DEUXIÈME PARTIE -
L'ASIE CENTRALE : UNE TERRE DE
DIVERSITÉ
Malgré une histoire et des caractéristiques
communes,
les Etats d'Asie centrale tendent, depuis leur accession à
l'indépendance à accentuer leurs particularités.
Les
différences qui existent entre eux s'accentuent ainsi peu
à peu.
Ces États souhaitent
échapper au
marché que
l'URSS leur avait imposé, au travers duquel ils étaient
perçus par la communauté internationale, afin de
suivre leur
propre voie
.
CHAPITRE IER -
LE KAZAKHSTAN : DES "AILES DE
GÉANT "
Le
Kazakhstan pourrait être comparé à " l'Albatros "
de Baudelaire, empêché de marcher par l'envergure de ses ailes...
Etat aux potentialités exceptionnelles, le Kazakhstan est
confronté à de sérieux défis. Sa réussite
dépend de sa capacité à les relever.
I. DES POTENTIALITÉS CONSIDÉRABLES
A. LES RICHESSES DU SOL ET DU SOUS-SOL
1. Un grand pays agricole
Avant la
collectivisation, la principale activité agricole du Kazakhstan
était l'élevage extensif. La collectivisation a provoqué
la sédentarisation forcée des nomades et a eu des
répercussions particulièrement dramatiques dans ce pays : le
cheptel a ainsi été décimé à plus de
80 % en quelques années.
La mise en valeur des terres vierges au milieu des années 1950 a
placé le Kazakhstan, avant son indépendance, à la
troisième place des producteurs agricoles au sein de l'Union
soviétique, après la Russie et l'Ukraine.
Aujourd'hui, l'agriculture kazakhstanaise dispose de 150 millions
d'hectares de prairies naturelles et de 35 millions d'hectares de terres
arables
-dont 23 millions consacrés aux
céréales-. Elle représente environ 30 % du produit
national brut. Le cheptel est constitué de 35 millions
d'ovins, 9 millions de bovins, 1,6 million de chevaux et
2,5 millions de porcs.
Parmi les principales filières, celle du grain est de loin la plus
importante
. Le pays dispose d'une structure de production, malgré un
équipement obsolète. Quelques aménagements et
améliorations d'un coût relativement limité permettraient
au Kazakhstan d'atteindre une capacité de production à un niveau
compétitif.
La production moyenne des dernières années est d'environ
20 millions de tonnes de grains -ce qui correspond à peu
près à 10 quintaux à l'hectare-, avec de fortes
disparités selon les années. Les capacités à
l'exportation sont de 10 millions de tonnes de céréales.
LA PRODUCTION KAZAKHSTANAISE DE CÉRÉALES
(en millions de tonnes)
1990 |
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
28,5 |
12 * |
32 |
23,5 |
16,4 |
10 |
(*)
année de sécheresse
Source : CFCE
La récolte globale en 1995 est estimée à un peu plus de
10 millions de tonnes, dont 6 à 7 millions de tonnes
(Mt) de blé, 2,5 à 3,5 millions d'orge, 1 Mt de seigle et
0,5 à 1 Mt d'avoine/maïs. La demande intérieure
en blé panifiable a été de 3,5 millions de tonnes et,
en orge, de 2 millions de tonnes.
Le pays est, par ailleurs, largement autosuffisant en viande
. Les
produits animaux sont traités dans des entreprises d'Etat, abattoirs et
laiteries, en cours de privatisation. Dans le même temps, une part
importante est autoconsommée ou vendue en circuits fermés sur des
marchés informels.
Le troupeau dans son ensemble (ovins, bovins, porcs, volailles,...) se trouve
dans une situation sanitaire précaire due à une alimentation de
mauvaise qualité et à un manque de suivi (produits
vétérinaires et vaccins).
Par ailleurs, l'industrie de l'alimentation animale souffre d'une
réglementation dépassée issue du système
soviétique. En effet, les prix de vente sur le marché
intérieur sont très inférieurs aux coûts d'achat des
matières premières.
Les fruits et légumes sont pour l'essentiel vendus frais, les usines de
traitement industriel ne fonctionnant plus normalement.
Pour ce qui concerne les huiles végétales, l'autosuffisance est
possible par le développement de la culture du colza de printemps et
l'intensification de la culture du tournesol. La production de sucre pourrait
être augmentée, mais la totalité des besoins du pays est
difficile à couvrir.