SOMMAIRE
PRÉSIDENCE DE M. PAUL GIROD
1.
Procès-verbal
(p.
0
).
2.
Zone dite des cinquante pas géométriques dans les départements d'outre-mer.
- Adoption d'un projet de loi en deuxième lecture (p.
1
).
Discussion générale : MM. Jean-Jacques de Peretti, ministre délégué à
l'outre-mer ; Jean Huchon, rapporteur de la commission des affaires économiques
; Rodolphe Désiré, Claude Lise.
Clôture de la discussion générale.
Article 1er (p.
2
)
Article L. 89-1 du code du domaine de l'Etat
(p.
3
)
Amendement n° 23 du Gouvernement et sous-amendement n° 39 de M. Lise ;
amendements n°s 21 de M. Lise et 1 de la commission. - MM. le ministre délégué,
Lise, le rapporteur. - Retrait de l'amendement n° 1 ; rejet du sous-amendement
n° 39 ; adoption de l'amendement n° 23, l'amendement n° 21 devenant sans
objet.
Amendement n° 24 du Gouvernement. - MM. le ministre délégué, le rapporteur. -
Adoption.
Amendement n° 2 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre délégué. -
Adoption.
Amendement n° 3 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre délégué. -
Adoption.
Adoption de l'article du code, modifié.
Article L. 89-1 bis du code précité (p. 4 )
Amendements n°s 25 du Gouvernement et 4 à 6 de la commission. - MM. le ministre délégué, le rapporteur. - Retrait des amendements n°s 4 à 6 ; adoption de l'amendement n° 25 rédigeant l'article du code.
Article L. 89-2 du code précité. - Adoption
(p.
5
)
Article L. 89-3 du code précité
(p.
6
)
Amendement n° 7 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre délégué. -
Adoption.
Amendement n° 8 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre délégué. -
Adoption.
Amendement n° 26 du Gouvernement. - MM. le ministre délégué, le rapporteur. -
Adoption.
Amendement n° 9 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre délégué. -
Adoption.
Adoption de l'article du code, modifié.
Article L. 89-4 du code précité (p. 7 )
Amendement n° 10 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre délégué. -
Adoption.
Amendement n° 11 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre délégué. -
Adoption.
Adoption de l'article du code, modifié.
Article L. 89-4 bis du code précité (p. 8 )
Amendement n° 27 du Gouvernement. - MM. le ministre délégué, le rapporteur. - Adoption de l'amendement supprimant l'article du code.
Article L. 89-4 ter du code précité (p. 9 )
Amendement n° 28 du Gouvernement. - MM. le ministre délégué, le rapporteur. - Adoption de l'amendement supprimant l'article du code.
Article L. 89-4 quater du code précité (p. 10 )
Amendement n° 29 du Gouvernement. - MM. le ministre délégué, le rapporteur. - Adoption de l'amendement supprimant l'article.
Article L. 88-1 du code précité (priorité) (p. 11 )
Amendement n° 33 du Gouvernement. - MM. le ministre délégué, le rapporteur. - Adoption, après une demande de priorité, de l'amendement rédigeant l'article du code.
Article L. 89-5 du code précité (p. 12 )
Amendement n° 30 du Gouvernement. - MM. le ministre délégué, le rapporteur. -
Adoption.
Adoption de l'article du code, modifié.
Article additionnel avant l'article L. 89-5
bis
du code précité
(p.
13
)
Amendement n° 12 rectifié de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre délégué. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel au code.
Article L. 89-5 bis du code précité (p. 14 )
Amendement n° 13 de la commission et sous-amendement n° 31 du Gouvernement. - MM. le rapporteur, le ministre délégué. - Adoption du sous-amendement et de l'amendement modifié rétablissant l'article du code.
Article L. 89-5 ter du code précité (p. 15 )
Amendements n°s 32 du Gouvernement et 14 de la commission. - MM. le ministre délégué, le rapporteur. - Adoption de l'amendement n° 32 supprimant l'article du code, l'amendement n° 14 devenant sans objet.
Article L. 89-6 du code précité. - Adoption (p. 16 )
Adoption de l'article 1er modifié.
Article 1er
bis.
- Adoption (p.
17
)
Article 2 (p.
18
)
Amendement n° 15 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre délégué. -
Adoption.
Adoption de l'article modifié.
Article 3. - Adoption (p.
19
)
Article 4 (p.
20
)
Amendement n° 34 du Gouvernement. - MM. le ministre délégué, le rapporteur. -
Adoption.
Adoption de l'article modifié.
Article 5 (p. 21 )
Amendement n° 22 de M. Lise. - MM. Lise, le rapporteur, le ministre délégué. -
Adoption.
Amendements n°s 16 rectifié de la commission et 35 du Gouvernement. - MM. le
rapporteur, le ministre délégué. - Adoption de l'amendement n° 16 rectifié ;
retrait de l'amendement n° 35.
Adoption de l'article modifié.
Article 6 (p. 22 )
Amendement n° 17 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre délégué. -
Adoption.
Adoption de l'article modifié.
Article 7 (p. 23 )
Amendement n° 18 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre délégué. -
Adoption.
Adoption de l'article modifié.
Article 8 (p. 24 )
Amendement n° 19 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre délégué. -
Adoption.
Adoption de l'article modifié.
Article 9 (p. 25 )
Amendement n° 36 du Gouvernement. - MM. le ministre délégué, le rapporteur. -
Adoption.
Adoption de l'article modifié.
Article 9
bis
A. - Adoption (p.
26
)
Article 9
bis
B (p.
27
)
Amendement n° 37 du Gouvernement. - MM. le ministre délégué, le rapporteur. -
Adoption.
Amendement n° 38 du Gouvernement. - MM. le ministre délégué, le rapporteur. -
Adoption.
Adoption de l'article modifié.
Article 9
bis (supprimé)
(p.
28
)
Article 10 (p.
29
)
Amendement n° 20 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre délégué. -
Adoption.
Adoption de l'article modifié.
Adoption de l'ensemble du projet de loi.
Suspension et reprise de la séance (p. 30 )
PRÉSIDENCE DE M. MICHEL DREYFUS-SCHMIDT
3.
Candidatures à une commission spéciale
(p.
31
).
4.
Mission commune d'information
(p.
32
).
5.
Candidatures à des organismes extraparlementaires
(p.
33
).
6.
Dépôt d'un rapport du Gouvernement
(p.
34
).
7.
Encouragement fiscal à la souscription de parts de copropriété de navires.
- Adoption des conclusions d'une commission mixte paritaire (p.
35
).
Discussion générale : MM. Jacques Oudin, rapporteur pour le Sénat de la
commission mixte paritaire ; Bernard Pons, ministre de l'équipement, du
logement, des transports et du tourisme ; Jean-Luc Bécart.
Clôture de la discussion générale.
Texte élaboré par la commission mixte paritaire (p. 36 )
Adoption de l'ensemble du projet de loi.
8.
Révision des perspectives financières.
- Adoption d'une résolution d'une commission (p.
37
).
Discussion générale : MM. Denis Badré, rapporteur de la commission des finances
; Alain Lamassoure, ministre délégué au budget ; Alain Richard, Jean-Luc
Bécart.
M. le rapporteur.
Clôture de la discussion générale.
Texte de la résolution (p. 38 )
MM. Jacques Genton, Emmanuel Hamel.
Adoption de la résolution.
9.
Nomination des membres d'une commission spéciale
(p.
39
).
10.
Nomination de membres d'organismes extraparlementaires
(p.
40
).
11.
Déficit public excessif en France.
- Adoption d'une résolution d'une commission (p.
41
).
Discussion générale : MM. Alain Lambert, rapporteur de la commission des
finances ; Alain Lamassoure, ministre délégué au budget ; Alain Richard,
Jean-Luc Bécart.
Clôture de la discussion générale.
Question préalable (p. 42 )
Motion n° 2 de Mme Luc. - Mme Luc, MM. le rapporteur, Marini, le ministre délégué, Cabanel. - Rejet par scrutin public.
Texte de la résolution (p. 43 )
Amendement n° 1 de Mme Luc. - MM. Bécart, le rapporteur, le ministre délégué. -
Rejet.
Adoption de la résolution.
12.
Communication de l'adoption définitive de propositions d'acte communautaire
(p.
44
).
13.
Dépôt d'une proposition de loi
(p.
45
).
14.
Dépôt de résolutions
(p.
46
).
15.
Dépôt de rapports
(p.
47
).
16.
Ordre du jour
(p.
48
).
COMPTE RENDU INTÉGRAL
PRÉSIDENCE DE M. PAUL GIROD
vice-président
M. le président.
La séance est ouverte.
(La séance est ouverte à dix heures.)
1
PROCÈS-VERBAL
M. le président.
Le compte rendu analytique de la précédente séance a été distribué.
Il n'y a pas d'observation ?...
Le procès-verbal est adopté sous les réserves d'usage.
2
ZONE DITE
DES CINQUANTE PAS GÉOMÉTRIQUES
DANS LES DÉPARTEMENTS D'OUTRE-MER
Adoption d'un projet de loi en deuxième lecture
M. le président.
L'ordre du jour appelle la discussion, en deuxième lecture, du projet de loi
(n° 277, 1995-1996), modifié par l'Assemblée nationale, relatif à
l'aménagement, la protection et la mise en valeur de la zone dite des cinquante
pas géométriques dans les départements d'outre-mer. [Rapport n° 372
(1995-1996).]
Dans la discussion générale, la parole est à M. le ministre.
M. Jean-Jacques de Peretti,
ministre délégué à l'outre-mer.
Monsieur le président, mesdames,
messieurs les sénateurs, j'ai l'honneur de vous présenter aujourd'hui, pour une
deuxième lecture, ce projet de loi relatif à l'aménagement, la protection et la
mise en valeur de la zone dite des « cinquante pas géométriques » dans les
départements d'outre-mer.
Un certain nombre de modifications ont été apportées à ce texte à la suite de
débats très riches qui se sont déroulés, d'abord dans cette assemblée, le 13
décembre dernier, puis à l'Assemblée nationale, le 13 mars.
Je tiens à remercier la commission pour la qualité de ses travaux. En vous
rendant sur le terrain, en Guadeloupe et en Martinique, vous avez pu, monsieur
le rapporteur, appréhender l'ensemble des problèmes auxquels doivent faire face
les habitants de cette zone ainsi que les gestionnaires, collectivités locales
et services de l'Etat.
Vous avez ainsi également saisi, monsieur le rapporteur, toutes les
difficultés à surmonter pour satisfaire les intérêts humains, économiques et
environnementaux liés à cette bande littorale.
Je suis sincèrement convaincu que le texte qui est présenté aujourd'hui au
Sénat répond le mieux possible aux préoccupations des personnes concernées, et
cela grâce à une étroite collaboration des élus et des services de
l'administration.
L'amélioration essentielle consiste, à mes yeux, en l'institution d'une
commission départementale de vérification des titres qui n'ont pas été examinés
en 1955.
Un décret du 30 juin 1955 a, en effet, mis en place une procédure dite de «
vérification », permettant aux occupants de faire vérifier leurs droits
d'occupation. Or cette procédure a mal fonctionné, car elle instituait un délai
de forclusion d'un an au-delà duquel les titres étaient réputés caducs.
Par manque d'information, de nombreux propriétaires n'ont pas accompli les
démarches nécessaires et ont été déchus de leurs droits. Cette situation a créé
injustices et inégalités.
C'est pourquoi il a paru nécessaire à l'Assemblée nationale, et le
Gouvernement l'a accepté, qu'une « seconde chance » leur soit donnée. C'est
donc une sorte de levée de forclusion qu'il est aujourd'hui proposé
d'instituer.
Cependant, pour que cette procédure ne contrarie pas l'esprit du présent
texte, qui est de permettre aux occupants, lesquels vivent souvent dans des
conditions précaires, d'acquérir le terrain qu'ils occupent, seuls les titres
concernant des terrains non occupés par des tiers sont concernés.
Autrement dit, si l'occupant et le détenteur du titre ne sont pas une seule et
même personne, c'est toujours la situation de l'occupant qui sera privilégiée.
Il est toutefois rare que les terrains pour lesquels des particuliers
détenaient un titre aient fait l'objet d'une squattérisation. Les détenteurs de
titre se sont en effet généralement comportés en propriétaires et ont le plus
souvent empêché toute occupation du terrain.
Le projet de loi envisage donc deux cas de figure : soit on est en présence
d'un détenteur de titre concernant un terrain qui n'est occupé par personne
d'autre, et l'intéressé s'adresse dans ce cas à la commission départementale de
vérification des titres ; soit on est en présence d'un occupant sans titre, et
ce sont les modalités que vous connaissez déjà qui s'appliquent, permettant
notamment la cession du terrain dans des conditions particulières à l'occupant,
accompagnée d'une aide exceptionnelle pour les résidences principales en
fonction de l'ancienneté de l'occupation et des revenus du foyer.
J'en viens aux autres modifications qui ont été apportées au texte.
Vous aviez proposé que le prix de cession du terrain aux occupants à usage
professionnel ou à usage d'habitation principale soit fixé au jour du dépôt de
la demande. Cette mesure a été soutenue par le Gouvernement et maintenue.
Concernant le rôle des agences pour la mise en valeur des espaces urbains de
la zone des cinquante pas géométriques, comme vous l'aviez souhaité, une place
plus importante a été faite à la consultation des communes avant toute
décision, sachant que les travaux d'aménagement pourront être réalisés
directement par les collectivités si elles le désirent. Le souci du Sénat de
voir assurer la concertation est donc parfaitement respecté.
Pour qu'il puisse être tenu compte des quartiers d'habitat spontané où
l'urbanisation est très dense et où le processus de régularisation sera sans
doute plus complexe, le texte prévoit que les agences peuvent conclure des
conventions particulières avec les communes. Un certain nombre de sénateurs
étaient intervenus en ce sens lors de l'examen en première lecture.
Enfin, s'agissant de la remise de la gestion de la zone des cinquante pas
géométriques au conservatoire de l'espace littoral en ce qui concerne les
espaces naturels, cette mesure, qui ne visait initialement que la Martinique et
la Guadeloupe, a été étendue aux départements de la Réunion et de la Guyane.
Cela permettra une meilleure prise en compte de la protection du littoral dans
tous nos départements d'outre-mer.
Telles sont les principales améliorations qui ont été apportées à ce projet de
loi. Je crois sincèrement qu'elles permettront de mieux assurer l'équilibre
nécessaire entre les intérêts des différents occupants et les projets
d'aménagement des communes. Elles sont de nature à faciliter l'adoption de ce
texte.
Le Gouvernement estime que ce texte, pour être efficace, doit être un texte de
consensus, tant les réalités qu'il tend à régulariser sont complexes.
Je souligne, enfin, que les dispositions prévues par ce projet de loi
intéressent des femmes et des hommes qui attendent depuis un certain nombre
d'années que leur situation soit réglée.
M. le président.
La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean Huchon,
rapporteur de la commission des affaires économiques et du Plan.
Monsieur
le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, nous sommes appelés à
statuer, en deuxième lecture, sur le projet de loi relatif à l'aménagement, la
protection et la mise en valeur de la zone dite des cinquante pas géométriques
dans les départements d'outre-mer.
J'ai souhaité examiner sur place, après mon homologue de l'Assemblée
nationale, l'incidence des dispositions législatives en cours d'examen. Je me
suis donc rendu en mission, du 8 au 11 avril 1996, en Guadeloupe et en
Martinique, pour y recueillir l'avis des présidents des conseils régionaux et
des conseils généraux, de plusieurs députés et sénateurs, de nombreux maires et
conseillers généraux, ainsi que des représentants de l'Etat et des
fonctionnaires des services extérieurs.
Je saisis l'occasion qui m'est offerte pour remercier chaleureusement Mme
Lucette Michaux-Chevry de ses conseils judicieux et de l'accueil qu'elle a bien
voulu me réserver. Je remercie également MM. Claude Lise et Rodolphe Désiré,
nos anciens collègues Henri Bangou et Roger Lise, ainsi que MM. Philippe
Chaulet, Camille Darsières et Aimé Césaire, qui m'ont apporté un concours
précieux.
J'ai constaté la diversité des situations locales et la nécessité d'aboutir
rapidement à une solution.
La complexité du problème justifierait, si le principe d'égalité des citoyens
ne s'y opposait, des solutions au cas par cas.
J'ai donc choisi de faire primer le réalisme et l'esprit d'équité sur la
sécheresse d'une analyse purement juridique, qui susciterait des tensions
graves et aboutirait probablement à ce que ce texte, comme nombre de ses
devanciers, demeure lettre morte.
L'Assemblée nationale a introduit plusieurs dispositions importantes dans le
projet de loi.
Elle a, tout d'abord, institué une obligation de délimitation du rivage de la
zone des cinquante pas géométriques. En effet, nous l'avons constaté, le tracé
de la zone n'est pas partout fixé.
Elle a, ensuite, créé une commission juridictionnelle de vérification des
titres antérieurs à 1955 dans chacun des départements de Guadeloupe et de
Martinique, afin de relever de la forclusion les personnes qui n'avaient pas pu
présenter leurs titres en 1955.
J'approuve la création d'un dispositif destiné à rouvrir, dans un esprit
d'équité, le droit de validation des titres institué par le décret du 30 juin
1955. En effet, à cette époque, de nombreux détenteurs de titre n'avaient pas
été mis en mesure de présenter leurs revendications à la commission de
validation. Il était effectivement inéquitable qu'ils n'aient pas pu se voir
reconnaître leur titre de propriété pour une simple question de procédure.
Pour lever toute ambiguïté au sujet de la qualité des personnes qui pourront
obtenir de la juridiction créée à cette fin la validation des titres antérieurs
à 1955, je proposerai de préciser que, dès lors que des terrains sont occupés
par des personnes qui se comportent comme leur propriétaire, les titres y
afférents ne pourront pas être validés par la commission.
Il n'est en effet pas envisageable qu'une personne qui disposait d'un titre en
1955 et qui ne s'est pas manifestée depuis lors, alors qu'un occupant s'est
installé sur son terrain, prétende obtenir la validation de ses droits.
De la même façon, les locataires qui occupent une résidence sise sur un
terrain susceptible d'être revendiqué par son « propriétaire » potentiel, à
savoir la personne qui dispose d'un titre, ne pourront, du seul fait de leur
occupation, prétendre empêcher ce dernier de faire valider son titre par la
juridiction compétente : le paiement d'un loyer montre par lui-même qu'ils ne
se considèrent pas comme les possesseurs du terrain où ils sont établis. Je
présenterai plusieurs amendements en ce sens.
S'agissant des modalités de fixation de l'étendue et du prix de vente des
terrains cédés, l'Assemblée nationale a souhaité limiter le risque de cession
de terrains plus étendus que nécessaire à leurs occupants.
Le dispositif applicable aux terrains à usage professionnel prévoit que la
superficie cédée ne peut excéder plus de la moitié de la superficie occupée par
l'emprise au sol des bâtiments et installations édifiés avant le 1er janvier
1995. Si l'exercice de l'activité professionnelle nécessite une surface plus
importante, celle-ci ne pourra être vendue que moyennant un prix majoré.
Quant à la superficie des terrains cédés à usage d'habitation, elle ne pourra
dépasser un plafond fixé par décret.
L'Assemblée nationale a supprimé le mécanisme de préemption que le Sénat avait
institué, afin de lutter contre la spéculation.
Pour protéger les espaces naturels, une procédure d'expulsion a été
introduite.
L'Assemblée nationale a également renforcé les pouvoirs du conservatoire du
littoral, en Guyane et à la Réunion, sur les espaces naturels, en permettant
que ces espaces lui soient remis.
En ce qui concerne l'aide aux acquéreurs de terrains à usage d'habitation,
l'Assemblée nationale a adopté un amendement du Gouvernement prévoyant que
l'octroi de l'aide est, désormais, non plus automatique mais soumis à des
conditions fixées par décret.
Le rôle des agences pour la mise en valeur des espaces urbains de la zone des
cinquante pas géométriques a également été précisé. Ces entités sont désormais
qualifiées d'« instruments de coopération entre l'Etat et les communes ». Elles
pourront définir leurs relations dans le cadre de conventions spécifiques.
En outre, il est prévu que les agences auront un rôle de coordination avec les
collectivités locales. Elles seront consultées sur la compatilité des projets
de cession avec le programme d'équipement de terrains en voirie et réseaux
divers qu'elles ont établi.
Pour mieux prendre en compte les spécificités des quartiers que, par une
commodité de langage empruntée aux urbanistes, on qualifie de quartiers d'«
habitat spontané », tel celui de Volga-plage, l'Assemblée nationale a institué
la possibilité de passer des conventions entre l'agence, au nom de l'Etat, et
la commune, afin de préciser le programme d'équipement en voies et réseaux
divers, de prévoir les mesures techniques, juridiques et financières qui les
conditionnent et de fixer les contributions respectives de l'agence et de la
commune dans les opérations prévues par la convention.
La participation de représentants de l'agence d'urbanisme et d'aménagement au
conseil d'administration de l'agence et la consultation des communes sur les
conditions de fixation du montant de la taxe perçue au profit des agences ont
été prévues.
L'Assemblée nationale a adopté un amendement du Gouvernement tendant à ce que
l'adaptation, la réfection et l'extension limitée des constructions existantes
soient autorisées dans les secteurs urbanisés.
Enfin, à l'article 10, un amendement tendant à l'établissement d'un rapport
annuel sur l'application de la loi a été adopté.
Je vous propose d'apporter des améliorations au projet de loi transmis par
l'Assemblée nationale, en ce qui concerne tant la validation des titres que la
lutte contre la spéculation ou encore la composition du conseil
d'administration de l'agence.
Je juge souhaitable d'harmoniser l'appellation des « zones d'habitat dégradé
», des « quartiers d'habitat dégradé » et des « quartiers d'habitat spontané »
cités dans le texte. Je vous propose donc de les dénommer « quartiers d'habitat
spontané », et d'en prévoir la délimitation à l'article 4, alinéa 4, et non à
l'article 1er.
Je souhaite que le caractère obligatoire de l'aide de l'Etat à l'acquisition
soit explicitement affirmé, sous réserve de l'application d'un barème qui prend
en compte les ressources, l'ancienneté de l'occupation et le rapport entre
revenu et nombre de membres du foyer fiscal.
S'agissant de la délimitation des secteurs occupés par une « urbanisation
diffuse », l'Assemblée nationale a souhaité définir une liste des critères qui
caractérisent une telle urbanisation. J'estime que, vu la variété des cas
d'espèces, il est malaisé de fixer
a priori
une liste limitative de
critères. Le juge administratif exercera pleinement son contrôle sur les
décisions prises par le représentant de l'Etat. Il est donc préférable de
laisser à ces deux autorités une certaine marge d'appréciation. Il est pourtant
souhaitable d'affirmer clairement, afin d'éviter tout abus, le principe selon
lequel la présence de constructions éparses ne peut faire obstacle à
l'identification d'un secteur comme espace naturel.
Je souhaite qu'un mécanisme tendant à lutter contre la spéculation soit inclus
dans le texte. A cette fin, je vous propose de prévoir la taxation de la
plus-value réalisée par les personnes qui vendront les terrains qu'elles auront
acquis dans les conditions prévues aux articles L. 89-3 et L. 89-4, et de
rétablir, à défaut, le droit de préemption adopté en première lecture.
Il n'est pas souhaitable, en effet, que des personnes qui achèteront un
terrain moyennant une aide de l'Etat profitent de cette vente pour réaliser une
opération spéculative.
Répondant à une demande de nombreux élus des départements de la Guadeloupe et
de la Martinique, j'estime nécessaire que le texte de la loi précise que le
conseil d'administration de chacune des agences comprendra, outre les
représentants des services de l'Etat et des agences d'urbanisme, des
représentants de toutes les collectivités intéressées, à savoir la région, le
département et les communes.
Cette disposition permet de s'assurer que toutes les collectivités locales
seront bien consultées sur les opérations conduites par l'agence et associées à
la préparation de son budget. L'adoption d'une telle disposition nous permet,
en outre, d'opérer une modification des articles 8 et 9, qui prévoyaient une
consultation des communes, des départements et des régions lors de
l'établissement du montant de la taxe.
Enfin, je considère que la remise d'un rapport annuel n'est pas le meilleur
gage de la diligence des pouvoirs publics - nous en avons, hélas !
l'expérience. Aussi, je propose de supprimer l'obligation instituée par
l'article 10 du projet de loi.
Ce texte doit porter remède à une situation qui existe depuis plus de deux
siècles. J'ai senti, sur le terrain, la satisfaction éprouvée par les
populations et les élus, à la suite de l'élaboration de ce projet de loi par le
Gouvernement. Je vous en remercie, monsieur le ministre, et je tiens à vous en
féliciter. Depuis des décennies, votre gouvernement est le premier à s'être
attaqué à cette situation de non-droit, fruit d'une négligence des pouvoirs
successifs. La tâche est peut-être difficile, mais vous avez d'autant plus de
mérite, monsieur le ministre, et je vous renouvelle donc mes félicitations.
J'ai senti aussi la grande impatience de nos concitoyens qui attendent de
devenir enfin propriétaires. Ce titre, qu'ils ont attendu trop longtemps, sera
le fruit de notre travail.
(Applaudissements sur les travées de l'Union centriste, du RPR et des
Républicains et Indépendants.)
M. le président.
La parole est à M. Désiré.
M. Rodolphe Désiré.
Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, avant de
commenter le texte qui nous est soumis aujourd'hui, j'aimerais vous lire
quelques lignes d'un document exceptionnel sur l'histoire des Antilles présenté
au cours d'un colloque par le professeur Jean Benoit, célèbre ethnologue
canadien, directeur du centre de recherches Caraïbes de Montréal. Cet extrait
va vous faire percevoir l'ancienneté et la complexité du problème que nous
avons à résoudre. Il est tiré de la
Dissertation sur les Pesches des
Antilles,
manuscrit anonyme datant de 1776, soit plus d'un siècle après
l'arrivée des Français à la Martinique :
« Les obstacles multipliés que le Caraïbe sauvage rencontroit chaque année à
l'agrandissement de ses bourgades, ou carbets, le forçoient de ne les établir
que sur le bord de la mer ou à très peu de distance du rivage, dans un endroit
peu exposé à la crue des eaux et à la fureur des vents. Il arrivoit souvent
que, nonobstant ces précautions, la violence des ouragans culbutoit toutes ses
cases, arrachoit, brisoit ou déracinoit tous ses vivres, emportoit ses canots
fort loin à la mer. »
Il faut savoir, chers collègues, que le peuplement du littoral de la
Martinique d'aujourd'hui est issu directement de ces traditions. Si l'on peut
comprendre que l'Etat, pour protéger le littoral des îles, ait eu recours dans
le passé à un périmètre de protection militaire, appelé « cinquante pas
géométriques », aujourd'hui, alors que ces territoires ne sont plus menacés par
les Anglais, les Espagnols ou les Hollandais, cette population admettrait
difficilement d'être victime du peu de générosité du ministère des finances.
Le texte qui nous est soumis en deuxième lecture aujourd'hui a connu une
amélioration considérable, après les enquêtes menées par nos collègues
rapporteurs, Yvon Jacob, pour l'Assemblée nationale, et Jean Huchon, pour le
Sénat. Après avoir consulté les élus locaux et les représentants de l'Etat sur
place en Martinique et en Guadeloupe, ils ont apporté les modifications
nécessaires à l'élaboration d'une loi juste et équitable. Je veux, par
conséquent, leur rendre hommage et les remercier, au nom des dizaines de
milliers de nos compatriotes qui sont concernés.
Les solutions législatives qui sont enfin apportées à ce problème, et qui sont
confirmées par les déclarations de M. le ministre, vont permettre à ceux qui
occupent ces terres depuis plusieurs générations et qui les ont mises en valeur
par leur travail d'obtenir leur titre de propriété pour un bien qu'ils
méritent.
Ce projet de loi, en définissant clairement le régime juridique de la zone
dite des « cinquante pas géométriques », va, en outre, lever les divers
blocages qui freinaient l'aménagement et la valorisation de notre littoral et
permettre l'installation d'activités socio-économiques indispensables à notre
développement.
Evidemment, même un bon texte peut être encore amélioré par les élus du
peuple, et c'est ce que nous tenterons de faire avec mon collègue Claude Lise
en vous proposant deux amendements.
J'ajoute que je ne trouve pas dans ce projet de loi les mesures qui seraient
de nature à protéger de manière efficace les zones naturelles qui seront
préservées sur notre littoral. Ce n'est peut-être pas le lieu de le faire. Il
serait donc souhaitable que le Gouvernement prenne des dispositions lors de
prochains textes pour permettre de véritablement garantir la protection de ces
zones, notamment en renforçant les moyens humains et financiers du
conservatoire de l'espace littoral et des rivages lacustres.
Je conlurai en rendant hommage à l'ensemble des parlementaires d'outre-mer,
qui ont su faire bloc, toutes tendances confondues, pour que ce problème soit
réglé dans l'intérêt des populations. Je tiens à saluer particulièrement M.
Roger Lise, ancien sénateur, qui va voir aujourd'hui aboutir un projet qu'il a
porté durant de nombreuses années.
La détermination de nos collègues ainsi que l'appui des représentants de
l'Etat en exercice dans nos départements ont démontré que, lorsqu'il s'agit de
l'intérêt public, tout le monde peut et doit se mettre d'accord, au-delà des
clivages politiques.
(Applaudissements.)
M. le président.
La parole est à M. Lise.
M. Claude Lise.
Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, nous voici
donc arrivés presque au terme de l'élaboration d'une loi qui vise à régulariser
la situation des occupants sans titres de ce que l'on appelle, dans les
départements d'outre-mer, la zone des « cinquante pas géométriques ».
Cela concerne, vous le savez, des dizaines de milliers de familles, dont la
présence sur cette zone, au statut tout à fait anachronique, s'explique
essentiellement, aux Antilles en tout cas, par l'important mouvement d'exode
rural auquel on a assisté à partir des années cinquante, lorsque les usines
sucrières ont commencé à fermer les unes après les autres, provoquant une grave
crise économique qui n'a depuis, hélas ! jamais cessé de s'aggraver.
Des milliers et des milliers de femmes et d'hommes ont donc le sentiment
d'être doublement victimes et attendent avec une impatience grandissante de
pouvoir sortir d'un état de précarité qui rend plus pénibles encore leurs
conditions de vie, et plus difficile la mobilisation des moyens nécessaires
pour l'améliorer.
Il est donc urgent que la loi soit votée et puisse entrer en application.
Mais, en même temps, il faut tout faire pour qu'elle ne déçoive pas ceux qui
mettent en elle tous leurs espoirs.
Il faut tout faire aussi pour qu'elle n'ouvre la porte à aucune dérive, pour
qu'elle ne favorise pas certains intérêts particuliers au détriment de
l'intérêt général.
C'est pourquoi nous ne devons pas négliger l'occasion qui nous est donnée de
l'améliorer dans toute la mesure du possible, en espérant, bien sûr, que le
texte qui sortira de nos débats permettra d'arriver à un accord acceptable avec
l'Assemblée nationale.
Au moment où s'ouvre, fort heureusement avant la fin de la présente session,
l'examen en deuxième lecture par notre assemblée du projet de loi sur la zone
dite des « cinquante pas géométriques », il ne me paraît pas superflu de rendre
hommage, comme l'a fait d'ailleurs mon collègue Rodolphe Désiré, à tous les
élus qui, pendant des années, ont fait avancer cet important dossier.
On comprendra que je salue, à cet égard, le travail accompli par Aimé Césaire,
travail qui n'a pas été seulement de dénonciation et de revendication, mais
aussi, et surtout, sur le terrain même, de défense, de protection, de prise en
charge et d'amélioration des conditions d'habitat et de vie des populations
concernées.
Combien de ministres, combien de hauts fonctionnaires ont pu, guidés par lui,
dans le dédale des ruelles de Texaco, de Volga-plage ou de Canal Alaric,
prendre la mesure de l'acuité et de la singularité des problèmes posés !
Au sein de la Haute Assemblée, quelques collègues ont notablement contribué à
obtenir le dépôt d'un projet de loi destiné à régulariser la situation des
habitants de la zone dite des « cinquante pas géométriques ». J'ai évidemment
plaisir à citer mon ami Rodolphe Désiré, mais aussi car, il ne serait pas juste
de l'oublier en cet instant, notre ancien collègue M. Roger Lise - il assiste
d'ailleurs à ces débats - qui, pendant deux mandats successifs, a fait de la
question des cinquante pas un véritable cheval de bataille.
Pourtant, s'il faut se féliciter de ce que le Gouvernement ait enfin accédé à
la demande inlassablement réitérée d'un certain nombre d'élus d'outre-mer, on
ne peut que déplorer que, dans un domaine aussi sensible et aussi complexe,
pour lequel la bonne appréhension des situations locales apparaît tellement
nécessaire, il ait été si peu tenu compte des avis des responsables politiques
des départements concernés, surtout dans les premiers temps.
Le Gouvernement est demeuré assez sourd aux critiques et aux propositions des
conseils généraux et régionaux, consultés en application des décrets d'avril
1960. Malheureusement, il ne s'agit là que du sort habituellement réservé à nos
avis !
Il n'a pas été tellement plus perméable, il faut bien le dire, aux analyses
développées et aux amendements proposés par les parlementaires des départements
d'outre-mer lors de la première lecture, au Sénat, puis à l'Assemblée
nationale. Et, malheureusement, il a été suivi par une majorité de
parlementaires de l'une et de l'autre assemblée, pour la plupart insuffisamment
au fait des réalités des départements ultramarins, ce que l'on ne peut leur
reprocher.
Je ne parle évidemment pas de ceux qui, parmi mes collègues représentants des
départements d'outre-mer, n'ont pas osé aller jusqu'au bout de leurs propres
analyses, mais qui auraient pu nous aider à améliorer encore ce texte !
Les rédacteurs du projet de loi ont, dès le départ, pris un parti que je me
sens obligé de dénoncer, qui tend à inscrire la réforme proposée dans le cadre
de la centralisation - ne faut-il pas dire « recentralisation » ? - qui
s'affirme de plus en plus.
Les départements d'outre-mer sont, dans ce domaine comme dans beaucoup
d'autres, de très bons révélateurs !
Les collègues de métropole feraient donc bien de prêter attention à ce qui s'y
passe depuis quelque temps. Ils pourraient notamment s'interroger sur les
raisons pour lesquelles on paraît si enclin à y créer des structures du type «
établissement public d'Etat », dont les directeurs sont nommés à Paris, et qui
sont dotés de compétences qui empiètent anormalement sur celles des élus.
Le meilleur exemple en est l'agence départementale d'insertion, instituée dans
chacun des quatre départements d'outre-mer par la loi Perben. Mes collègues
présidents de conseils généraux ne s'y sont pas trompés.
Lorsque, au congrès de l'Association des présidents de conseils généraux de
Tours, en octobre dernier, ils ont été amenés à constater que ces agences
avaient, en fait, dépossédé les conseils généraux des départements d'outre-mer
de leurs compétences en matière d'insertion, tout en absorbant la
quasi-totalité des crédits obligatoirement inscrits aux budgets départementaux
pour remplir cette mission, ils ont exprimé de façon unanime une très nette
désapprobation.
J'ai bien compris qu'ils ne souhaitaient surtout pas bénéficier, dans un
deuxième temps, de l'expérience - je devrais peut-être dire de «
l'expérimentation » - menée chez nous !
Leur position serait encore plus négative aujourd'hui, j'en suis convaincu,
tant il devient évident, au fil des mois et à mesure que s'accumulent les
difficultés d'application, que la lourdeur et la rigidité de telles structures
conviennent mal à un domaine qui exige souplesse et adaptabilité aux conditions
du terrain.
Vous aurez compris que l'agence proposée pour la gestion de la zone des
cinquante pas géométriques ne peut absolument pas entraîner mon adhésion.
Je suis de ceux qui refusent de considérer qu'un technocrate, si brillant
soit-il, peut mieux s'occuper des affaires locales qu'un élu, surtout lorsque
le technocrate en question est parachuté - il faut bien avouer que c'est le
plus souvent le cas, et il en ira certainement ainsi avec la création de cette
agence - au beau milieu de réalités qu'il appréhende mal, d'autant que le
milieu où on lui demande d'exercer est imprégné d'éléments culturels et
sociologiques tout à fait spécifiques et qui ne lui sont pas familiers.
Mais puisque la décision d'imposer une telle agence est je l'ai bien compris,
définitivement arrêtée, il me reste, monsieur le ministre, à vous demander pour
le moins de faire en sorte que les élus soient représentés au sein du conseil
d'administration, comme le suggère d'ailleurs très justement M. le rapporteur.
J'ajoute : qu'ils y soient convenablement, et non symboliquement,
représentés.
La meilleure formule serait certainement une représentation à parité avec les
représentants de l'Etat.
De plus, il me paraît absolument indispensable que le président de l'agence
soit élu par le conseil d'administration.
Il ne serait pas convenable, monsieur le ministre, de maintenir ce qui est
prévu, à savoir un directeur et un président tous deux désignés par décret.
On n'a pas osé proposer un tel dispositif pour les agences d'insertion.
Croyez-moi, monsieur le ministre, on ne manquerait pas de voir ressurgir en
cela des pratiques d'une autre époque, qui n'a pas laissé, vous le savez,
d'excellents souvenirs. Je ne pense pas que cela corresponde à votre manière de
voir, d'après ce que j'ai pu juger. D'ailleurs, vous devinez les crispations,
voire les conflits, que cela pourrait engendrer.
Mais, surtout, cela ne serait certainement pas le meilleur moyen de prendre en
compte ces spécificités de quartiers qu'évoque si bien M. le rapporteur.
C'est d'ailleurs pour moi l'occasion de féliciter notre collègue M. Jean
Huchon d'avoir pris l'initiative de se rendre sur place, aux Antilles, pour
parvenir à une plus juste vision des choses.
J'ai eu, je peux le dire, beaucoup de plaisir à le recevoir et à m'entretenir
avec lui en Martinique.
Je suis persuadé qu'il a maintenant pratiquement tout compris. Je n'ai plus,
je l'avoue, qu'un regret, c'est que son voyage n'ait pas eu lieu avant la
première lecture du projet de loi au Sénat.
En effet, notre Haute Assemblée aurait probablement été à l'origine de la
plupart des amendements qui vont dans le sens d'une meilleure adaptation du
texte à la réalité locale.
Je pense, par exemple, à ce qui a été voté à l'Assemblée nationale pour les «
quartiers d'habitat spontané », c'est-à-dire la possibilité de signature de
conventions entre l'agence et les communes pour la mise en oeuvre et le
financement conjoint des indispensables programmes d'équipement en voies et
réseaux dont ont besoin de tels quartiers. Vous avez cité Volga-plage, qui est
le quartier caractéristique à Fort-de-France.
Je pense également à l'amendement instituant, à l'article 1er, une
consultation des communes dans le cadre de la délimitation des espaces à
l'intérieur de la zone des cinquante pas géométriques.
Je pense encore à l'amendement créant, toujours à l'article 1er, une
commission de vérification des titres antérieurs à 1955.
Notre collègue a fort justement souligné l'importance de ces dispositions, qui
constituent pour les populations concernées d'incontestables avancées.
Mais il nous propose par ailleurs, au nom de la commission des affaires
économiques et du Plan, d'adopter quelques amendements supplémentaires.
Selon moi, ils vont tous dans le bon sens, notamment, j'y ai déjà fait
allusion, celui qui prévoit la représentation des collectivités territoriales
au sein du conseil d'administration de l'agence.
Mon seul point de désaccord avec la commission concerne la proposition de
suppression de l'obligation, instituée par l'Assemblée nationale, de la
présentation d'un rapport annuel établissant un bilan de l'application de la
présente loi.
Nous connaissons bien, mon cher collègue, le sort qui est parfois réservé à ce
type de décision. Est-ce une raison pour baisser les bras et cesser de réclamer
des moyens de contrôle et des instruments de transparence ?
J'ajoute à ce point de désaccord, tout de même mineur, une réserve qui
concerne la proposition de suppression de la consultation des collectivités
locales s'agissant de la fixation du montant de la taxe spéciale
d'équipement.
Cette suppression ne me paraît justifiée que dans la mesure où l'amendement
proposant la représentation des collectivités locales au conseil
d'administration de l'agence serait adopté. Mais je suis persuadé que telle est
bien la conception de la commission.
Enfin, je propose, pour améliorer encore les conditions d'application du
projet de loi, d'adopter une disposition déjà présentée par M. Camille
Darsières à l'Assemblée nationale : il s'agit de prolonger d'un an le délai
prévu à l'article 1er pour délimiter les différents types d'espaces à
l'intérieur de la zone des cinquante pas géométriques. Cela paraît beaucoup
plus réaliste si l'on veut tenir compte des délais de consultation des communes
et des éventuelles révisions des plans d'occupation des sols que certaines
d'entre elles pourraient être amenées à mettre en oeuvre dans le cadre de la
passation de conventions d'occupation des sols avec l'Etat.
En conclusion, monsieur le ministre, mes chers collègues, j'ai le sentiment
que nous revenons de loin, mais je pense que nous allons tout de même dans la
bonne direction.
Nous ne disposerons évidemment pas du texte qui, dans l'esprit d'une
décentralisation bien comprise, aurait fait des élus locaux des acteurs
efficaces - car proches des réalités du terrain - d'une réforme dont on mesure
à la fois la portée et les difficultés.
Cependant, comme l'ont dit les orateurs qui m'ont précédé, nous avons encore
la possibilité d'améliorer la rédaction actuelle du projet de loi et de faire
de celui-ci, malgré tout, un instrument qui, tout en préservant autant que
possible les espaces naturels de notre littoral, contribue notablement à
transformer les conditions de vie d'un grand nombre d'habitants de nos
départements d'outre-mer.
A nous, donc, de ne pas décevoir la longue attente de ces hommes et de ces
femmes qui, en cette fin de xxe siècle, sont encore aux prises avec les
conséquences d'un édit publié voilà environ trois cents ans par le roi de
France !
(Applaudissements sur les travées socialistes.)
M. le président.
Personne ne demande plus la parole dans la discussion générale ?...
La discussion générale est close.
Nous passons à la discussion des articles.
Je rappelle que, aux termes de l'article 42, alinéa 10, du règlement, à partir
de la deuxième lecture au Sénat des projets ou propositions de loi, la
discussion des articles est limitée à ceux pour lesquels les deux chambres du
Parlement n'ont pas encore adopté un texte identique.
Article 1er
M. le président.
« Art. 1er. - Il est inséré, au titre IV du livre IV du code du domaine de
l'Etat (partie législative), un chapitre Ier
bis
ainsi rédigé :
« Chapitre Ier
bis
« Dispositions spéciales aux départements
« de la Guadeloupe et de la Martinique
« Art. L. 89-1.
- I. - Dans un délai d'un an à compter de la date de
publication de la loi n°.... du ..... relative à l'aménagement, la protection
et la mise en valeur de la zone dite des cinquante pas géométriques dans les
départements d'outre-mer, le préfet délimite, après consultation des communes,
par arrêté, la zone définie à l'article L. 87 et, à l'intérieur de cette zone,
les espaces urbains, les secteurs occupés par une urbanisation diffuse et les
espaces naturels. Il y délimite également les zones d'habitat dégradé.
« II. - Lorsqu'elle n'a pas été délimitée en application de la législation et
de la réglementation en vigueur, la limite supérieure de la zone définie à
l'article L. 87 est fixée à partir de la limite du rivage de la mer tel qu'il a
été délimité en application de la législation et de la réglementation relatives
à la délimitation du rivage de la mer.
« Lorsque le rivage de la mer n'a pas été délimité, il est procédé aux
opérations nécessaires à sa délimitation dans un délai de six mois à compter de
la date de publication de la loi n°..... du ...... précitée.
« III. - La délimitation des espaces urbains, des secteurs occupés par une
urbanisation diffuse et des espaces naturels constate l'état d'occupation du
sol.
« Le schéma d'aménagement régional prévu à l'article L. 4433-7 du code général
des collectivités territoriales, les schémas directeurs et les plans
d'occupation des sols prévus par le code de l'urbanisme sont pris en compte.
« IV. - Pour l'application des dispositions du présent article, les secteurs
occupés par une urbanisation diffuse sont caractérisés par la discontinuité des
emprises au sol, l'émergence de groupes d'habitations plus ou moins compacts et
la présence de nombreux terrains inoccupés. Les espaces libres de construction
présentant une consistance suffisante pour assurer une coupure d'urbanisation
sont identifiés comme espaces naturels. La présence de constructions éparses ne
peut faire obstacle à l'identification d'un secteur comme espace naturel.
«
Art. L. 89-1
bis. - Dans chacun des départements de la Guadeloupe et
de la Martinique, il est institué, dans un délai qui ne peut être supérieur à
un an à compter de la date de publication de la loi n° .... du .... précitée,
une commission départementale de vérification des titres.
« Cette commission est présidée par un magistrat de l'ordre judiciaire ; elle
comprend en outre deux membres du corps des tribunaux administratifs et des
cours administratives d'appel, un magistrat de l'ordre judiciaire et un membre
de la chambre régionale des comptes dont relève le département concerné.
« Un notaire présenté par la chambre départementale des notaires et deux
fonctionnaires des services déconcentrés de l'Etat sont associés à ses travaux,
sans prendre part à ses délibérations.
« La commission départementale de vérification des titres détermine les droits
des personnes privées sur les terrains pour lesquels elles ont toujours agi
comme l'auraient fait leurs propriétaires, libres d'occupation par des tiers et
situés dans les limites de la zone définie à l'article L. 87 ainsi que sur les
terrains compris dans le périmètre défini à l'article L. 86 et gérés par
l'Office national des forêts. Elle apprécie la validité de tous les titres
antérieurs au 30 juin 1955 comportant droit de propriété, droit réel ou droit
de jouissance sur ces terrains, qui n'ont pas été antérieurement examinés par
la commission prévue à l'article 10 du décret n° 55-885 du 30 juin 1955.
« Le secrétariat de cette juridiction est assuré par le greffe de la cour
d'appel.
« La cour d'appel connaît de l'appel interjeté à l'encontre des décisions de
la commission.
« Sous peine de forclusion, seuls les titres présentés dans un délai de deux
ans à compter de la constitution de la commission départementale de
vérification des titres seront examinés.
«
Art. L. 89-2.
- L'Etat peut consentir aux communes et aux organismes
ayant pour objet la réalisation d'opérations d'habitat social, après
déclassement, la cession gratuite à leur profit de terrains situés dans la zone
définie à l'article L. 87 dépendant du domaine public maritime de l'Etat.
« Cette cession gratuite ne peut concerner que des terrains situés dans les
espaces urbains et les secteurs occupés par une urbanisation diffuse, délimités
selon les modalités prévues à l'article L. 89-1.
« Elle doit avoir pour but la réalisation par la commune d'opérations
d'aménagement à des fins d'utilité publique ou la réalisation par les
organismes compétents d'opérations d'habitat social.
« Toutefois, lorsque les terrains ont été équipés par l'agence créée en
application de l'article 3 de la loi n° ... du ... précitée, la cession est
faite au prix correspondant au coût des aménagements réalisés sur les terrains
cédés, et financés par l'agence.
« Lorsqu'ils n'ont pas été utilisés dans un délai de dix ans à compter de la
date de la cession conformément à l'objet qui l'a justifiée, les terrains cédés
reviennent dans le patrimoine de l'Etat, à charge pour celui-ci de rembourser,
le cas échéant, aux cessionnaires le coût des aménagements qu'ils auront
acquitté.
« Dans le département de la Guadeloupe sont rattachées au domaine privé de
l'Etat les parcelles AN 661, AN 662 et AN 663 autrefois cadastrées AN 591
situées sur le territoire de la ville de Basse-Terre.
«
Art. L. 89-3.
- Les terrains situés dans les espaces urbains et les
secteurs occupés par une urbanisation diffuse délimités selon les modalités
prévues à l'article L. 89-1 peuvent être déclassés aux fins de cession à titre
onéreux aux occupants qui y ont édifié ou fait édifier avant le 1er janvier
1995 des constructions affectées à l'exploitation d'établissements à usage
professionnel.
« Le prix de cession est déterminé d'après la valeur vénale du terrain nu à la
date du dépôt de la demande de cession. Il est fixé selon les règles
applicables à l'aliénation des immeubles du domaine privé. Les pertes de
recettes sont compensées pour l'Etat par une augmentation à due concurrence de
la taxe intérieure sur les produits pétroliers et, pour les agences prévues à
l'article 3 de la loi n° ... du ... précitée, par la création d'une taxe
additionnelle à cette même taxe, affectée à ces établissements.
« L'acquéreur peut demander la cession d'une superficie égale à celle occupée.
La superficie cédée est ajustée en fonction des nécessités de l'équipement du
secteur en voirie et réseaux divers et des conditions de cession des fonds
voisins. Elle ne peut excéder de plus de la moitié la superficie occupée par
l'emprise au sol des bâtiments et installations édifiés avant le 1er janvier
1995. Lorsque l'exercice de l'activité nécessite la cession d'une superficie
plus étendue, le prix de vente du terrain cédé en plus est augmenté de
moitié.
« La cession d'une parcelle de superficie supérieure à mille mètres carrés se
fera sur avis conforme de la commune.
«
Art. L. 89-4. -
Les terrains situés dans les espaces urbains et les
secteurs occupés par une urbanisation diffuse, délimités selon les modalités
prévues à l'article L. 89-1, peuvent être déclassés aux fins de cession à titre
onéreux aux personnes ayant édifié ou fait édifier avant le 1er janvier 1995,
ou à leurs ayants droit, des constructions à usage d'habitation qu'elles
occupent à titre principal ou qu'elles donnent à bail en vue d'une occupation
principale.
« A défaut d'identification des personnes mentionnées à l'alinéa précédent,
ces terrains peuvent être déclassés aux fins de cession à titre onéreux aux
occupants de constructions affectées à leur habitation principale et édifiées
avant le 1er janvier 1995.
« Le prix de cession est déterminé d'après la valeur vénale du terrain nu à la
date du dépôt de la demande de cession. Il est fixé selon les règles
applicables à l'aliénation des immeubles du domaine privé.
« L'acquéreur peut demander la cession d'une superficie égale à celle occupée.
La superficie cédée est ajustée en fonction des nécessités de l'équipement du
secteur en voirie et réseaux divers et des conditions de cession des fonds
voisins. Elle ne peut excéder un plafond fixé par décret.
« Dans les quartiers d'habitat dégradé, les cessions feront l'objet de la
délivrance d'un titre accompagné d'un plan de bornage extrait de la division
parcellaire.
«
Art. L. 89-4
bis. - Un terrain ne peut être cédé aux personnes
privées tant qu'il n'a pas été délimité avec précision et que les servitudes et
usages dont il fera l'objet après sa cession n'ont pas été intégralement
précisés.
«
Art. L. 89-4
ter. - Un décret en Conseil d'Etat règle les modalités
de cession des terrains supportant des édifices religieux.
«
Art. L. 89-4
quater. - Un décret en Conseil d'Etat règle le cas des
terrains supportant des locaux appartenant à des associations et à des
syndicats.
«
Art. L. 89-5
. - Les espaces naturels délimités selon les modalités de
l'article L. 89-1 sont remis gratuitement au Conservatoire de l'espace littoral
et des rivages lacustres pour être gérés dans les conditions prévues aux
articles L. 243-1 à L. 243-10 du code rural. En cas de refus du Conservatoire,
la gestion de ces espaces naturels peut être confiée à une collectivité
territoriale en vertu d'une convention de gestion de l'article L. 51-1 du
présent code, passée après accord du Conservatoire de l'espace littoral et des
rivages lacustres.
«
Art. L. 89-5
bis. -
Supprimé.
«
Art. L. 89-5
ter. - Quiconque occupe sans titre une dépendance du
domaine public maritime naturel, et notamment une dépendance de la zone définie
à l'article L. 87, est passible d'expulsion immédiate, sur décision de
l'autorité administrative, sans préjudice des amendes et sanctions prévues.
L'autorité administrative peut également faire procéder, dès l'établissement
d'un procès-verbal constatant l'état des lieux, au rétablissement de ces
derniers en l'état primitif aux frais du délinquant. Elle arrête alors le
mémoire des travaux exécutés et le rend exécutoire.
« Lorsqu'elle est saisie par le maire du cas d'un terrain relevant d'une
convention passée en application de l'article L. 51-1, l'autorité
administrative est tenue de motiver son refus de faire procéder à
l'expulsion.
« Les dispositions du présent article sont applicables à l'issue d'un délai de
cinq ans à compter de la date de publication de la loi n° ... du ...
précitée.
« Elles ne concernent pas les terrains pour lesquels une demande d'acquisition
a été déposée auprès des services compétents.
«
Art. L. 89-6.
- Un décret en Conseil d'Etat, publié dans un délai de
trois mois à compter de la date de publication de la loi n° ... du ...
précitée, précise les conditions d'application des dispositions du présent
chapitre. »
II. - Il est inséré, au titre IV du livre IV du code du domaine de l'Etat
(partie législative), un article L. 88-1 ainsi rédigé :
«
Art. L. 88-1.
- Dans les départements de la Guyane et de la Réunion,
les espaces naturels sont remis gratuitement au Conservatoire de l'espace
littoral et des rivages lacustres pour être gérés dans les conditions prévues
aux articles L. 243-1 à L. 243-10 du code rural. En cas de refus du
conservatoire, la gestion de ces espaces naturels peut être confiée à une
collectivité territoriale en vertu d'une convention de gestion de l'article L.
51-1 du présent code, passée après accord du Conservatoire de l'espace littoral
et des rivages lacustres. »
ARTICLE L. 89-1 DU CODE DU DOMAINE DE L'ÉTAT
M. le président.
Sur le texte proposé par l'article 1er pour l'article L. 89-1 du code du
domaine de l'Etat, je suis d'abord saisi de trois amendements qui peuvent faire
l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 23, le Gouvernement propose de rédiger comme suit le I du
texte présenté par l'article 1er pour l'article L. 89-1 du code du domaine de
l'Etat :
« I. - Dans un délai d'un an à compter de la date de publication de la loi n°
... du ... relative à l'aménagement, la protection et la mise en valeur de la
zone dite des cinquante pas géométriques dans les départements d'outre-mer, le
préfet délimite, par arrêté, après consultation des communes, à l'intérieur de
cette zone, d'une part, les espaces urbains et les secteurs occupés par une
urbanisation diffuse, d'autre part, les espaces naturels. »
Cet amendement est assorti d'un sous-amendement n° 39, présenté par MM. Lise,
Désiré Larifla et les membres du groupe socialiste, et tendant, dans le texte
proposé par l'amendement 23, à remplacer les mots : « d'un an » par les mots :
« de deux ans ».
Par amendement n° 21, MM. Lise, Désiré Larifla et les membres du groupe
socialiste proposent de rédiger ainsi le début du paragraphe I du texte
présenté par l'article 1er pour l'article L. 89-1 du code du domaine de l'Etat
: « Dans un délai de deux ans à compter de la date de publication de la loi n°
... du ... ».
Par amendement n° 1, M. Huchon, au nom de la commission, propose de supprimer
la dernière phrase du paragraphe I du texte présenté par l'article 1er pour
l'article L. 89-1 du code du domaine de l'Etat.
La parole est à M. le ministre, pour présenter l'amendement n° 23.
M. Jean-Jacques de Peretti,
ministre délégué.
Le Gouvernement est animé par le souci de faire
déterminer les espaces cessibles de la zone des cinquante pas géométriques et
les espaces à confier au conservatoire du littoral, tout simplement par
référence à la situation sur le terrain. Les espaces cessibles appartiennent
aux secteurs urbains ou occupés par une urbanisation diffuse, et ce sont les
espaces naturels qui pourraient être confiés au conservatoire du littoral.
Les zones d'habitat dégradé - M. le rapporteur l'a rappelé - sont incluses
dans les espaces urbains.
Il nous paraît plus logique et plus clair de ne délimiter que deux catégories
d'espace.
M. le président.
La parole est à M. Lise, pour défendre le sous-amendement n° 39 et
l'amendement n° 21.
M. Claude Lise.
L'amendement n° 21 visait à porter le délai prévu de un à deux ans. Le
sous-amendement n° 39 conserve cet objet fort compréhensible.
D'abord, il n'est pas réaliste de considérer que l'on pourra procéder à la
délimitation en une année.
Ensuite et surtout, si l'on veut consulter les communes et permettre à
certaines d'entre elles de passer convention avec l'Etat, comme cela est prévu,
et, par conséquent, le plus souvent de modifier auparavant leur plan
d'occupation des sols, il faut au moins prévoir un peu plus d'un an puisqu'une
révision de POS, en général, c'est de l'ordre de quinze mois.
Telles sont les raisons pour lesquelles je demande au Gouvernement de porter
le délai à deux ans.
M. le président.
La parole est à M. le rapporteur, pour défendre l'amendement n° 1 et pour
donner l'avis de la commission sur l'amendement n° 23 et le sous-amendement n°
39 ainsi, que sur l'amendement n° 21.
M. Jean Huchon,
rapporteur.
Je commencerai par donner l'avis de la commission sur
l'amendement n° 23.
Cet amendement correspond à l'objet de l'amendement n° 1 de la commission,
mais sa rédaction est plus complète. Aussi, la commission émet un avis
favorable sur l'amendement n° 23 et retire l'amendement n° 1.
M. le président.
L'amendement n° 1 est retiré.
Veuillez poursuivre, monsieur le rapporteur.
M. Jean Huchon,
rapporteur.
J'en viens à l'amendement n° 21.
La commission estime que la présente loi doit être immédiatement appliquée.
Or, l'adoption de cet amendement entraînerait de nouveaux délais, alors qu'il
faut agir le plus vite possible. Aussi, la commission émet un avis défavorable
sur cet amendement.
Enfin, la commission n'a pas examiné le sous-amendement n° 39, mais pour la
raison qui l'a conduite à émettre un avis défavorable sur l'amendement n° 21,
je ne puis, à titre personnel, qu'être défavorable à ce sous-amendement, qui
prolonge inutilement les délais alors que les populations attendent avec
impatience l'entrée en vigueur de la loi.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean-Jacques de Peretti,
ministre délégué.
Le Gouvernement souscrit à l'argumentation développée
par la commission concernant le sous-amendement n° 39.
Je comprends bien le souci de M. Lise, mais alors qu'il semblait stigmatiser
tout à l'heure le ministère des finances, en portant le délai à deux ans, il
rend, en fait, service au ministère des finances, et non aux principaux
intéressés.
C'est la raison pour laquelle le Gouvernement émet un avis défavorable sur le
sous-amendement.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix le sous-amendement n° 39, repoussé par la commission et par
le Gouvernement.
(Le sous-amendement n'est pas adopté.)
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 23, accepté par la commission.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, l'amendement n° 21 n'a plus d'objet.
Par amendement n° 24, le Gouvernement propose de supprimer le paragraphe II du
texte présenté par l'article 1er pour l'article L. 89-1 du code du domaine de
l'Etat.
La parole est à M. le ministre.
M. Jean-Jacques de Peretti,
ministre délégué.
L'objectif du Gouvernement est de procéder aux
opérations de cession le plus rapidement possible, par référence à la
constatation sur le terrain de la réalité des occupations.
Nous pensons qu'il n'est pas nécessaire de lui enjoindre d'achever la
délimitation de la zone ou de délimiter le rivage de la mer dans un délai de
rigueur. Cette opération n'est nullement indispensable pour appliquer le projet
de loi.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Jean Huchon,
rapporteur.
La commission comprend à la fois le souci de procéder à la
délimitation, qui a inspiré nos collègues de l'Assemblée nationale, et le désir
de procéder aux opérations de cession, qui anime le Gouvernement. Aussi, elle
s'en remet à la sagesse du Sénat.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 24, pour lequel la commission s'en remet à la
sagesse du Sénat.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Par amendement n° 2, M. Huchon, au nom de la commission, propose, au début du
premier alinéa du paragraphe III du texte présenté par l'article 1er pour
l'article L. 89-1 du code du domaine de l'Etat, de remplacer les mots : « La
délimitation des espaces urbains, » par les mots : « L'arrêté portant
délimitation ».
La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean Huchon,
rapporteur.
Cet amendement a une portée rédactionnelle. Il tend à faire
référence à l'arrêté du préfet, par souci de clarté. Le texte précisera ainsi
que l'arrêté du préfet portera délimitation des zones.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean-Jacques de Peretti,
ministre délégué.
Favorable.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 2, accepté par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Par amendement n° 3, M. Huchon, au nom de la commission, propose de rédiger
comme suit le paragraphe IV du texte présenté par l'article 1er pour l'article
L. 89-1 du code du domaine de l'Etat :
« IV. - Pour l'application des dispositions du présent article, la présence de
constructions éparses ne peut faire obstacle à l'identification d'un secteur
comme espace naturel. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean Huchon,
rapporteur.
L'Assemblée nationale a souhaité fixer les critères relatifs
à la définition des zones d'urbanisation diffuse. Il ne paraît pas souhaitable
de les définir dans la loi, dans la mesure où ils sont peu normatifs. Aussi, la
commission propose de laisser les préfets les définir sous le contrôle du
juge.
En revanche, il est utile de préciser, comme l'a fait l'Assemblée nationale,
que la présence de constructions éparses sur un site ne pourra pas empêcher
qu'il soit classé comme espace naturel.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean-Jacques de Peretti,
ministre délégué.
Favorable.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 3, accepté par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix, modifié, le texte proposé pour l'article L. 89-1 du code du
domaine de l'Etat.
(Ce texte est adopté.)
ARTICLE L. 89-1
BIS
DU CODE DU DOMAINE DE L'ÉTAT
M. le président.
Sur le texte proposé pour l'article L. 89-1
bis
du code du domaine de
l'Etat, je suis saisi de quatre amendements qui peuvent faire l'objet d'une
discussion commune.
Par amendement n° 25, le Gouvernement propose de rédiger comme suit le texte
présenté par l'article 1er pour l'article L. 89-1
bis
du code du domaine
de l'Etat :
«
Art. L. 89-1
bis. - Dans chacun des départements de la Guadeloupe et
de la Martinique, il est institué, dans un délai qui ne peut être supérieur à
un an à compter de l'entrée en vigueur de la loi n° ... du ... précitée, une
commission départementale de vérification des titres.
« Cette commission apprécie la validité de tous les titres antérieurs à
l'entrée en vigueur du décret n° 55-885 du 30 juin 1955 qui n'ont pas été
examinés par la commission, prévue par son article 10, établissant les droits
de propriété, réels ou de jouissance sur les terrains précédemment situés sur
le domaine de la zone des cinquante pas géométriques dont la détention par la
personne privée requérante n'était contrariée par aucun fait de possession d'un
tiers, à la date du 1er janvier 1995.
« Sous peine de forclusion, seuls les titres présentés dans un délai de deux
ans à compter de la constitution de la commission départementale de
vérification des titres seront examinés.
« La commission départementale de vérification des titres comprend trois
membres en activité ou honoraires : un magistrat de l'ordre judiciaire qui
assure la présidence, un membre de la chambre régionale des comptes dont relève
le département concerné et un membre du corps des tribunaux administratifs et
des cours administratives d'appel.
« La commission peut se faire assister par des personnalités qualifiées.
« Le secrétariat de cette commission est assuré par le greffe de la cour
d'appel.
« La cour d'appel connaît de l'appel interjeté à l'encontre des décisions de
la commission.
« La commission départementale de la Martinique est compétente pour apprécier,
dans les mêmes conditions, la validité des titres concernant le département de
la Guyane.
« Les personnes privées, qui ont présenté un titre, ne peuvent déposer une
demande de cession à titre onéreux pour les mêmes terrains, dans les conditions
prévues aux articles L. 89-3 et L. 89-4 du code du domaine de l'Etat, tant que
la commission n'a pas statué sur la validation de ce titre.
« Les personnes privées qui ont déposé un dossier de demande de cession à
titre onéreux dans les conditions prévues aux articles L. 89-3 et L. 89-4 du
code du domaine de l'Etat ne peuvent saisir la commission en vue de la
validation d'un titre portant sur les mêmes terrains, tant que la demande de
cession n'a pas fait l'objet d'une décision de l'Etat.
« Un décret en Conseil d'Etat précise les conditions d'application du présent
article. »
Les trois amendements suivants sont présentés par M. Huchon, au nom de la
commission.
L'amendement n° 4 a pour objet de rédiger comme suit le quatrième alinéa du
texte présenté par l'article 1er pour l'article L. 89-1
bis
du code du
domaine de l'Etat :
« La commission apprécie la validité de tous les titres antérieurs au décret
n° 55-885 du 30 juin 1955 qui n'ont pas été examinés par la commission prévue à
l'article 10 dudit décret, établissant les droits de propriété, réels ou de
jouissance sur les terrains situés sur le domaine défini par les articles L. 86
et L. 87 du code du domaine de l'Etat. Elle établit ainsi le bien-fondé des
prétentions relatives à la propriété des terrains dont la détention, à titre de
propriétaires, par des personnes privées n'était contrariée par aucun fait de
possession d'un tiers, à la date du 1er janvier 1995. »
L'amendement n° 5 tend, dans le cinquième alinéa du texte présenté par
l'article 1er pour l'article L. 89-1
bis
du code du domaine de l'Etat, à
remplacer le mot : « juridiction » par le mot : « commission ».
L'amendement n° 6 vise à rédiger comme suit le sixième alinéa du texte
présenté par l'article 1er pour l'article L. 89-1
bis
du code du domaine
de l'Etat :
« La cour d'appel connaît des recours dirigés contre les décisions de la
commission. »
La parole est à M. le ministre, pour défendre l'amendement n° 25.
M. Jean-Jacques de Peretti,
ministre délégué.
Le Gouvernement propose tout simplement une nouvelle
rédaction de cet article créant la commission juridictionnelle de vérification
des titres. Nous nous étions engagés à expertiser la rédaction de cet article ;
c'est chose faite. La présente rédaction nous semble beaucoup plus appropriée à
un texte de cette nature.
Par ailleurs, nous proposons de confier le secrétariat au greffe de la cour
d'appel et de renvoyer au décret d'application les modalités de désignation des
personnalités qualifiées de cette commission.
M. le président.
La parole est à M. le rapporteur, pour défendre les amendements n°s 4, 5 et 6,
et pour donner l'avis de la commission sur l'amendement n° 25.
M. Jean Huchon,
rapporteur.
L'amendement n° 25, comme l'a dit M. le ministre, vise à
réécrire totalement l'article L. 89-1
bis
du code du domaine de l'Etat,
que les amendements n°s 4, 5 et 6 de la commission tendent à modifier sur trois
points.
Sur ces points l'amendement du Gouvernement reprend le texte de la commission.
Il comporte, en outre, d'utiles dispositions de procédure aux alinéas 9 et 10
concernant la coordination entre le dépôt des demandes de validation des titres
des personnes privées et le dépôt des demandes d'acquisition.
Aussi, la commission émet un avis favorable sur l'amendement n° 25 et retire
ses amendements n°s 4, 5 et 6.
M. le président.
Les amendements n°s 4, 5 et 6 sont retirés.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 25, accepté par la commission.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, l'article L. 89-1
bis
du code du domaine de l'Etat est
ainsi rédigé.
ARTICLE L. 89-2 DU CODE DU DOMAINE DE L'ÉTAT
M. le président.
Sur le texte proposé pour l'article L. 89-2 du code du domaine de l'Etat, je
ne suis saisi d'aucun amendement.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix le texte proposé pour l'article L. 89-2 du code du domaine de
l'Etat.
(Ce texte est adopté.)
ARTICLE L. 89-3 DU CODE DU DOMAINE DE L'ÉTAT
M. le président.
Par amendement n° 7, M. Huchon, au nom de la commission, propose de supprimer
la dernière phrase du deuxième alinéa du texte proposé par l'article 1er pour
l'article L. 89-3 du code du domaine de l'Etat.
La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean Huchon,
rapporteur.
Cet amendement tend à supprimer un gage devenu sans objet.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean-Jacques de Peretti,
ministre délégué.
Favorable.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 7, accepté par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Par amendement n° 8, M. Huchon, au nom de la commission, propose de supprimer
la première phrase du troisième alinéa du texte présenté par l'article 1er pour
l'article L. 89-3 du code du domaine de l'Etat.
La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean Huchon,
rapporteur.
L'Assemblée nationale a adopté un texte qui tend à prendre en
compte, d'une part, les nécessités d'aménagement lors de la détermination de la
superficie cédée pour un usage professionnel, d'autre part, les conditions de
cession des fonds voisins.
Pour notre part, nous aurions souhaité indiquer que l'occupant pourrait, le
cas échéant, obtenir la cession de la totalité du terrain occupé.
L'Assemblée nationale a repris notre formulation en la vidant de sa substance,
car elle pose des conditions plus sévères que celles que nous avions fixées.
Pour éviter tout conflit d'interprétation, la commission propose de supprimer
toute référence à la rédaction initiale.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean-Jacques de Peretti,
ministre délégué.
Favorable.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 8, accepté par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Par amendement n° 26, le Gouvernement propose de supprimer la dernière phrase
du troisième alinéa du texte présenté par l'article 1er pour l'article L. 89-3
du code du domaine de l'Etat.
La parole est à M. le ministre.
M. Jean-Jacques de Peretti,
ministre délégué.
Dans le cadre de la législation actuelle, il est déjà
possible de déclasser des terrains de la zone des cinquante pas géométriques en
vue de leur cession. Ils sont alors vendus à leur valeur normale. Il n'existe
donc aucune raison de céder une partie du terrain concerné à une valeur majorée
de moitié. Si l'intéressé demande une superficie excessive, l'Etat pourra
toujours la lui refuser.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Jean Huchon,
rapporteur.
S'agissant de biens professionnels, le Gouvernement propose
d'appliquer la valeur vénale sans majoration. Nous y sommes favorables.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 26, accepté par la commission.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Par amendement n° 9, M. Huchon, au nom de la commission, propose de supprimer
le quatrième alinéa du texte présenté par l'article 1er pour l'article L. 89-3
du code du domaine de l'Etat.
La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean Huchon,
rapporteur.
L'Assemblée nationale a prévu de soumettre les cessions à
titre professionnel à l'avis conforme de la commune. Après avis pris sur place
auprès de nombre d'élus, la commission juge cette obligation trop lourde,
paralysante et assujettissant à des conditions locales qui peuvent être
spéciales. Elle vous propose donc de supprimer cet avis conforme.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean-Jacques de Peretti,
ministre délégué.
Favorable.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 9, accepté par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix, modifié, le texte proposé pour l'article L. 89-3 du code du
domaine de l'Etat.
(Ce texte est adopté.)
ARTICLE L. 89-4 DU CODE DU DOMAINE DE L'ÉTAT
M. le président.
Par amendement n° 10, M. Huchon, au nom de la commission, propose de supprimer
la première phrase du quatrième alinéa du texte présenté par l'article 1er pour
l'article L. 89-4 du code du domaine de l'Etat.
La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean Huchon,
rapporteur.
Comme je l'ai indiqué lors de la présentation de l'amendement
n° 8, l'Assemblée nationale a adopté un texte qui prend en compte, d'une part,
les nécessités d'aménagement lors de la détermination de la superficie cédée,
d'autre part, les conditions de cessions des fonds voisins. Toutefois, elle a
repris en partie la formulation du Sénat, qui était moins restrictive, en la
vidant de sa substance.
Pour éviter tout conflit d'interprétation, la commission propose de supprimer
toute référence à la rédaction initiale.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean-Jacques de Peretti,
ministre délégué.
Favorable.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 10, accepté par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Par amendement n° 11, M. Huchon, au nom de la commission, propose, dans le
cinquième alinéa du texte présenté par l'article 1er pour l'article L. 89-4 du
code du domaine de l'Etat, de remplacer le mot : « dégradé » par le mot : «
spontané ».
La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean Huchon,
rapporteur.
Cet amendement tend à désigner les quartiers du type
Volga-plage sous le nom déjà utilisé de « quartiers d'habitat spontané ».
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean-Jacques de Peretti,
ministre délégué.
Favorable.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 11, accepté par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Personne ne demande la parole ?... Je mets aux voix, modifié, le texte proposé
pour l'article L. 89-4 du code du domaine de l'Etat.
(Ce texte est adopté.)
ARTICLE L. 89-4
BIS
DU CODE DU DOMAINE DE L'ÉTAT
M. le président.
Par amendement n° 27, le Gouvernement propose de supprimer le texte présenté
par l'article 1er pour l'article L. 89-4
bis
du code du domaine de
l'Etat.
La parole est à M. le ministre.
M. Jean-Jacques de Peretti,
ministre délégué.
La disposition qu'il s'agit de supprimer est inutile,
car elle correspond à une pratique qui est le droit commun.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Jean Huchon,
rapporteur.
Sur cet amendement, dont les dispositions lui sont apparues
comme étant d'ordre réglementaire, la commission s'en remet à la sagesse du
Sénat.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 27, pour lequel la commission s'en remet à la
sagesse du Sénat.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, le texte proposé pour l'article L. 89-4
bis
du code du
domaine de l'Etat est supprimé.
ARTICLE L. 89-4
TER
DU CODE DU DOMAINE DE L'ÉTAT
M. le président.
Par amendement n° 28, le Gouvernement propose de supprimer le texte présenté
par l'article 1er pour l'article L. 89-4
ter
du code du domaine de
l'Etat.
La parole est à M. le ministre.
M. Jean-Jacques de Peretti,
ministre délégué.
Il s'agit, là encore, de supprimer une disposition
inutile, car le cas est déjà couvert par le dernier alinéa de l'article L. 89-7
du code du domaine de l'Etat.
L'amendement n° 29, que nous allons examiner dans quelques intants, a
d'ailleurs, je le dis par avance, le même objet.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Jean Huchon,
rapporteur.
La commission s'en remet à la sagesse du Sénat.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 28, pour lequel la commission s'en remet à la
sagesse du Sénat.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, le texte proposé pour l'article L. 89-4
ter
du code du
domaine de l'Etat est supprimé.
ARTICLE L. 89-4
QUATER
DU CODE DU DOMAINE DE L'ÉTAT
M. le président.
Par amendement n° 29, le Gouvernement propose de supprimer le texte présenté
par l'article 1er pour l'article L. 89-4
quater
du code du domaine de
l'Etat.
Cet amendement a déjà été présenté par M. le ministre.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Jean Huchon,
rapporteur.
Comme précédemment, la commission s'en remet à la sagesse du
Sénat.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 29, pour lequel la commission s'en remet à la
sagesse du Sénat.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, le texte proposé pour l'article L. 89-4
quater
du code
du domaine de l'Etat est supprimé.
M. Jean Huchon,
rapporteur.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean Huchon,
rapporteur.
Monsieur le président, je demande que soit examiné par
priorité le texte proposé pour l'article L. 88-1 du code du domaine de
l'Etat.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement sur cette demande de priorité ?
M. Jean-Jacques de Peretti,
ministre délégué.
Favorable.
M. le président.
La priorité est ordonnée.
ARTICLE L. 88-1
DU CODE DU DOMAINE DE L'ÉTAT
(PRIORITÉ)
M. le président.
Par amendement n° 33, le Gouvernement propose de rédiger comme suit le texte
présenté par le paragraphe II de l'article 1er pour l'article L. 88-1 du code
du domaine de l'Etat.
«
Art. L. 88-1
. - Dans les départements de Guyane et de la Réunion, les
espaces naturels situés à l'intérieur de la zone définie à l'article L. 87 sont
remis en gestion au conservatoire de l'espace littoral et des rivages lacustres
pour être gérés dans les conditions prévues aux articles L. 243-1 à L. 243-10
du code rural. En cas de refus du conservatoire, la gestion de ces espaces
naturels peut être confiée à une collectivité territoriale en vertu d'une
convention de gestion de l'article L. 51-1 du présent code, passée après accord
du conservatoire de l'espace littoral et des rivages lacustres. »
La parole est à M. le ministre.
M. Jean-Jacques de Peretti,
ministre délégué.
C'est un amendement rédactionnel tendant à préciser,
comme pour l'article L. 89-5, qu'il s'agit non pas d'un transfert de propriété,
mais d'une remise en gestion des espaces naturels de la zone des cinquante pas
géométriques au conservatoire de l'espace littoral et des rivages lacustres.
Par ailleurs, le texte voté par l'Assemblée nationale ne précise pas qu'il
s'agit des seuls espaces naturels situés dans la zone des cinquante pas
géométriques. Il convient, nous semble-t-il, d'apporter cette précision.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Jean Huchon,
rapporteur.
La commission est favorable à cet amendement rédactionnel,
qui lève une ambiguïté en évoquant clairement la remise en gestion des espaces
naturels au conservatoire du littoral, plutôt que le transfert de propriété.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 33, accepté par la commission.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, le texte proposé pour l'article L. 88-1 du code du domaine de
l'Etat est ainsi rédigé.
ARTICLE L. 89-5 DU CODE DU DOMAINE DE L'ÉTAT
M. le président.
Par amendement n° 30, le Gouvernement propose, dans la première phrase du
texte présenté par le paragraphe I de l'article 1er pour l'article L. 89-5 du
code du domaine de l'Etat, de remplacer les mots : « sont remis gratuitement au
Conservatoire » par les mots : « sont remis en gestion au conservatoire ».
La parole est à M. le ministre.
M. Jean-Jacques de Peretti,
ministre délégué.
Il s'agit d'un amendement rédactionnel de mise en
conformité avec le texte proposé pour l'article L. 88-1 du code du domaine de
l'Etat, tel qu'il vient d'être adopté.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Jean Huchon,
rapporteur.
Favorable.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 30, accepté par la commission.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix, ainsi modifié, le texte proposé pour l'article L. 89-5 du
code du domaine de l'Etat.
(Ce texte est adopté.)
ARTICLE ADDITIONNEL AVANT L'ARTICLE L. 89-5
BIS
DU CODE DU DOMAINE DE L'ÉTAT
M. le président.
Par amendement n° 12 rectifié, M. Huchon, au nom de la commission, propose,
avant le texte présenté par l'article 1er pour l'article L. 89-5
bis
du
code du domaine de l'Etat, d'insérer dans ledit code un article additionnel
ainsi rédigé :
«
Art. L. ...
- Les exonérations prévues par les articles 150 B à 150 G
du code général des impôts ne s'appliquent pas aux plus-values de cession
réalisées dans un délai de dix ans à compter de la cession du bien par l'Etat
dans les conditions prévues aux articles L. 89-3 et L. 89-4 du code du domaine
de l'Etat.
« Pour la détermination de la plus-value imposable en application de l'article
150 A du code général des impôts, le prix d'acquisition par le cédant du bien
acquis selon les modalités des articles L. 89-3 et L. 89-4 du code du domaine
de l'Etat est la valeur vénale au jour de cette acquisition. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean Huchon,
rapporteur.
La commission souhaite taxer la revente spéculative des
terrains cédés par l'Etat moyennant une aide.
Aussi propose-t-elle de soumettre au régime de la taxation des plus-values les
cessions opérées dans les dix ans suivant les cessions par l'Etat.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean-Jacques de Peretti,
ministre délégué.
Le Gouvernement est défavorable à cet amendement.
Il s'agit, en effet, d'une taxation des plus-values réalisées lors de la
cession des terrains, accompagnée de la suppression des exonérations prévues
par le code général des impôts.
Une alternative existe, le droit de préemption, qui a la préférence du
Gouvernement.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 12 rectifié, repoussé par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le code du
domaine de l'Etat, avant l'article L. 89-5
bis.
ARTICLE L. 89-5
BIS
DU CODE DU DOMAINE DE L'ÉTAT
M. le président.
Le texte proposé pour l'article L. 89-5
bis
du code du domaine de
l'Etat a été supprimé par l'Assemblée nationale.
Mais, par amendement n° 13, M. Huchon, au nom de la commission, propose de le
rétablir dans la rédaction suivante :
«
Art. L. 89-5
bis. - L'agence peut, au nom de l'Etat, exercer le droit
de préemption, dans le délai de six mois à compter de la date d'enregistrement
de l'acte de vente, sur les terrains qui ont fait l'objet de déclassement en
application des articles L. 89-3 et L. 89-4 ci-dessus, lorsque les personnes
auxquelles ils ont été cédés à titre onéreux en effectuent la revente totale ou
partielle dans un délai de moins de dix ans, à compter de l'acte de cession
suivant le déclassement. Le montant de l'indemnité est égal au prix auquel a
été réalisée cette cession, majoré du coût des aménagements réalisés par le
propriétaire et de l'indice du coût de la construction. »
Cet amendement est assorti d'un sous-amendement n° 31, présenté par le
Gouvernement, et tendant à rédiger comme suit la seconde phrase du texte
proposé par l'amendement n° 13 pour l'article L. 89-5
bis
du code du
domaine de l'Etat.
« Le montant de l'indemnité, diminué le cas échéant de l'aide exceptionnelle
accordée par l'Etat, est égal au prix auquel a été réalisée cette cession,
majoré du coût des aménagements réalisés par le propriétaire et de l'indice du
coût de la construction. »
La parole est à M. le rapporteur, pour défendre l'amendement n° 13.
M. Jean Huchon,
rapporteur.
Il est nécessaire de pénaliser la revente spéculative des
terrains. Aussi la commission propose-t-elle d'instituer un droit de préemption
au profit de l'Etat. Ce droit pourrait être exercé durant les dix ans à compter
de la date de l'acte de cession.
M. le président.
La parole est à M. le ministre, pour défendre le sous-amendement n° 31 et pour
donner l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 13.
M. Jean-Jacques de Peretti,
ministre délégué.
Le dispositif précédent ayant été adopté, il m'apparaît
que l'amendement n° 13 n'a plus de raison d'être, puisqu'il s'agissait d'un
dispositif antispéculatif.
Dès lors, la commission pourrait, me semble-t-il, le retirer.
M. le président.
Monsieur le rapporteur, l'amendement n° 13 est-il maintenu ?
M. Jean Huchon,
rapporteur.
Oui, monsieur le président.
M. le président.
Je vous redonne donc la parole, monsieur le ministre, pour présenter le
sous-amendement n° 31.
M. Jean-Jacques de Peretti,
ministre délégué.
Ce sous-amendement tend à prendre en compte l'aide qui
aura été versée par l'Etat au moment de la cession. Cette mesure permet
d'ajuster l'indemnité aux cas particuliers, sans qu'il y ait pour autant un
double paiement par l'Etat quand celui-ci a déjà aidé financièrement
l'acquéreur au moment de l'achat du terrain au travers de l'aide exceptionnelle
prévue à l'article 2.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission sur le sous-amendement ?
M. Jean Huchon,
rapporteur.
Favorable.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix le sous-amendement n° 31, accepté par la commission.
(Le sous-amendement est adopté.)
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 13, ainsi modifié.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, le texte proposé pour l'article L. 89-5
bis
du code du
domaine de l'Etat est rétabli dans cette rédaction.
ARTICLE L. 89-5
TER
DU CODE DU DOMAINE DE l'ÉTAT
M. le président.
Sur le texte proposé pour l'article L. 89-5
ter
du code du domaine de
l'Etat, je suis saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une
discussion commune.
Par amendement n° 32, le Gouvernement propose de supprimer le texte présenté
par le paragraphe I de l'article 1er pour l'article L. 89-5
ter
du code
du domaine de l'Etat.
Par amendement n° 14, M. Huchon, au nom de la commission, propose de rédiger
comme suit le début du premier alinéa du texte présenté par l'article 1er pour
l'article L. 89-5
ter
du code du domaine de l'Etat :
« Quiconque occupe sans titre un espace naturel compris dans la zone définie à
l'article... »
La parole est à M. le ministre, pour défendre l'amendement n° 32.
M. Jean-Jacques de Peretti,
ministre délégué.
Des dispositions répressives figurent déjà dans le code
du domaine de l'Etat. Le problème est non pas de les renforcer, mais de les
appliquer dans les faits. Introduire une procédure parallèle à celle qui existe
déjà ne ferait que compliquer le droit. La suppression du texte proposé pour
l'article L. 89-5
ter
va dans le sens de la simplification souhaitée par
un certain nombre d'intervenants.
Enfin, ce texte n'apporte pas de garanties suffisantes au justiciable.
M. le président.
La parole est à M. le rapporteur, pour présenter l'amendement n° 14 et pour
donner l'avis de la commission sur l'amendement n° 32.
M. Jean Huchon,
rapporteur.
En ce qui concerne l'amendement n° 32, la commission s'est
elle-même interrogée sur l'application pratique de cette procédure introduite
par l'Assemblée nationale. Aussi s'en remet-elle à la sagesse du Sénat.
Si cet amendement était adopté, l'amendement n° 14 n'aurait dès lors plus
d'objet.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 32, pour lequel la commission s'en remet à la
sagesse du Sénat.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, le texte proposé pour l'article L. 89-5
ter
est
supprimé et l'amendement n° 14 n'a plus d'objet.
ARTICLE L. 89-6 DU CODE DU DOMAINE DE L'ÉTAT
M. le président.
Sur le texte proposé pour l'article L. 89-6 du code du domaine de l'Etat, je
ne suis saisi d'aucun amendement.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix le texte proposé pour l'article L. 89-6 du code du domaine de
l'Etat.
(Ce texte est adopté.)
M. le président.
Personne ne demande la parole ? ...
Je mets aux voix l'ensemble de l'article 1er, modifié.
(L'article 1er est adopté.)
Article 1er
bis
M. le président.
« Art. 1er
bis
. - Il est inséré, au chapitre Ier du titre VII du livre
Ier du code forestier (partie Législative), un article L. 171-2 ainsi rédigé
:
«
Art. L. 171-2. -
Les forêts et terrains à boiser du domaine de l'Etat
situés dans les départements de la Guadeloupe et de la Martinique sont
imprescriptibles. » -
(Adopté.)
Article 2
M. le président.
« Art. 2. - Les cessions visées à l'article L. 89-4 du code du domaine de
l'Etat font l'objet d'une aide exceptionnelle de l'Etat, lorsque les personnes
qui demandent à en bénéficier remplissent des conditions de ressources,
d'ancienneté d'occupation et de rapport entre le revenu et le nombre des
membres du foyer fiscal, définies par décret en Conseil d'Etat.
« En cas de mutation totale ou partielle à titre onéreux du bien acquis dans
les conditions prévues à l'article L. 89-4 du code du domaine de l'Etat,
réalisée dans un délai de dix ans à compter de la date de l'acte ayant donné
lieu à l'attribution de l'aide prévue ci-dessus, le montant de l'aide est
reversé à l'Etat.
« Pour garantir le reversement de l'aide mentionnée aux alinéas précédents, le
Trésor possède sur le bien acquis une hypothèque légale.
« L'inscription de l'hypothèque est requise par le receveur des impôts du lieu
de situation des biens, concomitamment au dépôt aux fins de publication à la
conservation des hypothèques de l'acte de cession par l'Etat.
« La cession par l'Etat, l'inscription et la radiation de l'hypothèque légale
ne donnent lieu à aucune indemnité ou perception d'impôts, droits ou taxes.
»
Par amendement n° 15 M. Huchon, au nom de la commission, propose de rédiger
comme suit le premier alinéa de cet article :
« Les cessions visées à l'article L. 89-4 du code du domaine de l'Etat font
l'objet d'une aide exceptionnelle de l'Etat, dans les conditions prévues par la
loi de finances. L'aide est déterminée compte tenu des ressources, de
l'ancienneté d'occupation et du rapport entre le revenu et le nombre des
membres du foyer fiscal, dans des conditions définies par décret en Conseil
d'Etat. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean Huchon,
rapporteur.
L'Assemblée nationale a conservé le principe de l'octroi
d'une aide pour l'achat des terrains à usage d'habitation. Cependant, la
rédaction qu'elle a retenue insiste moins sur le principe du caractère
obligatoire de l'aide que sur ses critères d'octroi.
La commission propose donc de revenir à une rédaction qui affirme le caractère
général de l'aide de façon plus claire.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean-Jacques de Peretti,
ministre délégué.
Le Gouvernement souhaite conserver la rédaction adoptée
par l'Assemblée nationale, qui lui paraît plus réaliste et plus pertinente. Par
conséquent, il émet un avis défavorable sur l'amendement.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 15, repoussé par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 2, ainsi modifié.
(L'article 2 est adopté.)
Article 3
M. le président.
« Art. 3. - Dans chacun des départements de la Guadeloupe et de la Martinique,
il est créé, pour une durée de dix ans, un établissement public d'État dénommé
« Agence pour la mise en valeur des espaces urbains de la zone dite des
cinquante pas géométriques ».
« Ces agences constituent un instrument de coopération entre l'État et les
communes. Leurs relations avec ces collectivités territoriales peuvent faire
l'objet de conventions spécifiques.
« Le domaine de compétence de chaque agence s'étend aux espaces urbains et aux
secteurs occupés par une urbanisation diffuse de la zone dite des cinquante pas
géométriques délimités selon les modalités prévues à l'article L. 89-1 du code
du domaine de l'État. » -
(Adopté.)
Article 4
M. le président.
« Art. 4. - Les agences mentionnées à l'article 3 établissent, après
consultation de la ou des communes concernées, un programme d'équipement des
terrains ressortissant aux espaces urbains et aux secteurs occupés par une
urbanisation diffuse, délimités selon les modalités prévues à l'article L. 89-1
du code du domaine de l'Etat et mis gratuitement à leur disposition par
l'Etat.
« Les agences sont consultées sur la compatibilité entre les projets de
cession envisagés en application des articles L. 89-2 à L. 89-4 du même code et
le programme d'équipement des terrains en voirie et réseaux divers qu'elles ont
établi, dans le cadre de leur rôle de coordination avec les collectivités
territoriales.
« Les travaux de voies d'accès, de réseaux d'eau potable et d'assainissement
peuvent être réalisés, soit par les communes, après cession des terrains
conformément à l'article L. 89-2 du code du domaine de l'Etat, soit par les
agences. Dans ce dernier cas, les voies et réseaux divers peuvent être cédés à
la commune sur le territoire de laquelle ils sont situés.
« Des quartiers d'habitat spontané sont délimités à l'intérieur des espaces
urbains et des secteurs occupés par une urbanisation diffuse. Une convention
passée entre l'agence, au nom de l'Etat, et la commune précise le programme
d'équipement en voies et réseaux divers des terrains situés dans ces quartiers.
Cette convention prévoit également les mesures techniques, juridiques et
financières nécessaires pour rendre les opérations de cession et d'équipement
possibles. Elle fixe les contributions financières respectives de l'agence, au
nom de l'Etat, et de la commune nécessaire à la réalisation des opérations
prévues par cette convention. »
Par amendement n° 34, le Gouvernement propose, dans les deuxième et quatrième
phrases du quatrième alinéa de cet article, de supprimer les mots : « au nom de
l'Etat ».
La parole est à M. le ministre.
M. Jean-Jacques de Peretti,
ministre délégué.
Les agences mentionnées à l'article 3 sont des
organismes autonomes qui ne peuvent pas stipuler au nom de l'Etat.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Jean Huchon,
rapporteur.
Favorable.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 34, accepté par la commission.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 4, ainsi modifié.
(L'article 4 est adopté.)
Article 5
M. le président.
« Art. 5. - Les agences mentionnées à l'article 3 sont administrées par un
conseil d'administration dont le président est désigné par décret.
« Leur conseil d'administration se compose de représentants des services de
l'Etat dans le département, de représentants des collectivités territoriales,
de représentants de l'agence d'urbanisme et d'aménagement et de personnes
choisies en raison de leurs compétences dans les domaines de l'urbanisme et de
la connaissance du littoral.
« Elles sont dirigées par un directeur nommé par décret, après avis du conseil
d'administration.
« Un décret en Conseil d'Etat précise les conditions d'application du présent
article. »
Par amendement n° 22, MM. Lise, Désiré, Larifla et les membres du groupe
socialiste proposent de rédiger comme suit la fin du premier alinéa de cet
article : « ... dont le président est élu par le conseil d'administration de
l'agence ».
La parole est à M. Lise.
M. Claude Lise.
J'ai déjà défendu cet amendement lors de mon intervention dans la discussion
générale.
Nous ne pouvons pas accepter que le président du conseil d'administration de
l'agence soit nommé par décret, au même titre que le directeur. Une juste
répartition des compétences devrait permettre aux membres du conseil
d'administration d'élire le président.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Jean Huchon,
rapporteur.
Dans la mesure où la répartition des compétences est claire
entre, d'une part, le directeur, qui dirige l'agence, selon les termes de
l'article 5, alinéa 3, et, d'autre part, le président, qui préside le conseil
d'administration, par lequel il est logique qu'il soit élu, la commission est
favorable à cet amendement.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean-Jacques de Peretti,
ministre délégué.
Il s'agit d'un point important, M. Lise l'a souligné
dans son intervention.
La commission est favorable à cet amendement. Le Gouvernement y est opposé,
car il raisonne de manière un peu différente. Entendons-nous bien : l'objectif
recherché est le même, me semble-t-il, mais les moyens pour l'atteindre sont
différents.
Le raisonnement du Gouvernement est le suivant : il s'agit de terrains qui
appartiennent encore à l'Etat ; il est donc logique que l'Etat puisse nommer le
président du conseil d'administration de l'agence.
D'ailleurs, comme cela a été souligné - et nous ferons en sorte que
l'application de ce texte ne soit pas dévoyée dans la pratique - l'agence devra
entretenir des rapports de collaboration avec l'ensemble des communes.
Nous pensons qu'il est préférable d'avoir à la tête de l'agence une
personnalité désignée plutôt qu'un élu. En effet, quelle que soit la sérénité
des élections dans les départements d'outre-mer, monsieur le sénateur, il en
reste toujours quelque chose. Une personnalité neutre, peut-être un haut
fonctionnaire, mais pas trop technocrate, nous paraît, pour la sagesse de la
répartition et des débats, dès lors que le département et les communes pourront
être appelés à la barre pour défendre leur thèse, préférable à une personnalité
élue qui, au gré des élections et des majorités, pourra changer, d'où un risque
de déstabilisation du dispositif.
Monsieur le sénateur, je partage votre souci de neutralité, mais nous pensons
que la neutralité, en l'occurrence, sera mieux assurée par une personnalité
nommée que par un élu. Cela n'est d'ailleurs pas toujours le cas, parce que les
élus assurent parfois une neutralité ô souvent combien nécessaire par rapport à
ceux qui ne sont pas élus.
(Sourires.)
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 22, approuvé par la commission et repoussé
par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Je suis maintenant saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une
discussion commune.
Par amendement n° 16 rectifié, M. Huchon, au nom de la commission, propose de
rédiger comme suit le deuxième alinéa de l'article 5 :
« Leur conseil d'administration se compose de représentants des services de
l'Etat dans le département, de représentants élus de la région, du département,
des communes ainsi que de représentants de l'agence d'urbanisme et
d'aménagement et de personnes choisies en raison de leur compétence dans le
domaine de l'urbanisme et de leur connaissance du littoral. »
Par amendement n° 35, le Gouvernement propose d'insérer, après le troisième
alinéa de l'article 5, un alinéa ainsi rédigé :
« Un représentant de la commune concernée par un projet visé à l'article 4 est
entendu à sa demande par le conseil d'administration de l'agence. »
La parole est à M. le rapporteur, pour présenter l'amendement n° 16
rectifié.
M. Jean Huchon,
rapporteur.
Pour répondre à la demande de nombreux élus, la commission
propose un amendement définissant clairement la composition du conseil
d'administration de l'agence, qui comprendra des représentants de toutes les
collectivités concernées : région, département, communes.
M. le président.
La parole est à M. le ministre, pour donner l'avis du Gouvernement sur
l'amendement n° 16 rectifié et pour présenter l'amendement n° 35.
M. Jean-Jacques de Peretti,
ministre délégué.
Le Gouvernement est toujours favorable aux amendements
déposés par la commission. Malheureusement, il n'est pas toujours suivi par
celle-ci !
(Sourires.)
En l'occurrence, le Gouvernement émet un avis favorable sur l'amendement n° 16
rectifié et retire, en conséquence, l'amendement n° 35.
M. le président.
L'amendement n° 35 est retiré.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 16 rectifié, accepté par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 5, modifié.
(L'article 5 est adopté.)
Article 6
M. le président.
« Art. 6. - Les ressources des agences mentionnées à l'article 3 se composent
:
« 1° De subventions ;
« 2° Des redevances d'occupation du domaine public de l'Etat dues au titre des
parcelles des espaces urbains ou des secteurs occupés par une urbanisation
diffuse, délimités selon les modalités de l'article L. 89-1 du code du domaine
de l'Etat ;
« 3° Des produits des cessions intervenues en application des articles L.
89-2, L. 89-3 et L. 89-4 du code du domaine de l'Etat pour la part restant à la
charge des bénéficiaires des cessions, après application, le cas échéant, de
l'aide exceptionnelle prévue à l'article 2 de la présente loi ;
« 4° Des produits respectifs de la taxe spéciale d'équipement prévue par les
articles 1609 C et 1609 D du code général des impôts. »
Par amendement n° 17, M. Huchon, au nom de la commission, propose de rédiger
comme suit le deuxième alinéa (1°) de cet article :
« 1° Des subventions de la Communauté européenne, de l'Etat et des
collectivités territoriales. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean Huchon,
rapporteur.
La commission propose de mentionner la liste des subventions
perçues par l'agence, à savoir celles de la Communauté européenne, de l'Etat et
des collectivités territoriales. Nous pourrions nous dispenser de cette
précision, mais la commission estime que cela va mieux en le disant.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean-Jacques de Peretti,
ministre délégué.
Le Gouvernement est défavorable à cet amendement ; il
préfère que l'on s'en tienne à la rédaction adoptée par l'Assemblée nationale,
qui a déjà fait l'objet d'un débat approfondi.
Cette rédaction vise toutes les subventions d'une manière générale, y compris
celles des Communautés européennes, de l'Etat et des collectivités
territoriales, voire d'autres s'il s'en trouvait demain.
M. le président.
Monsieur le rapporteur, l'amendement n° 17 est-il maintenu ?
M. Jean Huchon,
rapporteur.
Oui, monsieur le président, car je suis mandaté par la
commission pour défendre cette position.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 17, repoussé par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 6, ainsi modifié.
(L'article 6 est adopté.)
Article 7
M. le président.
« Art. 7. - Il est inséré, après l'article 1609 B du code général des impôts,
une section 9
quater
ainsi rédigée :
« Section 9 quater
« Taxe spéciale d'équipement perçue au profit de l'agence pour la mise en
valeur des espaces urbains de la zone dite des cinquante pas géométriques en
Guadeloupe
« Art. 1609 C.
- Il est institué au profit de l'agence pour la mise en
valeur des espaces urbains de la zone dite des cinquante pas géométriques en
Guadeloupe créée en application de la loi n°... du ..., relative à
l'aménagement, la protection et la mise en valeur de la zone dite des cinquante
pas géométriques dans les départements d'outre-mer, une taxe spéciale
d'équipement destinée à financer l'exercice en Guadeloupe, par cet organisme,
des missions définies à l'article 4 de cette loi.
« Le montant de cette taxe est arrêté chaque année par le conseil
d'administration de l'agence dans les limites d'un plafond fixé par la loi de
finances.
« Les communes concernées, le département et la région sont préalablement
consultés.
« Ce montant est réparti dans les conditions définies au II de l'article 1636
B
octies,
entre toutes les personnes physiques ou morales assujetties
aux taxes foncières sur les propriétés bâties et non bâties, à la taxe
d'habitation et à la taxe professionnelle dans les communes dont une partie du
territoire est comprise dans la zone de compétence de l'agence.
« A compter de l'année d'incorporation dans les rôles des résultats de la
révision générale des évaluations cadastrales effectuée dans les conditions
fixées par la loi n° 90-669 du 30 juillet 1990 relative à la révison générale
des évaluations des immeubles retenus pour la détermination des bases des
impôts directs locaux, les organismes d'habitations à loyer modéré, les
sociétés immobilières d'économie mixte créées en application de la loi n°
46-860 du 30 avril 1946 et les sociétés d'économie mixte locales sont exonérés
de la taxe additionnelle au titre des locaux d'habitation et dépendances dont
ils sont propriétaires et qui sont attribués sous conditions de ressources. Les
redevables au nom desquels une cotisation de taxe d'habitation est établie au
titre de ces locaux sont exonérés de la taxe additionnelle à compter de la même
date.
« Les cotisations sont établies et recouvrées, les réclamations sont
présentées et jugées comme en matière de contributions directes. »
Par amendement n° 18, M. Huchon, au nom de la commission, propose de supprimer
le troisième alinéa du texte présenté par cet article pour l'article 1609 C du
code général des impôts.
La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean Huchon,
rapporteur.
Puisque l'on a réintroduit les représentants des
collectivités territoriales au sein du conseil d'administration de l'agence, la
commission juge inutile de conserver cet alinéa, qui est devenu sans objet.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean-Jacques de Peretti,
ministre délégué.
Favorable.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 18, accepté par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Personne de demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 7, ainsi modifié.
(L'article 7 est adopté.)
Article 8
M. le président.
« Art. 8. - Il est inséré, après l'article 1609 C du code général des impôts,
une section 9
quinquies
ainsi rédigée :
« Section 9 quinquies
« Taxe spéciale d'équipement perçue au profit de l'agence pour la mise en
valeur des espaces urbains de la zone dite des cinquante pas géométriques en
Martinique
«
Art. 1609 D. -
Il est institué, au profit de l'agence pour la mise en
valeur des espaces urbains de la zone dite des cinquante pas géométriques en
Martinique créée, en application de la loi n° du précitée une taxe
spéciale d'équipement destinée à financer l'exercice en Martinique, par cet
organisme, des missions définies à l'article 4 de cette loi.
« Le montant de cette taxe est arrêté chaque année par le conseil
d'administration de l'agence dans les limites d'un plafond fixé par la loi de
finances.
« Les communes concernées, le département et la région sont préalablement
consultés.
« Ce montant est réparti, dans les conditions définies au II de l'article 1636
B
octies,
entre toutes les personnes physiques ou morales assujetties
aux taxes foncières sur les propriétés bâties et non bâties, à la taxe
d'habitation et à la taxe professionnelle dans les communes dont une partie du
territoire est comprise dans la zone de compétence de l'agence.
« A compter de l'année d'incorporation dans les rôles des résultats de la
révision générale des évaluations cadastrales effectuée dans les conditions
fixées par la loi n° 90-669 du 30 juillet 1990 relative à la révision générale
des évaluations des immeubles retenus pour la détermination des bases des
impôts directs locaux, les organismes d'habitation à loyer modéré, les sociétés
immobilières d'économie mixte créées en application de la loi n° 46-860 du 30
avril 1946 et les sociétés d'économie mixte locales sont exonérés de la taxe
additionnelle au titre des locaux d'habitation et dépendances dont ils sont
propriétaires et qui sont attribués sous conditions de ressources. Les
redevables au nom desquels une cotisation de taxe d'habitation est établie au
titre de ces locaux sont exonérés de la taxe additionnelle à compter de la même
date.
« Les cotisations sont établies et recouvrées, les réclamations sont
présentées et jugées comme en matière de contributions directes. »
Par amendement n° 19, M. Huchon, au nom de la commission, propose de supprimer
le troisième alinéa du texte présenté par cet article pour l'article 1609 D du
code général des impôts.
La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean Huchon,
rapporteur.
La commission estime que la présence des réprésentants des
collectivités territoriales au sein du conseil d'administration de l'agence
rend cet alinéa inutile. Elle propose donc au Sénat de le supprimer.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean-Jacques de Peretti,
ministre délégué.
Favorable.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 19, accepté par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 8, ainsi modifié.
(L'article 8 est adopté.)
Article 9
M. le président.
« Art. 9. - L'article L. 156-3 du code de l'urbanisme est ainsi rédigé :
«
Art. L. 156-3.
- I. - Les terrains situés dans les parties
actuellement urbanisées de la commune comprises dans la bande littorale définie
à l'article L. 156-2 sont préservés lorsqu'ils sont à l'usage de plages,
d'espaces boisés, de parcs ou de jardins publics. Il en est de même des espaces
restés naturels situés dans les parties actuellement urbanisées de la bande
littorale précitée, sauf si un intérêt public exposé au plan d'occupation des
sols justifie une autre affectation.
« II. - Les secteurs de la zone dite des cinquante pas géométriques situés
dans les parties actuellement urbanisées de la commune ou au droit de ces
parties peuvent, dès lors qu'ils sont déjà équipés ou occupés à la date de
publication de la loi n° .... du .... relative à l'aménagement, la protection
et la mise en valeur de la zone dite des cinquante pas géométriques dans les
départements d'outre-mer et sous réserve de la préservation des plages, des
espaces boisés, des parcs ou des jardins publics, être délimités par le plan
d'occupation des sols pour être affectés à des services publics, des
équipements collectifs, des opérations de réaménagement de quartier, de
logement à caractère social et de résorption de l'habitat insalubre, des
commerces, des structures artisanales, des équipements touristiques et
hôteliers ainsi qu'à toute autre activité économique dont la localisation à
proximité de la mer est justifiée par son usage ou par une nécessité économique
de desserte par voie maritime. Des mesures compensatoires devront alors être
mises en oeuvre permettant le maintien de l'équilibre du milieu marin et
terrestre.
« Ces installations organisent ou préservent l'accès et la libre circulation
le long du rivage dans les conditions prévues à l'article L. 146-3.
« III. - Sont autorisés, dans les secteurs visés au II ci-dessus,
l'adaptation, la réfection et l'extension limitée des constructions existantes.
»
Par amendement n° 36, le Gouvernement propose, à la fin du second alinéa du
paragraphe II du texte présenté par cet article pour l'article L. 156-3 du code
de l'urbanisme, de supprimer les mots : « dans les conditions prévues à
l'article L. 146-3 ».
La parole est à M. le ministre.
M. Jean-Jacques de Peretti,
ministre délégué.
La référence à l'article L. 146-3 du code de
l'urbanisme restreint la portée de cette disposition, qui prévoit l'accès et la
libre circulation le long du rivage dans le cadre de toutes les installations
nouvelles admises dans les parties qui sont actuellement urbanisées.
Par ailleurs, l'article L. 146-3 ne vise que le libre accès et cette référence
serait, à notre sens, source de difficultés d'interprétation. Sa suppression
est, en revanche, sans effet juridique.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Jean Huchon,
rapporteur.
Cet amendement clarifie les dispositions du code de
l'urbanisme. La commission ne peut donc qu'y être favorable.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 36, accepté par la commission.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 9, ainsi modifié.
(L'article 9 est adopté.)
Article 9
bis
A
M. le président.
« Art. 9
bis
A. - Au troisième alinéa de l'article L. 89 du code du
domaine de l'Etat, les mots : "définis au troisième alinéa de son article
L. 156-3" sont remplacés par les mots : "définis au II de son article
L. 156-3". » -
(Adopté.)
Article 9
bis
B
M. le président.
« Art. 9
bis
B. - Il est inséré, au chapitre VI du titre V du livre
premier du code de l'urbanisme (partie législative), un article L. 156-4 ainsi
rédigé :
«
Art. L. 156-4.
- I. - Les secteurs occupés par une urbanisation
diffuse à la date de publication de la loi n° du précitée, situés dans la
bande littorale définie à l'article L. 156-2 et à proximité des parties
actuellement urbanisées de la commune, peuvent, sous réserve de leur
délimitation dans le chapitre particulier du schéma régional valant schéma de
mise en valeur de la mer et de la préservation des plages et des espaces boisés
ainsi que des parcs et jardins publics, être affectés à des services publics,
des équipements collectifs, des commerces, des structures artisanales, des
équipements touristiques et hôteliers.
« Des mesures compensatoires devront alors être mises en oeuvre permettant le
maintien de l'équilibre du milieu marin et terrestre.
« Ces installations organisent ou préservent l'accès et la libre circulation
le long du rivage.
« II. - Sont autorisées, dans les secteurs déjà occupés par une urbanisation
diffuse de la bande littorale définie à l'article L. 156-2, l'adaptation, la
réfection et l'extension limitée des constructions existantes. »
Par amendement n° 37, le Gouvernement propose, dans le premier alinéa du
paragraphe I du texte présenté par cet article pour l'article L. 156-4 du code
de l'urbanisme, de remplacer le mot : « délimitation » par le mot : «
identification ».
La parole est à M. le ministre.
M. Jean-Jacques de Peretti,
ministre délégué.
Il s'agit d'un amendement rédactionnel.
Le terme « délimitation » implique une localisation à la parcelle, ce que ne
permet absolument pas un schéma de mise en valeur de la mer compte tenu de son
échelle et de ses objectifs.
Le terme « identification » paraît donc plus approprié.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Jean Huchon,
rapporteur.
Favorable.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 37, accepté par la commission.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Par amendement n° 38, le Gouvernement propose de rédiger ainsi le paragraphe
II du texte proposé par l'article 9
bis
B pour l'article L. 156-4 du
code de l'urbanisme :
« II. - Sont autorisés dans les secteurs occupés par une urbanisation diffuse
à la date de publication de la loi n° ... du ... précitée, situés dans la bande
littorale définie à l'article L. 156-2, l'adaptation, la réfection et
l'extension limitée des constructions existantes. »
La parole est à M. le ministre.
M. Jean-Jacques de Peretti,
ministre délégué.
Cette disposition existe dans les secteurs urbanisés.
Il s'agit là d'une extension aux secteurs occupés par une urbanisation diffuse
où les occupants pourront acquérir également le terrain sur lequel est bâtie
leur habitation et ainsi améliorer la construction dans laquelle ils vivent.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Jean Huchon,
rapporteur.
La commission est favorable à cet amendement, qui vise à
harmoniser le texte du paragraphe II de l'article L. 156-4 du code de
l'urbanisme avec celui du paragraphe III de l'article L. 156-3 du même code.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 38, accepté par la commission.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 9
bis
B, modifié.
(L'article 9
bis
B est adopté.)
Article 9
bis
M. le président.
L'article 9
bis
a été supprimé par l'Assemblée nationale.
Article 10
M. le président.
« Art. 10. - Un décret en Conseil d'Etat détermine les modalités d'application
de la présente loi.
« Un rapport annexé au projet de loi de finances de l'année établit un bilan
de l'application de la présente loi au 1er janvier de l'année et des cessions
de terrains par l'Etat et les communes. »
Par amendement n° 20 M. Huchon, au nom de la commission, propose de supprimer
le second alinéa de cet article.
La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean Huchon,
rapporteur.
La commission est soucieuse de voir la loi appliquée très
rapidement.
Or, notre expérience de commissaire nous prouve que le système du rapport
n'est pas toujours appliqué sérieusement. Et, comme nous sommes sérieux, nous
proposons donc de supprimer le second alinéa de l'article 10, qui prévoit d'y
recourir.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean-Jacques de Peretti,
ministre délégué.
Le Gouvernement partage le souci de sérieux de la
commission et est donc favorable à l'amendement.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 20, accepté par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 10, ainsi modifié.
(L'article 10 est adopté.)
M. le président.
Les autres dispositions au projet de loi ne font pas l'objet de la deuxième
lecture.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'ensemble du projet de loi.
(Le projet de loi est adopté.)
M. le président.
L'ordre du jour de ce matin étant épuisé, nous allons maintenant interrompre
nos travaux ; nous les reprendrons à quinze heures.
La séance est suspendue.
(La séance, suspendue à onze heures dix, est reprise à quinze heures, sous la
présidence de M. Michel Dreyfus-Schmidt.)
PRÉSIDENCE
DE M. MICHEL DREYFUS-SCHMIDT
vice-président
M. le président. La séance est reprise.
3
CANDIDATURES
À UNE COMMISSION SPÉCIALE
M. le président.
L'ordre du jour appelle la nomination des membres de la commission spéciale
créée, en application de l'article 17, alinéa 1, du règlement, et chargée
d'examiner le projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale après déclaration
d'urgence, relatif à la mise en oeuvre du pacte de relance pour la ville (n°
461, 1995-1996).
Il va être procédé à cette nomination conformément aux dispositions de
l'article 10 du règlement.
La liste des candidats établie par les présidents des groupes a été
affichée.
Cette liste sera ratifiée à l'expiration d'un délai d'une heure, s'il n'y a
pas d'opposition.
4
MISSION COMMUNE D'INFORMATION
M. le président.
L'ordre du jour appelle l'examen d'une demande conjointe des présidents des
cinq commissions des affaires culturelles, des affaires économiques, des
affaires sociales, des finances et des lois, tendant à obtenir du Sénat
l'autorisation de désigner une mission d'information commune chargée d'étudier
les conditions de la contribution des nouvelles technologies de l'information
au développement économique, social et culturel de la France.
Il a été donné connaissance de cette demande au Sénat au cours de la séance du
mardi 4 juin 1996.
Je vais consulter sur cette demande.
Il n'y a pas d'opposition ?...
En conséquence, en application de l'article 21 du règlement, cette mission
commune d'information est autorisée.
Conformément à la demande présentée par les cinq commissions permanentes, les
sénateurs membres de cette mission commune sont MM. François Autain, Claude
Belot, Jean-Claude Carle, François Gerbaud, Francis Grignon, Pierre Hérisson,
Jean-Paul Hugot, Jean-Jacques Hyest, Charles Jolibois, Alain Joyandet, Pierre
Laffitte, Gérard Larcher, Jacques Mahéas, Charles Metzinger, Lucien Neuwirth,
Mme Danièle Pourtaud, MM. Jack Ralite, Paul Raoult, Jean-Marie Rausch, Henri
Revol, Philippe Richert, Jean-Pierre Schosteck, Franck Sérusclat, René Trégouët
et Alex Türk.
5
CANDIDATURES À DES ORGANISMES
EXTRAPARLEMENTAIRES
M. le président.
Je rappelle au Sénat que M. le Premier ministre a demandé au Sénat de bien
vouloir désigner des représentants au sein de plusieurs organismes
extraparlementaires.
La commission des affaires économiques propose les candidatures de :
- M. Jean-François Le Grand, pour siéger au sein de la commission nationale du
débat public ;
- M. Bernard Hugo, pour siéger en qualité de membre titulaire au sein du
conseil national des transports.
Ces candidatures ont été affichées.
Elles seront ratifiées, s'il n'y a pas d'opposition, dans le délai d'une heure
prévu par le règlement.
6
DÉPÔT D'UN RAPPORT DU GOUVERNEMENT
M. le président.
M. le président du Sénat a reçu de M. le Premier ministre le treizième rapport
sur le contrôle
a posteriori
des actes des collectivités locales et des
établissements publics locaux établi en application des articles 3, 46 et 69 V
de la loi n° 82-213 du 2 mars 1982 modifiée relative aux droits et libertés des
communes, des départements et des régions.
Acte est donné du dépôt de ce rapport.
7
ENCOURAGEMENT FISCAL
À LA SOUSCRIPTION DE PARTS
DE COPROPRIÉTÉ DE NAVIRES
Adoption des conclusions
d'une commission mixte paritaire
M. le président.
L'ordre du jour appelle la discussion des conclusions du rapport n° 464
(1995-1996) de la commission mixte paritaire chargée de proposer un texte sur
les dispositions restant en discussion du projet de loi relatif à
l'encouragement fiscal en faveur de la souscription de parts de copropriété de
navires de commerce.
Dans la discussion générale, la parole est à M. le rapporteur.
M. Jacques Oudin,
rapporteur pour le Sénat de la commission mixte paritaire.
Monsieur le
président, monsieur le ministre, mes chers collègues, je serai d'autant plus
bref qu'un parfait accord s'est établi sur ce texte entre le Sénat, qui en a
été saisi le premier, et l'Assemblée nationale, qui l'a amélioré à son tour.
Très rapidement résumées, les quatre modifications apportées par nos collègues
députés sont les suivantes.
Premièrement, la période durant laquelle le navire doit battre pavillon
français après sa livraison a été ramenée à cinq ans, au lieu des huit ans que
nous avions envisagés.
C'est le Gouvernement qui, par un sous-amendement à l'amendement de notre
commission des finances, avait souhaité l'allongement de cette période à huit
ans. Cela posait un problème de cohérence et de sécurité juridique pour les
souscripteurs non professionnels, qui auraient pu être fiscalement pénalisés
après avoir régulièrement cédé leurs parts à l'issue du délai légal de cinq
exercices.
Deuxièmement, avec la procédure d'agrément, un droit de regard a été accordé
au ministre chargé de l'équipement naval, dont l'avis s'ajoutera à celui du
ministre chargé de la marine marchande. C'était une demande, je crois,
fortement appuyée par les sénateurs socialistes, qui ont ainsi satisfaction.
L'équipement naval recouvre à la fois la construction et la réparation des
navires ; il relève actuellement de la compétence du ministre de
l'industrie.
La commission mixte paritaire a légèrement affiné la rédaction de cette
disposition pour prendre en considération le fait que, actuellement, deux
ministres sont chargés, l'un de la marine marchande, l'autre de l'équipement
naval, tout en réservant la possibilité qu'ils ne fassent qu'un dans un avenir
qu'il faut souhaiter proche. Là, c'est le coeur qui parle, mais je ne sais si
la raison d'Etat ne sera pas la plus forte !
(Sourires.)
Troisièmement, un cadre juridique a été donné aux fonds de placement
quirataire, qui ont été placés sous le contrôle de la Commission des opérations
de bourse.
La commission des finances du Sénat avait initialement proposé un dispositif
qui se greffait sur celui des fonds communs de placement à risques. Mais, en
première lecture au Sénat, le Gouvernement a finalement préféré qu'une nouvelle
catégorie spécifique d'organismes de gestion collective de l'épargne soit
créée, à charge pour l'Assemblée nationale de la définir. C'est ce que celle-ci
a excellemment fait, et nous lui en avons donné acte.
Quatrièmement, il a été précisé qu'en cas de souscription de quirats par le
truchement d'une société à responsabilité limitée, une SARL, d'une entreprise
unipersonnelle à responsabilité limitée, une EURL, ou de fonds de placement
quirataire, les souscripteurs de parts de ces sociétés devront les conserver
pendant cinq exercices. Cette précision était nécessaire pour mettre tous les
investisseurs sur un pied d'égalité, le quirataire comme les armateurs, au
regard de la contrainte de gel des sommes investies pendant cinq exercices.
Chacune des modifications apportées par nos collègues députés mérite d'être
approuvée sans réserves.
En fait, sur ce texte, la commission mixte paritaire était motivée
essentiellement par l'urgence, que nous avons reconnue en commun, M. le
ministre et nous-mêmes. S'il y avait eu une seconde lecture devant le Sénat,
j'aurais demandé sans aucune hésitation d'adopter conforme le texte issu des
travaux de l'Assemblée nationale.
Une fois encore, nous pouvons donc nous féliciter de l'excellente
collaboration entre nos deux assemblées.
Sur ce texte bref, mais très technique, et dont l'importance n'a échappé à
personne, le taux d'adoption des amendements du Sénat a été de 100 p. 100, ce
qui contribuera à améliorer encore le taux moyen de 89 p. 100 évoqué par le
président René Monory dans son allocution de fin de session, il y a quelques
jours.
Le Parlement aura travaillé vite et bien pour voter dans les meilleurs délais
un dispositif attendu depuis bientôt dix ans par tous les parlementaires
attentifs aux questions maritimes et voulu par le Président de la
République.
Je crois pouvoir dire que, au-delà de certaines divergences sur les modalités,
le principe même d'un dispositif d'incitation fiscal pour les quirats a suscité
le plus large consensus. Nous en avons encore eu, hier, la démonstration en
commission mixte paritaire.
Je ne puis achever mon bref propos sans rendre au Gouvernement l'hommage qu'il
mérite ; il a en effet su reprendre l'initiative du Parlement, puisque j'avais
déposé un amendement sur ce sujet en décembre dernier.
En tout cas, la collaboration efficace et rapide entre le Gouvernement et les
assemblées nous vaut d'avoir maintenant à notre disposition un texte dont, je
l'espère, la marine marchande et les navires de commerce pourront profiter au
mieux, et grâce auquel la France pourra se mettre au niveau qui était le sien
autrefois et que nous le regrettons tous, elle a perdu.
Au bénéfice de ces observations, je vous demande, mes chers collègues,
d'adopter le texte issu de travaux de la commission mixte paritaire.
(Applaudissements sur les travées du RPR, de l'Union centriste et des
Républicains et Indépendants.)
M. le président.
La parole est à M. le ministre.
M. Bernard Pons,
ministre de l'équipement, du logement, des transports et du tourisme.
Monsieur le président, mesdames, messieurs les sénateurs, je n'ai rien à
ajouter à l'excellent rapport qui vient d'être présenté par M. Oudin.
M. le président.
La parole est à M. Bécart.
M. Jean-Luc Bécart.
Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, au terme de
l'examen de ce projet de loi, il ressort qu'une part importante des
préoccupations que nous avions exprimées à l'occasion de la première lecture du
projet de loi se trouvent confirmées par les dispositions que la commission
mixte paritaire a cru devoir retenir.
Ma première observation porte sur la conception générale de la réforme fiscale
qui est annoncée par le Gouvernement à grands renforts de publicité et sur la
base des différents rapports qui ont été récemment rédigés.
En effet, il est aujourd'hui reproché à notre système fiscal, et
singulièrement à l'impôt sur le revenu, de manquer de clarté, de lisibilité de
par l'accumulation de dispositions dérogatoires et particulières prises au fil
du temps et au gré des diverses lois de finances qui ont pu être débattues dans
la dernière période.
L'un des grands reproches faits à notre impôt sur le revenu est de cumuler un
certain nombre de dispositions ouvrant droit à réduction d'impôt, dispositions
placées en général aux articles 199 à 200 et dont l'efficacité est douteuse au
regard des effets observés sur l'activité économique.
Le rapport Ducamin souligne d'ailleurs de manière précise qu'il convient de
s'interroger sur l'efficacité économique du système qu'il est proposé ici de
transformer et d'étendre.
Les principes, certes, sont clairement définis. Il s'agit de favoriser la
rénovation de notre flotte marchande, de relancer l'emploi dans l'ensemble de
la filière maritime et de redonner à notre pays, jouissant de la plus grande
façade océanique d'Europe, toute sa place dans le concert des nations en
matière de marine marchande.
Ces objectifs, certes louables, sont assortis de tels considérants en matière
fiscale que l'on se demande vraiment ce qui est recherché.
Au regard du taux de prélèvement moyen pesant sur les contribuables les plus
aisés, ce sont en effet près de 410 000 francs de réduction d'impôt qui sont
offerts sur un plateau avec ce dispositif ; 410 000 francs, cela représente
tout de même quelque chose comme vingt fois l'impôt moyen, ce qui situe tout de
suite la portée de la mesure et indique l'origine sociale des heureux
bénéficiaires.
Pour l'impôt sur les sociétés, déjà fortement entamé par le régime spécifique
des groupes de sociétés et toute une batterie de dispositions dont le coût
global s'élève aujourd'hui à plus ou moins 60 milliards de francs, la mise en
place de l'incitation à l'investissement maritime par la voie du système
quirataire constitue une nouvelle atteinte à son efficacité et à son
rendement.
D'autant que, là encore, ce sont les entreprises les plus riches, celles qui
ont de l'argent à placer au-delà des investissements nécessaires à leur
activité, qui vont le plus tirer parti de ce dispositif.
Deuxième observation fondamentale, celle qui porte sur l'efficacité
économique de la mesure proposée.
L'emploi dans l'ensemble de la filière maritime est en crise, depuis le
secteur de la manutention portuaire jusqu'aux équipages embarqués, en passant
par la pêche artisanale et, désormais, le secteur de la navigation de
plaisance.
Les mêmes qui s'en désolent aujourd'hui sont ceux qui se refusent, par
exemple, à faciliter d'une manière ou d'une autre la relance de l'activité des
chantiers navals de La Ciotat et qui acceptent sans sourciller les directives
de la Commission de Bruxelles visant à réduire le nombre des bateaux
immatriculés dans nos ports.
Lors de la première lecture, instruits de l'exemple des quirats allemands,
nous avons sollicité l'inscription du plein exercice des dispositions fiscales
du texte dans le cadre de la relance de l'activité de nos chantiers navals.
Cette proposition avait été rejetée par la majorité du Sénat et par le
Gouvernement, de même, d'ailleurs, que par le groupe socialiste.
Pourtant, posons la question. Est-il légitime de mettre en place un dispositif
fiscal qui devrait coûter environ 400 millions de francs en pertes de recettes
pour le budget de l'Etat sans obtenir de garantie sur le fait que des emplois
seront effectivement créés dans notre pays dans les différents métiers de la
filière mer ?
La projection des créations d'emplois envisagées à l'appui de ce projet de loi
se situe à environ 500 créations nettes, soit un coût net de 800 000 francs par
poste de travail créé.
Cela fait tout de même un peu cher quand on sait, par exemple, qu'un agent du
secteur public représente une dépense de 150 000 à 190 000 francs par an !
Nous sommes donc placés dans une situation assez simple : on met en place un
dispositif fiscal de caractère exorbitant qui, s'il va soulager quelques gros
contribuables de leurs obligations au regard de l'impôt sur le revenu, n'a pas
l'heur de présenter un intérêt réel pour la relance de l'activité et la
création d'emplois productifs.
En fait, derrière les discours, nous sommes confrontés à la création d'une
niche fiscale de plus, complétant, par exemple, les mesures prises, dans le
projet de loi portant diverses dispositions d'ordre économique et financier, en
faveur des investissements immobiliers et qui profitent toujours à la même
catégorie de redevables.
Pour toutes ces raisons, nous confirmons notre vote négatif sur ce projet de
loi.
M. le président.
Personne ne demande plus la parole dans la discussion générale ?...
La discussion générale est close.
Nous passons à la discussion des articles.
Je rappelle que, en application de l'article 42, alinéa 12, du règlement,
d'une part, aucun amendement n'est recevable, sauf accord du Gouvernement ;
d'autre part, étant appelé à se prononcer avant l'Assemblée nationale, le Sénat
statue sur les amendements puis, par un seul vote, sur l'ensemble du texte.
En l'occurrence, je ne suis saisi d'aucun amendement.
Je donne lecture du texte élaboré par la commission mixte paritaire :
« Art. 1er. - Sont insérés, dans le code général des impôts, les articles 238
bis
HN, 163
unvicies
et 217
nonies
ainsi rédigés :
«
Art. 238
bis
HN.
- Sont admises en déduction du revenu ou du
bénéfice mentionnés respectivement au 2 de l'article 13 et au premier alinéa du
I de l'article 209, selon les modalités définies aux articles 163
unvicies
ou 217
nonies,
les sommes versées au titre de la souscription de
parts de copropriété de navires armés au commerce, lorsque les conditions
ci-après définies sont remplies :
«
a)
La souscription est effectuée avant le 31 décembre 2000 ;
«
b)
Le navire est livré au plus tard trente mois après la souscription
et sa durée d'utilisation, attestée par une société de classification agréée,
est d'au moins huit ans ;
«
c)
Les parts de copropriété sont conservées par le souscripteur, qui
prend un engagement en ce sens, jusqu'au 31 décembre de la quatrième année
suivant celle de la livraison du navire à la copropriété ;
«
d)
Le navire est, dès sa livraison et pendant la période prévue au
c,
exploité ou frété par la copropriété selon les modalités prévues au
titre premier de la loi n° 66-420 du 18 juin 1966 sur les contrats
d'affrètement et de transport maritimes ;
«
d
bis
)
Le navire bat pavillon français dès sa livraison à la
copropriété et jusqu'au 31 décembre de la quatrième année qui suit celle de
cette livraison ;
«
e)
L'entreprise qui, pendant la période prévue au
c,
exploite
directement le navire soit en qualité de gérant de la copropriété, soit en
qualité d'affréteur, est une société passible de l'impôt sur les sociétés dans
les conditions du droit commun et son activité principale est l'exploitation ou
l'affrètement direct de navires armés au commerce ;
«
f)
L'entreprise visée au
e
détient pendant la période prévue
au
c
un cinquième au moins des parts de la copropriété et prend un
engagement en ce sens envers les autres souscripteurs ;
«
g)
Le navire n'est pas acquis auprès d'un organisme ou d'une
entreprise lié directement ou indirectement, au sens des dispositions du 1
bis
de l'article 39
terdecies,
à l'entreprise mentionnée au
e.
« En outre, le projet de copropriété quirataire doit avoir fait, préalablement
à sa réalisation, l'objet d'un agrément délivré par le ministre chargé du
budget après avis du ministre chargé de la marine marchande et du ministre
chargé de l'équipement naval. Cet agrément est accordé lorsque
l'investissement, effectué au prix du marché et à un coût financier normal,
permet de renforcer la flotte de l'entreprise mentionnée au
e
et
présente, au regard notamment des besoins du secteur concerné de la flotte de
commerce, un intérêt économique justifiant l'avantage fiscal demandé.
« Dans le cas où l'une des conditions fixées au
a
et
b
et
d
à
g
ci-dessus n'est pas remplie ou cesse de l'être, le montant total
des sommes qui avaient été déduites est ajouté, selon le cas, au revenu net
global de l'année ou au bénéfice de l'exercice au cours de laquelle ou duquel
le manquement est intervenu.
« Lorsqu'un souscripteur autre que l'entreprise visée au
e
ne respecte
pas l'engagement prévu au
c,
le montant des sommes déduites est ajouté,
selon le cas, au revenu net global de chaque année ou au bénéfice de chaque
exercice au cours de laquelle ou au titre duquel les versements ont été
effectués.
« Un décret en Conseil d'Etat précise les modalités d'application du présent
article. »
«
Art. 163
unvicies. - Le montant maximal des sommes déductibles
annuellement en application des dispositions de l'article 238
bis
HN est
de 500 000 F pour les contribuables célibataires, veufs ou divorcés et de 1 000
000 F pour les contribuables mariés soumis à imposition commune. La déduction,
pour un investissement déterminé, est opérée au titre de chaque année de
versement.
« Les dispositions de l'alinéa précédent sont applicables en cas de
souscription des parts de copropriété par l'intermédiaire de sociétés à
responsabilité limitée mentionnées à l'article 239
bis
AA qui ont opté
pour le régime fiscal des sociétés de personnes et de sociétés à responsabilité
limitée à associé unique qui n'ont pas opté pour l'assujettissement à l'impôt
sur les sociétés, ou par l'intermédiaire de fonds de placement quirataire.
« Les conditions prévues à l'article 238
bis
HN s'appliquent aux
sociétés et aux fonds de placement quirataire visés à l'alinéa précédent.
« Le souscripteur des parts de ces sociétés ou fonds les conserve jusqu'au 31
décembre de la quatrième année suivant celle de la livraison du navire à la
copropriété.
« Si les conditions ou engagements prévus à l'article 238
bis
HN et à
l'alinéa précédent ne sont pas respectés, les dispositions de l'avant-dernier
alinéa de l'article 238
bis
HN sont applicables.
« La déduction prévue au présent article est exclusive de celle résultant,
pour le même navire, des articles 238
bis
HA et 163
vicies
. »
«
Art. 217
nonies. - Les sommes versées pour la souscription des parts
de copropriété de navires dans les conditions définies à l'article 238
bis
HN viennent en déduction du bénéfice imposable au titre de chaque exercice
de versement.
« Les dispositions de l'alinéa précédent ne sont pas applicables :
« 1° Aux entreprises ayant pour activité d'armer, exploiter ou affréter des
navires ;
« 2° Aux sociétés appartenant à un groupe, au sens de l'article 223 A, dont
l'un des membres a pour activité principale celle mentionnée au 1°.
« La déduction prévue au présent article est exclusive de celle résultant,
pour le même navire, de l'article 238
bis
HA. »
« Art. 1er
bis
A. - I. - Le fonds de placement quirataire est une
copropriété qui a pour objet exclusif la souscription, conformément aux
dispositions de l'article 238
bis
HN du code général des impôts, des
parts de copropriété de navires.
« Ce fonds est autorisé à faire appel public à l'épargne dans les conditions
prévues aux articles 37 à 40 de la loi n° 83-1 du 3 janvier 1983 sur le
développement des investissements et la protection de l'épargne.
« II. - Le fonds de placement quirataire est constitué à l'initiative d'une
personne chargée de sa gestion et d'une société visée à l'article 36-1 de la
loi n° 83-1 du 3 janvier 1983 précitée.
« Cette société et cette personne établissent le règlement du fonds. La
souscription ou l'acquisition de parts d'un fonds de placement quirataire
emporte acceptation du règlement.
« III. - Les dispositions du code civil relatives à l'indivision ne
s'appliquent pas au fonds. Il en va de même des dispositions des articles 1871
à 1873 du code civil. Les porteurs de parts ou leurs ayants droit ne peuvent
provoquer le partage du fonds. Les porteurs de parts ne sont tenus des dettes
de la copropriété qu'à concurrence de l'actif du fonds et proportionnellement à
leur quote-part.
« Dans tous les cas où la législation des copropriétés maritimes exige
l'indication des noms, prénoms et domicile des copropriétaires ainsi que pour
toutes les opérations faites pour leur compte, la désignation du fonds de
placement quirataire peut être valablement substituée à celle de tous les
copropriétaires. Le gestionnaire du fonds représente le fonds à l'égard des
tiers et peut agir en justice pour défendre ou faire valoir les droits ou
intérêts des porteurs de parts.
« IV. - Les sommes momentanément disponibles et en instance d'affectation
peuvent être placées dans les conditions définies par décret. »
Quelqu'un demande-t-il la parole sur l'un de ces articles ?...
Conformément à l'article 42, alinéa 12, du règlement, je mets aux voix
l'ensemble du projet de loi dans la rédaction résultant du texte élaboré par la
commission mixte paritaire.
(Le projet de loi est adopté.)
8
RÉVISION DES PERSPECTIVES FINANCIÈRES
Adoption d'une résolution d'une commission
M. le président.
L'ordre du jour appelle la discussion de la résolution (n° 441, 1995-1996),
adoptée par la commission des finances, du contrôle bugétaire et des comptes
économiques de la nation, en application de l'article 73
bis
, alinéa 8,
du règlement, sur la proposition de révision des perspectives financières
présentée par la Commission au Parlement européen et au Conseil, en application
des paragraphes 11 et 12 de l'accord interinstitutionnel du 29 octobre 1993 sur
la discipline budgétaire et l'amélioration de la procédure budgétaire (n° E
628). [Rapport n° 431 (1995-1996).]
Dans la discussion générale, la parole est à M. le rapporteur.
M. Denis Badré,
rapporteur de la commission des finances, du contrôle budgétaire et des
comptes économiques de la nation.
Monsieur le président, monsieur le
ministre, mes chers collègues, nous sommes appelés à examiner la résolution de
notre commission des finances sur la proposition de révision des perspectives
financières préparée par la Commission européenne, en application de l'accord
interinstitutionnel du 29 octobre 1993.
Permettez-moi d'abord d'exprimer une satisfaction. Il n'y en aura pas beaucoup
d'autres !
L'accord interinstitutionnel de 1993 lui-même n'avait pas, à l'époque, été
transmis au Parlement, car le Conseil d'Etat avait estimé qu'il ne s'agissait
pas, en l'espèce, d'un acte communautaire au sens de l'article 88-4 de la
Constitution. De tels accords n'avaient en effet pas été prévus par le traité
de Rome.
Le fait qu'un document annexe à cet accord nous ait été transmis constitue
donc un réel progrès dans le sens du contrôle parlementaire de la politique
budgétaire communautaire. Je pense que ce progrès est irréversible et qu'à
l'avenir la totalité des dispositions financières des accords
interinstitutionnels seront ainsi transmis au Parlement.
M. Jacques Genton.
Très bien !
M. Denis Badré,
rapporteur.
Il faut que ce soit le cas. Le contenu même du texte que nous
examinons, qui est éminemment politique, confirme cette nécessité.
En effet, chaque année, le Parlement est sollicité au moment du débat
budgétaire pour approuver la contribution française au budget des Communautés
européennes. Celle-ci est bien conditionnée, dans son montant, par le niveau
des dépenses budgétaires européennes, lesquelles sont directement déterminées
par les différents accords interinstitutionnels.
Les deux accords du 27 mai 1988 et du 29 octobre 1993 ont réalisé chacun une
programmation des crédits budgétaires européens à moyen terme dans des
conditions telles que l'exercice de préparation du budget annuel des
Communautés européennes, sans être entièrement automatique, s'est trouvé et se
trouvera jusqu'en 1999 largement prédéterminé. Cette programmation financière
consiste à fixer des plafonds aux crédits d'engagement, à prévoir par grandes
catégories d'actes.
Nous sommes ainsi chaque année appelés à financer les programmes que le jargon
européen a nommé « Paquet Delors I » et « Paquet Delors II », sans que, je le
rappelle, nous ayons été vraiment consultés ni sur la nature ni sur l'ampleur
du contenu de ces paquets.
Notre débat porte apparemment sur un événement ordinaire dans la vie
budgétaire de l'Europe. Il est cependant essentiel, car il pose de véritables
questions de principe, et il vient à son heure alors que nous allons aborder
les négociations sur de nouvelles perspectives financières, les perspectives
actuelles trouvant leur terme en 1999.
Je ne doute pas, monsieur le ministre, que vous aurez à coeur d'associer très
étroitement le Parlement à ce processus dont le résultat commandera sans aucun
doute la crédibilité budgétaire d'une Europe qui, à la différence de certains
de ses Etats membres, n'a, en ce domaine, guère progressé ces dernières
années.
Nous avons devant nous des échéances capitales pour l'avenir de l'Europe :
conférence intergouvernementale, monnaie unique et élargissement. Dans ce
contexte, la construction de la programmation budgétaire qui ouvrira le xxie
siècle ne sera pas l'épreuve la plus facile pour l'Union. C'est bien déjà dans
cette négociation que nous entrons aujourd'hui avec le texte que nous
examinons.
M. Jacques Genton.
Très bien !
M. Denis Badré,
rapporteur.
De quoi s'agit-il ?
Comme pour toute programmation à moyen terme, l'accord de 1993 ménageait des
possibilités de modification des perspectives financières qu'il arrêtait.
Il prévoyait, d'abord, une formule d'adaptation annuelle regroupant les
ajustements techniques destinés à tenir compte de la croissance du PNB et des
prix, et les adaptations liées aux conditions d'exécution budgétaire.
Il offrait, ensuite, une possibilité de révision proprement dite afin de «
faire face à la nécessité d'engager des actions non prévues à l'origine dans le
respect du plafond des ressources propres. » C'est à une telle révision que la
proposition de la Commission invite le Conseil et le Parlement européens.
Il faut rappeler que l'accord interinstitutionnel de 1993 encadrait par
ailleurs la capacité d'initiative de la Commission en édictant quelques
principes.
Je rappelle également que les dépenses communautaires sont classées en six
rubriques principales.
L'accord recommandait, d'abord, de rechercher, au sein d'une même rubrique,
toutes les possibilités de réaffectation de dépenses entre les programmes
qu'elle regroupe. Il demandait, ensuite, en cas d'échec de la procédure
précédente, de rechercher les possibilités de compenser le relèvement du
plafond d'une rubrique par la réduction du plafond d'une autre rubrique,
c'est-à-dire, en somme, de gager les nouvelles dépenses.
Or la proposition de la Commission, malgré la présentation que celle-ci en
fait, s'affranchit de ces principes.
Elle ne s'appuie que très marginalement sur une reclassification des dépenses
entre programmes d'une même rubrique. L'augmentation des crédits d'engagement
dont bénéficient certains programmes n'est en effet pas vraiment gagée.
En revanche, elle débouche sur une augmentation du plafond d'une rubrique, à
savoir celle qui est consacrée aux politiques internes. Cette augmentation est
de 1,5 milliard d'écus pour les années 1997 à 1999, ce qui n'est pas
négligeable et n'est qu'apparemment compensé par la diminution du plafond des
crédits d'une autre rubrique, celle qui est consacrée aux actions
structurelles. Cette diminution est en effet largement optique puisqu'elle
résulte d'une reclassification de certaines de ces actions dans la rubrique
agricole.
En clair, il s'agit de faire financer de nouvelles dépenses non obligatoires
par redéploiement de marges « escomptées » sous la ligne directrice agricole.
Telle est, présentée de manière très peu caricaturale, la proposition de la
Commission.
La résolution de la commission des finances vise à demander au Gouvernement de
s'opposer fermement à cette initiative de la Commission européenne.
Elle le fait pour de nombreux motifs que je vais présenter brièvement, après
m'être interrogé sur les questions de principe soulevées par la programmation à
moyen terme du budget européen. Je pense que c'est l'occasion de le faire.
Cette programmation repose toujours sur l'idée que l'accroissement des
dépenses européennes est souhaitable, systématique, voire quasi fatal. Or cette
conception n'est plus adaptée aux contraintes financières du moment.
Cette logique contraste, à l'évidence, avec celle qui prévaut dans les Etats
membres. Je dirai même qu'elle entre en conflit avec celle-ci et que sa
cohérence propre est tout à fait discutable.
Je m'explique. L'accroissement des dépenses communautaires se traduit par un
accroissement des prélèvements sur recettes appelés auprès des Etats membres.
Or ceux-ci connaissent actuellement, pour la plupart, une progression de leurs
recettes fiscales légèrement inférieure à celle de leur PIB. Le fait que la
ponction exercée par le budget européen sur leurs ressources soit elle-même en
accroissement plus rapide que le PIB n'est financièrement pas sain.
M. Jacques Genton.
Très bien !
M. Denis Badré,
rapporteur.
Comme, dans le même temps, les ajustements budgétaires
internes impliquent une maîtrise très sévère des dépenses publiques nationales,
on peut dire que la dépense publique communautaire exerce un effet d'éviction
sur la dépense publique nationale.
Par ailleurs, le principe d'additionnalité veut que l'affectation de chaque
écu communautaire au titre des dépenses structurelles soit conditionnée par
l'engagement simultané d'un écu national. Dans ce domaine, les Etats membres
doivent donc aligner le rythme de leurs dépenses sur celui qui est imposé par
Bruxelles. Mais nous savons que bien peu parmi ces Etats membres peuvent
aujourd'hui suivre un rythme de progression de 8 p. 100 l'an.
Nous avons donc là de quoi dégrader sérieusement l'image de la construction
européenne, que, pour notre part et à l'inverse, nous cherchons inlassablement
à servir. Nous ne voulons pas que Bruxelles joue contre l'Europe !
M. Jacques Genton.
Très bien !
M. Denis Badré,
rapporteur.
Et c'est bien pourquoi il nous apparaît indispensable que
l'évolution des perspectives financières soit, d'une part, mieux adaptée aux
orientations financières des Etats membres et, d'autre part, plus conforme aux
principes de base qui régissent la dépense européenne elle-même :
l'additionnalité, sur laquelle nous venons de nous arrêter, la subsidiarité,
bien sûr, et toujours l'efficacité.
Monsieur le ministre, j'en viens maintenant aux raisons de fond qui motivent
notre résolution et aux cinq arguments qui nous conduisent à vous demander de
vous y opposer.
Je vous exposerai, tout d'abord, nos raisons de fond.
La révision vise à dégager des financements pour des programmes conçus sur la
base d'une croissance escomptée supérieure à la croissance effective. Le «
calibrage » financier de nombre de programmes communautaires ayant surestimé la
croissance du PIB, il apparaît que les adaptations techniques des perspectives
financières ne suffisent pas à en assurer le financement.
Plutôt que de constater ce défaut de prévision et d'adapter les programmes en
conséquence, la Commission se livre à une révision des perspectives financières
destinée à faire l'impasse sur la dégradation des réalités économiques. Nous ne
pouvons accepter cette façon de faire.
La proposition de la Commission se traduirait par une rupture dans l'équilibre
des relations financières entre les Etats membres et le budget communautaire.
Elle vise en effet à accroître le caractère effectif des dépenses
communautaires, non pas en considération d'un quelconque objectif d'efficacité,
mais tout simplement en recyclant les marges ouvertes par les
sous-consommations de crédits.
Ainsi se trouverait contournée la règle selon laquelle l'effort demandé aux
Etats membres doit s'adapter à la réalité des dépenses communautaires. Ainsi se
trouverait vidé de spécification et de signification l'exercice de
programmation que représente la définition des perspectives financières.
Sans doute faut-il modifier la règle du jeu, mais jamais en cours de partie,
ni sans réflexion préalable, ni surtout - vous le comprendrez, monsieur le
ministre - sans nous.
Je souligne que, dans la partie qui se joue aujourd'hui, le changement de la
règle n'est pas neutre pour la France. Il nous conduirait à supporter un effort
financier supplémentaire important.
Enfin, la révision proposée s'affranchit, en réalité, des principes posés par
l'accord interinstitutionnel. Voilà quelques instants, j'ai déjà développé ce
point ; je n'y reviens donc pas.
Je termine en énumérant les cinq arguments précis qui nous font condamner la
proposition de la Commission.
Premièrement, si des « provisions » doivent être prévues sur une rubrique du
budget communautaire, c'est bien d'abord dans le domaine agricole pour cause
d'encéphalopathie spongiforme bovine. La proposition dit le contraire. Il n'est
donc certainement pas opportun de toucher à ces crédits. Il semblerait,
d'ailleurs, que notre manière de voir ait finalement prévalu, hier, à
Florence.
Faut-il en déduire que la proposition sera abandonnée, puisqu'elle n'a plus de
financement, ou que son financement sera dégagé par ailleurs ? Nous ne le
savons pas, pour l'instant.
Deuxièmement, dans le contexte général de rigueur actuel et pour être
cohérents avec les efforts que mènent les Etats membres pour réduire leurs
déficits, nous pensons que, si des marges réelles apparaissent dans une
rubrique, la rubrique agricole ou une autre, elles doivent se transformer
immédiatement en économies nettes. Un tel choix politique s'impose dans le
contexte actuel. Il s'imposerait à chacun des Etats membres ; il doit s'imposer
a fortiori
à l'Union européenne.
Troisièmement, un examen ligne par ligne fait apparaître le caractère non
pertinent, voire inutile, de chacun des abondements de crédits proposés par la
proposition de révision. Un seul d'entre eux pourrait se justifier dans son
principe, celui qui vise à accélérer la réalisation des réseaux
transeuropéens.
Nous sommes en effet nous-mêmes favorables à ce principe puisque ces réseaux
sont porteurs d'emplois et structurants pour l'Europe. Ils représentent donc
bien une priorité, à nos yeux. L'état de consommation des crédits
correspondants ne semble cependant pas justifier d'abondement pour l'instant
sur ce poste. Même sur ce point, nous pensons que la proposition ne peut être
retenue.
Quatrièmement, sur le plan de principes plus généraux, la confusion budgétaire
qui résulterait de redéploiements de dépenses obligatoires et non obligatoires
desservirait gravement la construction européenne. Au contraire, nous devons
réaffirmer, aujourd'hui plus que jamais, la nécessité d'une distinction claire
entre ces deux types de dépenses et demander, pour le présent comme pour
l'avenir, que l'on s'y tienne rigoureusement. A défaut, nous partirons dans la
confusion et nous ne pourrons plus construire le moindre budget européen.
Cinquièmement, enfin, plus généralement, le moment est venu de condamner le
principe d'une programmation qui s'appuierait sur l'idée qu'un accroissement
incessant du budget communautaire est non seulement inévitable mais même
souhaitable. J'ai déjà eu l'occasion de dire à cette tribune qu'aujourd'hui
moins de budget peut signifier plus d'Europe.
Monsieur le ministre, mes chers collègues, mon intervention peut être perçue
comme un réquisitoire contre la proposition de la Commission. Je choisis
clairement de vous la présenter, d'abord et surtout, comme un plaidoyer pour la
construction européenne. Nous ne pourrons poursuivre celle-ci que si nous
réaffirmons notre attachement à des principes budgétaires clairs et
rigoureux.
Il est important de le rappeler aujourd'hui alors que nous commençons à
travailler sur l'avant-projet de budget pour 1997, alors surtout que nous
devons lancer une réflexion approfondie pour préparer l'échéance de 1999. Ce
dernier exercice pourra d'autant moins éluder la question d'une révision
profonde de certaines politiques qu'il se situera dans le contexte de
l'élargissement. Je vise, en particulier, les politiques structurelles et la
politique agricole commune, bien sûr.
Je ne peux terminer mon propos sans dire quelques mots de l'avant-projet de
budget pour 1997. Celui-ci marque dans sa présentation, et c'est nouveau, un
souci de rigueur. La sagesse progresse dans le discours. Malheureusement, nos
premiers examens de cet avant-projet montrent que, s'il y a inflexion dans le
discours, il n'y en a pas dans la réalité. Cet avant-projet, qui nous a été
transmis tardivement, marque encore une progression des crédits de paiement de
16 milliards de francs, alors qu'en France nous cherchons à réduire nos
dépenses de 60 milliards de francs. Il devrait pourtant être moins difficile de
bâtir un budget rigoureux pour l'Europe puisque ses recettes sont garanties et
qu'elle n'a pas de dette à gérer !
Cet avant-projet que l'on nous propose, dont la rigueur est donc pour le moins
discutable, n'est pas non plus un modèle de cohérence.
Je note en effet qu'il laisse filer à un rythme de 8 p. 100 les crédits
réservés aux politiques structurelles. Or il s'agit de dépenses couvrant des
actions exécutées à moins de 80 p. 100 et qui posent encore de nombreux
problèmes ; la dispersion des opérations, la dilution des objectifs de
programmes, qui intéressent aujourd'hui un Européen sur deux, l'insuffisant
respect par les Etats du principe d'additionnalité, pour ne pas parler des
fraudes, ne militent pas pour une augmentation de ce type de crédits.
J'ajoute que, si cet avant-projet bloque d'emblée au plafond des perspectives
financières les dépenses agricoles et structurelles, il ne le fait pas
précisément pour les chapitres pour lesquels la révision, objet principal de
notre débat d'aujourd'hui, demande des déplafonnements. Alors faut-il augmenter
ou réduire ces crédits ?
La « religion » de la Commission ne semble pas faite sur ce point ou plutôt, à
partir du moment où elle choisit de laisser exploser les crédits structurels,
elle ne peut que laisser « toiser » les autres crédits des politiques internes
ou externes par le jeu du plafond de 1,20 p. 100 du PNB, plafond auquel sont
soumises les recettes. Gribouille s'y retrouverait mieux que nous !
Pour toutes ces raisons, et pour quelques autres que je ne reprends pas ici,
la commission considère que cet avant-projet de budget pour 1997 mérite d'être
amélioré. En l'état, elle le considère sans aucun enthousiasme.
Dans ce contexte, vous aurez bien compris, monsieur le ministre - j'en reviens
à notre proposition de résolution - que, si nous vous demandons de vous opposer
fermement aux propositions de révision de la Commission, nous le faisons après
une analyse approfondie et attentive de celles-ci, sans aucun état d'âme, et
parce que le moment nous semble venu de nous doter d'une procédure budgétaire
et d'un budget européen clairs, lisibles, qui traduisent de vrais choix.
Nous le faisons donc bien d'abord pour l'Europe, à la construction de laquelle
nous croyons plus que jamais.
(Applaudissements sur les travées de l'Union centriste, du RPR et des
Républicains et Indépendants.)
M. le président.
La parole est à M. le ministre.
M. Alain Lamassoure,
ministre délégué au budget, porte-parole du Gouvernement.
Monsieur le
président, mesdames, messieurs les sénateurs, je me réjouis d'avoir l'occasion
de participer à ce débat, inscrit à l'ordre du jour en application de l'article
88-4 de la Constitution, débat qui permet aujourd'hui au Sénat de donner un
avis, en votant une résolution, sur un texte communautaire important, à savoir
la proposition de révision des perspectives financières présentée par la
Commission.
Comme l'a excellemment rappelé votre rapporteur, les finances communautaires
sont régies par un texte d'une valeur juridique complexe mais d'une portée
politique forte, mis au point par un accord passé entre les trois institutions
européennes - le Conseil, le Parlement et la Commission - et qui fixe à la fois
le plafond des ressources propres et des sous-plafonds par catégorie de
dépenses.
L'accord interinstitutionnel du 29 octobre 1993 prévoit la possibilité de
réviser ce cadre pluriannuel lorsque des événements exceptionnels se
produisent. La Commission européenne a fait une proposition, et la question qui
nous est posée est de savoir si des événements imprévus exceptionnels
justifiant une révision des perspectives financières ont eu lieu.
Le Gouvernement a tendance à répondre par la négative, et je crois pouvoir
faire miens, au nom du Gouvernement, tous les arguments qui ont été avancés par
votre rapporteur.
M. Emmanuel Hamel.
Très bien !
M. Alain Lamassoure,
ministre délégué.
Cette révision nous paraît d'autant moins opportune que
la plupart des Etats de la Communauté, à commencer par la France, sont engagés
dans une politique d'assainissement de leurs finances publiques. Celle-ci
pourrait être en partie compromise par un accroissement trop rapide des
dépenses communautaires qui pèserait sur nos propres finances nationales.
Si nous nous sommes engagés dans cette politique d'assainissement de nos
finances publiques, ce n'est pas pour des raisons européennes ; c'est
essentiellement pour des raisons d'intérêt national. En effet, nos finances
publiques étaient dans une situation telles qu'elles étaient menacées de
banqueroute à brève échéance.
C'est pourquoi il nous paraît essentiel de réduire nos déficits publics, de
façon à réduire la dette et à pouvoir, le plus rapidement possible, réduire la
pression fiscale. En effet, nous sommes convaincus que l'une des raisons
principales de l'insuffisance du taux de croissance de notre économie réside
dans la véritable asphyxie que des prélèvements obligatoires excessifs font
peser sur notre activité.
Je rappelle qu'en 1996, dans le cadre de perspectives financières généreuses,
les crédits inscrits au budget initial de l'Union européenne ont progressé de
plus de 8 p. 100 par rapport à 1995.
Je rappelle également que les prélèvements sur les recettes de l'Etat servant
à financer la contribution française au budget européen représentent 6 p. 100
de nos recettes, et que cette contribution a doublé en l'espace de dix ans.
Comme l'indiquait M. le rapporteur, la Commission européenne a présenté une
proposition tendant à augmenter, sur la période 1997-1999, les crédits affectés
à certaines dépenses - les réseaux transeuropéens, la recherche, l'aide aux
républiques du Caucase, les dépenses immobilières notamment - et à financer cet
accroissement de dépenses par l'utilisation de ce qui apparaissait, voilà
quelques mois, comme des marges prévisibles sous la ligne directrice
agricole.
Cette proposition appelle deux types de réserve, et, là encore, je rejoins les
propos de M. Badré.
Tout d'abord, cette présentation apparemment équilibrée, puisque des dépenses
supplémentaires dans certaines catégories seraient compensées par des économies
dans d'autres, ne doit pas laisser croire que cette révision des perspectives
serait neutre pour les finances des Etats membres.
En effet, la ligne directrice agricole constitue le plafond des dépenses
agricoles mais non un impératif de dépenses. Dès lors, si des marges de
sous-exécution apparaissent par rapport au plafond, il est tout à fait légitime
- c'est ce que nous avons fait jusqu'à présent - qu'elles reviennent aux Etats
membres sous forme d'une diminution de leur contribution, au lieu d'être
réutilisées en faveur de nouvelles dépenses, comme le propose la Commission.
Cette révision, qui a l'apparence de la neutralité budgétaire, se traduirait
donc, pour la France, par un surcroît de contribution de l'ordre de 2 milliards
de francs sur la période 1997-1999.
Par ailleurs, si l'on pouvait espérer, voilà encore quelque temps, que la
situation générale des marchés agricoles pourrait permettre de dégager des
économies sous la ligne directrice agricole, les développements de la maladie
de la vache folle font craindre que ces économies ne soient finalement très
inférieures à ce que l'on attendait.
J'en viens à la deuxième réserve.
Les besoins de crédits identifiés dans le projet de la Commission sont
susceptibles d'être couverts dans le cadre actuel, qu'il s'agisse de la
recherche, des dépenses administratives ou des aides en faveur des républiques
du Caucase.
Pour nous, Français, parmi ces propositions d'action ou de dépenses nouvelles,
la plus importante concerne les réseaux transeuropéens de transport. Nous
sommes tout à fait d'accord pour leur accorder une priorité - la France l'avait
d'ailleurs proposé depuis plus de deux ans - mais cette priorité peut être
financée dans le cadre actuel, au bénéfice d'une hiérarchisation claire des
politiques internes.
M. Denis Badré,
rapporteur.
Absolument !
M. Alain Lamassoure,
ministre délégué.
En effet, la ligne budgétaire des réseaux de transport
européen est déjà dotée de 1,8 milliard d'écus pour la période 1994-1999. A ces
crédits peuvent s'ajouter les marges de manoeuvre supplémentaires qui
pourraient, chaque année, être dégagées au sein de la rubrique des politiques
internes par redéploiement, et non par appel à des ressources supplémentaires
auprès des Etats.
M. Denis Badré,
rapporteur.
Tout à fait !
M. Alain Lamassoure,
ministre délégué.
Or les possibilités de redéploiement n'ont pas été
entièrement explorées par la Commission.
Je rappelle qu'en 1996 le Conseil est parvenu à augmenter de 50 millions
d'écus la dotation des réseaux de transport par rapport à ce que prévoyait
l'avant-projet de budget de la Commission, tout en diminuant le total des
dépenses de la rubrique des politiques internes de près de 200 millions
d'écus.
Des marges existent donc
a fortiori
pour 1998 et 1999 puisque, ces
années-là, les plafonds de dépenses vont progresser plus rapidement que
l'inflation, conformément à la programmation arrêtée à Edimbourg.
Il faut donc utiliser pleinement ces marges avant de songer à une quelconque
augmentation des crédits qui serait incompatible avec les contraintes
budgétaires nationales.
M. Emmanuel Hamel.
Très bien !
M. Alain Lamassoure,
ministre délégué.
Enfin, une discussion sur la révision des perspectives
financières pourrait susciter, au sein tant du Conseil que du Parlement
européen, des revendications additionnelles qui viendraient s'ajouter aux
propositions de la Commission et donc aggraver l'impact de ces propositions.
A ce jour, notre stratégie a consisté à s'opposer à toute modification du
cadre général défini à Edimbourg, cadre qui avait fait l'objet d'une simple
adaptation technique lors de l'adhésion de l'Autriche, de la Finlande et de la
Suède. Il ne nous paraît pas souhaitable, aujourd'hui, de le modifier.
C'est pour l'ensemble de ces raisons que la France s'est opposée à cette
révision - et elle continuera de s'y opposer - notamment lors du dernier
conseil ECOFIN de mars.
Dans la perspective du Conseil européen de Florence, qui s'est tenu les 21 et
22 juin dernier, la Commission, prenant acte des réserves sérieuses exprimées
par plusieurs Etats membres, dont la France, a sensiblement modifié son projet,
en le recentrant sur les réseaux transeuropéens de transports, ainsi que sur la
recherche et les PME.
D'un montant plus modeste, 1 milliard d'écus, la proposition, dans son nouvel
état, n'affecte plus la ligne directrice agricole.
Le Conseil européen de Florence a pris acte de cette proposition modifiée de
révision et en a renvoyé l'examen au prochain conseil ECOFIN, qui se tiendra en
principe le 8 janvier prochain, en précisant que cet examen se ferait «
conformément aux impératifs de rigueur budgétaire ». C'est dire que la
délégation française au conseil ECOFIN maintiendra la ligne précédemment
arrêtée, en suivant de près les recommandations qui sont contenues dans la
résolution qui vous est soumise.
(Applaudissements sur les travées des Républicains et Indépendants, du RPR et
de l'Union centriste.)
M. le président.
La parole est à M. Richard.
M. Alain Richard.
Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, il me
revient d'exprimer le sentiment du groupe socialiste sur cette résolution
relative à la proposition de révision des perspectives financières de la
Communauté.
Si nous prenons une position distincte de celle de la majorité et du
Gouvernement, c'est non parce que nous contestons les choix de prudence
financière qui ont été exposés ici, mais parce que nous croyons déceler dans le
texte de cette résolution, ainsi que dans certains des motifs qui ont été
avancés avec beaucoup de clarté et de franchise par M. Badré, une approche
systématique tendant à considérer comme structurellement négatif tout
développement des dépenses communautaires.
Certes, cette argumentation est assortie d'un certain nombre d'engagements
politiques favorables à la poursuite de la construction européenne. Il
n'empêche : il y a une certaine contradiction à dire qu'on souhaite donner à la
puissance publique européenne le moyen d'agir, mais que cela ne saurait se
traduire par une augmentation de sa part dans les dépenses publiques
communautaires.
Pour notre part, nous ne sommes pas ennemis des dépenses publiques
communautaires.
D'ailleurs, nous ne croyons pas à la validité du raisonnement économique, au
demeurant très nouveau, qui a été exposé récemment lors du débat d'orientation
budgétaire par vous-même, monsieur le ministre, et selon lequel il serait
scientifiquement démontré que l'accroissement des dépenses publiques est
générateur de baisse de croissance. Ce raisonnement disparaîtra de la mode
probablement aussi vite qu'il y est entré. Mieux vaut donc garder la tête
froide sur cette question.
L'argumentation à laquelle nous nous rangeons insiste, elle, sur l'aspect
conjoncturel : selon nous, il n'est pas opportun, pour la période couverte par
l'accord d'Edimbourg, de relever les plafonds des dépenses communautaires dans
la mesure où existe un problème de régulation budgétaire globale dans plusieurs
des grands Etats membres.
Même si le budget communautaire représente une masse financière beaucoup plus
modérée que l'addition des budgets nationaux, il n'est pas souhaitable, pour
les deux ou trois prochaines années, c'est-à-dire conjoncturellement, de
faciliter un développement des dépenses communautaires.
Sur ce sujet, toute approche systématique et à coloration idéologique suscite
a contrario
notre méfiance.
En outre, de la même manière qu'il faut éviter de susciter des situations de
concurrence ou de rivalité entre la haute administration nationale, que je
serais bien le dernier à vouloir critiquer, et la haute administration
communautaire, gardons-nous d'opposer le Parlement national, que je ne suis pas
plus porté à critiquer, et le Parlement européen.
C'est pourquoi je reste toujours très perplexe à l'idée qu'on vienne expliquer
devant un Parlement national que, par principe, les dépenses communautaires
seraient irresponsables et peu efficaces, sachant que la même personne, appelée
à siéger au Parlement européen - et cela a été votre cas, monsieur le ministre
- expliquera vraisemblablement le contraire.
M. Emmanuel Hamel.
Je ne le crois pas ! En tout cas, j'espère que non !
M. Alain Richard.
Mon cher collègue, que celui qui n'a jamais péché...
Le jour où nous serons certains qu'il ne se dépense pas un franc du budget de
l'Etat de manière inefficace ou frauduleuse dans l'un quelconque des
départements de notre belle République, nous pourrons faire état d'une
suspicion, devenue légitime pour le coup, à l'égard des dépenses
communautaires. Vous me dispenserez d'en dire plus !
M. Emmanuel Hamel.
En l'occurrence, la suspicion est pour nous un devoir !
M. Alain Richard.
Nous nous opposons donc, nous aussi, à la révision des perspectives
financières proposée par la Commission européenne, du moins à celle qui était
précédemment proposée puisque, d'après les indications fournies par M. le
ministre, la situation a déjà évolué par rapport aux circonstances qui ont
entouré l'élaboration de la résolution.
Par ailleurs, il nous paraît tout à fait justifié de réclamer que des progrès
soient accomplis en matière d'efficacité de la dépense et que des garanties
soient obtenues quant à la crédibilité des nouveaux engagements, surtout si
l'on tient compte du nuage noir qui vient de se lever au-dessus du budget
communautaire du fait de la crise liée à l'encéphalopathie spongiforme
bovine.
En revanche, il nous semble qu'une position de vigilance pourrait très bien
être assortie d'un débat plus prospectif sur des dépenses communautaires
d'avenir.
En France, comme dans d'autres pays, on n'en a pas fini, en particulier, avec
la nécessité de procéder à un certain nombre de grosses reconversions
industrielles, et l'actualité, hélas ! le prouve encore. Nous le savons, des
régions, des villes de notre pays sont et seront encore touchées par des
problèmes graves de restructuration industrielle.
Dans le domaine des hautes technologies, notamment, notre compétitivité est
insuffisante par rapport à certains grands ensembles régionaux de l'Union
européenne. Dès lors, il n'est pas nécessairement inefficace d'accentuer
l'effort communautaire en matière de recherche ou d'infrastructures. Notre
continent a des objectifs ambitieux quant à la valorisation de son territoire
et à l'environnement, et l'Union européenne peut, à cet égard, jouer un rôle
accru.
Il nous semble donc que, tout en freinant aujourd'hui les imprudences qui
pourraient se faire jour au niveau des finances communautaires, il ne faut pas
perdre de vue l'approche combative et solidaire de la construction européenne,
qui peut se traduire, à un moment ou à un autre, par un accroissement des
dépenses.
Par conséquent, nous nous abstiendrons sur cette résolution pour éviter que
notre position soit confondue avec celle d'un libéralisme exagérément
systématique et dont la validité est parfois contredite par les faits.
M. le président.
La parole est à M. Bécart.
M. Jean-Luc Bécart.
Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, cette
résolution de la commission des finances présente, de notre point de vue, un
caractère quelque peu inédit.
En effet, la proposition d'acte communautaire ici visée s'apparente, pour une
très large part, à une sorte d'arrêté d'annulation, de report ou de transfert
de crédits votés, procédure d'ailleurs utilisée assez régulièrement par le
Gouvernement ; c'est pourquoi, lors des débats portant sur les projets de loi
de finances rectificative, nous sommes appelés à examiner des articles
entérinant de tels mouvements.
Au demeurant, le gouvernement actuel, s'il veut tenir les objectifs de déficit
affichés dans la loi de finances initiale, soit 275 milliards de francs, sera
sans doute amené à procéder de la sorte puisque les projections découlant de
l'état actuel des recettes laissent prévoir, pour 1996, un déficit réel
supérieur de 30 à 35 milliards de francs.
Pour en revenir au budget des Communautés européennes, la Commission de
Bruxelles propose de ventiler ses crédits d'une manière différente de celle qui
a été adoptée pour le budget initial ; cela concerne 2,7 milliards d'écus.
La ventilation en question affecte singulièrement l'abondement des crédits
destinés au développement des réseaux transeuropéens, pour environ 1 milliard
d'écus, et le plan-cadre recherche, pour un montant de 690 millions d'écus,
plan destiné notamment à favoriser l'innovation technologique dans les petites
et moyennes entreprises.
Bien que la proposition d'acte communautaire ne le fasse pas apparaître, force
est de le constater, certains crédits seront amputés, quoiqu'il arrive. En
outre, l'argument avancé quant à l'absence d'effets sur la ligne directrice
agricole semble plutôt attester un manque total de clarté dans la définition
des politiques communautaires.
M. le rapporteur relève, par exemple, l'absence de décision modificative
relative à la situation créée par le développement de l'encéphalopathie
spongiforme bovine, alors même que les responsabilités de la Commission
européenne impliquent, de notre point de vue, un engagement financier sur ce
dossier.
En fait, la proposition d'acte communautaire montre, une fois de plus, les
limites d'une construction européenne technocratique, éloignée des
préoccupations réelles des Européens.
Dès lors, nous pourrions être amenés à suivre la commission des finances sur
la résolution qu'elle nous soumet. Mais nous n'estimons pas anormal que le
budget communautaire soit mis à contribution en ce qui concerne l'aide
internationale, ainsi que le prévoit la proposition d'acte.
Encore faudrait-il s'entendre de manière plus précise sur l'utilisation des
ressources de ce budget européen.
Telles sont les raisons pour lesquelles nous nous abstiendrons lors du vote
sur la résolution.
M. Denis Badré,
rapporteur.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le rapporteur.
M. Denis Badré
rapporteur.
Je voudrais simplement réagir aux interventions de nos
collègues MM. Richard et Bécart.
Monsieur Richard, si nous souhaitons, évidemment, que l'Union européenne
dispose des moyens nécessaires pour agir, nous demandons qu'elle s'applique à
elle-même les principes de rigueur auxquels se soumettent les Etats membres.
C'est tout !
Il ne s'agit pas, en l'espèce, d'une attitude systématique. Je n'ai pas dit
que les dépenses communautaires seraient par nature inefficaces ; je ne me
serais d'ailleurs jamais permis de dire une chose pareille ! J'ai simplement
dit que des progrès restaient à accomplir, ce dont tout le monde convient, pour
que l'objectif d'efficacité maximale de ces dépenses devienne réalité.
Ainsi, à propos de la progression de 8 p. 100 des dépenses d'action
structurelle prévues par l'avant-projet de budget pour 1997 présenté par la
Commission, j'ai noté qu'il s'agissait précisément de dépenses dont
l'efficacité pouvait améliorée. Il est nécessaire d'élaborer des projets
tendant à améliorer l'efficacité de ces dépenses avant de leur affecter un
coefficient de croissance de 8 p. 100 !
Une telle attitude n'a rigoureusement rien de systématique ; elle m'apparaît,
au contraire, comme tout à fait pragmatique.
Je crains, en fait, que des dérapages comme celui qu'atteste cette progression
de 8 p. 100 portant sur des dépenses dont la mise en oeuvre mérite d'être
améliorée ne desservent l'Europe ; c'est ce que je souhaite éviter par-dessus
tout.
A M. Bécart, je répondrai simplement que la résolution adoptée par la
commission des finances vise précisément à ce que la construction européenne
soit plus politique que technocratique.
M. le président.
Personne ne demande plus la parole dans la discussion générale ?...
La discussion générale est close.
Nous passons à la discussion de la résolution de la commission des finances,
du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation.
J'en donne lecture :
« Le Sénat,
« Vu l'article 88-4 de la Constitution,
« Vu la proposition de révision des perspectives financières présentée par la
Commission au Parlement européen et au Conseil en application des paragraphes
11 et 12 de l'accord interinstitutionnel du 29 octobre 1993 sur la discipline
budgétaire et l'amélioration de la procédure budgétaire SEC (96) 492 final,
« Se félicite de la transmission au Parlement, au titre de l'article 88-4 de
la Constitution, du projet d'accord interinstitutionnel portant sur la révision
des perspectives financières et demande au Gouvernement que toutes les
propositions relatives à des accords interinstitutionnels soient désormais
transmises au Parlement ;
« Considérant que la révision proposée par la Commission ne paraît pas
entièrement conforme à l'esprit et à la lettre de l'accord interinstitutionnel
du 29 octobre 1993 ;
« Considérant que la rigueur budgétaire que s'imposent actuellement les Etats
membres devrait conduire la Commission à adopter le même comportement pour le
budget des Communautés européennes et que la véritable économie conduirait à
diminuer la contribution des Etats membres plutôt qu'à réorienter les crédits
disponibles sous plafond vers d'autres dépenses communautaires ;
« Considérant que la Commission propose, sans relèvement du plafond des
perspectives financières ni augmentation des crédits de paiement, de dégager
2,7 milliards d'écus de crédits d'engagement ;
« Considérant que ces crédits, qui correspondent aux dépenses entraînées par
la proposition de la Commission, seraient dégagés par une reclassification des
dépenses au sein des perspectives financières, reclassification qui aurait pour
effet d'accroître les crédits disponibles pour les fonds structurels, les
politiques internes, les actions extérieures et les dépenses administratives
;
« Considérant que les demandes de la Commission ne sont pas justifiées :
« - le financement du complément du 4e programme cadre de recherche est déjà
assuré ;
« - une modification de l'ordre des priorités d'action dans le domaine de la
politique extérieure de l'Union n'apparaît pas actuellement justifiée ;
« - la reconstitution de la réserve pour les initiatives communautaires ne
s'impose pas dans l'immédiat ;
« - les mouvements de crédits entre la réserve pour aide d'urgence et le
relèvement du plafond de la rubrique des actions extérieures ne sont pas
acceptables dans leur principe ;
« - les dépenses immobilières du Parlement européen ne sauraient justifier une
révision des perspectives financières ;
« - la priorité en faveur des réseaux transeuropéens peut être assurée dans le
cadre budgétaire actuel ;
« Considérant que le redéploiement résultant de la sous-exécution de nombre de
programmes communautaires présente de nombreux risques, tant du point de vue de
la procédure budgétaire qu'au regard de l'utilisation prévisible des crédits de
la ligne agricole ;
« Considérant notamment que le principe d'un redéploiement des dépenses
obligatoires vers les dépenses non obligatoires ne doit pas être admis ;
« Considérant que la proposition entraînerait, du fait de l'annulation des
économies possibles dans la ligne budgétaire agricole, un relèvement de 2,1
milliards de francs de la contribution française au budget communautaire ;
« Demande au Gouvernement de s'opposer fermement à la proposition de révision
des perspectives financières présentée par la Commission ;
« Considérant, par ailleurs, que la gestion des finances publiques dans
l'Union européenne devrait tenir compte des réalités économiques et financières
des Etats membres et être cohérente avec les principes de la dépense
communautaire ;
« Demande également au Gouvernement de promouvoir ces principes en étant
vigilant devant les évolutions financières proposées par les instances
communautaires et en recherchant les moyens permettant de garantir une gestion
des finances publiques communautaires réaliste. »
Avant de mettre aux voix la résolution, je donne la parole à M. Genton pour
explication de vote.
M. Jacques Genton.
Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, je voterai,
bien entendu, la proposition de résolution de la commission des finances, et
j'approuve la déclaration de M. le rapporteur sur le projet de budget pour
1997.
Je me réjouis que la conférence des présidents ait décidé que cette
proposition de résolution serait examinée en séance publique, afin de donner la
solennité qui convient à cet important sujet.
Notre collègue M. Denis Badré a excellemment expliqué, dans son rapport et
dans son intervention liminaire, les termes de cette proposition de résolution,
qui, je le souligne au passage, a été soutenue par la délégation du Sénat pour
l'Union européenne.
M. Denis Badré,
rapporteur.
Je suis confus de ne pas l'avoir rappelé.
M. Jacques Genton.
Cela allait de soi, mon cher collègue, nous étions ensemble.
Je tiens, en cette circonstance, à exprimer mon inquiétude quant à la
légitimité des accords interinstitutionnels qui ne sont pas prévus par les
traités.
A ceux qui pourraient nous reprocher d'inviter le Gouvernement à s'opposer à
la proposition de révision des perspectives financières présentée par la
Commission, je répondrai, en reprenant les propos de M. le rapporteur : « Nous
ne voulons pas que les institutions de la Communauté jouent contre l'Europe. »
C'est, à mon avis, mes chers collègues, la meilleure conclusion.
(Applaudissements sur les travées de l'Union centriste, des Républicains et
Indépendants et du Rassemblement pour la République.)
M. le président.
La parole est à M. Hamel.
M. Emmanuel Hamel.
Après les propos de M. Genton, dont je tiens à souligner la personnalité
éminente et les responsabilités qu'il assume en tant que président de la
délégation du Sénat pour l'Union européenne, j'aurais le devoir d'être très
bref.
Je manquerai toutefois à ce devoir en exprimant publiquement une confidence.
Ayant l'honneur d'être membre de la commission des finances, je dois faire part
à la Haute assemblée du plaisir intense que nous avons éprouvé en écoutant les
explications de notre rapporteur, M. Denis Badré.
Bien qu'il siège depuis peu de temps au sein de notre assemblée, il a déjà
acquis une grande autorité et a fait preuve d'une grande connaissance des
problèmes si délicats des finances communautaires. Voilà qui est véritablement
le signe d'un immense talent. J'ose espérer que la République le reconnaîtra un
jour en lui confiant des fonctions éminentes.
Son rapport est, bien évidemment, remarquable. Je tiens d'abord à le soutenir,
ce qui, politiquement, n'est pas sans importance.
Nous avons des conceptions différentes de l'Europe. Les uns ne sont peut-être
pas opposés à l'idée d'une Europe quasi fédérale. Les autres préféreraient que
la France reste un Etat protégeant son territoire et coopérant avec d'autres
pays européens.
Quelle que soit la sensibilité des membres de la commission des finances en ce
domaine, tous sont convenus qu'ils pouvaient voter le rapport de M. Badré. Ce
rapport contient en effet un certain nombre d'évidences.
Comme il le souligne dans la proposition de résolution, la révision des
perspectives financières proposée par la Commission n'est conforme ni à
l'esprit ni à la lettre de l'accord institutionnel du 29 octobre 1993. Comment
construire l'Europe si la Commission ou le Conseil des ministres se mettent
eux-mêmes en contradiction avec les textes déjà adoptés ?
Par ailleurs, il est incontestable, et M. Badré l'explique fort bien, que la
demande de la Commission n'est pas justifiée. Il suffit de se reporter à son
rapport pour en être convaincu.
Enfin, il affirme, et le groupe du Rassemblement pour la République partage ce
sentiment, que « le principe d'un redéploiement des dépenses obligatoires vers
les dépenses non obligatoires ne doit pas être admis », et nous sommes heureux,
monsieur le ministre, que vous l'ayez confirmé.
En outre, en tant que parlementaires français, nous ne pouvons pas admettre
une proposition qui aurait pour conséquence de relever la contribution
française, qui est déjà très forte, au budget communautaire.
Ainsi, le groupe du Rassemblement pour la République demande au Gouvernement
de s'opposer fermement à la proposition de révision des perspectives
financières présentée par la Commission. Tel sera le sens de notre vote.
Je pourrais ajouter d'autres arguments si je n'étais pas pris par le temps et
par l'obligation d'être concis. En effet, s'agissant de problèmes aussi
importants, plus nos affirmations sont nettes, plus l'expression de notre
volonté est concise et plus nous servons l'intérêt public et la construction de
l'Europe.
(Applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et
Indépendants et de l'Union centriste.)
M. le président.
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix la résolution.
M. Alain Richard.
Le groupe socialiste s'abstient.
(La résolution est adoptée.)
M. le président.
En application de l'article 73
bis,
alinéa 11, du règlement, la
résolution que le Sénat vient d'adopter sera transmise au Gouvernement et à
l'Assemblée nationale.
9
NOMINATION DES MEMBRES
D'UNE COMMISSION SPÉCIALE
M. le président.
Je rappelle qu'il a été procédé à l'affichage de la liste des candidats aux
fonctions de membre de la commission spéciale chargée d'examiner le projet de
loi, adopté par l'Assemblée nationale après déclaration d'urgence, relatif à la
mise en oeuvre du pacte de relance pour la ville (n° 461, 1995-1996).
Le délai fixé par le règlement est expiré.
Je n'ai reçu aucune opposition.
En conséquence, la liste est ratifiée, et je proclame membres de cette
commission spéciale MM. Nicolas About, José Balarello, Daniel Bernardet, Paul
Blanc, Mme Annick Bocandé, MM. André Bohl, Dominique Braye, William Chervy,
Jean-Paul Delevoye, Gérard Delfau, Christian Demuynck, André Diligent, Alain
Dufaut, Xavier Dugoin, Mme Joëlle Dusseau, MM. Daniel Eckenspieller, Guy
Fischer, Jean-Pierre Fourcade, Serge Franchis, Mme Jacqueline Fraysse-Cazalis,
MM. Jean-Marie Girault, Paul Girod, Gérard Larcher, Jacques Mahéas, Philippe
Marini, Jean-Pierre Masseret, Charles Metzinger, Gérard Miquel, Mme Nelly Olin,
M. Jean-Marie Poirier, Mme Danièle Pourtaud, MM. Alain Richard, Jacques Rocca
Serra, Louis Souvet, François Trucy, Alex Türk, Paul Vigouroux.
10
NOMINATION DE MEMBRES
D'ORGANISMES EXTRAPARLEMENTAIRES
M. le président.
Je rappelle que la commission des affaires économiques a proposé des
candidatures pour des organismes extraparlementaires.
La présidence n'a reçu aucune opposition dans le délai d'une heure prévu par
l'article 9 du règlement.
En conséquence, ces candidatures sont ratifiées, et je proclame M.
Jean-François Le Grand membre de la commission nationale du débat public et M.
Bernard Hugo membre titulaire du conseil national des transports.
11
DÉFICIT PUBLIC EXCESSIF EN FRANCE
Adoption d'une résolution d'une commission
M. le président.
L'ordre du jour appelle la discussion de la résolution (n° 466, 1995-1996),
adoptée par la commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes
économiques de la nation, en application de l'article 73
bis,
alinéa 8,
du règlement, sur une recommandation de la Commission en vue d'une
recommandation du Conseil visant à ce que soit mis un terme à la situation de
déficit public excessif en France. Application de l'article 104 C, paragraphe
7, du traité instituant la Communauté européenne (n° E 648). [Rapport n° 447
(1995-1996).]
Dans la discussion générale, la parole est à M. le rapporteur.
M. Alain Lambert,
rapporteur de la commission des finances, du contrôle budgétaire et des
comptes économiques de la nation.
Monsieur le président, monsieur le
ministre, mes chers collègues, nous examinons, pour la troisième année
consécutive, un projet de recommandation du Conseil visant à ce que soit mis un
terme à la situation de déficit public excessif en France.
Il s'agit de l'application exacte des dispositions du traité relatif à la
constitution de l'Union économique et monétaire, l'UEM, qui organise,
notamment, les règles de surveillance multilatérale des politiques
économiques.
Parmi les quinze Etats membres de l'Union, un seul, le Luxembourg, respecte
aujourd'hui l'ensemble des critères de convergence de ce traité, en particulier
les deux critères définis en matière de finances publiques, à savoir une dette
publique inférieure à 60 p. 100 du produit intérieur brut et un déficit public
ne dépassant pas 3 p. 100 de ce même produit intérieur brut.
Six autres pays, dont la France, respectent un des deux critères.
Or, au-delà du strict examen des critères, la Commission européenne procède à
une évaluation globale de la situation de chacun des Etats membres.
Elle a estimé, cette année, que douze Etats membres étaient en situation de
déficit excessif, considérant que le Danemark et l'Irlande, qui ne respectent
pas encore le critère relatif à la dette publique, étaient en bonne voie d'y
parvenir grâce à une réelle et rapide réduction de leur ratio endettement
public-produit intérieur brut.
S'agissant de la France, la commission des finances a d'abord estimé que nous
ne pouvions que prendre acte de cette situation et reconnaître que nous ne
respectons pas encore le critère relatif au déficit public.
Un examen plus approfondi du texte de la recommandation nous a conduits à
formuler, par ailleurs, plusieurs obervations.
La Commission fait un constat : la France respecte difficilement ses objectifs
de réduction du déficit, en dépit des efforts réalisés et soulignés par le
texte communautaire.
Ainsi, en 1995, le déficit public a atteint 5 p. 100 du produit intérieur
brut, soit moins qu'en 1994 - nous étions alors à 5,8 p. 100 - mais plus que ce
qui avait été prévu dans le programme de convergence de novembre 1993 et
recommandé par le Conseil l'année dernière.
Pour 1996, la Commission exprime une certaine inquiétude sur l'objectif de 4
p. 100. C'est pourquoi elle approuve les mesures de gel décidées par le
Gouvernement au début de l'année.
La commission des finances souhaite, elle aussi, que l'objectif d'un déficit
de 4 p. 100 en 1996 soit respecté.
La recommandation européenne estime qu'il est impératif de poursuivre la
réduction du déficit pour parvenir à l'objectif de 3 p. 100 du produit
intérieur brut en 1997.
Voilà qui correspond bien à ce que vous nous avez annoncé lors du débat
d'orientation budgétaire, monsieur le ministre, et vous vous souvenez sans
doute que la commission des finances vous a soutenu dans cette démarche de
réduction du déficit.
Mais, comme nous vous l'avions également dit à cette occasion, le respect de
l'objectif de 3 p. 100 exige un effort important principalement axé sur la
maîtrise des dépenses.
La Commission européenne rappelle d'ailleurs, dans son projet de
recommandation, la nécessité de maîtriser les dépenses de l'Etat et les
dépenses de la sécurité sociale.
Elle souligne, en outre, la nécessité d'une mise en oeuvre intégrale de la
réforme de la sécurité sociale qu'elle qualifie d'ambitieuse. La commission des
finances a estimé que cette observation était justifiée et qu'il fallait
absolument parvenir à un « déficit zéro » de la sécurité sociale en 1997.
Nous avons cependant ajouté un point important à la recommandation européenne,
sur lequel la commission des finances a beaucoup insisté, monsieur le ministre.
Nous venons d'ailleurs d'en parler à l'occasion de l'examen des perspectives
financières de l'Union européenne. Mais je crois nécessaire, et en tout cas de
mon devoir, de le redire : la rigueur budgétaire que s'imposent aujourd'hui
tous les Etats membres doit également impérativement s'appliquer à l'Union
européenne. Nous devrions, grâce à des économies, chercher à stabiliser, à
défaut de réduire, le montant des contributions de chaque Etat membre.
Telles sont, monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues,
les grandes lignes du texte de la recommandation européenne et les observations
de la commission des finances, reprises dans le texte de la résolution que nous
vous proposons d'adopter.
Toutefois, monsieur le ministre, nous avons souhaité aller plus loin puisque,
dans mon rapport écrit, j'ai fait figurer une annexe sur les expériences
réussies qui ont été menées en matière de réduction de la dépense publique.
Je tiens à soumettre ces éléments à votre réflexion, au moment où vous
participez à des conférences budgétaires qui doivent être assez délicates.
Aussi, avant de conclure mon propos, je souhaite vous faire part de
l'appréciation de la commission sur ces expériences.
A cet égard, nous ferions bien de regarder plus souvent ce qui se passe dans
les pays étrangers, car nous pourrions y trouver des expériences intéressantes
qui, à défaut d'être totalement transposables chez nous, pourraient tout de
même nous apporter quelques enseignements utiles.
Il apparaît que seuls les pays qui ont réduit leurs dépenses publiques ont
réussi leurs politiques d'ajustement budgétaire. Il n'est en effet plus
possible de faire face à l'explosion des dettes publiques en augmentant
simplement les prélèvements obligatoires. Les agents économiques et les marchés
nous incitent d'ailleurs à la rigueur. J'ajoute que les perspectives liées au
vieillissement de la population doivent nous rendre encore plus conscients de
cette nécessité.
Une analyse approfondie des expériences réussies en matière de réduction des
dépenses montre que seuls certains types d'économies sont efficaces et
durables. En effet, s'il est possible, à court terme, de geler les salaires de
la fonction publique, de réduire forfaitairement tous les crédits ou de
diminuer les dépenses d'investissement, cela ne modifie en rien le profil
général des dépenses et permet, en réalité, simplement de reporter les dépenses
correspondantes sur les exercices ultérieurs.
Les réductions de dépenses qui ont un effet durable sont, d'abord, celles qui
s'attaquent aux dépenses dites improductives. Mon rapport écrit vous en fournit
de nombreux exemples. C'est aussi et surtout la réduction des dépenses sociales
et des dépenses de personnel.
Les exemples de l'Irlande, du Canada, de la Suède ou de la Nouvelle-Zélande,
qui ont réduit très sensiblement leur niveau de dépenses publiques, montrent
que la réduction des dépenses sociales ne consiste pas à supprimer des
prestations, ce qui serait à la fois brutal et non souhaitable pour des pays
ayant choisi de préserver une réelle solidarité nationale.
Il s'agit, le plus souvent, de mieux cibler les dépenses et de revoir certains
critères d'attribution en instituant, par exemple, une condition de ressources
pour le versement de certaines allocations, en exigeant des résultats scolaires
pour les bourses d'études ou en créant des conditions de recherche d'emploi
pour les allocations chômage.
Un réexamen systématique de nos diverses dépenses d'intervention, avec le
souci de les rendre plus sélectives, pourrait sans aucun doute permettre de
réaliser, à l'image des autres pays, de véritables économies.
Dans le même ordre d'idée, une réflexion sur le rôle de l'Etat et sur son
champ d'intervention devrait permettre la remise en cause de certaines
dépenses. Il n'est pas évident que l'Etat soit toujours le mieux placé pour
effectuer certaines interventions ou actions au moindre coût. A un échelon plus
réduit, les gestionnaires de collectivités locales que nous sommes en ont
souvent fait la constatation. La réforme de l'Etat en cours devra donc
nécessairement se traduire par des économies budgétaires.
L'examen des expériences étrangères que je viens d'évoquer m'a aussi conduit à
observer l'utilité des réformes institutionnelles ou de procédure.
Si nous avons des difficultés à réduire la dépense publique en France
aujourd'hui, peut-être serait-il bon de s'inspirer des pays qui ont remis en
cause leurs dépenses par l'institution de procédures d'arbitrage collégiales au
plus haut niveau politique.
De même, l'instauration d'une programmation pluriannuelle systématique des
dépenses pourrait apporter des éléments d'analyse particulièrement utiles pour
éclairer nos choix en termes aussi bien d'économies que de dépenses
nouvelles.
Enfin, une grande transparence dans l'exécution des dépenses ou dans
l'élaboration des prévisions économiques ne peut que contribuer à développer la
prise de conscience de l'ensemble de la classe politique et de l'opinion
publique sur la nécessité absolue de maîtriser les dépenses et sur le caractère
obligatoire, incontournable et urgent de certains choix.
Dans mon rapport écrit, je développe plus longuement ces comparaisons. J'ai
souhaité, monsieur le ministre, soumettre cette contribution à votre réflexion,
sachant que vous étiez déjà en train de préparer le projet de budget pour 1997,
afin que vous puissiez en tirer éventuellement tous les enseignements utiles
dans la tâche qui est la vôtre.
Mes chers collègues, il ne faut pas nous le cacher, le prochain budget sera
l'un des rendez-vous majeurs, non seulement pour la politique du Gouvernement,
mais, au-delà, pour la France et sa place en Europe.
(Applaudissements sur les travées de l'Union centriste, des Républicains et
Indépendants et du RPR.)
Mme Hélène Luc.
Je suis tout de même très étonnée que M. le rapporteur n'ait pas parlé de la
proposition de résolution que mon groupe a déposée !
M. le président.
La parole est à M. le ministre.
M. Alain Lamassoure,
ministre délégué au budget, porte-parole du Gouvernement.
Monsieur le
président, mesdames, messieurs les sénateurs, nous examinons maintenant la
recommandation de la Commission des Communautés européennes en vue d'une
recommandation du Conseil demandant à la France de respecter la discipline
budgétaire prévue par le traité.
Comme l'a excellemment rappelé M. le rapporteur, la Commission recommande de
poursuivre la réduction du déficit en 1996 et en 1997, afin de parvenir à
limiter le déficit public à 3 p. 100 du produit intérieur brut en 1997.
Elle se félicite, en outre, de la réforme du système de sécurité sociale
engagée par la France, des mesures de gel des dépenses publiques prises au
début de cette année, ainsi que des orientations budgétaires pour 1997 que
j'avais eu l'honneur, avec Jean Athuis, de présenter à votre assemblée.
La Commission insiste pour que la réforme du système de sécurité sociale soit
intégralement mise en oeuvre et pour que les objectifs afférents à la
croissance des dépenses de santé soient respectés.
Enfin, elle encourage le Gouvernement à réduire les dépenses de l'Etat en
termes réels en 1997, pour compenser toute perte de recettes et atteindre
l'objectif fixé en matière de déficit.
La recommandation de la Commission correspond, en fait, aux objectifs que nous
nous sommes fixés, vous l'avez indiqué, monsieur le rapporteur. Il s'agit
d'accomplir les efforts nécessaires en matière de finances publiques pour que
leur assainissement concoure de nouveau à la croissance économique et que la
France puisse respecter la totalité des critères prévus par le traité de
Maastricht afin de participer à l'Union économique et monétaire dès le 1er
janvier 1999.
A ce jour, sur les cinq critères prévus par le traité, la France en respecte
quatre. Elle est l'un des pays de la Communauté parmi les mieux placés, et la
politique que nous souhaitons mettre en oeuvre est de faire en sorte que,
l'année prochaine, la France respecte les cinq critères.
La clarté de la stratégie budgétaire conduite, en particulier, depuis un an a
eu le mérite de contribuer à la détente monétaire.
En renforçant la crédibilité de nos objectifs, cet engagement a permis à la
Banque de France d'engager un processus de baisse sensible des taux d'intérêt,
sans mettre en danger la stabilité de notre monnaie au sein du mécanisme de
change européen.
Dans le même temps, les taux d'intérêt à long terme ont baissé. Rappelons
qu'ils ne dépendent absolument pas de la Banque de France, puisqu'ils sont, en
fait, le résultat du jeu des marchés et donc de l'opinion que l'ensemble des
opérateurs du monde portent sur notre politique. Les taux d'intérêt sont donc
maintenant très régulièrement inférieurs aux taux allemands et inférieurs aux
taux américains.
Cette baisse des taux d'intérêt n'a été possible que parce que les objectifs
de la politique monétaire étaient réaffirmés et parce que l'exécution de cette
politique se faisait avec fermeté. Seule la poursuite d'une telle politique
permettra aux taux d'intérêt de rester bas durablement et d'exercer un effet
positif sur l'activité économique.
M. Emmanuel Hamel.
Espérons-le !
M. Alain Lamassoure,
ministre délégué.
La maîtrise de la dépense sera l'instrument privilégié
pour ramener le déficit des administrations publiques à 3 p. 100 du produit
intérieur brut en 1997.
J'ai écouté attentivement ce que vous avez dit, monsieur le rapporteur, sur
les exemples que nous fournissent les politiques engagées par plusieurs de nos
partenaires étrangers, qu'ils appartiennent à l'Union européenne, comme
l'Irlande ou la Suède, ou qu'ils y soient étrangers, comme le Canada ou la
Nouvelle-Zélande.
Vous auriez pu aussi mentionner le cas très particulier de l'Italie, dont les
déficits publics sont très élevés par rapport au produit intérieur brut, alors
que, en ce qui concerne le budget de l'Etat, le déficit hors dette, ce que l'on
appelle le déficit primaire, est en fait, si je puis dire, un excédent. Plus
exactement, si l'on examine le solde hors dette, on constate que l'Italie
dégage un excédent primaire.
Tous nos partenaires ont donc fait un effort considérable pour réduire les
déficits publics. De la même manière, après avoir ramené ces déficits, qui
étaient de près de 6 p. 100 du produit intérieur brut à la fin de 1994, à 5 p.
100 à la fin de 1995, notre objectif est d'exécuter la loi de finances pour
1996 de manière à ramener le déficit à 4 p. 100 à la fin de cette année et à 3
p. 100 en 1997. C'est la maîtrise de la dépense qui nous permettra à la fois de
parvenir à ce résultat et d'engager, dès l'année prochaine, la baisse des
prélèvements obligatoires dont notre économie a besoin.
Déjà, dans la loi de finances pour 1996, la progression des dépenses a été
limitée à celle des prix, ce qui correspond à une stabilisation en volume, et
c'est déjà une inflexion sensible par rapport aux évolutions passées - 4 p. 100
de croissance en valeur en moyenne depuis le début des années quatre-vingt-dix.
De plus, compte tenu, malheureusement, du ralentissement économique survenu
depuis l'été 1995, il a été décidé en début d'année de geler certains crédits
pour un montant de 20 milliards de francs, afin de respecter en exécution le
déficit fixé en loi de finances.
La commission des finances du Sénat a relevé que la recommandation de la
Commission approuvait le réforme du système de sécurité sociale engagée à
l'automne dernier.
Là aussi, nous avons décidé d'agir essentiellement du côté des dépenses pour
éviter de recourir à une hausse excessive des prélèvements qui nuirait à notre
compétitivité. La réforme engagée en novembre dernier vise ainsi principalement
à maîtriser les dépenses pour éviter qu'elles ne progressent plus vite que
l'activité économique à moyen terme.
Le budget pour 1997, que ce soit le budget national ou le budget européen,
sera historique. C'est en effet la manière dont le budget national sera exécuté
qui décidera de notre capacité à entrer dans l'Union économique et monétaire.
En même temps, il constituera, pour notre politique économique nationale, un
test qui éprouvera la capacité de notre pays à se réformer en profondeur et à
engager une révolution culturelle identique à celle qui a été lancée voilà déjà
plusieurs années par certains de nos partenaires, permettant de réduire la part
de la dépense publique et des prélèvements dans l'économie.
Cependant, cet effort d'assainissement devra être poursuivi au-delà de 1997.
D'ailleurs, nous avons eu l'occasion de le dire lors du débat sur les
orientations budgétaires pour 1997, la « boule de neige » de l'endettement, qui
continue actuellement de grossir, même alors que le déficit diminue, ne
commencera à fondre que lorsque le déficit sera inférieur à 2 p. 100 du produit
intérieur brut, ce qui fait qu'en réalité les engagements que nous avons pris à
l'échelon européen sont insuffisants si nous voulons retrouver la pleine
maîtrise de nos finances publiques.
En outre, cette discipline sera nécessaire pour le fonctionnement harmonieux
de l'Union économique et monétaire. C'est pourquoi la France a appuyé
l'initiative de l'Allemagne, qui a proposé à ses partenaires d'essayer de se
mettre d'accord dès maintenant, avant la constitution de l'Union économique et
monétaire, sur un programme de stabilité garantissant la cohérence des
politiques budgétaires et, plus généralement, des politiques économiques des
futurs membres de l'Union économique monétaire, dans les premières années de
son entrée en vigueur.
Au cours des dernières années, nous avons éliminé notre déséquilibre externe
en supprimant notre déficit courant ; nous devons maintenant éliminer notre
déséquilibre interne en réduisant notre déficit public. La réduction de la
désépargne publique qui en résulte pourra induire une réorientation de
l'épargne vers les secteurs productifs. Cette meilleure allocation des
ressources financières intérieures permettra de financer les investissements
indispensables à la réalisation des gains de productivité et au maintien de
notre compétitivité.
C'est pourquoi, sur la base du rapport approfondi présenté par M. Alain
Lambert, il nous apparaît que la commission des finances a adopté une
proposition empreinte de sagesse à laquelle le Gouvernement invite le Sénat à
se rallier.
(Applaudissements sur les travées de l'Union centriste, des
Républicains et Indépendants et du RPR.)
M. le président.
La parole est à M. Richard.
M. Alain Richard.
Je voudrais, là encore, expliquer notre position.
Si, sur le fond, le texte que nous examinons, qui a pour objet la limitation
des déficits, n'est pas un sujet de désaccord, la motivation des auteurs de la
résolution, notamment les appréciations qu'ils portent sur la politique
économique et financière du Gouvernement, nous amène à ne pas nous solidariser
avec eux.
Je veux, d'un mot d'abord, souligner que le débat relatif à la portée de
l'intervention de la Communauté sur notre déficit est largement rétrospectif.
Il y a peu de propositions tendant à ce que la France dénonce le traité sur
l'Union européenne !
A partir du moment où tout le monde constate que le traité sur l'Union
européenne fait partie de nos engagements internationaux, il est logique qu'il
soit appliqué, notamment par ce dialogue qui s'instaure entre la Communauté et
les autorités françaises sur le respect des objectifs.
L'appréciation que porte la commission sur le respect des critères de
convergence nous paraît objective et réaliste. Elle a le caractère d'un simple
constat. La commission souligne que, pratiquement, il est prévisible que le
déficit de l'ensemble des finances publiques françaises au sens du traité soit
non pas de 3 p. 100 seulement, en 1997, mais probablement un peu supérieur.
Il est logique que chacune des grandes forces politiques prenne position sur
cette question. Notre sentiment est qu'il ne faut pas dramatiser cet écart,
sachant que la situation structurelle de l'économie française est solide et
que, notamment, nos comptes extérieurs font apparaître que ce pays est
compétitif et qu'il est dynamique.
M. Emmanuel Hamel.
On ne le rappelle pas assez souvent !
M. Philippe Marini.
On n'entend pas souvent cela sur vos bancs !
M. Alain Richard.
On n'entend pas non plus sur les vôtres, cher collègue, puisque vous souhaitez
introduire un élément de polémique, le rôle joué par les différents
gouvernements dans l'obtention de cette situation ; rappelez-vous où en était
l'économie française au printemps de l'année 1981, notamment quant à sa
compétitivité extérieure ! Donc, si vous cherchez quelques anicroches, vous
aurez de quoi vous amuser.
M. Philippe Marini.
En 1986, ce n'était pas brillant non plus !
M. Alain Richard.
L'évolution en matière de déficits publics est de toute façon positive et il
n'y a pas lieu, nous semble-t-il, d'alarmer les partenaires de la France et la
Communauté sur notre capactié à entrer dans le dispositif de la monnaie
unique.
En revanche, nous devons confirmer notre désaccord sur le processus et sur les
méthodes suivis par le Gouvernement français pour rétablir cet équilibre,
notamment en ce qui concerne la répartition des prélèvements
supplémentaires.
Sur ce point, je ne peux pas être d'accord avec l'appréciation donnée par M.
le ministre du budget à l'instant. Le plan de redressement de la protection
sociale comporte des prélèvements supplémentaires importants : un a déjà été
mis en valeur et porte sur un montant de 25 milliards de francs, d'autres
figurent dans les projets à venir, notamment avec l'élargissement, annoncé par
le Premier ministre, de l'assiette de la contribution sociale généralisée.
Il y a donc bien un alourdissement significatif des prélèvements.
Nous considérons - le premier secrétaire national de notre parti l'a rappelé
encore récemment - que, si l'on admet l'objectif d'avoir un montant de déficit
inférieur à un certain plafond, d'autres choix sont possibles aussi bien en
matière d'économies qu'en matière de répartition des prélèvements.
Comme la proposition de résolution adoptée par la commission des finances a le
caractère d'un satisfecit sur la stratégie budgétaire et financière suivie par
le Gouvernement, nous ne pouvons, bien sûr, donner notre assentiment sur ce
point.
Je conclurai sur l'objectif, qui reste aussi nécessaire que jamais, d'entrer
avec détermination dans l'application de l'Union monétaire.
C'est aux Etats, au début du printemps de 1998, qu'il reviendra d'apprécier
ensemble le respect des critères de convergence. Nous souhaitons, compte tenu
des perspectives de l'économie française à l'heure actuelle, que la France
insiste pour que ces critères soient appréciés en tendance, afin qu'il soit
reconnu que la France et nombre de ses partenaires respectent lesdits critères.
Nous souhaitons surtout que l'incertitude sur l'entrée en vigueur de la monnaie
unique ne soit pas prolongée, car ce serait beaucoup plus dommageable que tout
le reste.
C'est lorsque la monnaie unique sera entrée en vigueur que pourra être
développée, à l'échelon communautaire, une stratégie monétaire plus favorable à
la croissance.
M. Emmanuel Hamel.
Vous en êtes sûr ?
M. Alain Richard.
Au cours des dernières années, l'attente de l'Union monétaire a été propice à
une politique de resserrement des choix monétaires qui a desservi la
croissance. Nous pouvons tous le vérifier de façon objective. Quand on regarde
le parcours de la principale économie concurrente de l'économie européenne,
c'est-à-dire l'économie américaine, qui avait la possibilité d'avoir une
politique monétaire souple, on constate que, tout en restreignant ses déficits,
en menant une politique monétaire favorable à la croissance, la puissance
américaine a, à l'évidence, augmenté ses marges de manoeuvre et, par
conséquent, facilité la réduction de ses déficits.
Par ailleurs, il me semble important de rappeler l'objectif politique : la
mise en oeuvre de la monnaie unique donnera à l'Europe la capacité collective
d'agir en tant que grande puissance politique sur l'économie mondiale, au lieu
d'être simplement un ensemble de pays moyens, témoins des évolutions décidées
par d'autres.
M. le président.
La parole est à M. Bécart.
M. Jean-Luc Bécart.
Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, la
Commission de Bruxelles, comme à son habitude, vient d'adresser à la France,
ainsi qu'à onze autres pays de l'Union européenne, une recommandation - est-ce
vraiment le mot qui convient lorsque l'on examine le contenu de ladite
recommandation ? - visant à les « encourager » à persévérer dans la voie de la
réduction de leurs déficits publics.
En effet, à l'instar de l'année 1995, la situation des comptes publics de
notre pays présente toutes les apparences d'un déséquilibre à hauteur de 4 p.
100 du produit intérieur brut, si l'on s'en tient aux termes de la loi de
finances pour 1996.
Hélas ! ces projections macro-économiques sont d'ores et déjà contredites par
les faits !
En effet, le déficit de trésorerie prévu pour les régimes de protection
sociale en 1996 atteindrait 46 milliards de francs, soit, au bas mot, 11
milliards de francs de plus que ce qui avait été annoncé comme supportable aux
termes de la discussion sur le rapport d'évolution budgétaire.
Par ailleurs, la prévision de croissance annoncée en loi de finances, à savoir
2,8 p. 100, a été largement surestimée puisque les conjoncturistes les plus
optimistes considèrent que, avec une croissance en volume en augmentation de
1,6 p. 100, on pourrait s'estimer heureux.
Cette situation a évidemment un impact sur la réalité des recettes fiscales de
l'Etat, alors même que les premiers éléments d'évaluation fournis par le
Gouvernement lui-même se révèlent pour le moins inquiétants en termes de
progression des recettes.
En effet, malgré la hausse des taxes sur l'essence, la pleine application de
la majoration du taux normal de la TVA, l'absence de dispositions d'allégement
de l'impôt sur le revenu en termes de barème progressif, l'évolution des
recettes fiscales n'est que de 4 p. 100 au premier trimestre de l'année, alors
que celle des dépenses est égale à 4,5 p. 100.
Ainsi, malgré cet alourdissement sensible de la pression fiscale - ou
peut-être à cause de lui ! - qui pèse sur la consommation, c'est-à-dire d'abord
et avant tout sur les ménages les plus modestes, le déficit public se creuse
encore.
Cette pression fiscale a d'ailleurs pour conséquence de participer à la
baisse, constatée depuis plusieurs mois, de la consommation, entraînant par là
même de nouvelles mésaventures fiscales pour le budget général.
Ainsi, la progression de la TVA nette encaissée par les services fiscaux au
premier trimestre est inférieure d'un point à celle qui était prévue à
l'origine en loi de finances.
Si cette tendance se prolonge, ce sont 5 à 6 milliards de francs de déficit
supplémentaires que l'on enregistrera en fin d'exercice budgétaire, entraînant
de nouvelles coupes claires dans les dépenses publiques les plus utiles.
Les faits sont là : le déficit de l'Etat en ce premier trimestre de 1996 est
plus important qu'il ne l'était à la fin du premier trimestre de 1995.
Pour autant, ce déficit est-il excessif ?
Tenter de répondre à cette question, c'est d'ores et déjà s'interroger non
seulement sur le volume mais aussi sur la « qualité » de ce déficit.
Cela fait effectivement plusieurs années - pour le moins depuis mars 1993 -
que les gouvernements qui se sont succédé ont mené une politique de réduction
de la dépense budgétaire et de modification sensible de la portée de l'action
de l'Etat dans notre pays.
Ces politiques déflationnistes, pleinement liées à la seule volonté des
marchés financiers et dissimulées sous l'expression « franc fort » ; pèsent, en
définitive, sur la croissance économique réelle, et donc sur l'emploi.
En effet, la dépense publique, n'en déplaise aux comptables sourcilleux de la
Commission de Bruxelles et d'ailleurs, demeure dans notre pays un puissant
vecteur de croissance dès lors qu'elle est judicieusement réalisée.
Pour prolonger cette analyse, on a même l'impression que le débat actuel sur
la réforme fiscale, sur la réforme de l'Etat et sur la réduction des déficits
publics n'est, en fait, que le point d'orgue d'une démarche depuis longtemps
entreprise pour rendre à notre société une sorte de « pureté » libérale
correspondant aux attentes de la classe sociale la plus aisée, du patronat et,
enfin, des eurocrates obsédés par leur mode de construction européenne à la
sauce néolibérale, version cuisine maastrichtienne, pureté libérale que la
présence de l'Etat dans la vie de la nation aurait le mauvais goût de
troubler.
Aujourd'hui, la marche en avant dans la construction européenne sert à tout :
elle justifie, par exemple, que la France jette par dessus les moulins les
principes du service public à la française, comme le montre cette offensive
tous azimuts menée par la Commission et relayée au plus haut niveau contre le
monopole de France Télécom, contre le monopole public de EDF et contre
l'organisation de nos transports ferroviaires, comme semble l'y préparer la
nouvelle mouture du contrat de plan Etat-SNCF, brisant l'unicité du service
public.
Or ces objectifs, qu'on le veuille ou non, sont poursuivis depuis longtemps
par ceux qui nous font aujourd'hui la leçon et ceux qui, en acceptant les
termes de la recommandation, s'en font les défenseurs zélés et exigent qu'elle
soit traduite dans la politique budgétaire et économique à moyen terme.
Le tout, évidemment, dans un contexte de fiscalisation accrue de la protection
sociale, qui ne fait que compromettre, sur la durée, l'équilibre des comptes
sociaux et la garantie de l'égalité d'accès aux soins et des principes de
solidarité nationale qui président - on pourrait dire aujourd'hui « qui
présidaient » - à la conception française de la protection sociale.
D'ailleurs, le déficit de nos comptes sociaux n'existe que depuis que les
entreprises bénéficient de prises en charge par l'Etat de leur contribution à
leur financement et que l'« allégement » de leurs charges n'a fait
qu'accompagner la hausse du chômage.
Je me permettrai ici de souligner, à l'instar de mon amie Mme Marie-Claude
Beaudeau lors du débat sur le projet de loi portant règlement définitif du
budget de 1994, que la seule application des dispositions d'allégement de
charges sociales contenues dans la loi quinquennale relative au travail, à
l'emploi et à la formation professionnelle a produit une augmentation des
dépenses publiques de plus de 20 milliards de francs, sans qu'il soit prouvé
par la réduction du nombre des chômeurs que cette dépense se soit traduite
positivement.
Il y a, dans les comptes publics, une série de gaspillages de cette nature qui
ne cessent de croître et d'embellir, mais que la Commission de Bruxelles
refuse, soit dit en passant, de constater.
Il est paradoxal que le Gouvernement actuel, comme celui qui l'a précédé et
qui tirait sa légitimité de la même majorité parlementaire, nous appelle à
réduire la dépense publique et les déficits alors même que l'on dépense sans
compter pour aider les entreprises à bénéficier de salariés à moindre coût,
pour aider les spéculateurs immobiliers à se tirer du guêpier où les a plongés
la flambée artificielle des prix ces dernières années ou pour aider les ménages
les plus aisés à tirer parti de niches fiscales toujours plus intéressantes,
comme celle qui est créée par le projet de loi sur les quirats, que nous avons
examiné tout à l'heure.
Nous nous devons de citer les dizaines de milliards de francs que l'Etat a
consacrés à une politique de l'emploi qui n'a obtenu qu'un résultat : permettre
aux entreprises privées de dégager un taux de profit encore plus élevé, du fait
de la déflation salariale.
Ainsi, selon le rapport des comptes de la nation, nous atteignons pour 1995 un
niveau record de 1 311 milliards de francs de profits bruts pour les
entreprises privées, tandis que le montant des dividendes qu'elles ont versés à
leurs actionnaires a connu une nouvelle hausse, passant en un an de 337
milliards de francs à 367 milliards de francs, ce qui représente une hausse
annuelle de 9 p. 100, hausse que bien des salariés sont loin d'avoir connue.
La vie n'est donc pas dure pour tout le monde, ce que nous savions déjà.
M. Philippe Marini.
Image d'Epinal !
M. Jean-Luc Bécart.
Que dire aussi de la sollicitude dont ont bénéficié les souscripteurs de
l'emprunt Balladur ? Voilà en effet un revenu établi sur une base de
souscription de 110 milliards de francs qui ne subit pas l'impôt sur le revenu
- et ce n'est pas une image d'Epinal, mon cher collègue - ...
M. Emmanuel Hamel.
Epinal, c'est Philippe Séguin ! N'en dites pas de mal !
M. Jean-Luc Bécart.
... qui peut être remboursé en actions de sociétés privatisées, qui ignore
tout droit de succession et qui méconnaît tout prélèvement social, y compris la
cotisation de remboursement de la dette sociale, dont le Gouvernement a voulu
faire le modèle de l'équité fiscale et sociale.
Il ne faut en effet jamais l'oublier : en dépit du discours pathétique sur les
déficits, les revenus tirés de l'emprunt Balladur, comme d'ailleurs nombre de
placements obligataires, sont situés dans une zone franche fiscale où l'on ne
fait que jouir des produits du placement sans participer d'aucune sorte au
financement des missions de l'Etat ou de la protection sociale.
Les différents rapports sur le sujet rendus par le Conseil national des impôts
le soulignent régulièrement avec force : les deux tiers des revenus financiers
échappent à tout prélèvement et, dans le tiers restant, une grande part
bénéficie de taux de prélèvement libératoire particulièrement avantageux.
N'est-ce pas le Gouvernement de M. Balladur qui a réduit de 35 p. 100 à 15 p.
100 le taux de ce prélèvement sur les bons du Trésor et supprimé l'obligation
de portage des options d'achat d'actions ?
N'y a-t-il pas, dans la nécessaire remise en cause des avantages fiscaux qui
leur sont accordés, quelques pistes à explorer du côté des revenus financiers
en vue de réduire les déficits publics ?
Le Gouvernement qui préside aujourd'hui aux destinées du pays vient d'ailleurs
nous proposer d'approuver de nouveaux tours de vis fiscaux et sociaux pour le
plus grand nombre.
Il est aujourd'hui évident que le taux normal de la TVA, qui pèse d'autant
plus sur la consommation qu'il est l'un des plus élevés d'Europe, ne sera pas
réduit tant que ne seront pas satisfaits les critères de convergence
européens.
Il est de plus en plus question d'alourdir encore la fiscalité pesant sur le
travail : on parle ainsi de la modulation de l'abattement de 20 p. 100 sur les
pensions et retraites, de la suppression de l'abattement de 10 p. 100 accordé
aux bénéficiaires de ces revenus ou de la majoration de la CSG, alors même que
tout devrait pourtant nous conduire à réformer notre système fiscal et social
en vue de le rendre plus juste et plus équitable.
Dans le même temps, on veut aller encore plus loin dans la réduction des
dépenses publiques, ce qui signifie d'ailleurs clairement que l'on va demander
aux Français de payer plus pour un service public réduit et une moindre
intervention publique dans la vie de la nation.
Dans les faits, cette recommandation de la Commission européenne et
l'acceptation qu'en propose la commission des finances par la voix de son
rapporteur général servent les objectifs de la politique gouvernementale, tout
comme cette même politique sert le mode de construction européenne que nous
impose le traité de Maastricht.
M'adressant à M. Lambert, je souhaite lui dire combien il est regrettable
qu'il n'ait pas eu un mot, dans son rapport oral, sur la proposition de
résolution, pourtant solidement et sérieusement argumentée, me semble-t-il, que
le groupe communiste républicain et citoyen avait déposée sur ce point de
l'ordre du jour.
Je me doute bien que, en « Maastrichtien » convaincu, M. Lambert ne partage
pas notre point de vue ; mais est-ce une raison pour l'ignorer ? Je ne le pense
pas ! En revanche, je continue de considérer que notre proposition de
résolution apportait sa pierre à ce débat.
Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, la
Commission de Bruxelles nous invite, dans sa recommandation, à poursuivre une
politique de fracture sociale conduisant à l'émergence d'une société toujours
plus dure et inégalitaire.
Nous ne pouvons donc qu'émettre un avis négatif sur la présente proposition de
résolution.
Mme Hélène Luc.
Très bien !
M. le président.
Personne ne demande plus la parole dans la discussion générale ?...
La discussion générale est close.
Nous allons passer à la discussion de la motion tendant à opposer la question
préalable.
Mme Hélène Luc.
Peut-être M. le ministre souhaite-t-il répondre auparavant aux intervenants
?
M. le président.
Madame Luc, soyez assurée que, si M. le ministre avait demandé la parole, je
la lui aurais donnée !
Question préalable
M. le président.
Je suis saisi d'une motion n° 2, présentée par Mme Luc et les membres du
groupe communiste républicain et citoyen, et tendant à opposer la question
préalable.
Cette motion est ainsi rédigée :
« En application de l'article 44, alinéa 3, du règlement, le Sénat décide
qu'il n'y a pas lieu de poursuivre la délibération sur la résolution (n° 466,
1995-1996) sur une recommandation de la Commission en vue d'une recommandation
du Conseil visant à ce que soit mis un terme à la situation de déficit public
excessif en France (n° E 648). »
Je rappelle que, en application du dernier alinéa de l'article 44 du règlement
du Sénat, ont seuls droit à la parole sur cette motion l'auteur de l'initiative
ou son représentant, pour quinze minutes, un orateur d'opinion contraire, pour
quinze minutes, le président ou le rapporteur de la commission saisie au fond
et le Gouvernement.
La parole peut être accordée pour explication de vote, pour une durée
n'excédant pas cinq minutes, à un représentant de chaque groupe.
La parole est à Mme Luc, auteur de la motion.
Mme Hélène Luc.
Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, pour la
troisième fois, le Sénat débat d'une proposition de résolution sur un projet de
recommandation du Conseil européen visant à mettre un terme à la situation de
déficit public excessif en France.
Cette procédure, comme vous le savez, s'inscrit dans le cadre des dispositions
du traité de Maastricht relatif à la constitution de l'Union économique et
monétaire, plus particulièrement dans le cadre des règles de contrôle par la
Commission et le Conseil des politiques économiques des Etats membres.
Le premier mot qui me vient à l'esprit pour caractériser tant le fond de la
proposition de résolution de la commission des finances et le texte sur lequel
elle porte que la manière dont le Parlement, en particulier le Sénat, est
conduit à se prononcer sur cette proposition d'acte communautaire somme toute
essentielle est « caricatural » !
Ainsi, la proposition d'acte communautaire a été mise en distribution le 19
juin dernier.
Par miracle, M. Lambert, rapporteur général de la commission des finances,
avait pu déposer une proposition de résolution sur ce texte un jour auparavant,
c'est-à-dire le 18 juin, avant même que la Haute Assemblée n'ait pu prendre
connaissance du contenu du projet d'acte communautaire.
Cette histoire, symbolique du peu de cas qui est fait de l'avis des sénateurs,
comme je l'ai précisé lors de la conférence des présidents, ne s'arrête pas là
puisque était immédiatement inscrite à l'ordre du jour de la commission des
finances du 19 juin, convoquée à neuf heures trente, la proposition de
résolution distribuée ce même 19 juin dans la matinée.
S'il est bien connu que les sénateurs ont un don particulier pour se tenir au
fait de l'actualité, leur capacité à travailler sur un texte dont ils ne
disposent pas est, en l'espèce, à souligner ! Pour notre part, n'étant pas dans
le secret des dieux ou dans les antichambres des ministères, nous n'avons pas
cette faculté ! Si j'emploie ce ton, monsieur le président, monsieur le
ministre, monsieur le rapporteur général, c'est parce que c'est grave !
Simples parlementaires de l'opposition attachés au respect de la démocratie,
nous avons la faiblesse de penser que le Parlement a un rôle à jouer dans notre
pays, qu'il ne doit être ni une chambre d'enregistrement des textes présentés
pour la forme par le Gouvernement ni un alibi démocratique.
Cela suppose évidemment de pouvoir travailler dans de bonnes conditions, sans
précipitation et avec pour objectif l'organisation de débats constructifs,
fructueux pour la France et son peuple, débats dans lesquels l'expression de la
minorité serait respectée.
Tel n'est pas le cas aujourd'hui, et je m'étonne que nos éminents collègues de
la commission des finances, en particulier M. Lambert, aient accepté d'avaliser
de telles procédures.
Point n'était besoin, dans ces conditions, d'adopter la loi constitutionnelle
du 25 juin 1992, qui a introduit dans la Constitution ce fameux article 88-4
afin de permettre au Parlement français de donner un avis - qui n'a, il est
vrai, aucune force de loi - sur les propositions d'actes communautaires.
Point n'était besoin non plus de s'insurger, en 1994, contre le fait que le
Parlement français n'ait pas disposé du temps nécessaire pour examiner une
proposition d'acte communautaire dont l'objet était identique.
Cette procédure d'examen est donc, à notre sens, caricaturale du simple rôle
de chambre d'enregistrement que l'on veut faire jouer aujourd'hui au Parlement,
...
M. Emmanuel Hamel.
Hélas !
Mme Hélène Luc.
... et ce alors même qu'est en jeu le devenir du Parlement national dans une
Europe qui élève encore le niveau des centres de décision, élargissant toujours
le fossé entre les pouvoirs, tant politique qu'économique, et le peuple.
La session unique nouvelle, qui se termine dans quelques jours, montre bien
qu'il ne s'agit pas de proclamer haut et fort son attachement à quelques
principes pour améliorer la qualité du travail parlementaire. Encore faut-il
promouvoir effectivement le rôle du Parlement et ne pas se satisfaire seulement
du nombre de textes votés, comme le fait la majorité sénatoriale.
Telle n'est pas la volonté du Gouvernement. La succession, en quelques
semaines, de débats de grande importance avec le recours quasi systématique à
la procédure d'urgence ou au vote bloqué montre bien que le souci premier du
Gouvernement, soutenu par une majorité bien silencieuse, ...
M. Emmanuel Hamel.
Pas toujours !
Mme Hélène Luc.
... est non pas de débattre, mais d'imposer.
Les propositions de révision du débat budgétaire qui sont à l'étude
aujourd'hui s'inscrivent dans cette même logique où le droit des parlementaires
à s'exprimer en séance publique, déjà particulièrement mis à mal, serait
davantage bafoué.
Il est, en outre, pour le moindre édifiant de constater que la Haute Assemblée
est amenée à se prononcer sur une proposition de recommandation de la
Commission qui est une mise en demeure faite à la France de mener une politique
d'austérité rigoureuse, de soumettre toute décision en matière budgétaire aux
impératifs de la monnaie unique, alors même que le Parlement français ne
dispose ni du temps ni des moyens nécessaires pour s'exprimer sur
l'avant-projet de budget communautaire. Celui-ci fera l'objet, cette année,
d'une simple communication en commission des finances.
Bel exemple d'abnégation devant une Commission de Bruxelles souveraine,
porte-parole des intérêts des marchés financiers, qui n'a aucune légitimité
démocratique !
Je ne développerai pas plus ce point tant le second motif qui fonde le dépôt
de cette motion tendant à opposer la question préalable mérite également un
développement.
Il s'agit, vous l'aurez compris, du contenu même de la proposition d'acte
communautaire et des félicitations qu'elle suscite de la part de la commission
des finances par le biais de son rapporteur général.
Les termes de la recommandation sont clairs : « Afin que la France soit prête
à participer à la troisième phase de l'Union économique et monétaire, selon le
calendrier et les modalités fixées dans le traité..., le Conseil recommande au
Gouvernement français de présenter avant la fin de l'année un nouveau programme
de convergence couvrant 1997 et les années suivantes, et définissant des
objectifs ambitieux en vue d'une réduction durable du déficit budgétaire. »
Cette injonction implique en particulier « de réduire les dépenses de l'Etat
en termes réels » et « de comprimer rigoureusement les dépenses de
l'administration centrale, notamment pour compenser toute perte de recettes et
pour réaliser l'objectif fixé en matière de déficit ».
A la fin de 1995, un seul pays - et non des moindres puisqu'il s'agit du
Luxembourg ! - respectait les deux critères de convergence relatifs à la dette
et au déficit publics et pouvait prétendre à l'entrée dans la troisième phase
de l'Union économique et monétaire.
Ainsi, outre le fait que le respect des critères de convergence ne sera pas
atteint au 1er janvier 1999 et
a fortiori
en 1997, cette politique
acharnée visant à réduire de façon drastique les dépenses publiques tourne le
dos aux aspirations des peuples européens en condamnant l'Europe à la
récession, au chômage et à l'exclusion.
« Les politiques d'austérité, qui prennent un caractère obligatoire dans les
pays de l'Union européenne en vue du passage à la monnaie unique dès 1999,
pourraient s'avérer à terme dangereuses, soulignent les économistes », peut-on
lire dans un article titré « Maastricht pourrait peser sur la croissance »,
publié dans
Le Figaro
du 21 juin 1996, et consacré aux dernières
perspectives bi-annuelles de l'OCDE publiées la veille.
M. Alain Lambert,
rapporteur.
Vous avez de mauvaises lectures !
(Sourires.)
Mme Hélène Luc.
Il y a parfois de bonnes choses !
Y compris dans vos rangs, mesdames, messieurs de la majorité, le procès de
l'Europe telle qu'elle se construit est sans appel !
Du fait de cette recommandation et de la logique qu'elles sous-tend, ce sont
les traditions françaises de service public qui sont largement remises en cause
par la généralisation du principe de libre concurrence, malgré l'attachement
proclamé, et si vite oublié, du Président de la République à la notion de «
service public à la française ».
Ainsi, la Commission de Bruxelles, en s'appuyant en particulier sur l'article
90-3 du traité de Rome, a imposé à marches forcées la déréglementation du
secteur des télécommunications, contribue à la déstructuration des transports
ferroviaires, des services postaux et ouvre à la concurrence le service public
de l'énergie.
A quelles fins ? La création d'emplois ? Non ! Une meilleure satisfaction des
besoins des usagers ? Certes non ! Les récents débats que nous avons eus sur
France Télécom sont là pour le démontrer. Aujourd'hui, à l'Assemblée nationale,
le Gouvernement a eu recours à l'article 49-3 de la Constitution, car il ne
supporte pas que les députés discutent d'un projet de loi de privatisation. La
voilà, la démocratie !
M. Philippe Marini.
Le Gouvernement a bien fait !
Mme Hélène Luc.
Bien sûr, il va dans votre sens ! C'est cela la nouvelle démocratie !
M. Philippe Marini.
C'était de l'obstruction pure et simple !
M. le président.
Mon cher collègue, je vous prie de ne pas interrompre l'orateur.
Mme Hélène Luc.
Enfin, la Commission se félicite de la réforme de la protection sociale
imposée par le Gouvernement sans réel débat parlementaire ni prise en compte
des aspirations populaires exprimées au cours du mouvement des mois de novembre
et décembre 1995.
Qu'une telle réforme aboutisse à offrir à notre peuple un système d'accès aux
soins au rabais, ne permette pas à notre système de sécurité sociale de
répondre à ses objectifs fondamentaux d'égalité entre tous les assurés, sans
discrimination d'aucune sorte, la commission et le Gouvernement n'en ont
cure.
Par ailleurs, les autorités bruxelloises ne tiennent aucunement compte des
fortes mobilisations des travailleurs européens, en particulier en Allemagne,
où le samedi 15 juin 1996 a été l'occasion du plus grand rassemblement depuis
l'après-guerre - je ne parle évidemment pas des mouvements de décembre 1995 en
France - pour dénoncer le plan d'austérité du Chancelier Kohl visant à
économiser 50 milliards de marks dans les finances publiques en 1997, en vue de
respecter les critères de convergence européens et d'aboutir à une monnaie
unique conçue sur le modèle allemand.
A cette Europe du capital, ils opposent une autre Europe, une Europe de
progrès - nous la voulons cette Europe ! - de croissance, au service des
hommes.
M. Emmanuel Hamel.
Très bien !
Mme Hélène Luc.
Nous l'avons dit par milliers, avec des représentants d'autres pays européens,
à l'Arche, le mois dernier.
A leurs côtés, nous estimons indispensable de faire de la lutte contre le
chômage et l'exclusion la priorité des gouvernements et des autorités
bruxelloises.
Cela implique de revenir à la fois sur les critères de convergence, dont il
faut souligner qu'ils ne comprennent pas le critère de l'emploi, et sur la
recherche à tout prix de la rentabilité financière à court terme, au détriment
des investissements.
Cela nécessite la remise en cause de la domination allemande sur l'Europe
communautaire.
Alors que la conférence intergouvernementale poursuit ses travaux dans le plus
grand secret et s'enlise, aux dires de certains commentateurs, incitant le
Président de la République à réclamer un avant-projet de traité pour le
prochain sommet européen sur la réforme institutionnelle, les questions de
l'emploi continuent d'être écartées de toute réflexion européenne.
Or elles prennent un caractère dramatique en France. Tous les jours, la radio
annonce de nouveaux licenciements. Hier, c'était le cas, vous le savez, de
l'usine Moulinex du Mans, des entreprises d'armement et d'autres. Il est plus
que temps d'envisager une telle réflexion.
De même, il est indispensable de réfléchir aux moyens de parvenir à la
réduction des déficits publics, objectif que nous partageons, bien sûr.
M. Philippe Marini.
Ah bon !
Mme Hélène Luc.
Mais les économies ne sont pas à rechercher dans la coupe claire des budgets
sociaux. Nous avons eu l'occasion de développer ce point lors de notre
intervention générale.
M. le président.
Veuillez conclure, madame Luc.
Mme Hélène Luc.
Je conclus, monsieur le président.
L'organisation des débats et le contenu de ces propositions d'acte
communautaire et de résolution tournent donc le dos à cette légitime aspiration
exprimée chaque jour davantage par les peuples européens, qui luttent à leur
manière pour combler le déficit démocratique de l'Union européenne.
Permettre à ces exigences populaires d'investir le champ communautaire,
contribuer à développer la réflexion sur les choix économiques et sociaux mis
en oeuvre par la Commission de Bruxelles et leurs implications, accepter que la
conférence intergouvernementale intègre dans sa réflexion, de manière
transparente et constructive, la question de l'emploi, voilà ce qui devrait
occuper nos travaux.
La récente enquête sur l'emploi de l'INSEE portant sur la période de mars 1995
à mars 1996 montre l'urgence de cette réflexion. Elle est accablante pour le
Gouvernement et la politique de rigueur qu'il impose au nom de cette Europe
communautaire ultralibérale. Le taux de chômage avoisine des records : il
concerne 12,1 p. 100 de la population et une part encore plus grande des
jeunes. Parallèlement, petits boulots, emplois précaires, contrats à durée
déterminée se multiplient et les jeunes en viennent à cacher leurs diplômes -
dans ma permanence, des jeunes sont venus me dire cela ! - pour accepter
n'importe quel travail à n'importe quelle rémunération.
M. le président.
Je vous prie de conclure, madame Luc.
Mme Hélène Luc.
Cette société n'est plus capable d'offrir un avenir à la jeunesse.
Pour les raisons que je viens d'exposer, portant à la fois sur le fond et sur
la forme de cette résolution, nous demandons au Sénat d'adopter cette motion,
et ce par scrutin public.
Avant d'en terminer, je tiens à déplorer, une fois de plus, parce que cela
révèle un certain mépris pour nos débats, organisés dans la précipitation, le
fait que les groupes de la majorité n'éprouvent même pas le besoin de
s'exprimer. Pour moi, ce n'est pas la démocratie parlementaire !
M. Emmanuel Hamel.
Je voterai votre motion, puisque vous voulez qu'on s'exprime !
Mme Hélène Luc.
Très bien !
M. Alain Lambert,
rapporteur.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le rapporteur.
M. Alain Lambert,
rapporteur.
Madame Luc, la commission des finances travaille sur la
réduction du déficit public et sur la diminution de la dépense publique depuis
plusieurs mois sans discontinuer.
M. Alain Richard.
Absolument !
Mme Hélène Luc.
Je le sais !
M. Alain Lambert,
rapporteur.
C'est la raison pour laquelle je puis vous dire qu'il n'y a
pas eu de précipitation en la matière.
Nous l'avons fait dès la discussion du projet de budget pour 1996, et vous
aviez bien voulu apprécier les travaux que nous avions menés, qui consistaient
en une classification des dépenses qui étaient plus ou moins compressibles.
Nous l'avons également fait à l'occasion du débat d'orientation budgétaire.
Ces travaux sont conduits très régulièrement par la commission des finances,
de sorte que nous n'avons pas attendu de recevoir la recommandation de la
Commission pour travailler sur ce sujet. C'est ce qui nous a permis d'être en
état de rapporter dès que cette recommandation nous a été transmise.
Je tiens également à vous dire, madame Luc, que j'ai, avec le souci d'exercer
ma mission, exposé à la commission des finances votre proposition de
résolution. Je n'ai pas pu en faire état dans mon rapport puisque celui-ci est
antérieur à votre propre rapport. Toutefois, je l'ai exposée de la manière la
plus objective possible, et je peux vous assurer qu'elle n'a pas recueilli le
moindre soutien, y compris d'ailleurs de la part de nos collègues socialistes,
qui ne semblent pas, dans ce domaine, partager totalement votre point de vue.
Cela ne laisse d'ailleurs rien augurer de bon pour les prochaines échéances
!
M. Alain Richard.
Vous nous avez montré qu'on pouvait faire des miracles en ce domaine, monsieur
le rapporteur !
M. Alain Lambert,
rapporteur.
Ils seront à faire, monsieur Richard !
En tout cas, après discussion, la commission des finances a rejeté, à
l'unanimité, votre proposition de résolution, madame Luc.
Après l'intervention de M. le ministre dans la discussion générale, il me
semble que le Sénat dispose de toutes les informations nécessaires pour se
déterminer et qu'il n'y a pas lieu d'adopter cette motion tendant à opposer la
question préalable.
C'est la raison pour laquelle la commission des finances vous invite, mes
chers collègues, à la repousser.
M. Emmanuel Hamel.
Monsieur le président, un sénateur peut-il intervenir à titre personnel ?
M. le président.
Non, monsieur Hamel. De toute façon, vous avez déjà dit que vous étiez pour la
motion !
M. Emmanuel Hamel.
J'aurais souhaité expliquer pourquoi !
M. Philippe Marini.
Je demande la parole contre la motion.
M. le président.
La parole est à M. Marini.
M. Emmanuel Hamel.
Il a la chance de pouvoir s'exprimer, lui !
M. Philippe Marini.
Je ne m'exprimerai pas exactement comme l'aurait souhaité M. Hamel, mais je
voudrais témoigner de l'examen en commission de cette motion tendant à opposer
la question préalable et de l'amendement déposé sur la résolution.
D'ailleurs, cet amendement n'a pas été défendu, madame Luc, puisque, par
extraordinaire, votre collègue membre de la commission des finances n'était pas
présent à ce moment-là.
Mme Hélène Luc.
A cause des conditions de travail dans cette assemblée ! Vous apportez de
l'eau à mon moulin !
M. Philippe Marini.
Néanmoins, soyez assurée que cet amendement a bien été examiné et qu'il a
donné lieu à un débat tout à fait clair, lequel a abouti à la sanction, non
moins claire, qu'a rappelée tout à l'heure M. le rapporteur.
A vrai dire, cette motion est assez surprenante. En effet, vous ne pouvez
considérer comme étonnant le fait que le Gouvernement applique sa politique.
Nous avons voté, ici même, une loi d'orientation quinquennale relative à la
maîtrise des finances publiques. Tout récemment, un débat d'orientation
budgétaire a eu lieu sur le projet de budget pour 1997. A chaque fois, nous
n'avons cessé de répéter qu'il y a une ardente nécessité de réduire les
déficits publics et les dépenses publiques, qu'il s'agisse des dépenses de
l'Etat ou des dépenses sociales.
Mme Hélène Luc.
Ça c'est clair !
M. Emmanuel Hamel.
Agissons librement, et non pas sous la pression de Bruxelles !
M. Philippe Marini.
Vous ne pouvez pas être surprise, madame Luc, de l'orientation ainsi donnée à
la politique économique de la France.
Mme Hélène Luc.
Je n'en suis pas surprise !
M. Philippe Marini.
A la vérité - tout le monde le sait bien ici - il existe deux sortes de
contraintes : les contraintes économiques générales et la nécessité d'alléger
le fardeau de l'endettement pour retrouver notre indépendance économique. Tout
le monde, me semble-t-il, ne peut qu'être favorable à l'indépendance économique
de la France. L'endettement dont nous souffrons fait obstacle, c'est clair, à
l'exercice réel de l'indépendance économique et, s'il se maintenait, il ferait
obstacle, demain, à l'exercice réel de l'indépendance politique de notre pays.
Telle est la réalité !
Il est urgent de réduire cet endettement à l'égard des bailleurs de fonds
internationaux et, bien entendu, de diminuer les déficits publics, Maastricht
ou pas Maastricht, mon cher collègue Hamel.
M. Emmanuel Hamel.
Agissons librement et non pas sous la pression de l'extérieur ou des marchés
financiers ! Il y a une âme à donner à la politique !
M. Philippe Marini.
Il existe une coïncidence entre, d'une part, les nécessités d'une saine
gestion, qui ont toujours été enseignées dans les bonnes écoles - on nous a
toujours appris que l'endettement était la négation de l'indépendance, et le
Gouvernement essaye donc d'alléger ce fardeau de l'endettement - et, d'autre
part, les engagements internationaux qu'il s'agit de respecter. L'Europe est
pour nous une utile discipline !
M. Emmanuel Hamel.
Maastricht, c'est le carcan !
M. Philippe Marini.
L'Europe nous rappelle à nos devoirs en matière de rigueur financière et de
bonne gestion de l'Etat.
Mme Hélène Luc.
La bonne gestion de l'Etat mène à des millions de chômeurs !
M. Philippe Marini.
Manifestement, nous pouvons, nous qui appartenons à la majorité, partager à la
fois les buts et les moyens.
Tout à l'heure, l'un de nos collègues disait qu'il approuvait les buts mais
pas les moyens. Pour ma part, j'approuve, certes, les objectifs, mais
j'approuve aussi, mes chers collègues, les moyens, c'est-à-dire la politique
qui a été décidée par le Gouvernement. Je félicite à cet égard M. le ministre
délégué au budget de soutenir et d'appliquer avec beaucoup de constance et de
conviction cette politique.
Par conséquent, il me semble tout à fait logique et opportun, mes chers
collègues, que nous repoussions, à une large majorité, la motion présentée par
le groupe communiste républicain et citoyen.
(M. Philippe de Bourgoing
applaudit.)
M. Alain Lamassoure,
ministre délégué.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le ministre.
M. Alain Lamassoure,
ministre délégué.
Sur le fond, tout a été dit, me semble-t-il, par M. le
rapporteur et par M. Marini en ce qui concerne cette motion tendant à opposer
la question préalable. Par conséquent, je ne reprendrai pas leurs excellentes
démonstrations.
Je ferai simplement deux commentaires à la suite des propos qu'à tenus Mme
Luc.
Tout d'abord, en ce qui concerne les délais dont a disposé le Sénat, je
rappelle que la Commission européenne a adopté sa proposition de recommandation
le 5 juin dernier. Par ailleurs, l'Assemblée nationale et le Sénat ont été
saisis le 17 juin, et le prochain conseil des ministres des finances, l'ECOFIN,
se tiendra le 8 juillet. Le Parlement français aura donc disposé de trois
semaines pour examiner un texte qui tient en une page,...
Mme Hélène Luc.
Vous ne parlez pas sérieusement, monsieur le ministre !
M. Alain Lamassoure,
ministre délégué.
... et M. le rapporteur a trouvé le temps et les moyens
de rédiger un excellent rapport de dix-neuf pages, et même de près de cinquante
pages avec les annexes, pour l'analyser.
J'estime donc que le Parlement aura disposé du temps nécessaire pour émettre
un avis autorisé sur ce sujet. Je relève d'ailleurs que le groupe communiste
républicain et citoyen aura utilisé à lui seul, dans ce débat, plus de la
moitié du temps de parole, tous orateurs confondus.
Mme Hélène Luc.
C'est heureux ! Regardez les travées des autres groupes ! C'est honteux !
M. Alain Lamassoure,
ministre délégué.
Dans ce cas, ne vous plaignez pas de ne pas avoir la
possibilité de vous exprimer !
Par ailleurs, sur le fond, le texte de votre motion tendant à opposer la
question préalable est contraire au droit : c'est en vertu d'un traité ratifié
par le peuple français que se déroule la procédure en cause aujourd'hui. Il ne
s'agit nullement de nous faire dicter notre politique économique et sociale par
les autorités bruxelloises ; il s'agit de mettre en oeuvre une procédure
prévoyant l'adoption d'une résolution sur une recommandation du Conseil
européen, dont nous sommes nous-mêmes membres.
Il se trouve que la recommandation en question recouvre exactement la
politique que nous avons choisie. Le Conseil européen va donc nous recommander
de faire ce que nous avons librement décidé de faire au niveau national ! Qui
demande mieux ?
M. Emmanuel Hamel.
La France !
M. le président.
Je vais mettre aux voix la motion n° 2.
M. Guy Cabanel.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Cabanel.
M. Guy Cabanel.
Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, je dirai
tout d'abord que les propos de Mme Luc m'ont touché sur bien des points. En
particulier, je pense qu'il n'était pas inutile que M. Alain Lamassoure, actuel
ministre du budget mais aussi ministre des affaires européennes dans le
gouvernement précédent, entende certains de ces arguments.
Je pense notamment à ce qui a été dit sur la liaison entre les instances
européennes et les parlements nationaux et je crois que, à l'occasion de la
conférence intergouvernementale, c'est un point qu'il faudra très certainement
évoquer.
Je suis de ceux qui pensent, à cet égard, qu'une sorte de « Sénat européen »,
qui assurerait, par ses liens avec les parlements nationaux, une meilleure
liaison au sein des institutions européennes servirait la cause de la
construction européenne. Je n'ai donc pas été choqué par vos propos sur ce
point, madame Luc.
Bien d'autres de vos arguments m'ont intéressé. Cependant, je suis obligé de
vous dire, madame, que je suivrai l'avis de la commission des finances, à
laquelle j'appartiens. Votre motion va, en effet, à l'encontre de toute la
politique financière actuellement menée par la France et, comme vous l'a dit M.
le ministre, ce n'est pas sur l'injonction de Bruxelles que nous changerons de
cap, nous alignant ainsi sur je ne sais quelle politique bruxelloise.
Nous avons choisi nous-mêmes la politique de réduction des déficits publics.
Il faut aller au bout de notre raisonnement et ne pas nous laisser égarer par
des propositions qui surviendraient brusquement à l'occasion des débats
parlementaires.
Votre motion me semble donc hors de propos, car en contradiction avec
l'ensemble de la politique qui est actuellement conduite.
C'est la raison pour laquelle elle n'a pas pu recueillir l'accord de la
commission des finances, et c'est la raison pour laquelle aussi je voterai
contre, tout en retenant une partie de son exposé des motifs : certains de vos
propos méritaient en effet d'être signalés dans cette enceinte.
M. Emmanuel Hamel.
Très bien !
M. le président.
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix la motion n° 2, repoussée par la commission et par le
Gouvernement.
Je rappelle que son adoption entraînerait le rejet de la résolution.
Je suis saisi d'une demande de scrutin public émanant du groupe communiste
républicain et citoyen.
Il va être procédé au scrutin dans les conditions réglementaires.
(Le scrutin a lieu.)
M. le président.
Personne ne demande plus à voter ?...
Le scrutin est clos.
(Il est procédé au comptage des votes.)
M. le président.
Voici le résultat du dépouillement du scrutin n° 121 :
:
Nombre de votants | 315 |
Nombre de suffrages exprimés | 241121 |
Pour l'adoption | 16 |
Contre | 225 |
Mme Hélène Luc. Dommage !
M. le président. En conséquence, nous passons à la discussion de la résolution de la commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation.
J'en donne lecture :
« Le Sénat,
« - Vu l'article 88-4 de la Constitution,
« - Vu la recommandation de la Commission en vue d'une recommandation du
Conseil visant à ce que soit mis un terme à la situation de déficit public
excessif en France (n° E 648),
« Se félicite que le projet de recommandation de la Commission en vue d'une
recommandation du Conseil (n° E 648), soit présenté au Parlement au moment où
s'élabore le projet de loi de finances pour 1997, conformément à la demande
contenue dans la résolution n° 14 adoptée par le Sénat en séance publique le 20
octobre 1994 et conformément aux engagements pris par la Commission en novembre
1994 ;
« Prend acte que la recommandation constate le non-respect par la France, en
1995, des objectifs fixés par le programme de convergence de novembre 1993,
malgré une réduction du déficit public de 0,8 point de pourcentage de PIB par
rapport à 1994 ;
« Estime justifiée la nécessité inscrite dans la recommandation de poursuivre
la réduction du déficit en 1996 et en 1997 afin de parvenir à l'objectif d'un
déficit public égal à 3 p. 100 du PIB en 1997 ;
« Se félicite que la recommandation approuve la réforme du système de sécurité
sociale présentée par le Gouvernement en novembre 1995, les mesures de gel des
dépenses publiques prises au début de l'année 1996 ainsi que les orientations
budgétaires pour 1997 annoncées au mois de mai 1996 ;
« Considère important le rappel de la nécessité de veiller au respect des
objectifs de croissance des dépenses de santé et à la mise en oeuvre intégrale
de la réforme du système de sécurité sociale ;
« Se félicite que la recommandation encourage le Gouvernement à réduire les
dépenses de l'Etat en termes réels en 1997, pour compenser toute perte de
recettes et réaliser l'objectif fixé en matière de déficit ;
« Rappelle enfin que la rigueur budgétare que s'imposent actuellement les
Etats membres devrait conduire la Commission à adopter le même comportement
pour le budget des Communautés européennes afin de permettre aux Etats membres
de stabiliser leurs contributions et de progresser sur la voie de la réduction
du déficit. »
Par amendement n° 1, Mmes Luc, Beaudeau, Demessine et les membres du groupe
communiste républicain et citoyen proposent de remplacer les sept derniers
alinéas de la résolution par cinq alinéas ainsi rédigés :
« Considérant que la Commission souhaite, en application du traité de
Maastricht, placer sous sa tutelle l'économie française et la politique
budgétaire de l'Etat en imposant une austérité renforcée,
« Considérant que de telles orientations conduisent à remettre en cause les
grands services publics de transports, de l'énergie, des postes et des
télécommunications,
« Considérant que la Commission appuie une réforme de la protection sociale
creusant les inégalités sociales et attaquant les principes de solidarité
fondateurs de notre système de protection sociale,
« Considérant que les objectifs prioritaires de la France, comme de l'Union
européenne, doivent être la lutte contre le chômage et la réduction des
inégalités et non la réalisation de la monnaie unique soumettant toujours plus
les Etats et les peuples à la loi des marchés financiers,
« Demande au Gouvernement de s'opposer à l'adoption de la recommandation n° E
648. »
La parole est à M. Bécart.
M. Jean-Luc Bécart.
Je ne répéterai pas tous les arguments que nous avons exposés en défendant
notre motion tendant à opposer la question préalable et lors de la discussion
générale.
Nous nous plaçons dans une logique différente de celle du Gouvernement, dans
une logique partagée par les milliers de personnes, salariés, chômeurs,
retraités, qui ont défilé à Lyon hier après-midi, par exemple, pour dénoncer
les orientations décidées par les ministres des finances du G 7.
Dans les tout derniers jours, l'annonce en France de la suppresssion de plus
de 12 000 emplois ne peut que renforcer notre conviction à inventer un autre
chemin. Et le paroxysme a été atteint quand l'annonce de la suppression de 2
000 emplois chez Moulinex a provoqué une hausse du cours de son action en
bourse !
Au nom de la réduction des déficits publics, au nom du respect des critères de
la monnaie unique, vous alourdissez les charges pesant sur les plus démunis et
les classes moyennes.
Je vous ferai grâce du rappel de ce qu'ont coûté aux Français l'augmentation
de la TVA, la création du RDS et le transfert de charges sur les collectivités
locales !
Oui, vous avez accepté, au mépris de tous vos propos préélectoraux, de baisser
pavillon devant les partisans de l'orthodoxie libérale.
Un journal, traitant de la réunion de Florence, titrait non sans humour : « A
Florence, la vache qui cache la forêt... Le pacte de confiance pour l'emploi
aux oubliettes. »
Mes chers collègues, la construction européenne version Maastricht nous
maintient dans la crise. Voilà plus de dix ans que l'on nous ressasse les mêmes
recettes, pour les mêmes mauvais résultats en termes d'emploi.
Les atteintes contre nos grands services publics au nom du sacro-saint
principe communautaire de la concurrence ne seront pas de nature, selon nous, à
modifier la dégradation de notre cohésion sociale et nationale. S'enferrer dans
de tels choix relève d'une véritable soumission aux marchés financiers, comme a
pu le souligner le président de la Bundesbank, lors du sommet de Davos, en
expliquant que « tout gouvernement qui s'écarterait du chemin tracé par
Maastricht et de l'orthodoxie financière s'exposerait à des représailles de la
part des marchés ».
Nous ne pouvons accepter ce genre d'ultimatum et c'est pour cela que nous vous
proposons d'adopter notre amendement, afin que le Gouvernement s'oppose à
l'adoption de la résolution n° E 648.
Mme Hélène Luc.
Très bien !
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Alain Lambert,
rapporteur.
Cet amendement ayant pour objet de réécrire le projet de
résolution de la commission des finances, cette dernière n'a donc pu, par
cohérence, qu'émettre un avis défavorable à son encontre.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Alain Lamassoure,
ministre délégué.
Défavorable, pour les mêmes raisons.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 1, repoussé par la commission et par le
Gouvernement.
(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix la résolution.
Mme Hélène Luc.
Le groupe communiste républicain et citoyen vote contre.
(La résolution est adoptée.)
M. le président.
En application de l'article 73
bis,
alinéa 11, du règlement, la
résolution que le Sénat vient d'adopter sera transmise au Gouvernement et à
l'Assemblée nationale.
12
COMMUNICATION DE L'ADOPTION DÉFINITIVE
DE PROPOSITIONS D'ACTE COMMUNAUTAIRE
M. le président.
M. le président du Sénat a reçu de M. le Premier ministre une communication,
en date du 25 juin 1996, l'informant que :
- la proposition d'acte communautaire n° E 627 - « communication de la
Commission au Conseil concernant la signature de l'accord aux fins de
l'application des dispositions de la convention des Nations unies sur le droit
de la mer du 10 décembre 1982 relatives à la conservation et à la gestion des
stocks de poissons chevauchants et des stocks de poissons grands migrateurs » -
a été adoptée définitivement par les instances communautaires par décision du
Conseil du 10 juin 1996 ;
- la proposition d'acte communautaire n° E 636 - « proposition de décision CE
du Conseil relative à la conclusion de l'accord cadre de coopération destiné à
préparer, comme objectif final, une association à caractère politique et
économique entre la Communauté européenne et ses Etats membres, d'une part, et
la République du Chili, d'autre part. Proposition de décision CE du Conseil
relative à l'échange de lettres entre la Communauté et le Chili, concernant
l'application provisoire de certaines dispositions de l'accord cadre de
coopération destiné à préparer, comme objectif final, une association à
caractère politique et économique entre la Communauté européenne et ses Etats
membres, d'une part, et la République du Chili, d'autre part » - a été adoptée
définitivement par les instances communautaires par décision du Conseil du 18
juin 1996.
13
DÉPÔT D'UNE PROPOSITION DE LOI
M. le président.
J'ai reçu de MM. Gérard Braun, Michel Alloncle, Jean Bernard, Mme Paulette
Brisepierre, MM. Gérard César, Désiré Debavelaere, Jacques Delong, Xavier
Dugoin, Roger Husson, Lucien Neuwirth, Alain Pluchet, Jean-Pierre Schosteck,
Maurice Schumann, Louis Souvet et Jacques Valade une proposition de loi tendant
à reporter les élections cantonales et régionales au mois de juin 1998.
La proposition de loi sera imprimée sous le numéro 474, distribuée et renvoyée
à la commission des lois constitutionnelles, de législation, du suffrage
universel, du règlement et d'administration générale, sous réserve de la
constitution éventuelle d'une commission spéciale dans les conditions prévues
par le règlement.
14
DÉPÔT DE RÉSOLUTIONS
M. le président.
J'ai reçu, en application de l'article 73
bis,
alinéa 8, du règlement,
une résolution, adoptée par la commission des affaires économiques et du Plan,
sur la proposition de décision du Conseil concernant un programme d'action
communautaire pour la promotion des organisations non gouvernementales ayant
pour but principal la défense de l'environnement (n° E 569).
Cette résolution sera imprimée sous le numéro 469 et distribuée.
J'ai reçu, en application de l'article 73
bis,
alinéa 8, du règlement,
une résolution, adoptée par la commission des affaires économiques et du Plan,
sur la proposition de décision du Conseil concernant un programme pluriannuel
en vue de la promotion de l'efficacité énergétique dans l'Union européenne -
SAVE II (n° E 511).
Cette résolution sera imprimée sous le numéro 470 et distribuée.
15
DÉPÔT DE RAPPORTS
M. le président.
J'ai reçu de M. Xavier de Villepin un rapport fait au nom de la commission des
affaires étrangères, de la défense et des forces armées sur :
- le projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale, autorisant l'approbation
du deuxième protocole en date du 6 octobre 1995 annexé à l'accord général sur
le commerce des services (ensemble les listes d'engagements dont la traduction
est annexée à la présente loi) (n° 458, 1995-1996) ;
- et le projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale, autorisant
l'approbation du troisième protocole en date du 6 octobre 1995 annexé à
l'accord général sur le commerce des services (ensemble les listes
d'engagements dont la traduction est annexée à la présente loi) (n° 459,
1995-1996).
Le rapport sera imprimé sous le numéro 471 et distribué.
J'ai reçu de M. André Dulait un rapport fait au nom de la commission des
affaires étrangères, de la défense et des forces armées sur le projet de loi
adopté par l'Assemblée nationale, autorisant l'adhésion de la République
française à la convention sur la future coopération multilatérale dans les
pêches de l'Atlantique du Nord-Ouest (ensemble trois annexes) (n° 467,
1995-1996).
Le rapport sera imprimé sous le numéro 472 et distribué.
J'ai reçu de M. Luc Dejoie, rapporteur pour le Sénat, un rapport fait au nom
de la commission mixte paritaire chargée de proposer un texte sur les
dispositions restant en discussion de la proposition de loi relative à
l'adoption.
Le rapport sera imprimé sous le numéro 468 et distribué.
J'ai reçu de M. François Blaizot un rapport fait au nom de la commission des
lois constitutionnelles, de législation, du suffrage universel, du règlement et
d'administration générale sur la proposition de loi, adoptée par l'Assemblée
nationale, améliorant la protection des acquéreurs de lots de copropriété (n°
320, 1995-1996).
Le rapport sera imprimé sous le numéro 473 et distribué.
16
ORDRE DU JOUR
M. le président.
Voici quel sera l'ordre du jour de la prochaine séance publique, précédemment
fixée au jeudi 27 juin 1996 :
A neuf heures trente :
1. Discussion des conclusions du rapport (n° 457, 1995-1996) de la commission
mixte paritaire chargée de proposer un texte sur les dispositions restant en
discussion du projet de loi relatif au développement et à la promotion du
commerce et de l'artisanat.
M. Pierre Hérisson, rapporteur pour le Sénat de la commission mixte
paritaire.
2. Discussion des conclusions du rapport (n° 468, 1995-1996) de la commission
mixte paritaire chargée de proposer un texte sur les dispositions restant en
discussion de la proposition de loi relative à l'adoption.
M. Luc Dejoie, rapporteur pour le Sénat de la commission mixte paritaire.
A quinze heures :
3. Désignation des membres de la délégation du Sénat à l'Office parlementaire
d'évaluation de la législation et des membres de la délégation du Sénat à
l'Office parlementaire d'évaluation des politiques publiques.
4. Discussion du projet de loi (n° 426, 1995-1996), adopté par l'Assemblée
nationale, autorisant la ratification de l'accord euro-méditerranéen
établissant une association entre la Communauté européenne et ses Etats
membres, d'une part, et la République tunisienne, d'autre part.
Rapport (n° 444, 1995-1996) de M. Bertrand Delanoë, fait au nom de la
commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées.
5. Discussion du projet de loi (n° 458, 1995-1996), adopté par l'Assemblée
nationale, autorisant l'approbation du deuxième protocole en date du 6 octobre
1995 annexé à l'accord général sur le commerce des services (ensemble les
listes d'engagements dont la traduction est annexée à la présente loi).
Rapport (n° 471, 1995-1996) de M. Xavier de Villepin, fait au nom de la
commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées.
6. Discussion du projet de loi (n° 459, 1995-1996) autorisant l'approbation du
troisième protocole en date du 6 octobre 1995 annexé à l'accord général sur le
commerce des services (ensemble les listes d'engagements dont la traduction est
annexée à la présente loi).
Rapport (n° 471, 1995-1996) de M. Xavier de Villepin, fait au nom de la
commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées.
La conférence des présidents a décidé qu'il sera procédé à une discussion
générale commune de ces deux projets de loi.
7. Discussion du projet de loi (n° 467, 1995-1996), adopté par l'Assemblée
nationale, autorisant l'adhésion de la République française à la convention sur
la future coopération multilatérale dans les pêches de l'Atlantique du
Nord-Ouest (ensemble trois annexes).
Rapport (n° 472, 1995-1996) de M. André Dulait, fait au nom de la commission
des affaires étrangères, de la défense et des forces armées.
8. Navettes diverses.
Personne ne demande la parole ?...
La séance est levée.
(La séance est levée à dix-sept heures vingt-cinq.)
Le Directeur
du service du compte rendu intégral,
DOMINIQUE PLANCHON
NOMINATION DES MEMBRES
D'UNE COMMISSION SPÉCIALE
Dans sa séance du mercredi 26 juin 1996, en application de l'article 10,
alinéa 3, du règlement, le Sénat a nommé membres de la commission spéciale sur
le projet de loi relatif à la mise en oeuvre du pacte de relance pour la ville
:
MM. About (Nicolas), Balarello (José), Bernardet (Daniel), Blanc (Paul), Mme
Bocande (Annick), MM. Bohl (André), Braye (Dominique), Chervy (William),
Delevoye (Jean-Paul), Delfau (Gérard), Demuynck (Christian), Diligent (André),
Dufaut (Alain), Dugoin (Xavier), Mme Dusseau (Joëlle), MM. Eckenspieller
(Daniel), Fischer (Guy), Fourcade (Jean-Pierre), Franchis (Serge), Mme
Fraysse-Cazalis (Jacqueline), MM. Girault (Jean-Marie), Girod (Paul), Larcher
(Gérard), Mahéas (Jacques), Marini (Philippe), Masseret (Jean-Pierre),
Metzinger (Charles), Miquel (Gérard), Mme Olin (Nelly), M. Poirier
(Jean-Marie), Mme Pourtaud (Danièle), MM. Richard (Alain), Rocca Serra
(Jacques), Souvet (Louis), Trucy (François), Türk (Alex), Vigouroux (Paul).
NOMINATION
D'UNE MISSION COMMUNE D'INFORMATION
Dans sa séance du mercredi 26 juin 1996, le Sénat a autorisé, en application
de l'article 21 du règlement, les commissions des affaires culturelles, des
affaires économiques et du Plan, des affaires sociales, des finances, du
contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation, et des lois
constitutionnelles, de législation, du suffrage universel, du règlement et
d'administration générale, à désigner les membres de la mission commune
d'information chargée d'étudier les conditions de la contribution des nouvelles
technologies de l'information au développement économique, social et culturel
de la France, qui est ainsi composée :
MM. Autain (François), Belot (Claude), Carle (Jean-Claude), Gerbaud
(François), Grignon (Francis), Hérisson (Pierre), Hugot (Jean-Paul), Hyest
(Jean-Jacques), Jolibois (Charles), Joyandet (Alain), Laffitte (Pierre),
Larcher (Gérard), Mahéas (Jacques), Metzinger (Charles), Neuwirth (Lucien), Mme
Pourtaud (Danièle), MM. Ralite (Jack), Raoult (Paul), Rausch (Jean-Marie),
Revol (Henri), Richert (Philippe), Schosteck (Jean-Pierre), Sérusclat (Franck),
Trégouët (René), Türk (Alex).
ORGANISMES EXTRAPARLEMENTAIRES
Bernard Hugo comme membre titulaire du Conseil national des transports ;
- et M. Jean-François Le Grand comme membre de la Commission nationale du
débat public.
Le Directeur du service du compte rendu intégral, DOMINIQUE PLANCHON
ANNEXE AU PROCÈS-VERBAL
de la séance du mercredi 26 juin 1996
SCRUTIN (n° 121)
sur la motion n° 2, présentée par Mme Hélène Luc et les membres du groupe
communiste républicain et citoyen, tendant à opposer la question préalable à la
résolution, adoptée par la commission des finances, du contrôle budgétaire et
des comptes économiques de la nation, en application de l'article 73
bis,
alinéa 8, du règlement, sur une recommandation de la Commission en vue d'une
recommandation du Conseil visant à ce que soit mis un terme à la situation de
déficit public excessif en France. Application de l'article 104 C, paragraphe
7, du traité instituant la Communauté européenne (n° E 648).
Nombre de votants : | 314 |
Nombre de suffrages exprimés : | 241 |
Pour : | 16 |
Contre : | 225 |
Le Sénat n'a pas adopté.
ANALYSE DU SCRUTIN
GROUPE COMMUNISTE RÉPUBLICAIN ET CITOYEN (15) :
Pour :
15.
GROUPE DU RASSEMBLEMENT DÉMOCRATIQUE ET SOCIAL EUROPÉEN (24) :
Contre :
22.
N'ont pas pris part au vote :
2. _ MM. François Giacobbi et François
Lesein.
GROUPE DU RASSEMBLEMENT POUR LA RÉPUBLIQUE (93) :
Pour :
1. _ M. Emmanuel Hamel.
Contre :
92.
GROUPE SOCIALISTE (75) :
Abstentions :
73.
N'ont pas pris part au vote :
2. _ MM. Michel Dreyfus-Schmidt, qui
présidait la séance, et Claude Pradille.
GROUPE DE L'UNION CENTRISTE (59) :
Contre :
58.
N'a pas pris part au vote :
1. _ M. René Monory, président du Sénat.
GROUPE DES RÉPUBLICAINS ET INDÉPENDANTS (44) :
Contre :
44.
SÉNATEURS NE FIGURANT SUR LA LISTE D'AUCUN GROUPE (10) :
Contre :
9.
N'a pas pris part au vote :
1. _ M. Paul Vergès.
Ont voté pour
Marie-Claude Beaudeau
Jean-Luc Bécart
Danielle Bidard-Reydet
Claude Billard
Nicole Borvo
Michelle Demessine
Guy Fischer
Jacqueline Fraysse-Cazalis
Emmanuel Hamel
Félix Leyzour
Paul Loridant
Hélène Luc
Louis Minetti
Robert Pagès
Jack Ralite
Ivan Renar
Ont voté contre
François Abadie
Nicolas About
Philippe Adnot
Michel Alloncle
Louis Althapé
Jean-Paul Amoudry
Alphonse Arzel
Denis Badré
Honoré Bailet
José Balarello
René Ballayer
Bernard Barbier
Janine Bardou
Bernard Barraux
Jacques Baudot
Jean-Michel Baylet
Michel Bécot
Henri Belcour
Claude Belot
Georges Berchet
Jean Bernadaux
Jean Bernard
Daniel Bernardet
Roger Besse
Jacques Bimbenet
François Blaizot
Paul Blanc
Maurice Blin
Annick Bocandé
André Bohl
Christian Bonnet
James Bordas
Didier Borotra
Joël Bourdin
Yvon Bourges
Philippe de Bourgoing
André Boyer
Jean Boyer
Louis Boyer
Jacques Braconnier
Gérard Braun
Dominique Braye
Paulette Brisepierre
Guy Cabanel
Michel Caldaguès
Robert Calmejane
Jean-Pierre Camoin
Jean-Pierre Cantegrit
Jean-Claude Carle
Auguste Cazalet
Charles Ceccaldi-Raynaud
Gérard César
Jacques Chaumont
Jean Chérioux
Marcel-Pierre Cleach
Jean Clouet
Jean Cluzel
Henri Collard
Yvon Collin
Charles-Henri de Cossé-Brissac
Jean-Patrick Courtois
Pierre Croze
Charles de Cuttoli
Philippe Darniche
Marcel Daunay
Désiré Debavelaere
Luc Dejoie
Jean Delaneau
Jean-Paul Delevoye
Jacques Delong
Fernand Demilly
Christian Demuynck
Marcel Deneux
Charles Descours
Georges Dessaigne
André Diligent
Jacques Dominati
Michel Doublet
Alain Dufaut
Xavier Dugoin
André Dulait
Ambroise Dupont
Hubert Durand-Chastel
Joëlle Dusseau
Daniel Eckenspieller
André Egu
Jean-Paul Emin
Jean-Paul Emorine
Hubert Falco
Pierre Fauchon
Jean Faure
Jean-Pierre Fourcade
Alfred Foy
Serge Franchis
Philippe François
Jean François-Poncet
Yann Gaillard
Philippe de Gaulle
Patrice Gelard
Jacques Genton
Alain Gérard
François Gerbaud
Charles Ginésy
Jean-Marie Girault
Paul Girod
Daniel Goulet
Alain Gournac
Adrien Gouteyron
Jean Grandon
Francis Grignon
Georges Gruillot
Yves Guéna
Jacques Habert
Hubert Haenel
Anne Heinis
Marcel Henry
Pierre Hérisson
Rémi Herment
Daniel Hoeffel
Jean Huchon
Bernard Hugo
Jean-Paul Hugot
Claude Huriet
Roger Husson
Jean-Jacques Hyest
Pierre Jeambrun
Charles Jolibois
Bernard Joly
André Jourdain
Alain Joyandet
Christian de La Malène
Jean-Philippe Lachenaud
Pierre Lacour
Pierre Laffitte
Jean-Pierre Lafond
Pierre Lagourgue
Alain Lambert
Lucien Lanier
Jacques Larché
Gérard Larcher
Edmond Lauret
René-Georges Laurin
Henri Le Breton
Jean-François Le Grand
Edouard Le Jeune
Dominique Leclerc
Jacques Legendre
Guy Lemaire
Marcel Lesbros
Maurice Lombard
Jean-Louis Lorrain
Simon Loueckhote
Roland du Luart
Jacques Machet
Jean Madelain
Kléber Malécot
André Maman
Philippe Marini
René Marquès
Pierre Martin
Paul Masson
François Mathieu
Serge Mathieu
Jacques de Menou
Louis Mercier
Michel Mercier
Lucette Michaux-Chevry
Daniel Millaud
Louis Moinard
Georges Mouly
Philippe Nachbar
Lucien Neuwirth
Nelly Olin
Paul d'Ornano
Joseph Ostermann
Georges Othily
Jacques Oudin
Sosefo Makapé Papilio
Charles Pasqua
Michel Pelchat
Jean Pépin
Alain Peyrefitte
Bernard Plasait
Régis Ploton
Alain Pluchet
Jean-Marie Poirier
Guy Poirieux
Christian Poncelet
Jean Pourchet
André Pourny
Jean Puech
Henri de Raincourt
Jean-Marie Rausch
Victor Reux
Charles Revet
Henri Revol
Philippe Richert
Roger Rigaudière
Guy Robert
Jean-Jacques Robert
Jacques Rocca Serra
Louis-Ferdinand de Rocca Serra
Josselin de Rohan
Michel Rufin
Jean-Pierre Schosteck
Maurice Schumann
Bernard Seillier
Raymond Soucaret
Michel Souplet
Jacques Sourdille
Louis Souvet
Martial Taugourdeau
Henri Torre
René Trégouët
François Trucy
Alex Türk
Maurice Ulrich
Jacques Valade
André Vallet
Alain Vasselle
Albert Vecten
Jean-Pierre Vial
Robert-Paul Vigouroux
Xavier de Villepin
Serge Vinçon
Abstentions
Guy Allouche
François Autain
Germain Authié
Robert Badinter
Monique ben Guiga
Maryse Bergé-Lavigne
Jean Besson
Jacques Bialski
Pierre Biarnès
Marcel Bony
Jean-Louis Carrère
Robert Castaing
Francis Cavalier-Benezet
Gilbert Chabroux
Michel Charasse
Marcel Charmant
Michel Charzat
William Chervy
Raymond Courrière
Roland Courteau
Marcel Debarge
Bertrand Delanoë
Gérard Delfau
Jean-Pierre Demerliat
Rodolphe Désiré
Marie-Madeleine Dieulangard
Josette Durrieu
Bernard Dussaut
Claude Estier
Léon Fatous
Aubert Garcia
Gérard Gaud
Claude Haut
Roland Huguet
Philippe Labeyrie
Dominique Larifla
Guy Lèguevaques
Claude Lise
Philippe Madrelle
Jacques Mahéas
Michel Manet
Jean-Pierre Masseret
Marc Massion
Pierre Mauroy
Georges Mazars
Jean-Luc Mélenchon
Charles Metzinger
Gérard Miquel
Michel Moreigne
Jean-Marc Pastor
Guy Penne
Daniel Percheron
Jean Peyrafitte
Jean-Claude Peyronnet
Louis Philibert
Danièle Pourtaud
Roger Quilliot
Paul Raoult
René Regnault
Alain Richard
Roger Rinchet
Michel Rocard
Gérard Roujas
René Rouquet
André Rouvière
Claude Saunier
Michel Sergent
Franck Sérusclat
René-Pierre Signé
Fernand Tardy
André Vezinhet
Marcel Vidal
Henri Weber
N'ont pas pris part au vote
MM. François Giacobbi, François Lesein, Claude Pradille et Paul Vergès.
N'ont pas pris part au vote
MM. René Monory, président du Sénat, et Michel Dreyfus-Schmidt, qui présidait
la séance.
Les nombres annoncés en séance avaient été de :
Nombre de votants : | 315 |
Nombre de suffrages exprimés : | 241 |
Majorité absolue des suffrages exprimés : | 121 |
Pour l'adoption : | 16 |
Contre : | 225 |
Mais, après vérification, ces nombres ont été rectifiés conformément à la liste ci-dessus.