3. Factions régionalistes et appareil d'Etat
Sous le
régime soviétique, la rivalité du pouvoir tournait autour
de trois postes : celui du premier secrétaire du Parti communiste, de
Président du Soviet Suprême et de Président du Conseil des
Ministres. La répartition de ces trois postes en fonction des clans ou
des courants renseignait sur l'équilibre des pouvoirs.
Actuellement, si l'ethnie " nationale " est
surreprésentée dans les instances politiques par rapport à
la population totale, la notion de clan, quelle que soit sa base sociologique
(tribale, régionaliste, familiale...) demeure essentielle à la
compréhension de la vie politique de ces Etats. Il n'y a pas,
d'officialisation des clans, mais il est important d'appartenir à un
groupe, dans la mesure où le rapport à l'Etat ou aux ressources
(eau, kolkhoze) est déterminé par le réseau auquel on
appartient.
Ainsi l'appartenance tribale, forte chez les Turkmènes et les
Kazakhs, est généralement connue et joue un rôle important
dans le fonctionnement de la société et de la vie politique
,
notamment dans les zones rurales.
Cette caractéristique de la vie politique en Asie centrale tend, d'une
part, à rendre plus complexe les questions de succession au sommet du
pouvoir et, d'autre part, joue un rôle déterminant lors du
renouvellement des élites.
4. Une contestation sociale qui s'amplifie
A l'aube
de l'indépendance, les chefs d'Etat kazakhstanais et turkmène
promirent à leur peuple des années de prospérité.
Le Président ouzbèk, plus prudent, choisit une politique
" gradualiste " afin "
d'assurer le bien être de
l'Ouzbékistan
".
Or, six années plus tard,
l'insatisfaction de la population se
développe,
et peut, à moyen terme, fragiliser le pouvoir
personnel des chefs d'Etat.
Au Kazakhstan
, les problèmes sociaux ont émergé
à partir de 1996. Le salaire mensuel n'excède pas 70 dollars
en 1995 cependant qu'une classe de nouveaux riches fait son apparition. Il
s'agit d'une petite élite dont l'activité s'exerce dans le
commerce en devises fortes, le pétrole, les métaux et minerais.
Par ailleurs, la santé publique s'est fortement dégradée.
En Ouzbékistan
, le niveau de vie a été
sérieusement affecté par la récession économique.
Le salaire moyen mensuel représente l'équivalent de
80 dollars. La situation sanitaire s'est dégradée du fait
d'une consommation alimentaire déséquilibrée, voire
insuffisante, et du difficile accès aux soins médicaux les plus
élémentaires.
Au Turkménistan
, la population souffre de l'inflation. Le salaire
moyen mensuel s'établit à 9,4 dollars. La mortalité
infantile est la plus élevée de la CEI. En l'absence de
réformes économiques, la quasi-gratuité de certains
services, de règle sous le régime soviétique, a
été maintenue, mais ceux-ci, la plupart du temps, ne sont pas
disponibles. Dans ce pays aux énormes réserves de gaz, il n'est
pas rare que la population doive supporter des coupures de gaz,
d'électricité et d'eau.
Il apparaît excessif de parler de " paix sociale
menacée ", mais force est de constater l'importante
détérioration des conditions de vie de la population
.