LES APPLICATIONS DU CLONAGE ANIMAL REPRODUCTIF ET LES PERSPECTIVES ÉCONOMIQUES ESCOMPTABLES DANS CE DOMAINE

M. IAN WILMUT - PROFESSEUR À L'INSTITUT ROSLIN D'EDIMBOURG

Je vous remercie de me donner l'occasion de vous présenter les objectifs de nos recherches futures. Le Docteur Mc LAREN et le Professeur GEARHART ont expliqué comment il était possible d'obtenir des cellules pour traiter des maladies humaines. Ils ont montré que des traitements nouveaux seront envisageables à l'avenir pour des maladies difficiles à traiter aujourd'hui. Certaines maladies sont particulièrement pénibles. Nous avons tous autour de nous des personnes qui ont souffert ou qui souffrent de ces maladies. Malheureusement, beaucoup d'entre nous dans cette salle seront atteints à un moment ou un autre de ces maladies. Il existe des traitements pour ces maladies, mais ils ne sont pas complètement efficaces. Mon père a été diabétique pendant cinquante ans avant de mourir. Au bout de trente ans de diabète, il a perdu la vue et une partie de sa jambe. Au bout d'un certain temps, il ne pouvait plus lire en braille parce que le bout de ses doigts était devenu insensible. Il a été maintenu en vie par un traitement à l'insuline. Son traitement n'était pas très efficace...

Les cellules souches sont faciles à obtenir, mais elles ont un inconvénient majeur : elles sont immunologiquement différentes de celles du patient. Dans la plupart des cas, l'utilisation des cellules souches reviendrait à prélever l'organe d'une personne pour le transplanter dans l'organisme d'une autre personne. Le rejet immunitaire obligerait le patient à prendre des médicaments toute sa vie pour éviter le rejet. Si le procédé est efficace, il a donc des effets secondaires graves. Les patients sont plus vulnérables à la maladie. Les médicaments qu'ils prennent sont très puissants. Ils ont des effets physiologiques importants. Dans le cas d'une greffe cardiaque, il est indispensable d'éviter le rejet. Mais certains choix sont difficiles. Est-il pire de souffrir d'une maladie ou d'être astreint à un traitement d'immunosuppression ?

Il est nécessaire d'éviter le besoin de ces médicaments. Les médicaments ne seraient pas nécessaires si les cellules étaient génétiquement identiques à celles du patient. Il existe deux moyens d'obtenir ce résultat. On peut tout d'abord essayer de développer des stratégies permettant de modifier la surface de la cellule. On peut également essayer de produire des cellules à partir de celles du patient. Deux manières de le faire sont possibles. La première est de produire un embryon par clonage afin d'obtenir des cellules à partir de l'embryon. La deuxième est de reprogrammer la cellule pour pouvoir l'utiliser sans en faire un embryon. Je vais traiter ces deux possibilités tour à tour.

La méthode du clonage pour produire un embryon est intéressante. Deux cellules sont nécessaires pour un clonage : un ovule et une cellule donnée. Il est nécessaire de retirer l'information génétique de l'ovule. Puis, en fusionnant les deux cellules, l'information génétique de la cellule donnée est introduite dans l'ovule. Cette information génétique décide du type de personne ou d'animal qui va se développer. La cellule donnée provient bien entendu du patient. Il s'agit d'une cellule saine, qui provient du sang du patient ou de sa peau. Nous ne savons pas encore suffisamment de choses sur le clonage pour savoir quelle est la méthode la plus appropriée pour choisir la cellule qui donne l'information génétique. L'ovule non fertilisé est récupéré au moment de l'ovulation. L'information génétique de la cellule donnée détermine le nouvel embryon. Le cytoplasme de l'ovule joue le rôle critique pour reprogrammer l'information génétique, pour que la cellule se comporte de manière appropriée. La cellule est cultivée pendant six ou sept jours jusqu'au stade du blastocyste. Celui-ci est tellement petit qu'il est à peine visible à l'oeil nu. Il représente environ un dixième de millimètre de diamètre. Il est constitué de 250 cellules creuses remplies de liquide. Les cellules de l'embryon sont des cellules encore très simples. Le système nerveux n'a pas commencé à se développer. L'embryon n'a aucune conscience. Cela me paraît très important. Les cellules obtenues à partir de l'embryon sont des cellules souches pluripotentes, qui permettent de produire plusieurs types de cellules.

Il est également possible d'effectuer des modifications génétiques au niveau de la cellule, avant d'utiliser la cellule pour traiter le patient. Si le patient est génétiquement vulnérable à une maladie, il est possible de corriger cette déficience, afin que la même maladie ne se reproduise pas. Les cellules obtenues de cette manière seraient immunologiquement identiques à celles du patient. Il n'y aurait donc pas de rejet immunologique. Dans un grand nombre de cas, ces cellules pourraient remplacer les cellules endommagées.

Toutes les maladies chroniques aiguës sont dues à des dommages de cellules qui ne se réparent pas, qui ne se remplacent pas. C'est la caractéristique commune de toutes ces maladies. Il s'agirait donc d'injecter dans le patient une population de cellules qui permettrait de remplacer les cellules endommagées. Actuellement, la technologie de transfert est inefficace. Des recherches sont encore nécessaires, notamment sur les animaux de ferme. Nous savons qu'il existe des différences entre les espèces. Il importe donc que la recherche travaille également sur l'embryon humain. Nous devons être certains que la technologie développée sur une espèce animale pourra être utilisée pour l'espèce humaine.

D'où viendront les ovules non fertilisés ? Ici se pose la question éthique de la production et l'utilisation d'embryons humains. Il existe plusieurs sources d'ovules possibles. Les ovules peuvent être obtenus de femmes qui subissent un traitement hormonal pour stimuler l'ovulation. Les ovules sont prélevées immédiatement avant le moment de l'ovulation au moyen d'une intervention chirurgicale mineure. Comme des personnes donnent leurs cellules de moelle osseuse, par une intervention chirurgicale mineure mais douloureuse, dans bien des cas, les femmes seraient prêtes à donner leurs ovules si cela pouvait permettre de soigner des maladies graves. S'il était possible de prendre l'ovule d'une mère dont l'enfant est atteint de leucémie, pour produire un embryon génétiquement identique à l'enfant malade, il serait possible d'obtenir les cellules nécessaires pour remplacer les leucocytes endommagés. Beaucoup de femmes seraient certainement très heureuses de pouvoir sauver ainsi leur enfant. Elles seraient sans doute également prêtes à aider de la même manière un de leurs parents, un ami, un proche. Vous connaissez tous des personnes atteintes des maladies que nous avons évoquées. Envisageriez-vous de donner un ovule pour aider un ami atteint ?

Il est techniquement possible de recueillir les ovules. Mais le nombre des patients potentiels est si grands que les ovules ne pourraient pas constituer une source suffisante. Il pourrait être possible de récupérer les ovules de tissus ovariens lorsque l'ovaire est retiré pour des raisons cliniques. Les ovaires d'une femme possèdent un petit nombre d'ovules qui peuvent parvenir à maturation en 24 heures de culture. Des méthodes ont été établies pour faire parvenir à maturation des ovules d'espèces animales, de la souris et de la vache. Sans aucun doute, il serait possible de trouver des méthodes similaires pour les ovules humains. Le tissu ovarien contient des centaines d'ovules à différents stades de maturation. Il serait nécessaire de trouver des méthodes pour les faire mûrir en laboratoire. Il y a donc un potentiel important d'ovules disponibles. Mais des progrès techniques sont indispensables pour y avoir accès.

Est-il acceptable d'utiliser l'embryon humain pour produire des cellules souches ? Je sais que cette question inquiète de nombreuses personnes. Au Royaume-Uni, l'embryon humain reçoit un statut spécial. Il a le potentiel de devenir une personne, mais il n'est pas encore une personne. Il n'a pas de conscience. Il n'a pas de système nerveux lui permettant d'éprouver des émotions. Pour cette raison, l'embryon a un statut spécial. Il est potentiellement humain, mais il est différent d'un être humain. Personnellement, je suis favorable à l'obtention de cellules à partir d'un embryon. Je serais également heureux d'être traité avec des cellules obtenues à partir d'un embryon si cela devait m'aider à mieux vivre.

Pour que des cellules obtenues à partir d'embryons puissent soigner les maladies chroniques aiguës, de nombreux chercheurs doivent encore travailler beaucoup sur les animaux. Mais la recherche doit également porter sur les embryons humains. J'ai expliqué qu'il existait deux manière d'obtenir des cellules proches de celles du patient. La première consiste à produire un embryon, et la seconde vise la fabrication de cellules sans faire appel à un embryon. Nous ne pouvons pas dire si cette seconde méthode sera possible, ni quand cela sera possible. Mais nous nous sommes fixé cet objectif à l'Institut Roslin.

Nous venons tous de la cellule unique d'un embryon. Ensuite, la division cellulaire intervient, qui produit progressivement des cellules différenciées. Ces changements sont permis par la mise en oeuvre de l'information génétique des cellules. Toutes les cellules ont la même information génétique mais elles se différencient progressivement les unes des autres. Il serait possible d'extraire l'information génétique de certaines cellules pour la transférer dans un ovule, afin de revenir au début du développement et produire un nouvel individu. Les changements dans le fonctionnement de l'information génétique, dans certains cas, se trouvent être réversibles. Nous pensons que de nombreux éléments dans l'ovule entraînent cette inversion de développement. Ce sont probablement des protéines. Pourrait-on trouver une autre cellule pour remplacer l'ovule ? Ce serait souhaitable. On n'aurait ainsi pas besoin de l'ovule humain. Mais cette idée est extrêmement ambitieuse. Il semble improbable que nous trouvions des cellules comparables à l'ovule. Toutefois, certaines cellules répondent à certaines conditions exigées. Il pourrait être envisagé de leur donner toutes les caractéristiques nécessaires pour la reprogrammation de l'information génétique. D'après les expériences sur la souris, il semblerait que les cellules souches pluripotentes se prêteraient à cette modification. Des expériences vont commencer pour observer les effets de l'introduction d'un noyau humain dans une cellule souche pluripotente. Pourrons-nous modifier les cellules souches pluripotentes pour remplacer l'ovule ?

Il y a beaucoup d'avantages à disposer de cellules immunologiquement appareillées à celles du patient. On pourrait les produire par un clonage d'embryon. Les chercheurs devraient envisager prioritairement cet axe de recherche en travaillant sur les animaux mais également sur l'embryon humain. On pourrait également chercher à produire des cellules immunologiquement appareillées à celles du patient sans utiliser des embryons. Le Groupe de Roslin est passionné par les nouvelles possibilités cliniques. J'espère vous avoir communiqué cette passion. Et je vous remercie de m'avoir donné l'occasion d'expliquer pourquoi, selon nous, toutes ces recherches doivent commencer.

Questions de la salle

Jacques MONTAGUT

Je voudrais remercier les deux intervenants pour leurs exposés, qui ont permis d'apporter tous les éléments d'un débat qui promet d'être riche. Depuis quelque temps, se multiplient les publications concernant les perspectives d'une véritable médecine régénérative. Nous découvrons l'extraordinaire plasticité d'un certain nombre de tissus (cellules neurales pouvant donner des cellules hématopoïétiques, elles-mêmes se transdifférenciant en cellules musculaires, hépatiques, souches...). La recherche va devoir gérer la compétition entre les cellules indifférenciées, sources potentielles de greffons à partir de la transdifférenciation, et les cellules souches d'origine embryonnaire ou foetale. Nous entendons dire que les cellules souches pourraient présenter un risque oncogène au fur et à mesure de leur différenciation. Pouvez-vous nous éclairer sur l'état de connaissance de ce risque, en fonction de l'origine des cellules ?

John GEARHART

La question que vous posez est très pertinente. S'agissant des cellules souches prélevées sur des cellules adultes, nous n'en sommes qu'aux premiers balbutiements de la recherche. Nous sommes mieux informés sur les cellules souches dérivées des embryons et des foetus. Nous savons qu'elles se prêtent aux manipulations génétiques, qu'elles peuvent être cultivées en grand nombre. Nous savons comment les différencier en types de cellules spécifiques. Pour ce qui est des cellules adultes, nous savons que la moelle osseuse contient des cellules souches qui ont un bien plus gros potentiel que nous ne le pensions. Mais ces cellules sont plus réfractaires aux manipulations génétiques. Les cellules souches dérivées du système nerveux central, d'après nos études sur les animaux, n'ont pas les profils génétiques des cellules souches normales observées au cours de l'embryogenèse. Nous sommes préoccupés par leur évolution après une greffe. Certains résultats tendent à prouver qu'elles pourraient ne pas se différencier. Cela dit, il n'existe pas tant une compétition entre cellules qu'une compétition entre chercheurs qui utilisent différentes sources de cellules. Mais c'est précisément le moteur de la science. Je pense que cette compétition permettra de déterminer les cellules qui se prêteront le mieux aux applications cliniques. Probablement, en fonction des applications, certains types de cellules conviendront mieux que d'autres. A ce stade, si nous excluons l'une ou l'autre des approches, ce ne sera pas bénéfique à long terme.

La question du potentiel oncogène de ces cellules est fondamentale, particulièrement pour les cellules d'origine embryonnaire. Ces cellules ont un potentiel énorme de développement. Si l'on prend une cellule souche embryonnaire pour l'implanter sur un modèle animal, elle peut donner lieu à une tumeur. On peut inoculer ce type de cellules sur des souris. Une petite proportion d'entre elles va donner lieu à des tumeurs. Mais il n'est pas question d'implanter des cellules embryonnaires sur des patients. Nous souhaitons dériver ces cellules, afin qu'elles suivent différentes voies, neurales, hépatiques, etc. Des tumeurs sont donc peu probables. Même après avoir sélectionné des cellules souches pour produire des éléments sanguins, un tri de cellules interviendra. Seules les cellules ayant les caractéristiques de la cellule souche hématopoïétique seront retenues. La fréquence d'anomalies et de cancers sera très faible. Notre stratégie consiste à introduire une situation génétique dans ces cellules qui entraînera leur mort si elles ne se différencient pas. Cette technologie est très pointue mais elle fonctionne.

Ian WILMUT

Il est impossible de connaître les différents résultats de la recherche future. C'est la raison d'être de la recherche scientifique. Nous devons être très ambitieux et chercher dans toutes les directions. Il y a cinq ans, personne ne s'attendait à la naissance de Dolly. Il est extrêmement important que nous travaillions sur l'utilisation des cellules adultes, des cellules foetales et des cellules embryonnaires. Toutes les possibilités doivent être étudiées pour trouver la meilleure thérapeutique possible pour soigner les maladies. Il y a bien sûr un risque que les cellules inoculées aux patients changent de nature pendant leur culture. Il est important de réaliser des essais sur les cellules. Une population stable et large de cellules a l'avantage de permettre de nombreux essais en laboratoire, avec les instruments modernes de la biologie. Nous reconnaissons qu'il y a un réel besoin de recherche. Dans un laboratoire, les essais sont garantis d'une bonne pratique de fabrication. Les risques d'infection à partir d'une cellule cultivée en laboratoire sont donc moins grands que lors d'une transplantation d'organes.

Bernard LOTY

J'ai beaucoup appris en écoutant les deux orateurs. Mais ils ont essentiellement mis en avant les bénéfices potentiels de ces techniques, sans souligner les risques et les limites à ne pas franchir, notamment dans le domaine de la recherche sur l'embryon humain. Comment Messieurs WILMUT et GEARHART perçoivent-ils personnellement les risques de la recherche ? Aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne, ont-ils affronté des réactions négatives vis-à-vis de leur travail ?

John GEARHART

Au cours de l'année passée, il est apparu que notre sujet de recherche était différent de tous les autres. Des commissions ont été créées. Des articles de presse sont parus. Ils ont eu une incidence sur la manière dont nous travaillons. Nos recherches sont menées en respect avec les réglementations qui prévalent dans notre pays. Il est évident que nous avons rallumé la flamme de la controverse éthique. Nous ne souhaitons pas faire outrage au public puisque c'est pour lui que nous souhaitons atteindre notre objectif. Nous sommes attentifs aux avis donnés par les différentes commissions constituées et nous faisons notre possible pour éviter les impacts négatifs de nos travaux. Mais je ne crois pas que le risque soit grand. Si l'autorisation est donnée au niveau national, des travaux vont être menés pour acquérir le matériel embryonnaire le plus large possible. Si les cellules que nous prélevons peuvent se répliquer en culture, alors nous disposerons de suffisamment de lignées de cellules pour nos recherches. S'il est nécessaire de créer une banque de tissus, combien de lignées cellulaires différentes faudra-t-il générer ? Un grand nombre de laboratoires ont développé des cellules EG et ES. Mais la demande de tissus n'est pas excessive.

Ian WILMUT

Nous sommes tous d'accord sur le fait que la décision de développer certains axes de recherche ne doit pas revenir aux seuls scientifiques. Les patients, la société, le Parlement doivent être à l'origine de cette décision. Notre responsabilité, en tant que scientifiques, est d'expliquer au public les différentes opportunités offertes par les différents axes de recherche possibles. Selon moi, le plus grand risque est de passer à côté de découvertes scientifiques primordiales. Nous devons nous tourner vers le passé pour nous rappeler comment certaines découvertes ont été perçues à leur époque. A un moment, les péridurales étaient très contestées sur le plan éthique. On pensait alors qu'une femme devait souffrir lors de son accouchement. Nos attitudes ont beaucoup évolué. Nous ne condamnons plus comme avant les expérimentations animales dans la mesure où elles peuvent avoir des effets positifs pour l'homme. Il faut peser le pour et le contre. Nous devons nous montrer généreux pour tirer avantage de ces nouvelles découvertes scientifiques qui s'annoncent.

Fabrice COSTA

Pour pallier la rareté des ovules humains, des expériences, qui n'ont pas encore fait l'objet de publications scientifiques, ont eu lieu sur le transfert d'un noyau de cellule humaine dans un ovule de bovin, sans expérimentation animale préalable. Il me semble que le Président CLINTON a saisi de ce problème le Président de la Commission consultative de bioéthique américaine. Que pensez-vous de ces expériences, de la nature des embryons ainsi conçus, et de l'utilisation qui pourrait être faite des cellules obtenues ?

Ian WILMUT

Il y a eu des échos dans les journaux d'expériences réalisées aux Etats-Unis sur des noyaux humains implantés dans des ovocytes bovins. Mais nous n'avons pas beaucoup d'informations sur ce qui s'est vraiment passé. Il est assez peu vraisemblable qu'un embryon produit de cette manière puisse fonctionner normalement et qu'il puisse se développer. Il y a 30 ans, des expériences ont été réalisées sur des amphibiens. Elles consistaient au transfert de noyaux entre espèces. Si les deux espèces étaient voisines, l'embryon ne pouvait pas se développer. Les mécanismes que j'ai décrits tout à l'heure sont très compliqués. De toutes petites différences entre espèces suffisent à freiner le développement d'un embryon. Je suis donc très pessimiste quant à l'issue de l'expérience dont vous avez parlé.

John GEARHART

Chez les espèces animales, les gènes situés dans le noyau et les gènes situés dans le cytoplasme ont connu une évolution. Les deux groupes génétiques règlent le fonctionnement et l'évolution des espèces. Il ne s'agit pas simplement d'une évolution génétique mais également d'une évolution cytoplasmique. Nous savons, grâce à des études de laboratoire, que le noyau et le cytoplasme ne peuvent pas être échangés entre espèces. Lorsqu'ils le sont, le métabolisme ne peut pas se mettre en place. Il est donc difficile de concevoir qu'une expérience consistant à implanter des noyaux humains dans des ovocytes bovins puisse aboutir.

Jean-Paul RENARD

Je remercie les orateurs d'avoir montré qu'une démarche de chercheurs peut intégrer une dimension éthique et la prise en compte du contexte dans lequel s'insèrent les recherches. Nous sommes en France dans une période où la notion de risque est très aiguë, compte tenu de l'histoire récente de notre pays. L'anticipation du risque est extrêmement importante à l'heure actuelle. La France est très focalisée sur cette question.

Avec quelle efficacité peut-on produire aujourd'hui des cellules multipotentes embryonnaires ? Cette question s'adresse à Monsieur GEARHART. Cette question est intéressante parce que ces cellules n'existent pas chez les mammifères. Elles existent chez la souris uniquement pour certaines lignées. Or il semble que l'on puisse les obtenir avec une certaine facilité chez l'homme. Qu'en est-il réellement ? Peut-on craindre un risque de banalisation de la production de ces cellules ?

Pour offrir une sécurité suffisante dans le fonctionnement des cellules une fois replacées dans le tissu ou l'organe, faudra-t-il passer par des modifications génétiques de ces cellules ? Des stratégies existent. Il existe des systèmes qui suicident la cellule qui se différencie mal. Le gain de sécurité obtenu d'un côté sera-t-il mis en balance avec la crainte de modification génétique de l'autre ?

John GEARHART

Chaque embryon possède 20 000 à 40 000 cellules ES. A une fréquence élevée, chaque expérience peut donner lieu à la production d'un nombre élevé de cellules pluripotentes. Mais nous en sommes encore au stade de l'apprentissage pour la culture de ces cellules. Nous essayons d'améliorer cette culture et nous progressons. Certains laboratoires ont choisi d'obtenir des cellules à partir du blastocyste, mais ils ne sont pas parvenus à obtenir des lignées. Jammy THOMSON a réussi. Son succès semble être dû à son souci du détail. Il a travaillé sur des macaques. Il est difficile de parler d'un taux de réussite à ce stade. Nous n'en sommes qu'au stade de l'apprentissage.

En ce qui concerne la sécurité, les choses ne sont peut-être pas aussi simples que l'on pense. On ne connaît pas toujours l'historique des patients à partir desquels les cellules sont obtenues. Il serait nécessaire de tester les cellules à différents niveaux génétiques pour étudier les oncogènes. Notre réglementation interdit toute question à propos du donneur. Les chercheurs doivent soumettre le matériau à des tests variés, y compris HIV. Nous ne pouvons donc pas faire mieux que ce que permet la technologie actuelle. Nous essayons d'identifier les facteurs de risques. Nous sommes très préoccupés de ce problème. Mais nous constatons des évolutions positives. Sommes-nous en mesure de mesurer les propriétés oncogènes à court terme et à long terme de ces cellules ? Aux Etats-Unis, le premier receveur de rein a dû se faire implanter un second rein vingt ans après sa première implantation. Les cellules du rein situées dans la partie filtrante ne remplissaient plus leur fonction. On a dû lui transplanter un nouveau rein. Les transplantations dont nous parlons connaîtront-elles des problèmes similaires ? Nous ne le savons pas encore. Nous devons essayer.

Ian WILMUT

Vous avez évoqué la possibilité d'un gène suicide. Cette possibilité est réelle. Il s'agirait d'insérer dans les cellules un gène qui les rendraient sensibles à un certain produit chimique. Dès que le patient prendrait ce produit, en cas de dysfonctionnement, les cellules dont la fonction deviendrait insatisfaisante seraient aussitôt éliminées. Les médecins devraient bien entendu étudier ce projet de manière pragmatique. Nous allons mener des expériences sur des souris et des rats, mais également sur des singes. Certaines cellules ES sont dérivées du singe. Une sélection très attentive des premiers patients utilisant le procédé du gène suicide sera effectuée, de manière à réduire les risques.

John GEARHART

En ce qui concerne les essais cliniques aux Etats-Unis sur les accidents cérébraux et l'introduction de cellules ES, nous avons eu le sentiment que les choses allaient trop vite. Les demandes sont très nombreuses par téléphone ou courrier électronique de personnes qui souhaiteraient faire immédiatement l'objet d'expériences scientifiques. Ces personnes se trouvent dans une situation désespérée. Les chercheurs sont dépassés. Ce type de décision revient à la société toute entière.

Claude HURIET

Le clonage est un transfert nucléaire. Suivant que l'on arrête le développement à un stade plus ou moins avancé, en particulier au niveau du blastocyste pour le prélèvement de cellules ES, ou bien qu'on laisse le développement se poursuivre, on aboutit au clonage thérapeutique dans un cas et au clonage reproductif dans un autre. Le mécanisme du clonage est un mécanisme unique. Je crois que cette notion gagnerait à être clarifiée auprès de l'opinion. J'aimerais que vous confirmiez mon interprétation.

Au sujet de l'utilisation des cellules EG et des cellules ES, j'ai cru comprendre qu'elle pouvait être bénéfique mais qu'elle imposait une immunodépression, avec les inconvénients qu'on lui connaît.

Par ailleurs, vous avez souligné la nécessité d'une réflexion éthique dans le cadre de la recherche. L'utilisation des cellules embryonnaires constitue-t-elle la seule voie envisageable ou s'agit-il de la plus simple, de la plus commode, de la moins onéreuse ? Dans ce cas, on laisserait de côté les autres perspectives thérapeutiques, qu'il s'agisse de l'utilisation de cellules foetales, ou des phénomènes de dédifférenciation et de redifférenciation des cellules ? Aujourd'hui, si l'on refuse l'utilisation de cellules embryonnaires, on condamne des malades atteintes d'affections. Si d'autres perspectives thérapeutiques existaient, cela permettrait d'éviter une réponse unique aux maladies chroniques aiguës.

Ian WILMUT

La différence entre les deux types de clonage est facile à faire. Le clonage reproductif consiste à placer un embryon dans le circuit reproductif d'une femme. En nous projetant dans le temps, la question suivante s'impose à nous : combien de temps est-il possible de cultiver un embryon ? Les embryons développent un système nerveux. Au Royaume-Uni, il est autorisé de cultiver un embryon jusqu'au quatorzième jour. Il est nécessaire de se poser la question sous un angle éthique. En ce qui concerne les autres ressources, nous n'avons pas parlé du prélèvement de cellules sur des adultes. Ces cellules ne peuvent pas être obtenues dans un large ensemble de tissus. Nous allons devoir étudier quels sont les tissus capables de nous fournir des cellules. Ces cellules sont plus âgées. Elles ont subi des modifications génétiques qui peuvent les rendre sensibles au cancer.

A l'avenir, il existera différentes manières de traiter différentes maladies. Certaines seront traitées avec des cellules adultes, mais pour d'autres ce ne sera pas possible.

John GEARHART

Lorsque l'on parle de thérapie cellulaire, on parle de greffes de tissus et donc de rejets. Les cellules ES aident l'organisme à supporter une transplantation. Il existe une possibilité de stimuler certaines des cellules ES présentes dans notre organisme pour qu'elles se différencient dans le corps humain. Mais pour travailler sur le sujet en laboratoire, nous avons besoin de lignes cellulaires pour étudier les différents aspects du développement dans des conditions contrôlées. On m'a demandé pourquoi je ne m'étais pas encore lancé dans ces travaux ? Pendant vingt-cinq ans, mon travail a porté sur la pathogenèse du syndrome de Down. Lorsque nous étudions la trisomie et ses aspects cardiaques et gastro-intestinal, nous revenons toujours au début du processus de développement. Or nous ne pouvons pas étudier ce stade. Je souhaiterais disposer de lignées de cellules de différents organismes, de différents tissus, sur lesquels nous aurions pu travailler pour voir jusqu'à où remontent les défauts qui causent la trisomie. Nous pourrions apprendre beaucoup sur la biologie humaine si nous pouvions avoir accès à ces lignées.

Madame BENAYOUN-NAKACHE, Députée

Nous nous interrogeons beaucoup en ce moment sur la portée éthique des avancées scientifiques actuelles. Les législations dans les différents pays ne sont pas les mêmes. Quels sont les échanges que vous avez entre chercheurs en Europe et aux Etats-Unis ? Pensez-vous utile que des débats citoyens soient lancés au sujet de la recherche scientifique dans les différents pays ? Le devenir de l'homme est en question. Toute la population doit donc être associée. Dans vos pays, les opinions publiques soutiennent-elles vos travaux ? Avez-vous peur de ce que vous risquez d'engendrer en tant que chercheurs ? Avant d'entrer dans cette salle, j'avoue que je craignais de me retrouver face à Monsieur WILMUT. Maintenant, je sens un humain en face de moi et je me sens rassurée. Au début de son intervention, Monsieur WILMUT a témoigné de la souffrance de son père tout au long de sa vie. Il a expliqué ainsi sa ténacité à vouloir avancer dans ses recherches, pour aider tous les hommes qui souffrent.

Ian WILMUT

Je vous remercie pour vos aimables paroles. Les différences de législation entre les pays sont inévitables. Nous devons accepter nos histoires différentes. L'important est que chaque pays détermine clairement sa propre législation sur la recherche sur l'embryon humain. Cette législation est le reflet de notre conception de la famille et de notre attitude vis-à-vis des enfants. Nous tenons unanimement pour acquis que le clonage reproductif doit être interdit. Nous envisageons chaque enfant comme un individu.

Devrait-il y avoir un débat public ? Je le pense. C'est pourquoi je suis très intéressé de participer à des débats dans mon pays mais aussi dans le vôtre. Il est difficile de promouvoir la recherche sur l'embryon humain. Le sujet est très complexe. Tout le monde ne fera pas l'effort d'écouter. Il est important de diffuser l'information le plus largement possible dans les médias. Seuls des groupes informés sont en mesure de prendre des décisions, de faire des recommandations qui feront l'objet de votes. Il est difficile pour chaque membre du parlement d'assister à chaque débat de ce type et de se faire une opinion. Dans ce type de circonstance, il est nécessaire de faire confiance à l'avis de groupes spécialisés.

Jusqu'où pouvons-nous aller ? Je dirais que l'émergence de nouvelles technologies suscite toujours des préoccupations. Lorsque l'homme a utilisé une pierre tranchante en l'attachant à un bâton pour en faire une hache, il a créé un outil utile pour aller à la chasse ou faire du feu, mais il a aussi créé un outil pour tuer ses semblables. La technologie moderne a entraîné le bombardement de deux villes japonaises en 1945, mais elle a également permis la création des stimulateurs cardiaques. C'est une réalité. Les progrès technologiques produisent des bonnes et des mauvaises choses. Il est nécessaire de prendre des décisions éclairées.

John GEARHART

Où va la science ? D'où vient-elle ? Je crois que nous avons commis, en tant que scientifiques, un certain nombre d'erreurs, dont la plus grande est peut-être de ne pas avoir participé pendant longtemps aux débats de l'opinion publique. Pourtant, nous avons le devoir de nous assurer que l'information vulgarisée sur la science est exacte. Une étude a été réalisée sur les publications d'organisations et de revues de haute tenue pour vérifier à quel point les comptes rendus des découvertes scientifiques étaient fidèles. Nous avons été accablés par les conclusions de cette étude. Les articles n'informent pas sur des faits précis mais recherchent les faits sensationnels. De plus en plus, la science va influencer la société. La société doit pouvoir se prononcer sur les choix scientifiques. Le dialogue entre la science et la société doit se consolider. En quarante années d'activité scientifique, on ne peut pas faire un très bon travail. On se trompe toujours lorsque l'on tente de faire des prédictions. Je ne peux pas prédire où nous en serons dans trois ans. L'essentiel est que les chercheurs gardent le contact avec l'opinion publique. La science donne des moyens. C'est à la société de dire comment ces moyens doivent être utilisés.

Jacques MONTAGUT

Dans certains pays, la recherche sur l'embryon est limitée, voire interdite. Il y a dans nos laboratoires des embryons abandonnés de leur projet parental, pour lesquels nos lois limitent la durée de conservation. Il s'agit d'embryons dont la finalité sera l'arrêt de leur conservation, qui pourraient, sans qu'ils aient été conçus intentionnellement en vue d'une recherche, bénéficier à l'avancée de la connaissance, en permettant l'extraction de cellules ES. Cette source embryonnaire pour obtenir des lignées de cellules ES est-elle une source unique ? Pourra-t-on obtenir des lignées de donneurs universels avec une altération du complexe majeur d'histocompatibilité telle qu'elle pourrait empêcher le rejet et garantir la compatibilité des cellules ? Si ce type de recherche évoluait, la source embryonnaire pourrait s'en trouver tarie...

John GEARHART

L'opinion publique ne sait pas combien d'embryons sont entreposés dans le monde... Ce sont des centaines de milliers dans notre pays, qui sont conservés dans de l'azote liquide. De nombreux embryons ne seront jamais utilisés au sens reproductif. A la différence du Royaume-Uni, nous n'avons pas le droit aux Etats-Unis de détruire les embryons en quelque circonstance que ce soit. Nous sommes obligés de les conserver à l'état congelé indéfiniment... Au niveau fédéral, il n'existe pas de politique de reproduction. Nous ne pouvons pas utiliser les embryons conservés tant que nous n'avons pas une autorisation officielle. Mais si nous avions cette autorisation, notre besoin en matière première ne serait pas telle que nous serions obligés d'utiliser la totalité des embryons disponibles. De nombreux embryons seront détruits à un moment ou à un autre, dès que notre gouvernement aura mis en place une réglementation sur la médecine reproductive.

De la salle

Lorsque les scientifiques demandent des crédits de recherche, ils mettent toujours en avant l'impact thérapeutique potentiel. C'est un cercle vicieux parce qu'en retour, la société demande à être traitée le plus rapidement possible. Je pense que les chercheurs ont une responsabilité dans ce domaine, celle de dire très clairement que les recherches sont préliminaires et fondamentales, et qu'elles n'aboutiront pas tout de suite. Nous allons à la catastrophe. La demande du public est légitime, puisque les chercheurs affirment qu'ils vont trouver des thérapies pour les maladies graves. Il y a un problème éthique du côté des chercheurs eux-mêmes. Ils doivent dire tout de suite qu'ils ne sont pas près du but. Ceux qui accordent des crédits doivent être conscients qu'ils les accordent à long terme. Sur le Web, les traitements potentiels de maladies sont présentés en grand nombre. Quel est le parent qui ne souhaiterait pas essayer ces traitements pour soigner son enfant ? Or ces traitements n'ont donné aucun résultat tangible et le parent ne le sait pas. Un moratoire doit être appliqué à la recherche, accepté par le politique qui attribue les crédits à long terme.

John GEARHART

Notre mission, aujourd'hui, était de vous présenter notre vision de l'avenir. Je ne pense pas qu'aucun d'entre nous ne vous ait annoncé la situation de la recherche de demain. Dans nos délibérations, devant les instituts nationaux de la santé, nous avons traité un grand nombre des questions que vous avez évoquées. Nous reconnaissons que chaque maladie représente une entité distincte. Dans la plupart des cas, nous traitons de situations précises. Les financements que nous demandons n'ont pas pour objet de mener des études de greffes. A ce stade, ce sont des financements de recherche fondamentale. Si nous disposons de lignées de cellules qui nous permettent d'étudier la production de types différents de cellules, nous disposons alors d'une base de recherche importante sur les thérapies. Nous ne demandons pas des financements pour des essais cliniques. La recherche fondamentale doit nous permettre d'aller de l'avant.

Ian WILMUT

Je plaide coupable à votre accusation. Mais je voudrais faire valoir une circonstance atténuante. On m'a demandé de donner une interview à France 3. Je n'ai eu que 45 secondes pour expliquer tout ce dont nous avons discuté ce matin. C'est strictement impossible.

Laurence ESTERLE, Directrice adjointe de l'Observatoire des Sciences et Techniques

Je voudrais revenir sur la question de l'accès de la communauté scientifique à la production d'un matériel biologique disponible en quantité illimitée. Il me semble qu'il y là un fort enjeu technologique. La production d'un matériel reproductible donnera un avantage compétitif à l'une ou l'autre des deux voies que Monsieur WILMUT a décrites. Des enjeux commerciaux se poseront également. Comment concevez-vous la diffusion du matériel à la communauté scientifique ? Ne pensez-vous pas que le problème de la libre circulation de ce matériel va occulter le débat éthique au niveau national ?

John GEARHART

Une loi intéressante a été adoptée aux Etats-Unis au début des années 90. Il n'y a jamais eu d'interdiction aux Etats-Unis sur la recherche sur les tissus foetaux. L'interdiction a porté sur la recherche sur la greffe de tissus foetaux. Elle est due à un décret du Président REAGAN, repris par le Président BUSH. Cette interdiction a été levée par le Président CLINTON. Lorsqu'elle a été levée, des textes législatifs ont été adoptés. Dans le pays, certaines femmes entamaient une grossesse parce que l'un des membres de la famille était atteint d'une maladie de Parkinson. Comment les tissus peuvent-ils être recueillis ? Il ne s'agit pas de gagner de l'argent. Le prélèvement de cellules ne peut pas être à but lucratif. Les règlements sont extrêmement stricts sur la question du paiement des tissus. La question du partage est préoccupante. Un chercheur n'a pas le droit d'utiliser les cellules sur lesquelles travaille un autre chercheur. Tant que n'aura pas été déterminé officiellement qui peut utiliser les cellules, les chercheurs pourront avoir de gros ennuis s'ils détiennent des cellules dans leur laboratoire. Ce problème devrait certainement se résoudre rapidement.

Claude HURIET

Je donne maintenant la parole à Monsieur Simon BEST, Directeur général de Geron Bio-Med, filiale britannique de Geron qui concrétise l'alliance technologique de cette société américaine et de l'Institut Roslin dans le domaine des cellules souches pluripotentes, de la télomérase et du transfert nucléaire. Monsieur BEST va préciser les objectifs de recherche, les prévisions et la stratégie générale de cette société, qui occupe désormais une position clé dans la compétition scientifico-économique de la biomédecine.

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