II. L'ISLAM EN ASIE CENTRALE : UN ENRACINEMENT SOCIO-CULTUREL DE PREMIÈRE IMPORTANCE
L'Asie centrale abrite une véritable civilisation islamique , comme ne manquent d'ailleurs pas de le rappeler régulièrement les responsables politiques actuels. Cette affirmation d'une identité religieuse suscite néanmoins quelques interrogations.
A. MILLE ANS DE CIVILISATION ISLAMIQUE
1. Un islam sunnite de rite hanéfite qui s'est imposé progressivement
La
conquête arabo-musulmane a débuté par la Transoxiane. Comme
au Moyen-Orient,
l'islam s'est installé dans une des plus vieilles
terres de civilisation urbaine, plaque tournante des échanges en
Asie
.
La première mosquée a été construite en 712,
à Boukhara, sur l'emplacement d'un ancien temple zoroastrien. Outre la
structure administrative, l'islamisation a concerné tous les domaines de
la vie sociale et culturelle de la Transoxiane. A partir de la conquête
arabe de Boukhara (709), la frontière de l'islam n'a cessé de se
déplacer vers le Nord, pour se stabiliser dans l'espace kazakh, au
contact d'un monde sibérien chamaniste, mongol et bouddhiste, ou russe
et chrétien. Néanmoins, l'islamisation de la masse des nomades a
été un mouvement extrêmement long, qui s'est
étalé jusqu'au XIXe siècle.
La conversion à l'Islam de l'ensemble de la région s'est
réalisée selon différents modes, par des raids guerriers
au temps des premiers califes, puis par l'action diplomatique, jusqu'aux
activités des missionnaires soufis -conduisant à la conversion
tardive de nombreux groupes de nomades- et des marchands musulmans.
L'islam enseigné
dans les madrasas -écoles
supérieures coraniques- de Samarcande et de Boukhara
est sunnite de
rite hanéfite
comme en Afghanistan et dans le sous-continent indien.
Les chiites sont peu nombreux -moins de 500.000 personnes- et regroupent
à la fois les chiites duodéciniens -c'est-à-dire
reconnaissant douze imams- ainsi que les ismaéliens du Pamir, qui
reconnaissent sept imams.