi dépendre du degré
d'organisation de ceux-ci
.
Le regroupement de l'offre dans un cadre organisé est
impératif afin d'éviter la division et l'auto-concurrence
néfastes à la bonne mise en marché et à la
commercialisation des fruits et légumes.
Au niveau régional
L'organisation économique des producteurs a été mise au
point par les lois d'orientation de 1960 et 1962. Si le secteur des fruits et
légumes est organisé au niveau local en groupements de
producteurs, celui-ci est fédéré au niveau régional
par des comités économiques, qui reposent, dans la plupart des
cas, sur un découpage lié à l'organisation administrative.
Or, comme le souligne le rapport de la mission nationale et le rapport
Haro
8(
*
)
, il semblerait judicieux
d'adopter une autre notion de gestion économique " compte tenu des
restructurations de la distribution, ainsi que d'une indispensable approche
globale du marché pour les produits d'un même bassin de
production ".
Votre commission propose
ainsi que
des comités de bassin
fédèrent les nouvelles organisations de producteurs, la gestion
dynamique du marché des fruits et légumes impliquant une
dimension suffisante de nature à y faire participer efficacement les
acteurs essentiels de la mise en marché et de la commercialisation.
La prise en compte de la frontière régionale ou
départementale doit donc, comme l'avait souhaité votre mission
sénatoriale, faire place à une plus grande cohérence de
l'organisation inter-régionale dans le cadre des grands bassins de
production.