II. DES RELATIONS EURO-MEXICAINES QUI DOIVENT ÊTRE FORTIFIÉES À L'HEURE DE LA MONDIALISATION
A. UN RAPPROCHEMENT NÉCESSAIRE DANS LE CONTEXTE DES INTÉGRATIONS LATINO-AMÉRICAINES
1. Le processus complexe des intégrations latino-américaines
a) Des initiatives multiples
L'accroissement souhaité des relations entre l'Europe
et le
Mexique s'inscrit -dans le contexte général de la mondialisation-
dans le cadre du processus complexe des intégrations
latino-américaines.
L'Amérique latine et les Caraïbes ont en effet été le
théâtre, depuis le début des années 1990, d'une
accélération et d'une
multiplication des initiatives
d'intégration économique,
après la
démocratisation politique et la libéralisation des politiques
économiques qui se sont répandues alors dans les pays
latino-américains. Tout en s'inscrivant dans le cadre de la
globalisation, ces schémas d'intégration très divers,
allant d'accords commerciaux bilatéraux au projet nord-américain
de zone de libre-échange concernant le continent dans son ensemble, ont
d'indéniables spécificités tenant aux
caractéristiques historiques, politiques et économiques de
l'Amérique latine -et notamment à sa proximité avec les
Etats-Unis.
- L'accélération des processus d'intégration a
été marquée par le lancement, en juin 1990, par le
Président Bush de
" l'initiative pour les
Amériques ",
ouvrant la voie à la redéfinition
des relations entre les Etats-Unis et l'Amérique latine. Le premier
" sommet des Amériques " a ainsi fixé, à Miami
en décembre 1994, l'échéance de 2005 pour l'instauration
d'une
" zone de libre-échange des Amériques "
(ZLEA),
de l'Alaska à la Terre de Feu. Malgré son
échec au Congrès dans la bataille du " fast track " en
novembre 1997, le Président Clinton n'a pas renoncé au projet de
ZLEA et le sommet de Belo Horizonte, en mai 1997, a maintenu l'objectif de
2005, les négociations s'étant ouvertes en 1998 à
Santiago. Le processus s'annonce long et difficile. Mais un double but reste
visé : sur le plan politique, défendre et affermir la
démocratie sur l'ensemble du continent américain ; et, sur
le plan économique, favoriser un développement durable
grâce à la mise en place du plus grand marché du monde, qui
réunirait 850 millions de consommateurs.
- Le
Mexique,
à lui seul, est -rappelons-le-
partie prenante
à plusieurs de ces processus d'intégration
:
- le principal est naturellement
l'ALENA
qui réunit les
Etats-Unis, le Canada et le Mexique au sein d'un accord de libre-échange
dans une zone représentant 400 millions d'habitants et un PIB de plus de
8 000 milliards de dollars ;
-
le " groupe des 3 "
rassemble pour sa part le Mexique, la
Colombie et le Venezuela au sein d'une zone de libre-échange,
entrée en vigueur le 1
er
janvier 1995, rassemblant 150
millions d'habitants pour un PIB de moins de 500 milliards de dollars ;
-
l'association des Etats de la Caraïbe
(AEC), constituée en
juillet 1994, compte pour sa part 37 membres -y compris les départements
français d'Amérique- rassemblant 215 millions d'habitants, et a
pour objectif de renforcer la coopération, la concertation et
l'intégration dans la zone ;
- enfin, le Mexique est, avec le Chili, le seul pays latino-américain
à appartenir au
forum Asie-Pacifique de coopération
économique
(APEC) qui a pour objectif de parvenir, dès 2010,
à la libéralisation des échanges et des investissements
entre ses 18 membres qui représentent près de la moitié du
commerce mondial.
Les années 1990 ont ainsi vu se multiplier les accords
interaméricains et s'accroître considérablement les
échanges entre les nouveaux
groupements régionaux.
Ainsi,
en 1997, les
échanges internes
ont représenté 50 %
des exportations totales des trois pays de l'ALENA (dont 33 % pour les
seuls Etats-Unis).