C. DES CONDITIONS SOCIALES QUI SE DÉTÉRIORENT
L'aggravation de la crise sociale et la perte de confiance
de la
population, éprouvée par la dégradation de ses conditions
de vie, contribuent à affaiblir la stabilité du
Turkménistan.
La population souffre de l'inflation, les salaires réels ayant
chuté de 27 % de 1991 à 1993. En mai 1996, les salaires du
secteur public ont été doublés et le salaire moyen mensuel
s'établissait à 30.000 manats, soit 9,4 dollars.
On dispose de peu d'informations sur l'état de la santé publique
au Turkménistan, qui semble plus dégradé que celui de la
moyenne de l'ex-URSS. La mortalité infantile y est la plus
élevée de la CEI. Par contre, le taux de fertilité reste
le second après le Tadjikistan et l'espérance de vie des hommes
est passée de 61,8 ans en 1989 à 62,3 en 1993.
La population n'a pas ressenti les effets de la croissance économique
enregistrée en 1996 et a du mal à croire aux dix ans de
prospérité annoncés par le Président Niazov.
L'absence de réformes économiques se traduit, certes, par la
quasi-gratuité de certains services mais la plupart du temps, ceux-ci ne
sont pas disponibles. Dans ce pays aux énormes réserves de gaz,
il n'est pas rare que la population doive supporter des coupures de gaz ainsi
que d'électricité ou d'eau courante. Elle est, de plus,
confrontée aux pénuries alimentaires. Le pays manque ainsi de
l'ensemble des produits de base nécessaires à sa survie.
Le pays utilise le système des cartes de rationnement qui autorisent,
par exemple, chaque habitant à acheter chaque mois 2 kg de viande
et de beurre, ainsi qu'1 kg de sucre et 8 kg de farine. A
l'intérieur de ce dispositif de rationnement, il est à noter que
les prix restent très largement en-dessous des prix pratiqués sur
le marché libre (40 fois moins pour la viande, le prix au kilo
étant de 50 manats avec ticket de rationnement et de
2.000 manats sur le marché libre). Dans un tel contexte, c'est un
système de " débrouille " qui prévaut. Les
Turkmènes ont ainsi plusieurs emplois.