SOMMAIRE


PRÉSIDENCE DE M. MICHEL DREYFUS-SCHMIDT

1. Procès-verbal (p. 0 ).

2. Air et utilisation rationnelle de l'énergie. - Discussion d'un projet de loi en deuxième lecture (p. 1 ).
Discussion générale : Mme Corinne Lepage, ministre de l'environnement ; MM. Philippe François, rapporteur de la commission des affaires économiques ; Philippe Adnot, rapporteur pour avis de la commission des finances ; René Rouquet, Bertrand Delanoë, Charles Descours, Daniel Eckenspieller, Jean-François Le Grand, Philippe Richert, Pierre Hérisson, Michel Souplet, Mme Joëlle Dusseau, MM. Louis Minetti, Bernard Joly.
Clôture de la discussion générale.
Mme le ministre.

Article 1er. - Adoption (p. 2 )

Article 2 (p. 3 )

Amendement n° 2 de la commission et sous-amendement n° 80 de M. Rouquet ; amendement n° 110 de la commission. - MM. le rapporteur, Rouquet, Mme le ministre, MM. du Luart, Richert. - Retrait de l'amendement n° 2, le sous-amendement devenant sans objet ; adoption de l'amendement n° 110.
Adoption de l'article modifié.

Articles additionnels après l'article 2 (p. 4 )

Amendements n°s 42 rectifié de M. Richert et 81 de M. Rouquet. - M. Richert, Mme Pourtaud, M. le rapporteur, Mme le ministre. - Retrait de l'amendement n° 42 rectifié ; rejet de l'amendement n° 81.

Article 3 (p. 5 )

Amendements n°s 52, 53 de M. Le Grand, 3, 4, de la commission, 43 rectifié, 44 rectifié de M. Richert et 51 de M. Souplet. - MM. Le Grand, le rapporteur, Mme le ministre, MM. Richert, Souplet. - Retrait des amendements n°s 52, 51, 53 et 4 ; adoption des amendements n°s 3, 43 rectifié et 44 rectifié.

3. Retrait de l'ordre du jour d'une question orale sans débat (p. 6 ).

Suspension et reprise de la séance (p. 7 )

PRÉSIDENCE DE M. RENÉ MONORY

4. Questions d'actualité au Gouvernement (p. 8 ).

PRESTATION DÉPENDANCE (p. 9 )

MM. Louis Minetti, Hervé Gaymard, secrétaire d'Etat à la santé et à la sécurité sociale.

GESTION DES ZONES DE PÊCHE ANGLO-NORMANDES (p. 10 )

MM. Jean-François Le Grand, Mme Margie Sudre, secrétaire d'Etat chargé de la francophonie.

AFFAIRE FOLL (p. 11 )

MM. Michel Dreyfus-Schmidt, Jean-Louis Debré, ministre de l'intérieur.

STATUT FINANCIER ET FISCAL DES MAIRES (p. 12 )

MM. Serge Franchis, Dominique Perben, ministre de la fonction publique, de la réforme de l'Etat et de la décentralisation.

INSTAURATION DU CARNET DE SANTÉ (p. 13 )

MM. François Trucy, Hervé Gaymard, secrétaire d'Etat à la santé et à la sécurité sociale.

FORMATION ET MOBILITÉ DES FONCTIONNAIRES
DES COLLECTIVITÉS TERRITORIALES (p. 14 )

MM. François Lesein, Dominique Perben, ministre de la fonction publique, de la réforme de l'Etat et de la décentralisation.

LOGEMENT SOCIAL EN MILIEU RURAL (p. 15 )

MM. Jacques de Menou, Mme Anne-Marie Idrac, secrétaire d'Etat aux transports.

PRIVATISATION DE THOMSON (p. 16 )

MM. Alain Richard, Jean Arthuis, ministre de l'économie et des finances.

COÛT DE FONCTIONNEMENT DE SUPERPHÉNIX (p. 17 )

MM. Philippe Richert, Franck Borotra, ministre de l'industrie, de la poste et des télécommunications.

MAINTIEN DE L'EMPLOI INDUSTRIEL DANS L'AUBE (p. 18 )

M. Yann Gaillard, Mme Anne-Marie Couderc, ministre délégué pour l'emploi.

POUVOIRS DU MAIRE DE PARIS EN MATIÈRE
DE CIRCULATION ET DE STATIONNEMENT (p. 19 )

MM. Jacques Dominati, Jean-Louis Debré, ministre de l'intérieur.

Suspension et reprise de la séance (p. 20 )

PRÉSIDENCE DE M. PAUL GIROD

5. Air et utilisation rationnelle de l'énergie. - Suite de la discussion et adoption d'un projet de loi en deuxième lecture (p. 21 ).

Article 3 (suite) (p. 22 )

Amendements n°s 45 rectifié de M. Richert, 54, 55 de M. Le Grand, 69 de M. Leyzour, 5, 6 de la commission et sous-amendement n° 103 du Gouvernement. - MM. Richert, Philippe François, rapporteur de la commission des affaires économiques ; Mme Corinne Lepage, ministre de l'environnement ; MM. Le Grand, Minetti. - Retrait des amendements n°s 54, 5, 69 et 55 ; adoption de l'amendement n° 45 rectifié, du sous-amendement n° 103 et de l'amendement n° 6 modifié.
Adoption de l'article modifié.

Article 4 (p. 23 )

Amendements n°s 46 rectifié à 48 rectifié de M. Richert et 7 de la commission. - MM. Hérisson, le rapporteur, Mme le ministre, M. Richert. - Retrait des amendements n°s 46 rectifié et 7 ; adoption des amendements n°s 47 rectifié et 48 rectifié.
Adoption de l'article modifié.

Article 5 (supprimé) (p. 24 )

Article 6. - Adoption (p. 25 )

Article 7 (p. 26 )

Amendements n°s 8 de la commission et 83 de M. Rouquet. - M. le rapporteur, Mmes le ministre, Pourtaud. - Adoption de l'amendement n° 8 ; rejet de l'amendement n° 83.
Adoption de l'article modifié.

Article 9 (p. 27 )

Amendements n°s 9 à 11 de la commission et sous-amendement n° 104 du Gouvernement. - M. le rapporteur, Mme le ministre. - Adoption des amendements n°s 9, 10, du sous-amendement n° 104 et de l'amendement n° 11 modifié.
Adoption de l'article modifié.

Article 10 (p. 28 )

Amendements n°s 12 de la commission et 96 de M. Richert. - M. le rapporteur, Mme le ministre, M. Hérisson. - Adoption de l'amendement n° 12 ; retrait de l'amendement n° 96.
Adoption de l'article modifié.

Article additionnel après l'article 11 (p. 29 )

Amendement n° 84 de M. Rouquet. - Mme Pourtaud, M. le rapporteur, Mme le ministre. - Rejet.

Article 11 bis (p. 30 )

Amendement n° 56 de M. Le Grand. - MM. Le Grand, le rapporteur, Mme le ministre. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.

Article 12. - Adoption (p. 31 )

Article 13 (supprimé) (p. 32 )

Article 13 bis (p. 33 )

Amendements identiques n°s 13 de la commission et 65 de M. Adnot ; amendements n°s 105 du Gouvernement et 71 de M. Leyzour. - MM. le rapporteur, Adnot, Mme le ministre, MM. Minetti, Souplet, Hérisson, Richert, Mme Pourtaud, M. Girault. - Adoption des amendements n°s 13 et 65 supprimant l'article, les amendements n°s 105 et 71 devenant sans objet.

Article 14 (p. 34 )

Article 28 de la loi du 30 décembre 1982
(p. 35 )

Amendements n°s 85, 86 de M. Rouquet, 14, 15 de la commission, 58 de M. Le Grand et 106 du Gouvernement. - Mme Pourtaud, M. le rapporteur, Mme le ministre, M. Le Grand. - Retrait des amendements n°s 58, 86 et 15 ; rejet de l'amendement n° 85 ; adoption des amendements n°s 14 et 106.
Adoption de l'article de la loi, modifié.

Article 28-1 de la loi précitée (p. 36 )

Amendements n°s 87 de M. Rouquet et 16 de la commission. - Mme Pourtaud, M. le rapporteur, Mme le ministre. - Rejet de l'amendement n° 87 et adoption de l'amendement n° 16.
Adoption de l'article de la loi, modifié.

Article 28-2 de la loi précitée (p. 37 )

Amendements n°s 88 de M. Rouquet, 89 de M. Peyronnet, 79 rectifié de M. Hérisson et 17 de la commission. - Mme Pourtaud, M. le rapporteur, Mme le ministre, M. Hérisson. - Rejet des amendements n°s 88 et 79 rectifié ; adoption des amendements n°s 89 et 17.
Adoption de l'article de la loi, modifié.

Article 28-3 de la loi précitée (p. 38 )

Amendements n°s 90 de M. Rouquet et 18 de la commission. - Mme Pourtaud, M. le rapporteur, Mme le ministre. - Rejet de l'amendement n° 90 ; adoption de l'amendement n° 18.
Adoption de l'article de la loi, modifié.
Adoption de l'article 14 modifié.

Article 16 (p. 39 )

Amendement n° 19 de la commission. - M. le rapporteur, Mme le ministre. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.

Article 17 (p. 40 )

Amendement n° 20 de la commission. - M. le rapporteur, Mme le ministre. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.

Article 17 bis (p. 41 )

Amendement n° 21 de la commission. - M. le rapporteur, Mme le ministre. - Retrait.
Adoption de l'article.

Article 18 (p. 42 )

Amendement n° 22 de la commission. - M. le rapporteur, Mme le ministre. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.

Article additionnel après l'article 18 (p. 43 )

Amendement n° 107 du Gouvernement et sous-amendement n° 111 de M. François. - M. le ministre, M. le rapporteur. - Adoption du sous-amendement et de l'amendement modifié insérant un article additionnel.
MM. Philippe Adnot, le président.

Article 19 (p. 44 )

Amendement n° 23 de la commission. - M. le rapporteur, Mme le ministre, M. Adnot. - Adoption.
Amendement n° 24 de la commission et sous-amendement n° 108 du Gouvernement. - M. le rapporteur, Mme le ministre. - Adoption du sous-amendement et de l'amendement modifié.
Amendements n°s 25 à 27, 100 de la commission, 97 de M. Richert, 41 de M. Souplet et 66 de M. Adnot. - M. le rapporteur, Mme le ministre, MM. Hérisson, Souplet, Adnot, Gaillard, Girault, Hamel. - Retrait des amendements n°s 97 et 41 ; adoption des amendements n°s 25, 26, 100 et 27.

Suspension et reprise de la séance (p. 45 )

Amendement n° 112 de la commission. - M. le rapporteur, Mme le ministre, MM. Girault, Rufin, Gaillard, Minetti. - Retrait de l'amendement n° 66 ; adoption de l'amendement n° 112.
Amendement n° 98 de M. Richert. - Retrait.
Adoption de l'article modifié.

Article 19 bis (supprimé) (p. 46 )

Article 20 (p. 47 )

Amendements n°s 101, 28, 29 de la commission, 36, 37 de M. Eckenspieller ; amendements identiques n°s 67 de M. Adnot et 91 de M. Rouquet ; amendements n°s 77, 78 de M. Foy et 1 rectifié bis de M. Delong. - M. le rapporteur, Mme le ministre, MM. Eckenspieller, Adnot, Mme Pourtaud, MM. Habert, Gaillard. - Retrait des amendements n°s 36, 37, 67 et 78 ; rejet de l'amendement n° 91 ; adoption des amendements n°s 101, 28 et 29, l'amendement n° 77 devenant sans objet.

Suspension et reprise de la séance (p. 48 )

Amendement n° 113 du Gouvernement. - MM. le rapporteur, Gaillard, Hamel. - Retrait de l'amendement n° 1 rectifié bis ; adoption de l'amendement n° 113.
Adoption de l'article modifié.

Article additionnel après l'article 20 (p. 49 )

Amendement n° 102 de la commission. - M. le rapporteur, Mme le ministre. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.

Article 21 (p. 50 )

Amendements n°s 68 de M. Adnot, 30 de la commission et 109 du Gouvernement. - MM. Adnot, le rapporteur, Mmes le ministre, Pourtaud, MM. Souplet, Minetti, Rufin. - Rejet de l'amendement n° 68 ; adoption, par scrutin public, de l'amendement n° 30, l'amendement n° 109 devenant sans objet.
Adoption de l'article modifié.

Article additionnel après l'article 21 (p. 51 )

Amendement n° 72 de M. Leyzour. - MM. Minetti, le rapporteur, Mmes le ministre, Pourtaud. - Rejet.

Article 22 (p. 52 )

Amendement n° 92 de M. Rouquet. - Mme Pourtaud, M. le rapporteur, Mme le ministre. - Rejet.
Adoption de l'article.

Article additionnel après l'article 23 (p. 53 )

Amendements n°s 73 à 76 de M. Leyzour. - MM. Minetti, le rapporteur, Mme le ministre. - Rejet des quatre amendements.

Article 23 bis (p. 54 )

Amendement n° 38 de M. Adnot, rapporteur pour avis. - MM. Philippe Adnot, rapporteur pour avis de la commission des finances ; le rapporteur, Mme le ministre, MM. Charles Descours, Louis Minetti. - Adoption par scrutin public.
Adoption de l'article modifié.

Suspension et reprise de la séance (p. 55 )

PRÉSIDENCE DE M. JEAN DELANEAU

Articles additionnels après l'article 23 bis (p. 56 )

Amendement n° 93 de M. Rouquet. - Mme Pourtaud, M. le rapporteur, Mme le ministre. - Rejet.

Article 24. - Adoption (p. 57 )

Articles additionnels après l'article 24 (p. 58 )

Amendement n° 99 de M. Peyronnet. - Mme Pourtaud, M. le rapporteur, Mme le ministre. - Rejet.

Article 25 (p. 59 )

Amendements identiques n°s 31 de la commission et 39 de M. Adnot, rapporteur pour avis. - MM. le rapporteur, le rapporteur pour avis, Mme le ministre. - Adoption, par scrutin public, des amendements supprimant l'article.

Article 26 (p. 60 )

Amendements identiques n°s 32 de la commission et 40 de M. Adnot, rapporteur pour avis. - Adoption, par scrutin public, des amendements supprimant l'article.

Articles 28 A, 29 bis et 33. - Adoption (p. 61 )

Article 34 (p. 62 )

Amendement n° 33 de la commission. - Retrait.
Adoption de l'article.

Article 37. - Adoption (p. 63 )

Article 38 (p. 64 )

Amendement n° 34 de la commission. - M. le rapporteur, Mme le ministre. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.

Vote sur l'ensemble (p. 65 )

Mme Nelly Olin, MM. Serge Franchis, Louis Minetti, Jean-Marie Girault, Mme Danièle Pourtaud,MM. Emmanuel Hamel, le rapporteur pour avis, le rapporteur, Mme le ministre.
Adoption du projet de loi.

6. Ordre du jour (p. 66 ).



COMPTE RENDU INTÉGRAL

PRÉSIDENCE DE M. MICHEL DREYFUS-SCHMIDT
vice-président

M. le président. La séance est ouverte.

(La séance est ouverte à neuf heures trente.)

1

PROCÈS-VERBAL

M. le président. Le compte rendu analytique de la précédente séance a été distribué.
Il n'y a pas d'observation ?...
Le procès-verbal est adopté sous les réserves d'usage.

2

AIR ET UTILISATION RATIONNELLE DE L'ÉNERGIE

Discussion d'un projet de loi
en deuxième lecture

M. le président. L'ordre du jour appelle la discussion en deuxième lecture du projet de loi (n° 435, 1995-1996), modifié par l'Assemblée nationale, sur l'air et l'utilisation rationnelle de l'énergie. [Rapport n° 32 (1996-1997) et avis n° 36 (1996-1997).]
Dans la discussion générale, la parole est à Mme le ministre.
Mme Corinne Lepage, ministre de l'environnement. Monsieur le président, monsieur le rapporteur, monsieur le rapporteur pour avis, mesdames, messieurs les sénateurs, d'aucuns continuent d'affirmer, ici ou là, que le projet de loi sur l'air aurait été vidé de son contenu. Force est de constater non seulement qu'il n'en est rien, mais encore qu'il se trouve renforcé grâce à vous.
Le texte que j'ai en effet l'honneur de vous présenter en seconde lecture a indiscutablement été amélioré par le Parlement à l'occasion de sa première lecture et constitue désormais une avancée très importante, tout particulièrement à propos de la pollution en ville.
Je tiens à vous exprimer ma sincère gratitude pour ces améliorations et pour l'excellent travail que vous avez mené, lequel, j'en suis certaine, se poursuivra pendant cette seconde lecture.
Si l'été qui vient de s'écouler, compte tenu des bonnes conditions météorologiques, n'a pas provoqué de pointes de pollution photochimique trop importantes, il n'en reste pas moins que les Français continuent, à juste titre, d'être fortement préoccupés par la pollution de l'air.
Une récente enquête du CREDOC, le centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie, a en effet montré que, pour 54 % de nos concitoyens, la réduction de la pollution atmosphérique arrive en tête ou en seconde position dans la hiérarchie des actions que l'Etat doit mener pour protéger l'environnement. Ils n'étaient que 46 % l'an dernier, lorsque j'ai entrepris de travailler sur le présent projet de loi.
Toutefois, selon cette même enquête, seules 29 % des personnes interrogées se disent prêtes à payer plus de taxes affectées à l'environnement, contre 42 % en 1994. Ces résultats confirment a posteriori le bien-fondé de l'approche positive qui a guidé la préparation de ce projet de loi, à travers par exemple les dispositions sur l'aménagement urbain et les incitations fiscales.
Avant de présenter brièvement les aménagements apportés au projet de loi en première lecture, je souhaiterais remercier tout particulièrement le rapporteur dela commission des affaires économiques et du Plan,M. Philippe François, pour la qualité de son nouveau rapport, qui tend incontestablement à améliorer encore le texte. Je souhaite également remercier le rapporteur pour avis de la commission des finances, M. Philippe Adnot, pour ses propositions constructives relatives aux mesures financières et fiscales contenues dans le projet de loi.
La définition de la pollution atmosphérique figurant à l'article 2 a été simplifiée par l'Assemblée nationale dans le sens d'une meilleure cohérence avec les textes européens et internationaux, ce dont je ne peux que me réjouir.
Le titre premier, relatif à la surveillance de la qualité de l'air et à l'information, fixe notamment le calendrier de couverture du territoire national par des réseaux de surveillance.
Malgré ce que j'ai entendu dire, j'ai pu, grâce à l'appui de M. le Premier ministre, obtenir les crédits nécessaires, tant en 1996 que pour 1997, pour remplir les engagements figurant dans le projet de loi.
Ainsi, comme je m'y étais engagée devant vous lors de la première lecture, le Gouvernement, à l'occasion du décret d'avances du 26 septembre dernier, a affecté une première tranche de 200 millions de francs pour financer les actions prévues par le projet de loi sur l'air.
Ces crédits permettront l'extension de la surveillance de la qualité de l'air, l'amélioration de la surveillance actuelle, le développement des études concernant la qualité de l'air et l'aide au fonctionnement des organismes participant à la surveillance de la qualité de l'air.
Une deuxième tranche de crédits de 200 millions de francs a d'ores et déjà été inscrite au budget du ministère de l'environnement dans le projet de loi de finances pour 1997, que j'aurai l'honneur de vous présenter le mois prochain.
Par ailleurs, l'Assemblée nationale a renforcé le projet de loi en faisant figurer à plusieurs reprises la prise en compte de la protection de la santé. Elle a notamment souhaité que les réseaux de mesures surveillent également les paramètres de santé publique qui sont susceptibles d'être affectés par la pollution de l'air. Ces dispositions me semblent particulièrement importantes.
Le renforcement des liens entre environnement et santé publique fait en effet partie des priorités de mon action, comme je vous l'avais exposé lors de mon discours introductif en première lecture, et comme en témoignent la création et l'installation, le mois dernier, du comité de la prévention et de la précaution.
Ce comité est chargé, d'une part, d'exercer une fonction de veille et d'alerte sur l'ensemble des questions d'environnement susceptibles d'avoir une incidence sur la santé humaine, d'autre part, d'assurer une expertise dans l'évaluation des risques liés à l'environnement sur la santé.
Vous avez souhaité, mesdames, messieurs les sénateurs, renforcer le rôle du plan régional pour la qualité de l'air qui est prévu au titre II, notamment en lui conférant un caractère obligatoire et en précisant les modalités de son évaluation et de sa révision au terme d'une période de cinq ans. Je me réjouis du rôle ainsi donné à cet outil de prévention et de concertation.
La procédure d'élaboration des plans de protection de l'atmosphère prévus au titre III a été quant à elle renforcée dans le sens d'une plus large concertation. Le Sénat a ajouté la consultation du conseil départemental d'hygiène et l'Assemblée nationale, pour sa part, a ajouté l'avis des conseils municipaux et des établissements de coopération intercommunale.
L'Assemblée nationale a, de plus, introduit une procédure d'évaluation et de révision éventuelle au bout de cinq ans des plans de protection de l'atmosphère, à l'instar des dispositions prises pour les plans régionaux pour la qualité de l'air. Cela renforce la cohérence du dispositif que je vous invite à voter en seconde lecture.
En outre, l'Assemblée nationale a créé un titre spécifique III bis traitant des mesures d'urgence en cas d'alerte à la pollution atmosphérique. Ces mesures, qui sont d'application immédiate, doivent en effet être dissociées de l'élaboration des plans de protection de l'atmosphère, qui sont une mesure de prévention élaborée avec toute la réflexion et la concertation nécessaires.
Concernant les mesures d'urgence, l'Assemblée nationale a ajouté un article imposant la gratuité d'accès aux transports collectifs en cas de déclenchement de la procédure d'alerte. Cette disposition, à laquelle le Gouvernement s'est rallié, me semble d'une très grande importance.
Cette mesure très concrète, et dont l'une des caractéristiques est une lisibilité particulièrement évidente, constitue un signal politique fort donné à l'opinion publique.
Cette mesure me paraît toutefois, à la réflexion, pouvoir être améliorée sur deux points afin de lui conférer toute la stabilité juridique nécessaire à sa mise en oeuvre.
D'une part, on comprendra aisément que la gratuité des transports collectifs ne doit intervenir qu'en cas de restriction ou d'interdiction effectives de circuler et non dans le cas d'une simple alerte à la pollution soufrée visant à demander aux industries et aux centrales thermiques de réduire leurs émissions.
D'autre part, cette gratuité doit être limitée aux réseaux de transport public en commun de voyageurs, de façon à ne pas concerner les taxis ou les transports d'entreprise, notamment.
Vous avez complété les dispositions relatives aux plans de déplacements urbains prévus au titre IV, notamment en ajoutant parmi ses orientations la livraison des marchandises. C'est un ajout particulièrement appréciable, car toutes les études montrent que la livraison de marchandises est une source importante de déplacements et, par là, de pollution et de consommation d'énergie en ville.
L'Assemblée nationale a, pour sa part, renforcé sensiblement ces plans de déplacements urbains non seulement en en élargissant les orientations, mais également et surtout en les rendant obligatoires dans les agglomérations de plus de 100 000 habitants, et non plus seulement de 250 000 habitants, en instituant un pouvoir de substitution du préfet si le plan n'est pas approuvé dans un délai de trois ans et, enfin, en prévoyant une procédure de révision.
Le titre V, consacré à l'urbanisme et à l'environnement, a été complété par plusieurs dispositions, dont une me semble particulièrement importante : il s'agit de l'obligation de soumettre à agrément les organismes effectuant des études d'impact.
Le principe institué par la loi du 10 juillet 1976 en matière d'études d'impact est que celles-ci doivent être réalisées sous la responsabilité du maître d'ouvrage. Le but que l'on cherche à atteindre est de responsabiliser celui-ci à l'impact de ses réalisations sur l'environnement de façon qu'il puisse mettre en oeuvre des mesures préventives en les proposant dans l'étude. Il convient de maintenir ce principe.
Je partage toutefois le souci de l'Assemblée nationale d'éviter la multiplication d'études de mauvaise qualité. C'est pourquoi j'étudie la mise en oeuvre d'un dispositif permettant d'assurer une meilleure qualité des études d'impact et, par là même, de développer la capacité d'ingénierie dans ce domaine.
Après le passage en première lecture, la rédaction du titre VI, consacré aux mesures techniques nationales, a été sensiblement améliorée par les deux chambres du Parlement. Par ailleurs, des dispositions importantes ont été ajoutées.
Ces mesures portent sur deux secteurs particulièrement sensibles du fait de leur contribution à la pollution de l'air et aux consommations d'énergie.
Il s'agit, d'une part, du secteur du bâtiment, pour lequel les mesures suivantes ont été votées en première lecture : incorporation d'une quantité minimale de matériaux de bois dans les constructions, équipement des immeubles en conduits de fumées et utilisation des réseaux de chaleur et de froid.
Il s'agit, d'autre part, du secteur des transports, avec les mesures suivantes : reformulation des carburants avant l'an 2000, réduction des émissions de composés organiques volatils à l'occasion du ravitaillement des véhicules dans les stations-service, affichage de la consommation des véhicules sur leur lieu de vente ou de location, remplacement des véhicules des grandes flottes par des véhicules peu polluants.
Les dispositions financières et fiscales prévues dans le titre VII ont, elles aussi, été améliorées.
Vous avez, mesdames, messieurs les sénateurs, précisé les limites de la disposition relative au remboursement de la taxe intérieure sur les produits pétroliers, la TIPP, sur le gaz naturel et le gaz de pétrole liquéfié, le GPL, ou des réseaux de transport en commun, et voté une disposition nouvelle visant à aider la diffusion des dispositifs de dépollution des véhicules existants des réseaux de transport en commun.
Je sais bien qu'une difficulté subsiste ; elle tient aux dispositions relatives à l'exonération de vignette et de carte grise que vous aviez supprimées et que l'Assemblée nationale a rétablies, tout en leur conférant, je me permets d'insister sur ce point, un caractère total ou partiel.
La principale amélioration que vous avez apportée au titre VIII, relatif aux contrôles et sanctions, a consisté à indiquer que ces mesures se fondent sur la législation des installations classées lorsque l'installation à l'origine de la pollution relève de cette législation. Vous avez ainsi répondu au souci légitime des industriels d'éviter une instabilité juridique sur ce sujet important.
S'agissant des dispositions diverses prévues au titre IX, je retiens, notamment, que l'Assemblée nationale a précisé la composition du comité régional de l'environnement, qui avait été institué par la loi du 2 février 1995.
Telles sont, monsieur le président, messieurs les rapporteurs, mesdames, messieurs les sénateurs, les grandes modifications apportées au projet de loi que j'ai à nouveau l'honneur de vous soumettre.
Je ne doute pas de l'appui que vous apporterez à ce texte, qui répond, j'en suis convaincue, à l'attente exprimée par nos concitoyens. (Applaudissements sur les travées du RPR et de l'Union centriste.)
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Philippe François, rapporteur de la commission des affaires économiques et du Plan. Monsieur le président, madame le ministre, mes chers collègues, l'Assemblée nationale a débattu, du 12 au 14 juin dernier, du projet de loi sur l'air et l'utilisation rationnelle de l'énergie, qu'elle a adopté, comme le Sénat le 24 mai dernier, à l'unanimité, les groupes socialistes et communistes des deux assemblées s'abstenant.
Si des modifications et des ajouts nombreux ont été apportés au texte voté par le Sénat en première lecture, l'Assemblée nationale n'a pas pour autant bouleversé l'économie générale du dispositif adopté par la Haute Assemblée, dont les apports ont été soit approuvés sans modification, soit améliorés.
L'Assemblée nationale a modifié la rédaction de l'article premier, répondant ainsi aux interrogations nombreuses exprimées par le Sénat lors de la première lecture, à propos de la portée juridique de l'affirmation du droit de chacun à respirer un air pur et des risques de contentieux que la mise en oeuvre de ce droit ne manquerait pas de susciter. Sur la proposition de M. Pierre Mazeaud, les députés ont donc adopté une nouvelle rédaction de cet article, qui reprend les principales dispositions de la version initiale tout en énumérant les personnes responsables, au premier rang desquelles l'Etat, de la conduite d'une politique garantissant pour chacun l'usage d'un air qui ne nuise pas à sa santé.
Je ne ferai qu'énumérer ici, si vous me le permettez, les principales dispositions du projet de loi adoptées par l'Assemblée nationale, en vous renvoyant, pour le détail, à mon rapport écrit.
A propos des dispositions relatives aux objectifs et aux modalités de mise en place des réseaux de surveillance de la qualité de l'air, qui devront, d'ici à l'an 2000, assurer la couverture de l'ensemble du territoire, l'Assemblée nationale a repris le contenu du dispositif adopté par le Sénat, en le complétant par des éléments faisant référence à des objectifs de santé publique et précisant les conditions d'agrément des réseaux.
En ce qui concerne le volet du projet de loi mettant en place des outils de planification déconcentrés, l'Assemblée nationale a adopté le principe des trois documents prévus dans le projet de loi tel qu'il ressortait des travaux du Sénat, qu'il s'agisse du plan régional pour la qualité de l'air, dont le caractère obligatoire a été confirmé, ou du plan de protection de l'atmosphère obligatoire dans les agglomérations de plus de 250 000 habitants et les zones où les concentrations de substances surveillées dépassent les valeurs limites de qualité de l'air.
En ce qui concerne les mesures modifiant les plans de déplacements urbains créés par la loi d'orientation des transports intérieurs, la LOTI, l'Assemblée nationale les a rendues obligatoires dans toutes les agglomérations de plus de 100 000 habitants, alors que le Sénat avait retenu le seuil de 250 000 habitants fixé dans le projet de loi. De plus, l'Assemblée a renforcé les objectifs et les prescriptions des plans de déplacements urbains, notamment en ce qui concerne le partage de la voirie, et imposé que les documents d'urbanisme soient rendus compatibles avec les dispositions du plan.
Enfin, dans le cadre des procédures d'alerte mises en place pour gérer les pointes de pollution, l'Assemblée nationale a adopté le dispositif voté par le Sénat, mais en y insérant une disposition, à l'impact médiatique fort, qui prévoit la gratuité de l'accès aux transports en commun pendant ces pointes de pollution. Nous aurons l'occasion d'en parler.
Je voudrais vous présenter maintenant les principaux apports de l'Assemblée nationale en ce qui concerne les mesures techniques nationales.
Dans le cadre de la réduction des émissions des gaz à effet de serre, l'Assemblée nationale a prescrit l'obligation d'incorporer dans l'ensemble des constructions une quantité minimale de matériaux de bois avant le 1er janvier 2000, reprenant un amendement que votre commission n'avait pas cru pouvoir retenir en première lecture.
De plus, l'Assemblée nationale a renforcé d'une manière excessive le champ d'application d'une disposition votée par le Sénat, incitant l'Etat et les collectivités locales à utiliser des biocarburants et, lors du renouvellement de leur parc automobile, à acquérir des véhicules propulsés par des carburants propres ou de l'électricité. Cette obligation s'imposerait désormais à toute personne gérant un parc de plus de cinquante véhicules et le taux de remplacement par des véhicules « propres » serait fixé à 20 % minimum.
En ce qui concerne les dispositions imposant l'affichage des consommations énergétiques, étendues au secteur tertiaire et incluant les dépenses de climatisation, il convient de nous interroger sur la mise en oeuvre de ce principe de transparence, auquel bien entendu nous souscrivons, mais qui, de l'avis des professionnels, présente des difficultés d'application insurmontables.
En outre, pour réduire la consommation d'énergie et pour favoriser l'utilisation de l'énergie la moins polluante, l'Assemblée nationale a prescrit l'équipement des immeubles neufs en conduits de fumées ainsi que leur raccordement obligatoire aux réseaux de chaleur et de froid, obligations sur lesquelles nous nous proposons de revenir afin d'éviter un renchérissement inutile des coûts de la construction et de ne pas créer de monopole non justifié au bénéfice de telle ou telle source d'énergie.
Dans le troisième volet du projet de loi, relatif aux mesures d'incitation financière et fiscale en faveur des véhicules et des carburants propres, l'Assemblée nationale a adopté les quatre mesures votées par le Sénat. En revanche, elle a rétabli les deux articles du projet de loi qui ouvrent aux conseils régionaux et généraux la faculté d'exonérer de la vignette et de la taxe sur les immatriculations les véhicules utilisant des carburants « propres » ou fonctionnant au moyen de l'énergie électrique. Le Sénat avait supprimé ces deux articles en dénonçant le transfert de charges non compensé qui en résultait pour les collectivités locales.
A l'occasion de l'examen des dispositions fiscales du projet de loi, la commission a écarté le dispositif de la proposition de loi présentée par nos collègues Mme Danièle Pourtaud et MM. Bertrand Delanoë, Claude Estier et Michel Charzat, qui autorise le remboursement à tout propriétaire de taxi, dans la limite de 10 000 francs, de l'équipement permettant à son véhicule de fonctionner en bicarburation avec le gaz de pétrole liquéfié, d'une part parce que ce dispositif ne peut s'installer que sur des véhicules à essence, ce qui représente une minorité de taxis et, d'autre part, parce que tant que les taxis payent de facto leur carburant hors taxe, le gaz de pétrole liquéfié reste plus cher que le gazole et n'est donc pas attractif.
En conclusion, madame le ministre, mes chers collègues, la commission entend réaffirmer son soutien au dispositif du projet de loi qui prend en compte la dimension sanitaire de la pollution atmosphérique et tend à diminuer les effets négatifs de cette pollution sur la santé humaine.
Nous sommes, avec ce sujet, au coeur des préoccupations des Français, si j'en crois les premiers résultats de l'enquête sur les conditions de vie des Français effectuée à la fin de 1995 et au début de 1996. En effet, pour 54 % d'entre eux, contre 46 % à la fin de 1993, l'Etat doit s'attaquer en priorité à la réduction de la pollution de l'air - à titre de comparaison, seulement 11 % citent comme prioritaire la lutte contre le bruit.
Enfin, outre les modifications formelles ou de précision proposées, la commission entend, à travers les amendements présentés, ne pas contribuer à alourdir les charges qui pèsent sur les collectivités locales...
M. Henri de Raincourt. Très bien !
M. Philippe François, rapporteur. ... et défendre autant que faire se peut le principe de leur libre administration.
M. Henri de Raincourt. Très bien !
M. Philippe François, rapporteur. Tout en soutenant le Gouvernement dans sa volonté de promouvoir des moyens efficaces de lutte contre la pollution atmosphérique, elle veillera à ne pas adopter de mesures dont la charge financière mettrait en péril l'équilibre économique fragile de certains secteurs économiques.
Enfin, dans l'optique d'une maîtrise renforcée des dépenses publiques affirmée au travers du projet de loi de finances pour 1997, elle évitera de multiplier les avantages fiscaux ; elle a cherché, au contraire, à cibler des mesures qui soient efficaces, sans peser de manière excessive sur les recettes ou les dépenses publiques. (Très bien ! et applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants et de l'Union centriste.)
M. le président. La parole est à M. le rapporteur pour avis.
M. Philippe Adnot, rapporteur pour avis de la commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation. Monsieur le président, madame le ministre, mes chers collègues, l'impact de la pollution atmosphérique sur la santé publique, tant à Paris que dans certaines grandes villes de province, est à l'origine d'une forte sensibilisation de l'opinion publique au problème de la qualité de l'air.
Pour répondre à cette préoccupation, ce projet de loi affiche la double ambition de mettre en oeuvre une politique de surveillance de la qualité de l'air et de favoriser la réduction de la pollution atmosphérique.
Abordant des thèmes sensibles, et malgré ses limites, ce projet constitue une avancée certaine.
En raison de l'importance des modifications qu'elle avait apportées, en première lecture, au volet financier et fiscal de ce texte, la commission a décidé de se saisir à nouveau pour avis de ces aspects du projet de loi.
Je me félicite tout d'abord de l'approbation par l'Assemblée nationale d'une grande partie de nos propositions.
Il s'agit en premier lieu, à l'article 22, du renvoi aux lois de finances pour le financement de la politique de la surveillance de la qualité de l'air. Partageant notre analyse, l'Assemblée nationale a reconnu que le financement de la surveillance de la qualité de l'air « à partir du produit de la fiscalité des énergies fossiles », proposé initialement par le Gouvernement, constituait une formule risquée sur le plan constitutionnel, puisqu'elle pouvait se traduire par une entorse au principe de la non-affectation des recettes.
En deuxième lieu, en adoptant conforme l'article 23, l'Assemblée nationale a approuvé notre volonté d'éviter le renvoi au décret pour fixer les limites d'un remboursement partiel de taxes sur les produits pétroliers en faveur des exploitants de transports publics de voyageurs qui utilisent des carburants peu polluants.
En troisième lieu, les députés ont approuvé, à l'article 24, l'adaptation que nous avions introduite pour l'exonération de la taxe sur les véhicules de société en faveur des voitures « propres ».
Je rappelle que nous avions de cette façon fortement limité le coût de cette mesure en donnant un avantage équivalent aux deux principaux types de voitures « propres » que sont les véhicules « bimode » - essence/GPL - et les véhicules électriques.
L'Assemblée nationale a enfin adopté conforme l'article 27, dont nous avions rationalisé le dispositif « anti-abus » prévu dans le cadre de l'amortissement accéléré, institué par cet article en faveur des voitures « propres ».
Voilà pour le positif, dont je vous rappelle qu'il constitue l'essentiel.
Sur deux points cependant, le texte qui ressort de l'Assemblée nationale appelle un rétablissement de la version adoptée par le Sénat.
Premièrement, je regrette que l'Assemblée nationale ait accepté de réduire le champ d'application de la prime instituée, sur notre proposition, par le Sénat pour encourager l'installation de filtres « antipollution diesel » sur les bus, en limitant le bénéfice de cette mesure aux seuls bus urbains, excluant de ce fait le transport scolaire.
Sur le second point, il s'agit d'un réel désaccord puisque l'exonération de vignette et de taxe sur les cartes grises proposée en faveur des voitures « propres » par le texte initial a été rétablie.
Or, ces mesures avaient été supprimées par un vote quasi unanime du Sénat en raison du caractère injustifié de la charge nouvelle qu'elles impliquaient pour les collectivités locales. Il s'agira donc pour nous, sur ce point, de demander au Sénat de supprimer à nouveau ces dispositions.
M. Henri de Raincourt. C'est ce que nous allons faire !
M. Philippe Adnot, rapporteur pour avis. En conséquence, et sous réserve des amendements qu'elle vous soumettra, votre commission des finances demandera au Sénat d'adopter le volet financier et fiscal du présent projet de loi, dont elle s'est saisie pour avis.
Madame le ministre, mes chers collègues, je souhaiterais, si vous le permettez, ajouter quelques commentaires personnels, valables pour ce texte mais également pour tous ceux qui viendront en examen dans les semaines à venir.
Le Gouvernement, courageusement, s'est engagé dans la bataille pour la réduction des déficits publics et, parallèlement, la baisse des impôts. J'ai eu l'occasion, madame le ministre, devant M. le ministre de l'économie et des finances, M. Jean Arthuis, d'exprimer ma crainte de voir tous ses efforts se révéler vains si, par ailleurs, dans chaque texte, nous ne faisons pas attention, vous-même, madame le ministre, et nous les parlementaires, mes chers collègues, à éviter les dérives bien connues de transfert de charges non seulement sur les collectivités locales, mais aussi sur les particuliers et les entreprises.
La diminution des charges de structures de la « maison France » doit s'apprécier de manière globale, et la baisse des impôts n'aura aucun effet si, au détour de chaque texte, des obligations normatives, certes intéressantes dans leurs objectifs, viennent augmenter les charges pesant sur les uns ou les autres.
M. Jacques Machet. Très bien !
M. Philippe Adnot, rapporteur pour avis. Notre devoir à tous est d'apprécier les conséquences de nos initiatives ; le défi de l'emploi passe par la compétitivité des entreprises, l'amélioration des conditions de vie de nos concitoyens par la marge qui sera laissée à leur disposition.
L'exemple des schémas départementaux de traitement des déchets est là pour nous montrer les conséquences qui résultent de la création d'un quasi-monopole et des augmentations qui pèsent sur les citoyens.
Quand on envisage une augmentation de la taxe d'habitation, il s'agit de 20 francs, 30 francs, voire 50 francs par famille. A l'heure actuelle, nous connaissons tous dans les départements des augmentations de l'ordre de 100 francs, 150 francs, voire 200 francs par habitant. On ne peut pas à la fois annoncer une baisse des impôts et laisser s'organiser ce genre de dérive, qui réduit ensuite tout à néant.
Ce texte comporte un certain nombre de mesures qui, si elles étaient mises en oeuvre, viendraient charger encore un peu plus la barque. Quand viendra leur examen, je souhaite, madame le ministre, mes chers collègues, que nous ayons présentes à l'esprit ces quelques réflexions. (Très bien ! et applaudissements sur les travées des Républicains et Indépendants, du RPR et de l'Union centriste.)
M. le président. La parole est à M. Rouquet.
M. René Rouquet. Monsieur le président, madame le ministre, mes chers collègues, nous voici de nouveau rassemblés pour examiner, en seconde lecture, le projet de loi sur l'air et l'utilisation rationnelle de l'énergie, ce qui nous permet de poursuive devant le pays un débat parlementaire sur un sujet plus que jamais sensible.
Je ne reviendrai pas sur la démarche qui fut la vôtre au moment de son élaboration, madame le ministre, démarche louable s'il en est, et sur l'intention courageuse qui vous anime : établir des règles visant à réduire la pollution de l'air et à utiliser l'énergie de façon plus rationnelle.
Si vous avez courageusement défendu ce projet, c'est peu de dire que votre initiative a trouvé un écho favorable auprès des parlementaires qui siègent à la Haute Assemblée !
Qui n'a, parmi nous, vivement souhaité l'existence de ce projet de loi, à l'heure où les conséquences de la pollution atmosphérique sur la santé publique ne cessent d'être révélées par les études scientifiques et le corps médical ?
L'esprit constructif avec lequel chacun a abordé ce texte en première lecture témoigne, s'il en était encore besoin, de la gravité d'un tel sujet et de la nécessité d'en débattre au plus tôt !
Je pourrais évoquer une situation particulière que je connais bien, celle d'une commune de la banlieue parisienne dont je suis le maire, Alfortville, qui mène depuis des années un légitime combat pour tenter de réduire la concentration de nuisances dues aux installations industrielles et qui réclame en vain la nécessaire prise en compte de leur impact sanitaire, dans un secteur qui paye déjà un lourd tribut à la pollution atmosphérique.
Elus locaux pour la plupart d'entre nous, nous sommes confrontés, notamment dans les secteurs fortement urbanisés, voire à la périphérie des grandes villes, à l'inquiétude légitime des populations, qui placent la pollution de l'air en tête de leurs préoccupations en matière d'environnement et que nous souhaitons par conséquent essayer de mieux préserver des conséquences de ces nuisances atmosphériques.
C'est à cette inquiétude qu'il nous faut répondre dans l'exercice de notre mandat local, lorsque nous sommes interpellés par des concitoyens de plus en plus nombreux, parents, médecins, professionnels de la petite enfance, face à l'apparition de plus en plus fréquente de pathologies liées, selon toute vraisemblance, à la mauvaise qualité de l'air que l'on respire en milieu urbain.
Cette inquiétude enfin - je souhaite le redire avec force à cette tribune - porte sur la sécurité de certaines installations industrielles existantes, sur les risques liés à la concentration massive et non concertée de sources polluantes sur un même site, comme c'est encore trop souvent le cas dans certains secteurs fortement urbanisés de la région parisienne, aujourd'hui encore trop injustement confrontés à ce type de nuisances !
De façon plus générale, si, au cours de la confrontation d'idées qui nous avait réunis au printemps dernier, un certain nombre de critiques s'étaient élevées à l'encontre de ce texte, un mérite au moins lui avait été reconnu : celui de généraliser le principe de surveillance de la qualité de l'air, même si, sur ce plan, mes collègues du groupe socialiste et moi-même avions stigmatisé des insuffisances de financement.
De votre aveu même, madame le ministre, ce projet de loi représentait pourtant « un minimum, en dessous duquel il n'était pas question de reculer ».
C'est pourquoi nous avions proposé un certain nombre d'amendements destinés à assurer une meilleure prise en compte des impératifs de santé publique, visant des objectifs qui nous paraissaient essentiels, comme celui de tarir la source des émissions polluantes par le développement des transports collectifs propres et suggérant, par exemple, de destiner préférentiellement la voirie aux transports en commun dans le cadre des plans de déplacements urbains.
Nous avions également proposé de mettre en place un dispositif spécifique lorsque les seuils d'alerte étaient atteints et d'inciter plus largement à l'utilisation des transports collectifs en assurant leur gratuité, l'augmentation des cadences ou encore le covoiturage.
Concernant les plans de déplacements urbains, nous avions, par ailleurs, proposé d'étendre l'obligation de leur réalisation aux agglomérations de plus de 100 000 habitants.
Il est regrettable que le Sénat ne nous ait pas suivis, acceptant même de revenir, lors d'une seconde délibération, sur un amendement qui permettait à la SNCF de regagner des parts de marché dans le fret, grâce au développement du transport combiné.
En revanche, nous avions obtenu satisfaction avec l'introduction dans ce texte des principes généraux contenus dans la convention de Rio de 1992, parmi lesquels figure celui de précaution, qui oblige à agir à la source. Nous espérions alors qu'ils entreraient rapidement en vigueur.
Malheureusement, cette proposition est depuis lors passée à la trappe, au cours de la réécriture des articles par l'Assemblée nationale. Mais mes collègues du groupe socialiste et moi-même étant de nature persévérante, nous présenterons un amendement visant à réintroduire ce principe, qui ne peut que compléter utilement le dispositif qui nous est proposé.
Le texte qu'il nous est donné d'examiner en seconde lecture aujourd'hui a-t-il évolué dans le bon sens ? Propose-t-il, par exemple, la mise en place de moyens financiers suffisants pour surveiller l'impact sanitaire des installations industrielles ? Permet-il de porter à la connaissance du plus grand nombre les informations recueillies ? Jette-t-il les bases d'une nouvelle politique des transports dans notre pays ? Bref, ce texte a-t-il été renforcé depuis notre précédent débat ?
Certes, l'Assemblée nationale, qui a sensiblement amélioré ce projet de loi, s'est globalement efforcée de prendre en compte les nécessaires préoccupations environnementales. Je voudrais saluer, à ce titre, le travail d'amendement effectué par nos collègues membres du groupe socialiste à l'Assemblée nationale, car les propositions qu'ils ont fait adopter, même si elles valent sans doute plus par leur portée symbolique, nous paraissent néanmoins de nature à éveiller les consciences sur les causes de la pollution et à faire évoluer les mentalités quant à la nécessité de prévenir efficacement la pollution en milieu urbain.
Citons, parmi les points positifs, l'adoption de mesures que nous préconisions déjà au printemps dernier, comme la généralisation des plans de déplacements urbains aux agglomérations de plus de 100 000 habitants, le renforcement des objectifs de ces plans, la gratuité des transports en cas de pics de pollution ou encore la prise en compte, à tous les stades, des impératifs de santé publique.
Reste que, au-delà de ses ambitions et de son caractère incitatif, ce projet de loi tel qu'il nous est présenté en seconde lecture ne nous rassure pas davantage sur les moyens budgétaires qui lui sont consacrés, même si l'on peut reconnaître, tout au plus, une louable avancée.
En effet, maintenant que nous pouvons mieux en apprécier les termes à l'aune des moyens budgétaires, nous ne pouvons que constater une absence totale de vision transversale entre les ministères sur la politique mise en oeuvre pour la qualité de l'air.
Et c'est bien là, vous en conviendrez, madame le ministre, que le bât blesse !
Prenant le cas du financement, je rappellerai pour mémoire que le ministère de l'environnement s'était engagé à financer la surveillance de la qualité de l'air par une réaffectation partielle de la taxe intérieure sur les produits pétroliers, à concurrence de 0,4 centime par litre de carburant, soit 200 millions de francs, en application du principe « pollueur-payeur ».
Outre le fait qu'une telle somme représente bien peu pour inverser radicalement la tendance si on la compare aux quelque 5 milliards de francs que coûtent directement ou indirectement, selon les estimations, la pollution de l'air et ses répercussions sur la santé publique pour la seule région parisienne, on sait désormais que cet engagement ne sera pas tenu, même si vous vous félicitiez il y a peu, et à juste titre, madame le ministre, d'avoir obtenu, pour l'exercice 1996, les 200 millions de francs promis par M. le Premier ministre.
Madame le ministre, pourriez-vous nous éclairer sur la provenance de cette manne financière, au demeurant fort salutaire pour le budget du ministère de l'environnement, car, à en croire l'interview que vous avez accordée à la presse le 22 octobre dernier, ces crédits vous auraient été affectés par les ministères de l'équipement et de l'industrie ?
Je souhaiterais que vous nous apportiez des éclaircissements sur ce point, car plusieurs articles de presse ont relevé le fait qu'il s'agirait en l'occurrence non pas de nouveaux crédits, mais simplement de transferts de crédits qui étaient alloués à d'autres ministères. S'agit-il de crédits nouveaux ? S'agit-il de redéploiements ? Si oui, quels seraient les secteurs concernés : le ministère de l'industrie, celui de l'équipement ?
Dès lors, madame le ministre, ce redéploiement ne s'opérerait-il pas au détriment de l'industrie, voire de la recherche, et n'affecterait-il pas d'autres lignes budgétaires ?
Par ailleurs, il faut noter que, pendant que M. le Premier ministre nous annonce à grand renfort médiatique la baisse, de quelques milliards de francs, de l'impôt sur le revenu, il est envisagé, dans le projet de loi de finances, une augmentation de 7 centimes de la taxe sur le gazole et l'essence, ce qui augmente d'autant les impôts indirects et les charges injustes qui pèsent déjà lourdement sur nos concitoyens. Qui plus est, est maintenu, de façon pour le moins curieuse, l'avantage fiscal accordé au gazole, alors qu'il est établi que c'est la source d'énergie la plus polluante !
Pour l'instant, il est donc inscrit dans le projet de loi de finances pour 1997 : 140 millions de francs en autorisations de programme, 60 millions de francs en dépenses ordinaires et 124,5 millions de francs en crédits de paiement, dont 82,5 au titre des services votés.
Une ligne budgétaire est affectée à la surveillance de l'air, ce qui constitue une bonne chose, bien qu'elle puisse encore être améliorée.
En effet, des efforts de transparence budgétaire restent encore à accomplir concernant la place impartie à l'ADEME, l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie, qui va être amenée - nous nous en félicitons - à jouer un rôle important dans le dispositif de surveillance de l'air.
Il vous sera d'ailleurs proposé, mes chers collègues, un amendement visant à mieux définir et identifier les différentes actions de l'ADEME, notamment celles qui doivent être menées en faveur de l'amélioration de la qualité de l'air, par la prévision d'un financement spécifique.
S'agissant des crédits alloués à l'ADEME, on remarque que, pour la première fois depuis trois ans, les subventions d'équipement augmentent - de 4 % en autorisations de programmes et de plus de 6 % en crédits de paiement - par rapport à l'année précédente.
Elles ne retrouvent cependant pas le niveau de 1995, les subventions de fonctionnement poursuivant, quant à elles, leur chute entamée en 1994 : elles baissent de 13 % par rapport à 1996 !
Enfin, madame le ministre, j'aimerais revenir sur les propositions formulées par nos collègues en commission des affaires économiques et qui, à mon sens, constituent une régression par rapport au texte qui nous est revenu de l'Assemblée nationale.
Je ne citerai que deux exemples significatifs de cette remise en cause.
Le premier concerne la supression de l'article 13 bis, qui prévoyait la gratuité des transports collectifs en cas de dépassement des seuils de pollution ou de déclenchement de la procédure d'alerte.
Comme je l'ai rappelé précédemment, cette mesure, que nous avions proposée en première lecture au Sénat, dans le cadre des mesures d'urgence relatives aux plans de déplacements urbains, nous semblait constituer une incitation concrète à une utilisation plus rationnelle des véhicules.
M. Charles Descours. Il n'y a que les socialistes parisiens à y être favorables !
M. René Rouquet. Le second exemple concerne l'article ayant trait aux plans de déplacements urbains, les PDU.
Considérant que les PDU pouvaient constituer un outil efficace pour améliorer la qualité de l'air, nous avions, rappelons-le, proposé une nouvelle rédaction de l'article 14 visant, d'une part, à garantir un équilibre durable entre les besoins en matière de mobilité et de facilité d'accès et, d'autre part, à affirmer la nécessité d'une meilleure protection de l'environnement.
Nous avions, en l'occurrence, souhaité rendre obligatoires ces plans, non seulement dans les agglomérations de plus de 250 000 habitants, mais aussi dans celles de plus de 100 000 habitants.
Nous nous sommes félicités que l'Assemblée nationale entérine cette proposition et qu'elle améliore même le dispsoitif en prévoyant l'obligation de rendre les PDU effectifs dans un délai de deux ans.
Mais la commission des affaires économiques a cru bon de revenir sur la notion d'agglomération de plus de 100 000 habitants pour la remplacer par celle « d'agglomération dont le périmètre de transports urbains compte plus de 100 000 habitants », ce qui, pensons-nous, affaiblit le dispositif prévu !
Le risque est grand, en effet, de restreindre le champ d'application de cette mesure et d'aboutir à une réduction du nombre des agglomérations qui, de fait, seront concernées par ces plans.
Enfin, nous sommes en droit de nous interroger sur l'apparition d'une telle notion qui, si nous la comprenons puisqu'elle est utilisée en matière de transports, nous paraît néanmoins constituer une régression au détriment de la notion d'agglomération, à l'heure où le débat sur l'intercommunalité éclaire d'un jour nouveau les promesses de solidarité entre collectivités et de rééquilibrage des territoires.
En conclusion, j'aimerais redire, madame le ministre, l'impatience qui demeure la nôtre de voir enfin mis en application dans notre pays des moyens efficaces de prévention et de lutte contre la pollution de l'air, à l'heure où ses conséquences sur la santé de nos concitoyens sont désormais établies.
Alors que s'ouvre à nouveau, au sein de notre assemblée, ce débat nécessaire et très attendu, c'est avec un esprit constructif que nous nous engageons dans la confrontation d'idées que vous nous proposez. Au travers des critiques que nous pourrons être amenés à formuler, nous ne manquerons pas de pointer les ambitions réelles et les avancées significatives réalisées par ce texte depuis sa première lecture.
Nous n'oublierons certes pas les difficultés, les intérêts divers, et parfois partisans, auxquels vous vous êtes heurtée ; d'une certaine manière, ils en disent long sur la façon dont certains acteurs de notre société se placent face aux enjeux de l'environnement. Nous pensons que les dispositions concrètes contenues dans ce texte ne doivent plus souffrir d'autre atteinte, ni d'autre atermoiement, sous peine de voir s'élargir davantage le décalage qui existe aujourd'hui entre l'inquiétante dégradation de la qualité de l'air dans notre pays et la réaction des pouvoirs publics, terriblement lente.
Nous proposerons donc un certain nombre d'amendements visant, notamment, à mieux préciser les objectifs du présent texte, à contribuer à un changement progressif dans l'énergie choisie pour les véhicules circulant en milieu urbain, à permettre des débats plus transparents sur la qualité de l'air ou à mettre en oeuvre le principe de précaution au coeur du droit de l'environnement.
J'ajouterai qu'en matière de préservation de la santé publique, les bonnes intentions ne font pas tout, madame le ministre, et qu'elles restent sans effets si elles ne sont pas accompagnées de moyens financiers clairement dégagés. A cet égard, force est de constater que certaines dispositions de ce projet de loi restent trop floues pour nous rassurer, notamment en ce qui concerne la pérennité des financements de l'extension du réseau de surveillance.
En définitive, face aux défis considérables que doit relever ce projet de loi, et compte tenu de la trop grande timidité des réponses qu'il fournit aux nombreuses questions que se posent les sénateurs du groupe socialiste, l'examen de ce texte en seconde lecture inspire à ceux-ci les plus grandes réserves. En conséquence, madame le ministre, nous adopterons une position d'abstention vigilante. (Applaudissements sur les travées socialistes.)
M. le président. La parole est là M. Delanoë.
M. Bertrand Delanoë. Monsieur le président, madame le ministre, mes chers collègues, le projet de loi que nous examinons aujourd'hui présente un aspect positif qui me semble devoir être souligné : il désigne clairement la lutte contre les pollutions comme un véritable enjeu de santé publique.
C'est une avancée culturelle incontestable, reflétant une prise de conscience collective. Cela ne rend que d'autant plus vive la déception ressentie à la lecture des modestes conséquences concrètes que vous en tirez, madame le ministre. Face à un défi de cette dimension, votre projet demeure effectivement limité dans sa portée, résolument consensuel dans sa rédaction et superficiel dans son application.
Ainsi, qu'est devenu le principe du « pollueur-payeur » ? Vous aviez annoncé que, sur ce qui est versé par le consommateur au titre de la TIPP, 0,4 centime par litre d'essence, irait financer l'amélioration de la qualité de l'air. On ne trouve plus trace de ce dispositif dans la version actuelle du projet de loi.
D'autres exemples pourraient illustrer ce compromis interne au Gouvernement, auquel, hélas ! vous avez manifestement été contrainte.
Mais puisque la santé publique est au coeur du sujet, n'est-ce pas avant tout sous l'angle de la solidarité avec nos concitoyens qu'il conviendrait de l'aborder ? C'est pourquoi je souhaite vous soumettre quelques propositions susceptibles de compléter un projet encore trop vague et d'en rendre l'application plus concrète.
Elles concernent d'abord la prévention en milieu scolaire, car le sort des plus jeunes de nos concitoyens face à la pollution constitue aujourd'hui un enjeu fondamental. Faut-il rappeler qu'en 1994 le seuil de 180 millionièmes de gramme d'ozone par mètre cube d'air a été dépassé cent six fois à Paris ? Or c'est à partir de ce seuil que l'on observe une diminution de la fonction ventilatoire chez l'enfant. Ainsi, en dix ans, le nombre de jeunes asthmatiques a doublé en Ile-de-France. C'est une population vulnérable, dont l'évolution morphologique est en cours, qu'il s'agit de protéger.
Je propose donc qu'un dispositif de prévention médicale soit mis en place en milieu scolaire. A ce titre, une visite annuelle et obligatoire spécifiquement consacrée aux pathologies liées à la pollution serait assurée par un médecin scolaire.
En complément de cette mesure, l'information en milieu scolaire devrait impliquer une approche ciblée : certains cours de sciences naturelles, d'instruction civique et de sport pourraient intégrer cette dimension.
Enfin, la mesure de la pollution dans les périmètres situés près des crèches et des établissements scolaires devrait donner lieu à des études poussées et systématiques. Elle pourrait entraîner, si nécessaire, un réaménagement du plan de circulation automobile aux alentours de ces établissements.
Ces trois propositions ne prétendent évidemment pas définir un dispositif exhaustif, mais elles constituent une déclinaison concrète des principes théoriques et généraux que vous énoncez dans votre projet, madame le ministre.
Dans cet esprit, quelles dispositions pratiques et immédiatement applicables le Gouvernement entend-il adopter afin d'instaurer un suivi de l'évolution de la santé publique en milieu scolaire ? Quelle en sera la traduction budgétaire, notamment en termes d'études épidémiologiques ?
La lutte contre la pollution est un combat global, s'appuyant sur des moyens nombreux, applicables à des échelles variables dans le temps. C'est dans cette logique que nous vous soumettons ces propositions.
Dans le même esprit, nous défendrons un amendement inspiré d'une proposition de loi que j'avais déposée en juillet dernier avec mes collègues sénateurs socialistes de Paris. Son principe en est simple : agir sur la qualité de l'air mais aussi sur les comportements, en favorisant, par des mesures incitatives, l'équipement au gaz de pétrole liquéfié des taxis qui fonctionnent actuellement à l'essence.
M. Philippe François, rapporteur. C'est impossible !
M. Bertrand Delanoë. L'objet d'une telle proposition est de créer les conditions d'un développement de ce carburant propre, qui ne contient ni plomb ni benzène. Elle ne concerne certes qu'une minorité de taxis : 25 % environ de la totalité. Mais sa dimension exemplaire et symbolique pourrait engendrer une adhésion progressive des taxis roulant aujourd'hui au gazole. Par « contagion », d'autres véhicules pourraient également être concernés par cette évolution, notamment ceux des flottes dites « captives ».
Le coût d'un tel équipement varie entre 8 000 et 15 000 francs selon les véhicules. Cette initiative ne représenterait donc pas une charge très lourde pour le budget de l'Etat ; elle pourrait notamment le dispenser de verser intégralement l'exonération forfaitaire annuelle qu'il accorde actuellement aux taxis, et qui s'élève à 22 000 francs pour l'essence.
Sur un tel sujet, qui n'est pas et ne peut pas être abordé sous un angle dogmatique, cette proposition novatrice pourrait constituer une avancée modeste mais réelle et appelée à s'étendre.
Madame le ministre, je souhaite vivement que vous teniez compte de mes propositions sur la prévention en milieu scolaire et que vous souteniez l'amendement que je viens d'évoquer à propos du GPL. Ce serait une illustration concrète de la volonté politique que vous affichez en faveur des nouveaux carburants. (Applaudissements sur les travées socialistes.)
M. le président. La parole est à M. Descours.
M. Charles Descours. Monsieur le président, madame le ministre, mes chers collègues, notre rapporteur l'a souligné tout à l'heure et un certain nombre d'organes de presse s'en sont fait l'écho : pour 54 % des Français, la pollution de l'air doit faire l'objet de l'action prioritaire de l'Etat. Madame le ministre, je tiens d'abord à vous féliciter de vous être, avec le Gouvernement, engagée dans cette voie.
Aux sceptiques et aux critiques des divers groupes qui se sont exprimés, je dis qu'ils ont tort. Je ne sais si la loi qui sortira des travaux du Parlement sera parfaite ; ce qui est sûr, c'est qu'elle sera la première à aborder ce sujet.
J'invite donc tous ceux qui ont fait part de leur scepticisme à admettre qu'en choisissant de traiter un problème qui nourrit l'inquiétude d'une si grande proportion de nos concitoyens on a nécessairement raison. Il y a là un premier pas décisif qui est accompli et dont le mérite vous revient, madame le mininstre, ainsi qu'au Gouvernement.
Recourant à une image bien connue pour exprimer mon point de vue, je dirai que, à mes yeux, si le verre n'est certes pas encore plein, il n'est déjà plus complètement vide. Donc : bravo !
Je voudrais m'exprimer ici, madame le ministre, en tant que vice-président du groupement des autorités responsables de transport, le GART, qui rassemble 180 autorités organisatrices - syndicats de communes, villes, départements, régions -, représente l'ensemble de l'échiquier politique et traduit la diversité géographique de notre pays. Je tiens d'ailleurs à rappeler que le président du GART est M. Jacques Auxiette, maire socialiste de La Roche-sur-Yon.
C'est donc au nom d'un ensemble d'élus que j'affirme que le développement des réseaux de transports publics doit être une alternative à l'usage de la voiture, dans un pays où la culture « transports en commun » est insuffisante.
Ce développement est une des réponses au problème crucial de la pollution, mais aussi à l'encombrement de la voirie auquel sont confrontées nos agglomérations.
Par conséquent, la priorité aux transports collectifs ainsi qu'aux autres modes alternatifs à la voiture doit être soulignée dans ce projet de loi.
En cette deuxième lecture, je consacrerai mon intervention aux trois points qui me paraissent essentiels au regard d'une lutte efficace contre la pollution, que ce soit en cas d'alerte ou à titre préventif.
Dans un élan généreux, l'Assemblée nationale, inspirée par les députés de Paris, a prévu, à l'article 13 bis , l'obligation de la gratuité des transports collectifs en cas de dépassement des seuils de pollution.
On est particulièrement généreux quand on n'a pas à assurer le financement de sa générosité. Il convient ici de rappeler que le réseau RATP de Paris est le seul à bénéficier de 5 milliards de francs d'aides de l'Etat, au titre du fonctionnement. Aucun autre réseau de transports en commun ne reçoit une telle manne de l'Etat. Dans ces conditions, il est évidemment plus facile pour les élus de Paris de demander la gratuité des transports en commun en cas de pollution !
Les représentants des autorités organisatrices de province sont, toutes tendances politiques confondues, opposés à cette mesure, et ce pour plusieurs raisons.
D'abord, elle contrevient au principe de libre administration des communes : on a voté les lois de décentralisation ; qu'on laisse les autorités organisatrices se déterminer.
Ensuite, cette mesure est contraire au principe d'égalité de traitement entre l'Ile-de-France et la province. Bien sûr, nous y serions favorables, madame le ministre, si vous nous annonciez une compensation de l'Etat pour assurer la gratuité des transports publics de province. Hélas ! je n'ai rien entrevu de semblable.
Ce qui ne fait pas de doute, c'est que, en cas de mise en oeuvre du plan d'urgence, les autorités organisatrices devront assurer un renfort de l'offre, ce qui aura indiscutablement des conséquences pour le budget des collectivités locales.
Par ailleurs, la mise en oeuvre de cette disposition pénalisera dans une certaine mesure les clients habituels des transports en commun qui souscrivent un abonnement puisque, contrairement aux clients occasionnels, ils ne bénéficieront pas du bonus que représente de toute façon le fait de renoncer à la voiture au profit des transports collectifs.
Enfin, la banalisation de la gratuité aura un effet très négatif sur la fraude. Comment voulez-vous dire aux jeunes de nos banlieues, dont le niveau d'information est relativement médiocre, que c'est payant le mardi, mais gratuit le mercredi parce que le taux d'ozone ou de je ne sais quoi est plus élevé, et à nouveau payant le jeudi ? Cela va, en fin de compte, encourager la fraude, alors que celle-ci est déjà extrêmement fréquente sur nos réseaux de transports en commun.
Nous avons donc, toutes tendances politiques confondues, je le répète, déploré l'introduction de cette mesure par l'Assemblée nationale.
Nous souhaitons, en revanche, que le projet de loi donne aux collectivités locales les moyens financiers de développer l'offre de transport plutôt que d'alourdir leurs charges, comme le prévoit l'article 13 bis.
L'article 14 relatif au plan de déplacements urbains, le PDU, qui a été profondément modifié par l'Assemblée nationale, répond à nos préoccupations et recueille donc notre approbation. Nous nous réjouissons que les PDU soient désormais rendus obligatoires pour les agglomérations de plus de 100 000 habitants. La volonté de diminuer le trafic automobile est donc clairement affichée.
Le texte issu des travaux de l'Assemblée nationale prévoit que le plan doit être soumis, en application de la loi d'orientation des transports intérieurs, à enquête publique dans les conditions prévues par la loi du 12 juillet 1983. En conséquence, les orientations de ce plan seront opposables aux autorités chargées de la voirie et de la police de la circulation dans la communauté de communes ou le syndicat intercommunal. La procédure est certes plus lourde, mais elle confère une force considérable au PDU. Nous approuvons donc cette mesure que nous espérons bien voir devenir définitive.
J'évoquerai, enfin, les mesures incitatives relatives tant aux carburants propres qu'aux autobus propres.
Le prix du GPL pour les voitures individuelles est une incitation satisfaisante. Par ailleurs, les recherches concernant les carburants propres pour les autobus devraient rapidement déboucher. En tant que vice-président du programme de recherche et développement pour l'innovation et la technologie, le PREDIT, que préside M. Dominique Bussereau, je connais mieux que quiconque les efforts accomplis par les industriels en ce domaine.
Il faudrait pouvoir disposer d'un choix convenable afin de savoir quelles solutions devraient être privilégiées. Ce ne seront pas nécessairement les autobus traditionnels fonctionnant au gazole.
Les aides tendant à inciter à la dépollution des autobus ou à l'achat d'autobus propres devraient figurer dans le budget de votre collègue Mme Anne-Marie Idrac. En effet, dans le cadre de l'aide apportée par l'Etat aux réseaux publics de transports - celle-ci est certes toujours insuffisante mais elle a le mérite d'exister - une ligne budgétaire devrait être prévue pour financer ces aides.
J'insisterai, enfin, sur une dernière mesure, à propos de laquelle je serai beaucoup plus réservé : il s'agit de l'introduction d'une norme prévoyant de réserver 50 % de la nouvelle voirie publique dans les zones d'aménagement concerté aux transports en commun, aux piétons et aux cyclistes. Dieu sait si les autorités responsables de l'organisation des transports ont souvent été invitées à l'encontre des urbanistes qui créent des quartiers puis qui les laissent ensuite se débrouiller !
Nous sommes donc favorables aux plans d'urbanisme qui intègrent les transports en commun au moment où il est envisagé de créer un quartier. Mais cette norme ne nous semble pas tenir compte de la diversité des ZAC. En effet, les voiries internes diffèrent les unes des autres. En outre, cette idée de norme nous semble incompatible avec l'esprit du PDU.
Nous souhaitons, certes, un partage de la voirie clairement défini pour les transports en commun, les cyclistes et les piétons, mais il doit s'intégrer dans un PDU. Or je ne vois pas très bien comment ce plan, qui s'applique à toute une agglomération - telle est la disposition qui a été introduite par l'Assemblée nationale - pourra être compatible avec cette réservation de 50 % de la voirie de la ZAC. Il s'agit là, nous semble-t-il, d'une petite incohérence, ce qui explique notre réserve.
Telles sont, madame le ministre, mes chers collègues, les réflexions que m'inspire ce projet de loi.
Je terminerai mon intervention comme je l'ai commencée, en soulignant que ce projet de loi a suscité une discussion parlementaire qui a parfois été un peu mouvementée, mais qui a permis de l'enrichir.
Ce texte, madame le ministre, vous avez eu tout à la fois l'honneur et le courage de le présenter. Le groupe du Rassemblement pour la République le soutiendra, car il constitue une avancée indiscutable dans la lutte contre la pollution de l'air que souhaitent tous nos concitoyens. (Applaudissements sur les travées du RPR et de l'Union centriste.)
M. le président. La parole est à M. Eckenspieller.
M. Daniel Eckenspieller. Lorsque, au mois de mai dernier, le projet de loi sur l'air et l'utilisation rationnelle de l'énergie a été inscrit à l'ordre du jour des travaux du Sénat, certaines voix, arguant notamment des défis majeurs auxquels se trouve confrontée notre société, se sont élevées pour contester la priorité donnée à ce problème, voire le bien-fondé d'une législation spécifique en la matière.
Les débats qui ont eu lieu au sein du Sénat, puis à l'Assemblée nationale, mais encore et surtout le pugnace travail de persuasion que vous avez accompli en ces occasions, madame le ministre, auront permis de mettre en évidence la pertinence de la démarche et l'utilité incontestable de ce projet de loi sur l'air, tant il est vrai que notre responsabilité à l'égard de la santé de nos concitoyens ne saurait se satisfaire d'une attitude dilatoire ou de demi-mesures.
Aussi avons-nous adhéré avec conviction au texte qui nous a été proposé et qui a été enrichi par un certain nombre d'amendements lors de sa discussion au Sénat, grâce, notamment, au travail particulièrement approfondi de la commission des affaires économiques et du Plan et de la commission des finances, dont nos collègues Philippe François et Philippe Adnot sont, respectivement, les excellents rapporteurs.
Nous allons ainsi examiner aujourd'hui un texte qui a le très grand mérite de poser le problème de la qualité de l'air dans sa globalité, problème qui requiert la mobilisation de tous, usagers, constructeurs, entreprises, associations et collectivités, mais aussi qui implique de véritables choix de société, parfois révolutionnaires, en matière d'aménagement du territoire, d'urbanisme, de mode de déplacement, d'innovation technique, de rentabilité économique et de rythme de vie.
Un autre point fort de ce projet de loi réside dans le fait qu'il prend en compte, d'une manière très volontariste, la pollution due à la circulation automobile dans nos villes, à travers toute une série de mesures concrètes, effectivement applicables à brève échéance.
Il est indispensable que ces mesures soient prises rapidement, car la plupart des villes se trouvent à la limite de la saturation pour ce qui est des conditions de circulation. Or une faible proportion de véhicules supplémentaires suffit à faire passer la circulation d'une ville de la fluidité à la congestion.
En effet, 10 % de véhicules supplémentaires augmentent la pollution émise non pas de 10 % mais de bien davantage, puisqu'ils provoquent surtout l'accroissement des émissions de tous les autres véhicules pour un même trajet.
Un rapport très récent estime que ces 10 % de véhicules augmentent de plus de 50 % les émissions totales de gaz carbonique et de plus de 20 % les émissions totales de particules.
Dans ces conditions, le transfert aux heures de pointe d'une fraction, même modeste, du trafic automobile vers les transports collectifs est, sans doute, la mesure qui présente le meilleur rapport coût-efficacité pour réduire les pollutions dues aux transports.
Le combat pour une meilleure qualité de l'air est donc un combat ambitieux mais difficile, car il repose non seulement sur la mise en place d'outils réglementaires, mais aussi et surtout sur une prise de conscience collective suffisamment forte pour faire évoluer les comportements et les mentalités.
On est en droit, à cet égard, de nourrir un certain optimisme si l'on considère les efforts qui sont accomplis dans de très nombreux domaines tels que la construction d'usines d'incinération des ordures ménagères respectueuses de l'environnement, l'évolution des modes de chauffage, les améliorations apportées par les établissements industriels, les recherches réalisées par les constructeurs de véhicules, l'évolution des carburants et l'adaptation des modes de déplacement.
Saluons, à cet égard, l'incitation au covoiturage sur l'A 14, Orgeval-La Défense, par l'exonération du droit de péage pour toutes les voitures transportant, pour leurs trajets professionnels, au moins trois passagers, à raison d'un aller-retour journalier, une carte magnétique délivrée contre une caution de 200 francs attestant les lieux de domicile et de travail des personnes concernées.
S'agissant du projet de loi dont nous débattons aujourd'hui, je formulerai deux remarques qui me paraissent importantes.
La crédibilité d'un texte législatif réside dans le fait qu'il soit effectivement applicable dans sa totalité et qu'il ne puisse pas être à l'origine de difficultés ultérieures.
C'est ainsi que les paragraphes 3 et 4 de l'article 20, inscrits dans le projet de loi dès l'origine, posent, à la réflexion et à la lumière de l'expérience, des problèmes suffisamment sérieux pour être soulevés.
Depuis le début du mois de mai, j'ai fait procéder dans ma ville, pour cinquante équipements publics, au relevé des consommations d'énergie sur les trois dernières années. Les écarts sont, souvent, tout à fait considérables.
J'ai également fait relever les consommations de chauffage et d'eau chaude dans un foyer-résidence pour personnes âgées comportant soixante-huit logements, tous rigoureusement identiques et tous occupés par une personne seule. Les charges relatives à ces consommations variaient, pour les cas extrêmes, du simple au double.
La conjugaison de l'approximation des instruments de mesure, des incertitudes liées aux conditions climatiques et, surtout, du comportement des occupants rend tout affichage plus qu'aléatoire.
S'agissant de locaux neufs, les écarts entre les consommations annoncées et celles qui sont effectivement constatées seront inévitables, et pas toujours imputables au vendeur ou au bailleur.
S'agissant de locaux déjà occupés antérieurement, la référence aux consommations précédentes de chauffage et d'eau chaude ne peut pas être pertinente : selon le rythme de vie et la composition de la famille, les écarts pourront être extrêmement importants.
Les relations entre les vendeurs et les acquéreurs de biens immobiliers, d'une part, et entre les bailleurs et les locataires, d'autre part, sont souvent délicates et conduisent déjà dans la situation actuelle à de nombreuses actions contentieuses.
Les dispositions du projet de loi, relevant d'intentions auxquelles nous ne pouvons que souscrire, nourriront d'une manière significative, me semble-t-il, les litiges dont auront à connaître les tribunaux.
Nous sommes fondés à penser que le coût même de la consommation d'énergie peut plus avoir l'effet dissuasif qui permettra d'atteindre l'objectif recherché que des dispositions réglementaires difficilement applicables.
Je souhaite également, madame le ministre, attirer votre attention sur les préoccupations qui devront sous-tendre la rédaction du ou des décrets qui fixeront les conditions dans lesquelles l'ensemble des constructions devront comporter une quantité minimale de bois.
Elu d'un département sylvicole, je souhaite bien évidemment que la filière bois retrouve, au sein de notre économie, la place qui peut et qui doit être la sienne. Si l'usage du bois s'était perpétué conformément à la tradition, le problème de l'amiante ne se poserait pas avec la même acuité.
Il faut, cependant, s'abstenir de trop réglementer et laisser des espaces pour l'initiative et la créativité.
Il conviendra également de veiller à ne pas compliquer les procédures d'instruction des permis de construire, au moment où nos concitoyens aspirent à des relations plus simples avec l'administration et où les maires se trouvent confrontés à une réglementation de plus en plus complexe et contraignante.
Avant de conclure, permettez-moi d'évoquer, puisque l'occasion m'en est donnée, un problème qui rejoint notre réflexion sur la qualité de l'air et qui préoccupe de plus en plus gravement nos collègues élus des collectivités territoriales. Ils ont en charge la gestion des déchets ménagers.
La réglementation, mais aussi leur souci de l'environnement, en général, et de la qualité de l'air, en particulier, les conduisent à mettre en place des dispositifs de plus en plus complexes et de plus en plus coûteux, tant en investissement qu'en fonctionnement.
Pour incinérer moins et récupérer les matériaux valorisables, ils développent la collecte sélective à travers des réseaux de bennes, des déchetteries, des centres de tri et des ramassages supplémentaires de porte-à-porte. Les surcoûts de fonctionnement entraînés par ces actions sont considérables.
Par ailleurs, ils mettent en place, pour l'incinération des « refus de tri », des équipements de lavage de fumées de plus en plus performants. Or, les coûts de fonctionnement de ces équipements sont proportionnels à leur efficacité. Plus on retire de produits polluants, plus on a de quantités de résidus à « inerter » et à transporter vers une décharge de classe 1 où ils sont acceptés moyennant un prix en constante progression.
Actuellement, en milieu urbain et périurbain, les coûts globaux de gestion des déchets se situent entre 1 200 francs et 1 500 francs la tonne, soit 400 francs à 500 francs par habitant.
Il ne semble pas normal, dans ces conditions, que l'ensemble des services liés aux déchets ménagers reste assujetti à un taux de TVA de 20,6 %, alors que, pour les services de l'eau et de l'assainissement, ce taux a été ramené à 5,5 %.
Nous connaissons tous la situation délicate des finances de l'Etat, mais les collectivités territoriales éprouvent, elles aussi, les mêmes difficultés.
Il ne paraît pas équitable, dans ces conditions, que plus ces collectivités s'impliquent dans le combat pour un environnement préservé, plus l'Etat en tire des ressources supplémentaires.
Le seul accroissement du service des déchets ménagers, qui est actuellement considérable, compenserait très certainement, pour l'Etat, sur une période de deux à trois années, le différentiel entre le produit d'une TVA à 20,6 % et celui d'une TVA à 5,5 %.
Le projet de loi de finances pour 1997 est en voie d'être voté et il serait donc irréaliste d'attendre pour l'immédiat une décision qui réponde à l'attente des collectivités.
Mais si le Gouvernement annonçait, à l'occasion du très prochain congrès des maires, qu'une telle décision peut être espérée pour le 1er janvier 1998, cet engagement serait accueilli, à travers tout le pays, avec une intense satisfaction et un réel soulagement.
De nombreux acteurs participent activement au combat qui doit permettre à nos concitoyens, ceux d'aujourd'hui et ceux de demain, de respirer un air de bonne qualité.
Le projet de loi qui est soumis à notre approbation permet de coordonner ces actions, de tracer des orientations fortes et de disposer des outils réglementaires nécessaires à des avancées décisives. C'est la raison pour laquelle nous souhaitons que ce texte puisse entrer en application le plus rapidement possible. (Applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants et de l'Union centriste, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
M. le président. La parole est à M. Le Grand.
M. Jean-François Le Grand. Je profite de l'examen en deuxième lecture de ce projet de loi pour vous dire d'entrée de jeu, madame le ministre, combien les dispositions de ce texte sont ambitieuses, courageuses, nécessaires et salutaires.
Je le dis avec d'autant plus de force que vous avez élaboré ce projet de loi dans un climat de scepticisme et au milieu des « il y aurait à dire », comme on dit en Normandie ! (Sourires.) Mais vous savez ce qu'est la Normandie ! Lorsqu'on dit qu'il y aurait à dire, cela signifie que beaucoup de choses négatives sont à dire. Bref, vous avez réussi à résister à un certain nombre de groupes de pression, et vous avez tenu bon. Soyez-en félicitée, madame le ministre.
Je suis loin d'être un stakhanoviste de l'inflation législative, notamment en matière d'environnement. Si je dis cela, c'est parce que votre texte intervient après cinq autres lois consacrées à l'environnement depuis 1992 ; je le sais d'autant mieux que je fus rapporteur de deux d'entre elles.
Cela étant, je vous félicite, madame le ministre, pour ce texte attendu et d'une grande portée, qui constitue une véritable avancée : il prouve, si besoin était, que l'environnement est une préoccupation prioritaire du Gouvernement. Il est aussi l'affirmation que le Gouvernement traite au fond nos problèmes de société.
Je souhaitais rappeler les sondages qui ont été réalisés, mais mon excellent collègue et ami Charles Descours l'a fait avant moi. Par conséquent, je n'y reviens pas.
Cette priorité du Gouvernement est d'ailleurs confirmée et affichée dans le projet de budget pour 1997. Notre rapporteur l'a relevé ; il a montré qu'il existait, à l'évidence, une continuité forte entre l'intention et le financement de l'intention. En effet - et je tiens à le souligner à la veille du débat budgétaire au sein de notre Haute Assemblée - le budget de l'environnement augmente de 5,9 % ; votre ministère est ainsi l'un des rares ministères dont les crédits augmentent sensiblement.
Cette augmentation des crédits permettra de mettre en oeuvre la réforme sur l'air. Je pense, notamment, aux 200 millions de francs inscrits à votre budget, qui permettront de répondre aux besoins d'investissements, de fonctionnement et d'études, pour l'ensemble du dispositif de surveillance de la qualité de l'air, à l'échelon tant national que local.
Je ne reviendrai pas sur les nombreuses enquêtes menées depuis quelques années sur le niveau de pollution dans nos grandes agglomérations. Je rappellerai simplement que le coût médico-social journalier de la pollution de l'air approche les 14 millions de francs. Plus important encore, ce fléau de notre société est responsable de la mort de plusieurs centaines de personnes par an.
Ces réalités justifient l'urgence de votre projet de loi, qui répond clairement aux aspirations de nos concitoyens et à la nécessité de mettre en place une réglementation dissuasive et préventive.
J'aurais souhaité aborder un certain nombre de questions ; mais, là encore, mes collègues Daniel Eckenspieller et Charles Descours les ont déjà évoquées ; je n'y reviens donc pas, mais je m'associe à leurs propos.
Pour ma part, je développerai trois aspects de la lutte contre la pollution : l'aspect local, l'aspect national et l'aspect européen.
S'agissant tout d'abord de l'aspect local, lors de l'examen du projet de loi relatif à la protection de l'environnement de 1995, dont j'étais le rapporteur, j'avais proposé, notamment, d'introduire des représentants des élus locaux au sein de la commission nationale du débat public. J'avais souligné que la protection de notre environnement et la préservation de notre patrimoine se trouvaient au coeur de nos préoccupations en matière d'aménagement et de développement du territoire.
Aujourd'hui comme hier, je souhaite que l'élu local soit pleinement associé aux mesures préconisées dans votre projet de loi. J'insiste sur la nécessité d'impliquer plus fortement les élus locaux, notamment en ce qui concerne la surveillance de la qualité de l'air. Plus qu'un simple concours des collectivités locales, je souhaite une participation active et décisive des élus locaux, dans le respect de la libre administration des collectivités locales et des principes de la décentralisation.
J'exprime la même volonté pour les plans de déplacements urbains, dont l'élaboration revient avant tout, me semble-t-il, aux établissements publics de coopération intercommunale ou encore aux syndicats mixtes compétents. En effet, l'autorité compétente en matière d'organisation des transports urbains n'a pas le pouvoir de faire appliquer ce plan de déplacements dans un autre domaine que celui exclusif du transport - je parle sous le contrôle du vice-président de l'organisme compétent.
La collaboration active des élus locaux, et pas uniquement sur le plan financier, me paraît donc indispensable.
Pour ce qui est maintenant de l'aspect national de la lutte contre la pollution, je souhaite attirer votre attention sur une disposition de l'article 20, qui prévoit un décret fixant les conditions dans lesquelles les autorités administratives compétentes sont habilitées à prescrire les conditions dans lesquelles seront limitées, dans un délai de deux ans à compter de la publication de la présente loi, les émissions de composés organiques volatils liées au ravitaillement des véhicules dans les stations-service.
Or, sur le plan juridique, les stations-service sont soumises à la loi du 19 juillet 1976 relative aux installations classées. La présence de cette disposition dans le présent projet de loi n'a donc pas, me semble-t-il, de fondement juridique.
Par ailleurs, sur le plan économique, cette disposition oblige les stations-service à s'équiper en capteurs des émissions de vapeur, ce qui nécessite une mise en oeuvre technique lourde et un investissement financier très important : l'investissement moyen est évalué de 200 000 à 700 000 francs, selon l'importance des stations.
Enfin, en matière d'aménagement et de développement de notre territoire, cette mesure, qui a été adoptée par l'Assemblée nationale lors de la première lecture, paraît aller quelque peu à l'encontre de la volonté du Gouvernement de remédier au problème de la disparition rapide des stations-service, si j'en juge par les propositions qui ont été faites par M. Yves Galland, ministre délégué aux finances et au commerce extérieur : ont été précisément prévues, dans le cadre du projet de budget pour 1997, des mesures susceptibles d'aider plus efficacement au maintien de stations-service et de pompistes dans les zones rurales et semi-urbaines.
Une lecture rapide pourrait faire apparaître une certaine contradiction entre les deux séries de dispositions, alors qu'elles sont tout à fait conciliables, sous réserve de quelques modifications.
J'ai déposé un amendement sur ce sujet ; je sais que d'autres collègues l'ont fait également. Je suis prêt à retirer cet amendement au bénéfice des explications ou des assouplissements, que vous pourriez apporter, madame le ministre, sachant que cela procède à la fois du bon sens, du souci d'efficacité et de notre envie commune de voir aboutir des mesures de protection et de salubrité. Néanmoins, ces mesures doivent tenir compte des réalités économiques auxquelles sont confrontées lesdites stations-service. Je n'entrerai pas dans le détail de la nature de la concurrence qui sévit dans ce domaine.
J'aborderai, enfin, l'aspect européen de la lutte contre la pollution. La lutte contre la pollution atmosphérique suit, elle aussi, la mondialisation des échanges. Par conséquent, elle doit être menée non seulement à l'échelon national, mais également à l'échelon européen, voire, d'une façon beaucoup plus large, à l'échelon mondial.
Je ne m'attarderai ni sur le fait que la liberté de circulation des marchandises en Europe conduit nécessairement et irrémédiablement à l'harmonisation des normes de pollution ni sur le fait que les milieux naturels ignorent les frontières. Je relèverai plutôt la loyauté de concurrence entre les agents économiques dans une Europe ouverte, qui conduit à harmoniser les normes imposées aux entreprises industrielles.
Comment imposer, en effet, des normes contre la pollution atmosphérique à certaines entreprises industrielles sans demander le même effort à tous les Européens ?
Les mesures que vous proposez, madame le ministre, sont ambitieuses et courageuses. Elles doivent toucher tous nos partenaires européens. Sinon, nous assisterons à une sorte de dumping écologique qui aura comme conséquences directes des délocalisations et des licenciements massifs. Je ne reviendrai pas sur le dumping social ou sur le dumping économique : chacun sait de quoi il s'agit. Mais la non-harmonisation des normes en général entraîne ces effets pervers.
Les conséquences seraient d'autant plus graves que, par rapport à nos partenaires industriels européens, l'industrie française occupe une position favorable dans le domaine de la lutte contre la pollution atmosphérique.
Cette position favorable tient principalement à la progression très importante de l'électricité, en liaison avec le développement du nucléaire, au progrès de l'utilisation du gaz naturel et à la baisse de l'utilisation du fioul lourd, aux économies d'énergie provenant à la fois de l'évolution de l'industrie française vers des secteurs moins consommateurs et aux efforts consentis par les acteurs économiques, ou encore aux efforts accomplis par les industriels dans la réduction des émissions polluantes.
Je pourrais poursuivre sur ce sujet encore longtemps, un certain nombre d'illustrations pouvant venir conforter mon propos. Sachez simplement, madame le ministre, que, au Conseil de l'Europe, j'ai été chargé d'élaborer un rapport sur l'harmonisation des normes de pollution. Cette harmonisation tend, précisément, à éviter les délocalisations dues au dumping écologique.
Bien entendu, je suis prêt, très modestement, à la toute petite place qui est la mienne, à vous aider dans cette démarche d'harmonisation des normes européennes.
Toutefois, l'effort doit évidemment être consenti en premier lieu par le Gouvernement : celui-ci doit imposer aux autres Etats de l'Union européenne le non-dépassement d'un certain seuil de pollution et une égalité des chances entre nos différentes économies.
Il serait d'ailleurs inconcevable de considérer que, dans une certaine partie de l'Europe, on aurait le droit de respirer de l'air pur, alors que, ailleurs, en raison d'impératifs économiques, on serait irrémédiablement condamné à être asphyxié ou à supporter des problèmes d'ordre sanitaire.
Tels sont, madame le ministre, les trois points sur lesquels je souhaitais insister, les autres ayant déjà été traités par les intervenants qui m'ont précédé.
Vous me permettrez, à l'instar d'autres orateurs, de conclure comme j'ai commencé mon intervention. Votre projet de loi est courageux, il est tourné vers l'avenir et il se préoccupe des générations futures. Ce texte témoigne, en même temps, de l'esprit de réforme du Gouvernement. Dans l'ambiance de scepticisme qui règne, « cela ne nuit pas de le rappeler », comme l'on dit en Normandie ! (Applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants et de l'Union centriste, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
M. le président. La parole est à M. Richert.
M. Philippe Richert. Monsieur le président, madame le ministre, mes chers collègues, dans ce projet de loi, que nous examinons aujourd'hui en deuxième lecture, le Gouvernement s'est attaché à apporter des réponses à une préoccupation majeure de la population en étudiant les problèmes qui se posent non seulement à court terme, notamment en ce qui concerne la surveillance de la pollution, mais également à long terme.
Ce texte d'équilibre est important, car il n'essaie pas d'apporter, du jour au lendemain, des réponses définitives ; il ne donne pas le sentiment que tout peut être réglé d'un coup de baguette magique. De façon pragmatique, il permet de progresser dans la bonne direction.
Ce projet de loi prévoit des mesures concrètes et, surtout, il donne de la cohérence aux actions entreprises par ailleurs, et ce depuis longtemps.
En effet, nous savons bien, mes chers collègues, que les efforts réalisés en matière de réduction de la pollution atmosphérique ne datent pas d'aujourd'hui. Qu'il s'agisse du secteur industriel, des raffineries, des équipements des particuliers ou des véhicules automobiles, des efforts importants ont été accomplis pour diminuer les rejets dans l'atmosphère. Mais il fallait que ces efforts soient coordonnés, afin de donner une nouvelle dimension, une nouvelle ampleur à la lutte contre la pollution.
Le texte que vous nous présentez aujourd'hui, madame le ministre, répond pleinement à cet objectif. D'autant que les discussions qui ont eu lieu tant au Sénat qu'à l'Assemblée nationale ont permis de clarifier un certain nombre de points, de faire preuve, parfois, de plus d'ambition et de mieux répondre aux aspirations de la population.
Je ne reprendrai pas l'ensemble des points que nous avons, les uns et les autres, eu l'occasion de développer en première lecture. Je limiterai mon propos à ceux qui concernent les réseaux de surveillance de la pollution atmosphérique.
Vous le savez, je suis, depuis une dizaine d'années, l'un des trente présidents de réseau. Aussi, je voudrais m'exprimer en leur nom car, lors de la réunion qu'ils ont tenue à Montpellier voilà quelques semaines, ils se sont exprimés sur ce projet de loi et sur les amendements qui ont été adoptés par l'Assemblée nationale et par le Sénat. Vous le savez, ils ne mâchent pas leurs mots, ils disent ce qu'ils ont envie de dire. Mes propos seront donc très directs.
D'abord, je voudrais, madame le ministre, vous transmettre de leur part des remerciements et des félicitations pour avoir tenu bon. En effet, dégager aujourd'hui 200 millions de francs pour 1996 - même si je suis de ceux qui estiment que parfois ce n'est pas tout à fait suffisant - et réussir à faire inscrire la même somme au projet de budget pour 1997 me paraît très méritoire. A ceux qui s'interrogent sur la provenance de ces crédits, je réponds qu'ils ont le mérite d'exister, et tous les présidents de réseau de surveillance vous remercient unanimement de les avoir débloqués.
En ce qui concerne la surveillance de la qualité de l'air, trois réponses principales apportées par ce texte me paraissent satisfaisantes. D'abord, le maillage du territoire sera amélioré. Ensuite, le spectre des indicateurs mesurés, notamment en ce qui concerne les composés organo-volatils et les particules fines, qui sont deux critères importants, sera élargi. Enfin, une place plus importante sera faite à l'information.
Permettez-moi cependant d'exprimer quelques regrets et de tracer, dans cette discussion, quelques pistes de réflexion.
Le premier point, essentiel, concerne la pérennité des financements. Il est évident que ce problème présente une importance majeure, car aujourd'hui les associations, les structures de surveillance, peuvent engager des moyens financiers importants, mais sans savoir ce qu'il adviendra demain. En effet, si les associations recrutent du personnel - et elles ont grand besoin de le faire je ne reviendrai pas sur les insuffisances criantes que connaissent aujourd'hui nos réseaux de surveillance - que se passera-t-il si les crédits ne sont plus reconduits en 1998 ou au-delà ? Cette question est d'autant plus fondamentale que les collectivités territoriales, qui étaient nos partenaires jusqu'à présent, sont de plus en plus réticentes à s'engager financièrement, arguant du fait que désormais l'Etat consacre des crédits aux réseaux de surveillance. Il sera donc nécessaire d'insister auprès d'elles pour leur faire comprendre que l'accompagnement que, jusqu'à présent, elles nous offraient doit continuer.
En deuxième lieu, je voudrais insister sur le sentiment de satisfaction éprouvé devant la prise en compte de l'aspect sanitaire. Jusqu'à présent, en effet, on a travaillé dans le domaine de l'environnement, que ce soit pour la qualité de l'air ou pour d'autres problèmes, sans tenir compte des répercussions sur la santé. Or, pour la première fois, un projet de loi prend en compte pleinement cette dimension. Certes, cela présente un inconvénient car on commence à oublier qu'il est d'autres conséquences, en particulier au niveau de l'environnement. C'est pourquoi j'ai déposé plusieurs amendements visant à la prise en compte des aspects environnementaux des conséquences de la pollution atmosphérique. Je souhaiterais que tous ces amendements soient adoptés par notre assemblée, tout simplement parce que les charges critiques, c'est-à-dire les quantités de polluants qu'un sol, par exemple, peut recevoir avant d'être profondément transformé, sont un problème très important ; il s'agit donc ici de satisfaire à l'un des objectifs que vous avez souvent cités, madame le ministre, je veux parler du développement durable. On ne peut pas simplement s'occuper de santé. Certes, c'est très important, mais il faut aussi prendre en compte les répercussions sur l'environnement.
Par ailleurs, je souhaiterais que soit clairement précisée, dans ce texte, la prise en compte de la mesure de la présence des pollens. Je sais bien qu'il ne s'agit pas d'un polluant au sens que nous avons arrêté aux articles 1er et 2. Cependant, il me paraît nécessaire de faire figurer dans le texte la mesure des pollens. Les conséquences sur la santé sont très importantes, vous le savez bien, car nombre de personnes souffrent d'allergies qui sont liées aux pollens. Pouvoir mesurer les concentrations de pollens dans l'air et faire une information en conséquence sera une avancée intéressante.
J'en viens à l'information. Le texte tel qu'il résulte des travaux de l'Assemblée nationale précise que l'information au quotidien sera faite par le préfet ou par les autorités responsables. Cette information doit être confiée aux réseaux de surveillance. Bien sûr, lorsque les niveaux d'alerte, les niveaux d'information sont dépassés, cela est relayé pour être de la responsabilité du préfet et des autorités. Je considère donc que, au quotidien, cette information doit relever des réseaux de surveillance de la pollution atmosphérique.
Par ailleurs, j'avais essayé, en première lecture, de faire prendre en compte le fait que la loi de 1961, que nous réécrivons, devait aussi s'occuper de la radioactivité. Cet amendement n'a pas été adopté. Je souhaiterais dire à nouveau qu'il n'y a aucune raison pour que la préoccupation que nous exprimons en matière de pollution atmosphérique physico-chimique ne soit pas relayée aussi pour tout ce qui concerne la radioactivité. Je souhaiterais vraiment que l'on se préoccupe de cet aspect afin que tout ce qui concerne la radioactivité soit aussi pris en compte par la suite sur le plan législatif.
Enfin, j'évoquerai le conseil national de l'air. C'est un point sur lequel je m'étais déjà exprimé en première lecture. Vous m'aviez alors dit, madame le ministre, qu'il était tout à fait possible de répondre à cette préoccupation par la voie réglementaire. Je reviens sur ce point en précisant que le comité national de l'eau a été créé par voie législative, à savoir la loi n° 64-1245 du 16 décembre 1964. Il me paraît tout à fait souhaitable de faire la même chose en ce qui concerne l'air, qui est, comme vous l'avez rappelé tout à l'heure, une préoccupation très importante pour la population. C'est la raison pour laquelle je me suis permis de déposer à nouveau un amendement visant à créer ce lieu de concertation, cet organisme de consultation, qui serait tout à fait utile pour notre pays et pour nos concitoyens.
En ce qui concerne les désagréments, il est nécessaire, aviez-vous dit, madame le ministre, de veiller à ce que tout ce qui se passe dans le domaine de l'air soit fait avec l'assurance que les chiffres donnés et les résultats obtenus soient conformes à des degrés de qualité que nous sommes aujourd'hui obligés de respecter.
Je voudrais vous informer, du haut de cette tribune, que l'association de surveillance de la pollution atmosphérique en Alsace vient d'obtenir un double agrément : d'une part, celui de l'AFAQ - Association française de l'assurance qualité - avec la certification ISO 9002 ; d'autre part, celui de la COFRAC, qui permet d'avoir une certification en ce qui concerne les qualifications du personnel. Ces deux agréments démontrent la volonté des associations d'aller de l'avant, d'être des partenaires qui répondent aux objectifs que le Gouvernement a fixés dans ce projet de loi, à savoir donner des résultats qui soient conformes aux besoins de qualité que nous exprimons.
Certains intervenants ont souhaité que, du jour au lendemain, on puisse répondre pleinement à tous les besoins et ont évoqué des moyens illimités.
S'agissant de l'air, il ne faut pas donner le sentiment que l'on peut avoir des réponses définitives, au coup par coup ou de façon immédiate. Cela n'est pas possible, d'abord, bien sûr, parce que les moyens financiers ne le permettent pas. Ce n'est pas possible non plus pour des raisons purement pratiques, et je prendrai un exemple. Un intervenant a proposé de modifier la circulation automobile autour des écoles. Or, la grande difficulté tient à ce que l'air n'a pas de frontière. Si vous déplacez la circulation de cent mètres, la conséquence au niveau de la qualité de l'air dans la cour de l'école sera minime. Comme l'ont montré les expériences qui ont été menées sur l'ensemble du territoire, un déplacement de cent mètres ou de deux cents mètres de la circulation automobile est pratiquement sans conséquence sur la qualité de l'air de proximité.
Le problème de fond, c'est d'engager une démarche de longue durée. Avec le projet de loi que Mme le ministre a présenté et sur lequel les commissions et leur rapporteur ont fort bien travaillé, nous disposerons d'un texte qui s'inscrit dans la durée et qui nous donnera les moyens d'obtenir des résultats effectifs dès à présent, mais aussi dans les mois et les années à venir. Merci, madame le ministre. C'est donc avec confiance que nous allons examiner les amendements qui sont présentés aujourd'hui. (Applaudissements sur les travées de l'Union centriste, du RPR et des Républicains et Indépendants, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
M. le président. La parole est à M. Hérisson.
M. Pierre Hérisson. Madame le ministre, avant votre action courageuse consistant à élaborer et à soumettre au Parlement un projet de loi sur l'air et l'utilisation rationnelle de l'énergie, et bien des années avant l'excellent rapport de mon collègue et ami M. Philippe François, Montesquieu écrivait : « Je ne demande rien à l'Etat, ni pension, ni rente, ni prébende, mais qu'au moins l'air que je respire, il me le laisse propre ! »
Mme Joëlle Dusseau. Il prenait sa voiture électrique pour rentrer à Bordeaux ! (Sourires.)
M. Pierre Hérisson. Propulsées ces dernières années sous les feux de l'actualité par le phénomène des « pics de pollution » en zones urbaines, les préoccupations relatives à la qualité de l'air ne sont pourtant pas nouvelles.
Parmi toutes les mesures de protection des milieux naturels prises en tant que telles, il est clair aujourd'hui que la protection de l'air doit être une préoccupation majeure du législateur.
La nécessité de protéger la vie humaine, ainsi que cet environnement sans lequel nous ne pourrions pas parler d'avenir, justifie la recherche d'une maîtrise, mais, surtout, d'une réduction des sources de pollution. L'absence de certitudes scientifiques formelles ne saurait évidemment constituer un motif d'inaction pour les pouvoirs publics.
Madame le ministre, je voudrais vous rendre hommage, car, parmi les ministres de l'environnement, vous êtes le premier qui ait réussi à proposer au Parlement un important projet de loi sur l'air, alors que, depuis longtemps, cette préoccupation fait l'objet d'un large consensus dans notre pays.
Toutefois, cet important projet de loi tel qu'il revient de l'Assemblée nationale mérite d'être accompagné des moyens financiers nécessaires à sa concrétisation et à son application.
Il est donc impératif de déterminer au mieux les objectifs à atteindre et, surtout, de bien mesurer l'efficacité des moyens que l'on souhaite leur affecter.
Face aux enjeux de santé publique et de qualité de vie, il s'avère indispensable de prendre des mesures correctives, même si les dangers réels ne correspondent pas toujours à la façon dont ils sont ressentis.
Votre projet de loi, madame le ministre, par son aspect novateur prévoit des politiques publiques véritablement alternatives, c'est-à-dire à la fois écologiquement et économiquement fondées.
Mais la loi seule ne peut pas tout. Elle est un instrument au service de la volonté politique. Elle est de disposition générale.
S'agissant des moyens de motorisation et particulièrement des transports en commun, il faut, - je ne sais pas si l'expression a encore toute sa valeur aujourd'hui - « prendre le taureau par les cornes ». Mais cela a un coût : les transports collectifs tout électrique. L'idée n'est pas nouvelle et son application non plus. Silencieux, automatiques et non polluant, les autobus électriques doivent incarner l'avenir dans les zones urbaines.
Tournons-nous d'abord vers ces transports en commun, mais aussi vers les transports par route de marchandises et trouvons une forme de rééquilibrage avec la voie ferrée et les moyens de transports différents de ce mode de transport individuel de marchandises qui s'est développé ces dernières années.
Je voudrais également dire, à ce point de mon propos, que l'on ne peut pas laisser croire que les automobilistes ont la responsabilité essentielle des problèmes de pollution.
Dans le domaine de l'usage collectif des énergies, il est plus facile aujourd'hui, et notre devoir nous le commande, d'intervenir en direction de ceux qui ont la gestion de la consommation de l'énergie à usage collectif. Il est plus facile d'intervenir auprès des sociétés de transports en commun, auprès de ceux qui sont chargés d'assurer le chauffage et l'approvisionnement en eau chaude des grandes zones urbaines pour imposer - car il faudra, je crois, en arriver là - notamment un calendrier de transformation des chaufferies au fioul en chaufferies au gaz naturel, et le recours à des moyens plus satisfaisants sur le plan écologique.
Il faut également dire aux organisateurs de transport et à tous ceux qui sont chargés de gérer des parcs captifs qu'ils ont beaucoup plus de facilités et de possibilités aujourd'hui, s'agissant des moyens à mettre en oeuvre au-delà de ceux qui sont nécessaires à la mise en oeuvre du contrôle et de la mesure. Il faut prévoir, pour les organisateurs de transport et les utilisateurs, des moyens d'incitation. Il faut aussi prévoir un soutien financier pour transformer les parcs captifs.
L'orientation ou la réorientation dans ces domaines permettrait à la fois une sensibilisation des populations et une couverture médiatique à l'égard d'une chose dont l'intérêt, du point de vue tant économique qu'écologique, est démontré.
Je souhaite enfin évoquer le problème du diesel. La France, seul pays capable d'inventer le cheval fiscal - les autres pays n'ont que des chevaux de course ou des chevaux de trait ! (Sourires.) - on pourrait peut-être trouver la manière de rééquilibrer économiquement les moyens de motorisation entre les différentes sources d'énergie, et ce sans commettre une nouvelle fois l'erreur qui a abouti à ce que l'utilisation du diesel pour les véhicules légers soit motivée uniquement par des raisons d'intérêt économique.
L'amélioration de la qualité de l'air passe aussi, à mon avis, par la possibilité pour les automobilistes de pouvoir disposer, dans les mêmes conditions financières, de véhicules individuels utilisant des sources d'énergie telles que le biocarburant, et par la mise en oeuvre plus facile des pots catalytiques ; n'oublions pas, d'ailleurs, que de grands progrès peuvent être réalisés en matière de moteur propre, afin d'obtenir de bien meilleurs résultats dans ce domaine.
Enfin, j'en viens à l'amendement que j'ai déposé au nom de mes collègues membres de l'Association des maires de France : il vise à prévoir la nécessité de l'avis conforme des établissements publics de coopération intercommunale pour l'élaboration des schémas directeurs.
Alors que le projet de loi a prévu la compatibilité entre les schémas directeurs et les plans de déplacements urbains, il semble, de l'avis de l'Association des maires de France, que ce soit insuffisant et que l'avis conforme permettrait d'éviter à la fois les « irréductibles villages gaulois » (Sourires.), en forçant à une cohérence en matière d'aménagement du territoire dans les grandes agglomérations, et les blocages pouvant parfois survenir dès lors qu'une minorité ne veut pas s'intégrer dans les schémas directeurs nécessaires à notre avenir en termes d'aménagement du territoire.
Madame le ministre, ce projet de loi est un grand début de protection de ces deux éléments nécessaires à la vie que sont l'air et l'eau. L'histoire se souviendra, à mon avis, que vous avez été la première à prendre les dispositions nécessaires à cet égard. (Applaudissements sur les travées de l'Union centriste, du RPR et des Républicains et Indépendants, ainsi que sur certaines travées du RDSE.).
M. le président. La parole est à M. Souplet.
M. Michel Souplet. Monsieur le président, madame le ministre, mes chers collègues, j'aurais pu faire un rappel au règlement au début de cette séance pour élever une vive protestation contre un événement survenu hier. Mais, avec l'autorisation de M. le président, c'est à cet instant que je ferai part au Sénat de mon indignation.
S'il est évident que le projet de loi sur la qualité de l'air dont nous discutons aujourd'hui a suscité de multiples réactions et de très nombreuses polémiques, sur un mode parfois très vif, il n'est pas moins vrai que l'émission « Etats d'urgence », animée hier soir par M. Jean-Marie Cavada et portant sur le sujet de la vache folle, émission dont les différentes chaînes de radio et de télévision se sont fait l'écho ce matin, a profondément choqué le monde agricole et rural, notamment ses représentants au sein de la Haute Assemblée.
M. Jean-François Le Grand. Très bien !
M. Michel Souplet. Sous prétexte de liberté d'information, ce journaliste se permet de tronquer le dossier, de tricher en ne présentant que les aspects négatifs.
M. Jacques Machet. Tout à fait !
M. Michel Souplet. Il est des images qui frappent et qui choquent.
M. Jacques Machet. Oui !
M. Michel Souplet. Quand, sur cent agriculteurs, quatre-vingt-dix-neuf font des efforts importants de mise aux normes, de qualité, de propreté, et que c'est le centième, qui n'a pas fait grand-chose, qui est photographié, c'est alors de la désinformation ! (Très bien ! et applaudissements sur les travées de l'Union centriste, du RPR et des Républicains et Indépendants, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
La liberté d'information n'autorise pas de telles tricheries.
M. le ministre de l'agriculture n'a pas eu accès au plateau. On lui avait proposé une interview dans son bureau ; mais, n'ayant pas été autorisé à connaître le montage, il a préféré à juste titre s'abstenir, car c'eût été de l'hypocrisie. (Très bien ! et applaudissements sur les mêmes travées.)
M. François Giacobbi. Ce sont des propagandistes !
M. Michel Souplet. C'est de la désinformation qui poignarde, une fois de plus, un secteur économique important en crise.
Les efforts considérables réalisés par le monde agricole dans tous les secteurs, en particulier en matière d'élevage, pour s'adapter aux conditions économiques modernes méritaient, à mon avis, beaucoup plus de considération ; je trouve donc scandaleux ce manque total d'objectivité ! (Très bien ! et applaudissements sur les mêmes travées.)
Je souhaite, madame le ministre, que le message soit transmis !
C'est pour deux raisons que j'ai souhaité intervenir brièvement sur le texte important dont nous discutons aujourd'hui.
Tout d'abord, la Haute Assemblée m'a désigné, depuis plusieurs années, comme administrateur de l'ADEME, et j'ai participé à la fusion des anciennes agences en une seule ainsi qu'au travail considérable réalisé par des personnels extrêmement compétents sur l'ensemble du territoire.
Par ailleurs, depuis plus de dix ans, je préside le groupe sénatorial chargé de rechercher des utilisations non alimentaires à la production agricole croissante, en particulier comme carburants de substitution non polluants. Mon ami Jacques Machet et moi-même nous sommes beaucoup investis dans ce dossier qui, je le reconnais, a beaucoup progressé. Mais il nous a fallu lever certains tabous et nous battre face à des géants qui n'entendaient pas partager leur monopole.
Si les agriculteurs et les industriels se sont mobilisés, en particulier depuis le premier forum européen des biocarburants, voilà deux ans à Tours - le second vient d'avoir lieu en Autriche - en revanche les progrès réalisés en termes d'orientation politique, notamment en ce qui concerne la fiscalité et la reformulation des carburants, nous paraissent encore quelque peu insuffisants.
Je tiens cependant à rappeler les déclarations de M. Alain Juppé, Premier ministre, à l'issue de la conférence agricole annuelle, le 8 février dernier, concernant le projet de loi sur l'air et l'utilisation rationnelle de l'énergie : « Cette loi mentionnera de façon explicite que l'incorporation d'oxygène dans les carburants sera rendue obligatoire avant la fin du siècle. » Je souhaite que cela se passe dès 1997, si possible.
M. Alain Juppé ajoutait : « La fiscalité dérogatoire dont bénéficient les biocarburants sera réduite progressivement, au fur et à mesure de l'augmentation de leurs utilisations et en liaison avec l'amélioration progressive de la rentabilité économique de la filière ».
Ces propos du Premier ministre montrent bien la volonté du Gouvernement de renforcer la lutte contre la pollution atmosphérique. Ce projet de loi a ouvert comme prévu la porte à l'incorporation de l'oxygène dans l'essence. De plus, un amendement visant à imposer la reformulation des carburants a été adopté en première lecture.
Même si tout cela est positif, je voudrais néanmoins insister sur quelques points, ce projet de loi devant être l'occasion de prendre des décisions politiques fortes, et le secteur des biocarburants attendant des décisions politiques rapides.
Je pense ainsi à l'application plus ou moins rapide du texte qui sera voté : si la fin du siècle est somme toute assez proche, on ne peut cependant, à mon avis, attendre l'année 2000 pour la publication des décrets d'application. C'est maintenant qu'il nous faut, comme c'est le cas dans la grande majorité des pays européens, mettre en place une politique de l'environnement ambitieuse et cohérente.
Quand je parle de politique environnementale ambitieuse, je pense que la France est en avance sur certains pays européens sur ce point. Le programme ALTENER de l'Union européenne vise 5 % de parts du marché des carburants par les biocarburants en 2005. Ce marché s'ouvrira essentiellement pour des raisons environnementales, c'est-à-dire l'incorporation d'oxygène dans les carburants et de nouvelles défintions de ceux-ci pour les rendre moins polluants.
Une directive est en préparation à Bruxelles sur ce sujet. La loi sur l'air en France peut et doit engager le processus qui permettra d'envisager les investissements nécessaires à la production des composants oxygénés indispensables pour satisfaire aux nouvelles compositions des carburants.
Par ailleurs, le débat sur l'impact sur la santé d'une reformulation des carburants est d'autant plus important que le monde pétrolier met en avant les émissions d'aldéhyde comme un élément défavorable à la pénétration des produits oxygénés en général, et des biocarburants en particulier. Or cette reformulation vise à remplacer des émissions de benzène classé cancérigène et très toxique. On nous parle de nous « gratouiller » la langue ou le fond de la gorge avec un produit, mais quand c'est cancérigène, on laisse « filer » ! Or, le benzène est tout de même extrêmement dangereux !
Bien souvent, les études menées se situent dans une perspective donnée, ce qui est parfois compréhensible ; mais cette recherche d'un objectif particulier - je pense à celui des compagnies pétrolières - peut fausser l'appréciation globale environnementale de cette étude.
Je me bornerai à donner des indications rapides sur quelques paramètres.
En ce qui concerne l'apport d'oxygène, la caractéristique première des biocarburants, que ce soit l'ETBE, l'éthyle-tertio-butyle-éther, ou lester méthylique de colza, est d'améliorer les conditions de la combustion, par leur apport en oxygène, ce qui me paraît profondément intéressant.
S'agissant de l'impact sur l'effet de serre, les biocarburants contribuent à diminuer cet effet qui est lié à la teneur en CO2 de l'atmosphère. A cet égard, les bilans énergétiques des deux filières éthanol ETBE ou ester méthylique de colza sont très favorables ; cette question longtemps mise en avant par les détracteurs des biocarburants n'est plus jamais soulevée maintenant.
Par ailleurs, l'introduction d'ester méthylique de colza dans le gasole permet de réduire le taux de souffre et d'émission de particules de façon très importante. Sachez qu'une utilisation de 25 % de biodiezel dans le gasole permet de supprimer le rejet de particules et d'améliorer la qualité de l'air derrière les autobus. D'ailleurs, de très nombreuses villes en France ont aujourd'hui adopté le système de carburants mixtes, en incorporant entre 10 et 25 % de dyester dans les carburants des autobus.
J'en viens aux oxydes d'azote, le Nox.
Dans le débat confus qui les a opposés à plusieurs reprises aux tenants des biocarburants, certains pétroliers ont insisté récemment sur l'importance de ce paramètre.
Certes, les oxydes d'azote peuvent être irritants pour les voies respiratoires. Il convient donc d'en limiter l'émission ; mais le danger, comparé à celui du benzène, est très marginal.
Si l'on reproche aux biocarburants d'être peu performants en cycle péri-urbain, le bilan est en revanche beaucoup plus favorable en cycle urbain. Par conséquent, faire le choix, en matière de Nox, d'un cycle global dans lequel on intègre l'un et l'autre relève d'une démarche qui n'est peut-être pas objective.
Faut-il rappeler, enfin, les accords passés entre la profession agricole et les compagnies pétrolières, Elf Aquitaine et Total en particulier, pour la construction d'usines de production de carburants agricoles ?
Actuellement, trois usines situées à Feyzin, à Gondreville et à Dunkerque, fabriquent 700 000 hectolitres d'ETBE ; elles en produiront 1 200 000 l'année prochaine.
Quant à l'ester méthylique de colza, cinq usines produisent 280 000 tonnes de carburant. Deux autres usines sont en construction, ce qui, l'année prochaine, doublera la possibilité de fabrication actuelle. Traduit en hectares, cela fait plus de 250 000 hectares transformés en 1996 et plus de 300 000 en 1997.
Par ailleurs, il existe un engagement contractuel de livraison entre les pétroliers et les agriculteurs, qui garantit ainsi la pérennité du système.
En 1992, j'avais déposé une proposition de loi visant à l'incorporation obligatoire de 5 % de carburant d'origine agricole dans tous les carburants, texte qui a été adopté à l'unanimité. En la déposant, nous savions pourtant très bien que cette proposition de loi était contraire à la réglementation européenne. Le vote a cependant eu pour effet positif de rapprocher les pétroliers et les producteurs agricoles et de permettre que des politiques contractuell l de prévoir également des dispositions permettant de réduire la pollution urbaine qui résulte du parc actuel. Or, l'utilisation de gazole à teneur spécifique en oxygène par les « flottes captives » urbaines peut contribuer à atteindre cet objectif. L'intérêt de cette option serait d'avoir un effet immédiat sur la qualité de l'air et de pouvoir être mise en oeuvre immédiatement, sans qu'aucun investissement supplémentaire soit nécessaire.
Tel est le souci de mon intervention, madame le ministre. Vous avez fait vous-même de gros efforts, et nous voterons donc le projet de loi que vous nous soumettez, amélioré par les quelques amendements que nous essayerons de faire adopter par le Sénat. (Très bien ! et applaudissements sur les travées de l'Union centriste, du RPR et des Républicains et Indépendants, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
M. le président. La parole est à Mme Dusseau.
Mme Joëlle Dusseau. Monsieur le président, madame le ministre, mes chers collègues, rien n'illustre mieux la force et la faiblesse de ce projet de loi sur l'air et l'utilisation rationnelle de l'énergie que le long débat qui a eu lieu à l'Assemblée nationale en première lecture sur le premier alinéa de l'article 1er. La rédaction initiale de celui-ci posait que « chacun a droit à respirer un air qui ne nuise pas à sa santé ». On sait ce qu'est devenu ce texte : « L'Etat et ses établissements publics, les collectivités territoriales et leurs établissements publics ainsi que les personnes privées concourent, chacun dans le domaine de sa compétence et dans les limites de sa responsabilité, à une politique dont l'objectif est la mise en oeuvre du droit reconnu à chacun à respirer un air qui ne nuise pas à sa santé. »
On est donc passé prudemment du droit à la mise en oeuvre de ce droit. Vous me direz bien entendu, madame le ministre - mais peut-être ne le pensez-vous pas - qu'il vaut mieux une loi mettant en oeuvre un droit plutôt qu'une loi se bornant à affirmer celui-ci. Si cette modification était à mon avis nécessaire, elle illustre cependant les difficultés que vous avez rencontrées pour l'élaboration de ce projet de loi.
La référence à la santé est donc au coeur de l'article 1er, et cela n'est pas indifférent au membre de la commission des affaires sociales que je suis.
On compte aujourd'hui, dans les grandes agglomérations, un décès lié à la pollution de l'air pour 1 000 habitants, alors que vingt et une agglomérations regroupent en France 20 millions de personnes. Par ailleurs, on enregistre 5 700 hospitalisations annuelles pour affections respiratoires attribuables à la pollution causée par les véhicules automobiles, les victimes étant principalement les personnes âgées, les personnes souffrant de maladies cardio-vasculaires ou cardio-respiratoires et les enfants, qui, en raison de leur petite taille, sont exposés à une pollution supérieure de 30 % à celle que subissent les adultes. Cela pose d'ailleurs, au passage, la question des seuils de pollution, tant en ce qui concerne les procédés de captage que la définition des niveaux, qui sont calculés pour le « tout-courant », si j'ose dire, et n'intègrent pas forcément les caractéristiques propres aux personnes fragilisées par l'âge, par la maladie ou par la taille.
La pollution de l'air a aussi son coût, un coût global évalué par le ministère de l'environnement à 50 milliards de francs annuels. Je sais bien qu'il n'est pas d'usage, dans nos pays démocratiques, de faire une comptabilité globale : on travaille toujours par secteur et par ministère. Je crois cependant que la réflexion sur les grands sujets de société et sur le coût global que représente tel ou tel de ces grands sujets est importante.
Puisque nous sommes en deuxième lecture, je ne rappellerai que pour mémoire l'importance de la pollution et les conséquences qu'elle peut avoir sur l'écosystème de notre planète. Je veux notamment parler ici des trous dans la couche d'ozone et de l'effet de serre.
Je veux saluer ici votre pugnacité, madame le ministre, mais aussi les limites contenues dans l'intitulé du texte que vous nous soumettez : il s'agit d'un « projet de loi sur l'air et l'utilisation rationnelle de l'énergie ». En matière de santé ou d'écosystème, le problème n'est pas dans la « rationalité de l'utilisation », il est dans la quantité d'énergie produite et dans sa nature, donc dans sa maîtrise. Que, pour l'intitulé du proje s. Il s'agit d'un projet d'aval et non d'un projet d'amont. Il comporte peu de propositions sur la toute-puissance de la voiture individuelle, sur un éventuel report du transport routier sur le transport ferroviaire. Pourtant, il est urgent de donner une vraie priorité aux transports en commun et de transférer les transports routiers sur le rail, beaucoup moins polluant et beaucoup plus sûr, d'autant que la France dispose d'un très bon réseau ferroviaire et qu'il est sous-utilisé.
Qu'il s'agisse d'un projet de loi d'aval et non d'un projet d'amont, rien ne l'illustre mieux que l'absence de réflexion sur le diesel. L'un de nos collègues a prudemment évoqué cette question tout à l'heure, et je voudrais en dire un mot ici.
J'ai été choquée, à l'issue de la première lecture, de lire dans la presse que les opérateurs des industries automobiles avaient été tranquillisés au cours de leurs auditions devant les commissions du Sénat. Tel journal titrait d'ailleurs : « Satisfaction chez les constructeurs automobiles par rapport au diesel ».
C'est un lourd héritage qui est plus que multidécennal et un problème typiquement franco-français, mais il faudra bien que, un jour ou l'autre - et je crois que l'examen de ce projet de loi sur l'air aurait pu nous en fournir l'occasion - nous tentions de corriger cette politique ancienne et toujours maintenue qui favorise le diesel sur le plan financier et fiscal et qui a fait de la France le pays le plus dieséliste d'Europe. Même si elles sont en baisse, les immatriculations de véhicules diesel en France constituent encore aujourd'hui plus de 40 % des immatriculations totales, contre une moyenne européenne de 22 %. Nous sommes donc deux fois plus utilisateurs de diesel que l'ensemble de nos partenaires européens. Or, on le sait bien, non seulement le diesel dégage plus de particules, mais celles-ci sont plus fines et plus difficiles à filtrer. De plus, 80 % des particules émises à l'échappement par les voitures le sont aujourd'hui par les voitures équipées d'un moteur diesel.
On perçoit bien là les limites d'un projet de loi qui, s'il comporte des dispositions très intéressantes, demeure tout de même très marginal ou ponctuel.
Il en est ainsi de l'obligation qui y figure d'utiliser une quantité minimale de matériaux de bois dans les constructions. Originaire du Sud-Ouest, où se trouve la première forêt européenne, je ne vais pas m'en plaindre ! Mais, tout de même, aborder des points aussi minimes, aussi précis, et ne pas traiter un problème aussi fondamental que le diesel me paraît assez paradoxal !
Ce projet de loi a, certes, des objectifs, quatre verbes l'illustrent bien : prévenir, surveiller, réduire et supprimer. Mais, on le constate, ce texte vise essentiellement la fonction de surveillance. C'est une très bonne chose, c'est positif, mais c'est un peu court ! Je n'en mésestime pas l'intérêt, pas plus que celui des plans de déplacement urbain, qui sont d'ailleurs déjà mis en oeuvre dans de grandes agglomérations, mais, je le répète, c'est un peu court.
Certes, en cas de dépassement des seuils de pollution, il sera interdit d'utiliser les voitures individuelles et les transports en commun seront gratuits. Mais le débat qui a eu lieu sur ce sujet a surtout eu un effet médiatique : chacun sentant, même au sein de la majorité, que ce projet était bon dans son principe mais un peu léger sur le fond, on nous a présenté un amendement dont l'effet de vitrine était incontestable, même si le dispositif proposé est utile.
Réfléchissons cependant car cet amendement qu'a repris l'Assemblée nationale a un coût et, comme d'habitude, quand il y a un coût, il est pris en charge par les collectivités locales. Par ailleurs, comme l'a souligné notre collègue M. Descours, un jour ce sera gratuit, un autre jour non. Qu'est-ce que cela veut dire ? Les gens ne prennent pas les transports en commun pour des raisons financières ! Or on les incite à laisser leur voiture parce que, ce jour-là, les transports seront gratuits. Très sincèrement, pensez-vous que les gens, aujourd'hui, prennent leur voiture pour des raisons financières, parce que le transport collectif est trop cher ? Bien sûr que non ! Chacun prend sa voiture pour des raisons diverses : commodité, mauvaise organisation des transports en commun - car vous vous référez toujours à Paris, mes chers collègues, mais les grandes agglomérations de province ne disposent pas toujours de réseaux de transports en commun performants ! - ou encore raisons psychoculturelles. Mais les raisons ne sont pas financières !
Outre qu'il aura un coût pour les collectivités locales, cet effet d'annonce ne me paraît donc pas très judicieux sur le plan psychologique vis-à-vis de la population et il masque l'absence de moyens mis en place par l'Etat.
Effectivement, à la lecture de ce texte, on se rend compte que l'Etat ne consacrera qu'une somme extrêmement limitée à la mise en oeuvre des dispositions qu'il nous propose et que leur prise en charge incombera principalement aux collectivités locales, notamment par le biais de la vignette.
Enfin, je dirai quelques mots de la voiture électrique. On parle beaucoup de la diminution de la pollution. Mais la meilleure façon de la diminuer n'est-elle pas de ne pas la produire ?
M. François Giacobbi. Très bien !
Mme Joëlle Dusseau. Merci, mon cher collègue, de me conforter dans cette idée !
Aujourd'hui, le développement de la voiture électrique est freiné par un certain nombre de difficultés : coût global, coût de location des batteries, absence d'autonomie. Une action forte de l'Etat auprès des constructeurs devrait être menée dans ces trois domaines afin que les prix baissent et que les recherches se développent. L'autonomie de ces voitures doit en effet devenir plus crédible auprès des utilisateurs potentiels. Un signal dans ce sens me paraissait nécessaire, mais il ne figure malheureusement pas dans ce projet de loi.
Ce projet de loi contient de bonnes intentions, que vous avez portées, madame le ministre, avec un courage et une pugnacité sans faille auxquels nous rendons hommage.
Y sont affirmés des principes justes qui vont dans la bonne direction. Mais il contient aussi des limites fortes. C'est pourquoi les sénateurs radicaux socialistes membres du groupe du RDSE s'abstiendront.
M. Jean-François Le Grand. C'est dommage ! Vous avez raté une occasion ! (Sourires.)
M. le président. La parole est à M. Minetti.
M. Louis Minetti. Monsieur le président, madame le ministre, mes chers collègues, le texte qui nous est soumis en deuxième lecture a été sérieusement modifié par l'Assemblée nationale. Les remarques que pouvait formuler en première lecture mon collègue et ami Félix Leyzour demeurent donc, et pourraient même être aggravées.
L'article 1er de ce texte, qui énonçait le droit pour chacun de respirer un air qui ne nuise pas à sa santé, a subi un remaniement qui le vide peu ou prou de sa substance, Mme Dusseau vient de développer longuement cette question..
A l'inverse, les modifications nécessaires ont été apportées en termes de prévention, notamment dans l'hypothèse d'un dépassement des seuils de pollution.
Nous faut-il en conclure que ce texte sera de nature à améliorer de façon sensible la qualité de l'air que nous respirons ? Nous sommes loin de ce qui aurait été nécessaire, mais, je le reconnais bien volontiers, ce projet de loi a au moins le mérite d'exister, d'autant que nous ne partons pas de rien : de réels efforts ont été accomplis en matière de prévention pour ce qui concerne les nuisances liées à l'industrie, encore que de nombreux salariés soient atteints de maladies professionnelles dues, directement ou indirectement, à la pollution de l'air dans leurs entreprises. Au demeurant, nous savons tous que cela date non pas d'hier mais de plusieurs décennies déjà.
Aujourd'hui, l'essentiel des efforts à faire repose sur une politique des transports ambitieuse et bien différente de celle qui est conduite actuellement. Or le volet relatif aux transports est singulièrement absent du projet de loi qui nous est soumis, ce qui limite la portée de ses principales dispositions. Je le regrette.
Les conséquences sur la santé publique des nuisances provoquées par l'utilisation massive du déplacement automobile et par l'accroissement exponentiel du transport par route sont aujourd'hui connues. Notre collègue Pierre Hérisson les a d'ailleurs évoquées tout à l'heure.
Je souhaiterais que vous puissiez nous dire tout à l'heure, madame le ministre, si des études sérieuses, accompagnées des comparatifs nécessaires, ont été menées dans les principaux domaines suivants : les industries en général et les pollutions domestiques, les centrales à charbon par rapport au pétrole et au nucléaire, le nombre de passagers transportés par voiture et par rail, voire tout simplement par les transports collectifs, le volume des marchandises transportées par route et par rail. Quel bilan peut-on dresser pour chacun de ces postes quant à leur influence sur la pollution atmosphérique ? Il serait très instructif de le savoir. A ma connaissance, aucune enquête circonstanciée n'a été effectuée sur ces questions. S'il y en a eu une, j'aimerais en connaître les résultats, de même sans doute que le Sénat tout entier. Sinon, entendez-vous commander une telle enquête ?
Ces conséquences appellent une politique ambitieuse en matière d'aménagement du territoire et d'utilisation rationnelle des transports, avec notamment le développement du transport collectif public et le développement de l'intermodalité route-rail pour les transports de marchandises.
Des expériences ont monté ici ou là que des modes de transport alternatifs permettaient de remédier à nombre d'engorgements de nos centres-villes. Mais, là encore, les efforts sont insuffisants.
Le fléau du développement du transport automobile frappe aujourd'hui l'ensemble de nos agglomérations.
En fait, il faut repenser en termes d'aménagement du territoire, de bassin d'emplois, une politique qui, je le sais, relève non pas uniquement de vous mais du Gouvernement tout entier.
La spéculation immobilière oblige des millions de Français à effectuer chaque jour des dizaines, voire des centaines, de kilomètres pour se rendre sur leur lieu de travail. N'est-ce pas là une cause importante, peut-être essentielle, de l'accroissement du trafic, et donc de l'accroissement de la pollution ?
Une chose est de responsabiliser ou de culpabiliser nos concitoyens. S'attaquer aux causes réelles d'un tel accroissement permettrait, cependant, un travail en amont indispensable dans le domaine qui nous occupe.
La politique des flux tendus dans l'industrie, la libération des marchés, celle des transports de marchandises, les délocalisations vers l'étranger sont responsables du passage quotidien de centaines de milliers de poids lourds dans notre pays. C'est un facteur supplémentaire de pollution, sans parler des conséquences sur la sécurité routière, qui en est le corollaire direct.
Ce sont là autant de chapitres que nous aurions voulu voir abordés par le texte qui nous est proposé.
S'agissant du transport public, aucune mesure supplémentaire n'est inscrite dans le projet de budget que nous aurons à examiner prochainement. On sait pourtant qu'un accroissement de l'offre de transport public collectif et une amélioration des conditions de transport des passagers seraient de nature à réduire le trafic automobile.
A cet égard, il serait intéressant de connaître le plus tôt possible les effets du passage au tramway, comme à Strasbourg, notamment.
Pour autant, les enjeux financiers et fiscaux du « tout-automobile » sont tels que l'on comprend que l'on aborde si peu cette question dans le texte que nous examinons.
Comme nous le disions lors de la première lecture - les amendements déposés par la commission vont d'ailleurs dans ce sens - l'Etat doit assumer son entière responsabilité.
Les collectivités locales ne pourront assumer seules, et de loin, le désengagement public national.
L'ensemble des mesures qui nous sont proposées coûteront environ deux milliards de francs au budget de la nation en dépenses fiscales.
Autant dire qu'on est loin du compte pour s'attaquer de manière ambitieuse aux multiples problèmes qui sont à l'origine de la pollution atmosphérique. Mais, c'est vrai, il faut un début à tout !
Lors de l'examen des amendements, nous nous attacherons à soulever la question d'une plus grande participation financière des entreprises, notamment, à l'amélioration de la qualité de l'air.
Le principe du pollueur-payeur, le développement des taxes, l'augmentation de la taxe intérieure sur les produits pétroliers ou encore l'installation de péages dans nos villes, péages auxquels nous sommes résolument hostiles, ne sont pas de nature à éliminer l'ensemble des facteurs qui participent à la dégradation de l'air que nous respirons.
Seule une volonté gouvernementale forte et une réflexion associant l'ensemble des acteurs - élus locaux, associations, salariés, employeurs - permettraient d'aborder dans sa plénitude cette grande question de la pollution atmosphérique.
L'absence, dans ce projet, des grands volets décisifs que j'ai indiqués précédemment n'empêchera, je le crains, de s'attaquer réellement aux différents facteurs de pollution atmosphériques, voire de les faire disparaître.
Toutes ces raisons m'amènent, en l'instant, à réserver le vote de mon groupe ; notre position finale dépendra de l'acceptation ou non d'un certain nombre d'amendements.
M. le président. La parole et à M. Joly.
M. Bernard Joly. Monsieur le président, madame le ministre, mes chers collègues, il n'a échappé à personne que la santé demeure au coeur du débat social, scientifique et politique que les trop fréquentes atteintes à la qualité de l'air ont suscité ; c'est là que réside la justification du projet de loi qui nous est soumis en deuxième lecture.
Si ce texte repose notamment sur la prise en considération des incidences sanitaires de la pollution de l'air, il place aussi la relation santé-environnement dans une tout autre perspective. C'est cette problématique nouvelle qui est instaurée, celle de l'être humain dans son environnement qui le domine et qui s'exprime par l'asynchronisme des durées environnementales et humaines ; la santé est, fort heureusement, devenue un élément fondamental de la politique environnementale.
L'air que nous respirons n'a plus aujourd'hui une qualité constante. Il transporte toutes les particules liées aux diverses activités humaines et à la vie dans des conditions climatiques en constante évolution. Celles-ci réduisent ou intensifient l'impact des sources de pollution, dont nous ressentons les effets nocifs à l'occasion de réactions complexes.
L'impérieuse nécessité de protéger la vie justifie une maîtrise accrue des sources de pollution.
Très curieusement, la qualité de l'air n'avait pas, jusqu'à présent, été intégrée dans un corpus législatif pourtant déjà important. La loi de 1961 se devait d'être adaptée, du fait principalement de l'évolution de la nature de la pollution atmosphérique. Parallèlement, les connaissances scientifiques sur les effets des substances polluantes ont progressé ; les normes de protection sanitaire et de préservation de l'environnement se sont renforcées.
Divers accidents écologiques, notamment en région parisienne, et leurs multiples conséquences sur la population sont à l'origine d'une très forte mobilisation de l'opinion publique. L'intervention du législateur était évidemment devenue nécessaire.
Le projet de loi examiné en première lecture par la Haute Assemblée, les 23 et 24 mai derniers, tentait de répondre à nombre d'inquiétudes légitimes par la définition d'un dispositif cohérent de lutte contre la pollution atmosphérique.
Ce texte a fait l'objet de critiques variées et n'a pas cessé de susciter des interrogations. Son utilité n'est cependant pas remise en cause. Outre la consécration du lien entre la protection de la santé et celle de notre environnement, dont on a parlé, il a le mérite d'instaurer un véritable dispositif de surveillance et des préventions, de réglementer efficacement les diverses sources de pollution et, enfin, d'inciter, par des dispositions fiscales, à l'utilisation d'énergies propres.
Premièrement, généraliser la surveillance de la qualité de l'air et informer les populations par anticipation sur la proposition de directive relative à la gestion de la qualité de l'air ; deuxièmement, améliorer la prévention de la pollution atmosphérique par la création d'outils de planification, dont on ne contestera pas l'utilité, tout en réclamant l'abaissement de certains seuils d'application manifestement trop élevés ; troisièmement, réglementer et contrôler les sources de pollution ; quatrièmement, inciter à l'utilisation de véhicules et de carburants propres : tels sont, madame le ministre, les éléments principaux de ce dispositif.
A cet égard, j'aurais souhaité que les dispositions du texte soient nettement plus encourageantes en ce qui concerne, d'une part, les véhicules de société qui sont en mode de bicarburation, c'est-à-dire GPL et essence, et d'autre part, les taxis.
Pour les premiers, une exonération totale de la taxe sur les véhicules de société générerait des comportements et des équipements salutaires bien au-delà de l'appât immédiat de l'allégement de charges. En effet, on nous dit que le réseau de distribution sera implanté lorsque les usagers seront en nombre suffisant pour rentabiliser les investissements et, inversement, que les candidats au carburant GPL se décideront à franchir le pas quand ils seront sûrs de pouvoir s'approvisionner correctement. Il faut donc briser ce cercle pour avancer.
Pour les seconds, une prime à l'achat ou à la transformation d'un véhicule à carburant propre pourrait être un facteur déclenchant du choix, même si le coût du GPL est légèrement supérieur à celui du diesel, actuellement préféré par la plupart des taxis. Là aussi, il convient d'encourager l'abandon d'un élément particulièrement polluant, si l'on s'en réfère aux résultats, conclusions et recommandations des dernières recherches, accablantes pour cette source d'énergie.
J'aimerais, madame le ministre, être fixé sur ces deux points précis.
L'objet de ce débat n'est pas d'en commenter à nouveau la nature et la justification. Il m'importe bien davantage de poser de nouveau le problème en termes raisonnables, sans chercher à prétendre exclure par l'interdiction, le coût ou le rationnement certains modes de transport qu'on ne saurait remplacer ; la vie ne se concevra jamais sans activité ni sans mouvement.
C'est pourquoi l'amélioration et le maintien de la qualité de l'air à un niveau satisfaisant supposent, notamment, une offre de transport adaptée grâce à une meilleure gestion de l'espace - réglementation du transit international, du transport et de la livraison des marchandises en zones urbaines - à une offre de transport en commun alternative - promotion des modes de transport de substitution - et à une gestion coordonnée des nuisances urbaines.
L'amélioration de la qualité de l'air supposerait encore l'instauration, à terme, de l'obligation d'une véritable étude d'impact sanitaire ; le texte, par les dispositions qu'il introduit, franchit un pas décisif en ce sens.
Enfin, on peut se féliciter de l'économie générale du projet de loi. Elle repose sur une juste constatation ; mais retenons que ce texte ne sera qu'une étape vers une meilleure maîtrise des problèmes de pollution atmosphérique au regard de la protection de la santé. (Applaudissements sur les travées du RDSE, du RPR et de l'Union centriste.)
M. le président. Personne ne demande plus la parole dans la discussion générale ?...
La discussion générale est close.
Mme Corinne Lepage, ministre de l'environnement. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à Mme le ministre.
Mme Corinne Lepage, ministre de l'environnement. Monsieur le président, mesdames, messieurs les sénateurs, je serai amenée à répondre en détail sur un certain nombre de sujets qui ont été abordés lors de l'examen des différents amendements. En l'instant, je me contenterai d'apporter quelques explications d'ordre général.
Je tiens, tout d'abord, à remercier toutes celles et tous ceux qui ont bien voulu dire que ce texte était important, intéressant et qu'il marquait une avancée, même si certains ont pu regretter que celle-ci ne soit pas suffisante.
Je le relève, car cela montre toute l'importance que le Gouvernement attache à ce sujet, qui n'est pas nouveau, mais qui est délicat, ainsi que l'ont démontré les nombreux débats qui lui ont été consacrés. Il fallait une certaine volonté politique pour élaborer ce projet et venir vous le soumettre. Cette volonté, nous l'avons eue.
J'ai retenu des interventions des uns et des autres l'expression d'un double souci en matière financière.
Tout d'abord, une fois la loi votée, il faut disposer de moyens financiers suffisants pour faire avancer concrètement les choses. A cet égard, j'ai rappelé tout à l'heure que, pour 1996, le budget du ministère de l'environnement avait été abondé à hauteur de 200 millions de francs, prélevés, naturellement - la loi n'étant pas encore votée - sur les budgets des ministères de l'équipement et de l'industrie.
Mais, pour 1997, c'est bien dans le cadre du budget général que 200 millions de francs sont affectés au budget du ministère de l'environnement, soit l'équivalent de ce que nous avions dit, calculé sur la base de la taxe intérieure sur les produits pétroliers. Par conséquent, sur ce point, les choses sont tout à fait claires : les engagements du Gouvernement sont parfaitement tenus.
Chacun peut comprendre que, dans le contexte de rigueur budgétaire qui est le nôtre, l'effort de l'Etat ne soit pas supérieur en termes de dépenses. J'attire cependant votre attention sur l'importance de l'effort en termes d'avantages fiscaux consentis pour encourager l'utilisation de véhicules plus propres. Bien sûr, cela ne se comptabilise pas exactement de la même manière, mais c'est également une charge que supporte l'Etat, et il faut le souligner.
On a également souligné qu'il ne fallait pas trop prendre sur les ressources du budget de l'Etat, ou bien sur celles des collectivités locales, du reste. Je crois que le texte auquel nous sommes parvenus marque un équilibre entre, d'une part, la nécessité d'avoir des ressources - car, chacun le sait, sans ressources on ne peut pas mener de politique - et, d'autre part, la nécessité d'être particulièrement rigoureux dans le maniement des deniers publics mobilisés en faveur de l'environnement comme en faveur de toutes les autres politiques.
Je reviens un instant sur l'article 1er, que vous avez évoqué, madame Dusseau, après d'autres. Je vous dirai très simplement que je n'ai pas d'état d'âme à propos de cet article.
Il était essentiel pour le Gouvernement, comme pour moi-même, que le principe du « droit reconnu à chacun de respirer un air qui ne nuise pas à sa santé » soit effectivement inscrit à l'article 1er de la future loi. Très honnêtement, la rédaction adoptée par l'Assemblée nationale, qui fixe les modalités d'exercice du droit en même temps qu'elle reconnaît l'existence de ce droit - je ne vois pas comment on pourrait parler des modalités d'exercice d'un droit, s'il n'y avait pas de droit - me convient tout à fait et, très franchement, je le répète, ne suscite chez moi aucun état d'âme.
Certains, je le regrette, continuent à dire que la loi n'en est encore qu'au stade des bonnes intentions. Ce n'est pas exact.
Avec les PPA ou les PDU, les mesures prises en matière d'incitation fiscale et bien d'autres, nous avons pris un certain nombre de dispositions qui peuvent paraître peu importantes, mais qui sont néanmoins concrètement tout à fait essentielles. Tout cela a été obtenu grâce au travail accompli par les deux chambres du Parlement.
Certains d'entre vous ont regretté que les questions du diesel et du rail ne soient pas directement abordées dans ce projet de loi. Il existe un lien entre l'un et l'autre, je ne le nierai pas.
Quoi qu'ils en disent, le principe de la fiscalité écologique, c'est-à-dire le fait de prendre en considération l'impact sur l'environnement dans la fixation du prix des carburants, a été posé à l'article 22. C'est la première fois que le Parlement adopte une disposition législative aussi claire sur ce point.
J'ajoute que le projet de loi de finances pour 1997 prévoit une légère augmentation de la TIPP. Cette augmentation, même si elle est modeste, est importante sur le plan des principes : elle est deux fois plus importante sur le diesel que sur l'essence.
Le Gouvernement poursuit donc bien son action en faveur du rattrapage entre les taxes, même si, cette année, celui-ci est faible et s'il s'inscrit dans la durée. Ce projet de loi s'intègre parfaitement dans la logique qui doit être suivie.
En ce qui concerne le problème du rail, la question peut être traitée par le Sénat en d'autres occasions.
Ce projet de loi a pour objet d'assurer la protection de la qualité de l'air et l'utilisation rationnelle de l'énergie. A cet effet, il prévoit bien des dispositions. Il ne peut cependant pas traiter de tous les sujets.
En fin de compte, nous aurions également pu aborder de nombreux problèmes relatifs à l'aménagement du territoire - nous en traitons quelques-uns, c'est vrai, mais de façon limitée - à la politique énergétique, ou encore à la politique des transports en général. Je pense, pour ma part, que « qui trop embrasse mal étreint » !
Ce texte contient, selon moi, des avancées suffisamment importantes concernant la ville et la connaissance du territoire sur le plan de la pollution atmosphérique pour que, ultérieurement, le Parlement puisse faire avancer les choses dans les autres domaines.
Je ne prétends pas, mesdames, messieurs les sénateurs, vous avoir proposé un projet de loi destiné à être gravé dans le marbre et à ne jamais faire l'objet d'aucune modification. Un texte, c'est comme la vie, c'est fait pour évoluer ; ce texte évoluera donc, comme les autres.
Certains orateurs ont évoqué le problème de la gratuité des transports les jours de pic de pollution.
Je dois dire à ce sujet que si cet amendement a été voté sur l'initiative de l'Assemblée nationale, le Gouvernement s'y est rallié et, aujourd'hui encore, je soutiendrai cette disposition.
Je le ferai pour la raison suivante : je crois qu'il est très important d'indiquer très clairement à nos concitoyens qu'en cas de très forte pollution, si pour la première fois on impose une mesure de restriction forte de la circulation automobile, il doit exister une compensation financière.
Je sais bien, madame le sénateur, que le choix de prendre sa voiture ou le tramway, l'autobus, le métro ou que sais-je encore n'est pas un choix uniquement dicté par des raisons financières, il découle aussi de considérations pratiques. Il n'en demeure pas moins qu'à partir du moment où nous privons nos concitoyens de la possibilité d'utiliser leur voiture, il est juste que la collectivité en assume la charge.
Je serai simplement amenée à proposer deux limitations au principe de la gratuité. Tout d'abord, celui-ci ne s'appliquera qu'aux cas de restriction de circulation et non pas aux cas d'alerte, ce qui se traduira par un allégement pour les collectivités locales et pour l'Etat. Ensuite, ce principe ne jouera qu'au regard des transports publics.
Au sujet, par ailleurs, des avantages fiscaux dont pourront bénéficier les différents véhicules et de l'apport d'oxygène, le texte contient des avancées tout à fait importantes, monsieur Souplet.
Fixer l'an 2000 comme date d'application est une nécessité compte tenu de ce que nous avons à faire, et je ne crois pas que l'on puisse modifier ce terme.
En ce qui concerne les dispositions fiscales relatives au GPL, au GNV et aux véhicules électriques, nous sommes parvenus à trouver avec les deux chambres un équilibre entre ce double souci d'être incitatif et de ne pas peser de manière trop forte sur les finances publiques.
M. Richert a de nouveau abordé la question du conseil national de l'air. Depuis le mois de juin, j'ai travaillé à la rédaction d'un projet de décret tenant compte de ce qui avait été dit tant au Sénat qu'à l'Assemblée nationale, et j'ai transmis ce texte à M. le Premier ministre. Cette mesure, qui relève bien du domaine réglementaire, sera peut-être l'une des premières à être publiée !
Quant aux mesures qui pourraient être prises en milieu scolaire, monsieur Rouquet, elles relèvent à l'évidence du décret et non de la loi.
Monsieur Le Grand, pour ce qui est des stations-service et des composants organiques volatils, je suis attentive à ce que nous agissions vite. Je suis par ailleurs sensible à votre souci, qui anime également le Gouvernement, d'aider les stations-service en milieu rural. Je serai donc amenée à proposer une différenciation dans la réglementation car il n'est pas illogique de faire une distinction entre les grandes et les petites stations-service, notamment en ce qui concerne le délai d'application.
Telles sont les premières réponses que je souhaitais apporter dans la discussion générale. Je pense que nous allons maintenant avoir des discussions très riches sur les amendements. (Applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants et de l'Union centriste, ainsi que sur certaines travées du RDSE.) M. le président. Nous passons à la discussion des articles.
Je rappelle qu'aux termes de l'article 42, alinéa 10, du règlement, à partir de la deuxième lecture au Sénat des projets de loi, la discussion des articles est limitée à ceux pour lesquels les deux chambres du Parlement n'ont pas encore adopté un texte identique.

Article 1er

M. le président « Art. 1er. - L'Etat et ses établissements publics, les collectivités territoriales et leurs établissements publics ainsi que les personnes privées concourent, chacun dans le domaine de sa compétence et dans les limites de sa responsabilité, à une politique dont l'objectif est la mise en oeuvre du droit reconnu à chacun à respirer un air qui ne nuise pas à sa santé.
« Cette action d'intérêt général consiste à prévenir, à surveiller, à réduire ou à supprimer les pollutions atmosphériques, à préserver la qualité de l'air et, à ces fins, à économiser et à utiliser rationnellement l'énergie. »
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 1er.

(L'article 1er est adopté.)

Article 2

M. le président « Art. 2. - Constitue une pollution atmosphérique au sens de la présente loi l'introduction par l'homme, directement ou indirectement, dans l'atmosphère et les espaces clos, de substances ayant des conséquences préjudiciables de nature à mettre en danger la santé humaine, à nuire aux ressources biologiques et aux écosystèmes, à influer sur les changements climatiques, à détériorer les biens matériels, à porter atteinte aux valeurs d'agrément et aux autres utilisations légitimes de l'environnement. »
Par amendement n° 2, M. François, au nom de la commission des affaires économiques, propose de rédiger comme suit cet article :
« Les dispositions de la présente loi ont pour objet, dans les domaines où il n'y est pas pourvu, de prévenir, supprimer ou limiter l'introduction par l'homme directement ou indirectement, dans l'atmosphère et les espaces clos, de substances ayant des conséquences préjudiciables de nature à mettre en danger la santé humaine, à nuire aux ressources biologiques et aux écosystèmes, à entraîner des changements climatiques, à détériorer les biens matériels, et à provoquer des nuisances olfactives excessives. »
Cet amendement est assorti d'un sous-amendement n° 80, présenté par MM. Rouquet et Delanoë, Mme Pourtaud et les membres du groupe socialiste et apparentés, et tendant à compléter le texte proposé par l'amendement n° 2 par un alinéa ainsi rédigé :
« Elles doivent obéir aux principes de précaution, d'action préventive et de correction, de pollueur-payeur et de participation définis à l'article L. 200-1 du livre II nouveau du code rural. »
La parole est à M. le rapporteur, pour présenter l'amendement n° 2.
M. Philippe François, rapporteur. L'Assemblée nationale a adopté une rédaction de l'article 2 qui reprend les définitions arrêtées par l'OCDE et l'Union européenne sur la pollution atmosphérique.
Je vous propose une rédaction de cet article qui, tout en reprenant l'essentiel du dispositif adopté par l'Assemblée nationale, atténue, voire supprime, l'impact de certaines mentions trop ambiguës ou générales.
Par cohérence avec la rédaction de l'article 1er, qui fait de la politique de prévention des pollutions atmosphériques l'objectif du projet de loi, l'article 2 doit définir le contenu de cette politique et préciser ce que l'on entend par pollution atmosphérique.
La notion de « valeurs d'agrément » est particulièrement imprécise. Dans la mesure où ces termes visent en fait les odeurs, il paraît plus cohérent de faire référence aux nuisances olfactives excessives. Cela aurait aussi pour conséquence heureuse de ne pas encourager les contentieux portant sur les odeurs simplement « incommodantes ».
Enfin, les mots « usages légitimes de l'environnement » ont un faible caractère normatif et ils peuvent eux aussi servir de support à bien des contentieux répétitifs. Il conviendrait donc, me semble-t-il, de ne pas les inclure dans le texte.
M. le président. La parole est à M. Rouquet, pour présenter le sous-amendement n° 80.
M. René Rouquet. Ce sous-amendement reprend une disposition que le Sénat avait adopté en première lecture, sur l'initiative du groupe socialiste.
Il s'agit de mieux encadrer les objectifs de la présente loi, tels qu'ils sont définis par l'amendement de la commission des affaires économiques. Il s'agit de préciser que ces objectifs doivent obéir aux principes généraux de développement durable définis lors de la conférence de Rio au mois de juin 1992 et transcrits dans notre droit, plus particulièrement dans le code rural, par la loi du 2 février 1995 relative au renforcement de la protection de l'environnement.
Ce sous-amendement n'est pas une clause de style. Il est très important à nos yeux en vertu des quatre principes qu'il énonce, à savoir les principes d'action préventive, de participation et, surtout, de précaution et, enfin, le principe « pollueur-payeur ».
Ces deux derniers principes me paraissent fondamentaux. Leur application conditionne la réussite de la politique de lutte contre la pollution atmosphérique. En effet, c'est en mettant en oeuvre le principe de précaution que l'on pourra s'attaquer à la source même de la pollution, et c'est en appliquant le principe de « pollueur-payeur » que, non seulement, on trouvera des ressources pour financer l'amélioration de la qualité de l'air, mais aussi que l'on responsabilisera les acteurs de cette pollution.
Par ailleurs, ce sont malheureusement ces deux principes qui ont rencontré une traduction concrète bien timide dans ce projet de loi. Je cite comme simple exemple la non-traduction dans le projet de loi de finances pour 1997 du principe « pollueur-payeur » alors que vous vous étiez engagée, madame le ministre, à financer la surveillance de la qualité de l'air par une réaffectation partielle de la taxe intérieure sur les produits pétroliers à concurrence de 0,4 centime par litre d'essence.
Cet engagement n'est pas tenu. Pourtant, le projet de loi de finances pour 1997 contient une mesure, la seule, qui met en oeuvre ce principe. Ainsi, dans son article 30, il est prévu d'affecter à la caisse nationale d'assurance maladie une part des recettes du droit de consommation sur les tabacs.
Il n'est donc pas inutile de mettre en exergue ces principes, afin que, dans un avenir que nous espérons très proche, ils deviennent effectifs.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur le sous-amendement n° 80 ?
M. Philippe François, rapporteur. La commission a émis un avis défavorable. En effet, comme l'a fait remarquer à l'Assemblée nationale M. Mazeaud, il est inutile de faire référence dans un texte de loi spécifique à des principes d'intérêt général définis dans une loi antérieure, en l'occurrence la loi du 2 février 1995.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Corinne Lepage, ministre de l'environnement. Le Gouvernement n'est pas favorable à l'amendement de la commission ; il lui préfère la rédaction adoptée par l'Assemblée nationale.
Notre réserve ne concerne pas seulement la forme. En effet, l'amendement de la commission donne une définition du champ d'application de la loi, et il semble que celle-ci figure déjà au deuxième alinéa de l'article 1er.
Quant à l'article 2 tel qu'il résulte des travaux de l'Assemblée nationale, il définit la pollution atmosphérique. Or il est très important que nous disposions dans la loi d'un outil définissant avec précision ce qu'il faut entendre par « pollution atmosphérique ».
Si l'amendement n° 2 de la commission est retenu, nous aurons une double définition du champ d'application de la loi, mais nous n'aurons aucune définition de la pollution atmosphérique.
Le Gouvernement est donc défavorable à cet amendement.
Je ferai deux observations sur le sous-amendement n° 80.
Ce sous-amendement ne me paraît pas nécessaire pour la bonne et simple raison que cette future loi sur l'air sera insérée dans le livre Ier du code de l'environnement, dans lequel, au titre de principes généraux, figurent les principes de précaution, de prévention, de correction à la source, de pollueur payeur.
Il n'y a donc pas lieu, sauf à modifier toutes les autres lois du code, de réintégrer ces principes, qui vaudront pour tous les textes du code de l'environnement concernant les différents éléments. C'est la raison pour laquelle le Gouvernement n'est pas favorable à ce sous-amendement.
Mais, je ne peux pas laisser dire que l'engagement pris par le Premier ministre, le Gouvernement et donc moi-même, relatif aux modalités de calcul, pour l'année 1997 - je ne parle pas de l'année 1996 - de la somme affectée au ministère de l'environnement pour cette politique de protection de l'air n'a pas été tenu.
C'est la volonté du Premier ministre que de respecter cet engagement, le principe pollueur-payeur, et de faire en sorte que ce soit l'équivalent de 0,4 centime par litre, c'est-à-dire 200 millions de francs, qui soit transféré du budget général vers le budget du ministère de l'environnement. Il est donc inexact de dire, parce que c'est contraire à la réalité, que cet engagement n'a pas été tenu.
MM. Jean-François Le Grand et Roland du Luart. Très bien !
M. Philippe François, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Philippe François, rapporteur. Les arguments de Mme le ministre sont suffisamment convaincants pour que je retire l'amendement n° 2.
Toutefois, je lui demande, en échange si j'ose dire, d'accepter un autre amendement que je dépose, au nom de la commission des affaires économiques et du Plan, afin de remplacer les mots : « à porter atteinte aux valeurs d'agrément et aux autres utilisations légitimes de l'environnement » par les mots : « à provoquer des nuisances olfactives excessives ».
Cette rédaction est beaucoup plus précise que des expressions telles que : « valeurs d'agrément » ou « autres utilisations légitimes de l'environnement », qui, ne comportant aucune limite, peuvent être l'objet de contentieux infinis !
Madame le ministre, si vous en étiez d'accord, la commission en serait fort aise.
M. le président. L'amendement n° 2 est retiré. Le sous-amendement n° 80 n'a donc plus d'objet.
Mais je suis saisi d'un amendement n° 110, déposé par M. Philippe François et tendant, à la fin de l'article 2, à remplacer les mots : « à porter atteinte aux valeurs d'agrément et aux autres utilisations légitimes de l'environnement » par les mots : « à provoquer des nuisances olfactives excessives ».
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Corinne Lepage, ministre de l'environnement. J'estime que cette formulation est très étroite. Mais, sur ce point, je m'en remets à la sagesse de la Haute Assemblée.
M. Philippe François, rapporteur. Merci !
M. Roland du Luart. Personne n'a le même odorat ; cela va donc être très difficile ! (Sourires.)
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 110.
M. Roland du Luart. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. du Luart.
M. Roland du Luart. Je m'interroge quelque peu sur « les nuisances olfactives excessives ». Comment peut-on ouvrir dans une loi une brèche aussi énorme à l'interprétation ?
Si vous êtes un fumeur de cigare, votre odorat est moins développé que celui d'un non-fumeur. Je crains que l'on ne débouche sur des contentieux à n'en plus finir avec les éleveurs bretons, certains privilégiant l'élevage intensif de porcs !
Je préfère la rédaction plus simple qui figure à la fin de l'article 2, à savoir : « à porter atteinte aux valeurs d'agrément et aux autres utilisations légitimes de l'environnement ». Je prie M. le rapporteur, pour qui j'ai une grande estime, de bien vouloir m'excuser de dire cela, mais je crains vraiment des contentieux multiples.
M. Philippe François, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Philippe François, rapporteur. Monsieur le président, je souhaite, pour répondre à mon collègue Roland du Luart, préciser que, d'une manière générale, le Sénat n'était pas favorable à une telle disposition et que cette notion de « porter atteinte aux valeurs d'agrément et aux autres utilisations légitimes de l'environnement » vient de l'Assemblée nationale.
Ce que la commission a voulu faire, c'est essayer de rendre plus compréhensible la rédaction du texte de l'Assemblée nationale.
L'expression : « nuisances olfactives » recouvre bien, en principe, les éléments que l'on sent. Quant à la question de savoir comment on mesure de telles nuisances, je ne le sais pas ! Cela relève de l'appréciation du juge.
M. Roland du Luart. L'odeur est de toute façon passée, lorsque le juge intervient ! (Sourires.)
M. Philippe François, rapporteur. Il est certain que son avis sera différent selon qu'il préfère le méchoui ou la pizza ! (Sourires.)
Toujours est-il que, dans un souci de clarté et pour risquer un peu moins de contentieux que ceux qui pourraient se présenter avec le texte de l'Assemblée nationale, la commission a cru devoir proposer une rédaction plus simple, sachant que le Gouvernement allait dans le sens de l'Assemblée nationale.
M. Philippe Richert. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Richert.
M. Philippe Richert. A partir du moment où l'article 2, tel qu'il est aujourd'hui rédigé, définit simplement ce qu'est une pollution atmosphérique, le fait d'y introduire la notion d'« odeurs » ne remet pas en cause la suite du dispositif.
La remarque faite par notre collègue M. du Luart ne s'applique pas vraiment, car nous n'en sommes qu'à la phase de définition de l'objet que par la suite nous allons examiner. Nous ne risquons donc pas, à ce stade-là, de dérive, notamment d'ordre juridictionnel.
Je voterai cet amendement n° 110.
M. Roland du Luart. Dieu vous entende ! Mais je ne suis pas convaincu ! Les agriculteurs jugeront !
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 110, pour lequel le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 2, ainsi modifié.

(L'article 2 est adopté.)

Articles additionnels après l'article 2

M. le président. Je suis saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 42 rectifié, MM. Richert et Hérisson proposent d'insérer, après l'article 2, un article additionnel rédigé comme suit :
« Il est créé un Conseil national pour la qualité de l'air et l'utilisation rationnelle de l'énergie qui est appelé à donner son avis aux autorités compétentes sur toutes questions d'intérêt national relatives à la qualité de l'air et à l'utilisation rationnelle de l'énergie, ainsi que sur les projets de textes législatifs ou réglementaires ayant une incidence dans ces domaines.
« Un décret en Conseil d'Etat détermine la composition et le fonctionnement du conseil prévu au présent article. »
Par amendement n° 81, MM. Rouquet et Delanoé, Mme Pourtaud et les membres du groupe socialiste et apparentés proposent d'insérer, après l'article 2, un article ainsi rédigé :
« Il est créé un Conseil national pour la qualité de l'air. Celui-ci est appelé à donner son avis aux autorités compétentes sur toutes questions d'intérêt national relatives à la qualité de l'air et à l'utilisation rationnelle de l'énergie, ainsi que sur les projets de textes législatifs ou réglementaires ayant une incidence dans ces domaines. Ses avis sont rendus public.
« La composition du Conseil, qui comprend à parts égales :
« - des députés et des sénateurs ;
« - des représentants des collectivités territoriales ;
« - des membres du Conseil supérieur d'hygiène publique de France et du Conseil supérieur des installations classées ;
« - des représentants des différentes professions concernées ;
« - des représentants d'organismes de surveillance de la qualité de l'air, d'associations agréées de protection de l'environnement et de personnalités qualifiées ;
« est déterminée par décret en Conseil d'Etat. »
La parole est à M. Richert, pour défendre l'amendement n° 42 rectifié.
M. Philippe Richert. J'ai déjà évoqué cet amendement lors de la discussion générale. Il concerne la création d'un conseil national pour la qualité de l'air.
Il est nécessaire d'avoir aujourd'hui un lieu de concertation afin de permettre aux élus de dialoguer avec le Gouvernement et les différentes instances chargées de vérifier l'application de cette future loi.
Madame le ministre, vous ayant entendu dire que ce conseil serait créé par voie réglementaire, je retire cet amendement, en souhaitant toutefois que le délai nécessaire à cette création soit le plus court possible.
M. le président. L'amendement n° 42 rectifié est retiré.
La parole est à Mme Pourtaud, pour défendre l'amendement n° 81.
Mme Danièle Pourtaud. Madame le ministre, nous avons précédemment évoqué, en défendant le sous-amendement n° 80, deux principes qui peuvent nous guider dans l'élaboration de cette future loi sur la qualité de l'air : le principe de précaution et le principe « pollueur-payeur ». Je voudrais vous en proposer un troisième : le principe de participation.
La qualité de l'air est un sujet qui préoccupe l'ensemble de nos concitoyens. C'est aussi un sujet complexe, qui, souvent par manque d'informations et d'explications, donne lieu à de nombreuses polémiques. Il importe donc de créer, comme il en existe d'ailleurs dans d'autres secteurs liés à l'environnement, une instance consultative.
Celle-ci serait composée de parlementaires, de représentants des collectivités territoriales, de membres du Conseil supérieur d'hygiène publique de France et du Conseil supérieur des intallations classées, ainsi que de représentants des différentes professions concernées, des organismes de surveillance de la qualité de l'air et des associations de protection de l'environnement.
Ce conseil aurait pour mission de donner un avis public - c'est la condition de la transparence - sur toute question d'intérêt national relative à la qualité de l'air, ainsi que sur les projets de lois ou décrets ayant une incidence dans ces domaines. Nous pensons que le fonctionnement de notre démocratie ne pourrait qu'être amélioré par l'existence d'une telle structure.
Madame le ministre, lors de la première lecture, nombreux ont été les parlementaires qui ont demandé la création de ce conseil. Vous vous êtes engagée, comme vient de le rappeler M. Richert, à le créer par voie réglementaire, mais cet engagement aurait encore plus de poids si vous acceptiez cet amendement.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe François, rapporteur. La commission est défavorable à cet amendement, car elle considère que ce conseil national de l'air, n'ayant pas de pouvoirs normatifs, doit être créé, comme le disait très justement Mme le ministre, par voie réglementaire.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Corinne Lepage, ministre de l'environnement. Je suis tout à fait d'accord avec le principe de participation. Lors de la première lecture, j'avais déjà indiqué tout l'intérêt que je voyais à créer ce conseil. Nous avons travaillé depuis. Un projet de décret a d'ores et déjà été élaboré et il a été transmis aux services du Premier ministre. Par conséquent, je pense que le décret définitif paraîtra très vite.
La disposition proposée m'apparaît vraiment relever du domaine réglementaire et non du domaine législatif.
Le Gouvernement est donc défavorable à l'amendement n° 81.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 81, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)

TITRE Ier

SURVEILLANCE, INFORMATION,
OBJECTIFS DE QUALITÉ DE L'AIR,
SEUILS D'ALERTE ET VALEURS LIMITES

Article 3

M. le président « Art. 3. - L'Etat assure, avec le concours des collectivités territoriales, la surveillance de la qualité de l'air et de ses effets sur la santé. Il confie à l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie la coordination technique de la surveillance de la qualité de l'air. Des objectifs de qualité de l'air, des seuils d'alerte et des valeurs limites sont fixés, après avis du Conseil supérieur d'hygiène publique de France, en conformité avec ceux définis par l'Union européenne ou, à défaut, par l'Organisation mondiale de la santé. Ces objectifs, seuils d'alerte et valeurs limites sont régulièrement réévalués pour prendre en compte les résultats des études médicales et épidémiologiques.
« Au sens de la présente loi, on entend par :
« - objectifs de qualité, un niveau de concentration de substances polluantes dans l'atmosphère, fixé sur la base des connaissances scientifiques, dans le but d'éviter, de prévenir ou de réduire les effets nocifs de ces substances pour la santé humaine ou pour l'environnement, à atteindre dans une période donnée ;
« - seuils d'alerte, un niveau de concentration de substances polluantes dans l'atmosphère au-delà duquel une exposition de courte durée présente un risque pour la santé humaine ou de dégradation de l'environnement à partir duquel des mesures d'urgence doivent être prises ;
« - valeurs limites, un niveau maximal de concentration de substances polluantes dans l'atmosphère, fixé sur la base des connaissances scientifiques, dans le but d'éviter, de prévenir ou de réduire les effets nocifs de ces substances pour la santé humaine ou pour l'environnement.
« Les substances dont le rejet dans l'atmosphère peut contribuer à une dégradation de la qualité de l'air au regard des objectifs mentionnés au premier alinéa sont surveillées, notamment par l'observation de l'évolution des paramètres propres à révéler l'existence d'une telle dégradation. Les paramètres de santé publique susceptibles d'être affectés par l'évolution de la qualité de l'air sont également surveillés.
« Un dispositif de surveillance de la qualité de l'air et de ses effets sur la santé sera mis en place au plus tard : pour le 1er janvier 1997 dans les agglomérations de plus de 250 000 habitants, pour le 1er janvier 1998 dans les agglomérations de plus de 100 000 habitants, et pour le 1er janvier 2000 pour l'ensemble du territoire national. Les modalités de surveillance sont adaptées aux besoins de chaque zone intéressée.
« Un décret fixe les objectifs de qualité de l'air, les seuils d'alerte et les valeurs limites ainsi que la liste des substances mentionnées au sixième alinéa. La liste et la carte des communes incluses dans les agglomérations de plus de 250 000 habitants ainsi que dans les agglomérations comprises entre 100 000 et 250 000 habitants sont annexées à ce décret.
« Dans chaque région, et dans la collectivité territoriale de Corse, l'Etat confie la mise en oeuvre de cette surveillance à un ou des organismes agréés. Ceux-ci associent, de façon équilibrée, des représentants de l'Etat et de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie, des collectivités territoriales, des représentants des diverses activités contribuant à l'émission des substances surveillées, des associations agréées de protection de l'environnement, des associations agréées de consommateurs et, le cas échéant, faisant partie du même collège que les associations, des personnalités qualifiées. Les modalités d'application du présent alinéa sont définies par un décret en Conseil d'Etat.
« Les matériels de mesure de la qualité de l'air et de mesure des rejets de substances dans l'atmosphère, ainsi que les laboratoires qui effectuent des analyses et contrôles d'émissions polluantes, sont soumis à agrément de l'autorité administrative. Celle-ci détermine les méthodes de mesure et les critères d'emplacement des matériels utilisés.
« Les agréments délivrés en application du présent article peuvent être retirés lorsque les organismes et laboratoires ainsi que les matériels de mesure ne satisfont plus aux conditions qui ont conduit à les délivrer. »
Sur cet article, je suis d'abord saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 52, M. Le Grand propose, dans la première phrase du premier alinéa de cet article, de remplacer les mots : « avec le concours des collectivités territoriales » par les mots : « en coopération avec les collectivités territoriales dans le respect de leur libre administration et des principes de la décentralisation ».
Par amendement n° 3, M. François, au nom de la commission des affaires économiques, propose d'insérer, dans le premier alinéa de l'article 3, après les mots : « des collectivités territoriales », les mots : « dans le respect de leur libre administration et des principes de la décentralisation ».
La parole est à M. Le Grand, pour présenter l'amendement n° 52.
M. Jean-François Le Grand. Il convient à mon sens de remplacer le terme « concours » par le terme « coopération », car le concours est un appel implicite au financement, alors que le mot « coopération », qui vient du latin cooperare , veut dire, lui, « travailler avec », et c'est bien le sens de mon amendement.
Quant au deuxième membre de la phrase sur « le respect de la libre administration et des principes de la décentralisation », il va, certes, sans dire, mais cela va tellement mieux en le disant que j'ai pensé qu'il vallait mieux l'écrire ! (Sourires.)
M. le président. La parole est à M. le rapporteur, pour présenter l'amendement n° 3.
M. Philippe François, rapporteur. La commission est tout à fait d'accord avec la deuxième partie de la phrase proposée, mais elle préfère sa rédaction.
En effet, juridiquement, il est peu usuel de parler de coopération pour désigner les rapports entre l'Etat et les collectivités locales, non pas qu'ils soient hostiles, mais la formule n'est pas usuelle. Je n'ai jamais entendu parler de « coopération avec l'Etat », et cela fait quarante-cinq ans que je suis maire !
A l'inverse, concourir à une action d'intérêt général peut se faire sans répercussion financière. Et puis, « concourir », cela veut dire, en latin, « courir avec » ! (Rires.)
M. Jean-François Le Grand. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. Le Grand.
M. Jean-François Le Grand. Pour ne pas allonger ce débat sémantique, je retire mon amendement au bénéfice de celui de la commission, puisque la deuxième partie du membre de phrase est reprise.
M. François Giacobbi. A beau courir qui vient de loin...
M. le président. L'amendement n° 52 est retiré.
Quel est l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 3 ?
Mme Corinne Lepage, ministre de l'environnement. Le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.
Figurent déjà dans la Constitution et dans de très nombreux textes des rappels des principes auxquels vous faites référence. Il ne me paraît donc pas indispensable de les faire figurer de nouveau dans la loi. Mais le Sénat appréciera.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 3, pour lequel le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 43 rectifié, MM. Richert et Hérisson proposent de compléter la première phrase du premier alinéa de l'article 3 par les mots : « et sur l'environnement ».
La parole est à M. Richert.
M. Philippe Richert. Il s'agit de ne pas oublier les effets que peut avoir la qualité de l'air sur l'environnement en général.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe François, rapporteur. C'est un amendement de précision, qui correspond à l'objectif du projet de loi ; la commission y est donc favorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Corinne Lepage, ministre de l'environnement. Cette précision me semble tellement évidente que je trouve inutile de la faire figurer dans le projet de loi, monsieur le sénateur. Au demeurant, si vous souhaitez absolument l'inclure, je m'en remets à la sagesse du Sénat.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 43 rectifié, accepté par la commission et pour lequel le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 51, M. Souplet propose, dans la deuxième phrase du premier alinéa de l'article 3, après les mots : « coordination technique », d'insérer les mots : « et financière ».
La parole est à M. Souplet.
M. Michel Souplet. L'adjonction qui est envisagée dans cet amendement me semble, en ma qualité d'administrateur de l'ADEME - cet avis est partagé par mon collègue et ami le président de l'ADEME - extrêmement importante.
En effet, l'essentiel de la contribution de l'Etat au développement de la surveillance a été le fait jusqu'à présent de la taxe parafiscale sur la pollution atmosphérique que l'ADEME perçoit et gère. Cette taxe continuera à l'avenir d'apporter une contribution significative à ce développement. Il paraît donc important, pour garantir l'efficacité et la lisibilité du dispositif, que l'ADEME soit l'unique interlocuteur des associations de gestion des réseaux pour le compte de l'Etat.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe François, rapporteur. Cet amendement est la traduction de la réalité des attributions de l'ADEME ; la commission y est donc favorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Corinne Lepage, ministre de l'environnement. Le Gouvernement n'est pas favorable à cette proposition, qui revient sur ce qui a été voté au mois de mai dernier.
Certes, jusqu'à une période récente, l'essentiel des crédits apportés par l'Etat au système de surveillance l'ont été à travers la taxe parafiscale sur la pollution atmosphérique.
Ce n'est plus le cas aujourd'hui, puisque, comme je l'ai indiqué dans la discussion générale, 200 millions de francs viennent d'être affectés au budget de mon ministère et 200 autres millions de francs le seront l'année prochaine afin, précisément, de financer les objectifs de développement de la surveillance déterminés par la loi.
Je suis donc en mesure de confirmer au Sénat que le travail intensif conduit conjointement par mes services et ceux de l'ADEME permet de respecter les engagements pris aux termes de la loi.
C'est ainsi qu'a été mis en oeuvre le schéma sur lequel nous étions tombés d'accord lors de la première lecture du texte par votre assemblée.
L'ADEME a été, est et continuera à être associée aux choix liés à l'emploi de ces crédits. Mais nous pensons, à cet égard, que la rédaction retenue au mois de mai est la bonne.
Je vous invite donc, monsieur le sénateur, à ne pas modifier l'accord du mois de mai et à retirer votre amendement, étant entendu que les 200 millions de francs dont j'ai parlé ont bien été affectés, pour leur plus grande part, à l'ADEME, ainsi que je m'y étais engagée.
M. le président. Monsieur Souplet, l'amendement est-il maintenu ?
M. Michel Souplet. Je ne peux pas dire, madame le ministre, que vous m'ayez totalement convaincu. Lorsque l'on gère un outil comme l'ADEME, on souhaiterait exercer la totalité de la responsabilité.
La responsabilité technique nous incombe, comme mon collègue M. Vernier l'a expliqué à l'Assemblée nationale. Mais, pour bien gérer techniquement, il faut aussi pouvoir gérer financièrement.
Je ne veux pas créer d'incident pour l'inscription d'un mot supplémentaire dans le texte. Je retire donc mon amendement, mais à contrecoeur, car on nous demande d'assumer la responsabilité de la gestion d'un outil dont on nous enlève la gestion financière.
Mme Corinne Lepage, ministre de l'environnement. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à Mme le ministre.
Mme Corinne Lepage, ministre de l'environnement. Monsieur Souplet, nous n'enlevons rien à l'ADEME. Sont en présence deux modes de financement différents, et l'accord auquel nous sommes parvenus au mois de mai me semble un bon accord.
M. le président. L'amendement n° 51 est retiré.
Par amendement n° 53, M. Le Grand propose, dans la troisième phrase du premier alinéa de l'article 3, après les mots : « du conseil supérieur d'hygiène publique de France », d'insérer les mots : « et du Conseil supérieur des installations classées ».
La parole est à M. Le Grand.
M. Jean-François Le Grand. Il s'agit de soumettre expressément à l'avis consultatif du Conseil supérieur des installations classées la détermination des objectifs de qualité de l'air, dans la mesure où ces dispositions concernent les installations fixes soumises à la loi du 19 juillet 1976.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe François, rapporteur. A plusieurs reprises, il a été affirmé que les installations relevant de la loi de 1976 ne devaient pas être affectées par les nouvelles dispositions de la loi sur l'air. A l'inverse, il convient de ne pas faire peser sur la mise en oeuvre du projet de loi des préoccupations d'ordre spécifiquement réglementaire, semble-t-il.
Avant de se prononcer, la commission des affaires économiques souhaiterait connaître l'avis du Gouvernement.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Corinne Lepage, ministre de l'environnement. Le Gouvernement n'est pas favorable à cet amendement, même si, ultérieurement, en un autre endroit du texte, nous souhaiterons faire mention du conseil supérieur des installations classées, le CSIC.
Contrairement à ce que laisse supposer l'exposé des motifs de votre amendement, les polluants aujourd'hui surveillés dans l'air sont émis autant par les transports que par les installations classées. Admettre qu'il faudrait, s'agissant de la qualité du milieu naturel et non pas seulement des émissions polluantes, consulter systématiquement le CSIC entraînerait un alourdissement considérable des procédures.
M. le président. Monsieur Le Grand, l'amendement est-il maintenu ?
M. Jean-François Le Grand. Je fais confiance à la parole donnée par Mme le ministre et je le retire. Mais nous reviendrons sur le sujet !
M. le président. L'amendement n° 53 est retiré.
Par amendement n° 4, M. François, au nom de la commission des affaires économiques, propose de supprimer la dernière phrase du sixième alinéa de l'article 3.
La parole est à M. le rapporteur.
M. Philippe François, rapporteur. Cet alinéa est relatif aux substances considérées comme polluantes qui sont soumises à surveillance. L'Assemblée nationale a adopté un amendement de M. Patrick Trémège prévoyant d'élargir la surveillance aux paramètres de santé publique susceptibles d'être affectés par l'évolution de la qualité de l'air.
On peut légitimement se demander si cette disposition ne va pas alourdir les tâches de surveillance des réseaux dans des domaines pour lesquels ils ne sont pas compétents alors qu'il existe des structures spécialisées dans les études épidémiologiques qui surveillent l'évolution de ces paramètres. Cet ajout pourrait prêter à confusion alors même que, au premier alinéa de l'article, il a déjà été précisé que les réseaux sont chargés de la surveillance de la qualité de l'air et de ses effets sur la santé. Il convient donc de le supprimer.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Corinne Lepage, ministre de l'environnement. Le Gouvernement n'est pas favorable à cette proposition.
Nous avons tous rappelé, dans la discussion générale, combien la santé était prégnante dans ce texte. Un certain nombre d'entre vous se sont félicités de ce que, pour la première fois, un texte traitait d'un élément de ressource naturelle non seulement au regard de l'environnement mais aussi de la santé. C'est la raison pour laquelle j'ai dit tout à l'heure qu'il me paraissait très important que les amendements adoptés par l'Assemblée nationale visant à renforcer le texte sur le plan de la santé puissent être maintenus.
Je comprends bien votre souci de ne pas alourdir les procédures, monsieur le rapporteur. J'observe toutefois que vous avez rappelé vous-même que le premier alinéa de l'article 3 prévoit que les réseaux sont chargés de la surveillance de la qualité de l'air et de ses effets sur la santé. Il me paraît donc tout à fait logique que le terme de santé figure également au deuxième alinéa.
Sans doute s'agit-il d'une nouvelle mission pour les réseaux, mais le texte ne précise en aucune manière qu'ils doivent le faire directement. Rien ne les empêche de prendre des contacts, de passer des contrats avec les hôpitaux, les laboratoires, les organismes qui travaillent déjà dans le domaine de l'épidémiologie.
Je crois que cette phrase est utile pour rendre l'action menée en la matière à la fois plus forte et plus cohérente et pour en assurer une bonne diffusion auprès du public.
Je me permets donc d'insister, monsieur le rapporteur, pour que cette phrase ajoutée par l'Assemblée nationale en première lecture demeure dans le texte.
M. Philippe François, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Philippe François, rapporteur. Madame le ministre, vous venez de dire une chose qui me paraît essentielle : il ne s'agit pas de demander aux réseaux d'être compétents en matière épidémiologique, en matière de santé en général ; en revanche, ils seraient invités à passer des contrats avec les organismes compétents en la matière. Si vous nous confirmez que c'est bien dans ce sens que vous souhaitez aller, bien évidemment, je retire mon amendement. M. le président. L'amendement n° 4 est retiré.
Par amendement n° 44 rectifié, MM. Richert etHérisson proposent d'insérer, après le sixième alinéa de l'article 3, l'alinéa suivant :
« « La concentration des pollens dans l'air sera également surveillée. »
La parole est à M. Richert. M. Philippe Richert. Je tiens d'abord à remercier le rapporteur d'avoir retiré son amendement n° 4, car il me paraît très important que soient évalués les effets de la pollution atmosphérique sur la santé. Dans la mesure où nous souffrons actuellement d'un manque criant à cet égard, ce texte doit nous fournir l'occasion de combler cette grave lacune.
Mon amendement n° 44 rectifié va finalement dans le même sens puisque je propose que la concentration des pollens dans l'air soit également surveillée.
Nous savons tous que les pollens provoquent des réactions allergiques chez de nombreuses personnes, et il serait dommage de ne pas les prendre en compte parmi les éléments dont ce texte prescrit la surveillance.
Je pense d'ailleurs que, au sixième alinéa de l'article 3, il eût été souhaitable de prévoir également la surveillance des indicateurs environnementaux susceptibles d'être affectés par l'évolution de la qualité de l'air. Il convient, en effet, de ne pas se restreindre à la seule surveillance des « paramètres de santé publique ».
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe François, rapporteur. La commission a longuement débattu de cet amendement mais il lui est apparu que l'objet du projet de loi ne peut être de diminuer ou de supprimer la production de pollens par les végétaux puisqu'il s'agit évidemment d'une activité naturelle. On ne saurait imaginer de supprimer le pollen !
C'est la raison pour laquelle la commission a émis un avis défavorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Corinne Lepage, ministre de l'environnement. Je suis tout à fait consciente, monsieur Richert, des problèmes de santé que causent les pollens, mais il me paraît difficile de le prendre en compte dans un texte qui met en avant, dans la définition de la pollution atmosphérique telle qu'elle figure à l'article 2, le fait que les substances visées ont été introduites par l'homme, directement ou indirectement.
Les pollens n'étant pas introduits par l'homme, ils n'entrent pas dans la définition de la pollution atmosphérique au sens du présent texte, et il ne me paraît même pas envisageable de les viser dans les décrets d'application.
En revanche, rien ne s'oppose à l'étude et à la mise en oeuvre d'une disposition réglementaire particulière destinée à permettre la surveillance des pollens. A partir du moment où les réseaux existent, pourquoi ne pas les charger de surveiller aussi les pollens ?
Autrement dit, monsieur Richert, tout en comprenant tout à fait votre préoccupation, je ne peux accepter votre proposition.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 44 rectifié.
M. Philippe Richert. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Richert.
M. Philippe Richert. Les arguments que j'ai entendus ne m'ont pas du tout convaincu.
L'article 2 définit la pollution atmosphérique, certes, mais l'article 3, lui, décrit ce qu'il convient de mesurer, ce qui est tout à fait différent. Cet article dispose ainsi que seront mesurés non seulement la présence de substances polluantes dans l'air mais aussi les « paramètres de santé publique ». Je l'ai dit, j'aurais souhaité que l'on mesure également les indicateurs environnementaux, mais je n'y reviens pas. Je pense qu'il serait nécessaire de mesurer aussi les pollens, comme on le fait dans tous les autres pays d'Europe. Je maintiens que c'est de la plus grande utilité au regard de la santé publique.
Il n'y a aucune raison de ne pas faire figurer les pollens, puisqu'il est déjà prévu, au sixième alinéa, que « les paramètres de santé publique susceptibles d'être affectés par l'évolution de la qualité de l'air sont également surveillés ».
Rien ne nous interdit d'ajouter les pollens à la liste, tout simplement pour permettre à nos concitoyens qui, au quotidien, souffrent d'allergie au pollen de disposer de cette information.
Mme Corinne Lepage, ministre de l'environnement. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à Mme le ministre.
Mme Corinne Lepage, ministre de l'environnement. Outre les pollens, de très nombreux allergènes sont présents dans l'air qui ne sont pas nécessairement issus des activités humaines. Je maintiens que le présent texte ne peut les prendre en compte mais je répète qu'un décret pourra faire figurer les pollens parmi les substances dont il convient de surveiller la concentration dans l'air. Le groupe de concertation se saisira de ce problème.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 44 rectifié, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Nous reprendrons la discussion du présent projet de loi cet après-midi, après les questions d'actualité au Gouvernement.

3

RETRAIT DE L'ORDRE DU JOUR
D'UNE QUESTION ORALE SANS DÉBAT

M. le président. J'informe le Sénat que la question orale sans débat n° 466 de M. Louis Minetti, qui était inscrite à l'ordre du jour du mardi 29 octobre, est retirée de cet ordre du jour à la demande de son auteur.
Mes chers collègues, nous reprendrons nos travaux à quinze heures.
La séance est suspendue.

(La séance, suspendue à douze heures cinquante, est reprise à quinze heures, sous la présidence de M. René Monory.)

PRÉSIDENCE DE M. RENÉ MONORY

M. le président. La séance est reprise.

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QUESTIONS D'ACTUALITÉ
AU GOUVERNEMENT

M. le président. L'ordre du jour appelle les questions d'actualité au Gouvernement.
Mes chers collègues, je vous rappelle la règle : cinq minutes par question.

PRESTATION DÉPENDANCE

M. le président. La parole est à M. Minetti.
M. Louis Minetti. Monsieur le ministre, le candidat à la Présidence de la République Jacques Chirac avait solennellement promis aux Françaises et aux Français la création « d'une allocation de dépendance considérée comme un risque nouveau devant être assuré par la solidarité nationale ». Un an et demi plus tard, rien n'a été fait. (Protestations sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants et de l'Union centriste.)
Surtout, ne me dites pas que vous tenez cette promesse par la création d'une « prestation spécifique dépendance » payée d'ailleurs par les conseils généraux ! (Nouvelles protestations sur les mêmes travées.)
Mme Nelly Olin. Et l'allocation compensatrice !
M. Louis Minetti. Il ne s'agit que d'une prestation au rabais, qui ne sera, en fait, qu'un simple redéploiement des moyens actuels. (Nouvelles protestations sur les mêmes travées.)
Le niveau extrêmement bas du plafond de ressources exigé, soit 7 694 francs, exclut du bénéfice de cette prestation des centaines de milliers de personnes à revenu moyen. On comprend, dans ces conditions, la réaction des dizaines de milliers de retraités en colère qui, voilà deux jours, manifestaient devant le Sénat.
Mme Hélène Luc. Nous les entendions !
M. Jean-Pierre Fourcade. Démagogie !
M. Louis Minetti. Quand, monsieur le ministre, tiendrez-vous la promesse faite par M. Chirac ?
Allez-vous, enfin, instaurer la prise en charge par la sécurité sociale d'une situation liée à l'état de dépendance dû au vieillissement, et non pas, comme vous l'écriviez « d'une simple révolution dans le cadre de la prestation spécifique », formulation d'ailleurs rejetée par les personnes âgées ?
Instaurée au lendemain de la Libération, la sécurité sociale assurait les Français de leur naissance à leur décès. Il me plaît d'ailleurs de rappeler qu'elle a été instaurée par un ministre communiste avec l'accord du général de Gaulle. (Rires sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants et de l'Union centriste.)
M. Henri de Raincourt. C'est un raccourci de l'histoire !
M. Louis Minetti. Les raccourcis sont intéressants ! Les personnes agées, leurs familles, leurs proches, et les associations ne peuvent désormais plus se contenter de bonnes paroles électorales. Surtout, monsieur le ministre, ne louvoyez pas !
Comme les ayants droit, j'attends de vous une réponse sérieuse.
M. Jean-Pierre Fourcade. Le sérieux est absent de nos débats, comme chacun sait !
M. le président. La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Hervé Gaymard, secrétaire d'Etat à la santé et à la sécurité sociale. Monsieur le sénateur, la sécurité sociale n'est la propriété de personne ; elle est la propriété de tous les Français. (Très bien ! et applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants et de l'Union centriste.) Au bas de l'ordonnance de 1945, sont apposées la signature du général de Gaulle, mais aussi, c'est vrai, celle d'Ambroise Croizat...
Mme Marie-Claude Beaudeau. Vous voyez bien que nous sommes d'accord !
M. Hervé Gaymard, secrétaire d'Etat. ...qui est d'ailleurs né dans le canton savoyard que j'ai l'honneur de représenter.
Mme Marie-Claude Beaudeau. Nous sommes donc bien d'accord !
M. Hervé Gaymard, secrétaire d'Etat. Nous sommes, les un et les autres, attachés à la défense et à la sauvegarde de notre sécurité sociale, et nous nous y employons.
S'agissant de la dépendance des personnes âgées, voilà plusieurs années que nous entendons parler des projets les plus variés. Je me souviens des débats qui se sont engagés en 1991 et en 1992 avec un gouvernement que vous souteniez, monsieur Minetti...
M. Louis Minetti. Revoyez vos références !
M. Hervé Gaymard, secrétaire d'Etat. ...mais nous n'avons rien vu venir. (Applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants et de l'Union centriste.)
Ce qu'il faut faire - et nous allons nous y employer - c'est mettre en place une prestation spécifique dépendance qui permette d'aider les personnes âgées concernées en les considérant non pas comme des handicapés mais comme des personnes qui ont besoin d'être aidées.
Mme Hélène Luc. Ce sont les collectivités locales qui vont payer !
M. Hervé Gaymard, secrétaire d'Etat. Comme vous le savez, ce texte a été examiné la semaine dernière en première lecture par le Sénat. Il sera débattu dans les prochaines semaines à l'Assemblée nationale. Il sera adopté avant la fin de l'année et applicable à partir du 1er janvier 1997.
Concrètement, il permettra aux personnes âgées qui manquent d'autonomie d'être prises en charge, en fonction d'une grille nationale identique pour toutes les populations...
Mme Hélène Luc. Avec le financement de l'Etat ?
M. Hervé Gaymard, secrétaire d'Etat. ... et grâce à des dispositifs médicalisés.
Par ailleurs, je tiens également à souligner, ce qui n'est pas sans importance, que nous allons, en 1997 et en 1998, médicaliser les 14 000 lits de maison de retraite qui ne le sont pas encore bien que l'autorisation ait été donnée.
Le Gouvernement est donc tout à fait résolu, avec le soutien de sa majorité au Sénat - et je tiens à rendre hommage à M. Jean-Pierre Fourcade, qui est à l'origine de cette proposition de loi - à aider encore davantage nos aînés, à qui nous devons tout. (Applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants et de l'Union centriste.)

GESTION DES ZONES DE PÊCHE
ANGLO-NORMANDES

M. le président. La parole est à M. Le Grand.
M. Jean-François Le Grand. Madame le secrétaire d'Etat, je n'insisterai pas sur les événements qui sont à l'origine de ma question : le 10 octobre dernier, un bateau de pêche de Granville a été arraisonné dans les eaux de Guernesey.
Je n'insisterai pas non plus sur la situation juridique qui prévaut dans la baie du Mont-Saint-Michel, car vous la connaissez parfaitement.
Je précise simplement que les quatre cinquièmes de cette zone sont à statut variable et que les zones de pêche connaissent, elles aussi, des statuts juridiques complexes et variés.
Permettez-moi, madame le secrétaire d'Etat, de formuler deux observations.
Tout d'abord, l'accord franco-britannique conclu en 1992 n'a absolument rien résolu sur le fond. En revanche, il pose problème puisqu'il a autorisé les autorités de Guernesey à poursuivre les infractions commises dans les eaux adjacentes britanniques.
Ma seconde observation découle de la première. Les autorités de Guernesey jugent les infractions à l'aune de leur droit local. Ainsi, les droits de la défense normalement respectés dans les Etats démocratiques ne le sont pas à Guernesey, d'où la difficulté de régler les conflits qui naissent lorsqu'un bateau est arraisonné dans ces zones de pêche.
Dès lors, madame le secrétaire d'Etat, je formulerai trois requêtes.
En premier lieu, tout nouvel accord devra porter sur trois éléments particulièrement importants, à savoir la définition claire des espèces pêchées et des zones de pêche, la gestion rationnelle des fonds faite en commun sur la base d'expertises scientifiques communes et un contrôle de cette gestion également effectué en commun.
En deuxième lieu, il est inutile de provoquer nos amis jersiais ou guernesiais en les acculant à la faillite ou en leur créant des difficultés. Il faut leur donner l'autorisation de débarquer leurs produits dans les ports de Granville et de Cherbourg ou dans des ports voisins qu'ils jugeraient convenables.
Enfin, en troisième lieu, je vous demande d'intervenir, madame le secrétaire d'Etat, afin que soit retirée aux autorités de Guernesey la délégation de justice dont elles jouissent sur les eaux adjacentes britanniques compte tenu du non-respect des droits de l'homme. Les difficultés relationnelles entre les bailliages et la tutelle britannique ne doivent pas interférer sur nos relations de bon voisinage.
Notre histoire et notre patrimoine communs doivent l'emporter sur toute autre considération. Nous avons la chance de vivre dans une région aux paysages côtiers et marins exceptionnels et de jouir d'une qualité de vie tout aussi exceptionnelle. Ne gâchons pas ces chances par le manque de sagesse de quelques-uns, fussent-ils amis et Guernesiais !
Je souhaite, en conclusion, que nous puissions dire à nouveau, et le plus vite possible, de nos amis guernesiais ce que Alexis de Tocqueville disait des gens de la Manche : « Ils sont violemment modérés. » (Sourires et applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants et de l'Union centriste, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
M. le président. La parole est à Mme le secrétaire d'Etat.
Mme Margie Sudre, secrétaire d'Etat chargé de la francophonie. Monsieur le sénateur, le Gouvernement français tout à fait conscient des difficultés rencontrées par les pêcheurs français au large des îles anglo-normandes. Ces difficultés ne peuvent cependant être résolues que par des accords entre le Royaume-Uni et la France.
Comme vous le savez, les possibilités de pêche s'apprécient dans le cadre de la convention de Londres, qui les prévoit dans la bande des six à douze milles sous réserve de justifications de droits historiques en ce qui concerne Guernesey et de l'institution d'une mer commune s'agissant de Jersey.
C'est précisément la contestation de ces droits par le Royaume-Uni qui a justifié l'accord de 1992, dont l'objet ne pouvait bien évidemment pas être la remise en cause de la souveraineté du Royaume-Uni sur la mer territoriale située au large de Guernesey.
Le modus vivendi relatif à Guernesey, dont vous soulignez les mérites, a été dénoncé de façon régulière par le Royaume-Uni depuis le 16 août 1996. Il a néanmoins fait l'objet, à notre demande, d'une « prolongation » provisoire pendant la durée des négociations sans avoir été officiellement reconduit.
Quant au statut des îles anglo-normandes en général, et de Guernesey en particulier, il n'appartient pas à la France de le remettre en cause, ni d'ailleurs de s'immiscer dans le droit interne britannique régissant les relations entre les baillages et la Couronne.
En revanche, la France s'emploiera, lors des négociations, à préserver l'accès à la ressource des pêcheurs français. A cet égard, les suggestions que vous avez formulées, concernant la pétoncle et la seiche ont retenu toute l'attention du Gouvernement, qui en tiendra dûment compte dans les propositions de régime commun de gestion qu'il compte soumettre aux autorités du Royaume-Uni, afin de parvenir à un dispositif permettant une bonne entente entre les professionnels des deux parties.
Dès le lendemain des incidents du 10 octobre dernier, nous sommes intervenus auprès des autorités britanniques pour les inciter à ne pas contribuer à détériorer les relations entre les professionnels. Il va de soi que des négociations susceptibles de déboucher sur des solutions satisfaisantes pour tous doivent se dérouler dans un climat d'apaisement.
C'est pourquoi une plainte éventuelle de la France contre Guernesey devant la Cour européenne des droits de l'homme, outre son issue incertaine, ne pourrait déboucher que sur une dégradation durable des rapports entre les parties, qui porterait un préjudice sensible au bon déroulement des pourparlers en cours. (Applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants et de l'Union centriste, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)

AFFAIRE FOLL

M. le président. La parole est à M. Dreyfus-Schmidt.
M. Michel Dreyfus-Schmidt. Ma question s'adresse à M. le Premier ministre. Elle porte sur ce que l'histoire retiendra comme « l'affaire Foll », une affaire d'une gravité extrême.
Ma question ne s'adresse pas à M. le garde des sceaux, parce que, en dépit de nos demandes et de celle de la mission sénatoriale, dont M. Hubert Haenel était président et M. Jean Arthuis rapporteur, le garde des sceaux est très loin d'avoir une autorité exclusive sur les membres de la police judiciaire.
Ma question ne s'adresse pas non plus à M. le ministre de l'intérieur parce que, à notre sens, la police judiciaire ne devrait en rien dépendre de lui.
Dans l'affaire qui, à juste titre, scandalise le pays tout entier les faits sont aussi simples que la loi, je veux dire que l'article 14 du code de procédure pénale.
Permettez-moi de vous rappeler que cet article précise que lorsqu'une information judiciaire est ouverte, la police judiciaire exécute les délégations des juridictions d'instruction et défère à leurs réquisitions.
Qu'un officier de police judiciaire, policier de haut rang puisque directeur de la police judiciaire de Paris, viole délibérément la loi est intolérable !
Qu'un ministre de l'intérieur, juge d'instruction il n'y a guère, l'en approuve est d'autant plus gravissime qu'il est aussitôt imité par les chefs des brigades anti-gang, criminelle, des stupéfiants et de répression du banditisme !
Accepter cela, c'est accepter que la France ne soit plus un Etat de droit. (Protestations sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants et de l'Union centriste.) D'où ma question, monsieur le Premier ministre : qu'attendez-vous, ou pour démissionner les hors-la-loi, ou pour démissionner vous-même ? (Applaudissements sur les travées socialistes. - Protestations sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants et de l'Union centriste.)
M. le président. La parole est à M. le ministre de l'intérieur.
M. Michel Dreyfus-Schmidt. Ma question s'adressait à M. le Premier ministre !
M. Jean-Louis Debré, ministre de l'intérieur. Monsieur le sénateur, à chacun ses responsabilités. La justice fait son travail et les décisions de la chambre d'accusation de la cour d'appel de Paris n'ont pas à être commentées par un ministre en exercice.
M. Michel Dreyfus-Schmidt. Ma question ne s'adressait pas à vous !
M. Jean-Louis Debré, ministre de l'intérieur. Monsieur Dreyfus-Schmidt, soyez violemment modéré et non pas bruyamment énervé. (Rires et applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants et de l'Union centriste.)
Vous le savez aussi bien que moi, le pouvoir de nommer les directeurs de l'administration du ministère de l'intérieur appartient au ministre de l'intérieur... et à lui seul.
M. Michel Dreyfus-Schmidt. Ce n'est pas ma question !
M. Jean-Louis Debré, ministre de l'intérieur. D'ailleurs, j'observe que la décision de la chambre d'accusation remet en question non pas les fonctions de directeur de la police judiciaire de M. Foll...
M. Michel Dreyfus-Schmidt. Ce n'était pas ma question !
M. Jean-Louis Debré, ministre de l'intérieur. ... mais simplement sa qualité d'officier de police judiciaire.
Monsieur le sénateur, je vous connais bien : je souhaite que vous réfléchissiez aux conséquences de certaines provocations verbales. Aujourd'hui plus qu'hier, notre pays a besoin d'une collaboration confiante entre les autorités judiciaires et les policiers (Exclamations sur les travées socialistes.)...
M. Michel Dreyfus-Schmidt. C'est tout le problème !
M. Jean-Louis Debré, ministre de l'intérieur. ... et non d'un affrontement orchestré pour des raisons politiques. Je regrette très profondément que vous vous fassiez l'écho de cette orchestration politique. Puisque vous êtes, comme moi, attaché à une certaine conception de l'Etat de droit, choisissez les chemins de l'apaisement et non les voies de la confrontation ! (Applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants et de l'Union centriste.)
M. Claude Estier. C'est vous qui provoquez !
M. Paul Loridant. Vous n'avez pas répondu !

STATUT FINANCIER ET FISCAL DES MAIRES

M. le président. La parole est à M. Franchis.
M. Serge Franchis. Ma question s'adresse à M. le ministre de la fonction publique, de la réforme de l'Etat et de la décentralisation.
En 1992, le Parlement a adopté un projet de loi relatif à l'exercice des mandats locaux, qui n'a que partiellement répondu à l'attente des élus.
Nul ne peut contester, en effet, que la charge de travail et le poids de plus en plus lourd des responsabilités civiles et pénales, induits par la gestion d'une commune même petite, sont bien mal récompensés.
Les indemnités, même revalorisées, sont encore faibles ; au-delà d'un certain niveau, elles sont fiscalisées ; le système de crédit d'heures mis en place est difficilement pratiquable, notamment dans les entreprises privées.
Bref, il est difficile d'être maire aujourd'hui lorsqu'on relève du secteur privé.
Cette situation n'est pas saine, car les forces vives ne peuvent plus s'engager dans la vie locale.
Quelles mesures visant à améliorer le statut financier et fiscal des maires le Gouvernement envisage-t-il de mettre en oeuvre, de manière que la démocratie locale puisse continuer à s'exercer dans de bonnes conditions ? (Applaudissements sur les travées de l'Union centriste, du RPR et des Républicains et Indépendants.)
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Dominique Perben, ministre de la fonction publique, de la réforme de l'Etat et de la décentralisation. Monsieur le sénateur, comme vous l'avez dit vous-même, la législation qui est applicable aujourd'hui est toute récente, puisqu'elle date de moins de cinq ans. Il faut laisser aux législations le temps de faire leurs preuves. En tout cas, c'est un souci permanent dans cette maison.
Le régime indemnitaire a été modifié et revalorisé en 1992, ce qui a permis d'inclure dans le dispositif des personnes qui, jusqu'à présent, n'y figuraient pas.
S'agissant de la fiscalisation, un droit d'option existe : les élus peuvent demander soit une fiscalisation à part de leur régime indemnitaire, soit l'intégration de leurs indemnités dans leur déclaration générale de revenus, ce qui permet une certaines souplesse.
Quant aux crédits d'heures, une analyse très précise du dispositif législatif montre que l'on peut arriver, à l'extrême, jusqu'à une disponibilité correspondant à la moitié du temps normal de travail. Il me paraît difficile d'aller au-delà de ce qui est prévu dans le texte de 1992.
Enfin, en ce qui concerne la retraite, un certain nombre d'améliorations ont également été apportées par cette loi de 1992.
Dans le contexte budgétaire actuel, en particulier en raison de la situation des petites collectivités locales, il me paraît difficile d'aller au-delà. Il est préférable de laisser ce texte s'appliquer encore pendant un certain temps avant d'en dresser un bilan éventuellement critique. (Applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants et de l'Union centriste, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)

INSTAURATION DU CARNET DE SANTÉ

M. le président. La parole est à M. Trucy.
M. François Trucy. Ma question s'adresse à M. Jacques Barrot, ministre du travail et des affaires sociales.
Monsieur le ministre, parmi les mesures que vous avez proposées pour assurer une meilleurs maîtrise des dépenses de santé, et plus particulièrement celles de la médecine praticienne de ville, il en existe une qui a fait peu parler d'elle parce qu'elles est sans incidence financière immédiate au sens budgétaire du mot ; il s'agit de l'instauration du carnet de santé.
L'intérêt considérable des données, confidentielles, bien sûr, qu'un tel carnet de santé peut introduire dans le suivi sanitaire des malades est évident.
Cette innovation est-elle capable d'améliorer sensiblement les conditions de distribution des soins ?
Le Gouvernement attend-il aussi de ce carnet de santé la réalisation d'importantes économies portant sur les consultations et les examens spécialisés ?
Cela dit, si l'utilisation du carnet de santé n'est, dit-on, obligatoire ni pour le médecin ni pour le malade, une pareille « souplesse » ne risque-t-elle pas de compromettre l'efficacité de la mesure ? (Applaudissements sur les travées des Républicains et Indépendants, du RPR et de l'Union centriste.)
M. le président. La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Hervé Gaymard, secrétaire d'Etat à la santé et à la sécurité sociale. Monsieur le sénateur, le carnet de santé sera distribué à partir de la semaine prochaine et jusqu'à la fin de cette année à toutes les Françaises et à tous les Français.
Cet outil est attendu puisque 80 % de nos compatriotes s'y déclarent favorables et sont prêts à l'utiliser.
Quelle est la logique profonde de ce « carnet de santé » ? Il a pour objet d'améliorer la prise en charge des patients et de parvenir, grâce à la mémoire médicale de chacun, à dispenser de justes soins.
Il est en effet important que chacune et chacun d'entre nous dispose, dans un carnet dont vous avez rappelé la confidentialité - nous l'avons élaboré en étroite concertation avec l'ordre des médecins et l'ensemble des syndicats de médecins libéraux - d'une mémoire médicale, afin d'éviter les examens contradictoires ou les problèmes iatrogènes, c'est-à-dire ceux qui sont causés par les traitements médicaux ou les médicaments.
Il est vrai, monsieur le sénateur, que l'on a pu se demander s'il fallait sanctionner la non-présentation du carnet de santé. Je rappelle que l'ordonnance du 24 avril dernier dispose que la présentation du carnet de santé est obligatoire, mais que sa non-présentation n'est pas sanctionnée. Au moment où nous lançons et distribuons ce carnet de santé, il nous paraît très important que l'ensemble des Françaises et des Français se l'approprient, du point de vue à la fois de la santé publique et de la responsabilité de chacun face à l'augmentation des dépenses de santé. Il s'agit donc d'un acte fort de santé publique - le pays l'attendait depuis longtemps ! - mais également d'un acte de responsabilisation individuelle.
Voilà, monsieur le sénateur, ce que je voulais vous dire en réponse à votre question. (Applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants et de l'Union centriste.)

FORMATION ET MOBILITÉ DES FONCTIONNAIRES
DES COLLECTIVITÉS TERRITORIALES

M. le président. La parole est à M. Lesein.
M. François Lesein. Ma question s'adresse à M. le ministre de la fonction publique, de la réforme de l'Etat et de la décentralisation.
Monsieur le ministre, c'est avec intérêt qu'avec d'autres j'ai appris la création à Strasbourg d'une école chargée de la formation des fonctionnaires des collectivités territoriales dans une perspective notamment européenne.
Naturellement, je salue cette initiative, tout en vous demandant, à nouveau, de ne pas oublier, dans la gestion des cadres A territoriaux, la situation des fonctionnaires qui se trouvent actuellement en incident de carrière : privés d'emploi, ils ne sont plus pris en charge par le Centre national de la fonction publique territoriale, le CNFPT. La loi du 27 décembre 1994 ainsi que la circulaire du 13 février 1995 n'ont pas réussi à apporter de réponse satisfaisante.
Monsieur le ministre, envisagez-vous de créer enfin des passerelles à double sens entre les trois fonctions publiques ? Avez-vous l'intention de revoir les quotas des personnels recrutés et formés pour tenir compte des trente-sept administrateurs et des quatre-vingt-huit attachés qui sont actuellement en incident de carrière ? Enfin, prévoyez-vous de revoir les seuils démographiques à la baisse, pour permettre le recrutement d'un plus grand nombre d'administrateurs ? Dans le cas contraire, il ne faut plus organiser de concours de recrutement.
Pour illustrer votre réponse, peut-être pourrez-vous m'indiquer, monsieur le ministre, le nombre de personnes provenant de la fonction publique territoriale qui ont été embauchées dans votre ministère.
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Dominique Perben, ministre de la fonction publique, de la réforme de l'Etat et de la décentralisation. Monsieur le sénateur, en ce qui concerne le projet du CNFPT d'installer un institut de formation à Strasbourg, comme vous le savez, il s'agit de proposer aux personnels reçus à un certain nombre de concours de la fonction publique territoriale de pouvoir bénéficier dans un établissement d'enseignement d'une formation avant la prise de leurs fonctions dans les différentes collectivités qui les recruteront.
S'agissant des décharges de services, le dispositif en vigueur, qui remonte maintenant à une dizaine d'années, connaît effectivement un certain embouteillage. Aujourd'hui, monsieur le sénateur, environ deux cents fonctionnaires sont en instance de réaffectation en raison de décharges de fonctions décidées par les collectivités territoriales en général, décharges qui sont consécutives à des changements d'équipes au sein de ces collectivités à la suite des élections.
Un certain nombre de mesures sont d'ores et déjà envisagées par le CNFPT, qui est très conscient de la situation et avec lequel je m'en suis souvent entretenu.
La première piste envisagée tend à proposer ces personnels aux collectivités locales pour des missions ponctuelles. Cela leur permettrait, d'abord, d'exercer de nouveau une activité professionnelle et, plus largement, de renouer des contacts avec un certain nombre d'équipes municipales ou départementales pour retrouver ultérieurement un poste stable.
La seconde piste, que vous avez vous-même évoquée, a trait à la mobilité. Pourquoi ne pas envisager, en effet, que ces personnels puissent s'orienter vers la fonction publique d'Etat, voire, le cas échéant, vers la fonction publique hospitalière ?
A l'heure actuelle, nous étudions les mesures qu'il conviendrait de prendre pour faciliter cette mobilité.
Enfin, vous avez abordé la question des seuils démographiques. Voilà quelques mois, vous le savez sans doute, j'ai confié à un haut fonctionnaire la mission d'établir un rapport sur l'ensemble des seuils démographiques qui régissent toute une série de réglementations dans la fonction publique. Ces réglementations sont de plus en plus inadaptées compte tenu de la nature des problèmes de gestion qui se posent dans les différentes collectivités territoriales.
Il est vrai qu'un certain abaissement des seuils démographiques, en particulier en ce qui concerne les administrateurs, nous permettrait d'offrir davantage de postes à ces personnes qui sont aujourd'hui en instance d'affectation.
Enfin, le rapprochement du nombre de personnes qui se trouvent en décharge de fonction et du nombre de places mises aux concours constitue aujourd'hui un principe : depuis 1994, en effet, il s'agit d'un élément que le CNFPT doit prendre en compte. Je veillerai à ce qu'il soit effectivement pris en compte pour que l'on ne recrute pas de manière excessive de nouveaux administrateurs, alors que certains sont en recherche d'emploi. (Applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants et de l'Union centriste.)

LOGEMENT SOCIAL EN MILIEU RURAL

M. le président. La parole est à M. de Menou.
M. Jacques de Menou. Ma question s'adresse à M. Périssol, ministre délégué au logement.
En tant qu'élu du Finistère et président de l'OPAC Habitat 29, ma solidarité vous est entièrement acquise monsieur le ministre, dans votre volonté de maintenir une politique dynamique de logement social, effort que je salue tout particulièrement en ces temps de restrictions budgétaires.
Toutefois, l'action gouvernementale en matière de logement reste prioritairement axée sur les zones urbaines, dans le cadre d'une vaste politique de la ville.
Les réflexions menées au Sénat sur l'aménagement du territoire font apparaître la nécessité de créer des logements sociaux dans les zones rurales, bourgs ruraux et agglomérations moyennes. L'aménagement homogène de notre territoire suppose, en effet, le maintien d'un pourcentage minimum de logements locatifs et de logements locatifs sociaux dans chaque commune.
On assiste actuellement à un exode des jeunes et des familles défavorisées vers les villes, faute de capacité locative en zone rurale. Les Français doivent pouvoir habiter là où ils le désirent, et non là où ils le peuvent. C'est une question de justice sociale et de solidarité.
C'est pourquoi je souhaite que, à côté de la grande politique de la ville, un volet spécial puisse répondre aux besoins du monde rural.
En ce qui concerne les prêts locatifs aidés en milieu rural, par exemple, les dotations paraissent actuellement très insuffisantes. On enregistre plusieurs milliers de demandes en instance dans le Finistère, comme dans d'autres départements.
L'attribution aux particuliers de ces logements ne peut pas relever d'une autorité centralisée au département, comme vous le proposez, monsieur le ministre. Elle doit s'élaborer en accord permanent avec les propositions des présidents des centres communaux d'action sociale, les CCAS. Il n'est pas concevable de transférer des cas sociaux dans une commune sans l'accord de cette dernière.
La politique des prêts locatifs aidés très sociaux, les PLATS, semble également exagérément orientée vers le monde urbain. Vous voulez privilégier la réhabilitation - 20 000 PLATS y sont consacrés sur les 30 000 prévus - peu adaptée au milieu rural, où le bâti est très ancien : 50 % des logements ruraux ont plus de 50 ans, pour une moyenne française de 35 %.
Par ailleurs, les PLATS, qui concernent des logements considérés comme provisoires en zone urbaine, n'auront pas le même rôle en zone rurale faute de logements de remplacement. Leur affectation à des logements très sociaux ne pourra être validée que par le bilan annuel de l'organisme d'HLM responsable.
Monsieur le ministre, ne pensez-vous pas, à la lumière de ces réflexions, qu'il serait temps d'élaborer une politique du logement social en milieu rural, qui compléterait celle de la ville ? (Applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants et de l'Union centriste.)
M. le président. La parole est à Mme le secrétaire d'Etat aux transports.
Mme Anne-Marie Idrac, secrétaire d'Etat aux transports. Monsieur le sénateur, je vous prie de bien vouloir excuser l'absence de M. Périssol, aujourd'hui à l'étranger, qui m'a chargée de vous répondre.
Nous connaissons bien votre préoccupation et nous la partageons. Nous sommes tout à fait disposés, comme vous le souhaitez à juste titre, à prendre en compte les besoins du logement en milieu rural, notamment du logement locatif, dans le cadre de la politique du logement et de la politique de l'aménagement du territoire.
Le Gouvernement a nommé M. Claude Girard, député du Doubs, comme parlementaire en mission sur ces questions et le Gouvernement prépare, sous l'autorité de M. Jean-Claude Gaudin, un projet de loi pour l'avenir du monde rural. Ce texte comportera des mesures spécifiques en matière de logement et fera l'objet d'un comité interministériel pour l'aménagement du territoire.
S'agissant spécifiquement de vos préoccupations sur le logement, nous sommes tout à fait d'accord avec vous, monsieur le sénateur, pour considérer que le développement de l'offre locative est particulièrement important et qu'il convient de prévilégier à ce titre la réhabilitation du patrimoine existant.
Vous vous interrogez, monsieur le sénateur, sur les conditions de répartition sur le territoire départemental des aides de l'Etat et de l'Agence nationale pour l'amélioration de l'habitat, l'ANAH. Elles sont effectivement de la responsabilité des préfets. Des instructions leur ont été données pour que soient prises en compte, dans la concertation, les demandes émanant du monde rural, notamment quand elles s'expriment dans le cadre du projet de développement et dans un cadre intercommunal.
Nous souhaitons privilégier en particulier l'amélioration de l'habitat ancien dans le cadre de la procédure des opérations programmées d'amélioration de l'habitat, les OPAH, qui permet de remettre sur le marché locatif des logements anciens.
Je voudrais, par ailleurs, rappeler que la prime à l'amélioration des logements à usage locatif et à occupation sociale - PALULOS - la prime à l'amélioration de l'habitat ou les subventions de l'ANAH permettent très directement de réhabiliter nombre de logements anciens, y compris dans le monde rural.
Il est peut-être nécessaire de préciser que le secteur rural utilise aujourd'hui 45 % des primes à l'amélioration de l'habitat et environ 30 % des subventions de l'ANAH.
Quant aux PLA très sociaux, les PLATS, ils semblent avoir une vocation particulière à être utilisés en milieu rural, puisque ce sont dans les communes rurales que l'on peut trouver un bâti ancien dans lequel peuvent être réalisées des opérations à faible coût et sur l'initiative des collectivités locales.
Quoi qu'il en soit, encore une fois, monsieur de Menou, soyez bien persuadé que votre préoccupation d'aménagement du territoire, notamment du territoire rural, est parfaitement prise en compte par la politique du logement et par l'ensemble de la politique d'aménagement du territoire. (Applaudissements sur les travées du RPR, de l'Union centriste et des Républicains et Indépendants, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)

PRIVATISATION DE THOMSON

M. le président. La parole est à M. Richard.
M. Alain Richard. Monsieur le Premier ministre, je souhaite vous interroger sur l'affaire Thomson, en essayant de me montrer digne du niveau d'indignation qui aurait été celui de l'ancienne opposition si de tels manquements avaient pu être mis au passif d'un gouvernement de gauche !
Le Gouvernement a décidé la privatisation de Thomson, un des plus grands groupes industriels français, détenteur, grâce à son travail et au soutien de l'Etat, d'un capital scientifique et technologique essentiel pour notre compétitivité. Ce choix de base, nous le contestons. Thomson peut profiter davantage à l'économie française en restant une entreprise publique.
La vente que vous projetez se fait sans appel public à la concurrence.
M. Michel Dreyfus-Schmidt. Eh oui !
M. Alain Richard. Les candidatures ont été autorisées par le seul Gouvernement. Celui qui bénéficie de sa préférence officielle est, bien sûr, absolument dépourvu de tout lien avec la formation politique qui dirige le Gouvernement, chacun vous le confirmera sur la place financière de Paris !
Le Gouvernement avait annoncé que le groupe Thomson, réparti entre industrie de défense et électronique grand public, serait cédé à un seul acheteur afin que tout le potentiel scientifique et humain soit bien géré. L'acheteur pressenti, le groupe Lagardère, annonce qu'il cédera Thomson Multimédia à la compagnie coréenne Daewoo, qui s'approprie ainsi un ensemble de technologies au potentiel de développement énorme qu'il ne maîtrisait pas, groupe qui jamais, dans son histoire, n'a donné un seul exemple de partenariat coopératif avec une entreprise européenne.
Enfin, le tout risque d'être réalisé dans des conditions financières très favorables aux acheteurs sélectionnés de cette manière incroyable, puisque l'Etat reverserait plus de dix milliards de francs à titre de remboursement anticipé des emprunts de Thomson.
Le Premier ministre s'est cru inspiré en justifiant un tel scénario catastrophe par la mauvaise gestion de Thomson par l'Etat. M. Juppé est certes jeune - je le sais puisque nous avons le même âge - ! mais il avait tout de même déjà l'âge de raison quand Thomson a été nationalisé en 1982 et il sait parfaitement dans quel état se trouvait alors cette entreprise.
Si, aujourd'hui, Thomson est redevenue une grande entreprise, que vous envisagez de brader en compromettant des milliers d'emplois, c'est bien parce qu'elle est entrée dans le secteur public.
En vous signifiant l'opposition résolue des 70 000 salariés et des 80 communes concernés, je vous pose quatre questions simples.
Premièrement, a-t-il été conforme ou contraire à l'intérêt national de placer Thomson dans le secteur public ?
Deuxièmement, la constitution d'un groupe Matra-Thomson pour l'industrie de défense est-elle compatible avec le maintien de notre avance technologique et avec la recherche d'une synergie européenne en la matière ?
Troisièmement, la cession de Thomson Multimédia au groupe coréen Daewoo est-elle cohérente avec la maîtrise française des technologies du numérique, clef de notre compétitivité ?
M. Emmanuel Hamel. Non !
M. Alain Richard. Quatrièmement, comment justifiez-vous que les conditions financières de cette opération, gravement dommageable pour les finances publiques, soient restées cachées au public et n'aient pu être soumises à aucun organisme indépendant ?
En attendant votre réponse à ces questions simples, monsieur le Premier ministre, je veux très simplement souligner la responsabilité politique majeure que vous prenez devant le pays. (Applaudissements sur les travées socialistes et sur les travées du groupe communiste républicain et citoyen.)
M. Jacques Mahéas. Applaudissez, à droite ! C'est le calme plat !
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Jean Arthuis, ministre de l'économie et des finances. Monsieur le sénateur, votre question...
M. Jacques Mahéas. ... embarrasse !
M. Jean Arthuis, ministre de l'économie et des finances. ... appelle de la part du Gouvernement des observations contrastées.
D'abord, je voudrais saluer votre courage d'instruire ainsi le procès des nationalisations opérées en 1982. (Bravo ! et applaudissements sur les travées du RPR et de l'Union centriste.)
En revanche, vous avez tort de procéder à une telle description, honteusement erronée, de la procédure suivie par le Gouvernement pour procéder à la privatisation du groupe Thomson.
M. Jacques Mahéas. Ah bon ?
M. Jean Arthuis, ministre de l'économie et des finances. Vous avez raison d'instruire le procès des nationalisations de 1982.
M. Jacques Mahéas. C'est de la provocation ! Répondez aux questions !
M. Jean Arthuis, ministre de l'économie et des finances. Puis-je vous rappeler, monsieur le sénateur, qu'en 1982 la situation nette de Thomson s'élevait à 3,5 milliards de francs ? Au fil des années, le groupe Thomson a bénéficié de recapitalisations pour un montant de 7 milliards de francs. Le total s'élève donc à 10,5 milliards de francs. Aujourd'hui, la situation est négative à hauteur de 6,5 milliards de francs.
M. Alain Richard. Prouvez-le !
M. Jean Arthuis, ministre de l'économie et des finances.
Thomson aura perdu 17 milliards de francs !
M. Alain Richard. Ce n'est pas vrai !
M. Jean Arthuis, ministre de l'économie et des finances. Je vous en apporterai la preuve, monsieur le sénateur ! (Applaudissements sur les travées de l'Union centriste, du RPR et des Républicains et Indépendants.)
M. Jacques Mahéas. Vous vous trompez !
M. Jean Arthuis, ministre de l'économie et des finances. Je vous communiquerai dans les jours à venir l'état des nationalisations, des recapitalisations et des privatisations, afin que chaque Français se fassent une opinion sur le gâchis qu'a pu représenter cette procédure de nationalisation. (Applaudissements sur les mêmes travées et exclamations sur les travées socialistes.)
M. Claude Estier. Alors, acceptez la création d'une commission d'enquête !
M. Jean Arthuis, ministre de l'économie et des finances. Vous aurez cette information, monsieur Richard.
Une situation nette négative de 6,5 milliards de francs,...
Mme Marie-Claude Beaudeau. Dans quelle colonne mettez-vous la technologie ?
M. le président. Laissez parler M. le ministre !
M. Jean Arthuis, ministre de l'économie et des finances. ... cela signifie que les dettes de Thomson vont s'élever, à la fin de l'année 1996,...
M. René Rouquet. Ce n'est pas digne d'un ministre !
M. Jean Arthuis, ministre de l'économie et des finances. ... à 28 milliards de francs et que, en contrepartie, il y a des actifs...
M. Jacques Mahéas. Ah ?
M. Jean Arthuis, ministre de l'économie et des finances. ... pour une valeur de 21,5 milliards de francs.
M. Jacques Mahéas. Vous les sous-estimez !
Mme Hélène Luc. C'est honteux !
M. Jean Arthuis, ministre de l'économie et des finances. C'est donc une valeur négative. Vous n'avez sans doute rien oublié parce que vous n'avez rien appris en cette matière. (Protestations sur les travées socialistes et sur les travées du groupe communiste républicain et citoyen.)
Mais, de grâce, cessons d'égarer les Français quant au bien-fondé de ces procédures de privatisation.
M. Claude Estier. Les Français vous répondent !
M. Alain Juppé, Premier ministre. En tout cas, ils vous ont déjà répondu !
M. Jean Arthuis, ministre de l'économie et des finances. Cessons ce gâchis ! Entre 1988 et aujourd'hui, Thomson Multimédia aura perdu 10 milliards de francs, et son endettement s'élève aujourd'hui, monsieur le sénateur, à près de 14 milliards de francs.
Dois-je vous rappeler aussi que Thomson, c'est aussi une aventure financière, celle de Thomson-CSF Finances, société qui est devenue, sous le contrôle du Crédit Lyonnais, Altus ?
M. Jean Chérioux. Eh oui !
M. Jean Arthuis, ministre de l'économie et des finances. Je pense que cette évocation peut vous rappeler quelques souvenirs cuisants.
Combien aura coûté au groupe Thomson l'aventure financière de Thomson-CSF Finances entre 1993 et 1996 ? Ce sont pratiquement 8,2 milliards de francs...
M. Jacques Mahéas. C'est votre gestion !
M. Jean Arthuis, ministre de l'économie et des finances. ... qui auront ainsi été gâchés !
Mme Hélène Luc. Que faites-vous du travail des ouvriers et des techniciens ?
M. Jean Arthuis, ministre de l'économie et des finances. Alors, mettons un terme à ces aventures qui coûtent tant aux contribuables français et assurons la pérennité de cette industrie !
M. Alain Richard. Parlons-en !
M. Jean Arthuis, ministre de l'économie et des finances. C'est en cela que vous avez eu tort, monsieur le sénateur, de porter de telles accusations sur la procédure suivie.
M. Jacques Mahéas. Vous donnez Thomson aux Coréens !
M. Jean Arthuis, ministre de l'économie et des finances. Le Gouvernement, au mois de février, a décidé d'engager le processus de privatisation. Il a chargé le président du groupe Thomson, M. Roulet, de prendre tous contacts nécessaires.
Nous avons choisi la procédure de vente de gré à gré, monsieur le sénateur, car, quand il s'agit de privatiser une société dont la valeur est négative, il est exclu de procéder à une offre publique de vente.
M. Paul Raoult. Pourquoi ? Ne peut-il pas y avoir plusieurs amateurs ?
M. Jean Arthuis, ministre de l'économie et des finances. Comment mettre sur le marché des valeurs négatives ?
M. Paul Raoult. Vous nous donnez des leçons sans arrêt : ce n'est pas possible ! Qu'est-ce que c'est que cette suffisance, cette arrogance ?
M. le président. Mes chers collègues, laissez donc parler M. le ministre, puisque vous l'avez interrogé.
M. Jean Arthuis, ministre de l'économie et des finances. Monsieur le sénateur, je crois que, de ces questions, il faudra que nous puissions reparler ensemble, mais sereinement,...
M. Paul Raoult. Arrêtez de dire des bêtises ! (Protestations sur les travées du RPR, de l'Union centriste et des Républicains et Indépendants.)
M. Jean Arthuis, ministre de l'économie et des finances. ... pour éviter d'égarer l'opinion publique et de susciter des passions lorsqu'il s'agit de l'intérêt de la nation.
M. Paul Raoult. Vous la bradez !
M. Claude Estier. De l'intérêt de Lagardère !
M. Jean Arthuis, ministre de l'économie et des finances. Nous avons donc engagé cette procédure de gré à gré. M. Roulet nous a rendu compte de ses diligences le 22 juillet. Le 2 août a été engagée la procédure officielle pour accueillir les candidatures. Le 16 septembre ont été déposées sur le bureau de M. le Premier ministre les offres de reprise du groupe Thomson. Pendant un mois, M. le ministre de l'industrie, M. le ministre de la défense et moi-même avons examiné tous les aspects, notamment financiers et industriels, de même que les intérêts de la défense, et M. le Premier ministre a pu, le 16 octobre, prendre une décision, fixer un choix préférentiel.
M. Alain Richard. Tout cela en secret !
M. Jean Arthuis, ministre de l'économie et des finances. A ce stade, que se passe-t-il ?
Mme Marie-Claude Beaudeau. Vous bradez la France ! (Protestations sur les travées du RPR, de l'Union centriste et des Républicains et Indépendants.) M. Jean Arthuis, ministre de l'économie et des finances. Non, madame ! Nous voulons assurer le redressement et la prospérité de la France. De grâce !
La commission de privatisation est maintenant saisie de ce dossier et elle devra exprimer une opinion ; c'est sur l'avis conforme....
M. Alain Richard. Public ?
M. Jean Arthuis, ministre de l'économie et des finances. ... de la commission de privatisation, dont vous voudrez bien saluer et l'indépendance et l'autorité, ...
M. Paul Raoult. Tu parles !
M. Jean Arthuis, ministre de l'économie et des finances. ... que la privatisation pourra être réalisée.
Cette opinion, cet avis sera exprimé en tenant compte des dimensions militaire, industrielle et financière.
Sur les évaluations retenues, le choix a été difficile. Il s'est agi d'assurer la constitution de ce qui sera l'un des grands groupes mondiaux en matière de défense, grâce à une intégration verticale qui prenne en considération aussi bien l'observation, le renseignement, la transmission des données et les systèmes d'armes, en même temps qu'un grand groupe d'électronique civile.
Il se trouve que le repreneur, Lagardère Groupe, a fait connaître son intention de transférer Thomson Multimédia au groupe sud-coréen Daewoo.
M. Jacques Mahéas. Il se trompe !
M. Alain Richard. Comme par hasard !
M. Jean Arthuis, ministre de l'économie et des finances. Mais, que je sache, ce groupe a décidé de s'enraciner en France !
M. Claude Estier. Comme JVC !
Mme Marie-Claude Beaudeau. Oui, comme JVC !
M. Jean Arthuis, ministre de l'économie et des finances. Il a déjà pris des initiatives en Lorraine, et je ne crois pas que les élus de cette région aient à redire à cette décision. Il va - c'est en tout cas l'intention, la volonté qu'il a exprimée -...
M. Jacques Mahéas. Sans garantie !
M. Jean Arthuis, ministre de l'économie et des finances. ... consolider cette position et créer quelques milliers d'emplois dans l'électronique grand public.
Voilà de quoi il s'agit !
Monsieur le sénateur, vous aviez certes raison d'avoir le courage...
M. Alain Richard. C'est vous qui êtes courageux de défendre une telle thèse !
M. Jean Arthuis, ministre de l'économie et des finances. ... d'instruire le procès des nationalisations de 1982, mais vous aviez tort de disqualifier ainsi une procédure parfaitement régulière et transparente.
Mme Hélène Luc. Et les employés de Thomson, vous les avez consultés ?
M. Jean Arthuis, ministre de l'économie et des finances. Quoi qu'il en soit, monsieur le sénateur, merci de m'avoir permis d'apporter ces précisions devant le Sénat. (Applaudissements sur les travées de l'Union centriste, du RPR et des Républicains et Indépendants, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)

COÛT DE FONCTIONNEMENT DE SUPERPHÉNIX

M. le président. La parole est à M. Richert.
M. Philippe Richert. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'industrie, de la poste et des télécommunications.
Monsieur le ministre, je me permets d'attirer votre attention sur le financement de Superphénix et sur la gestion du réacteur nucléaire par la société NERSA dont EDF est actionnaire majoritaire.
Alors que Superphénix devait initialement être une unité de production soucieuse de favoriser l'indépendance énergétique de la France, ce que nous comprenons - et à ce titre les coûts d'investissements et de fonctionnement étaient justifiables, même si le procédé, dès le début, était sujet à de nombreuses interrogations - le décret du 11 juillet 1994 a clairement modifié la finalité de l'équipement en outil de recherche.
Or, la transformation de la finalité de l'ouvrage rend les chiffres avancés, avec prudence certes, par la Cour des comptes somme toute proches de la réalité - nous pouvons faire confiance à la Cour dans ce domaine - très élevés pour des travaux de recherche grandeur nature.
L'estimatif prévisionnel pour un fonctionnement jusqu'en l'an 2000 comporte un coût de l'ordre de 60 milliards de francs. Dès lors, n'est-il pas permis de s'interroger sur l'utilité d'un ouvrage aussi coûteux, fût-il de recherche ?
De plus, certaines erreurs de gestion, comptables plus précisément, du fait de la société NERSA, semblent avoir été clairement constatées par la Cour des comptes.
Nous savons bien, monsieur le ministre, que votre Gouvernement n'est en rien responsable de l'existence même de Superphénix. Cependant, ne convient-il pas, compte tenu des précisions apportées par la Cour des comptes - en cette période de restriction budgétaire, 60 milliards de francs, ce n'est pas rien ! - de se poser deux questions ?
Premièrement, quels sont les moyens que l'on peut mettre en oeuvre pour rendre plus transparente la gestion de Superphénix par la société NERSA ?
Deuxièmement, comment réduire au maximum les coûts de ce surgénérateur, voire éventuellement arrêter ce dernier ? (Applaudissements sur les travées de l'Union centriste, ainsi que sur certaines travées du RPR.)
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Franck Borotra, ministre de l'industrie, de la poste et des télécommunications. Monsieur le sénateur, l'intérêt de la France, qui est au coeur d'une filière nucléaire probablement unique au monde, est de maîtriser totalement le cycle du combustible.
Or Superphénix est le seul outil permettant aujourd'hui de conduire une réflexion et une expérimentation au niveau industriel pour l'incinération du plutonium et, plus généralement, pour la destruction des déchets hautement radioactifs et de longue durée de vie.
L'intérêt de Superphénix comme outil de recherche a été reconnu par la commission scientifique de haut niveau, présidée par le professeur Castaing, dont le rapport, rendu public en juillet 1996, contient une recommandation. Le Gouvernement a décidé de reprendre cette dernière et de mettre en place un conseil scientifique chargé de mettre à jour et de suivre le programme de recherches mené par Superphénix. Cet outil est donc utilisé à des fins de recherche et d'expérimentation à échelle industrielle.
Vous avez aussi évoqué le problème financier, monsieur le sénateur. Il est vrai que Superphénix a coûté très cher. Mais les dépenses ont déjà été effectuées et, de toute façon, le fait de ne plus se servir de cet outil reviendrait plus cher que de le faire fonctionner.
En l'état actuel des choses, des dépenses doivent être assurées pour le futur. Elles naissent des contraintes futures du démantèlement de l'outil.
Pour le reste, je peux vous rassurer. Le bilan financier devrait être neutre si Superphénix continue à fonctionner normalement, comme c'est le cas depuis son redémarrage à la fin de l'année dernière.
Moyennant une disponibilité suffisante des réacteurs, si les bons résultats enregistrés depuis un an se maintiennent, l'exploitation devrait être neutre, voire positive au cours des prochaines années. Elle permettra également de réaliser en même temps un programme scientifique indispensable au maintien et au développement de la filière nucléaire française. (Applaudissements sur les travées du RPR, de l'Union centriste, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)

MAINTIEN DE L'EMPLOI INDUSTRIEL DANS L'AUBE

M. le président. La parole est à M. Gaillard.
M. Yann Gaillard. Monsieur le président, ma question s'adresse à Mme le ministre délégué pour l'emploi.
Madame le ministre, connaissant le département de l'Aube, vous savez à quel point il est attaché à sa tradition industrielle et combien il a souffert, depuis vingt ans, avec le « rabotage » obsédant des effectifs du secteur textile.
Je souhaite appeler l'attention du Gouvernement sur une nouvelle vague de compression de personnel touchant au moins 300 salariés dans deux entreprises performantes : il s'agit de l'entreprise Cycleurope, située à Romilly-sur-Seine, spécialisée dans la fabrication et le montage de vélos, dont l'effectif est de 604 salariés, et de l'entreprise Gravograph, implantée à La Chapelle-Saint-Luc, près de Troyes, qui emploie 313 personnes et qui est considérée comme le leader mondial des machines à graver assistées par ordinateur.
Dans les deux cas, les mesures de réduction envisagées résultent non pas d'une mauvaise gestion ou d'une mauvaise qualité du produit, mais d'un changement de la stratégie financière.
Mme Marie-Claude Beaudeau. Et voilà !
M. Yann Gaillard. Dans un cas, les banques appelées à renouveler leur soutien à l'entreprise subordonnent leur décision à l'intervention d'une restructuration dans une logique purement financière ; dans l'autre, un groupe situé hors de France, qui s'est d'ailleurs substitué à un autre groupe, arrête sa politique selon des critères liés au périmètre international de son activité.
Il en découle, madame le ministre, une logique qui déroute complètement les partenaires sociaux dans la mesure où la priorité n'est plus toujours le maintien à bon niveau de la main-d'oeuvre salariée et des unités de production correspondantes.
Comme d'autres parlementaires du département, j'ai reçu des délégations syndicales dont j'ai apprécié à la fois l'attachement à leur entreprise et la modération.
Si les dispositions législatives adoptées dans le cadre de la loi Robien devraient permettre de réduire sensiblement le nombre des licenciements, cette solution pèsera néanmoins lourdement sur les finances publiques sans que, pour autant, notre capacité productive en soit accrue.
C'est la raison pour laquelle je vous demande, madame le ministre - je pense en effet que vos services étudient déjà ces affaires - si l'intervention de dispositions aussi favorables ne devrait pas s'accompagner d'un engagement pris par l'entreprise de conserver son implantation sur notre territoire, de concentrer ses efforts en vue de restaurer sa compétitivité et donc de tendre vers le rétablissement de son niveau d'emploi initial. (Applaudissements sur les travées du RPR, de l'Union centriste et des Républicains et Indépendants.)
M. le président. La parole est à Mme le ministre.
Mme Anne-Marie Couderc, ministre délégué pour l'emploi. Monsieur le sénateur, il est vrai - vous êtes d'ailleurs bien placé dans votre département pour le savoir - que nous sommes beaucoup trop souvent confrontés à des stratégies industrielles de groupe qui, malheureusement, prennent l'emploi comme variable d'ajustement.
Mme Marie-Claude Beaudeau. Ah bon ?
Mme Anne-Marie Couderc, ministre délégué. Si, bien évidemment, les décisions de gestion appartiennent en propre aux entreprises et si l'Etat ne peut s'immiscer dans la gestion de ces dernières - chaque fois que ce principe a été oublié, les mauvais résultats ont été patents -...
Mme Marie-Claude Beaudeau. Vous leur donnez de l'argent !
Mme Anne-Marie Couderc, ministre délégué. ... en revanche, l'Etat ne peut pas se désintéresser de situations dans lesquelles il peut y avoir un plan social, une demande d'aides financières ou un risque pour les salariés de se retrouver au chômage. Par conséquent, nous demandons à nos services de veiller au cas par cas, en fonction des situations concrètes, à ce qu'il y a lieu de faire.
Ce principe de vigilance s'applique bien entendu au dispositif de la loi Robien, que vous avez évoquée tout à l'heure, monsieur le sénateur.
Je ferai deux observations sur l'application de cette loi.
Tout d'abord, l'aide publique est accordée pour une durée limitée, ce qui veut bien dire que l'on aide l'entreprise à s'adapter, donc à modifier de manière durable son organisation de travail pour augmenter sa compétitivité. En ce sens, il y a bien, comme vous le souhaitez, monsieur le sénateur, une approche dynamique conduisant, selon les cas, à la stabilisation ou au développement de l'emploi.
Par ailleurs, le dispositif est examiné en fonction des opportunités réelles, des prévisions et des engagements de chaque entreprise. Si le projet ne semble pas garantir la pérennité du site, si les emplois sauvés ne paraissent pas durables, l'aide de l'Etat pourra être refusée, ainsi qu'il est bien spécifié dans la circulaire adressée par le ministère aux préfets et aux directeurs départementaux et régionaux du travail pour l'application de la loi Robien.
Je dirai en conclusion, monsieur le sénateur - si M. Jacques Barrot était présent dans cet hémicycle, il l'exprimerait encore mieux que moi - que notre volonté, à travers ce type de dispositif est bien de favoriser des réorganisations authentiques, durables, mûrement réfléchies et négociées à l'intérieur de l'entreprise, par opposition à des projets hâtifs, mal préparés, fort peu négociés, en d'autres termes des projets artificiels qui auraient pour seul objectif l'obtention d'une aide financière.
Je pense donc, monsieur le sénateur, que nous disposons des moyens d'exercer un contrôle au cas par cas afin que seules les entreprises qui ont une approche dynamique et qui sont soucieuses du maintien de l'emploi puissent bénéficier de nos aides (Applaudissements sur les travées du RPR, de l'Union centriste et des Républicains et Indépendants.)

POUVOIRS DU MAIRE DE PARIS EN MATIÈRE
DE CIRCULATION ET DE STATIONNEMENT

M. le président. La parole est à M. Dominati.
M. Jacques Dominati. Monsieur le président, ma question s'adresse à M. le ministre de l'intérieur.
Dans une récente déclaration, le maire de Paris se dit prêt à assumer des responsabilités en matière de circulation et de stationnement, comme tous les maires des communes de France.
Monsieur le ministre, vous êtes à la fois ministre de l'intérieur et élu parisien. (Murmures sur les travées socialistes.) Ce fut le cas de M. Joxe qui, un temps, fut conseiller de Paris.
Vous devez connaître mieux que quiconque l'impuissance des élus de Paris face aux questions de la vie quotidienne, et l'incompréhension des Parisiens vis-à-vis de leurs élus et de l'Etat. C'est singulièrement le cas en ce qui concerne la circulation et le stationnement.
Les élus ne peuvent agir, car ils n'ont pas de pouvoir dans ce domaine. L'Etat n'agit pas, parce qu'il a bien autre chose à faire, notamment en matière de la sécurité.
C'était gênant hier ; aujourd'hui, la situation devient aberrante. Je prendrai l'exemple très actuel des problèmes de pollution atmosphérique liés aux véhicules à moteur, et dont l'importance a motivé la loi sur l'air.
Ce projet de loi prévoit la définition, à l'échelle de la région, d'un plan de déplacement urbain, un PDU, visant à donner aux habitants de la région d'Ile-de-France la qualité de l'air à laquelle ils ont légitimement droit.
Comment le maire de Paris peut-il défendre le point de vue des Parisiens dans cette négociation, alors qu'il ne dispose d'aucun pouvoir décisionnaire en matière de déplacement ?
Ce n'est que depuis 1977 que la ville de Paris a un maire. Je tiens à le rappeler car, à l'époque, beaucoup rejetaient l'idée que les Parisiens puissent s'administrer eux-mêmes.
Mais, en fait, depuis 1977, Paris a deux maires : un maire pour les affaires générales et communales, un autre pour tout ce qui touche à la tranquillité publique, la circulation et le stationnement.
En 1989, une proposition de loi déposée par les sénateurs de la majorité UDF-RPR de Paris était discutée et adoptée par le Sénat. Cette proposition de loi confiait au maire de Paris des pouvoirs de police municipale concernant, notamment, la police de la circulation et du stationnement et le maintien du bon ordre dans les manifestations publiques.
Malgré les rapports favorables, malgré le voeu formulé par le Conseil de Paris, le 14 décembre 1994, pour demander l'inscription à l'ordre du jour de l'Assemblée nationale de cette proposition de loi, malgré les propositions de M. Millon, la mienne, celle de M. Bussereau, le rapport de M. Balkany, ni la question des polices municipales en France ni, surtout, celle des compétences du maire, à Paris, n'ont été traitées par quelque gouvernement que ce soit.
N'est-ce pas le maire de Paris, Jacques Chirac, qui disait en 1988 : « Les Parisiens me reprochent les problèmes de circulation à Paris ; ce qu'ils ne savent pas, c'est que je ne peux rien faire » ?
Maintenant, monsieur le ministre, vous, vous le pouvez ! Non parce que vous êtes ministre de l'intérieur et que vous avez autorité sur le préfet de police, mais parce que vous pouvez accéder au voeu de la majorité municipale du conseil et à l'engagement renouvelé du maire de Paris qui, comme moi, vous demande l'inscription à l'ordre du jour de la question des tranferts des pouvoirs de police du maire en matière de stationnement et de circulation. (Applaudissements sur les travées des Républicains et Indépendants.)
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Jean-Louis Debré, ministre de l'intérieur. Il va de soi, monsieur le sénateur, que les problèmes de sécurité à Paris doivent être pris au sérieux et traités avec les moyens nécessaires.
Toutefois, je n'ai pas le sentiment que cette question soit prise aujourd'hui à la légère. Dire que l'Etat n'agit pas, c'est faire peu de cas de l'activité quotidienne de la police à Paris ! Je ne peux pas l'accepter en tant que ministre de l'intérieur, alors même que les résultats sont au rendez-vous : la criminalité, la délinquance sont en recul à Paris et diminuent de 8,3 % pour les neuf premiers mois de l'année 1996 par rapport à l'année 1995.
Je vous remercie, monsieur le sénateur, de me donner l'opportunité de rendre hommage à l'efficacité des fonctionnaires de la police nationale en fonction à Paris, sous l'autorité du préfet de police. (Exclamations sur les travées socialistes.) Ils accomplissent leur mission de façon exemplaire dans tous les arrondissements de la capitale. La brigade anticriminalité de nuit comme celle de jour, que j'ai créée récemment, ont des résultats tout à fait exceptionnels.
En ce qui concerne la pollution de l'air, vous savez qu'une réflexion a été engagée par le ministre de l'environnement pour actualiser les normes applicables. Le conseil départemental d'hygiène en a été saisi. La loi sur l'air donnera à cette réflexion un nouvel élan, et je ne doute pas que l'Ile-de-France sera pionnière en ce domaine.
Quant à la question du transfert de certains pouvoirs de police dans la capitale du préfet de police au maire de Paris, gardons présent à l'esprit le fait que les enjeux ne sont pas les mêmes que dans les autres villes de France.
Je comprends que votre suggestion s'applique essentiellement à la police de circulation ou au stationnement, monsieur le sénateur. Eh bien, c'est à l'occasion de l'examen du projet de loi sur les polices municipales que cette question pourrait être évoquée !
M. le président. Mes chers collègues, nous en avons terminé avec les questions d'actualité au Gouvernement.
Nous allons interrompre nos travaux pendant quelques instants.
La séance est suspendue.
(La séance, suspendue à seize heures, est reprise à seize heures cinq, sous la présidence de M. Paul Girod.)

PRÉSIDENCE DE M. PAUL GIROD
vice-président

M. le président. La séance est reprise.

5

AIR ET UTILISATION RATIONNELLE
DE L'ÉNERGIE

Suite de la discussion et adoption d'un projet de loi
en deuxième lecture

M. le président. L'ordre du jour appelle la suite de la discussion en deuxième lecture du projet de loi (n° 435, 1995-1996), modifié par l'Assemblée nationale, sur l'air et l'utilisation rationnelle de l'énergie. [Rapport n° 32 (1996-1997) et avis n° 36 (1996-1997)].
Le Sénat a commencé ce matin la discussion de l'article 3.
J'en rappelle les termes :

Article 3 (suite)

M. le président « Art. 3. - L'Etat assure, avec le concours des collectivités territoriales, la surveillance de la qualité de l'air et de ses effets sur la santé. Il confie à l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie la coordination technique de la surveillance de la qualité de l'air. Des objectifs de qualité de l'air, des seuils d'alerte et des valeurs limites sont fixés, après avis du Conseil supérieur d'hygiène publique de France, en conformité avec ceux définis par l'Union européenne ou, à défaut, par l'Organisation mondiale de la santé. Ces objectifs, seuils d'alerte et valeurs limites sont régulièrement réévalués pour prendre en compte les résultats des études médicales et épidémiologiques.
« Au sens de la présente loi, on entend par :
« - objectifs de qualité, un niveau de concentration de substances polluantes dans l'atmosphère, fixé sur la base des connaissances scientifiques, dans le but d'éviter, de prévenir ou de réduire les effets nocifs de ces substances pour la santé humaine ou pour l'environnement, à atteindre dans une période donnée ;
« - seuils d'alerte, un niveau de concentration de substances polluantes dans l'atmosphère au-delà duquel une exposition de courte durée présente un risque pour la santé humaine ou de dégradation de l'environnement à partir duquel des mesures d'urgence doivent être prises ;
« - valeurs limites, un niveau maximal de concentration de substances polluantes dans l'atmosphère, fixé sur la base des connaissances scientifiques, dans le but d'éviter, de prévenir ou de réduire les effets nocifs de ces substances pour la santé humaine ou pour l'environnement.
« Les substances dont le rejet dans l'atmosphère peut contribuer à une dégradation de la qualité de l'air au regard des objectifs mentionnés au premier alinéa sont surveillées, notamment par l'observation de l'évolution des paramètres propres à révéler l'existence d'une telle dégradation. Les paramètres de santé publique susceptibles d'être affectés par l'évolution de la qualité de l'air sont également surveillés.
« Un dispositif de surveillance de la qualité de l'air et de ses effets sur la santé sera mis en place au plus tard : pour le 1er janvier 1997 dans les agglomérations de plus de 250 000 habitants, pour le 1er janvier 1998 dans les agglomérations de plus de 100 000 habitants, et pour le 1er janvier 2000 pour l'ensemble du territoire national. Les modalités de surveillance sont adaptées aux besoins de chaque zone intéressée.
« Un décret fixe les objectifs de qualité de l'air, les seuils d'alerte et les valeurs limites ainsi que la liste des substances mentionnées au sixième alinéa. La liste et la carte des communes incluses dans les agglomérations de plus de 250 000 habitants ainsi que dans les agglomérations comprises entre 100 000 et 250 000 habitants sont annexées à ce décret.
« Dans chaque région, et dans la collectivité territoriale de Corse, l'Etat confie la mise en oeuvre de cette surveillance à un ou des organismes agréés. Ceux-ci associent, de façon équilibrée, des représentants de l'Etat et de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie, des collectivités territoriales, des représentants des diverses activités contribuant à l'émission des substances surveillées, des associations agréées de protection de l'environnement, des associations agréées de consommateurs et, le cas échéant, faisant partie du même collège que les associations, des personnalités qualifiées. Les modalités d'application du présent alinéa sont définies par un décret en Conseil d'Etat.
« Les matériels de mesure de la qualité de l'air et de mesure des rejets de substances dans l'atmosphère, ainsi que les laboratoires qui effectuent des analyses et contrôles d'émissions polluantes, sont soumis à agrément de l'autorité administrative. Celle-ci détermine les méthodes de mesure et les critères d'emplacement des matériels utilisés.
« Les agréments délivrés en application du présent article peuvent être retirés lorsque les organismes et laboratoires ainsi que les matériels de mesure ne satisfont plus aux conditions qui ont conduit à les délivrer. »
Dans la discussion de l'article 3, nous allons maintenant examiner quatre amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 82, MM. Rouquet et Delanoë, Mme Pourtaud et les membres du groupe socialiste et apparentés proposent de rédiger ainsi la première phrase du septième alinéa de cet article :
« La surveillance de la qualité de l'air est effective au plus tard au 1er janvier 1997 s'agissant des agglomérations de plus de 250 000 habitants, au 1er janvier 1998 s'agissant des agglomérations de plus de 100 000 habitants et au 1er janvier 2000 pour l'ensemble du territoire national. »
Par amendement n° 45 rectifié, MM. Richert et Hérisson proposent d'insérer, dans la première phrase du septième alinéa de l'article 3, après les mots : « sur la santé », les mots : « et sur l'environnement ».
Par amendement n° 54, M. Le Grand propose, dans la première phrase du septième alinéa de l'article 3, de remplacer les mots : « pour le 1er janvier 1997 dans les agglomérations de plus de 250 000 habitants, pour le 1er janvier 1998 pour les agglomérations de plus de 100 000 habitants » par les mots : « pour le 30 juin 1997 dans les agglomérations de plus de 250 000 habitants, pour le 30 juin 1998 pour les agglomérations de plus de 100 000 habitants. »
Par amendement n° 5, M. François, au nom de la commission des affaires économiques, propose, dans la première phrase du septième alinèa de l'article 3, de remplacer la date : « 1er janvier 1997 » par la date : « 31 mars 1997. »
L'amendement n° 82 est-il soutenu ?
Je constate qu'il ne l'est pas.
En conséquence, la discussion commune n'a plus de raison d'être s'agissant des deux amendements n°s 82 et 45 rectifié.
La parole est à M. Richert, pour défendre l'amendement n° 45 rectifié.
M. Philippe Richert. Cet amendement de coordination n'a d'autre objet que d'introduire dans le présent projet de loi la notion d'environnement.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe François, rapporteur de la commission des affaires économiques et du Plan. Favorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Corinne Lepage, ministre de l'environnement. Le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 45 rectifié, accepté par la commission et pour lequel le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. La parole est à M. Le Grand, pour présenter l'amendement n° 54.
M. Jean-François Le Grand. Il s'agit d'un amendement de bon sens. En effet, aux termes du septième alinéa du texte, le dispositif de surveillance de la qualité de l'air sera mis en place au plus tard le 1er janvier 1997. Le délai prévu me paraissant un peu trop court, je propose de repousser cette date au 30 juin 1997, mais je reconnais que ce point n'est pas fondamental !
M. le président. La parole est à M. le rapporteur, pour présenter l'amendement n° 5 et pour donner l'avis de la commission sur l'amendement n° 54.
M. Philippe François, rapporteur. Avec l'amendement n° 5, il ne s'agit pas d'une manoeuvre dilatoire, mais seulement de prendre acte du fait que, compte tenu de la date probable de publication de la loi, les décrets prévus pour l'entrée en vigueur de l'article 3 ne seront sans doute pas publiés au 1er janvier. C'est la raison pour laquelle nous proposons, par cet amendement, de repousser l'échéance au 31 mars 1997.
Quant à l'amendement n° 54, je souhaite que mon collègue M. Le Grand comprenne que j'y sois défavorable, et je l'appelle à le retirer en faveur de l'amendement de la commission.
M. le président. Monsieur Le Grand, l'amendement n° 54 est-il maintenu ?
M. Jean-François Le Grand. Puisque le 30 mars semble convenir à tout le monde, je retire mon amendement, monsieur le président.
M. le président. L'amendement n° 54 est retiré.
Quel est l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 5 ?
Mme Corinne Lepage, ministre de l'environnement. Je ne suis pas favorable à cet amendement, pour la bonne et simple raison que le Gouvernement tiendra les engagements prévus par le texte.
Les appels d'offre ont été lancés et, par conséquent, tout pourra être mis en place le 1er janvier 1997, comme nous l'avions prévu initialement.
M. Philippe François, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Philippe François, rapporteur. Quand un ministre nous dit que les délais seront respectés, on ne peut que s'en réjouir !
Par conséquent, je retire l'amendement n° 5.
M. Emmanuel Hamel. Si Mme le ministre tient sa promesse !
M. le président. L'amendement n° 5 est retiré.
Par amendement n° 69, MM. Leyzour, Billard, Minetti, Pagès, et les membres du groupe communiste républicain et citoyen proposent de compléter le septième alinéa de l'article 3 par une phrase ainsi rédigée : « La prévision des niveaux de pollution sera effective pour chacun des niveaux territoriaux au plus tard deux ans après cette date. »
La parole est à M. Minetti.
M. Louis Minetti. Le texte de cet amendement pourrait se suffir à lui-même !
J'ajoute que le défaut principal de l'application du principe « pollueur-payeur » est que celui-ci, loin de permettre la mise en oeuvre de la prévention des pollutions - car c'est bien la grande idée - agit, à l'inverse, comme un droit à polluer.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe François, rapporteur. La commission estime qu'il serait souhaitable de connaître la réalité des moyens techniques disponibles permettant effectivement de prévoir le niveau de pollution.
Je me tourne donc vers le Gouvernement, car je souhaiterais connaître son avis.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Corinne Lepage, ministre de l'environnement. Le Gouvernement n'est pas favorable à cet amendement.
Dès lors que la surveillance sera effective - et je peux vous assurer, monsieur le sénateur, qu'elle le sera, comme je l'ai dit, au 1er janvier 1997, puisque tout le matériel est en cours d'achat et que les associations sont en place - le système pourra fonctionner. Avec une station météorologique dans les zones couvertes par les réseaux de mesures, la prévision des niveaux de pollution sera automatique, sous réserve, bien sûr, de nos connaissances scientifiques, qui, évidemment, évolueront avec le temps.
Par conséquent, monsieur le sénateur, je ne crois pas que votre crainte soit justifiée et je vous invite à retirer votre amendement.
M. le président. Monsieur Minetti, l'amendement est-il maintenu ?
M. Louis Minetti. Compte tenu des assurances que vient de me donner Mme le ministre, je préfère le retirer, monsieur le président.
M. le président. L'amendement n° 69 est retiré.
Par amendement n° 55, M. Le Grand propose, dans la première phrase du huitième alinéa de l'article 3, après les mots : « un décret », d'insérer les mots : « en Conseil d'Etat pris après avis du Conseil supérieur d'hygiène publique de France et du Conseil supérieur des installations classées ».
La parole est à M. Le Grand.
M. Jean-François Le Grand. Je crains de recevoir, pour cet amendement, la même réponse que celle que j'ai obtenue tout à l'heure avec l'amendement n° 53. (Mme le ministre acquiesce.) Mme le ministre opinant, je raccourcirai mon propos !
Compte tenu du fait que les substances dont on doit fixer la liste par décret sont aussi émises par des installations classées, je souhaiterais que l'on puisse consulter au préalable le conseil supérieur d'hygiène publique de France ainsi que le conseil supérieur des installations classées.
Je maintiens donc l'amendement n° 55... jusqu'à ce que Mme le ministre m'apporte la réponse qui me permettra de le retirer ! (Sourires.)
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe François, rapporteur. La commission attend cette même réponse et souhaite donc entendre d'abord le Gouvernement.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Corinne Lepage, ministre de l'environnement. Mon avis n'a pas changé depuis ce matin, mais je puis apporter maintenant la précision que je n'avais pas donnée alors : l'avis du conseil supérieur des installations classées sera requis dans le cadre de l'article 11 bis.
M. le président. Monsieur Le Grand, l'amendement n° 55 est-il maintenu ?
M. Jean-François Le Grand. Je le retire, monsieur le président.
Votre continuité vous honore, madame le ministre ! (Sourires.)
M. le président. L'amendement n° 55 est retiré.
Par amendement n° 6, M. François, au nom de la commission des affaires économiques, propose de compléter in fine l'article 3 par un alinéa ainsi rédigé :
« Les agréments délivrés en application de la loi n° 76-663 du 19 juillet 1976 relative aux installations classées pour le protection de l'environnement valent agrément au titre de la présente loi. »
Cet amendement est assorti d'un sous-amendement n° 103, présenté par le Gouvernement, et tendant, dans le texte proposé par l'amendement n° 6 pour compléter l'article 3, après les mots : « de l'environnement », à insérer les mots : « aux laboratoires visés au dixième alinéa ci-dessus. »
La parole est à M. le rapporteur, pour défendre l'amendement n° 6.
M. Philippe François, rapporteur. L'Assemblée nationale a utilement complété le dernier alinéa de l'article 3 sur les conditions d'agrément des matériels et des laboratoires afin d'assurer la cohérence globale des moyens utilisés et des lieux de mesure retenus.
La commission vous propose de préciser que les agréments pris en application de la législation sur les installations classées, notamment en vertu de l'article 40 du décret du 21 septembre 1977 pris pour l'application de la loi du 19 juillet 1976, valent agrément au titre de la loi sur l'air.
M. le président. La parole est à Mme le ministre, pour défendre le sous-amendement n° 103 et pour donner l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 6.
Mme Corinne Lepage, ministre de l'environnement. Les agréments concernés par l'amendement n° 6 sont ceux que vise l'article 40 du décret du 21 septembre 1977 pris pour l'application de la loi du 19 juillet 1976 sur les installations classées. Cet article prévoit « l'agrément de laboratoires ou d'organismes en vue de la réalisation des analyses et contrôles qui peuvent être prescrits en application du présent décret et mis à la charge des exploitants. »
Dès lors, afin d'éviter toute ambiguité dans la mise en oeuvre de l'amendement, il est proposé de restreindre son champ aux laboratoires visés au dixième alinéa de l'article 3.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur le sous-amendement n° 103 ?
M. Philippe François, rapporteur. Favorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix le sous-amendement n° 103, accepté par la commission.

(Le sous-amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix, ainsi modifié, l'amendement n° 6, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix, l'article 3, modifié.

(L'article 3 est adopté.)

Article 4

M. le président. « Art. 4. - Le droit à l'information sur la qualité de l'air et ses effets sur la santé et l'environnement est reconnu à chacun sur l'ensemble du territoire. L'Etat est le garant de l'exercice de ce droit, de la fiabilité de l'information et de sa diffusion. Ce droit s'exerce selon les modalités définies au présent article.
« Sans préjudice des dispositions de la loi n° 78-753 du 17 juillet 1978 portant diverses mesures d'amélioration des relations entre l'administration et le public et diverses dispositions d'ordre administratif, social et fiscal, les résultats d'études épidémiologiques liées à la pollution atmosphérique, ainsi que les informations et prévisions relatives à la surveillance de la qualité de l'air, aux émissions dans l'atmosphère et aux consommations d'énergie, font l'objet d'une publication périodique qui peut être confiée, pour leur zone de compétence, aux organismes agréés mentionnés à l'article 3.
« L'Etat publie chaque année un inventaire des émissions des substances polluantes et un inventaire des consommations d'énergie. Il publie également un rapport sur la qualité de l'air, son évolution possible et ses effets sur la santé et l'environnement. L'inventaire des émissions des substances polluantes et le rapport sur la qualité de l'air, son évolution possible et ses effets sur la santé et l'environnement sont soumis à l'avis du Conseil supérieur d'hygiène publique de France.
« Lorsque les objectifs de qualité de l'air ne sont pas atteints ou lorsque les seuils d'alerte et valeurs limites mentionnés à l'article 3 sont dépassés ou risquent de l'être, le public en est immédiatement informé par l'autorité administrative compétente. Cette information peut également porter sur les valeurs mesurées, les conseils aux populations concernées et les dispositions réglementaires arrêtées. L'autorité administrative compétente peut déléguer la mise en oeuvre de cette information aux organismes agréés prévus à l'article 3. »
Par amendement n° 47 rectifié, MM. Richert et Hérisson proposent, dans le deuxième alinéa de cet article, après les mots : « les résultats d'études épidémiologiques liées à la pollution atmosphérique, », d'insérer les mots : « les résultats d'études sur l'environnement liées à la pollution atmosphérique, ».
La parole est à M. Hérisson.
M. Pierre Hérisson. Il est prévu, dans le premier alinéa de l'article 4, que « le droit à l'information sur la qualité de l'air et ses effets sur la santé et l'environnement est reconnu à chacun sur l'ensemble du territoire ».
De même, le troisième alinéa précise que le rapport annuel doit contenir des informations relatives aux effets de l'air sur la santé et l'environnement.
Les résultats d'études sur l'environnement liées à la pollution atmosphérique doivent donc être également mentionnés dans les publications que les organismes agréés font régulièrement.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe François, rapporteur. Favorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Corinne Lepage, ministre de l'environnement. Le Gouvernement n'est pas opposé à cet amendement ; il s'en remet à la sagesse de la Haute Assemblée.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 47 rectifié, accepté par la commission et pour lequel le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 46 rectifié, MM. Richert et Hérisson proposent, dans le deuxième alinéa de l'article 4, de remplacer les mots : « peut être confiée » par les mots : « est confiée ».
La parole est à M. Richert.
M. Philippe Richert. L'ensemble des résultats sont donc publiés, et il est proposé de confier cette publication aux associations et aux organismes de surveillance. Il convient de préciser que c'est là non pas une simple faculté, mais une obligation.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe François, rapporteur. Certaines des informations visées à l'article 4 ne sont pas recueillies par les réseaux de surveillance, notamment les résultats d'études épidémiologiques.
Voilà pourquoi la formule « peut être confiée » nous paraît devoir être conservée.
Mais la commission s'en remet à la sagesse du Sénat.
M. Philippe Richert. Je retire l'amendement.
M. le président. L'amendement n° 46 rectifié est retiré.
Par amendement n° 7, M. François, au nom de la commission des affaires économiques, propose, dans la première phrase du quatrième alinéa de l'article 4, de supprimer le mot : « immédiatement ».
La parole est à M. le rapporteur.
M. Philippe François, rapporteur. Dans le quatrième alinéa de cet article relatif aux modalités de l'information, et par coordination avec le vote de l'Assemblée nationale à l'article 12 relatif aux mesures d'urgence, qui reprend l'obligation d'une information immédiate du public par le préfet, il convient ici de supprimer le mot : « immédiatement », qui ne convient pas lorsqu'il s'agit d'informer sur des objectifs de qualité de l'air à attendre sur une longue période.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Corinne Lepage, ministre de l'environnement. Je ne suis pas favorable à cet amendement, qui n'est pas aussi rédactionnel que M. le rapporteur veut bien le dire.
Je sais qu'il existe désormais un article 12 tel qu'adopté par l'Assemblée nationale.
Néanmoins, le texte a bien pour objet de faire en sorte que l'information soit portée immédiatement à la connaissance du public. Une bonne connaissance de la situation est essentielle et l'information du public est un des principaux éléments du dispositif législatif dont nous discutons. Cette information immédiate est nécessaire en matière de dépassement des seuils d'alerte et de certaines valeurs limites mesurées sur des courtes périodes.
Pour les objectifs de qualité de l'air et pour les valeurs limites mesurées sur le long terme, le mot « immédiatement » signifie qu'il convient que les pouvoirs publics, en toute transparence, informent le public dès qu'ils ont connaissance des résultats, sans attendre la publication des synthèses, qui peuvent être très longues à élaborer.
Le Gouvernement ne voit donc pas pourquoi le terme « immédiatement » ne pourrait pas être maintenu, y compris dans l'article 4.
M. Philippe François, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Philippe François, rapporteur. Considérant que l'explication complète donnée par Mme le ministre, que je remercie, vaut engagement du Gouvernement, je retire l'amendement.
M. le président. L'amendement n° 7 est retiré.
Par amendement n° 48 rectifié, MM. Richert etHérisson proposent, dans la deuxième phrase du dernier alinéa de l'article 4, de remplacer les mots : « peut également porter » par les mots : « porte également ».
La parole est à M. Hérisson.
M. Pierre Hérisson. La disposition prévue par le texte est trop floue. Il est impératif, dans le cas présent, de fournir des informations précises au public et de lui donner l'exactitude des valeurs mesurées.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe François, rapporteur. Cet amendement apporte une précision utile. La commission y est favorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Corinne Lepage, ministre de l'environnement. Favorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 48 rectifié, accepté par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 4, modifié.

(L'article 4 est adopté.)

Article 5

M. le président. L'article 5 a été supprimé par l'Assemblée nationale.

TITRE II

PLANS RÉGIONAUX
POUR LA QUALITÉ DE L'AIR

Article 6

M. le président « Art. 6. - Le préfet de région, et en Corse le préfet de Corse, élabore un plan régional pour la qualité de l'air qui fixe des orientations permettant, pour atteindre les objectifs de qualité de l'air mentionnés à l'article 3, de prévenir ou de réduire la pollution atmosphérique ou d'en atténuer les effets. Ce plan fixe également des objectifs de qualité de l'air spécifiques à certaines zones lorsque les nécessités de leur protection le justifient.
« A ces fins, le plan régional pour la qualité de l'air s'appuie sur un inventaire des émissions et une évaluation de la qualité de l'air et de ses effets sur la santé publique et sur l'environnement. » - (Adopté.)

Article 7

M. le président « Art. 7. - Le comité régional de l'environnement, les conseils départementaux d'hygiène et les représentants des organismes agréés prévus à l'article 3 sont associés à l'élaboration du plan régional pour la qualité de l'air.
« Le projet de plan est mis à la disposition du public pour consultation. Il est transmis pour avis aux conseils municipaux des communes où il existe un plan de déplacements urbains ou un plan de protection de l'atmosphère, ainsi qu'aux autorités compétentes pour l'organisation des transports urbains et aux conseils généraux. Après modifications éventuelles afin de tenir compte des observations du public et des avis des collectivités consultées, il est arrêté par le préfet après avis du conseil régional ou, en Corse, de l'Assemblée de Corse.
« Le plan fait l'objet d'une évaluation au terme d'une période de cinq ans et, le cas échéant, est révisé ; il doit l'être dès lors que les objectifs de qualité de l'air n'ont pas été atteints.
« Le plan est alors modifié en fonction des éléments objectifs du bilan quinquennal et de l'actualisation des données scientifiques et sanitaires.
« En région d'Ile-de-France, le maire de Paris est associé à l'élaboration et à la révision du plan. »
Par amendement n° 8, M. François, au nom de la commission des affaires économiques, propose de rédiger comme suit le troisième alinéa de cet article :
« Au terme d'une période de cinq ans, le plan fait l'objet d'une évaluation et est révisé, le cas échéant, si les objectifs de qualité de l'air n'ont pas été atteints. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Philippe François, rapporteur. Lors de l'examen de cet article, l'Assemblée nationale, sur proposition de la commission de la production et des échanges, a précisé que l'évaluation quinquennale ne débouche pas automatiquement sur une révision du plan, si les résultats sont positifs.
Mais la rédaction adoptée laisse supposer que, dans l'intervalle des cinq ans, cette révision peut s'imposer dès lors que les objectifs de qualité de l'air ne sont pas atteints. Cette seconde obligation ne paraît pas se justifier, car ces objectifs peuvent ne pas être atteints pour des raisons conjoncturelles ou résulter de causes extérieures à la zone concernée, et la modification du plan n'aurait alors aucun effet.
Il convient, de plus, d'avoir à l'esprit la lourdeur d'une procédure de révision.
La commission propose donc cette rédaction pour lever toute ambiguïté.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Corinne Lepage, ministre de l'environnement. Favorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 8, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 83, MM. Rouquet et Delanoë, Mme Pourtaud et les membres du groupe socialiste et apparentés proposent de supprimer le dernier alinéa de l'article 7.
La parole est à Mme Pourtaud.
Mme Danièle Pourtaud. Le projet de loi initial prévoyait une même procédure d'élaboration des plans régionaux pour la qualité de l'air, qu'il s'agisse de l'Ile-de-France ou des autres régions.
A nos yeux rien ne justifie pour l'Ile-de-France un système dérogatoire, qui, si le texte était voté en l'état, donnerait au maire de Paris la possibilité d'être associé à l'élaboration du projet de loi, privilège dont ne jouissent pas les maires des grandes villes de province, ni même ceux d'Ile-de-France.
La consultation des conseils municipaux, eu égard au bon fonctionnement de la démocratie, est le seul dispositif qui vaille, et c'est ce que prévoit le projet de loi. C'est pourquoi il est proposé de supprimer cette dérogation au droit commun.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe François, rapporteur. J'ai cru entendre que le maire de Paris devrait être associé à l'élaboration de la loi ! Paris n'a rien à voir avec l'élaboration de la loi, madame ; c'est au Parlement qu'il appartient de légiférer !
Compte tenu des spécificités de la région d'Ile-de-France en ce qui concerne l'organisation des transport et du fait de la dimension et de l'importance de Paris, la commission a préféré conserver le régime dérogatoire.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Corinne Lepage, ministre de l'environnement. Le Gouvernement est défavorable à l'amendement.
Il y a bien un statut spécifique qui est conféré aux institutions de Paris et de l'Ile-de-France, madame le sénateur. L'agglomération parisienne est, de loin, en tête des agglomérations françaises.
Le Gouvernement souhaite conserver l'association du maire de Paris, votée en première lecture par la Haute Assemblée et confirmée par l'Assemblée nationale.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 83, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?
Je mets aux voix l'article 7, modifié.

(L'article 7 est adopté.)

Article additionnel après l'article 7

M. le président. Par amendement n° 70, MM. Leyzour, Billard, Minetti, Pagès, et les membres du groupe communiste républicain et citoyen proposent d'insérer, après l'article 7, un article additionnel ainsi rédigé :
« Il est créé dans chaque région une agence régionale de l'intermodalité dont la mission est l'organisation de la complémentarité entre modes de transports en lien avec les opérateurs concernés.
« Ces agences sont administrées conjointement par l'Etat, les collectivités territoriales et les représentants des usagers.
« Ces agences sont obligatoirement consultées sur le plan de déplacement urbain et coordonnent leur mise en oeuvre. »
L'amendement est-il soutenu ?...

TITRE III

PLANS DE PROTECTION DE L'ATMOSPHÈRE

Article 9

M. le président « Art. 9. - I. - Dans toutes les agglomérations de plus de 250 000 habitants, ainsi que dans les zones où, dans des conditions précisées par décret en Conseil d'Etat, les valeurs limites mentionnées à l'article 3 sont ou risquent d'être dépassées, le préfet élabore un plan de protection de l'atmosphère, compatible avec les orientations du plan régional de la qualité de l'air.
« II. - Le projet de plan est, après avis du comité régional de l'environnement et du ou des conseils départementaux d'hygiène concernés, soumis, pour avis, aux conseils municipaux et, lorsqu'ils existent, aux organes délibérants des établissements publics de coopération intercommunale concernés. Il est ensuite soumis à enquête publique dans les conditions prévues par la loi n° 83-630 du 12 juillet 1983 relative à la démocratisation des enquêtes publiques et à la protection de l'environnement.
« III et IV. - Non modifiés.
« V. - Les plans font l'objet d'une évaluation au terme d'une période de cinq ans et, le cas échéant, sont révisés. »
Par amendement n° 9, M. François, au nom de la commission des affaires économiques, propose, dans le paragraphe I de cet article, de supprimer les mots : « ou risquent d'être ».
La parole est à M. le rapporteur.
M. Philippe François, rapporteur. L'Assemblée nationale a élargi le champ d'application de l'article en indiquant que, pour les communes de moins de 250 000 habitants, l'élaboration du plan de protection de l'atmosphère est obligatoire non seulement lorsque les valeurs limites - c'est-à-dire le niveau maximal de concentration de substances polluantes dans l'atmosphère - sont dépassées, mais aussi dès qu'elles risquent de l'être.
La commission comprend ce souci de prévention, mais elle s'interroge sur sa mise en oeuvre. En effet, le pouvoir d'appréciation laissé au préfet est important tant sur l'existence du risque de dépassement que sur sa permanence dans le temps, ce qui constitue un facteur d'incertitude.
De plus, le mécanisme du plan de protection de l'atmosphère et son contenu juridique ne semblent pas constituer la réponse la plus adaptée lorsque les valeurs limites risquent d'être dépassées.
Il convient de signaler, par ailleurs, que le préfet, en application de l'article 12 du projet de loi, est tenu de prendre des mesures d'urgence pour limiter l'ampleur de la pollution dès lors que les seuils d'alerte sont atteints ou risquent de l'être.
En conséquence, la commission propose de revenir au texte adopté par le Sénat en première lecture.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Corinne Lepage, ministre de l'environnement. Le Gouvernement n'est pas favorable à cet amendement.
Il est important qu'un plan de protection de l'atmosphère puisse être élaboré dès lors qu'un risque de dépassement de valeur limite se fait jour. La directive européenne, publiée voilà quelques jours - je le signale au Sénat - dans le Journal officiel des Communautés européennes, précise que les Etats membres doivent prendre les mesures nécessaires pour assurer le respect des valeurs limites.
Par voie de conséquence, le seul recours à l'article 12, c'est-à-dire au mécanisme d'alerte lorsque les normes sont dépassées, ne suffit évidemment pas pour prendre les mesures nécessaires tout au long de l'année afin d'assurer le respect des valeurs limites, car, avant de dépasser les seuils, on est juste en dessous.
Par conséquent, il est important que le préfet puisse apprécier ce risque de dépassement et mettre en route, le cas échéant, la procédure d'élaboration du plan de protection de l'atmosphère.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 9, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 10, M. François, au nom de la commission des affaires économiques, propose, à la fin du paragraphe I de l'article 9, après les mots : « du plan régional de la qualité de l'air », d'ajouter les mots : « s'il existe ».
La parole est à M. le rapporteur.
M. Philippe François, rapporteur. Il s'agit d'un amendement rédactionnel de coordination.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Corinne Lepage, ministre de l'environnement. Favorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 10, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 11, M. François, au nom de la commission des affaires économiques, propose de remplacer la première phrase du paragraphe II de l'article 9 par deux phrases ainsi rédigées :
« Le projet de plan est, après avis du comité régional de l'environnement et des conseils départementaux d'hygiène concernés, soumis, pour avis, aux conseils municipaux et, lorsqu'elles existent, aux autorités compétentes pour l'organisation des transports urbains. L'avis qui n'est pas donné dans un délai de trois mois après transmission du projet de plan est réputé favorable. »
Cet amendement est assorti d'un sous-amendement n° 104, présenté par le Gouvernement, et tendant, à la fin de la première phrase du texte présenté par l'amendement n° 11 pour remplacer la première phrase du paragraphe II de l'article 9, à remplacer les mots : « lorsqu'elles existent, aux autorités compétentes pour l'organisation des transports urbains » par les mots : « lorsqu'ils existent, aux organes délibérants des établissements publics de coopération intercommunale intéressés ».
La parole est à M. le rapporteur, pour défendre l'amendement n° 11.
M. Philippe François, rapporteur. La modification introduite par l'Assemblée nationale prévoit la consultation de l'ensemble des conseils municipaux concernés, ainsi que celle des organes délibérants des établissements publics de coopération intercommunale concernés.
Cette participation en amont des collectivités locales est a priori une idée intéressante parce qu'elle permet une meilleure concertation avec l'ensemble des opérateurs concernés.
Néanmoins, afin d'éviter les risques d'enlisement et les consultations inutiles, il conviendrait de préciser le délai de consultation et de viser, en plus des conseils municipaux, les seules autorités compétentes pour l'organisation des transports urbains.
Au moment où nous souhaitons simplifier nos systèmes administratifs, il semble important d'adopter cet amendement.
M. le président. La parole est à Mme le ministre, pour défendre le sous-amendement n° 104 et donner l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 11.
Mme Corinne Lepage, ministre de l'environnement. Il est souhaitable d'élargir la concertation au-delà des seules autorités organisatrices de transport urbain, s'agissant de l'élaboration du plan de protection de l'atmosphère, qui vise l'ensemble des activités polluantes.
Sur l'amendement n° 11, le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur le sous-amendement n° 104 et donner l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 11 ?
M. Philippe François, rapporteur. A l'instar du Gouvernement, la commission s'en remet à la sagesse du Sénat.
Pour ma gouverne, j'aimerais toutefois que vous me précisiez, madame le ministre, ce qu'est une « autorité intéressée » ? J'ai l'impression d'être une autorité et je vous avoue être intéressé par beaucoup de choses ! (Sourires.)
Mme Corinne Lepage, ministre de l'environnement. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à Mme le ministre.
Mme Corinne Lepage, ministre de l'environnement. En fait, ce sont les établissements publics de coopération intercommunale qui sont concernés par le projet de loi.
Ce n'est pas une formule novatrice ! On la retrouve chaque fois que l'on met en place la consultation d'organismes dont les compétences portent sur le même champ territorial.
Je ne vois pas comment on pourrait employer une autre formulation. Si vous m'en proposiez une autre, je l'accepterais volontiers.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix le sous-amendement n° 104, pour lequel la commission s'en remet à la sagesse du Sénat.

(Le sous-amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix, ainsi modifié, l'amendement n° 11, pour lequel le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 9, modifié.

(L'article 9 est adopté.)

Article 10

M. le président. « Art. 10. - Le plan de protection de l'atmosphère peut renforcer les objectifs de qualité de l'air mentionnés à l'article 3 et précise les orientations permettant de les atteindre ainsi que les modalités de l'alerte. Il peut, en outre, renforcer les mesures techniques mentionnées aux articles 19 et 20.
« L'application de ce plan doit avoir pour objet de ramener, à l'intérieur de la zone, la concentration en polluants dans l'atmosphère à un niveau inférieur aux valeurs limites dans un délai fixé par ce plan.
« Le décret mentionné à l'article 11 bis précise les mesures qui peuvent être mises en oeuvre pour atteindre les objectifs fixés par le plan de protection de l'atmosphère, notamment en ce qui concerne les règles de fonctionnement et d'exploitation de certaines catégories d'installations, l'usage des carburants ou combustibles, les conditions d'utilisation de certains objets mobiliers, l'augmentation de la fréquence des contrôles des émissions des installations, des véhicules ou autres objets mobiliers, et l'élargissement de la gamme des substances contrôlées. »
Par amendement n° 12, M. François, au nom de la commission des affaires économiques, propose de rédiger comme suit les deux premiers alinéas de cet article :
« Le plan de protection de l'atmosphère a pour objet, dans un délai qu'il fixe, de ramener à l'intérieur de la zone la concentration en polluants dans l'atmosphère à un niveau inférieur aux valeurs limites visées à l'article 3, et de définir les modalités de la procédure d'alerte définie à l'article 12. Le choix des dispositions du plan de protection de l'atmosphère se fonde sur l'efficacité économique de ces mesures.
« Lorsque des circonstances particulières locales liées à la protection des intérêts définis aux articles 1er et 2 le justifient, le plan de protection de l'atmosphère peut renforcer les objectifs de qualité de l'air mentionnés à l'article 3 et précise les orientations permettant de les atteindre. Il peut, également, renforcer les mesures techniques mentionnées aux articles 19 et 20. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Philippe François, rapporteur. L'article 10 précise les objectifs et la nature des mesures qui peuvent être mises en oeuvre en application du plan de protection de l'atmosphère.
La commission propose une nouvelle rédaction de cet article. Celle-ci en reprend les éléments essentiels dans un ordre plus logique, en présentant d'abord la définition des objectifs du plan de protection de l'atmosphère, puis les mesures facultatives renforçant les prescriptions nationales qui peuvent être adoptées, eu égard aux circonstances locales.
Il importe, en effet, de préciser pour quelles raisons et dans quelles conditions le préfet peut renforcer des prescriptions définies à l'échelon national, tant en ce qui concerne les objectifs de qualité de l'air que les mesures techniques permettant d'y parvenir.
Enfin, l'adoption de mesures plus contraignantes pour les opérateurs économiques doit tenir compte du rapport entre le coût et l'efficacité.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Corinne Lepage, ministre de l'environnement. J'aurais aimé pouvoir donner un avis favorable sur cet amendement qui vise à inverser l'ordre des paragraphes de l'article. Mais je relève, tout d'abord, que le plan prévoit, dans un délai à déterminer, de ramener les concentrations en polluants à l'intérieur de la zone à un niveau inférieur aux valeurs limites.
Par ailleurs, le premier alinéa de votre amendement, monsieur le rapporteur, contient une disposition, légèrement modifiée, qui apparaissait dans le second alinéa de la version adoptée par l'Assemblée nationale. Dans votre premier alinéa vous proposez donc de mettre en avant le critère de l'efficacité économique pour apprécier les mesures à adopter.
Si vous souhaitiez entrer dans une telle logique, il conviendrait d'être plus explicite et, pour le coup, de dresser la liste des critères du choix préfectoral.
D'ailleurs, le premier alinéa du texte adopté par l'Assemblée nationale, et qui se retrouve dans votre deuxième alinéa modifié, pose également un problème quant à la démarche.
Le préfet tient compte des circonstances locales et les apprécie au regard des objectifs et principes de la présente loi, qui sont énoncés aux articles 1er et 2. Est-il besoin d'alourdir le texte en le rappelant, alors qu'il s'agit vraiment de la règle générale ?
Au total, la rédaction que vous proposez affaiblit la portée des plans de protection de l'atmosphère, et je n'y suis donc pas favorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 12, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 96, MM. Richert et Hérisson proposent, au dernier alinéa de l'article 10, après les mots : « l'usage des carburants ou combustibles, », d'insérer les mots : « l'utilisation des substances chimiques à potentiel élevé de destruction de l'ozone et de réchauffement climatique, dans le cadre de la lutte contre les incendies, ».
La parole est à M. Hérisson.
M. Pierre Hérisson. A propos des plans de protection de l'atmosphère, il est important de faire référence, dans la liste les mesures précisées par décret qui pourront être mises en oeuvre pour atteindre les objectifs fixés, à l'utilisation des substances chimiques à potentiel élevé de destruction de l'ozone, s'agissant notamment des produits utilisés pour lutter contre les incendies.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe François, rapporteur. Je reprendrai ce que disait mon ami M. Hérisson ce matin, à savoir queMontesquieu est l'un de ceux qui nous ont mené dans l'esprit des lois ! (Sourires.) Mais l'esprit des lois prévoit-il que des dispositions législatives se substituent aux dispositions réglementaires ?
Or, en l'occurrence, il s'agit de dispositions réglementaires et non législatives.
Cependant, plutôt que d'émettre un avis défavorable, je souhaiterais connaître l'avis du Gouvernement.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Corinne Lepage, ministre de l'environnement. Monsieur le président, ma réaction s'apparente à celle de M. le rapporteur.
Tout d'abord, si, comme MM. Richert et Hérisson, je suis tout à fait favorable à toutes les mesures qui permettent de lutter contre la destruction de la couche d'ozone, j'observe qu'il s'agit d'un problème global et que l'évoquer ici, à l'échelon purement local, poserait sans doute quelques difficultés.
Par ailleurs, c'est plutôt par décret que cette question devrait être réglée.
M. le président. Monsieur Hérisson, l'amendement est-il maintenu ?
M. Pierre Hérisson. Monsieur le président, après les explications de M. le rapporteur et de Mme le ministre, je retire mon amendement.
M. le président. L'amendement n° 96 est retiré.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 10, modifié.

(L'article 10 est adopté.)

Article additionnel après l'article 11

M. le président. Par amendement n° 84, MM. Rouquet et Delanoë, Mme Pourtaud et les membres du groupe socialiste et apparentés proposent d'insérer, après l'article 11, un article additionnel ainsi rédigé :
« Les dispositions relatives à la localisation des grandes infrastructures de transports prévues par l'article L. 141-1 du code de l'urbanisme définissant le schéma directeur de l'Ile-de-France sont révisées en vue d'atteindre les objectifs fixés par les titres II et III. »
La parole est à Mme Pourtaud.
Mme Danièle Pourtaud. Il s'agit d'un amendement que nous avions déjà proposé au Sénat en première lecture et qui vise à soumettre le schéma directeur d'Ile-de-France aux dispositions des PDU.
Nous avions déjà eu un long échange à cette occasion, mais j'insiste aujourd'hui auprès de Mme le ministre pour qu'elle prenne en compte notre préoccupation. Je pense qu'elle y consentira, car il me semble qu'elle a déclaré dimanche dernier qu'elle s'inquiétait, pour ne pas dire s'opposait, à la prolifération des « pénétrantes » en Ile-de-France.
Or cet amendement vise précisément à ouvrir la possibilité de modifier les dispositions relatives à la localisation des grandes infrastructures qui sont prévues par le schéma directeur d'Ile-de-France.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe François, rapporteur. Les dispositions des plans régionaux de qualité de l'air n'ont pas de caractère normatif. Elles fixent des orientations qui ne doivent pas s'imposer au schéma directeur dans la mesure où le plan régional pour la qualité de l'air doit rester un instrument de consultation. Il en va de même pour le contenu du plan de protection de l'atmosphère.
La commission se trouve donc dans l'obligation d'émettre un avis défavorable sur cet amendement.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Corinne Lepage, ministre de l'environnement. Le Gouvernement, pas plus que la commission, n'est favorable à votre amendement, madame le sénateur.
Il est clair qu'il existe un lien entre le schéma directeur et ce dont nous sommes en train de parler.
Néanmoins, j'attire votre attention sur le fait que le schéma directeur d'Ile-de-France est couvert par des textes qui lui sont propres, et que, comme vient de le rappeler M. le rapporteur, il existe un plan régional de la qualité de l'air qui, ne créant ni droit ni norme, ne peut pas ipso facto entraîner de modifications du schéma directeur. Cela n'implique pas que, le jour où l'on révisera le schéma de la région Ile-de-France, la cartographie et les objectifs qui auront été pris en compte dans le cadre du plan régional ne seront pas appliqués.
Par ailleurs, en ce qui concerne les plans de protection de l'atmosphère, madame le sénateur, j'attire votre attention sur le fait que leur champ sera probablement plus étroit que ne l'est le périmètre du schéma directeur d'Ile-de-France. Je vois donc mal comment on pourrait subordonner l'un à l'autre.
Par conséquent, je ne peux pas être favorable à l'amendement n° 84. Je partage cependant tout à fait votre souci, madame le sénateur, de faire en sorte que cette loi sur l'air puisse se traduire par un certain nombre d'applications concrètes.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 84, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)

Article 11 bis

M. le président. « Art. 11 bis - Les modalités d'application du présent titre sont fixées par décret en Conseil d'Etat. »
Par amendement n° 56, M. Le Grand propose de compléter in fine cet article par les mots : « pris après avis du Conseil supérieur des installations classées ».
La parole est à M. Le Grand.
M. Jean-François Le Grand. Vous m'avez demandé de retirer les amendements n°s 53 et 55, madame le ministre. Je l'ai fait volontiers au vu de vos engagements. J'ose espérer que nous atteignons maintenant un point de rencontre.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe François, rapporteur. Sans vouloir jouer les trouble-fête, je vous invite, mon cher collègue, à retirer cet amendement.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Corinne Lepage, ministre de l'environnement. Permettez-moi cette fois de vous faire plaisir, monsieur Le Grand, et de vous dire que je suis d'accord avec vous. En effet, la situation ne me paraît pas la même que celle dont nous parlions ce matin.
Il s'agit ici des plans de protection de l'atmosphère. Il est clair que ces plans concerneront mais ne modifieront pas les installations classées, les installations de chauffage, par exemple, qui sont déjà contrôlées par le préfet.
Par conséquent, considérer que, lors de l'élaboration de ce plan, le Conseil supérieur des installations classées doit être consulté ne me paraît pas du tout déraisonnable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 56, repoussé par la commission et accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 11 bis, ainsi modifié.

(L'article 11 bis est adopté.)

TITRE III BIS

MESURES D'URGENCE

Article 12

M. le président. « Art. 12. - Lorsque les seuils d'alerte sont atteints ou risquent de l'être, le préfet en informe immédiatement le public selon les modalités prévues à l'article 4 et prend des mesures propres à limiter l'ampleur et les effets de la pointe de pollution sur la population. Ces mesures, prises en application du plan de protection de l'atmosphère lorsqu'il existe et après information des maires intéressés, comportent un dispositif de restriction ou de suspension des activités concourant aux pointes de pollution, y compris, le cas échéant, de la circulation des véhicules, et de réduction des émissions des sources fixes et mobiles. » - (Adopté.)

Article 13

M. le président. L'article 13 a été supprimé par l'Assemblée nationale.

Article 13 bis

M. le président. « Art. 13 bis . - En cas de dépassement des seuils de pollution visés à l'article 3 et de déclenchement de la procédure d'alerte, la gratuité d'accès aux transports collectifs est obligatoire dans les agglomérations concernées. »
Je suis saisi de quatre amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Les deux premiers sont identiques.
L'amendement n° 13 est présenté par M. François, au nom de la commission des affaires économiques.
L'amendement n° 65 est présenté par M. Adnot.
Tous deux tendent à supprimer cet article.
Par amendement n° 105, le Gouvernement propose de rédiger l'article 13 bis comme suit :
« En cas de mesure de restriction ou de suspension de la circulation des véhicules décidée par le préfet dans le cadre d'une procédure d'alerte, l'accès aux réseaux de transport public en commun de voyageurs est assuré gratuitement. »
Par amendement n° 71, MM. Leyzour, Billard, Minetti, Pagès, et les membres du groupe communiste républicain et citoyen proposent :
I. - De compléter l'article 13 bis par deux paragraphes II et III ainsi rédigés :
« II. - A l'article L. 2333-67 du code général des collectivités territoriales, les taux : "0,55 %", "1 %" et "1,75 %" sont respectivement remplacés par les taux : "0,75 %", "1,2 %" et "1,95 %".
« III. - A l'article L. 2531-4 du même code, les taux : "2,5 %", "1,6 %" et "1,3 %", sont respectivement remplacés par les taux : "3 %", "1,9 %" et "1,6 %". »
II. En conséquence, de faire précéder le texte de l'article 13 bis de la mention : « I. »
La parole est à M. le rapporteur, pour présenter l'amendement n° 13.
M. Philippe François, rapporteur. Nous avons longuement évoqué cette question ce matin, lors de la discussion générale, mais l'importance du sujet mérite que l'on s'y attarde quelques instants.
En effet, cet article prévoit la gratuité des transports en commun en cas de pic de pollution. J'attire votre attention sur ce point, car il est très important, et cette disposition, si généreuse soit-elle, soulève à l'examen plus de questions qu'elle n'en résout, pour ce qui concerne tant sa mise en oeuvre que la répartition de son coût financier.
Le caractère automatique de la gratuité ne se justifie pas lorsque l'épisode de pollution est imputable à des installations ou à une cause extérieures à la zone concernée.
L'application de cette disposition introduirait une inégalité de traitement injustifiée entre les usagers des transports publics puisque, selon les explications du rapporteur de l'Assemblée nationale, cette mesure ne concernerait que les usagers n'empruntant pas habituellement les transports collectifs. En effet, les titulaires d'abonnement ne bénéficieront pas de mesures de remboursement partiel.
Cette disposition est logique, puisqu'il s'agit d'encourager les non-usagers des transports publics à utiliser ces derniers, et pragmatique, car le remboursement partiel d'abonnements est impossible à organiser.
En ce qui concerne les autorités responsables des transports qui assumeront le coût financier de cette mesure, force est de constater qu'une fois encore il s'agit d'une charge supplémentaire pour le budget des collectivités locales. Le Gouvernement n'a pas accepté de compenser cette mesure et ce « cadeau » fait aux dépens des collectivités locales vient s'ajouter aux efforts demandés en matière de transport en commun.
Bien plus, la non-compensation de cette mesure induit une discrimination à l'encontre de certaines autorités responsables de transports publics. Comme il a été souligné lors de la seconde délibération de cet article demandée par le Gouvernement, l'Etat assumera une partie de ce surcoût, lorsqu'il sera en cause, c'est-à-dire dans le cas particulier de Paris, à travers, notamment, sa contribution au fonctionnement de la régie autonome des transports parisiens, la RATP, qu'évoquait ce matin M. Descours.
C'est pour toutes ces raisons que nous vous demandons de supprimer cet article, même si la publicité qui a été faite autour du sujet lors du vote de l'Assemblée nationale aurait pu inciter certains à suivre celle-ci en cette matière.
MM. Jean-François Le Grand et Jean-Marie Girault. Très bien !
M. le président. La parole est à M. Adnot, pour défendre l'amendement n° 65.
M. Philippe Adnot. C'est à titre personnel et non pas en tant que rapporteur pour avis que j'ai déposé cet amendement, la commission des finances n'ayant pas été saisie de cet article 13 bis.
Je voudrais faire observer à Mme le ministre que le Gouvernement a bien fait de ne pas prévoir de compensation, lui qui est soucieux des deniers de l'Etat. Point n'est besoin en effet de compenser un dispositif qui ne va pas coûter plus cher au citoyen !
Si un pic de pollution est constaté, les personnes qui auraient utilisé leur voiture prendront les transports en commun, et cela leur coûtera moins cher. Pourquoi compenser ce qui est en réalité une économie pour celui qui sera obligé d'utiliser les transports en commun ?
Si l'Etat, à juste raison, ne veut pas mobiliser ses fonds en l'affaire, il doit laisser les collectivités locales en faire autant. Je rappelle que, sinon, la fiscalité locale étant pour la moitié assurée par la taxe professionnelle que versent les entreprises, on créerait sans nécessité une charge nouvelle.
Ceux à qui l'on demandera, les jours de pic de pollution, de prendre les transports en commun feront des économies ; que tout le monde en fasse !
M. Philippe François, rapporteur. Très bien !
M. le président. La parole est à Mme le ministre, pour défendre l'amendement n° 105.
Mme Corinne Lepage, ministre de l'environnement. Si le Gouvernement est tout à fait favorable à la mesure de gratuité adoptée par l'Assemblée nationale, il lui paraît néanmoins nécessaire d'apporter deux améliorations pour rendre opérationnel le texte qu'elle a voté et lui conférer la stabilité juridique nécessaire à sa bonne application.
D'une part, il convient de limiter la mise en oeuvre de ce dispositif aux seules alertes impliquant des restrictions ou des suspensions de circulation. Il va en effet de soi que ce dispositif serait inopérant face à des pointes de pollution impliquant des alertes, par exemple, pour les seules sources fixes car les polluants émis par les industries et les centrales thermiques ne correspondent pas aux polluants émis par les véhicules.
D'autre part, il convient, dans le souci d'économiser les deniers publics, de limiter la gratuité aux seuls réseaux de transport public en commun de voyageurs, pour reprendre la terminologie de l'article 23. Il serait en effet difficile, me semble-t-il, de rendre obligatoire la gratuité de transports collectifs tels que les taxis ou les transports collectifs d'entreprise, compte tenu du coût et de l'absence de dispositions financières appropriées.
Pour toutes ces raisons, la position du Gouvernement consiste à recadrer la disposition votée en première lecture par l'Assemblée nationale.
Je m'expliquerai ultérieurement sur l'amendement n° 13 de la commission.
M. le président. La parole est à M. Minetti, pour défendre l'amendement n° 71.
M. Louis Minetti. Nous touchons ici au problème de l'argent.
Afin d'éviter que le financement de la mesure proposée à l'article 13 bis du texte que nous examinons ne soit directement prélevé sur le budget des collectivités locales - par ailleurs fort mis à mal par le constant désengagement de l'Etat - nous proposons de gager le coût de cette mesure par une augmentation de la taxe « transport » acquittée par les entreprises.
Après tout, si les personnes qui se déplacent prennent leur voiture, c'est bien pour aller travailler ! Par conséquent, il y a intérêt à responsabiliser les entreprises.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur les amendements n°s 105 et 71 ?
M. Philippe François, rapporteur. La commission est défavorable à l'amendement n° 71.
S'agissant de l'amendement n° 105 du Gouvernement, je me permettrai une note personnelle, madame le ministre.
Vous avez rattrapé le désastre qu'aurait provoqué la mesure envisagée par l'Assemblée nationale. En effet, celle-ci ayant posé le principe de la gratuité de tous les transports à partir du moment où le préfet annonçait un dépassement des seuils de pollution, on peut sans peine imaginer n'importe quel citoyen déposant sa voiture à l'entrée d'une ville pour prendre un taxi et dire au chauffeur de se faire payer par la mairie, bref de se débrouiller ! Cela paraissait non pas seulement inopérant, mais encore... je préfère passer sur le qualificatif ! (Sourires.)
Madame le ministre, vous avez donc essayé de rattraper les choses en choisissant un moyen terme et en limitant la gratuité aux transports publics en commun de voyageurs. C'est un moindre mal. Mais, sur le plan du principe, pardonnez-moi de vous dire que ce n'est pas acceptable, même si, encore une fois, certains d'entre nous sont rééligibles l'année prochaine ! (Sourires.)
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements n°s 13, 65 et 71 ?
Mme Corinne Lepage, ministre de l'environnement. Les amendements n°s 13 et 65 tendent à la suppression de cet article 13 bis.
La suppression de cet article, qui, je le rappelle, constitue une mesure très concrète et particulièrement lisible, et a été interprété par nos concitoyens comme un signal politique très fort, ne me paraît pas opportune.
Je n'ignore pas les difficultés d'application que vous avez exposées, monsieur le rapporteur, et vous aussi, monsieur Adnot. J'ai donc proposé un amendement destiné à bien encadrer le dispositif.
Cela étant, je voudrais attirer votre attention sur trois points.
En premier lieu, cette mesure n'aura à jouer que les jours de restriction de circulation, c'est-à-dire un nombre de jours très limité dans l'année.
En deuxième lieu, l'Etat porte également sa part, en même temps que les collectivités locales.
En troisième lieu, même si, pour nos concitoyens, le fait de prendre un transport en commun plutôt que leur voiture particulière constitue un avantage, on peut se demander pourquoi ils ne le font pas quotidiennement !
En réalité, il est important, ne serait-ce qu'à titre pédagogique, de bien montrer, dès le début de l'application de cette loi, qu'un effort est demandé par la collectivité dans l'intérêt de la collectivité, c'est-à-dire de nous tous, mais que la restriction d'utilisation de sa voiture, qui porte atteinte à une liberté, est compensée par la gratuité du service public.
Telles sont les raisons pour lesquelles le Gouvernement n'est pas favorable à la suppression de cet article. Néanmoins, les deux modifications que j'ai proposées au Sénat permettent d'encadrer de manière très sérieuse les conséquences financières pour l'Etat et les collectivités locales de ce dispositif.
Le Gouvernement est également défavorable à l'amendement n° 71, d'abord parce qu'il vise à augmenter de façon trop importante la charge des entreprises, ensuite parce que, les transports ne s'effectuant pas nécessairement entre le travail et le domicile, les entreprises seraient amenées à assumer des charges qui ne les concernent pas ; enfin, l'augmentation que vous proposez serait sans commune mesure avec le coût de la mise en oeuvre de l'article 13 bis telle que je la propose avec cet amendement du Gouvernement.
M. le président. Je vais mettre aux voix les amendements identiques n°s 13 et 65.
M. Michel Souplet. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Souplet.
M. Michel Souplet. Les arguments que vous venez de présenter, madame le ministre, ne m'ont personnellement pas convaincu.
Nous qui sommes des représentants des collectivités locales savons qu'à partir du moment où l'on s'orientera vers la gratuité, il faudra bien que quelqu'un paie. Ce seront bien sûr les collectivités territoriales !
Imaginons, par exemple, que la pollution soit élevée dans Paris intra muros, mais qu'elle ne le soit pas dans les villes voisines. Comment feront les usagers du RER ? Ils devront emprunter un tronçon gratuit et un autre qui ne le sera pas ?
Et les usagers qui utilisent une carte de transport, demanderont-ils le remboursement du jour où le transport sera gratuit ?
Quant aux automobilistes qui se trouveront ce jour-là à Paris ou dans une ville polluée, il ne me paraît pas logique qu'ils voyagent gratuitement alors qu'ils auraient assumé le coût du transport s'ils avaient utilisé leur propre véhicule.
Pour toutes ces raisons, et bien que mon ami François-Michel Gonnot, président de la commission de la production et des échanges à l'Assemblée nationale, ait plutôt été favorable à cette formule - je le comprends, puisque les transports sont gratuits à Compiègne du 1er janvier au 31 décembre ! - je voterai personnellement l'amendement de suppression de l'article 13 bis.
M. Pierre Hérisson. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Hérisson.
M. Pierre Hérisson. Je suis d'accord avec ce que vient de dire M. Souplet. Permettez-moi toutefois d'ajouter un point de détail.
Nous l'avons bien vu avec la loi réglementant la publicité sur l'alcool, des pressions sont toujours exercées par les différents lobbies pour diminuer le seuil des sanctions applicables. Il en sera de même pour ce que nous jugerons inacceptable et inadmissible pour la santé en matière de pollution de l'air.
Les seuils de pollution étant abaissés, les déclenchements de la procédure d'alerte et donc de la gratuité des transports seront plus fréquents et deviendront rapidement insupportables pour les organisateurs de transports en commun publics !
Au fond, nous aurions peut-être intérêt à tirer les conséquences de l'expérience qui est faite aujourd'hui à Compiègne et à voir si la gratuité du transport en commun dans les grands centres urbains n'est pas une solution d'avenir en matière de pollution de l'air.
M. Philippe Richert. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Richert.
M. Philippe Richert. Je pourrais développer à nouveau les mêmes arguments que mon collègue Hérisson.
Mais le problème ne se pose pas seulement en cas de pics de pollution et donc de dépassements des seuils d'alerte. Les chercheurs ont démontré que les effets de la pollution sur la santé sont continus, quelles que soient la concentration des polluants émis. Evidemment, plus les concentrations sont élevées, plus les conséquences sur la santé sont importantes. Par conséquent, en établissant la gratuité des transports uniquement en cas de dépassement des seuils de pollution, nous risquons progressivement des dérapages. Comme le soulignait M. Hérisson, l'idée d'instaurer en permanence la gratuité des transports en commun serait donc une excellente chose.
Enfin, si l'effet de la pollution sur la santé résulte des concentrations de plus en plus élevées, ces dernières ne sont pas simplement dues à une émission locale. Interdire la circulation et offrir la gratuité des transports en commun dans une seule ville n'est donc pas suffisant. Il faudrait étendre la mesure à toute la région, car l'air ne connaît pas de frontière.
Il faudrait en fait consacrer notre énergie et nos moyens au financement de tous les transports en commun afin qu'ils soient gratuits sur l'ensemble du Bassin parisien par exemple. Mais il est vrai qu'une telle mesure reviendrait relativement cher !
Mme Danièle Pourtaud. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à Mme Pourtaud.
Mme Danièle Pourtaud. Je voterai contre les amendements de suppression de l'article 13 bis car si la rédaction adoptée par l'Assemblée nationale mérite d'être améliorée en raison de ses difficultés d'application, cet article nous semble néanmoins nécessaire pour inciter effectivement les automobilistes à utiliser les transports en commun les jours de pic de pollution.
M. Jean-Marie Girault. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Jean-Marie Girault.
M. Jean-Marie Girault. Exception faite des propos exprimés par notre collègue concernant la gratuité permanente des transports en commun, et sur laquelle j'ai quelques doutes, n'ayant encore jamais entendu personne nous donner les moyens de la réaliser sans imposer de nouvelles charges excessives à tous les contribuables, j'approuve les raisons qui amènent à la suppression de l'article 13 bis.
Madame le ministre, ces jours exceptionnels, dont vous proposez de réduire encore le nombre par la formulation de l'amendement n° 105, ceux qui ont l'habitude de payer ne paieront plus, ce qui constitue une perte sèche pour les compagnies de transport en commun, et ceux qui feront une économie en n'utilisant pas leur voiture ne paieront pas. Pour ces deux seules raisons, on ne peut que voter la suppression de l'article 13 bis proposée par la commission.
Mme Corinne Lepage, ministre de l'environnement. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à Mme le ministre.
Mme Corinne Lepage, ministre de l'environnement. Je veux tout de même souligner que la mesure n'aura pas d'incidence pour les abonnés qui paient la carte de transport une fois par mois ou une fois par semaine.
J'attire surtout votre attention sur un point : c'est quand même la première fois qu'un texte va limiter la liberté que chacun d'entre nous a d'utiliser sa propre voiture. Je ne trouve pas déraisonnable, je le redis très clairement, qu'à cette occasion la collectivité prenne à sa charge le transport qui résulte d'une telle privation de liberté. Sur les plans symbolique et politique, c'est important, et c'est la raison pour laquelle je me permets d'insister.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix les amendements identiques n° 13 et 65, repoussés par le Gouvernement.

(Ces amendements sont adoptés.)
M. le président. En conséquence, l'article 13 bis est supprimé et les amendements n°s 105 et 71 n'ont plus d'objet.

TITRE IV

PLANS DE DÉPLACEMENTS URBAINS

Article 14

M. le président. « Art. 14. - L'article 28 de la loi n° 82-1153 du 30 décembre 1982 d'orientation des transports intérieurs est remplacé par trois articles ainsi rédigés :
« Art. 28 . - Le plan de déplacements urbains définit les principes de l'organisation des transports de personnes et de marchandises, de la circulation et du stationnement, dans le périmètre de transports urbains. Il doit être compatible avec les orientations des schémas directeurs et des schémas de secteur, des directives territoriales d'aménagement définies par le code de l'urbanisme, ainsi qu'avec le plan régional pour la qualité de l'air s'il existe. Il couvre l'ensemble du territoire compris à l'intérieur du périmètre. Il vise à assurer un équilibre durable entre les besoins en matière de mobilité et de facilité d'accès, d'une part, et la protection de l'environnement et de la santé, d'autre part. Il a comme objectif un usage coordonné de tous les modes de déplacements, notamment par une affectation appropriée de la voirie, ainsi que la promotion des modes les moins polluants et les moins consommateurs d'énergie. Il précise les mesures d'aménagement et d'exploitation à mettre en oeuvre.
« Dans un délai de deux ans à compter de la publication de la loi n° du sur l'air et l'utilisation rationnelle de l'énergie, l'élaboration d'un plan de déplacements urbains est obligatoire pour les agglomérations de plus de 100 000 habitants dont la carte est fixée conformément au huitième alinéa de l'article 3 de la loi n° du précitée.
« Art. 28-1 . - Les orientations du plan de déplacements urbains portent sur :
« 1° A. - La diminution du trafic automobile ;
« 1° Le développement des transports collectifs et des moyens de déplacement économes et les moins polluants, notamment l'usage de la bicyclette et la marche à pied, en prévoyant à cet effet de leur réserver au moins 50 % de la future voirie publique dans les nouvelles zones d'aménagement concerté ;
« 2° L'aménagement et l'exploitation du réseau principal de voirie d'agglomération, afin de rendre plus efficace son usage, notamment en l'affectant aux différents modes de transport et en favorisant la mise en oeuvre d'actions d'information sur la circulation ;
« 3° L'organisation du stationnement sur le domaine public, sur voirie et souterrain, et les conditions de sa tarification, selon les différentes catégories de véhicules et d'utilisateurs, en privilégiant les véhicules peu polluants ;
« 4° Le transport et la livraison des marchandises de façon à en réduire les impacts sur la circulation et l'environnement ;
« 5° L'encouragement pour les entreprises et les collectivités publiques à favoriser le transport de leur personnel, notamment par l'utilisation des transports en commun et du covoiturage.
« Art. 28-2 . - Le plan de déplacements urbains est élaboré ou révisé à l'initiative de l'autorité compétente pour l'organisation des transports urbains sur le territoire qu'il couvre. Les services de l'Etat sont associés à son élaboration. Les représentants des professions et des usagers des transports, les chambres de commerce et d'industrie et les associations agréées de protection de l'environnement sont consultés à leur demande sur le projet de plan.
« Le projet de plan est arrêté par délibération de l'autorité organisatrice puis, sous un délai de six mois, soumis pour avis aux conseils municipaux, généraux et régionaux intéressés ainsi qu'aux préfets. L'avis qui n'est pas donné dans un délai de trois mois après transmission du projet de plan est réputé favorable. Le projet, auquel sont annexés les avis des personnes publiques consultées, est ensuite soumis à enquête publique dans les conditions prévues par la loi n° 83-630 du 12 juillet 1983 relative à la démocratisation des enquêtes publiques et à la protection de l'environnement.
« Éventuellement modifié pour tenir compte des résultats de l'enquête, le plan est approuvé par l'organe délibérant de l'autorité organisatrice des transports.
« Le plan est mis en oeuvre par l'autorité compétente pour l'organisation des transports urbains. Les décisions prises par les autorités chargées de la voirie et de la police de la circulation ayant des effets sur les déplacements dans le périmètre de transports urbains doivent être compatibles ou rendues compatibles avec le plan.
« Si, dans un délai de trois ans à compter de la publication de la loi n° du précitée, le plan n'est pas approuvé, le préfet procède à son élaboration selon les modalités prévues au présent article. Éventuellement modifié pour tenir compte des résultats de l'enquête publique, le plan est approuvé par le préfet après délibération de l'autorité organisatrice des transports. La délibération est réputée prise si elle n'intervient pas dans un délai de trois mois après transmission du projet de plan.
« Le plan est révisé dès lors que les objectifs de qualité de l'air visés à l'article 10 de la loi n° du précitée n'ont pas été atteints.
« Art. 28-3 . - Dans la région d'Ile-de-France, le plan de déplacements urbains est élaboré ou révisé à l'initiative de l'Etat. Ses prescriptions doivent être compatibles avec les orientations du schéma directeur de la région d'Ile-de-France prévu par l'article L. 141-1 du code de l'urbanisme.
« Le syndicat des transports parisiens, le conseil régional d'Ile-de-France et le conseil de Paris sont associés à son élaboration et délibèrent sur le projet de plan. Le préfet de police et les préfets des départements concernés sont également associés à son élaboration. Les représentants des professions et des usagers des transports, les chambres de commerce et d'industrie et les associations agréées de protection de l'environnement sont consultés à leur demande sur le projet de plan.
« Le projet de plan est soumis pour avis aux conseillers municipaux et généraux concernés. L'avis qui n'est pas donné dans un délai de six mois après transmission du projet est réputé favorable. Le projet est ensuite soumis à enquête publique dans les conditions prévues par la loi n° 83-630 du 12 juillet 1983 précitée. Éventuellement modifié pour tenir compte des résultats de l'enquête, le plan est arrêté par l'autorité administrative. Les décisions des autorités chargées de la voirie et de la police de la circulation dans le périmètre de transports urbains doivent prendre en compte les orientations du plan. »
Sur cet article, je suis saisi de plusieurs amendements portant sur les articles 28 à 28-3 de la loi du 30 décembre 1982.

ARTICLE 28 DE LA LOI DU 30 DÉCEMBRE 1982

M. le président. Par amendement n° 85, MM. Rouquet et Delanoë, Mme Pourtaud et les membres du groupe socialiste et apparentés proposent de rédiger comme suit l'avant-dernière phrase du premier aliéna du texte présenté par l'article 14 pour l'article 28 de la loi du 30 décembre 1982 :
« Il a pour objet de coordonner tous les modes de déplacements, en affectant préférentiellement la voirie aux transports collectifs et aux modes de transports les moins polluants et les moins consommateurs d'énergie. »
La parole est à Mme Pourtaud.
Mme Danièle Pourtaud. A plusieurs reprises, nous avons regretté que le projet de loi ne mette pas suffisamment en oeuvre le principe de précaution. C'est ce que nous proposons de faire par cet amendement, en donnant comme objectif aux plans de déplacements urbains, outre ceux qui sont déjà prévus par le texte, l'affectation préférentielle de la voirie aux transports collectifs et aux modes de transports les moins polluants et les moins consommateurs d'énergie.
En effet, nos villes sont asphyxiées par le trafic automobile. Elles se sont trop pliées, des années durant, aux exigences du dieu automobile. Or ce n'est pas à la ville de s'adapter à l'automobile mais l'inverse. A Paris, la voiture occupe 94 % de la voirie bien qu'elle n'assure que le tiers des déplacements. Il est grand temps d'inverser la tendance et de redonner au transport collectif la place qui lui revient. L'urgence est d'autant plus grande que celui-ci est en crise. En 1995, il a perdu 2,1 % de ses voyageurs. Mais l'érosion du trafic voyageurs dans les transports urbains n'est pas une fatalité.
Certaines agglomérations l'ont déjà compris : citons Strasbourg, Rennes, Nantes, Grenoble et, pour ne pas être accusé de ne citer que des villes administrées par des maires socialistes, bien qu'elles soient les plus nombreuses à s'être investies dans cette démarche, je citerai aussi Dijon.
Toutes ces villes ont donc lancé d'ambitieux programmes de développement des transports collectifs. Les résultats sont là : en cinq ans, à Strasbourg, le trafic automobile a diminué de 17 % et, en trois ans, l'offre de transport public a augmenté de 30 %. Ces résultats n'ont été possibles que parce que la municipalité strasbourgeoise a adopté un PDU « préférentiellement » tourné vers le développement des transports en commun. Il est vrai que ce plan a eu un coût : destinée à une agglomération de 435 000 habitants, la première ligne de tramway a coûté 1,9 milliard de francs hors taxes. L'Etat n'a participé à la réalisation de cette ligne qu'à concurrence de 330 millions de francs. Mais, là encore, tout est question de choix et de priorités.
Pour l'heure, les transports en commun n'ont guère été privilégiés : selon les comptes des transports publiés par l'INSEE, de 1980 à 1985, il a été consacré aux infrastructures routières, y compris par les collectivités locales, 64 % du montant total des investissements d'infrastructures de transport, contre 28 % seulement à l'ensemble constitué par la SNCF, la RATP et les autres systèmes urbains de transports en commun.
Si, madame le ministre, mes chers collègues, l'amélioration de la qualité de l'air est réellement l'objectif que vous souhaitez atteindre, je pense que vous ne pouvez être que favorables à cet amendement de principe. En tout état de cause, l'argument financier n'est pas recevable pour s'y opposer. M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe François, rapporteur. La commission a longuement débattu de cet amendement. Finalement, elle a préféré en rester au texte du projet de loi.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Corinne Lepage, ministre de l'environnement. Si je souscris parfaitement à la philosophie qui sous-tend cet amendement, je ne peux pas y être favorable dans la mesure où la rédaction qu'il propose ne constitue pas un progrès. En effet, elle supprime la référence à la promotion des modes de déplacements les moins polluants et les moins consommateurs d'énergie.
Par ailleurs, madame le sénateur, ce que vous souhaitez, c'est-à-dire la réduction de la place de la voiture automobile en ville, est mentionné à l'article suivant de la loi d'orientation.
Aussi le Gouvernement émet-il un avis défavorable sur cet amendement.
Mme Danièle Pourtaud. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à Mme Pourtaud.
Mme Danièle Pourtaud. Madame le ministre, je pense que vous avez eu une version tronquée de notre amendement car il vise bien à réserver préférentiellement la voirie aux transports collectifs et aux modes de transport les moins polluants et les moins consommateurs d'énergie.
Mme Corinne Lepage, ministre de l'environnement. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à Mme le ministre.
Mme Corinne Lepage, ministre de l'environnement. Certes, mais vous supprimez l'idée de promotion de ce mode de transport.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 85, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Je suis maintenant saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 14, M. François, au nom de la commission des affaires économiques, propose de compléter le premier alinéa du texte présenté par l'article 14 pour l'article 28 de la loi n° 82-1153 du 30 décembre 1982 d'orientation des transports intérieurs par une phrase ainsi rédigée : « Il est accompagné d'une étude des modalités de son financement et de la couverture des coûts d'exploitation des mesures qu'il contient. »
Par amendement n° 58, M. Le Grand propose d'insérer, après le premier alinéa du texte présenté par l'article 14 pour l'article 28 de la LOTI n° 82-1153 du 30 décembre 1982, un alinéa rédigé comme suit :
« Le plan est accompagné d'une étude des modalités de son financement et de la couverture des coûts d'exploitation qu'il contient. »
La parole est à M. le rapporteur, pour défendre l'amendement n° 14.
M. Philippe François, rapporteur. La commission propose de rétablir une disposition importante qui figurait à l'article 28 de la LOTI et qui précise que le plan de déplacements urbains doit être accompagné d'une étude portant sur les coûts et les modalités de financement des mesures qu'il contient. Il paraît essentiel que les élus et le public, au moment de l'enquête publique, puissent avoir connaissance des éléments financiers du plan de déplacements urbains. Je pense qu'en la période actuelle tout le monde sera favorable à cette disposition.
M. le président. La parole est à M. Le Grand, pour défendre l'amendement n° 58.
M. Jean-François Le Grand. Je retire cet amendement au profit de celui de la commission, qui a le même objet.
M. le président. L'amendement n° 58 est retiré.
Quel est l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 14 ?
Mme Corinne Lepage, ministre de l'environnement. Favorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 14, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 86, MM. Rouquet et Delanoë, Mme Pourtaud et les membres du groupe socialiste et apparentés proposent, dans le dernier alinéa du texte présenté par l'article 14 pour l'article 28 de la loi du 30 décembre 1982, de supprimer les mots : « l'élaboration d' ».
La parole est à Mme Pourtaud.
Mme Danièle Pourtaud. Cet amendement vise à rendre obligatoire un plan de déplacements urbains dans les agglomérations de plus de 100 000 habitants et non pas seulement l'élaboration de ce plan.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe François, rapporteur. La commission a tendance à en rester à l'obligation d'élaborer un plan de déplacements urbains dans un délai de deux ans, obligation sanctionnée par le pouvoir de substitution du préfet en cas de défaillance des autorités organisatrices des transports si le plan de déplacements urbains n'a pas été approuvé dans un délai de trois ans à compter de la publication de la loi.
Cela dit, elle s'en remet à la sagesse du Sénat.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Corinne Lepage, ministre de l'environnement. Madame le sénateur, ce que vient de dire M. le rapporteur me paraît tout à fait clair.
Si le plan n'est pas élaboré, un pouvoir de substitution se met en place et, dès qu'il est élaboré, il est évidemment applicable. Par conséquent, je ne comprends pas bien le sens de votre proposition.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 86.
Mme Danièle Pourtaud. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à Mme Pourtaud, pour explication de vote.
Mme Danièle Pourtaud. Les propos de Mme le ministre m'ont convaincue, je retire donc cet amendement.
M. le président. L'amendement n° 86 est retiré. Je suis maintenant saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 15, M. François, au nom de la commission des affaires économiques, propose, dans le deuxième alinéa du texte présenté par l'article 14 pour l'article 28 de la loi n° 82-1153 du 30 décembre 1982 d'orientation des transports intérieurs, de remplacer les mots : « de plus de 100 000 habitants dont la carte est fixée conformément au huitième alinéa de l'article 3 de la loi n° du précitée » par les mots : « dont le périmètre de transports urbains comporte plus de 100 000 habitants ».
Par amendement n° 106, le Gouvernement propose, dans le second alinéa du texte présenté par l'article 14 pour l'article 28 de la loi du 30 décembre 1982 de remplacer les mots : « pour les agglomérations de plus de 100 000 habitants dont la carte est fixée conformément » par les mots : « dans les périmètres de transports urbains inclus ou recoupant les agglomérations de plus de 100 000 habitants définies ».
La parole est à M. le rapporteur, pour défendre l'amendement n° 15.
M. Philippe François, rapporteur. La commission propose de préciser que le territoire sur lequel s'appliquera le plan de déplacements urbains sera le périmètre des transports urbains défini à l'article 27 de la LOTI, comportant plus de 100 000 habitants. Ce périmètre détermine l'aire géographique d'intervention des autorités compétentes pour l'organisation des transports urbains.
Cette définition est connue de tous les intervenants en matière de transport urbain et n'est contestée par personne.
M. le président. La parole est à Mme le ministre, pour présenter l'amendement n° 106 et donner l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 15.
Mme Corinne Lepage, ministre de l'environnement. L'amendement de la commission rendrait le dispositif très complexe en créant en fait deux définitions de l'agglomération de plus de 100 000 habitants : une première définition pour les réseaux de surveillance de la qualité de l'air, une seconde définition pour les plans de déplacements urbains.
Le Gouvernement n'est pas convaincu que cet amendement soit de nature à assurer une bonne lisibilité du texte.
Toutefois, pour tenir compte des préoccupations exprimées par la commission, il propose un amendement tendant à définir le territoire sur lequel s'appliquera le plan de déplacements urbains. Il correspondra au périmètre de transports urbains défini à l'article 27 de la LOTI, lorsque ce périmètre est inclus ou recoupe une agglomération de plus de 100 000 habitants, telle que définie à l'article 3 de la loi.
Je crois ainsi, monsieur le rapporteur, satisfaire à notre souci commun de clarté tout en répondant à votre préoccupation. M. le président. Monsieur le rapporteur, l'amendement est-il maintenu ?
M. Philippe François, rapporteur. Compte tenu des explications que vient de fournir Mme le ministre, je retire l'amendement de la commission au profit de celui du Gouvernement.
M. le président. L'amendement n° 15 est retiré.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 106, accepté par la commission.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix, modifié, le texte proposé pour l'article 28 de la loi du 30 décembre 1982.

(Ce texte est adopté.)

ARTICLE 28-1 DE LA LOI DU 30 DÉCEMBRE 1982

M. le président. Je suis saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 87, MM. Rouquet et Delanoë, Mme Pourtaud et les membres du groupe socialiste et apparentés proposent de rédiger comme suit le texte présenté par l'article 14 pour l'article 28-1 de la loi n° 82-1153 du 30 décembre 1982 :
« Art. 28-1. - Les orientations du plan de déplacements urbains portent sur :
« 1° le développement prioritaire des services réguliers de transport public de voyageurs notamment de transports collectifs en site propre et la mise en oeuvre d'action d'information sur ces services ;
« 2° le développement des modes de déplacement les plus économes et les moins polluants, par la mise en place de voies piétonnes, de réseaux verts, de pistes cyclables protégées, de sites de stationnement adaptés aux bicyclettes ;
« 3° l'organisation du stationnement sur le domaine public et les conditions de sa tarification selon les différentes catégories de véhicules et d'utilisateurs ;
« 4° le transport et la livraison des marchandises de façon à en réduire l'impact sur la circulation et l'environnement ;
« 5° la mise en place d'un dispositif incitant à l'utilisation des transports collectifs lorsque les seuils d'alerte définis à l'article 3 de la loi n° du sur l'air et l'utilisation rationnelle de l'énergie sont atteints ou risquent de l'être, comme la gratuité desdits transports, l'augmentation de leur cadence ou encore la mise en place par les entreprises et les collectivités publiques de plans de covoiturage pour le déplacement de leurs salariés. »
Par amendement n° 16, M. François, au nom de la commission des affaires économiques, propose, à la fin du troisième alinéa (1°) du texte présenté par l'article 14 pour l'article 28-1 de la loi n° 82-1153 du 30 décembre 1982 d'orientation des transports intérieurs, après les mots : « la bicyclette et la marche à pied », de supprimer les mots : « , en prévoyant à cet effet de leur réserver au moins 50 % de la future voirie publique dans les nouvelles zones d'aménagement concerté ».
La parole est à Mme Pourtaud, pour défendre l'amendement n° 87.
Mme Danièle Pourtaud. Cet amendement a pour objet de compléter et de modifier la définition des orientations de PDU.
Nous considérons en effet que les PDU peuvent être des outils efficaces pour améliorer non seulement la qualité de l'air, mais aussi les déplacements. Des avancées ont été réalisées par rapport au texte initial. Nous nous réjouissons notamment qu'ait été étendue aux agglomérations de plus de 100 000 habitants l'obligation des PDU. Nous l'avions demandé en première lecture.
Néanmoins cela n'est pas suffisant. C'est pourquoi nous défendons à nouveau en seconde lecture un amendement que nous avions présenté en première lecture et qui n'est, en quelque sorte, que la déclinaison du principe que nous souhaitons voir mis en oeuvre par ces plans, à savoir l'affectation préférentielle de la voirie aux transports collectifs et aux modes de transports les moins polluants et les plus économes.
C'est pourquoi, outre la régulation du transport de marchandises déjà prévue par le texte, nous voulons que les orientations du plan portent tout d'abord sur le développement prioritaire des services réguliers de transport public de voyageurs, notamment de transports collectifs en site propre, et sur la mise en oeuvre d'actions d'information sur ces services.
J'insiste sur la nécessité de développer les transports collectifs en site propre. C'est un gage d'efficacité et de rapidité. C'est la condition nécessaire pour ramener les usagers vers les transports en commun : trente-quatre agglomérations ont déjà envisagé des projets de réalisation de tramways et de bus circulant sur voie réservée. Il n'est donc pas irréaliste de fixer comme orientation aux PDU le développpement de transports collectifs en site propre.
Le plan doit porter ensuite sur le développement des modes de déplacement les plus économes et les moins polluants par la mise en place de voies piétonnes, de réseaux verts et de pistes cyclables protégées.
Cette suggestion s'appuie également sur des réalisations concrètes : je pense une fois de plus à la ville de Strasbourg, qui a dépensé 16 millions de francs par an pour ouvrir 200 kilomètres de pistes cyclables, qui a offert des vélos à ses employés municipaux, qui a créé des points de location et qui a multiplié les possibilités de stationnement pour les vélos. Le résultat est que Strasbourg est devenue la capitale française du vélo : 15 % des déplacements y sont effectués par ce moyen !
Nous souhaitons aussi que les orientations des PDU portent sur une tarification et sur une politique de stationnement intelligentes.
Nous sommes opposés à la mise en place de péages urbains, qui ne feraient que pénaliser les salariés obligés de prendre leur véhicule pour aller travailler faute d'une offre de transport collectif adaptée à leurs besoins et qui aggraveraient encore les embouteillages.
En revanche, agir sur le coût du stationnement peut constituer un levier stratégique fort. A Paris, les élus socialistes ont proposé de réduire le prix du stationnement résidentiel et, parallèlement, d'augmenter le prix du stationnement non résidentiel, afin de limiter l'occupation de l'espace par l'automobile et de reconquérir celui-ci au profit des piétons, des « deux roues » et des autobus.
Enfin, nous proposons que les PDU permettent la mise en place d'un dispositif diversifié de solutions en cas de pic de pollution. Il peut s'agir de la gratuité des transports collectifs, comme ne le prévoit malheureusement plus le présent projet, mais aussi de l'augmentation des cadences desdits transports ou encore de l'incitation à la réalisation de plans de covoiturage par les entreprises pour faciliter le déplacement de leurs salariés.
Madame le ministre, en première lecture, vous aviez estimé que notre « philosophie » et nos « objectifs » étaient « bons ». Néanmoins, vous vous étiez opposée à notre amendement, au motif que le fait d'affecter préférentiellement la voirie aux transports collectifs et aux modes de déplacement les plus économes et les moins polluants était « irréaliste ». J'ai essayé de vous démontrer le contraire au travers de plusieurs exemples, et j'espère vous avoir convaincue, ainsi que l'ensemble de mes collègues.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe François, rapporteur. La commission préfére la rédaction de l'article 28-1 telle qu'elle est issue des travaux de l'Assemblée nationale, assortie toutefois de la modification qu'elle propose avec l'amendement n° 16. En effet l'amendement n° 87 introduit le principe de la gratuité des transports publics en cas de pollution. Or le Sénat s'est prononcé contre une telle solution voilà quelques instants.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Corinne Lepage, ministre de l'environnement. Votre amendement, madame Pourtaud, contient un certain nombre d'idées intéressantes.
S'agissant de la gratuité, j'ai tout à l'heure exprimé ma position, mais la Haute Assemblée s'est prononcée.
Cela dit, je relève dans votre proposition, par rapport à la rédaction de l'Assemblée nationale, certains retours en arrière. En particulier, la diminution du trafic automobile n'est pas visée en tant que telle. Or il est très important qu'il y ait une focalisation sur ce point.
Par ailleurs, nous y reviendrons tout à l'heure, je suis favorable à l'obligation de réserver 50 % de la voirie dans les nouvelles zones d'aménagement concerté. Or la rédaction que vous proposez ne le permet pas.
En conséquence, je ne suis pas favorable à cet amendement.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur, pour présenter l'amendement n° 16.
M. Philippe François, rapporteur. L'Assemblée nationale, contre l'avis de la commission de la production et des échanges, a complété le paragraphe relatif aux moyens de déplacement économes et les moins polluants en imposant que, dans les nouvelles zones d'aménagement concerté, au moins 50 % de la future voie publique leur soient réservés.
Cette rédaction soulève beaucoup de critiques car elle prévoit l'application, de façon uniforme, d'une règle qui ne correspond pas à la diversité des situations locales et qui prive les agglomérations de tout pouvoir d'appréciation.
C'est pourquoi la commission propose de revenir au texte adopté par le Sénat en première lecture.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 16 ?
Mme Corinne Lepage, ministre de l'environnement. L'avis du Gouvernement est défavorable. Je crois qu'il s'agit là, à l'instar des dispositions qui figuraient à l'article 13 bis, d'une mesure très concrète, très lisible, constituant un signal politique très fort donné à l'opinion publique. Quoi de plus visible, en effet, que des pistes cyclables, des couloirs de bus et des dispositifs facilitant le déplacement des piétons ?
Je rappelle que cette obligation n'est prévue que pour les nouvelles zones d'aménagement concerté, c'est-à-dire pour des opérations d'ensemble qui seront réalisées à l'avenir. Autrement dit, il n'est pas question de toucher à l'existant. Dès lors, le taux de 50 % ne me paraît pas soulever de difficultés particulières.
Par conséquent, je demande au Sénat de ne pas adopter cet amendement.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 87, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 16, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix, ainsi modifié, le texte proposé pour l'article 28-1 de la loi du 30 décembre 1982.

(Ce texte est adopté.)

ARTICLE 28-2 DE LA LOI DU 30 DÉCEMBRE 1982

M. le président. Par amendement n° 57, M. Le Grand propose, dans la première phrase du premier aliéna et dans la première phrase du quatrième aliéna du texte présenté par l'article 14 pour l'article 28-2, de remplacer les mots : « l'autorité compétente pour l'organisation des transports urbains » par les mots : « l'établissement public de coopération intercommunale ou le syndicat mixte compétent ».
Cet amendement est-il soutenu ?...
Par amendement n° 88, MM. Rouquet et Delanoë, Mme Pourtaud et les membres du groupe socialiste et apparentés proposent, dans la dernière phrase du premier alinéa du texte présenté par l'article 14 pour l'article 28-2 de la loi du 30 décembre 1982, de supprimer les mots : « à leur demande ».
La parole est à Mme Pourtaud.
Mme Danièle Pourtaud. Nous proposons que soit rendue obligatoire la consultation des associations et autres représentants intéressés par l'élaboration d'un PDU quand la rédaction actuelle prévoit simplement que les associations et représentants en question seront consultés « à leur demande ».
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe François, rapporteur. La consultation obligatoire et systématique de toutes les associations de protection de l'environnement risque, à mes yeux, de paralyser la procédure et de susciter de multipes contentieux ayant trait à des défauts de consultation. Il suffirait, par exemple, que se crée telle association de défense de l'environnement et qu'on n'en connaisse pas l'existence en temps voulu pour faire annuler les décisions envisagées.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Corinne Lepage, ministre de l'environnement. Madame Pourtaud, autant je suis très favorable, et je crois l'avoir prouvé à maintes reprises, à la consultation des associations de défense de l'environnement, autant cet amendement me paraît poser un réel problème.
Il n'est pas question d'écarter quiconque de la consultation puisque, dès lors qu'on est agréé, il suffit de le demander pour y être admis, étant entendu que l'élaboration fait l'objet d'une publicité suffisante pour que chacun puisse se manifester.
En revanche, si l'on rend cette consultation obligatoire, le risque est grand d'oublier telle ou telle association qu'il aurait fallu consulter, ce qui conduira à une annulation de la procédure pour un motif de pure forme.
Par ailleurs, il me paraît souhaitable d'unifier, autant que faire se peut, les procédures. Or, en l'occurrence, nous avons purement et simplement repris les dispositions concernant l'élaboration des plans d'occupation des sols, les POS. Je ne sache pas que les associations se plaignent de ne pas pouvoir être entendues lorsque sont élaborés les POS ; chaque fois qu'elles demandent à être consultées, elle le sont.
Pour ces deux raisons, madame le sénateur, je ne peux pas donner un avis favorable sur cet amendement.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 88, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Par amendement n° 89, MM. Peyronnet, Rouquet et Delanoë, Mme Pourtaud et les membres du groupe socialiste et apparentés proposent, dans la première phrase du deuxième alinéa du texte présenté par l'article 14 pour l'article 28-2 de la loi n° 82-1153 du 30 décembre 1982 d'orientation des transports intérieurs, de remplacer les mots : « six mois » par les mots : « trois mois ».
La parole est à Mme Pourtaud.
Mme Danièle Pourtaud. Dans un souci d'efficacité, nous proposons de substituer, s'agissant de la transmission pour avis du projet de PDU aux collectivités territoriales, un délai de trois mois au délai de six mois actuellement prévu.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe François, rapporteur. Trois mois, cela paraît effectivement suffisant. En outre, cela correspond au délai réglementaire. Par conséquent, la commission émet un avis favorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Corinne Lepage, ministre de l'environnement. Un délai de trois mois me paraît satisfaisant. Sur ce point, je m'en remettrai, avec une nuance positive, à la sagesse de la Haute Assemblée.
M. le président. Personne ne demande la parole ? ...
Je mets aux voix l'amendement n° 89, accepté par la commission et pour lequel le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 79 rectifié, MM. Hérisson et Richert proposent, après le troisième alinéa du texte présenté par l'article 14 pour l'article 28-2 de la loi du 30 décembre 1982, d'insérer un alinéa ainsi rédigé :
« Lorsque le projet de plan de déplacements urbains est susceptible d'avoir des incidences sur le plan d'occupation des sols de certaines communes couvertes par un schéma directeur, il n'est définitivement adopté qu'après avis conforme de l'établissement public de coopération intercommunale ou du syndicat mixte compétent pour l'élaboration du schéma directeur. »
La parole est à M. Hérisson.
M. Pierre Hérisson. Par une lettre en date du 12 mars 1996, l'Association des maires de France avait reçu de Mme le ministre de l'environnement l'assurance que les plans de déplacements urbains respecteraient la primauté des documents d'urbanisme.
La disposition que nous proposons permet de garantir la compatibilité entre les plans d'occupation des sols et les plans de déplacements urbains, en réglant, en amont, les discordances éventuelles entre ces deux plans.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe François, rapporteur. La commission souhaiterait entendre l'avis du Gouvernement.
M. le président. Quel est, donc, l'avis du Gouvernement ?
Mme Corinne Lepage, ministre de l'environnement. Je crains que cet amendement n'ait pour effet de retarder, voire de bloquer la mise en oeuvre des PDU. Dans ce cas, la marge de manoeuvre des collectivités locales se trouverait infiniment plus réduite puisque, à défaut d'adoption du PDU, c'est le préfet qui se substitue au groupement des collectivités locales. Je ne suis pas sûr que les communes concernées y trouveraient leur compte.
Je crois donc qu'il faut en rester au système mis en place par l'article 17 du projet de loi qui modifie l'article L. 123-1 du code de l'urbanisme de manière que les orientations du PDU soient prises en compte dans les POS.
Enfin, je vous rappelle, monsieur le sénateur, qu'aux termes de l'article 28 le PDU doit être compatible avec les schémas directeurs et les schémas de secteur, ce qui doit répondre à votre préoccupation.
Il me semble que cet amendement n'est pas, en fin de compte, favorable aux collectivités locales, et, je ne peux l'accepter.
M. le président. Quel est, maintenant, l'avis de la commission ?
M. Philippe François, rapporteur. Sagesse.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 79 rectifié.
M. Pierre Hérisson. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Hérisson.
M. Pierre Hérisson. Je précise que l'avis conforme dont il est question dans notre texte n'est pas un avis unanime ; c'est l'avis d'une majorité au sein de l'établissement de coopération intercommunale ou du syndicat mixte.
Le but est simplement d'assurer une cohérence des schémas directeurs. J'ai dit, ce matin, lors de la discussion générale, qu'il s'agissait de « contraindre les irréductibles du village gaulois » ; l'image me paraît significative. Si nous voulons faire évoluer nos schémas d'aménagement du territoire, il faut que, parfois, des décisions soient prises simplement à la majorité.
La notion de compatibilité est beaucoup trop floue en ce qui concerne les plans de déplacements urbains.
Pour faire évoluer l'organisation des déplacements urbains, notamment en ayant en vue la réduction de la pollution causée par la circulation, nous devons nous satisfaire de majorités et ne pas attendre que tout le monde ait trouvé la solution de compatibilité.
Mme Corinne Lepage, ministre de l'environnement. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à Mme le ministre.
Mme Corinne Lepage, ministre de l'environnement. Malheureusement, monsieur le sénateur, je ne partage pas votre interprétation.
En droit de l'urbanisme, le mot « compatibilité » a un sens bien précis. La compatibilité et la conformité sont deux notions bien différentes.
D'autre part, j'attire de nouveau votre attention sur le risque de blocage. Si les communes ne parviennent pas à se mettre d'accord, fût-ce à la majorité, l'élaboration du PDU est bloquée. C'est un risque réel.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 79 rectifié, repoussé par le Gouvernement et pour lequel la commission s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Par amendement n° 17, M. François, au nom de la commission des affaires économiques, propose de rédiger comme suit le dernier alinéa du texte présenté par l'article 14 pour l'article 28-2 de la loi n° 82-1153 du 30 décembre 1982 d'orientation des transports intérieurs :
« Au terme d'une période de cinq ans, le plan fait l'objet d'une évaluation et est révisé le cas échéant. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Philippe François, rapporteur. Cet alinéa introduit par l'Assemblée nationale fixe une clause de révision pour les plans de déplacements urbains, dès lors que les objectifs de qualité de l'air n'ont pas été atteints.
Cette obligation ne paraît pas s'imposer si la pollution provient d'installations fixes ou résulte d'une pollution extérieure à la zone considérée. Il semble plus cohérent de retenir le principe d'une évaluation quinquennale, comme pour les plans régionaux pour la qualité de l'air et les plans de protection de l'atmosphère.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Corinne Lepage, ministre de l'environnement. Favorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 17, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix, modifié, le texte proposé pour l'article 28-2 de la loi du 30 décembre 1982.

(Ce texte est adopté.)

ARTICLE 28-3 DE LA LOI DU 30 DÉCEMBRE 1982

M. le président. Je suis saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 90, MM. Rouquet et Delanoë, Mme Pourtaud et les membres du groupe socialiste et apparentés proposent de rédiger comme suit le texte présenté par l'article 14 pour l'article 28-3 de la loi du 30 décembre 1982 :
« Art. 28-3. - Dans la région d'Ile-de-France, le plan de déplacements urbains est élaboré ou révisé à l'initiative de l'Etat. Ses prescriptions doivent être compatibles avec les orientations du schéma directeur de la région d'Ile-de-France prévu par l'article L. 141-1 du code de l'urbanisme.
« Le syndicat des transports parisiens, le conseil régional d'Ile-de-France sont associés à son élaboration et délibèrent sur le projet de plan. Les représentants des professions et des usagers des transports, les représentants des chambres de commerce et d'industrie et les associations agréées de protection de l'environnement sont consultés sur le projet de plan.
« Le projet de plan est soumis, sous un délai de trois mois, pour avis aux conseils municipaux et généraux intéressés. L'avis qui n'est pas donné dans un délai de trois mois après transmission du projet de plan est réputé favorable. Le projet auquel sont annexés les avis des personnes publiques consultées est ensuite soumis à enquête publique dans les conditions prévues par la loi n° 83-630 du 12 juillet 1983 précitée. Eventuellement modifié pour tenir compte des résultats de l'enquête, le plan est arrêté par l'autorité administrative. Les décisions prises par les autorités chargées de la voirie et de la police de la circulation ayant des effets sur les déplacements dans le périmètre de transports urbains doivent être compatibles ou rendues compatibles avec le plan.
« Le plan est révisé dès lors que les objectifs de qualité de l'air visés à l'article 10 de la loi n° du précitée n'ont pas été atteints. »
Par amendement n° 18, M. François, au nom de la commission des affaires économiques, propose, dans la première phrase du troisième alinéa du texte présenté par l'article 14 pour l'article 28-3 de la loi n° 82-1153 du 30 décembre 1982 d'orientation des transports intérieurs, de remplacer le mot : « conseillers » par le mot : « conseils ».
La parole est à Mme Pourtaud, pour présenter l'amendement n° 90.
Mme Danièle Pourtaud. Par cet amendement, nous proposons une nouvelle rédaction de l'article 28-3 de la LOTI qui définit les conditions d'élaboration du PDU en Ile-de-France. L'objet est, tant que faire se peut, de se rapprocher le plus possible du droit commun, afin de renforcer l'efficacité du PDU dans cette région.
En effet, bien que l'Assemblée nationale ait souhaité encadrer et rendre plus contraignants les PDU s'appliquant ailleurs qu'en Ile-de-France, il est surprenant qu'elle n'ait pas tenu à faire de même pour la région parisienne alors même que les phénomènes de pollution atmosphérique y sont les plus inquiétants.
C'est pourquoi, par cet amendement, nous proposons tout d'abord de supprimer le traitement de faveur accordé à Paris. En effet, le droit commun ne prévoit pas d'associer en amont les collectivités territoriales à l'élaboration du projet de plan.
Si l'on peut comprendre que le conseil régional d'Ile-de-France, compte tenu du rôle qu'il joue dans le financement des transports et de ses infrastructures, soit associé à l'élaboration du projet de plan, il n'en est pas de même pour le conseil de Paris. Si l'on accepte cette logique, il faut dès lors étendre l'association aux autres conseils généraux d'Ile-de-France. Mais on alourdit alors la procédure et on risque de voir l'adoption du projet de plan indéfiniment reportée.
C'est pourquoi nous proposons que Paris soit consulté pour avis, non seulement en tant que conseil municipal, mais également en tant que conseil général, une fois le projet élaboré, comme l'ensemble des autres collectivités territoriales concernées.
Ensuite, dans un souci d'efficacité et pour éviter toute manoeuvre dilatoire, nous souhaitons introduire un délai de trois mois pour la transmission du projet de plan aux collectivités pour recueillir leur avis.
Nous proposons aussi d'aligner sur le droit commun le délai de réponse dont disposent les collectivités pour rendre leur avis avant que celui-ci soit réputé favorable : il serait de trois mois au lieu de six.
Enfin, toujours pour renforcer l'efficacité de ce plan, nous demandons que les décisions prises par les autorités chargées de la voirie et de la police de la circulation soient « compatibles » avec les orientations du plan et ne se contentent pas seulement de « prendre en compte » celles-ci et nous prévoyons, toujours comme dans le droit commun, une clause de révision.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur, pour présenter l'amendement n° 18 et pour donner l'avis de la commission sur l'amendement n° 90.
M. Philippe François, rapporteur. L'amendement n° 18 tend à rectifier une erreur matérielle ; il ne devrait donc pas soulever d'objection.
S'agissant de l'amendement n° 90, vous venez, madame Pourtaud, de faire allusion au Conseil de Paris. Or votre amendement n'en fait nullement mention. En conséquence, la commission émet un avis défavorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur ces deux amendements ?
Mme Corinne Lepage, ministre de l'environnement. Le Gouvernement est dévaforable à l'amendement n° 90 parce qu'il tend, d'une part, à supprimer la mention « à leur charge » - je me suis déjà expliquée tout à l'heure sur ce point - et, d'autre part, à exclure le conseil de Paris de la procédure d'élaboration du plan de l'Ile-de-France. Dans l'amendement, sa participation n'est pas explicitement prévue, mais le conseil de Paris jouit d'un poids tel qu'il semble normal qu'il participe à la procédure dès le début.
Quant à l'amendement n° 18, le Gouvernement y est tout à fait favorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 90, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 18, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix, ainsi modifié, le texte proposé pour l'article 28-3 de la loi du 30 décembre 1982.

(Ce texte est adopté.)
M. le président. Personne de demande la parole ?...
Je mets aux voix l'ensemble de l'article 14, modifié.

(L'article 14 est adopté.)

TITRE V

URBANISME ET ENVIRONNEMENT

Article 16

M. le président. « Art. 16. - L'article 14 de la loi n° 82-1153 du 30 décembre 1982 précitée est ainsi modifié :
« I. - Non modifié.
« II. - Le troisième alinéa est complété par une phrase ainsi rédigée :
« Ces schémas directeurs comprennent une analyse globale des effets sur l'environnement et sur la santé. »
Par amendement n° 19, M. François, au nom de la commission des affaires économiques, propose, à la fin de la phrase présentée par le paragraphe II de cet article pour compléter le troisième alinéa de l'article 14 de la loi n° 82-1153 du 30 décembre 1982 d'orientation des transports intérieurs, de supprimer les mots : « et sur la santé ».
La parole est à M. le rapporteur.
M. Philippe François, rapporteur. L'article 16 prévoit que les choix relatifs aux infrastructures et aux matériels de transport devront prendre en compte la protection de l'environnement et que les schémas directeurs d'infrastructures établis par l'Etat en concertation avec les collectivités locales devront comprendre une analyse globale de leurs effets sur l'environnement.
L'Assemblée nationale a adopté cet article, en ajoutant, sur proposition de M. Jean-François Mattei, rapporteur pour avis, et contre l'avis du Gouvernement, que l'étude globale annexée aux schémas directeurs d'infrastructures devait analyser également les effets globaux de ces infrastructures sur la santé.
La commission des affaires économiques n'est pas favorable à un tel ajout car il s'agit en réalité d'imposer la réalisation d'études épidémiologiques dans les schémas directeurs afin d'évaluer les conséquences des différents modes de transport sur la santé publique. Voilà qui alourdirait considérablement les coûts et la procédure d'élaboration de ces schémas. La commission vous propose, en conséquence, de revenir au texte du Sénat adopté en première lecture.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Corinne Lepage, ministre de l'environnement. Je ne suis pas favorable à cet amendement, pour les raisons que j'ai indiquées ce matin. Il est très important - et un certain nombre d'entre vous l'ont souligné - de bien montrer que la santé est au coeur du dispositif. En effet, si nous nous intéressons aujourd'hui à la qualité de l'air, c'est essentiellement en raison de ses conséquences sur la santé.
J'ai cru comprendre, à travers les propos qui ont été tenus ce matin, que vous partagiez ce point de vue. Par conséquent, il me semble tout à fait logique et cohérent que les études qui accompagnent les projets d'infrastructure puissent, sans qu'il soit procédé à de grandes études épidémiologiques, aborder les effets de ces projets sur la santé publique.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 19, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 16, ainsi modifié.

(L'article 16 est adopté.)

Article 17

M. le président. « Art. 17. - I. - Non modifié.
« II. - A l'article L. 121-10 du code de l'urbanisme, après les mots : "utilisation de l'espace", sont insérés les mots : "de maîtriser les besoins de déplacements", et après les mots : "risques technologiques", sont insérés les mots : "ainsi que les pollutions et nuisances de toute nature".
« III. - Au premier alinéa de l'article L. 122-1 du code de l'urbanisme, après le mot : "préservation", sont insérés les mots : "de la qualité de l'air et", et après les mots : "Ils prennent en considération", sont insérés les mots : "l'impact des pollutions et nuisances de toute nature induites par ces orientations ainsi que".
« IV. - Non modifié.
« V. - La deuxième phrase du premier alinéa de l'article L. 311-4 du code de l'urbanisme est complétée par les mots : "et les orientations du plan de déplacements urbains lorsqu'il existe".
« VI. - Le quatrième alinéa de l'article L. 421-3 du code de l'urbanisme est complété par les mots : "ou de la réalisation des travaux nécessaires à la desserte des constructions par des transports collectifs urbains". »
Par amendement n° 20, M. François, au nom de la commission des affaires économiques, propose d'insérer, à la fin de cet article, un nouvel alinéa ainsi rédigé :
« Les dispositions du présent article s'appliquent aux documents d'urbanisme existants lors de leur mise en révision engagée à l'initiative de la collectivité locale ou de l'établissement public de coopération intercommunale concerné. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Philippe François, rapporteur. Cet amendement tend à rectifier une erreur matérielle.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Corinne Lepage, ministre de l'environnement. Favorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 20, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 17, ainsi modifié.

(L'article 17 est adopté.)

Article 17 bis

M. le président. « Art. 17 bis - Dans la première phrase du deuxième alinéa de l'article L. 200-1 du code rural, après les mots : "besoins de développement", sont insérés les mots : "et la santé". »
Par amendement n° 21, M. François, au nom de la commission des affaires économiques, propose de supprimer cet article.
La parole est à M. le rapporteur.
M. Philippe François, rapporteur. L'Assemblée nationale a modifié l'article L. 200-1 du code rural, qui résulte de la loi relative au renforcement de la protection de l'environnement. Il mentionne expressément la préservation de la santé humaine comme l'un des objectifs des mesures de protection prévues par la loi.
Cet ajout ne semble pas s'imposer, dès lors que l'ensemble des prescriptions édictées en matière de protection et de gestion de l'environnement par la loi du 2 février 1995, d'une part, sont reconnues d'intérêt général et, d'autre part, concourent à l'objectif de développement durable. Ce concept, chacun le sait, intègre d'ores et déjà la préservation et l'amélioration de la santé humaine.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Corinne Lepage, ministre de l'environnement. Le Gouvernement est défavorable à cet amendement.
Le concept de développement durable fait plus référence aux ressources et à leur utilisation qu'à la santé elle-même. Or je ne vois pas en quoi la référence à la santé est négative. Le présent projet de loi est d'ailleurs bâti autour de cette notion. Il convient donc de renforcer le concept de développement durable en faisant référence à la santé.
M. Philippe François, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Philippe François, rapporteur. Compte tenu des explications de Mme le ministre, je retire mon amendement.
M. le président. L'amendement n° 21 est retiré.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 17 bis.

(L'article 17 bis est adopté.)

Article 18

M. le président. « Art. 18. - Au septième alinéa de l'article 2 de la loi n° 76-629 du 10 juillet 1976 relative à la protection de la nature, après le mot : "engendrerait", sont insérés les mots : "l'étude de ses effets sur la santé", et après les mots : "dommageables pour l'environnement", sont ajoutés les mots : "et la santé ; en outre, pour les infrastructures de transport, l'étude d'impact comprend une analyse des coûts collectifs des pollutions et nuisances et des avantages induits pour la collectivité ainsi qu'une évaluation des consommations énergétiques résultant de l'exploitation du projet, notamment du fait des déplacements qu'elle entraîne ou permet d'éviter".
« Dans le même article, il est inséré un huitième alinéa ainsi rédigé :
« Les conditions dans lesquelles les organismes effectuant ces études sont agréés ; ».
« Les dispositions du présent article s'appliquent aux demandes qui doivent être accompagnées d'une étude d'impact et qui sont déposées à compter du premier jour du septième mois suivant la publication de la présente loi. »
Je suis saisi de deux amendements identiques.
L'amendement n° 22 est présenté par M. François, au nom de la commission des affaires économiques.
L'amendement n° 59 est déposé par M. Le Grand.
Tous deux tendent à supprimer les deuxième et troisième alinéas de cet article.
La parole est à M. le rapporteur, pour défendre l'amendement n° 22.
M. Philippe François, rapporteur. L'Assemblée nationale a enfin adopté, sur proposition de M. Jean-François Mattei et contre l'avis du Gouvernement, je le précise, une disposition soumettant les bureaux d'étude qui réalisent les études d'impact à une procédure d'agrément à l'instar des bureaux d'étude qui effectuent des éco-audits, dans le souci de moraliser en quelque sorte cette activité qui, dans la pratique, est loin de donner toujours satisfaction.
Lors des débats à l'Assemblée nationale, Mme le ministre de l'environnement s'est inquiétée de la lourdeur de la procédure d'agrément à mettre en oeuvre et des conséquences qui pourraient en résulter sur la responsabilité du maître d'ouvrage envers les études d'impact qu'il fait réaliser.
On peut craindre en effet qu'en cas de contestation du contenu de l'enquête le maître d'ouvrage récuse toute responsabilité au motif que l'étude a été réalisée par un bureau d'étude agréé. Afin de renforcer le sérieux et la compétence de ces bureaux et dans un souci de simplification, il serait préférable de promouvoir une politique de certification plutôt qu'une procédure d'agrément par l'administration.
M. le président. L'amendement n° 59 est-il soutenu ?...
Quel est l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 22 ?
Mme Corinne Lepage, ministre de l'environnement. Je souhaite soulever le problème, fort important, de la déontologie de ceux qui réalisent des études d'impact. Un certain nombre d'entre elles sont, en effet, très insuffisantes. Je souhaite, pour ma part, organiser cette profession et donc promouvoir une véritable certification.
Le système de l'agrément envisagé par l'Assemblée nationale est, je veux bien l'admettre, peut-être un peu lourd. Je ne suis donc pas défavorable à cet amendement, mais il faudra bien que nous trouvions une solution afin de ne pas laisser n'importe qui remettre un document sur lequel seraient inscrits les mots « étude d'impact ».
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 22, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 18, ainsi modifié.

(L'article 18 est adopté.)

Article additionnel après l'article 18

M. le président. Par amendement n° 107, le Gouvernement propose d'insérer, après l'article 18, un article additionnel ainsi rédigé :
« A compter du 1er janvier 1998, à l'occasion des réalisations ou des rénovations des voies urbaines, à l'exception des autoroutes et voies rapides, doivent être mis au point des itinéraires cyclables pourvus d'aménagements sous forme de pistes, marquages au sol ou couloirs indépendants, en fonction des besoins et contraintes de la circulation. »
Cet amendement est affecté d'un sous-amendement n° 111, présenté par M. François, et tendant à compléter le texte de l'amendement n° 107 par un alinéa ainsi rédigé :
« L'aménagement de ces itinéraires cyclables doit tenir compte des orientations du plan de déplacements urbains, lorsqu'il existe. »
La parole est à Mme le ministre, pour présenter l'amendement n° 107.
Mme Corinne Lepage, ministre de l'environnement. Monsieur le président, mesdames, messieurs les sénateurs, j'ai l'honneur de vous présenter un « amendement vélo ».
Aujourd'hui, un nombre de plus en plus grand de nos concitoyens souhaitent pouvoir utiliser leur bicyclette comme mode de transport, tant pour leurs déplacements que pour leurs loisirs.
Il s'agit en effet d'un mode de déplacement non polluant, peu bruyant, peu coûteux et facile à utiliser.
Toutefois, ce souhait se heurte à un certain nombre d'appréhensions parfaitement légitimes quant au manque de sécurité lié à la circulation, notamment automobile.
Il convient donc de développer des aménagements permettant l'usage de la bicyclette avec une sécurité maximale.
Cette mesure permettra à la France, d'une part, de disposer progressivement d'un réseau de pistes cyclables et, d'autre part, de rattraper son retard par rapport aux pays européens.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur, pour défendre le sous-amendement n° 111 et pour donner l'avis de la commission sur l'amendement n° 107.
M. Philippe François, rapporteur. La commission n'a pu exprimer un avis sur l'amendement n° 107 car il a été déposé ce matin. Toutefois, à titre personnel, j'y suis favorable, sous réserve que le Gouvernement accepte le sous-amendement n° 111.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur le sous-amendement n° 111 ?
Mme Corinne Lepage, ministre de l'environnement. Favorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix le sous-amendement n° 111, accepté par le Gouvernement.

(Le sous-amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix, ainsi modifié, l'amendement n° 107.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 18.
M. Philippe Adnot, rapporteur pour avis. Monsieur le président, je souhaitais m'exprimer contre l'amendement n° 107.
M. le président. Je suis navré, monsieur Adnot, mais je ne puis vous donner la parole, car le vote est intervenu.
M. Philippe Adnot. J'avais levé la main pour demander la parole, monsieur le président !
M. le président. Je suis désolé, je ne vous ai pas vu.
Je vous donnerai la parole sur l'article 19.
M. Philippe Adnot. Trop tard ! Mon intervention aurait pu modifier le vote de la Haute Assemblée !
M. Henri de Raincourt. Parfaitement !
M. le président. La présidence reconnaît son erreur. Il reste que l'ensemble du Sénat a voté, en toute connaissance de cause.

TITRE VI


MESURES TECHNIQUES NATIONALES DE PRÉVENTION DE LA POLLUTION ATMOSPHÉRIQUE ET D'UTILISATION RATIONNELLE DE L'ÉNERGIE

Article 19

M. le président. « Art. 19. - I. - En vue de réduire la consommation d'énergie, d'améliorer la santé et de limiter les sources d'émission de substances polluantes, des décrets en Conseil d'Etat définissent :
« - les normes et spécifications applicables à la fabrication, la mise sur le marché, le stockage, l'utilisation, l'entretien et l'élimination des biens mobiliers autres que les véhicules, lesquels sont visés à l'article 21 ;
« - les normes et spécifications applicables à la construction, l'utilisation, l'entretien et la démolition des biens immobiliers ;
« - les conditions de contrôle des opérations mentionnées aux deux alinéas précédents.
« II. - Les décrets mentionnés au I ci-dessus peuvent aussi :
« 1° Imposer aux constructeurs et utilisateurs de contrôler les consommations d'énergie et les émissions de substances polluantes, à leur diligence et à leurs frais ;
« 2° Prescrire les conditions de limitation de la publicité ou des campagnes d'information commerciale relatives à l'énergie ou à des biens consommateurs d'énergie, ou l'obligation d'afficher la consommation énergétique des biens consommateurs d'énergie, lorsqu'elles sont de nature à favoriser la consommation d'énergie dans les cas autres que ceux prévus à l'article premier de la loi n° 74-908 du 29 octobre 1974 relative aux économies d'énergie ;
« 3° Supprimé.
« III. - Un décret en Conseil d'Etat fixe les conditions dans lesquelles le fioul domestique, le gazole, l'essence et les supercarburants devront comporter un taux minimal d'oxygène avant le 1er janvier 2000. Ce décret en Conseil d'Etat fixe également les conditions dans lesquelles les carburants devront être reformulés avant la même date.
« IV. - Supprimé.
« V. - Pour satisfaire aux dispositions de la présente loi, un décret en Conseil d'Etat fixe les conditions dans lesquelles l'ensemble des constructions devront comporter une quantité minimale de matériaux en bois avant le 1er janvier 2000. Ce bois est récolté par une sylviculture respectueuse de l'environnement. »
Par amendement n° 23, M. François, au nom de la commission des affaires économiques, propose de rédiger comme suit le premier alinéa du paragraphe I de l'article 19 :
« En vue de réduire la consommation d'énergie et de limiter les sources d'émission de substances polluantes nocives pour la santé humaine et l'environnement, des décrets en Conseil d'Etat définissent : »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Philippe François, rapporteur. Il s'agit d'un amendement rédactionnel.
Plutôt que de fixer l'objectif ambitieux d'améliorer la santé, les mesures techniques nationales ont plus simplement pour objet de limiter ou de prévenir les émissions de substances polluantes nocives pour la santé humaine.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Corinne Lepage, ministre de l'environnement. Je suis tout à fait favorable à ce que le mot « santé » figure souvent dans le projet de loi. Je crois important d'afficher cette préoccupation.
Je reste donc sur ma position de tout à l'heure, et j'émets un avis défavorable sur cet amendement.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 23.
M. Philippe Adnot. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Adnot.
M. Philippe Adnot. Bien entendu, je suis favorable à cet amendement. Mais j'étais défavorable à l'amendement n° 107 et je désire m'exprimer à ce sujet. Je me demande vraiment dans quel monde nous sommes !
M. Henri de Raincourt. Eh oui, qui va payer ?
M. Philippe Adnot. Voilà un amendement qui tend à exclure du champ d'application de la décision que prend le Gouvernement ce qui relève de la responsabilité de l'Etat, c'est-à-dire les autoroutes et les voies rapides.
M. Henri de Raincourt. Absolument !
M. Philippe Adnot. L'Etat ne réalise pas ce qui est de sa responsabilité, mais il impose des contraintes en matière de voirie communale : c'est maintenant l'Etat qui décide de l'emplacement des pistes cyclables pour celles-ci ! C'est incroyable !
L'Etat décide à la place des collectivités, alors que toute la noblesse de leur mission est de prendre ce genre de décision.
Je tiens absolument à ce qu'il soit acté que j'étais contre l'amendement n° 107, qui ne va pas du tout dans le sens du respect de l'autonomie des collectivités locales. (Marques d'approbation sur certaines travées du RPR.)
M. Emmanuel Hamel. Il eût fallu que la commission se réunît ! Elle se serait prononcée contre !
M. le président. La Haute Assemblée a voté en connaissance de cause !
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 23, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 24, M. François, au nom de la commission des affaires économiques, propose de rédiger comme suit le deuxième alinéa du paragraphe I de l'article 19 :
« les spécifications techniques applicables à la fabrication, à la mise sur le marché, au stockage, à l'utilisation, à l'entretien et à l'élimination des biens mobiliers autres que les véhicules visés à l'article 21. »
Cet amendement est assorti d'un sous-amendement n° 108, déposé par le Gouvernement, et tendant, dans le second alinéa de l'amendement n° 24, après les mots : « l'entretien », à insérer les mots : « , aux seuils de rendement ».
La parole est à M. le rapporteur, pour présenter l'amendement n° 24.
M. Philippe François, rapporteur. Il s'agit de préciser la rédaction de l'alinéa habilitant le pouvoir réglementaire à prendre des mesures sur les biens mobiliers. Les termes « normes et spécifications » sont à la fois trop généraux et trop imprécis.
Dans le processus industriel, les normes sont des documents d'application volontaire adoptées par un organisme de normalisation reconnu - l'AFNOR en France, le CEN au niveau communautaire et l'ISO au plan international - que l'autorité administrative compétente peut rendre obligatoires, en application du code de la consommation ainsi que du décret du 26 janvier 1984 fixant le statut de la normalisation. Il est donc inutile de le prévoir à l'article 19.
En revanche, il convient de parler de spécification technique, qui est un document d'application obligatoire édicté par le pouvoir réglementaire, sous couvert d'une habilitation législative.
M. le président. La parole est à Mme le ministre, pour défendre le sous-amendement n° 108 et pour donner l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 24.
Mme Corinne Lepage, ministre de l'environnement. Par coordination avec l'amendement n° 101, qui sera examiné ultérieurement et qui est un amendement de cohérence, le Gouvernement souhaite conserver la notion de seuil de rendement. Tel est l'objet du sous-amendement n° 108.
En ce qui concerne l'amendement n° 24, le Gouvernement émet un avis favorable.
M. Philippe François, rapporteur. Que peut-on demander de mieux !
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur le sous-amendement n° 108 ?
M. Philippe François, rapporteur. Favorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix le sous-amendement n° 108, accepté par la commission.
M. Emmanuel Hamel. Je vote contre : cette inflation réglementaire devient démente !

(Le sous-amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix, ainsi modifié, l'amendement n° 24, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 25, M. François, au nom de la commission des affaires économiques, propose, dans le troisième alinéa du paragraphe I de l'article 19, de remplacer les mots : « normes et spécifications » par les mots : « spécifications techniques ».
La parole est à M. le rapporteur.
M. Philippe François, rapporteur. La justification de cet amendement de coordination est similaire à celle de l'amendement n° 24.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Corinne Lepage, ministre de l'environnement. Favorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?
Je mets aux voix l'amendement n° 25, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 97, MM. Richert et Hérisson proposent de compléter le paragraphe I de l'article 19 par un alinéa nouveau ainsi rédigé :
« - les conditions d'utilisation des substances chimiques à potentiel élevé de destruction de l'ozone et de réchauffement climatique, dans le cadre de la lutte contre les incendies. »
La parole est à M. Hérisson.
M. Pierre Hérisson. Compte tenu de ce que nous a dit tout à l'heure Mme le ministre à propos d'un autre amendement, je retire cet amendement, monsieur le président.
M. le président. L'amendement n° 97 est retiré.
Par amendement n° 26, M. François, au nom de la commission des affaires économiques, propose dans le deuxième alinéa du paragraphe II de l'article 19, après les mots : « de substances polluantes », d'insérer les mots : « des équipements de chauffage et de climatisation ».
La parole est à M. le rapporteur.
M. Philippe François, rapporteur. Le deuxième alinéa du paragraphe II de l'article 19 autorise le pouvoir réglementaire à imposer aux constructeurs et aux utilisateurs d'être en mesure de contrôler à leurs frais les consommations d'énergie et les émissions de substances polluantes, sans préciser l'origine de ces consommations et de ces émissions.
Il conviendrait à tout le moins de préciser les objets visés par cette obligation de contrôle, à savoir les appareils thermiques.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Corinne Lepage, ministre de l'environnement Le Gouvernement n'est pas favorable à cet amendement, car la proposition qu'il contient affaiblit la portée des décrets prévus à l'article 19 en limitant simplement la mesure aux équipements de chauffage et de climatisation.
M. le président. Personne ne demande la parole ? ...
Je mets aux voix l'amendement n° 26, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 100, M. François, au nom de la commission des affaires économiques, propose, dans le troisième alinéa (2°) du paragraphe II de l'article 19, après les mots : « à des biens consommateurs d'énergie, » de supprimer les mots : « ou l'obligation d'afficher la consommation énergétique des biens consommateurs d'énergie, ».
La parole est à M. le rapporteur.
M. Philippe François, rapporteur. En ce qui concerne l'affichage des consommations énergétiques, il cconvient de privilégier la procédure plus simple de l'article 20, dont le paragraphe 3° vise l'habilitation des autorités administratives à prescrire l'obligation d'afficher la consommation énergétique de certains biens.
Il s'agit donc de supprimer ce dispositif à l'article 19. Dans le cas contraire, on laisserait coexister deux procédures contradictoires pour l'adoption des décrets d'application, ce qui serait préjudiciable à la bonne marche de l'administration.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Corinne Lepage, ministre de l'environnement. Le Gouvernement est favorable à cet amendement.
M. le président. Personne ne demande la parole ?
Je mets aux voix l'amendement n° 100, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 41, MM. Souplet, Machet, Deneux, et les membres du groupe de l'Union centriste, proposent d'insérer, après la première phrase du paragraphe III de l'article 19, une phrase ainsi rédigée : « Un taux spécifique d'oxygène sera par ailleurs fixé pour les carburants utilisés par les véhicules appartenant à des « flottes captives » urbaines de plus de 50 véhicules. »
La parole est à M. Souplet.
M. Michel Souplet. Cet amendement s'inscrit dans la logique à la fois de mon intervention de ce matin et de la proposition de loi relative à l'incorporation obligatoire de carburants d'origine agricole dans le gazole, que le Sénat avait adoptée à l'unanimité voilà quelques années.
Ce matin, j'ai cité l'exemple d'un bon nombre de villes françaises qui ont décidé l'incorporation d'environ 15 %, 20 % ou 25 % de diester dans le gazole des autobus urbains. Cela permet de diminuer considérablement les fumées noires, les particules, les composés aromatiques, dont le benzène, le CO2, qui favorise l'effet de serre, ainsi que la pollution acide en raison de l'absence de soufre.
Pour tous ces motifs, il serait souhaitable que le plus rapidement possible, et non pas seulement en l'an 2 000, l'on puisse adopter des dispositions rendant obligatoire, dans toutes les villes de France, l'incorporation de carburant d'origine agricole par oxygénation. Cela conduirait très rapidement à une amélioration significative de la qualité de l'air.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe François, rapporteur. Mon collègue M. Souplet sait combien je partage son point de vue à cet égard. Toutefois, je lui demanderai de retirer son amendement, pour la simple raison que, à l'article 21, nous présenterons un amendement n° 30 qui a un objet similaire.
M. le président. Monsieur Souplet, l'amendement est-il maintenu ?
M. Michel Souplet. J'ai lu rapidement l'amendement n° 30 qu'a déposé la commission à l'article 21. Il est moins explicite que le mien. Mais je ne vais pas faire la forte tête, et je retire mon amendement.
M. le président. L'amendement n° 41 est retiré.
Par amendement n° 27, M. François, au nom de la commission des affaires économiques, propose :
I. - De supprimer la seconde phrase du paragraphe III de l'article 19.
II. - En conséquence, de rétablir le paragraphe IV de cet article dans la rédaction suivante :
« IV. - Un décret fixe les conditions dans lesquelles les spécifications des carburants mentionnées au paragraphe III devront être redéfinies avant la même date. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Philippe François, rapporteur. Le paragraphe III de l'article 19 prévoit l'incorporation obligatoire de composants oxygénés dans les carburants et combustibles liquides avant le 1er janvier 2000. Un décret précisera le taux minimal d'oxygène que devront comporter lesdits carburants et combustibles.
L'Assemblée nationale a quelque peu remanié cette disposition en la cumulant, par ailleurs, avec celle du paragraphe IV, voté à l'unanimité par le Sénat, prévoyant la publication d'un décret en Conseil d'Etat afin de fixer, pour l'ensemble des carburants, des teneurs maximales en aromatiques, en benzène et en soufre.
Compte tenu du calendrier européen, qui met en discussion une proposition de directive du Parlement européen et du Conseil concernant la qualité de l'essence et du carburant diesel et modifiant la directive 93/12/CEE du Conseil, et compte tenu des délais d'adoption et de transposition de ces textes, la commission vous propose de dissocier la fixation d'un taux minimal d'oxygène dans les carburants du problème de la reformulation qui dépend de cette directive.
C'est pourquoi elle vous suggère de revenir au texte adopté en première lecture au Sénat, qui prévoyait l'adoption de deux décrets.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Corinne Lepage, ministre de l'environnement. Je m'en remets à la sagesse de la Haute Assemblée.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 27, pour lequel le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 66, M. Adnot propose de supprimer le paragraphe V de l'article 19.
La parole est à M. Adnot.
M. Philippe Adnot. Cet amendement tend à supprimer le paragraphe V de l'article 19, dont je vous rappelle les termes : « Pour satisfaire aux dispositions de la présente loi, un décret en Conseil d'Etat fixe les conditions dans lesquelles l'ensemble des constructions devront comporter une quantité minimale de matériaux en bois avant le 1er janvier 2000. Ce bois est récolté par une sylviculture respectueuse de l'environnement. »
Cette formulation ne manque pas de saveur ! Bien entendu, il faudra laisser le soin aux experts d'apprécier, quand on fera venir du bois des îles ou d'ailleurs, ce qui aura été respectueux de l'environnement.
Ce qui me chagrine le plus, c'est que l'on finira par fixer l'âge du capitaine. (Sourires.) Désormais, toute nouvelle construction devra intégrer une certaine quantité de bois. Et un lobby des plastiques, des toits en ardoise ou de pierres de je ne sais quelle provenance fixera bientôt le pourcentage requis pour tel ou tel matériau !
Je représente un département qui est composé de 25 % de forêt. Je suis très intéressé par le développement de celle-ci ! C'est à nous de prendre les mesures pour que le bois soit compétitif et qualitativement intéressant !
S'il faut que la loi détermine la composition de chacune des constructions, même si cela ne correspond en aucun cas aux objectifs poursuivis par le bâtiment, où allons-nous ?
M. Emmanuel Hamel. Nous cessons d'être un pays de liberté pour devenir un pays où tout est réglementé ! C'est le retour de Staline !
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe François, rapporteur. La commission a émis un avis défavorable sur cet amendement, ce qui mérite quelques explications.
Vous disiez, monsieur Adnot, que votre département était composé de 25 % de forêt. Je vous signale que la France comporte 25 % de forêt, sans compter ses territoires extérieurs, ce qui augmenterait le pourcentage ! La France est l'un des premiers pays forestiers du monde - elle compte 15 000 hectares de forêt - et elle possède la forêt la plus productive d'Europe.
Par ailleurs, cette forêt est la mieux gérée et s'est accrue de 2 500 hectares depuis 1950.
Chacun sait que la filière bois est en très grande difficulté. Cependant, nous ne pouvons pas imposer du bois dans toutes les constructions.
De plus, l'application de cette disposition interviendrait par décrets ministériels et par arrêtés préfectoraux.
Je prendrai un exemple. Si à Tignes ou à La Plagne l'utilisation du bois avait été imposée, aurait-on réalisé ces inadmissibles constructions en béton, qui ont saccagé le paysage de cette montagne, l'une des plus belles du monde ?
L'utilisation du bois me semble normale dans les régions où il est traditionnel de recourir à ce matériau pour construire. Les habitants de Haute-Savoie ne me contrediront certainement pas si je dis qu'ils souhaitent l'implantation dans cette région de chalets en bois plutôt que de constructions en béton.
Par ailleurs, comme la forêt est, dans notre pays, une activité économique non négligeable, il paraît souhaitable de prévoir une telle disposition.
En outre, je rappelle que, du point de vue économique, la filière bois représente 550 000 emplois et est généralement localisée en milieu rural. N'avons-nous pas intérêt à encourager son développement ?
Enfin, j'indiquerai que l'Allemagne et les Pays-Bas ont adopté des réglementations visant à augmenter de 20 % la part du bois dans la construction.
Dans ces conditions, je ne pense pas que cette disposition soit déraisonnable. Aussi, je vous demande, mes chers collègues, de bien vouloir l'adopter.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Corinne Lepage, ministre de l'environnement. Je partage l'avis que M. le rapporteur vient d'exprimer excellemment.
Notre filière bois connaît des difficultés. Je constate que certains pays de l'Union européenne ont adopté des dispositions beaucoup plus strictes en ce domaine. En l'occurrence, nous ne prévoyons pas de pourcentages, notamment pas de pourcentage uniforme, afin de laisser toute liberté. Il est clair que, selon le lieu et le type de construction, toutes les modulations seront possibles.
Compte tenu de l'importance économique et écologique du bois, la Haute Assemblée doit maintenir cette disposition, qui a été introduite par l'Assemblée nationale. C'est pourquoi j'émets un avis défavorable sur votre amendement, monsieur Adnot.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 66.
M. Yann Gaillard. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Gaillard.
M. Yann Gaillard. Il est évident que je partage en partie les restrictions intellectuelles de notre collègue Philippe Adnot, qui connaît bien l'importance de la filière bois dans le département de l'Aube et dans la France tout entière.
Je suis quelque peu réservé sur la rédaction qui a été adoptée par l'Assemblée nationale et qui est assez maladroite. Tel est notamment le cas de la dernière phrase, qui dispose : « Ce bois est récolté par une sylviculture respectueuse de l'environnement. » Cette rédaction est assez bizarre. De plus, elle est un peu dangereuse pour nous, dans la mesure où elle prête le flanc à toutes sortes de manoeuvres internationales sur l'écocertification. Mais ce n'est peut-être pas le moment d'ouvrir cette discussion.
Cela étant dit, ce paragraphe V est un signal, un salut à l'importance écologique du bois. Cette rédaction pourra sans doute être améliorée en commission mixte paritaire. Aussi, je voterai contre l'amendement de suppression.
M. Michel Souplet. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Souplet.
M. Michel Souplet. J'exprimerai un peu les mêmes réserves que l'orateur précédent.
Monsieur Adnot, nous appartenons à la même profession, nous connaissons donc bien le métier et les difficultés du secteur de la forêt, en particulier s'agissant de l'exploitation du bois.
La rédaction n'est peut-être pas excellente. Toutefois, je préfère maintenir la mention de l'utilisation du bois dans le texte plutôt que de la supprimer. Je voterai donc contre l'amendement.
M. Philippe Adnot. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Adnot.
M. Philippe Adnot. Je ne peux pas laisser supposer que si j'ai proposé cet amendement c'est parce que je ne serais pas aussi intéressé que mes collègues par la filière bois. Pour permettre à cette dernière de se développer et de se valoriser, il importe de créer des conditions favorables. Un certain nombre de dispositions sont nécessaires pour qu'elle puisse bien fonctionner, pour qu'elle soit une activité économique à part entière, ce qu'elle est d'ailleurs déjà dans de nombreuses régions. Pour autant, je ne vois vraiment pas pour quelle raison cela devrait passer par une obligation d'utilisation inscrite dans le présent projet de loi. En poussant le raisonnement à l'extrême, nous aurons bientôt l'obligation d'incorporer un certain pourcentage de bois dans la construction des cathédrales !
Je ne comprends pas qu'on ait recours à ce type de réglementation pour essayer de favoriser une filière. Il existe une multitude d'autres critères qui peuvent nous permettre de créer les conditions du développement de cette filière.
En l'occurrence, nous devons nous en remettre totalement à ce qui sera fixé par le décret en Conseil d'Etat. Nous ignorons donc tout de ce qui pourra être imposé. Cela me semble extraordinaire !
M. Emmanuel Hamel. Inquiétant et déraisonnable !
M. Philippe Adnot. Aussi, je maintiens cet amendement. Je sais que je serai battu ; du moins nous serons-nous exprimés !
M. Jean-Marie Girault. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Jean-Marie Girault.
M. Jean-Marie Girault. J'aime le bois. Nous aimons tous le bois. C'est, passez-moi l'expression, un problème de culture pour les Français. Et les Allemands sont encore beaucoup plus sensibilisés que nous à l'utilisation du bois.
Tout à l'heure, M. le rapporteur évoquait des constructions érigées au mépris de ce qui est raisonnable. Ce sont alors les plans d'occupation des sols, par exemple, qui sont en cause. Selon l'ambiance d'une région, ou d'une province, ils peuvent créer pour tel ou tel lieu un certain nombre de normes à l'occasion des constructions.
Je ne suis pas d'accord pour en venir aujourd'hui à contingenter les matériaux pour construire des maisons. Aussi, je voterai l'amendement.
M. Pierre Hérisson. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Hérisson.
M. Pierre Hérisson. Je rejoins tout à fait l'orateur précédent : il n'est pas raisonnable d'introduire aujourd'hui dans des textes des obligations pour nos concitoyens, surtout dans le domaine de la construction.
La filière bois connaît effectivement un grand nombre de difficultés. Issu d'un département où cette filière est importante, la Haute-Savoie, auquel M. le rapporteur a fait allusion, je suis convaincu que ce n'est pas en fixant des quotas ou en prévoyant des obligations que l'on résoudra les problèmes de cette activité économique.
Je vous rappelle que les bétonniers utilisent une ressource minérale locale !
Non, on ne réglera pas ainsi des problèmes qui sont plus liés à l'architecture et à la culture architecturale locale. La construction de chalets en bois en zone de montagne, par exemple, répond à une logique.
Si une telle disposition était adoptée, elle ouvrirait la porte aux lobby des fabricants de PVC, d'aluminium ou de tous les produits qui résultent de technologies nouvelles, domaines qui connaissent parfois autant de difficultés que les filières économiques traditionnelles. Aussi, je rejoins notre collègue Adnot. Je voterai donc l'amendement.
M. Emmanuel Hamel. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Hamel.
M. Emmanuel Hamel. Vous me permettrez de citer Lamartine, qui fut membre de cette noble maison et vécut quelques mois dans le palais où réside actuellement le président du Sénat : « Arbres de la forêt, vous connaissez mon âme. »
Mon âme, madame le ministre, elle est faite notamment de l'admiration de la forêt. L'un de mes plus beaux souvenirs d'enfance, ce sont les promenades que je faisais en forêt de Fontainebleau, aux côtés de mes parents. Le bois, c'est une structure merveilleuse de la nature, et la lumière du soleil sur une nappe de bois, c'est merveilleux, surtout si elle reflète l'image d'un visage aussi beau que le vôtre, madame. (Sourires.)
Pour autant, introduire dans notre législation et notre réglementation des quotas, des dispositions de ce genre, c'est - peut-être vais-je un peu trop loin, mais il faut parfois que certains aillent trop loin - changer la nature de la France, pays de liberté et de responsabilité !
Vous donnez au pouvoir réglementaire la mission qui devrait être celle des architectes, séduits par la beauté du bois, et des écoles d'architecture, éveillant leurs élèves sur ce qu'il est possible de faire pour valoriser la beauté de notre pays par l'exploitation du bois.
Laisser au pouvoir réglementaire la possibilité de tout mettre en quotas, ce n'est plus être la France, pays de liberté.
Alors, développez la responsabilité, faites en sorte que chacun des membres de notre société soit plus conscient de ses devoirs dans l'utilisation des produits, à commencer par les plus nobles, comme le bois.
Mais, je vous en prie, et si grande que soit la nécessité de soutenir certaines activités et d'aider au développement de certaines branches actuellement en difficulté, n'allons pas, à partir d'un objectif respectable et valable, introduire dans notre législation des dispositions aux termes desquelles la France cesserait d'être ce qu'elle doit être, un pays de liberté et de responsabilité, et deviendrait un pays « soviétique » de quotas et d'obligations réglementaires ! (Applaudissements.)
M. Philippe François, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Philippe François, rapporteur. Monsieur le président, pour essayer que nous revenions sur terre, je demande une brève suspension de séance afin de réunir la commission.
M. le président. Le Sénat va, bien sûr, accéder à cette demande.
La séance est suspendue.
(La séance, suspendue à dix-huit heures dix, est reprise à dix-huit heures vingt-cinq.)

M. le président. La séance est reprise.
Je suis saisi d'un amendement n° 112, présenté par M. François, au nom de la commission des affaires économiques, et tendant à rédiger ainsi le paragraphe V de l'article 19 :
« Pour favoriser le développement de la sylviculture, l'Etat crée les conditions permettant aux constructions nouvelles d'intégrer une quantité minimale de matériaux en bois avant le 1er janvier 2000. »
Cet amendement peut faire l'objet d'une discussion commune avec l'amendement n° 66.
M. Philippe Adnot. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. Adnot.
M. Philippe Adnot. La rédaction présentée par M. le rapporteur me satisfait, et je retire donc l'amendement n° 66.
M. le président. L'amendement n° 66 est retiré.
Quel est l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 112 ?
Mme Corinne Lepage, ministre de l'environnement. Favorable.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 112.
M. Jean-Marie Girault. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Jean-Marie Girault.
M. Jean-Marie Girault. J'aimerais comprendre le texte qui vient de nous être distribué. La formule « crée les conditions » sous-entend-t-elle une future norme qui s'imposerait aux constructeurs et aux aménageurs ?
M. Yann Gaillard. C'est incitatif !
M. Michel Rufin. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Rufin.
M. Michel Rufin. J'approuve entièrement ce texte.
Je vous avouerai d'ailleurs, mes chers collègues, que je n'étais pas a priori opposé au paragraphe V de l'article 19. En effet, il s'agit de défendre la forêt française. On semble oublier qu'il s'agit de la première forêt d'Europe et que des milliers et des milliers d'ouvriers de nos campagnes ont un emploi grâce à elle.
J'ai entendu tout à l'heure l'un de nos collègues affirmer qu'il était contre les quotas. Or il s'agit non pas de prévoir des quotas, mais tout simplement de défendre la forêt française et de lui conserver sa place.
C'est la raison pour laquelle j'approuve sans aucune arrière-pensée cet amendement raisonnable, qui vise à préciser qu'il s'agit bien des constructions nouvelles, alors que ce point était précédemment laissé quelque peu dans le flou.
M. Yann Gaillard. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Gaillard.
M. Yann Gaillard. J'approuve tout à fait cet amendement, et je me rallie à l'explication de vote de notre collègue Michel Rufin, qui, comme chacun sait, est l'un des grands défenseurs de la forêt dans cette assemblée. J'emboîterai donc modestement son pas. J'ajoute que même Lamartine eût pu voter cet amendement ! (Sourires.)
M. Louis Minetti. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Minetti.
M. Louis Minetti. Je voterai cet amendement à la rédaction duquel j'ai participé, lors de la réunion de la commission des affaires économiques, dont j'assurais d'ailleurs la présidence, en l'absence de M. François-Poncet. Ainsi, dans le salon Victor-Hugo, nous nous serons mis d'accord avec Lamartine ! (Rires.)
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 112, accepté par le Gouvernement.
M. Jean-Marie Girault. Je vote contre !
M. Emmanuel Hamel. Moi aussi !

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 98, MM. Richert et Hérisson proposent de compléter in fine l'article 19 par un paragraphe additionnel ainsi rédigé :
« ... - Pour satisfaire aux dispositions de la présente loi, un décret en Conseil d'Etat fixe les conditions d'utilisation des substances chimiques à potentiel élevé de destruction de l'ozone et de réchauffement climatique, dans le cadre de la lutte contre les incendies ; il peut les interdire ou les autoriser en l'absence de solutions alternatives. »
La parole est à M. Hérisson.
M. Pierre Hérisson. Cet amendement n'ayant plus d'objet compte tenu des votes émis précédemment, je le retire.
M. le président. L'amendement n° 98 est retiré.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 19, modifié.

(L'article 19 est adopté.)

Article 19 bis

M. le président. L'article 19 bis a été supprimé par l'Assemblée nationale.

Article 20

M. le président. « Art. 20. - Les décrets prévus à l'article 19 ci-dessus fixent les conditions dans lesquelles les autorités administratives compétentes sont habilitées à :
« 1° Définir des normes de rendement applicables à certaines catégories d'appareils consommateurs d'énergie ;
« 2° Délivrer et retirer l'agrément des experts ou organismes chargés des contrôles prévus au 1° du II de l'article 19 ;
« 3° Prescrire l'obligation d'afficher la consommation énergétique de certains biens sur le lieu de leur vente ou de leur location et préciser les méthodes de mesure ;
« 4° Prescrire l'obligation d'afficher le montant annuel des frais de chauffage, d'eau chaude et de climatisation des logements ou locaux à usage tertiaire proposés à la vente ou à la location et préciser les méthodes de mesure ;
« 5° Prescrire l'obligation d'équiper les immeubles d'habitation ou à usage tertiaire dont le permis de construire a été délivré au moins six mois après la date de publication de la présente loi de conduits de fumée permettant de choisir l'énergie la plus économe et la moins polluante ainsi que l'obligation d'utiliser des réseaux urbains ou industriels de fourniture de chaleur et de froid ;
« 6° Prescrire les conditions dans lesquelles seront limitées, dans un délai de deux ans à compter de la publication de la présente loi, les émissions de composés organiques volatils liées au ravitaillement des véhicules dans les stations-service. »
Par amendement n° 101, M. François, au nom de la commission des affaires économiques, propose de supprimer le deuxième alinéa (1°) de cet article.
La parole est à M. le rapporteur.
M. Philippe François, rapporteur. En ce qui concerne la définition des normes de rendement applicables à certaines catégories d'appareils consommateurs d'énergie, il convient d'en rester à la procédure du décret en Conseil d'Etat prévu à l'article 19 pour définir les spécifications techniques applicables à la fabrication, à l'utilisation et à l'entretien des biens mobiliers et, en conséquence, de supprimer le deuxième alinéa de l'article 20.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Corinne Lepage, ministre de l'environnement. Favorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 101, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 36, M. Eckenspieller propose de supprimer le quatrième alinéa (3°) de l'article 20.
La parole est à M. Eckenspieller.
M. Daniel Eckenspieller. La volonté de prendre en compte les économies d'énergie comme argument de vente de biens immobiliers est en soi intéressante. Cependant, les dispositions prévues par le texte semblent très difficiles à mettre en oeuvre et, ce qui paraît plus grave, elles portent en germe de nombreuses situations contentieuses.
Les relations entre les vendeurs et les acquéreurs de biens ou entre les bailleurs et les locataires sont des relations souvent difficiles. Or il semble que le texte de l'article 20 tel qu'il nous est proposé ajoute encore à ces difficultés.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe François, rapporteur. La commission est défavorable à l'amendement n° 36, qui est contradictoire avec l'amendement de la commission confiant à l'autorité administrative compétente le soin de réglementer par arrêté l'obligation d'afficher les consommations énergétiques, ce qui est une bonne chose pour l'information du public.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Corinne Lepage, ministre de l'environnement. L'alinéa dont M. Eckenspieller souhaite la suppression a pour objet de donner une base juridique à des dispositions qui existent déjà en application de la loi de 1948, qui a été abrogée. Par conséquent, nous ne faisons que maintenir un système existant.
Par ailleurs, comme M. le rapporteur vient de la rappeler, l'information du public est un élément essentiel.
Le Gouvernement est donc défavorable à cet amendement.
M. le président. Monsieur Eckenspieller, dans ces conditions, l'amendement est-il maintenu ?
M. Daniel Eckenspieller. Compte tenu des arguments de Mme le ministre et de M. le rapporteur, je retire cet amendement.
M. le président. L'amendement n° 36 est retiré.
Je suis maintenant saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 37, M. Eckenspieller propose de supprimer le cinquième alinéa (4°) de l'article 20.
Par amendement n° 28, M. François, au nom de la commission des affaires économiques, propose de rédiger comme suit le cinquième alinéa (4°) de l'article 20 :
« 4° Prescrire l'obligation d'afficher un indicateur de consommation énergétique des équipements de chauffage, de climatisation et de production d'eau chaude sanitaire des logements et locaux à usage tertiaire neufs proposés à la vente ou à la location et préciser les méthodes d'évaluation des consommations conventionnelles. »
La parole est à M. Eckenspieller, pour défendre l'amendement n° 37.
M. Daniel Eckenspieller. Les arguments opposés par Mme le ministre et par M. le rapporteur à l'amendement n° 36 valant aussi pour l'amendement n° 37, je retire ce dernier.
M. le président. L'amendement n° 37 est retiré.
La parole est à M. le rapporteur, pour défendre l'amendement n° 28.
M. Philippe François, rapporteur. Le cinquième alinéa de l'article 20 précise que, à l'occasion de la vente ou de la location non seulement de logements mais également de locaux à usage tertiaire, il est fait obligation de mentionner le montant annuel tant des frais de chauffage et d'eau chaude que de climatisation.
L'Assemblée nationale a étendu ces contraintes nouvelles inscrites dans le projet de loi à l'immobilier de bureau, en y incluant les frais de climatisation.
L'extension du champ d'application de cette obligation de transparence entre les professionnels de l'immobilier et les usagers, à laquelle souscrit la commission, soulève néanmoins, à l'examen, de réelles difficultés d'application. En effet, l'affichage du montant annuel des frais de chauffage, d'eau chaude et de climatisation n'est pas techniquement possible dans des conditions équivalentes pour toutes les énergies. La comparaison s'en trouve faussée pour l'utilisateur, notamment en ce qui concerne le chauffage électrique, si les données n'intègrent pas les coûts d'entretien et l'amortissement de l'investissement. De plus, les consommations de chauffage dépendent très largement du comportement des utilisateurs, ainsi que l'a rappelé fort justement tout à l'heure M. Eckenspieller.
Par ailleurs, dans les logements anciens, il est quasiment impossible d'évaluer les performances thermiques du bâtiment. Il est, enfin, à craindre que cette obligation de transparence ne se traduise par des études thermiques faites par des professionnels et dont le coût se répercutera sur les transactions.
A tout le moins, il convient de limiter le champ d'application du dispositif aux constructions neuves en préconisant l'établissement d'un indicateur sans valeur contractuelle, afin d'éviter les contentieux ultérieurs en cas de divergence entre les prévisions et les consommations réelles. Cet indicateur devra intégrer des méthodes d'évaluation des consommations qui, elles, seront conventionnelles.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Corinne Lepage, ministre de l'environnement. J'ai bien entendu l'argumentation de M. le rapporteur. Toutefois, je ne saurais trop insister sur l'importance sociale de cette mesure, que vous aviez d'ailleurs - je vous le rappelle - votée en première lecture, mesdames, messieurs les sénateurs. Nos concitoyens les plus modestes ont besoin de savoir ce que cela va coûter, et ce n'est pas un indicateur de consommation énergétique - je vois d'ailleurs mal comment nous l'évaluerions ! - qui permettra aux usagers de répondre à cette question.
Telles sont les raisons pour lesquelles je ne suis pas favorable à ce que le Sénat revienne sur ce qui a été sa propre position en première lecture.
M. Emmanuel Hamel. Vous avez raison, madame le ministre.
M. le président. Le Sénat demeure toutefois libre de faire ce qu'il entend lors de la discussion d'un texte, madame le ministre !
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 28, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Je suis maintenant saisi de quatre amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Les deux premiers sont identiques.
L'amendement n° 67 est présenté par M. Adnot.
L'amendement n° 91 est présenté par MM. Rouquet et Delanoë, Mme Pourtaud et les membres du groupe socialiste et apparentés.
Tous deux tendent à supprimer le sixième alinéa (5°) de l'article 20.
Par amendement n° 29, M. François, au nom de la commission des affaires économiques, propose de rédiger comme suit le sixième alinéa (5e) de l'article 20 :
« 5° Prescrire l'obligation d'adopter pour les immeubles d'habitation à usage collectif et les immeubles à usage tertiaire, dont le permis de construire a été déposé plus de six mois après la date de publication de la présente loi, des dispositions en matière de construction permettant le choix et le remplacement à tout moment de la vie du bâtiment, de tout type d'énergie. »
Par amendement n° 77, MM. Foy et Habert proposent, après les mots : « la moins polluante », de supprimer la fin du sixième alinéa (5e) de l'article 20.
La parole est à M. Adnot, pour défendre l'amendement n° 67.
M. Philippe Adnot. Permettez-moi de vous rappeler les termes de l'avant-dernier alinéa de l'article 20, afin que chacun comprenne :
« 5° Prescrire l'obligation d'équiper les immeubles d'habitation ou à usage tertiaire dont le permis de construire a été délivré au moins six mois après la date de publication de la présente loi de conduits de fumée permettant de choisir l'énergie la plus économe et la moins polluante ainsi que l'obligation d'utiliser des réseaux urbains ou industriels de fourniture de chaleur et de froid ; »
Autrement dit, après avoir laissé le choix du conduit de fumée le plus économe et le moins polluant, on rend obligatoire l'utilisation de réseaux urbains ou industriels de fourniture de chaleur ou de froid, ce qui restreint la liberté ainsi donnée.
Je propose donc la suppression de cet avant-dernier alinéa.
M. le président. La parole est à Mme Pourtaud, pour défendre l'amendement n° 91.
Mme Danièle Pourtaud. L'Assemblée nationale a étendu le champ des prescriptions pouvant être imposées par les autorités administratives pour une utilisation rationnelle de l'énergie. Elle a notamment prévu, dans un alinéa, deux obligations s'imposant aux immeubles neufs d'habitation ou à usage tertiaire dont le permis de construire a été délivré plus de six mois après la publication de la loi.
La première impose d'équiper tous les immeubles de conduits de fumée pour permettre à chacun de « choisir l'énergie la plus économe et la moins polluante », la seconde impose à ces mêmes immeubles l'obligation de se raccorder aux réseaux urbains ou industriels de fourniture de chaleur et de froid.
Outre que la coexistence de ces deux obligations est contradictoire avec l'objectif visé par cet alinéa, à savoir la liberté de choix quant au mode de chauffage, le dispositif retenu est contestable à double titre.
Tout d'abord - et c'est l'argument que Mme le ministre a avancé à l'Assemblée nationale pour s'opposer à cet amendement - ce système risque de renchérir inutilement le coût de la construction. Or, compte tenu du manque de logements neufs et, plus généralement, de la grave crise que rencontre ce secteur, c'est un élément qui doit être pris en compte.
Prenons un seul exemple, le logement social. Actuellement, le coût des PLA neufs est trop élevé, ce qui ne permet pas de répondre à la forte demande de logements sociaux. Cette situation va s'aggraver si la réforme proposée par le Gouvernement en matière de financement du logement social est adoptée par le Parlement. Rappelons qu'il s'agit de remplacer l'actuelle subvention PLA par une baisse de la TVA sur la construction, qui passerait de 20,60 % à 5,5 %. Selon les calculs des différents intervenants - mouvement HLM, fédération nationale du bâtiment - le manque à gagner par logement serait de l'ordre de 7 000 francs.
Dans ces conditions, il n'est vraiment pas opportun d'alourdir le coût de la construction par une obligation dont les conséquences en matière écologique sont aléatoires. Car - et c'est là le second point critiquable de cet alinéa - le dispositif proposé ne permet nullement de satisfaire aux objectifs du projet de loi, à savoir l'amélioration de la qualité de l'air. En effet, s'agissant des réseaux urbains de chaleur, nous devons avoir présent à l'esprit que ceux-ci utilisent massivement des combustibles fossiles par nature polluants, tels que le fioul lourd ou le charbon. Il est donc difficilement acceptable de prévoir dans la loi un monopole de fait en leur faveur.
Bref, en un mot, la cohérence et la finalité de cet alinéa nous paraissant très aléatoires, nous vous proposons de le supprimer.
M. Emmanuel Hamel. Très bien !
M. le président. La parole est à M. le rapporteur, pour présenter l'amendement n° 29.
M. Philippe François, rapporteur. Les deux obligations prescrites dans cet alinéa, à savoir l'obligation relative aux conduits de fumée et le raccordement systématique aux réseaux urbains de chaleur, soulèvent, à des degrés divers, beaucoup d'interrogations. Ensemble, elles sont contradictoires puisque le raccordement aux réseaux urbains de chaleur supprime la nécessité de conduits de fumée.
L'obligation du conduit de fumée renchérit inévitablement le coût de la construction, alors que ce n'est pas aujourd'hui le seul et le moins onéreux des moyens techniques permettant le choix de son mode de chauffage.
L'une et l'autre de ces dispositions pèsent sans beaucoup de justifications économiques ou environnementales sur la liberté de choix des citoyens, sur la liberté d'entreprendre, et contreviennent aux principes d'égalité devant la loi en confiant au pouvoir réglementaire la création d'un monopole au bénéfice d'une seule source de chaleur.
En conséquence, l'amendement de la commission exclut du champ d'application de cet alinéa les maisons individuelles, afin de respecter le libre choix des parties sur ce marché spécifique et ne pas alourdir les coûts de construction.
Il vise à supprimer l'obligation de se raccorder aux réseaux de chaleur, obligation déjà prévue et encadrée très précisément par la loi du 15 juillet 1980 sur l'utilisation de l'énergie, sur les dispositions de laquelle je reviendrai tout à l'heure lors de l'examen de l'amendement n° 102.
En conséquence, j'indique par avance que la commission est défavorable aux amendements identiques n°s 67 et 91.
M. le président. La parole est à M. Habert, pour présenter l'amendement n° 77.
M. Jacques Habert. Cet amendement, que j'ai cosigné avec M. Foy et que j'ai l'honneur de défendre, rejoint les trois amendements précédents. Il ne vise que la deuxième partie de l'alinéa incriminé, mais il va sans dire que, si l'un des amendements qui viennent d'être exposés était adopté, celui-ci deviendrait automatiquement sans objet, puisqu'il serait satisfait.
M. le président. M. le rapporteur nous ayant déjà indiqué qu'il était défavorable aux amendements identiques n°s 67 et 91, il me reste à lui demander l'avis de la commission sur l'amendement n° 77.
M. Philippe François, rapporteur. La commission est défavorable à cet amendement, qui lui paraît satisfait par son propre amendement n° 29.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements n°s 67, 91, 29 et 77 ?
Mme Corinne Lepage, ministre de l'environnement. Il est vrai que, en première lecture, comme cela a été rappelé il y a un instant, le Gouvernement n'avait pas été favorable à l'amendement présenté à ce sujet à l'Assemblée nationale, mais sa position a évolué entre-temps.
L'Assemblée nationale avait en effet entendu rétablir une obligation édictée en 1965 et supprimée en 1969, celle d'équiper les immeubles de conduits de fumée.
Il semble que nous soyons aujourd'hui le seul pays du monde moderne à avoir supprimé cette obligation, qui est importante parce qu'elle permet le choix. Il nous semble tout à fait important que nos concitoyens puissent changer de mode de chauffage s'ils estiment leur facture de chauffage trop importante. Or, en l'absence de conduits de fumée, ce n'est pas possible.
C'est la raison pour laquelle cette obligation, introduite par l'Assemblée nationale, nous paraissait intéressante.
Quant à l'obligation d'utiliser les réseaux de chaleur, deuxième point abordé par cette disposition, elle ne concerne pas seulement les cas dans lesquels on brûle, comme vous l'avez rappelé, madame Pourtaud, des hydrocarbures ou du fioul. Il convient de rappeler que les réseaux de chaleur constituent tout de même aujourd'hui un moyen privilégié pour réutiliser les déchets ! C'est ce qu'on appelle la valorisation énergétique.
Par conséquent, sur un plan environnemental, il y a une certaine logique à viser ces réseaux de chaleur.
Certes, vous avez avancé l'argument du coût de la construction. Je me permets d'attirer votre attention sur le fait que ces dispositions permettent aussi une économie pour le consommateur, pour l'habitant qui, ensuite, ayant le libre choix, pourra effectivement réduire ses factures d'électricité et d'eau chaude. Il s'agit là aussi d'un élément très important.
Nous savons tous qu'aujourd'hui nombre de logements sociaux, notamment, sont construits avec un chauffage électrique parce que c'est l'investissement le moins cher au départ. Mais nous savons tous aussi qu'ensuite, pour le consommateur, le coût d'utilisation peut être élevé.
Telles sont les raisons pour lesquelles le Gouvernement n'est pas favorable aux amendements n°s 67, 91, 29 et 77.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 67.
M. Philippe Adnot. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. Adnot.
M. Philippe Adnot. Satisfait par la rédaction de l'amendement de la commission, je retire l'amendement n° 67.
M. le président. L'amendement n° 67 est retiré.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 91, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 29, repoussé par le Gouvernement.
M. Emmanuel Hamel. Je vote contre.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'amendement n° 77 n'a plus d'objet.
Par amendement n° 78, MM. Foy et Habert proposent, après le sixième alinéa (5°) de l'article 20, d'insérer un alinéa ainsi rédigé :
« ... ° Prescrire l'obligation de soumettre les installations existantes de chauffage, tant dans l'habitat que dans les secteurs de l'industrie et du tertiaire, à une visite bisannuelle d'entretien et de vérification faite par un professionnel agréé ; »
La parole est à M. Habert.
M. Jacques Habert. Nous avons tous en mémoire les accidents qui sont survenus en raison du mauvais état d'appareils de chauffage.
En instituant un contrôle de tous ces appareils, l'amendement répond aux objectifs généraux du projet de loi que nous examinons aujourd'hui. Il permettrait à la fois de s'assurer de la sécurité des installations et de vérifier leur degré de pollution.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe François, rapporteur. La mesure proposée est prévue par le premier alinéa du paragraphe II de l'article 19. C'est la raison pour laquelle la commission a émis un avis défavorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Corinne Lepage, ministre de l'environnement. Il semble en effet, comme vient de le dire M. le rapporteur, que l'article 19 permette, au travers des décrets, de répondre au souhait parfaitement légitime et justifié des auteurs de l'amendement.
M. Jacques Habert. Dans ces conditions, je retire l'amendement.
M. le président. L'amendement n° 78 est retiré.
Je suis maintenant saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 60, M. Le Grand propose de supprimer le dernier alinéa (6°) de l'article 20.
Par amendement n° 1 rectifié bis , MM. Delong,Gaillard, Le Grand et les membres du groupe du Rassemblement pour la République proposent de rédiger ainsi le dernier alinéa (6°) de l'article 20 :
« 6° Prescrire les conditions et les délais dans lesquels seront limitées les émissions de composés organiques volatils liées au ravitaillement des véhicules dans les stations-service. »
L'amendement n° 60 est-il soutenu ?....
La parole est à M. Gaillard, pour présenter l'amendement n° 1 rectifié bis .
M. Yann Gaillard. L'Assemblée nationale a fixé, dans le projet, à deux ans le délai laissé aux stations-service pour limiter « les émissions de composés organiques volatils liées au ravitaillement des véhicules dans les stations-service », c'est-à-dire pour régler le problème du captage des vapeurs. Or, cela suppose la mise en place d'équipements onéreux.
Attachés que nous sommes aux petites stations-service, surtout en milieu rural, il nous est apparu qu'il fallait laisser à ces dernières un certain temps pour se mettre en conformité et, à cet égard, le Gouvernement semble être le mieux à même de négocier avec la profession pour fixer le délai.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe François, rapporteur. Je rejoins un peu l'opinion de notre collègue M. Gaillard.
La commission avait émis un avis défavorable, mais, à la réflexion, je crois qu'il appartient au Gouvernement de se prononcer.
Cela étant, les pétroliers ont souvent dit que cette mesure risquait d'entraîner la fermeture des petites stations. Je tiens à faire remarquer qu'elles sont fermées depuis déjà longtemps !
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Corinne Lepage, ministre de l'environnement. C'est une question importante, car il s'agit de limiter les émissions de benzène, polluant qui est effectivement dangereux pour la santé. Nombre de pays ont déjà pris des mesures en ce sens depuis plusieurs années, et l'on peut se demander pourquoi nous ne l'avons pas encore fait.
Le délai de deux ans me paraîssait bien concilier les impératifs liés à l'environnement et les aspects d'ordre économique.
Cela étant - je m'en suis entretenue ce matin avec M. Le Grand - je crois effectivement qu'il faut prendre en compte la situation particulière des petites installations, c'est-à-dire faire une distinction entre les grandes installations, auxquelles on peut imposer le délai de deux ans parce qu'elles ont les moyens de faire face à la situation et que ce sont tout de même elles qui dégagent le plus d'émissions, et les petites installations, celles qui ont moins de quatre ou cinq pompes par exemple, et auxquelles on pourrait accorder un délai de trois ans.
Je suis d'ailleurs prête à déposer un amendement en ce sens.
M. le président. Madame le ministre, soit il faut que vous acceptiez de régler le problème en commission mixte paritaire - de toute façon la navette sur le présent article est ouverte - soit il faut que vous me fassiez parvenir un texte.
Mme Corinne Lepage, ministre de l'environnement. Le temps de le rédiger, et je vous le transmets, monsieur le président.
M. le président. Nous allons donc interrompre nos travaux quelques instants.
La séance est suspendue.
(La séance, suspendue à dix-huit heures cinquante, est reprise à dix-huit heures cinquante-cinq.)

M. le président. La séance est reprise.
Je suis saisi d'un amendement n° 113, présenté par le Gouvernement, et tendant, dans le dernier alinéa (6°) de l'article 20, après les mots : « deux ans », à ajouter les mots : « ou trois ans pour les stations-service existantes d'un débit inférieur à 1 000 mètres cubes par an .»
Sur cet amendement, quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe François, rapporteur. Favorable.
M. le président. Cet amendement est-il de nature à vous satisfaire et à vous conduire à retirer l'amendement n° 1 rectifié bis , monsieur Gaillard ?
M. Yann Gaillard. Je suis relativement insatisfait, mais, par déférence, je retire mon amendement.

M. le président. L'amendement n° 1 rectifié bis est retiré.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° 113.
M. Emmanuel Hamel. Je demande la parole contre l'amendement.
M. le président. La parole est à M. Hamel.
M. Emmanuel Hamel. La quantité retenue - 1 000 mètres cubes - est si faible que pratiquement personne, je le crains, ne bénéficiera de la mesure.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 113, accepté par la commission.
M. Emmanuel Hamel. Je vote contre.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ? ...
Je mets aux voix l'article 20, modifié.

(L'article 20 est adopté.)

Article additionnel après l'article 20

M. le président. Par amendement n° 61, M. Le Grand propose d'insérer, après l'article 20, un article additionnel ainsi rédigé :
« Les mesures réglementaires et individuelles prises en application de la loi n° 76-663 du 19 juillet 1976 fixent les règles applicables aux installations classées en matière d'émissions de substances polluantes dans l'atmosphère et d'utilisation rationnelle de l'énergie. »
L'amendement est-il soutenu ? ...
Par amendement n° 102, M. François, au nom de la commission des affaires économiques, propose d'insérer, après l'article 20, un article additionel ainsi rédigé :
« La loi n° 80-531 du 15 juillet 1980 relative aux économies d'énergie et à l'utilisation de la chaleur est modifiée comme suit :
« I. - Le premier alinéa de l'article 5 est complété par la phrase suivante :
« Ne peuvent bénéficier d'un classement que les réseaux alimentés majoritairement par de la chaleur produite à partir d'énergies renouvelables, d'énergies de récupération ou par cogénération, ainsi que les réseaux de froid. »
« II. - La première phrase du deuxième alinéa du même article est rédigée comme suit :
« Ce classement est prononcé par le représentant de l'Etat dans le département après enquête publique pour une durée déterminée qui ne peut excéder trente ans. »
« III. - Le troisième alinéa du même article est rédigé comme suit :
« L'arrêté de classement précise la zone de desserte et détermine les modalités d'application des articles 6 et 7. »
« IV. - Dans le quatrième alinéa du même article, les mots : "l'administration" sont remplacés par les mots : "le représentant de l'Etat dans le département".
« V. - Le quatrième alinéa de l'article 7 est rédigé comme suit :
« - utilisent des sources d'énergies renouvelables ou de la chaleur de récupération ; »
« VI. - La dernière phrase du dernier alinéa de ce même article est supprimée.
« VII. - Les articles 8 et 9 sont abrogés.
« VIII. - Dans la dernière phrase de l'article 11, après les mots : "en vertu de l'article 1er", sont insérés les mots : "les formes et". »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Philippe François, rapporteur. En présentant l'amendement n° 29, qui portait sur le cinquième alinéa de l'article 20, j'avais indiqué que la loi du 15 juillet 1980 permettait, dans certaines conditions, d'imposer le raccordement aux réseaux de chaleur.
Cette procédure n'a jamais été utilisée en raison, d'une part, de sa complexité et, d'autre part, des contraintes excessives qu'elle imposait, notamment en ce qui concerne les installations existantes.
De plus, les progrès techniques accomplis dans la conception des installations individuelles de chauffage rendent les réseaux de chaleur moins attractifs sur les plans économique et énergétique.
Ceux-ci ne trouvent aujourd'hui leur plein intérêt collectif que lorsqu'ils sont alimentés par de la chaleur fatale produite, par exemple, par les usines d'incinération de déchets, par des sources d'énergies renouvelables, telles que la géothermie ou le bois, ou encore par cogénération.
En revanche, les réseaux de froid, comparés aux installations individuelles de climatisation, sont intéressants d'un point de vue environnemental et esthétique.
Je vous propose donc de modifier quelques articles de la loi du 15 juillet 1980, afin de la rendre applicable.
Il s'agit, tout d'abord, de simplifier la procédure en donnant au préfet la possibilité de classer un réseau sur proposition du maire et du syndicat intercommunal après enquête publique, au lieu du dispositif actuel, qui prévoit que le classement est prononcé par un décret en Conseil d'Etat.
Il s'agit en outre de limiter l'obligation de raccordement aux seules installations nouvelles.
Il s'agit enfin de réserver le bénéfice du classement et donc du raccordement obligatoire aux réseaux de chaleur alimentés majoritairement par des énergies renouvelables, par des énergies de récupération ou par cogénération, ainsi qu'aux réseaux de froid, quel que soit le mode de fonctionnement de ces derniers.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Corinne Lepage, ministre de l'environnement. Favorable, compte tenu des votes émis tout à l'heure.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 102, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 20.

Article 21

M. le président. « Art. 21. - I. - Non modifié.
« II. - Il est inséré, avant l'article L. 8 du code de la route, un article L. 8 A ainsi rédigé :
« Art. L. 8 A . - Les véhicules doivent être construits, commercialisés, exploités, utilisés, entretenus et, le cas échéant, réparés de façon à assurer la sécurité de tous les usagers de la route et à minimiser la consommation d'énergie, les émissions de substances polluantes, notamment de dioxyde de carbone, visées à l'article 2 de la loi n° du sur l'air et l'utilisation rationnelle de l'énergie ainsi que les autres nuisances susceptibles de compromettre la santé publique.
« La consommation énergétique des véhicules et leurs méthodes de mesure doivent être affichées sur le lieu de leur vente ou de leur location.
« Les véhicules automobiles font l'objet d'une identification fondée sur leur contribution à la limitation de la pollution atmosphérique. Les véhicules ainsi identifiés peuvent notamment bénéficier de conditions de circulation et de stationnement privilégiées.
« Des décrets en Conseil d'Etat déterminent les conditions d'application du présent article.
« III. - Il est inséré, après l'article L. 8 A du code de la route, un article L. 8 B ainsi rédigé :
« Art. L. 8 B . - Les personnes gérant des flottes de plus de cinquante véhicules doivent prévoir, lors du renouvellement des véhicules usagés, le remplacement d'au moins 20 % de ces véhicules par des véhicules fonctionnant au moyen de l'énergie électrique, du gaz naturel véhicules ou du gaz de pétrole liquéfié. »
Je suis saisi de trois amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 68, M. Adnot propose de supprimer le paragraphe III de l'article 21.
Par amendement n° 30, M. François, au nom de la commission des affaires économiques, propose de rédiger comme suit le texte présenté par le paragraphe III de l'article 21 pour l'article L. 8 B du code de la route :
« Art. L. 8 B. - Dans un délai de deux ans à compter de la publication de la loi n°... du ... sur l'air et l'utilisation rationnelle de l'énergie, sous réserve des contraintes liées aux nécessités du service, l'Etat et ses établissements publics, les entreprises nationales, ainsi que, sous réserve de leur libre administration, les collectivités territoriales et leurs groupements utilisent des véhicules fonctionnant à l'aide de carburants dont le taux minimum d'oxygène a été relevé, ou, lors du renouvellement de leur parc automobile, acquièrent des véhicules fonctionnant à l'énergie électrique, au gaz de pétrole liquéfié ou au gaz naturel.
« Un décret précise les conditions d'application du présent article. »
Par amendement n° 109, le Gouvernement propose, dans le texte présenté par le paragraphe III de l'article 21 pour l'article L. 8 B du code de la route, après les mots : « cinquante véhicules », d'insérer les mots : « autres que des véhicules de transport de marchandises ou assimilés dont le poids total autorisé excède 3,5 tonnes ».
La parole est à M. Adnot, pour défendre l'amendement n° 68.
M. Philippe Adnot. Le paragraphe III de l'article 21 fait obligation, lors du renouvellement d'une flotte, d'acquérir un certain nombre de véhicules électriques ou à gaz, notamment.
Nous avons été les artisans de la création des conditions de développement de l'utilisation de ces véhicules. C'est une politique tout à fait volontariste et tout à fait normale. Pour autant, il me paraît tout à fait inadapté d'instaurer une belle obligation alors même que l'utilisation de ces véhicules ne correspond pas nécessairement à un besoin.
Obliger un conseil général urbain à avoir 20 % de véhicules électriques est concevable, mais ça ne l'est pas en milieu rural.
Tout ce qui entraîne des obligations, tout ce qui va à l'encontre de l'exercice de la responsabilité des gestionnaires, qui seuls peuvent arbitrer en faveur de la solution la plus intéressante économiquement, ne me paraît pas normal. C'est pourquoi je demande la suppression de ce paragraphe.
M. Emmanuel Hamel. Très bien !
M. le président. La parole est à M. le rapporteur, pour défendre l'amendement n° 30.
M. Philippe François, rapporteur. La commission propose d'insérer dans le code de la route un dispositif resserré ne visant que les flottes gérées par des personnes publiques, mais en donnant le choix à celles-ci soit d'utiliser des carburants dont le taux minimum d'oxygène a été relevé, soit, lors du renouvellement de leur parc automobile, de procéder à l'achat de véhicules fonctionnant à l'électricité ou au gaz ; sans fixer de pourcentage minimum.
Ce dispositif est conforme à l'esprit de ce projet de loi et m'amène à demander à M. Adnot de retirer son amendement.
M. le président. La parole est à Mme le ministre, pour défendre l'amendement n° 109.
Mme Corinne Lepage, ministre de l'environnement. Cet amendement a pour objet de limiter le dispositif adopté par l'Assemblée nationale aux seules flottes de plus de cinquante véhicules ne comprenant pas de poids lourds parce qu'il n'existe pas encore, dans l'état actuel de la technique, de poids lourds qui fonctionnent au GPL, au GNV ou à l'électricité.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur l'amendement n° 109 ?
M. Philippe François, rapporteur. A titre personnel, je suis obligé de dire à Mme le ministre que je suis tout à fait défavorable à cet amendement, au motif qu'il convient de ne pas viser les entreprises privées d'autocars ni même les petites entreprises de transport de marchandises par estafettes.
Par ailleurs, cet amendement ne reprend pas une disposition essentielle à mes yeux, à savoir l'utilisation par les flottes existantes de carburants enrichis en oxygène, dont M. Souplet a brillamment rappelé ce matin qu'elle pouvait s'appliquer tout de suite et qu'elle représentait tout à la fois une économie d'énergie, un plus pour l'agriculture et un infiniment plus pour l'environnement.
M. le président. La parole est à Mme le ministre, pour donner l'avis du Gouvernement sur les amendements n°s 68 et 30.
Mme Corinne Lepage, ministre de l'environnement. S'agissant de l'amendement n° 30, je suis tout à fait favorable à ce que les carburants oxygénés puissent être utilisés le plus possible. Seulement, je demande à votre assemblée de m'indiquer comment, matériellement - vous avez tout à l'heure, mesdames, messieurs les sénateurs, montré votre souci que l'on n'aille pas trop loin pour que les textes soient applicables - on pourra vérifier si les carburants utilisés sont ou non oxygénés.
Encourager, oui, je sais faire. Contraindre, je ne sais pas. Autant on peut exercer un contrôle sur l'acquisition des véhicules, autant il est difficile de vérifier la nature des carburants utilisés.
L'amendement est donc très intéressant dans son principe, mais il me paraît d'application très difficile.
Pour ce qui est de l'amendement n° 68, le Gouvernement n'y est pas favorable. En effet, il remet en cause une bonne disposition qui avait été adoptée en première lecture par les deux chambres du Parlement.
M. Philippe François, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Philippe François, rapporteur. Je souhaite faire remarquer à Mme le ministre que, s'il est difficile de contrôler la quantité de produits oxygénés que l'on incorpore dans le carburant de certaines voitures, ce contrôle est tout aussi difficile à exercer sur les autocars. Je ne vois pas comment on pourrait faire plus facilement dans un cas que dans l'autre.
Mme Corinne Lepage, ministre de l'environnement. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à Mme le ministre.
Mme Corinne Lepage, ministre de l'environnement. Monsieur le rapporteur, il me semble que l'on peut établir une distinction selon que le dispositif s'applique au moment de l'achat - on peut alors faire des vérifications - ou selon que le véhicule est déjà en circulation, auquel cas, sauf à faire de l'inquisition, je ne vois pas comment on peut effectuer un contrôle.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 68.
Mme Danièle Pourtaud. Je demande la parole contre l'amendement.
M. le président. La parole est à Mme Pourtaud.
Mme Danièle Pourtaud. Nous souhaitons le maintien de cet ajout de l'Assemblée nationale. En effet, il fixe des objectifs chiffrés intéressants : 20 % des flottes d'entreprises de plus de cinquante véhicules doivent être composés de véhicules fonctionnant à l'électricité, au GNV ou au GPL.
Par ailleurs, il nous semble qu'il s'agit de dispositions plus écologistes que celles qui prévoiraient simplement l'utilisation de carburants enrichis dont, en fait, nul ne connaît avec certitude l'influence sur l'environnement, en tout cas d'après le rapport de l'Académie des sciences.
Enfin, nous pensons qu'il est préférable, comme le prévoyait l'Assemblée nationale et à la différence de ce que propose la commission, de viser les flottes les plus larges possibles et non pas simplement celles de l'Etat et des collectivités territoriales.
M. Philippe Adnot. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Adnot.
M. Philippe Adnot. Madame le ministre, vous avez dit que cette disposition avait été adoptée conforme par les deux assemblées. Pas du tout. Le Sénat avait adopté une rédaction de l'article 19 très différente de celle qui a été retenue par l'Assemblée nationale.
Madame le ministre, je maintiens cet amendement. Ce matin, vous vous êtes engagée à ne pas aller à l'encontre de l'action que le Gouvernement a engagée en faveur de l'emploi, notamment grâce à la maîtrise des déficits. Pour que l'Etat, les collectivités locales et les entreprises privées puissent être dynamiques, équilibrés et gagner des parts de marché à l'exportation, il ne faut pas que certains textes aient des conséquences néfastes sur l'économie.
Laissez l'arbitrage aux entreprises, madame le ministre ! Si, grâce aux mesures que nous avons prises ensemble pour favoriser leur utilisation, les véhicules électriques ou à gaz sont compétitifs, les entreprises les utiliseront. Mais imposer à La Poste et à je ne sais combien d'entreprises privées de faire circuler un certain nombre de véhicules électriques par exemple, alors qu'ils ne correspondent pas à leurs besoins, nous ferait tomber dans l'arbitraire le plus absolu et irait à l'encontre de l'objectif que nous cherchons à atteindre : créer des emplois.
Créer des emplois, cela suppose être compétitifs pour gagner des parts de marché. Or vous êtes en train de créer les conditions favorables au déséquilibre de toute l'économie par des mesures obligatoires qui ne sont pas fondées.
M. Emmanuel Hamel. C'est une inquisition destructrice !
Mme Corinne Lepage, ministre de l'environnement. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à Mme le ministre.
Mme Corinne Lepage, ministre de l'environnement. Monsieur Adnot, comme j'ai pu le constater et comme chacun d'entre vous pourrait le voir en se rendant au salon Pollutec à Lyon, nous sommes à l'orée de la création d'un vaste marché. Le secteur des véhicules électriques et des véhicules à gaz est en plein développement et, comme les autres secteurs, il est créateur d'emploi. Les entreprises françaises qui se lancent dans la fabrication de tels véhicules se placent en situation d'exporter, de conquérir des marchés étrangers.
Mesdames, messieurs les sénateurs, les propositions que je suis en train de faire, et qui reprennent celles qui ont été votées par l'Assemblée nationale, tiennent largement compte des considérations économiques.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 68, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 30.
M. Michel Souplet. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Souplet.
M. Michel Souplet. A l'article 19, j'ai retiré l'amendement n° 41, qui était plus précis et plus immédiat dans son application que celui de la commission, auquel je me suis néanmoins rallié.
Madame le ministre, est-il indispensable que vous disposiez de moyens de contrôle ? Je constate en effet que, depuis trois ans que nous avons autorisé les carburants de substitution, plus de cinquante villes françaises et un certain nombre de départements pour leur flotte de transports scolaires, incorporent des carburants d'origine agricole, dans une proportion pouvant aller jusqu'à 30 %. Ces collectivités s'en trouvent bien : l'air est beaucoup plus pur puisque les véhicules rejettent moins de particules, et cela fonctionne bien. J'aurais souhaité que l'on accentue notre effort, que l'on n'attende pas l'an 2000. L'amendement n° 30 de la commission fixe un délai maximum de deux ans et je vais m'y rallier.
M. Louis Minetti. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Minetti.
M. Louis Minetti. Mon collègue Michel Souplet a dit mieux que je ne le ferai moi-même et d'une façon plus détaillée, puisqu'il préside à tous ces sujets, toute l'importance d'un tel amendement.
Il a évoqué les villes, ne voulant sans doute pas trop tirer la couverture à lui. Mais il a oublié les hectares de terre française qui seraient touchés par cette disposition. Nous voterons l'amendement n° 30.
Mme Danièle Pourtaud. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à Mme Pourtaud.
Mme Danièle Pourtaud. Je me pose tout à coup une question : cet amendement se substitue-t-il au paragraphe III ou s'y ajoute-t-il ?
M. le président. Il s'y substitue, madame.
Mme Danièle Pourtaud. Dans ce cas, mon groupe votera contre l'amendement n° 30, préférant, je l'ai dit tout à l'heure, le texte de l'Assemblée nationale, qui est plus contraignant et qui impose le seuil de 20 % pour les flottes de véhicules d'entreprises et de collectivités locales.
De plus, nous considérons, je le répète, que l'efficacité des carburants oxygénés n'est pas prouvée.
M. Michel Rufin. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Rufin.
M. Michel Rufin. Mon groupe se ralliera à l'amendement n° 30 relatif à la substitution de carburant.
Sans reprendre les arguments qui viennent d'être développés par mes collègues, il apparaît à l'évidence qu'il faut utiliser les carburants de substitution, qui représentent un apport considérable pour l'agriculture française. Le rural que je suis ne peut pas l'oublier !
Je ne voudrais pas que Mme le ministre se sente frustrée. Mais peut-être va-t-elle un peu trop vite avec son amendement qui limite le poids total autorisé à 3,5 tonnes. En effet, une telle limitation risque de créer des désagréments à certaines sociétés de transports confrontées à des problèmes économiques assez importants. Je pense notamment à deux ou trois entreprises de mon département.
M. Philippe Adnot. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Adnot.
M. Philippe Adnot. L'amendement n° 30 de la commission étant moins contraignant que le texte qui nous vient de l'Assemblée nationale, je m'y rallie et je le voterai.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 30, repoussé par le Gouvernement.
Je suis saisi d'une demande de scrutin public émanant de la commission des affaires économiques et du Plan.
Il va être procédé au scrutin dans les conditions réglementaires.

(Le scrutin a lieu.)
M. le président. Personne ne demande plus à voter ? ...
Le scrutin est clos.

(Il est procédé au comptage des votes.) M. le président. Voici le résultat du dépouillement du scrutin n° 14:

Nombre de votants 315
Nombre de suffrages exprimés 315
Majorité absolue des suffrages 158
Pour l'adoption 238
Contre 77

En conséquence, l'amendement n° 109 n'a plus d'objet.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 21, ainsi modifié.

(L'article 21 est adopté.)

Article additionnel après l'article 21

M. le président. Par amendement n° 72, MM. Leyzour, Billard, Minetti et Pagès, et les membres du groupe communiste républicain et citoyen proposent d'insérer, après l'article 21, un article additionnel ainsi rédigé :
« A compter du 1er janvier 1997, l'Etat s'engage à prendre les mesures de coordination intermodale nécessaires pour permettre à la Société nationale des chemins de fer d'obtenir chaque année, sur une période de cinq ans, un gain de 3 % dans la part qu'elle détient, au titre du transport ferroviaire, dans le trafic de transport terrestre des marchandises constaté, tous modes confondus, au niveau national. »
La parole est à M. Minetti.
M. Louis Minetti. Je ne ferai qu'un seul commentaire : la SNCF, essentiellement électrifiée, est évidemment un moyen de lutter contre la pollution de l'air.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe François, rapporteur. Si mon collègue M. Minetti s'en souvient, en première lecture, au cours de la deuxième délibération, nous avons été amenés à revenir sur l'intention que nous avions manifestée. Mais nous avions demandé au Gouvernement de nous préciser que le problème de la SNCF serait bien étudié.
Le Gouvernement nous donne satisfaction puisque nous allons examiner prochainement un projet de loi relatif à la séparation en deux de l'organisation administrative de la SNCF. La commission est donc défavorable à cet amendement.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Corinne Lepage, ministre de l'environnement. Défavorable, monsieur le président, non pas que le sujet de l'amendement n'ait pas de rapport, mais simplement parce qu'il est traité par ailleurs.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 72.
M. Louis Minetti. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Minetti.
M. Louis Minetti. J'aimerais quand même que Mme le ministre nous dise qu'elle est d'accord sur le fond avec notre amendement. Cela constituerait pour nous un encouragement et une promesse !
Mme Danièle Pourtaud. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à Mme Pourtaud.
Mme Danièle Pourtaud. Nous soutiendrons cet amendement.
En effet, les transports routiers constituent, de loin, le poste prépondérant du bilan énergie/nuisances, si je puis m'exprimer ainsi, des transports. Le chemin de fer, on le sait, présente au contraire d'importants atouts. Ceux-ci s'expliquent par le recours à la traction électrique, qui n'engendre aucune pollution atmosphérique locale et assure aujourd'hui 90 % du trafic SNCF. En termes de consommation d'énergie, le transport ferroviaire présente une efficacité énergétique deux à trois fois supérieure à celle du transport routier, tant pour les voyageurs que pour le fret.
Face à cette réalité, il apparaît donc que le transport combiné sur de longues distances est préférable. Et on ne peut que souhaiter que le pouvoir politique encourage l'intermodalité. Or, ces dernières années, environ 70 % du montant total des infrastructures de transport ont été consacrés aux infrastructures routières. Nous pouvons en déduire que le pouvoir a mené une politique implicite de développement privilégié et accéléré des transports routiers.
Nous pensons que, contrairement à un stéréotype tenace, les avantages du chemin de fer en termes de protection de l'environnement font de lui plus le mode de transport du XXIe siècle que celui du XIXe siècle ! D'autres nations européennes l'ont parfaitement compris, comme l'Allemagne, l'Italie, la Suisse, les Pays-Bas, le Danemark ou la Suède, qui n'auront jamais prévu de consacrer autant de moyens ces prochaines années au développement du mode ferroviaire afin de réorienter la répartition modale des transports et de protéger leur environnement.
A l'heure de l'ouverture des frontières et des réseaux à la concurrence, la France risque de se placer dans une situation très défavorable par rapport aux autres nations et de n'y gagner que le triste privilège de devenir un couloir à camions, ce qui lui coûtera très cher et ne lui apportera que des nuisances.
C'est pourquoi nous soutenons cet amendement, qui permettrait à la SNCF de développer la part qu'elle détient dans le trafic de transport de marchandises.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 72, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)

TITRE VII

DISPOSITIONS FINANCIÈRES ET FISCALES

Article 22

M. le président. « Art. 22. - La fiscalité des énergies fossiles et celle des énergies renouvelables tient compte de l'incidence de leur utilisation sur la compétitivité de l'économie, la santé publique, l'environnement et la sécurité d'approvisionnement et vise, au regard de ces objectifs, un traitement équilibré entre les différents types de combustibles ou de carburants.
« Le financement de la surveillance de la qualité de l'air, qui tient compte du produit de la fiscalité des énergies fossiles, est assuré dans les conditions prévues par les lois de finances.
« L'évolution passée de la fiscalité des énergies fossiles fait l'objet d'un rapport portant sur une période au moins égale à cinq ans établi à partir des principes définis au premier alinéa et comportant une projection sur ses orientations futures. Ce rapport, qui est soumis par le Gouvernement au Parlement lors de l'examen de la loi de finances pour l'année 1998, est mis à jour tous les deux ans. »
Je suis saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 62, M. Le Grand propose d'insérer, après le deuxième alinéa de cet article, un alinéa ainsi rédigé :
« A compter du 1er janvier 1997, il est créé au sein de l'agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie un fonds pour l'amélioration de la qualité de l'air. Ce fonds a pour objet de financer la surveillance de qualité de l'air, les actions de développement de promotion et de diffusion des techniques et produits innovants, l'aide à la réalisation des plans de déplacements urbains, et les actions de sensibilisation du public. Ce fonds fait l'objet d'une comptabilité distincte. »
Par amendement n° 92, MM. Rouquet et Delanoë, Mme Pourtaud et les membres du groupe socialiste et apparentés propsent d'insérer, après le deuxième alinéa de l'article 22, un alinéa ainsi rédigé :
« A compter du 1er janvier 1997, il est créé au sein de l'agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie un fonds pour l'amélioration de la qualité de l'air. Ce fonds a pour objet de financer la surveillance de qualité de l'air, les actions de développement de promotion et de diffusion des techniques et produits innovants, l'aide à la réalisation des plans de déplacements urbains, et les actions de sensibilisation du public. Ce fonds fait l'objet d'une comptabilité distincte. Ses ressources sont constituées par des dotations de l'Etat et par la contribution des fabricants, importateurs, distributeurs ou utilisateurs industriels de produits générant une pollution atmosphérique au sens de la présente loi. Ces entreprises sont exonérées de cette contribution dès lors qu'elle participent à la politique de gestion de la qualité de l'air et d'utilisation rationnelle de l'énergie. Un décret définit les conditions d'application du présent alinéa. »
L'amendement n° 62 est-il soutenu ?...
La parole est à Mme Pourtaud, pour défendre l'amendement n° 92.
Mme Danièle Pourtaud. Cet amendement a un double objectif.
Il vise tout d'abord à créer au sein de l'ADEME un fonds pour l'amélioration de la qualité de l'air. En effet, compte tenu de l'effort financier considérable à accomplir dans les années à venir pour, d'une part, assurer le développement des réseaux de mesure et, d'autre part, pour mener des actions efficaces de réduction de la pollution atmosphérique, il est particulièrement nécessaire de créer un fonds ad hoc .
Ensuite, il a pour objet une mise en application du principe pollueur-payeur et du système pay or play . Ainsi pourraient contribuer, sous une forme ou une autre, à la lutte contre la pollution atmosphérique les entreprises qui, par les produits qu'elles fabriquent, importent ou distribuent, sont à l'origine de la pollution de l'air.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe François, rapporteur. La commission est défavorable à cet amendement, car, dans l'optique du pacte de stabilité des prélèvements publics, nous avons pensé qu'il n'était pas raisonnable d'imposer une contribution supplémentaire aux entrepreneurs.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Corinne Lepage, ministre de l'environnement. Le Gouvernement n'est pas favorable à cet amendement pour la bonne et simple raison qu'il n'existe aucun fonds particulier consacré à la lutte contre la pollution de l'air.
A l'heure actuelle, les financements affectés à l'amélioration de la qualité de l'air sont abondés, d'une part, par la taxe parafiscale sur la pollution atmosphérique, dont le produit alimente un fonds géré pas l'ADEME avec une comptabilité distincte, et, d'autre part, par des crédits budgétaires affectés au ministère de l'environnement.
Comme je l'ai dit ce matin, l'ADEME est bien entendu associée aux choix qui sont opérés pour l'emploi de ces crédits, mais ceux-ci sont gérés par l'Etat. Il n'y a pas lieu de constituer un nouveau fonds.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 92, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 22.

(L'article 22 est adopté.)

Article additionnel après l'article 23

M. le président. Par amendement n° 73, MM. Leyzour, Billard, Minetti, Pagès, et les membres du groupe communiste républicain et citoyen proposent d'insérer, après l'article 23, un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - L'article 278 quinquies du code général des impôts est complété par un alinéa nouveau ainsi rédigé :
La taxe sur la valeur ajoutée est perçue au taux de 5,5 % pour des opérations d'achat, d'importation, de vente, de livraison, de commission, de courtage ou de façon portant sur les véhicules automobiles fonctionnant à l'électricité, au gaz naturel ou au moyen de pétrole liquéfié. »
« II. - Les pertes de ressources résultant de l'application des dispositions du paragraphe I ci-dessus sont compensées à due concurrence par un relèvement des droits prévus à l'article 978 du code général des impôts. »
La parole est à M. Louis Minetti.
M. Louis Minetti. Monsieur le président, j'ai manqué de présence d'esprit, car les quatre amendements tendant à insérer un article additionnel après l'article 23 auraient pu aussi bien être des sous-amendements à l'amendement n° 30. Ils ont en effet le même objet ; simplement nous allons un peu plus loin.
Je pourrais peut-être les présenter en même temps ?
M. le président. Mon cher collègue, je préfère que vous les exposiez l'un après l'autre.
M. Louis Minetti. L'amendement n° 73 se justifie par son texte même.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe François, rapporteur. J'aimerais préalablement connaître l'avis du Gouvernement, car Mme le ministre avait annoncé en première lecture que la France avait demandé une dérogation à Bruxelles. Nous souhaiterions savoir où en est le dossier.
M. le président. Quel est donc l'avis du Gouvernement ?
Mme Corinne Lepage, ministre de l'environnement. Je ne peux vous répondre, monsieur le rapporteur. Une demande a effectivement été adressée par la France à la Commission, mais nous n'avons pas encore de réponse.
Juridiquement, monsieur le sénateur, la disposition que vous proposez ne peut donc être adoptée.
M. le président. Monsieur Minetti, l'amendement n° 73 est-il maintenu ?
M. Louis Minetti. Monsieur le président, permettez-moi d'interroger Mme le ministre : si je comprends bien, c'est l'article 40 qui se profile ici pour cet amendement, comme pour les trois autres ?
Mme Corinne Lepage, ministre de l'environnement. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à Mme le ministre.
Mme Corinne Lepage, ministre de l'environnement. Non, monsieur le sénateur, ce n'est pas cela. Mon opposition à l'amendement vient du fait que la TVA sur les véhicules fonctionnant au gaz ou à l'électricité relève de la compétence communautaire, et cela découle des dispositions de la directive du 19 octobre 1992. La mesure que vous proposez nécessiterait une modification de l'annexe de cette directive, qui fixe la liste des biens et des prestations de services pouvant faire l'objet de taux réduits de TVA.
L'article 1er de cette directive prévoit que, sur la base d'un rapport de la Commission, le Conseil réexamine tous les deux ans le champ d'application des taux réduits et qu'il ne peut modifier l'annexe H qu'à l'unanimité des Etats membres. C'est dans ce cadre que nous inscrivons notre démarche, mais nous n'avons pas encore obtenu de réponse.
Nous ne pouvons donc pas, sauf à nous mettre en infraction avec la directive sur la TVA, répondre positivement à votre demande pour le moment, monsieur le sénateur. Toutefois, l'intention du Gouvernement est bien d'y parvenir !
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 73.
M. Louis Minetti. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Minetti.
M. Louis Minetti. J'ai bien entendu Mme le ministre. Puis-je espérer que le Gouvernement appliquera la décision dès qu'il recevra l'autorisation de Bruxelles ?...
M. Emmanuel Hamel. N'espérez rien de Bruxelles ! (Rires.)
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 73, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Par amendement n° 74, MM. Leyzour, Billard, Minetti, Pagès, et les membres du groupe communiste républicain et citoyen proposent d'insérer, après l'article 23, un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Après l'article 278 quinquies du code général des impôts, il est inséré un article nouveau ainsi rédigé :
« Art. ... - La taxe sur la valeur ajoutée est perçue au taux de 5,5 % pour toute production issue d'une source d'énergie renouvelable. »
« II. - Les pertes de ressources résultant de l'application des dispositions du paragraphe I ci-dessus sont compensées à due concurrence par un relèvement des droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. Minetti.
M. Louis Minetti. Il s'agit à peu près du même problème qu'à l'amendement précédent, mis à part qu'il ne sera peut-être pas nécessaire de faire appel à Bruxelles pour modifier l'article 278 quinquies du code général des impôts !
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe François, rapporteur. Défavorable.
Contrairement à ce que dit M. Minetti, il me semble que la fixation du taux de TVA dépend justement d'une directive européenne.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Corinne Lepage, ministre de l'environnement. Défavorable, pour les raisons que vient d'indiquer M. le rapporteur.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 74, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Par amendement n° 75, MM. Leyzour, Billard, Minetti, Pagès, et les membres du groupe communiste républicain et citoyen proposent d'insérer, après l'article 23, un article additionnel ainsi rédigé :
« Le deuxième alinéa de l'article 302 bis ZB du code général des impôts est ainsi rédigé :
« Le tarif de la taxe est fixé par décret en fonction de la nature, du tonnage et des kilomètres parcourus par des véhicules empruntant les autoroutes à péage. »
La parole est à M. Minetti.
M. Louis Minetti. Il s'agit à peu près du même cas de figure que précédemment. On va sans doute me répondre que, puisqu'il faut demander l'autorisation à Bruxelles pour décider au Sénat, mieux vaut ne rien décider !
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe François, rapporteur. Je ne pense pas que le contenu de cet amendement dépende de Bruxelles. Toutefois, la commission des affaires économiques y est tout de même défavorable, car ce que le groupe communiste républicain et citoyen propose est d'une complexité telle qu'il serait impossible de l'appliquer.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Corinne Lepage, ministre de l'environnement. Le Gouvernement est également défavorable à cet amendement. En effet, le taux de la taxe actuellement fixé par la loi ne peut être fixé par décret. Je soulève donc l'irrecevabilité à l'encontre de cet amendement.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 75, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)

M. le président. Par amendement n° 76, MM. Leyzour, Billard, Minetti, Pagès et les membres du groupe communiste républicain et citoyen proposent d'insérer, après l'article 23, un article additionnel ainsi rédigé :
« Le tableau figurant au 1 du I de l'article 284 ter du code des douanes est modifié comme suit :

CATÉGORIES DE VÉHICULES

POIDS TOTAL
autorisé en charge
ou poids total roulant

(en tonnes)

TARIFS
par trimestre

(en francs)

Véhicule automobile à deux essieux.

16,000 à 16,500
16,501 à 17,500
17,501 à 18,500 18,501 à 19,000


120
420
900 1 500
Véhicule automobile à trois essieux. 25,500 à 26,000 270
Ensemble composé d'une remorque à un essieu attelée à un tracteur à deux essieux.
25,000 à 25,500
25,501 à 26,500
26,501 à 27,500
27,501 à 28,500
28,501 à 29,500
29,501 à 30,500
30,501 à 31,500 31,501 à 32,000

60
270
780
1 320
1 980
2 700
2 880 4 320
Ensemble composé d'une semi-remorque à un essieu attelée à un tracteur à trois essieux.
31,500 à 32,500
32,501 à 33,500
33,501 à 34,500 34,501 à 35,000

270
660
1 140 1 680
Ensemble composé d'une semi-remorque à deux essieux attelée à un tracteur à deux essieux.
35,001 à 36,500
36,501 à 37,500 37,501 à 38,000

480
1 020 1 680
Remorque à deux essieux.
17,500 à 18,500 18,501 à 19,000

660 960

La parole est à M. Minetti.
M. Louis Minetti. Il s'agit toujours du même problème. Cette fois, je propose de modifier l'article 284 ter du code des douanes, afin de diminuer le trafic des poids lourds dans notre pays.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe François, rapporteur. Défavorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Corinne Lepage, ministre de l'environnement. Egalement défavorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 76, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)

Article 23 bis

M. le président. « Art. 23 bis . - A compter du 1er janvier 1997, les exploitants de réseaux de transport public en commun de voyageurs faisant équiper leurs autobus, mis en circulation entre le 1er janvier 1991 et le 1er juillet 1996, de systèmes permettant de réduire les émissions polluantes bénéficient d'un remboursement du coût de cet équipement à hauteur de la moitié de son prix d'acquisition et dans la limite de 8 000 F par autobus. Les systèmes ouvrant droit à remboursement doivent être agréés par arrêté conjoint du ministre chargé du budget, du ministre chargé des transports et du ministre de l'environnement. »
Par amendement n° 38, M. Adnot, au nom de la commission des finances, propose, dans la première phrase de cet article, de remplacer les mots : « leurs autobus » par les mots : « leurs véhicules » et de remplacer les mots : « par autobus » par les mots : « par véhicule ».
La parole est à M. le rapporteur pour avis.
M. Philippe Adnot, rapporteur pour avis de la commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation. En première lecture, la commission des finances avait relevé et regretté l'absence de dispositions destinées à rendre moins polluant le parc automobile existant.
J'avais, en conséquence, proposé un amendement créant une incitation à l'installation de filtres anti-pollution diesel sur les véhicules affectés aux transports publics en commun de voyageurs.
Repris par le Gouvernement, ce dispositif avait pris la forme d'une prime d'un montant maximum de 8 000 francs par véhicule.
Adaptée à l'objectif prioritaire du Gouvernement de lutte contre la pollution atmosphérique urbaine, cette mesure présente l'avantage de permettre la suppression des fumées noires émises par les autobus.
Or, l'Assemblée nationale en remplaçant, au sein de l'article 23 bis, le mot, « véhicules », par le mot : « autobus » a exclu du bénéfice de la mesure les autocars, c'est-à-dire en pratique le transport scolaire et les navettes SNCF.
De nombreuses dispositions juridiques, dont l'article R. 54 du code de la route, distinguent en effet clairement les autobus des autocars.
Or une très importante partie du parc d'autocars circule au sein des agglomérations participant ainsi tout autant que les autobus à la pollution atmosphérique urbaine. Il faut donc qu'ils puissent aussi être équipés de ce filtre antipollution diesel.
Il nous semble donc opportun d'éviter une distinction juridique qui manque de consistance au regard de l'objectif visé par l'ensemble de ce projet de loi : lutter contre les fumées qui polluent l'air de nos villes.
C'est pourquoi la commission des finances souhaite rétablir le mot « véhicules » à la place du mot « autobus ».
Certes, on peut nous objecter que cette mesure entraîne une dépense, mais cette dépense avait été très largement gagée par un accord auquel avait souscrit le Gouvernement. En outre, il ne s'agit pour nous que de rétablir le texte d'origine gouvernementale voté en première lecture.
Le gage de cette mesure nouvelle était la réduction de la dépense opérée par la commission des finances à l'article 24.
En effet, le Gouvernement prévoyait de faire bénéficier les véhicules fonctionnant au gaz d'une exonération à 100 % de la taxe sur les véhicules de société. Si 10 % du parc avait pu bénéficier de cette mesure, cela aurait induit une dépense fiscale de 645 millions de francs par an.
Or, au regard du faible coût des équipements permettant de rouler au GPL, on peut considérer que la totalité du parc aurait pu être équipée. Nous avons donc évité de mettre en péril le produit de la taxe sur les véhicules de société, qui, je vous le rappelle, s'élève à 3,8 milliards de francs.
En limitant l'avantage consenti au quart de son montant initial pour certains véhicules, nous avons donc permis une économie substantielle. Cette économie gageait largement la mesure nouvelle reprise par le Gouvernement en première lecture.
Je ne vois donc pas pourquoi on fait preuve de mesquinerie en limitant la portée de la seule mesure qui devrait avoir un réel impact sur le parc existant.
Nous avons fait faire une économie colossale à la suite d'un accord qui a été accepté par tous, et je trouve dommage qu'on essaie maintenant de revenir sur l'engagement pris pour une dizaine de millions de francs.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe François, rapporteur. Cet article, qui vise à instituer une prime à l'installation de filtres antipollution diesel en faveur des exploitants de réseau de transports publics en commun de voyageurs, résulte d'un amendement déposé par la commission des finances du Sénat en première lecture.
L'Assemblée nationale a réservé ce dispositif aux seules autobus, ce qui exclut notamment tous les autocars affectés au transport scolaire organisé par les départements.
La commission des finances demande avec raison le rétablissement du texte adopté en première lecture. La commission des affaires économiques est favorable à cet amendement.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Corinne Lepage, ministre de l'environnement. Défavorable.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 38.
M. Charles Descours. Je demande la parole pour explicationde vote.
M. le président. La parole est à M. Descours.
M. Charles Descours. Ceux d'entre nous qui ont a gérer des transports scolaires savent bien que les autocars utilisés circulent dans les villes. Nos concitoyens vivent de plus en plus loin du centre-ville et, si l'on veut qu'ils utilisent les transports en commun, il faut que ceux-ci soient propres. La mesure dont nous demandons le rétablissement est donc de bon sens.
Je comprends bien, madame le ministre, que ce n'est pas le ministre de l'environnement qui refuse, et que vous êtes solidaire d'autres membres du gouvernement !
Pour ma part, j'invite mes collègues à faire preuve, eux aussi, de solidarité en votant cet amendement à l'unanimité.
M. Louis Minetti. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Minetti.
M. Louis Minetti. Je souscris tout à fait aux propos que vient de tenir notre collègue.
Effectivement, on habite de plus en plus loin des centres-villes. Il faut donc essayer par tous les moyens de faire baisser le taux de pollution. Nous nous y employons depuis des heures en discutant ce projet de loi. Et voilà que, un peu à la manière d'Harpagon accroché à sa cassette, on nous chipote pour quelques millions de francs ! Ce n'est pas de bonne politique. Le traitement de la pollution mérite bien qu'on lui consacre quelques sous !
En conséquence, le groupe communiste républicain et citoyen votera l'amendement n° 38.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 38, accepté par la commission et repoussé par le Gouvernement.
Je suis saisi d'une demande de scrutin public émanant de la commission des affaires économiques et du Plan.
Il va être procédé au scrutin dans les conditions réglementaires.

(Le scrutin a lieu.)
M. le président. Personne ne demande plus à voter ?...
Le scrutin est clos.

(Il est procédé au comptage des votes.)
Voici le résultat du scrutin n° 15 : :

Nombre de votants 316
Nombre de suffrages exprimés 316159
Pour l'adoption 316

Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 23 bis, ainsi modifié.

(L'article 23 bis est adopté.)
M. le président. Le Sénat va interrompre maintenant ses travaux ; il les reprendra à vingt-deux heures.
La séance est suspendue.
(La séance, suspendue à dix-neuf heures quarante-cinq, est reprise à vingt-deux heures, sous la présidence de M. Jean Delaneau.)

PRÉSIDENCE DE M. JEAN DELANEAU
vice-président

M. le président. La séance est reprise.
Nous poursuivons la discussion en deuxième lecture du projet de loi, modifié par l'Assemblée nationale, sur l'air et l'utilisation rationnelle de l'énergie.
Dans la suite de la discussion des articles, nous en sommes parvenus aux amendements tendant à insérer un article additionnel après l'article 23 bis.

Articles additionnels après l'article 23 bis

M. le président. Je suis saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 49, M. Joly propose d'insérer, après l'article 23 bis, un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Afin de promouvoir le développement de véhicules peu polluants au sein des flottes de taxis, le surcoût lié à l'équipement des véhicules utilisant d'autres sources d'énergie pour qu'ils fonctionnent au moyen du gaz de pétrole liquéfié, sera remboursé aux exploitants de taxis à hauteur de 10 000 francs par véhicule acheté ou converti.
« II. - Les dépenses qui résultent du I sont compensées à due concurrence par une augmentation des droits visés aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
Par amendement n° 93, MM. Rouquet et Delanoë, Mme Pourtaud, les membres du groupe socialiste et apparentés proposent d'insérer, après l'article 23 bis, un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - A compter du 1er janvier 1997, les propriétaires de taxi faisant équiper leurs véhicules de systèmes leur permettant de fonctionner au gaz de pétrole liquéfié (GPL) ou au gaz naturel véhicules (GNV) bénéficient du remboursement du coût d'achat et d'installation de l'équipement, dans la limite de 10 000 F par véhicule. Les systèmes ouvrant droit à remboursement doivent être agréés par arrêté conjoint des ministres chargés des transports, du budget et de l'environnement.
« II. - Les pertes de recettes résultant du paragraphe I sont compensées, à due concurrence, par une augmentation des tarifs du droit de consommation sur les tabacs prévu aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
L'amendement n° 49 est-il soutenu ?...
La parole est à Mme Pourtaud, pour défendre l'amendement n° 93.
Mme Danièle Pourtaud. En France, l'utilisation des carburants moins polluants, comme le GPL ou le GNV, demeure trop marginale pour permettre une amélioration de la qualité de l'air.
L'objet de cet amendement est donc de créer les conditions d'un développement progressif du GPL et du GNV pour mieux lutter contre la pollution atmosphérique.
Il est proposé de rembourser à tout propriétaire de taxi le coût d'achat et d'installation du kit permettant à son ou ses véhicules de fonctionner au GPL ou au GNV, dans la limite de 10 000 francs par équipement.
Ce dispositif présente à nos yeux plusieurs avantages.
Tout d'abord, il s'adresse à une population qui, jusqu'à présent, a été peu destinataire de mesures visant à améliorer la qualité de l'air bien qu'elle offre un service de transport au public : les taxis. Ceux-ci sont pourtant vecteurs de la pollution urbaine, tout en en étant les victimes puisqu'ils subissent quotidiennement les effets des émanations des gaz d'échappement.
Cet amendement est, en fait, du même ordre que la disposition prévue à l'article 23, sinon qu'on peut douter du caractère véritablement incitatif de cette seule mesure, sachant que le coût du « kit-GPL » est estimé à environ 15 000 francs. L'adoption de cet amendement permettrait de rendre réellement attractif l'usage du GPL pour les chauffeurs de taxi. Rappelons que le coût « à la pompe » de ce carburant est intéressant puisqu'il est le moins cher du marché : 2,55 francs le litre, en moyenne.
Par ailleurs, bien que modeste, ce dispositif est pragmatique, incitatif et d'application immédiate.
En effet, nombre des solutions avancées ne valent qu'à partir du moment où le parc automobile est renouvelé. Or ce processus n'arrivera à son terme, pour les véhicules les plus anciens toujours en circulation, que dans une dizaine d'années, au mieux. L'adjonction d'un équipement permettant à une voiture à essence de fonctionner au GPL est une opération facile à réaliser. Son coût varie entre 8 000 et 15 000 francs, selon les véhicules.
Enfin, cette mesure permettrait aux taxis, au même titre qu'aux autres flottes offrant un service de transport au public, d'être à la pointe de la lutte contre la pollution atmosphérique et de contribuer ainsi à un changement progressif dans les choix énergétiques concernant les véhicules qui circulent en milieu urbain.
D'après ce que j'ai cru comprendre, l'opposition de la commission des affaires économiques à notre amendement se fonde principalement sur la supposée non-rentabilité financière du GPL et du GNV par rapport au gazole. Or le Comité français du butane et du propane, qui a étudié le dispositif de notre proposition d'amendement, n'arrive pas à la même conclusion.
Par ailleurs, cette comparaison entre le GPL et le gazole me paraît douteuse, car cet amendement ne vise pas les taxis à moteur diesel mais aux taxis roulant à l'essence, le GPL n'étant pas adaptable au moteur diesel. Il s'agit de démontrer aux chauffeurs de taxis roulant à l'essence qu'ils n'ont financièrement rien à perdre à équiper leur véhicule de ce kit. A terme, ils sont gagnants, le prix hors taxe du GPL étant moins élevé que celui de l'essence.
En outre, selon la commission, le dispositif ne serait pas d'application immédiate. Or la pose du kit est aisée, le dispositif est au point et l'utilisation est facile : il suffit de pousser une manette.
Toujours selon la commission, le système ne toucherait qu'un nombre limité de véhicules. Il est vrai que 25 % seulement des quelque 16 000 taxis parisiens roulent à l'essence.
Il reste que l'objet premier de notre amendement est de sensibiliser une population qui assure un service de transport au public et qui, jusqu'alors, a été peu destinataire de mesures visant à améliorer la qualité de l'air, donc son environnement et ses conditions de travail.
Il ne faut pas oublier que, si, en chiffres absolus, relativement peu de taxis sont concernés, ils constituent des « relais d'opinion ». Si l'on arrive à convaincre ces quelques taxis d'utiliser le GPL, on est en droit d'escompter un effet « boule de neige », et une belle bataille pourrait ainsi être gagnée.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe François, rapporteur. Je pense que Mme Pourtaud a elle-même avancé les arguments qu'on peut lui opposer.
D'abord, la plupart des taxis roulent au gazole. Or le GPL ne peut s'utiliser que sur des moteurs à essence. Par conséquent, cet amendement ne peut s'appliquer que dans la perspective d'une sorte de révolution de la motorisation des taxis, impliquant un changement de véhicule pour une large majorité des chauffeurs.
Je rappelle que, par ailleurs, les taxis sont exemptés de la TIPP, ce qui fait que, pour eux, le gazole est le moins cher des carburants.
En revanche, ma chère collègue, l'idée d'une promotion de l'usage d'autres carburants par le biais des taxis me paraît tout à fait intéressante. Il reste que ce n'est pas l'objet du présent texte. Il faut que le Gouvernement, les fabricants d'automobiles, les pétroliers mènent, auprès des taxis, une campagne les invitant à s'engager dans cette voie ; il n'appartient pas à la loi de résoudre ce problème.
En conséquence la commission est défavorable à cet amendement.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Corinne Lepage, ministre de l'environnement. Je ne peux, madame le sénateur, qu'être tout à fait d'accord avec vous sur le principe général.
Toutefois, comme M. le rapporteur vient de le souligner, les kits GPL et GNV ne s'appliquent qu'aux véhicules à essence, alors que la plupart de nos taxis sont équipés d'un moteur diesel, vous l'avez vous-même rappelé. Dès lors, la mesure proposée ne pourrait s'appliquer qu'au fur et à mesure du renouvellement du parc.
De surcroît, compte tenu de la rédaction de cet amendement, la disposition proposée ne serait pas applicable pour l'achat d'un véhicule bimode. Or, à mon sens, ce type de véhicule doit être encouragé, car il offre de meilleures garanties de qualité que l'installation d'un kit.
Pour ces raisons, le Gouvernement n'est pas favorable à cet amendement.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 93, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)

Article 24

M. le président. « Art. 24. - I. - Il est inséré, dans le code général des impôts, un article 1010 A ainsi rédigé :
« Art. 1010 A . - Les véhicules fonctionnant exclusivement ou non au moyen de l'énergie électrique, du gaz naturel véhicules ou du gaz de pétrole liquéfié sont exonérés de la taxe prévue à l'article 1010.
« Par dérogation aux dispositions de l'alinéa précédent, les véhicules qui fonctionnent alternativement au moyen de supercarburants et de gaz de pétrole liquéfié sont exonérés du quart du montant de la taxe prévue à l'article 1010.
« II. - Non modifié. »
Par amendement n° 50, M. Joly propose :
A. - de supprimer le second alinéa du texte présenté par le I de l'article 24 pour l'article 1010 A du code général des impôts.
B. - Pour compenser la perte de recettes résultant du A ci-dessus, d'insérer, après le paragraphe I de l'article 24, un paragraphe additionnel ainsi rédigé :
« La perte de recettes résultant de l'exonération totale de la taxe prévue à l'article 1010 du code général des impôts pour les véhicules qui fonctionnent alternativement au moyen de supercarburant et de gaz de pétrole liquéfié est compensée à due concurrence par une augmentation des droits visés aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
Cet amendement est-il soutenu ?...
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article n° 24.

(L'article 24 est adopté.)

Article additionnel après l'article 24

M. le président. Par amendement n° 99, MM. Peyronnet, Rouquet et Delanoë, Mme Pourtaud, et les membres du groupe socialiste et apparentés proposent d'insérer, après l'article 24, un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Après le sixième alinéa de l'article 1599 G du code général des impôts, il est inséré deux alinéas ainsi rédigés :
« Cette mesure ne s'applique pas aux véhicules légers à motorisation diesel pour lesquels l'âge ouvrant droit à la réduction de moitié est porté progressivement, à raison d'une année par an, de 5 à 10 ans, à compter de la période d'imposition s'ouvrant le 1er décembre 1996.
« Un décret fixera un mode nouveau de calcul de la puissance fiscale des véhicules légers mis en circulation à compter du 1er janvier 1999, prenant en compte, en substitution au mode actuel la puissance réelle des véhicules légers, exprimée en DIN ou kW, la vitesse de pointe, le taux de pollution en gaz toxiques et en poussières émises, la proportion de pièces recyclables dans la construction et la consommation exprimée en kW/h, en ville à 50 km/h ».
« II. - La perte de recettes résultant du paragraphe I est compensée à due concurrence par une majoration du tarif des droits de consommation sur les tabacs visés aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à Mme Pourtaud.
Mme Danièle Pourtaud. Cet amendement constitue une autre illustration de l'application du principe de précaution.
Le caractère nocif pour la santé du diesel n'est plus à démontrer, de nombreuses études l'ont définitivement établi. Néanmoins, les pouvoirs publics s'ingénient à encourager l'utilisation de ce carburant par toute une série d'aides fiscales, qu'il s'agisse de la TIPP ou encore du calcul de la vignette, encouragement d'autant plus incompréhensible qu'il aboutit non seulement à détériorer la qualité de l'air, du fait des particules qui sont rejetées lors de l'utilisation du diesel, mais aussi à mettre en difficulté l'industrie pétrolière française, qui est obligée d'importer 20 % de la consommation intérieure de gazole et qui voit ses efforts pour adapter ses raffineries au « sans plomb » non récompensés - je rappelle que, pour ce faire, elle a investi 5 milliards de francs - en raison du maintien de la prime au gazole.
En l'occurrence, l'incohérence sanitaire se double donc d'une incohérence énergétique et industrielle. Qu'attendent les pouvoirs publics pour mettre un terme à cette situation ?
Aujourd'hui, par cet amendement, nous leur donnons la possibilité d'agir. Nous proposons d'appliquer aux véhicules légers à motorisation diesel un allongement de cinq à dix ans de la période au titre de laquelle leurs propriétaires ne peuvent bénéficier de la réduction de moitié du montant de la vignette. C'est un dispositif simple et d'application immédiate.
Je fais remarquer, par ailleurs, qu'il ne touche pas les transporteurs routiers ; on ne peut donc m'opposer les difficultés économiques que ceux-ci pourraient rencontrer.
Je soulignerai également que, pour la première fois depuis plusieurs années, la part des voitures diesel dans les ventes baisse : elle est passée sous la barre des 40 % durant les huit premiers mois de l'année, contre 47 % l'an dernier. Les Français semblent ainsi se détourner de façon naturelle du diesel ; il est donc temps d'agir !
Enfin, madame le ministre, lorsque mon collègue M. Peyronnet avait défendu cet amendement en première lecture, vous aviez reconnu que les moteurs diesel posaient un problème.
Vous aviez aussi prétexté la non-publication du rapport au Parlement, prévu par l'article 20 de la loi de finances pour 1996, sur « les conséquences de l'utilisation du gazole sur l'industrie pétrolière et automobile, la santé et l'environnement » pour refuser que nous traitions de ce sujet.
Aujourd'hui, ce rapport est paru. Je n'en ai pas été destinataire, mais la presse s'en est fait l'écho. Bien qu'il ait été édulcoré par rapport à sa version initiale - toujours selon la presse - ses conclusions n'en sont pas moins édifiantes : les effets sur la santé et l'environnement « ne justifient pas l'existence d'avantages fiscaux pour la motorisation diesel ». J'en conclus que notre amendement arrive à point nommé et qu'il ne peut être repoussé.
Le second volet de cet amendement a pour objet de demander au Gouvernement de modifier le mode de calcul de la puissance des véhicules afin de prendre en compte leur puissance réelle exprimée en DIN, mais aussi la vitesse de pointe, le taux de pollution et la proportion de pièces recyclables qui entre dans la composition du véhicule, afin d'améliorer non seulement la sécurité routière mais aussi la qualité de l'air.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe François, rapporteur. Le rapport auquel Mme Pourtaud a fait allusion précise que « la France est, avec le Portugal, le seul pays à accorder au diesel un avantage spécifique pour le calcul de la taxe annuelle frappant la possession d'un véhicule ».
En Europe, les pays dont la fiscalité est neutre par rapport au diesel sont l'Autriche, la Belgique, le Danemark, l'Espagne, le Royaume-Uni, la Grèce, l'Irlande, l'Italie et le Luxembourg. Ceux dont la fiscalité pénalise le diesel sont l'Allemagne, la Finlande, les Pays-Bas et la Suède.
Cela dit, la commission est défavorable à cet amendement dans la mesure où il ne s'agit pas, dans ce texte de loi, d'introduire des modifications de la fiscalité. C'est à une loi de finances qu'il revient de traiter cette question. Mais il ne fait aucun doute que ce problème devra bien être abordé un jour, en vue de mettre à cet égard la situation de la France en harmonie avec celle qui prévaut dans la plupart des autres pays européens.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Corinne Lepage, ministre de l'environnement. Sur le fond, je maintiens ce que j'avais dit en première lecture : je m'étais alors engagée à ce que le rapport soit rendu public ; il l'a été. Je regrette que vous n'en ayez pas été destinataire, madame Pourtaud, mais je suis sûre que vous le recevrez rapidement. Les conclusions du rapport sont tout à fait claires.
Comme M. le rapporteur vient de l'indiquer, il paraît très difficile, dans ce texte, de remettre en cause l'ensemble de notre fiscalité en la matière, il nous faudra absolument aborder cette question un jour.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 99, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)

Article 25

M. le président. « Art. 25. - I. - A. - Il est inséré, dans le code général des impôts, un article 1599 F bis ainsi rédigé :
« Art. 1599 F bis. - Le conseil général peut, sur délibération, exonérer de façon totale ou partielle de la taxe différentielle sur les véhicules à moteur, les véhicules qui fonctionnent, exclusivement ou non, au moyen de l'énergie électrique, du gaz naturel véhicules ou du gaz de pétrole liquéfié.
« La délibération prend effet dans le délai prévu à l'article 1599 H. »
« B. - Pour la période d'imposition s'ouvrant le 1er décembre 1996, la délibération prévue à l'article 1599 F bis du code général des impôts est notifiée par le préfet aux directions des services fiscaux concernées avant le 30 octobre 1996.
« II. - A. - Il est inséré, dans le code général des impôts, un article 1599 nonies A ainsi rédigé :
« Art. 1599 nonies A . - L'Assemblée de Corse peut, sur délibération, exonérer de façon totale ou partielle de la taxe différentielle sur les véhicules à moteur, les véhicules qui fonctionnent, exclusivement ou non, au moyen de l'énergie électrique, du gaz naturel véhicules ou du gaz de pétrole liquéfié.
« La délibération prend effet dans le délai prévu à l'article 1599 duodecies » .
« B. - Pour la période d'imposition s'ouvrant le 1er décembre 1996, la délibération prévue à l'article 1599 nonies A du code général des impôts est notifiée par le préfet aux directions des services fiscaux concernées avant le 30 octobre 1996. »
Je suis saisi de deux amendements identiques.
L'amendement n° 31 est présenté par M. François, au nom de la commission des affaires économiques.
L'amendement n° 39 est déposé par M. Adnot, au nom de la commission des finances.
Tous deux tendent à supprimer cet article.
La parole est à M. le rapporteur, pour défendre l'amendement n° 31.
M. Philippe François, rapporteur. En demandant la suppression de l'article 25, la commission des affaires économiques souhaite voir confirmer le vote qui a été émis par le Sénat en première lecture.
Je souligne que cette mesure, à la charge des collectivités locales, n'est assortie d'aucune compensation financière. Par conséquent, elle nous paraît inacceptable.
Monsieur le président, je demande que le Sénat se prononce par scrutin public sur ces deux amendements identiques.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur pour avis, pour présenter l'amendement n° 39.
M. Philippe Adnot, rapporteur pour avis. J'ajouterai que, même si cette disposition avait eu des compensations financières, pour des questions de principe, nous y serions opposés.
Tout d'abord, il nous apparaît que cette mesure n'a pas d'efficacité réelle : la suppression de 250 francs sur l'achat d'un véhicule qui a un surcoût de 50 000 francs n'est pas décisive pour emporter la décision d'acheter ledit véhicule.
Ensuite, le texte qui nous vient de l'Assemblée nationale a institué une modulation potentielle. On est typiquement dans le genre d'exercice où le coût du traitement administratif est plus élevé que l'économie réalisée.
Il faut par principe, je le répète, refuser que des textes comme celui-là viennent s'ingérer dans la fiscalité locale. Si une ville veut entreprendre des actions pour développer l'utilisation de véhicules électriques et de véhicules à gaz, elle doit procéder à des aménagements urbanistiques importants ; les sommes en jeu sont alors beaucoup plus significatives, donc plus décisives.
Il faut éviter de prendre de telles mesures, dont le traitement administratif est trop coûteux eu égard à leur effectivité.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Corinne Lepage, ministre de l'environnement. Nous avons déjà eu cette discussion, messieurs les rapporteurs, au cours de l'examen du texte en première lecture.
Le Gouvernement souhaitait, effectivement, que vous acceptiez la mesure qui était proposée. Celle-ci a été votée par l'Assemblée nationale en première lecture, avec une amélioration qui laisse encore plus de souplesse : non seulement les collectivités peuvent exonérer de la taxe différentielle sur les véhicules à moteur, mais elles peuvent le faire totalement ou partiellement, ce qui laisse donc une très grande marge de manoeuvre ; elles peuvent également ne rien faire du tout.
Compte tenu du caractère très souple de cette disposition, le Gouvernement souhaite qu'elle soit conservée. Par conséquent, il s'en remet à la sagesse du Sénat.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix les amendements identiques n°s 31 et 39, pour lesquels le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.
Je suis saisi d'une demande de scrutin public émanant de la commission des affaires économiques.
Il va être procédé au scrutin dans les conditions réglementaires.

(Le scrutin a lieu.)
M. le président. Personne ne demande plus à voter ?...
Le scrutin est clos.

(Il est procédé au comptage des votes.) M. le président. Voici le résultat du dépouillement du scrutin n° 16:

Nombre de votants 317
Nombre de suffrages exprimés 317
Majorité absolue des suffrages 159
Pour l'adoption 239
Contre 78

En conséquence, l'article 25 est supprimé.

Article 26

M. le président. « Art. 26. - Il est inséré, dans le code général des impôts, un article 1599 octodecies A ainsi rédigé :
« Art. 1599 octodecies A . - Le conseil régional peut, sur délibération, exonérer de façon totale ou partielle de la taxe professionnelle prévue au I de l'article 1599 sexdecies , la délivrance de certificats d'immatriculation des véhicules automobiles terrestres à moteur qui fonctionnent, exclusivement ou non, au moyen de l'énergie électrique, du gaz naturel véhicules ou du gaz de pétrole liquéfié. »
Je suis saisi de deux amendements identiques.
L'amendement n° 32 est présenté par M. François, au nom de la commission des affaires économiques.
L'amendement n° 40 est déposé par M. Adnot, au nom de la commission des finances.
Tous deux tendent à supprimer cet article.
La parole est à M. le rapporteur, pour présenter l'amendement n° 32.
M. Philippe François, rapporteur. Il s'agit de la même situation que celle qui était visée par les deux amendements identiques précédents.
Je demande que le Sénat se prononce également par scrutin public.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur pour avis, pour défendre l'amendement n° 40.
M. Philippe Adnot, rapporteur pour avis. Même motif, même punition, si je puis dire !
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Corinne Lepage, ministre de l'environnement. Comme pour les amendements identiques précédents, le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix les amendements identiques n°s 32 et 40, pour lesquels le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.
Je suis saisi d'une demande de scrutin public émanant de la commission des affaires économiques.
Il va être procédé au scrutin dans les conditions réglementaires.

(Le scrutin a lieu.)
M. le président. Personne ne demande plus à voter ?...
Le scrutin est clos.

(Il est procédé au comptage des votes.) M. le président. Voici le résultat du dépouillement du scrutin n° 17:

Nombre de votants 317
Nombre de suffrages exprimés 317
Majorité absolue des suffrages 159
Pour l'adoption 239
Contre 78

M. le président. En conséquence, l'article 26 est supprimé.

TITRE VIII

CONTRÔLES ET SANCTIONS

Articles 28 A, 29 bis et 33

M. le président. « Art. 28 A. - Les mesures de contrôle et les sanctions sont prises sur le fondement de la loi n° 76-663 du 19 juillet 1976 précitée lorsque l'installation à l'origine de la pollution relève de cette loi. » - (Adopté.)
« Art. 29 bis . - Dans le cadre des opérations prévues à l'article 29, les agents désignés à l'article 28 peuvent :
« - prélever des échantillons ou effectuer des mesures en vue d'analyses ou d'essais ;
« - consigner pendant le temps nécessaire à l'exercice des contrôles les biens susceptibles d'être non conformes aux dispositions de la présente loi ou à celles prises pour son application.
« Il ne peut être procédé à cette consignation que sur autorisation du président du tribunal de grande instance dans le ressort duquel sont situés les lieux de détention des biens litigieux ou du magistrat délégué à cet effet.
« Ce magistrat est saisi sur requête par les agents mentionnés au présent article. Il statue dans les vingt-quatre heures.
« Le président du tribunal de grande instance vérifie que la demande de consignation qui lui est soumise est fondée : cette demande comporte tous les éléments d'information de nature à justifier cette mesure.
« La mesure de consignation ne peut excéder quinze jours. En cas de difficultés particulières liées à l'examen des biens en cause, le président du tribunal de grande instance peut renouveler la mesure pour une même durée par une ordonnance motivée.
« Les biens consignés sont laissés à la charge de leur détenteur.
« Le président du tribunal de grande instance peut ordonner la mainlevée de la mesure de consignation à tout moment. Cette mainlevée est de droit dans tous les cas où les agents habilités ont constaté la conformité ou la mise en conformité des biens consignés. » - (Adopté.)
« Art. 33. - Lorsque l'un des fonctionnaires ou agents désignés à l'article 28 constate l'inobservation des dispositions prévues par la loi ou des textes et décisions pris pour son application, le préfet met en demeure l'intéressé de satisfaire à ces obligations dans un délai déterminé, et l'invite à présenter ses observations dans le même délai.
« Si, à l'expiration de ce délai, il n'a pas obtempéré à cette injonction, le préfet peut :
« a) Prescrire la consignation entre les mains d'un comptable public d'une somme répondant des travaux ou opérations de mise en conformité ; cette somme est restituée au fur et à mesure de leur exécution. Pour le recouvrement de cette somme, l'État bénéficie d'un privilège de même rang que celui prévu à l'article 1920 du code général des impôts ;
« b) Faire procéder d'office, aux frais de l'intéressé, à l'exécution des travaux ou opérations de mise en conformité ;
« c) Ordonner la suspension de l'activité, l'immobilisation ou l'arrêt du fonctionnement du matériel ou de l'engin en cause jusqu'à l'exécution des travaux ou opérations de mise en conformité.
« Les sommes consignées en application des dispositions du a peuvent être utilisées pour régler les dépenses entraînées par l'exécution d'office des mesures prévues aux b et c du présent article.
« Les décisions prises en application des alinéas précédents sont soumises à un contentieux de pleine juridiction.
« Lorsque l'état exécutoire pris en application d'une mesure de consignation ordonnée par le préfet fait l'objet d'une opposition devant le juge administratif, le président du tribunal administratif ou le magistrat qu'il délègue, statuant en référé, peut, nonobstant cette opposition, à la demande du représentant de l'Etat ou de toute personne intéressée, décider que le recours ne sera pas suspensif, dès lors qu'aucun des moyens avancés ne lui paraît sérieux. Le président du tribunal statue dans les quinze jours de sa saisine.
« Pendant la durée de la suspension de l'activité, l'exploitant d'une entreprise industrielle, commerciale, agricole ou de services est tenu d'assurer à son personnel le paiement des salaires, indemnités et rémunérations de toute nature auxquels celui-ci avait droit jusqu'alors. » - (Adopté.)

Article 34

M. le président. « Art. 34. - Quiconque met obstacle à l'exercice des fonctions confiées par la présente loi aux agents mentionnés à l'article 28 est puni de six mois d'emprisonnement et de 50 000 F d'amende.
« Lorsqu'une entreprise industrielle, commerciale, agricole ou de services émet des substances polluantes constitutives d'une pollution atmosphérique, telle que définie à l'article 2 en violation d'une mise en demeure prononcée en application de l'article 33, l'exploitant est puni de six mois d'emprisonnement et de 50 000 F d'amende.
« L'exploitant encourt également les peines complémentaires mentionnées aux 10° et 11° de l'article 131-6 du code pénal ainsi que la peine d'affichage de la décision prononcée ou la diffusion de celle-ci, soit par la presse écrite, soit par tout moyen de communication audiovisuelle conformément à l'article 131-35 du même code. »
Je suis saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 63, M. Le Grand propose, dans le deuxième alinéa de cet article, de remplacer les mots : « constitutives d'une pollution atmosphérique, telle que définie par l'article 2 » par les mots : « dont l'action ou les réactions entraînent des effets nuisibles sur la santé ou des dommages aux ressources biologiques, aux écosystèmes, à la flore et à la faune, au patrimoine culturel, agricole et forestier, et aux biens matériels ».
Par amendement n° 33, M. François, au nom de la commission des affaires économiques, propose, au deuxième alinéa de l'article 34, de remplacer les mots : « constitutives d'une pollution atmosphérique, telle que définie à l'article 2 » par les mots : « ayant des conséquences préjudiciables de nature à mettre en danger la santé humaine, à nuire aux ressources biologiques et aux écosystèmes, à entraîner des changements climatiques, à détériorer les biens matériels, et à provoquer des nuisances olfactives excessives ».
L'amendement n° 63 est-il soutenu ?...
La parole est à M. le rapporteur, pour présenter l'amendement n° 33.
M. Philippe François, rapporteur. Par coordination avec les dispositions qui ont été adoptées à l'article 2, je retire cet amendement, monsieur le président.
M. le président. L'amendement n° 33 est retiré.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 34.

(L'article 34 est adopté.)

TITRE IX

DISPOSITIONS DIVERSES

Article 37

M. le président. « Art. 37. - I. - Non modifié.
« II. - Au premier alinéa de l'article 10 de la loi n° 95-101 du 2 février 1995 relative au renforcement de la protection de l'environnement, les mots : « peut être » sont remplacés par le mot : « est ».
« Le deuxième alinéa du même article est ainsi rédigé :
« Présidé par le président du conseil régional ou par son représentant, ce comité est composé pour moitié de conseillers régionaux, pour un quart de représentants des associations agréées de protection de l'environnement désignés par le préfet de région et pour un quart de personnalités qualifiées désignées par le président du conseil régional. »
« III et IV. - Non modifiés. »
Par amendement n° 64 rectifié, M. Le Grand propose, dans le 3e alinéa du paragraphe II de cet article, après les mots : « pour un quart de représentants des associations agréées de protection de l'environnement », d'insérer les mots : « et de représentants des associations agréées de défense des consommateurs ».
Cet amendement est-il soutenu ?...
Personne ne demande la parole ?
Je mets aux voix l'article 37.

(L'article 37 est adopté.)

Article 38

M. le président. « Art. 38. - I. - Les dispositions de la loi n° 61-842 du 2 août 1961 relative à la lutte contre les pollutions atmosphériques et les odeurs cessent d'être applicables à l'exception de celles concernant les pollutions dues à des substances radioactives et les conditions de création, de fonctionnement et de surveillance des installations nucléaires de base, lesquelles ne sont pas soumises aux dispositions de la présente loi.
« Toutefois, les textes réglementaires pris en application de la loi n° 61-842 du 2 août 1961 précitée demeurent applicables jusqu'à la parution des décrets d'application de la présente loi qui s'y substituent.
« I bis - Dans le premier alinéa de l'article 8 de la loi n° 61-842 du 2 août 1961 précitée, la référence : « 7 », est remplacée par la référence : « 7-1 ».
« II. - La loi n° 48-400 du 10 mars 1948 sur l'utilisation de l'énergie est abrogée.
« III. - Non modifié.
« IV. - Supprimé. »
Par amendement n° 34, M. François, au nom de la commission des affaires économiques, propose de rétablir le paragraphe IV de cet article dans la rédaction suivante :
« IV. - Les dispositions de la présente loi ne sont pas applicables aux véhicules et aux matériels spéciaux de l'armée, de la marine nationale et de l'aviation militaire que dans la mesure où elles ne sont pas incompatibles avec leurs caractéristiques techniques de fabrication et d'emploi. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Philippe François, rapporteur. Cet amendement tend à rétablir un dispositif spécifique pour l'application du projet de loi au secteur de la défense nationale.
Il paraît difficile de soumettre sans restriction aux dispositions du plan de protection de l'atmosphère, voire aux mesures de restriction de la circulation automobile, des activités militaires à caractère opérationnel ou d'entraînement.
De même, on ne peut soumettre des dispositifs propres à la défense à des mesures techniques nationales qui intègrent des critères environnementaux sans risquer de compromettre leur efficacité militaire.
Enfin, il n'est pas possible de faire appliquer sans dispositions particulières le titre VIII du projet de loi relatif au contrôle des infractions dans le domaine militaire, sauf à être en totale contradiction avec les règles de protection du secret de la défense nationale.
Pour toutes ces raisons, il importe de prévoir un régime spécifique dérogatoire pour le secteur de la défense.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Corinne Lepage, ministre de l'environnement. Favorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 34, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 38, ainsi modifié.

(L'article 38 est adopté.)
M. le président. Les autres articles du projet de loi ne font pas l'objet de la deuxième lecture.

Vote sur l'ensemble

M. le président. Avant de mettre aux voix l'ensemble du projet de loi, je donne la parole à Mme Olin, pour explication de vote.
Mme Nelly Olin. Au terme de ce débat particulièrement fructueux, je tiens à souligner le caractère novateur de votre projet de loi, madame le ministre.
En effet, vous venez de nous présenter un texte courageux, ambitieux et réformateur, qui non seulement prend en compte la dimension sanitaire de la pollution atmosphérique et tend à diminuer les effets négatifs de cette pollution sur notre santé, mais qui, plus largement, est dicté par un vrai sens des responsabilités à l'égard des générations futures.
C'est donc une véritable réforme que nous allons adopter aujourd'hui, une réforme attendue, qui répond aux aspirations de tous les Français.
Je tiens également à féliciter tout particulièrement le rapporteur, M. Philippe François, pour la qualité de son travail, la pertinence de ses rapports successifs et la richesse de ses explications. Il a su, en effet, par ses différentes propositions, équilibrer le dispositif du texte tout au long des deux lectures.
Ainsi, le texte tel qu'il ressort des travaux de notre assemblée n'alourdira pas les charges qui pèsent sur les collectivités locales et permettra de respecter le principe de leur libre administration.
Par ailleurs, le Sénat n'a pas adopté de mesures dont la charge financière mettrait en péril le fragile équilibre économique de certains secteurs. Enfin, il a su éviter la multiplication des avantages fiscaux.
Pour toutes ces raisons, le groupe du RPR votera ce texte.
M. le président. La parole est à M. Franchis.
M. Serge Franchis. Monsieur le président, madame le ministre, mes chers collègues, ce projet de loi traite à la fois de la qualité de l'air et de la maîtrise de l'énergie. Mais, comme vous l'avez souligné, madame le ministre, il tend surtout à renforcer les liens entre environnement et santé. En son article 1er, il affirme des droits et des devoirs pour chacun.
Chacun a le droit de respirer un air qui ne nuise pas à sa santé.
A chacun - Etat, collectivités locales et personnes privées - dans les domaines de sa compétence, de concourir à une politique de mise en oeuvre de ce droit.
Bien que globalement les dispositions fiscales en vigueur ne semblent pas en cohérence avec votre politique, puisqu'elles tendent à préserver la position privilégiée des véhicules particulièrement polluants que sont les véhicules de type diesel, lesquels représentent 30 % du parc automobile français, votre texte, madame le ministre, par la voie d'autres incitations, devrait avoir un impact psychologique susceptible de modifier durablement le comportement de notre société.
La protection de la santé humaine devrait, enfin, prendre peu à peu le pas sur d'autres considérations.
C'est avec cet espoir, madame le ministre, que je vous apporte mon soutien, en précisant que le groupe de l'Union centriste votera en faveur de ce projet de loi.
Je redoute seulement qu'il soit nécessaire d'appliquer les dispositions de l'article 12 portant sur les mesures d'urgence, car ce sera un exercice très difficile. Par ailleurs, je souhaite que les textes réglementaires permettent une interprétation souple des modalités susceptibles d'être trop techniques.
Enfin, pour terminer, je tiens à rendre hommage, comme l'a fait ma collègue Nelly Olin, à MM. les rapporteurs pour la qualité de leur rapport et de leurs interventions.
M. le président. La parole est à M. Minetti.
M. Louis Minetti. Selon l'Institut français de l'environnement, plus d'un Français sur deux estime que la lutte contre la pollution est l'action à mener en priorité par l'Etat.
Ce texte répondra-t-il à cette aspiration légitime ? Nous en doutons.
Certes, madame le ministre, il n'est pas dans notre intention de mettre en cause votre volonté d'oeuvrer à améliorer la qualité de l'air. Pourtant, et de nombreux orateurs l'ont indiqué ici, les moyens financiers font défaut.
La dérive qui consiste à désengager l'Etat de ses missions essentielles au profit d'un engagement financier des collectivités locales n'est pas acceptable. Ici-même, et sur toutes les travées, des voix s'élèvent pour dénoncer une telle pratique.
Loi sur l'eau, loi sur les déchets, loi sur l'air, autant de textes qui appellent une grande politique nationale. J'ai bien dit « une grande politique nationale », et non une politique laissée aux seuls financements de nos villes, de nos départements ou de nos régions.
Une chose est de vouloir, à juste titre, s'attaquer aux problèmes induits par les transports, une autre est de se demander ce qui génère de tels déplacements et d'en bien tirer les conclusions, comme mon collègue Félix Leyzour et moi-même avons eu l'occasion de le dire.
Toutefois, ce texte a le mérite d'exister, même s'il soulève un certain nombre de questions.
Madame le ministre, vous avez eu l'occasion de nous proposer une plus grande ambition, mais vous vous êtes arrêtée au milieu du gué. J'ai bien noté que, au retour de Bruxelles, vous avez fait des promesses pour une plus grande ouverture. J'attends donc que tout cela nous revienne de Bruxelles !
Pour l'ensemble des raisons que je viens d'évoquer, notamment l'absence d'un très important volet relatif au transport, le groupe communiste républicain et citoyen s'abstiendra.
M. le président. La parole est à M. Jean-Marie Girault.
M. Jean-Marie Girault. Ce projet de loi intéressait vivement non seulement l'Etat, mais les collectivités territoriales. Madame le ministre, votre travail n'était pas facile. Je suis persuadé que vos ambitions allaient au-delà de ce que nous allons voter - et nous allons le faire volontiers.
Nous avons eu parfois le sentiment que le report de dépenses se ferait fondamentalement sur les collectivités territoriales, l'Etat hésitant, pour des raisons que l'on connaît, à s'engager au-delà, comme nous aurions pu légitimement l'attendre. Mais les finances publiques sont ce qu'elles sont, non seulement pour l'Etat, mais aussi pour les régions, les départements et les communes.
Cependant, lorsque ce texte aura été voté définitivement, on y apercevra, à travers les articles que vous avez proposés et qui ont été amendés par les deux assemblées, un effort important de pédagogie.
Je suis de ceux qui pensent que les problèmes de l'environnement, qui sont souvent évoqués, et depuis de nombreuses années, ont fini par pénétrer dans l'esprit de tous les élus et de nos concitoyens. Parfois, il m'arrive de dire à tel ou tel mouvement écologiste : « Aujourd'hui, tous les élus de France sont parfaitement conscients des problèmes de l'environnement ; votre mission est donc accomplie. »
Cet effort de pédagogie, je veux aujourd'hui le souligner, parce que, au-delà du sort qui fut et sera réservé à tel ou tel amendement, l'essentiel de ce que vous vouliez non pas nous enseigner mais mettre en relief est sauvé.
Il s'agit d'un effort de sensibilisation. Certes, il faudra reprendre le texte mot à mot, ligne par ligne. Cependant, dans les années à venir, on considérera sans doute que ce projet de loi était un texte bénéfique, même si toutes ses retombées ne peuvent être estimées dans le moment présent. Il en va ainsi de bien des lois : on les juge définitivement dix ou quinze ans après leur adoption.
Ce texte constitue aussi une interpellation des collectivités territoriales. Bien sûr, celles-ci ne seront pas toujours à l'aise lorsqu'il s'agira de dégager tels ou tels crédits, je le sais d'expérience. Cependant, ce projet de loi incitera sûrement les collectivités territoriales à donner une plus grande priorité que par le passé à ces problèmes d'environnement, aux problèmes liés à l'énergie ou à la pollution de l'air.
Dans cette société qui change et se transforme, où les réactions de la population ne sont plus ce qu'elles étaient voilà vingt ans, l'environnement a pris, à coup sûr, une grande place. Je pense que nous-mêmes, les élus, saurons donner à l'environnement la place qu'il mérite et qui sera demain plus importante encore qu'aujourd'hui.
Souhaitons, enfin, que l'Etat, malgré ses difficultés, ne donne pas le sentiment qu'il se défausse sur les autres collectivités de cette pédagogie, de cette sensibilisation, de cette interpellation des collectivités territoriales que j'évoquais voilà un instant.
C'est dans cet esprit que le groupe des Républicains et Indépendants votera ce projet de loi.
M. le président. La parole est à Mme Pourtaud.
Mme Danièle Pourtaud. Monsieur le président, madame le ministre, mes chers collègues, lors de la première lecture, le 23 mai 1996, le groupe socialiste avait mis l'accent sur un certain nombre de carences du projet de loi.
Tout d'abord, nous avions exprimé notre déception de voir un projet de loi se soucier plus de mesurer la pollution que de la combattre.
Par ailleurs, nous avions fait remarquer que le principe essentiel « pollueur-payeur » manquait cruellement dans ce texte. Pourtant, selon nous, c'est ce principe qui aurait dû constituer le coeur du projet de loi.
Enfin, si nous vous avions dit, madame le ministre, que ce projet de loi semblait aller dans la bonne direction, nous nous étions inquiétés des dispositions budgétaires qui l'accompagneraient. Sur ce dernier point, vous nous aviez assurés que les moyens nécessaires seraient débloqués.
Qu'en est-il aujourd'hui ?
Plusieurs modifications ont été apportées lors de la première lecture tant au Sénat qu'à l'Assemblée nationale. Par un certain nombre d'amendements, les parlementaires socialistes ont tenté d'améliorer le projet de loi, notamment en défendant des dispositions qui visaient à s'attaquer à la source de la pollution et prévoyaient une meilleure prise en compte des paramètres de santé publique.
Nous saluons l'adoption par le Sénat d'un élargissement des orientations sur lesquelles doivent porter les plans de déplacements urbains « au transport et à la livraison des marchandises » ainsi que l'extension aux agglomérations de plus de 100 000 habitants du caractère obligatoire de ces plans.
En revanche, nous ne pouvons que déplorer que nos propositions pour une politique urbaine volontariste, en faveur des transports collectifs et des modes de transports les moins polluants, n'aient pas été retenues.
Nous déplorons également la suppression par le Sénat de plusieurs dispositions tendant à prendre en compte les impératifs de santé publique.
En ce qui concerne la lutte contre la pollution due aux carburants fossiles, l'Assemblée nationale avait renforcé un dispositif proposé par le Sénat. S'agissant du passage des flottes de véhicules de l'Etat au GPL, au GNV ou à l'électricité, nous déplorons, là encore, que, cet après-midi, notre assemblée ait amoindri la portée de ce dispositif.
Nous regrettons également que l'amendement visant à imposer aux industries émettrices de pollution une participation à la politique de gestion de la qualité de l'air n'ait pas été retenu.
Bref, c'est une nouvelle mouture du projet de loi très proche de la première qui sortira de cette deuxième lecture.
Faisons alors un rapide bilan en retenant deux critères : d'une part, les mesures pour lutter contre la principale source de pollution, à savoir la circulation automobile, et, d'autre part, la mise à disposition de moyens budgétaires.
La cause principale de la pollution en zone urbaine est désormais clairement identifiée : c'est la circulation automobile. Pour lutter contre, nous avions déjà expliqué que deux pistes devaient être retenues : la diminution de la circulation automobile et l'utilisation de carburants moins polluants.
Qu'en est-il de l'encouragement à l'utilisation de carburants moins polluants ?
Souvenons-nous que la TIPP rapporte chaque année à l'Etat 145 milliards de francs, soit plus que l'impôt sur les sociétés.
La responsabilité particulière du diesel ayant été clairement identifiée dans les pathologies respiratoires, on aurait pu penser, s'il y avait eu une réelle volonté politique de remédier à la situation, à un rééquilibrage de la fiscalité. Malheureusement, les amendements que nous avions déposés à cet effet ont été repoussés.
Par ailleurs, le projet de loi aurait pu recourir à une action plus importante en faveur des nouvelles énergies. C'était l'objet de notre amendement visant à encourager l'équipement des taxis parisiens au gaz, mais qui, malheureusement, n'a pas non plus été adopté.
S'agissant de la diminution de la circulation automobile, il ne suffit pas d'interdire la circulation les jours de pic de pollution, il faut développer considérablement les modes de déplacements alternatifs et, en priorité, les transports en commun.
De ce point de vue, madame le ministre, j'aimerais attirer votre attention sur ce qui se passe en région parisienne.
Selon une étude récente de la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes, le prix de la carte orange pour les zones 1 et 2 a augmenté en francs courants de 170 % entre 1980 et 1995, alors que les coûts d'utilisation des véhicules particuliers croissaient au cours de la même période de 109 %, soit à peu près l'augmentation générale du coût de la vie.
Par ailleurs, le conseil régional, sous la pression des conseillers écologiques et de la gauche, avait, pour l'affectation des dépenses régionales de transport, retenu le principe suivant : un tiers pour la route et deux tiers pour les transports en commun. Malheureusement, le préfet de région, s'agissant des infrastructures de transport, a usé de tout son poids pour tenter d'aboutir à une répartition exactement inverse des investissements.
Madame le ministre, dimanche dernier, lors d'une interview, vous déclariez : « Il faut non seulement améliorer les transports en commun, mais surtout les réhabiliter aux yeux de l'opinion. Il faut aussi éviter l'engrenage qui consisterait à prendre prétexte de leur fréquentation moindre pour diminuer l'efficacité des trains, des autobus et des métros. » Nous aimerions vous dire : « Chiche ! »
Madame le ministre, nous avons besoin non seulement d'une déclaration de principe, mais aussi d'un arsenal législatif fort et de la mise à disposition de moyens importants.
Dépassons maintenant un instant le cadre de cette loi et regardons le projet de budget de votre ministère pour 1997, madame le ministre.
M. le président. Je vous prie de bien vouloir conclure, madame Pourtaud.
Mme Danièle Pourtaud. Oui, je conclus, monsieur le président.
Madame le ministre, nous ne voyons pas bien clairement d'où viendront les 200 millions de francs que vous vous êtes engagée à affecter à la lutte contre la pollution. Par ailleurs, concernant les crédits prévus pour l'ADEME, nous constatons que les subventions restent inférieures à celles de 1995.
Nous notons également un statu quo, voire une diminution des crédits consacrés aux transports collectifs - c'est en particulier le cas pour les transports collectifs parisiens - alors que nous attendions un effort de la part du Gouvernement à cet égard.
Madame le ministre, tout au long de ce débat, le groupe socialiste a déploré le caractère uniquement incitatif de ce projet de loi en raison de ses implications pour la santé publique. Dans un domaine aussi fondamental, nos concitoyens étaient en droit d'attendre des mesures énergiques et rapides.
Ce projet de loi aurait pu être l'occasion de définir une nouvelle politique des transports orientée vers les transports collectifs et aurait pu également envoyer un signal fort aux industriels et aux consommateurs pour la fabrication et l'utilisation de véhicules moins polluants, en particulier des véhicules électriques et des véhicules fonctionnant au GPL.
Rien de tout cela ne figure malheureusement dans ce projet de loi, qui reste une ébauche ; il crée un thermomètre, mais n'engage pas vraiment une thérapie énergique. Nous avons donc été tentés de voter contre ce texte. Néanmoins, malgré toutes les insuffisances du projet de loi, le groupe socialiste s'abstiendra pour marquer l'intérêt qu'il porte au sujet et pour saluer ce timide premier pas. (Applaudissements sur les travées socialistes.)
M. le président. La parole est à M. Hamel.
M. Emmanuel Hamel. Comme le groupe socialiste, mais pour d'autres raisons, je m'abstiendrai.
M. Philippe Adnot, rapporteur pour avis. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur pour avis.
M. Philippe Adnot, rapporteur pour avis. Madame le ministre, je tiens tout d'abord à vous adresser des remerciements pour le travail intéressant et constructif que nous avons, grâce à vous, effectué. Nos rapports ont été courtois, mais aussi francs et directs. C'est ainsi, à mon avis, qu'il faut travailler, car cela permet de cheminer dans la même direction.
J'associerai à ces remerciements non seulement la commission des affaires économiques et du Plan, qui a pris en compte tous les aspects que nous avions soulevés et avec laquelle nous avons effectué un excellent travail en commun, mais aussi les parlementaires qui ont suivi toutes nos propositions.
Je crois, madame le ministre, que, lorsque nous pourrons prendre un peu de recul par rapport à ce texte, nous constaterons alors que l'essentiel est mis en oeuvre : en effet, vous avez su mobiliser les énergies de tous pour obtenir des crédits. Vous serez ainsi à même de mieux connaître les pollutions et donc de mieux réagir, car l'un ne va pas sans l'autre.
Certaines dispositions adoptées par le Sénat inciteront à la production et à l'utilisation de véhicules propres. Le bilan qui sera fait dans l'avenir permettra de constater les apports de ce texte.
Il nous faut désormais nous habituer à élaborer des textes utiles, efficaces, et respectueux des charges de la maison France. La mobilisation de tous à cet égard permettra d'améliorer la situation.
Peut-être avez-vous un peu mieux compris ainsi, madame le ministre, le sens du propos que je tenais ce matin et qui préfigurait ce que nous avons vécu au cours de cette journée. Mais il s'agit, à mon avis, d'un exercice imposé ; sinon, nous ne pourrons rien faire. En tout cas, madame le ministre, je tiens à vous remercier de votre esprit constructif.
M. Philippe François, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Philippe François, rapporteur. N'étant que le représentant de la commission des affaires économiques et du Plan du Sénat, ...
M. Emmanuel Hamel. C'est beaucoup !
M. Philippe François, rapporteur. ... je ne porterai pas de jugement sur l'ensemble du projet de loi.
Je ferai simplement une remarque un peu personnelle.
Voilà près de quinze ans que j'appartiens à cette maison, et c'est la première fois que je vois autant de sénateurs couvrir d'éloges un ministre en sa présence. Madame le ministre, c'est suffisamment rare dans l'histoire du Sénat pour que vous en soyez très heureuse.
Vous avez dirigé cette affaire avec talent et soin. Lors de la première lecture de ce texte au Sénat, vous étiez quelque peu intimidée, car vous défendiez alors, je crois, pour la première fois un texte devant le Parlement. (Mme le minitre acquiesce Mais vous avez accompli depuis des progrès gigantesques et, aujourd'hui, vous avez dominé le débat d'une façon exceptionnelle. Je tiens donc à vous remercier.
J'associe à ces remerciements nos collègues qui ont étudié ce sujet et tous nos collaborateurs qui se sont livrés depuis bientôt six mois à un travail énorme sur ce texte. Comme l'ont souligné la plupart d'entre nous, nous avons élaboré grâce à vous et avec vous un texte qui fera date, qui aura des répercussions dans le temps, comme vous l'avez dit vous-même, qui fera oeuvre de pédagogie et, en même temps, qui pourra ultérieurement être modifié et complété.
Nous nous situons dans une période exceptionnelle, où l'air est devenu un élément essentiel de la vie des humains. A ce titre-là, madame le ministre, vous avez travaillé de façon exceptionnelle pour nos concitoyens. Je vous en remercie encore. (Applaudissements sur les travées du RPR.)
Mme Corinne Lepage, ministre de l'environnement. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à Mme le ministre.
Mme Corinne Lepage, ministre de l'environnement. Monsieur le président, mesdames, messieurs les sénateurs, je serai brève dans mon propos, car l'heure est tardive.
Je tiens à remercier très sincèrement et du fond du coeur M. le rapporteur et M. le rapporteur pour avis, qui ont consacré tant de temps à ce texte, leurs collaborateurs, l'ensemble des sénateurs et des présidents de séance.
Ce texte constitue une avancée incontestable. Il est bien évident que, si la situation économique avait été différente, si les possibilités budgétaires avaient été autres, nous aurions pu aller plus loin. Mais nous sommes bien évidemment contraints de prendre en considération la situation actuelle. Même si, sur certains amendements, je n'ai pas soutenu la position qui a été finalement adoptée, je suis néanmoins, pour ma part, également très sensible à ce que le souci de limiter les dépenses publiques soit permanent. En effet, on ne peut agir ainsi d'un côté et agir différemment de l'autre.
Je crois néanmoins indispensable de faire un effort dans ce domaine. Or, cette loi correspond incontestablement à un effort important. Il ne s'agit pas seulement, madame Pourtaud, d'avoir un thermomètre, même si, comme je le disais tout à l'heure, l'effet pédagogique du thermomètre ne doit pas être dissimulé. Il s'agit d'aller au-delà, par d'importantes mesures d'incitation sur le plan fiscal, même s'il aurait été effectivement concevable d'aller encore plus loin si nos finances avaient été autres.
Il s'agit de changer la manière de concevoir nos villes. Je suis persuadée que les plans de déplacements urbains seront un instrument de changement tout à fait important ; de même, les dispositions adoptées en faveur du vélo et d'autres modes de déplacement sont essentielles.
S'il ne s'agit pas d'un texte sur les transports collectifs, la loi qui résultera des travaux du Parlement les favorisera néanmoins. En effet, faire du partage de voirie en faveur du transport collectif, c'est favoriser ce dernier, et ce même en l'absence d'une aide directe sur le plan financier.
Ce texte compte, à mon avis, toutes sortes d'avancées considérables. S'il n'est pas gravé dans le marbre pour les siècles des siècles, comme je le disais ce matin, il constituera néanmoins un socle tout à fait solide et sérieux pour lutter contre la pollution dans nos villes et pour améliorer la santé et la qualité de la vie de nos concitoyens. (Applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants et de l'Union centriste.)
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'ensemble du projet de loi.

(Le projet de loi est adopté.)

6

ORDRE DU JOUR

M. le président. Voici quel sera l'ordre du jour de la prochaine séance publique, précédemment fixée au mardi 29 octobre 1996 :
A neuf heures trente :
1. Questions orales sans débat suivantes :
I. - M. Jean-Jacques Robert attire l'attention de M. le ministre de la défense sur l'inquiétude des 330 salariés du centre de recherches du Bouchet, établissement dépendant de la Société nationale des poudres et explosifs, la SNPE, située à Vert-le-Petit (Essonne).
En effet, le renouvellement des contrats annuels d'études, prévu normalement début septembre, n'a pas été notifié au centre, ce qui place le personnel en chômage technique.
De plus, le montant prévisionnel de cette notification par la direction générale de l'armement serait réduit d'environ 40 millions de francs pour 1997.
Le volume des contrats à venir laisserait même présager l'abandon du centre de recherches.
C'est pourquoi il lui demande de bien vouloir lui indiquer s'il entend poursuivre ses engagements contractuels avec la SNPE et lui préciser quels sont ses projets concernant l'avenir de cet établissement et de ses deux cents chercheurs de haut niveau. (N° 459.)
II. - M. Lucien Lanier appelle l'attention de M. le ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche sur l'attribution aux chefs d'établissement de 3e et 4e catégorie ainsi qu'à ceux de la 4e catégorie majorée, d'une nouvelle bonification indiciaire.
Cette mesure figure, entre autres, au relevé des décisions ministérielles en date du 28 janvier 1995, sous la rubrique III, 7, pour prendre effet au 1er janvier 1996. Elle est d'ailleurs inscrite et prévue au budget 1996.
Il semblerait cependant que le texte d'application de cette mesure soit actuellement bloqué.
Il demande quelles sont les raisons de cette anomalie, et s'il peut y être remédié le plus rapidement possible. (N° 465.)
III. - M. René Rouquet attire l'attention de M. le ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche sur le manque de places dans les écoles maternelles du Val-de-Marne.
En effet, un nombre croissant d'enfants, parvenus à la limite d'âge en crèche, ne peut être admis en école maternelle, le nombre de postes d'enseignant se révélant insuffisant. Les enfants nés le premier trimestre 1994 et âgés de trois ans au cours du premier trimestre 1997 sont plus particulièrement concernés par cette situation. L'inspection académique ne comptabilise pas ces enfants pour la rentrée 1996 et n'accepte pas leur entrée à l'école maternelle en cours d'année scolaire dès leurs trois ans (janvier à juin 1997).
Cette situation s'amplifie désormais chaque année, privant les enfants du bénéfice d'un enseignement de qualité et jetant leurs parents dans le désarroi par manque de solution de garde.
La seule solution véritablement adaptée aux besoins de l'enfant ne pouvant venir que de l'Etat, il lui demande de bien vouloir lui indiquer les mesures qu'il compte prendre pour permettre l'admission à l'école maternelle de tous les enfants dans l'année de leurs trois ans. (N° 464.)
IV. - M. André Vezinhet souhaite obtenir de M. le ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche des explications et des engagements précis concernant l'éviction des candidats admis sur les listes complémentaires aux concours d'enseignement du second degré.
Ces listes rassemblent des candidats qui ont été jugés aptes à enseigner ou à éduquer par des jurys de concours et il est d'usage, chaque année, que le ministère ait recours à elles pour pallier les désistements survenus sur les listes principales. Il rappelle au ministre que cette année, comme les précédentes, des désistements massifs ont bien eu lieu, mais que courant août il a été décidé, fait sans précédent, et sans aucune justification, de ne pas « puiser » dans ces effectifs, laissant les reçus-collés dans le plus grand désarroi et sans aucune perspective. Se heurtant à une absence totale d'information, ces derniers se sont organisés en collectifs régionaux puis en collectif national et se sont adressés par lettre à leur ministre de tutelle, au Premier ministre et au Président de la République. Devant l'absence de réponse des responsables politiques, ils ont réussi à obtenir une audience auprès de la direction du ministère le 30 septembre dernier, sans résultat concret ni satisfaisant.
A ce jour, en effet, seulement 183 personnes admises sur listes complémentaires ont été recrutées pour enseigner alors que plus de 500 désistements ont été enregistrés.
Il demande au ministre s'il est en mesure de lui annoncer, plus d'un mois après la rentrée scolaire, le déblocage de toutes les listes complémentaires à hauteur des désistements ou s'il entend sacrifier sur l'autel de la rigueur budgétaire ces jeunes enseignants lauréats d'un concours national, motivés par la mission d'enseigner, les reléguant ainsi dans une situation matérielle aléatoire et extrêmement précaire et moralement inacceptable. (N° 461.)
V. - Mme Danielle Bidard-Reydet attire l'attention de M. le ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche sur la situation scolaire de son département où plus de 1 000 élèves étaient sans affectation à la rentrée. A ce jour, seulement 500 jeunes ont obtenu une affectation, sans que le respect de leur choix d'orientation ait obligatoirement été respecté.
Dans un tel contexte, le chiffre de 1 200 maîtres auxiliaires au chômage pour l'académie ce qui, compte tenu du fait que la Seine-Saint-Denis représente environ 40 % des effectifs scolarisés, correspondrait à environ 500 maîtres auxiliaires au chômage pour le département, ajouté aux 150 instituteurs sans affectation dans la Seine-Saint-Denis, suscite une vive émotion parmi la communauté enseignante et les parents d'élèves. Cette émotion est d'autant plus forte que l'annonce de la suppression de 2 900 postes d'enseignant dans le premier degré et de 1 893 postes dans le second degré programmée dans le projet de loi de finances 1997 qui vient d'être faite ne sera pas sans conséquence sur le département, bien qu'aucune précision par académie n'ait été donnée.
Elle souhaite qu'il lui expose les moyens qu'il compte mettre en oeuvre, notamment par l'ouverture de filières, afin de trouver une affectation à tous les jeunes de la Seine-Saint-Denis pour cette rentrée. (N° 453.)
VI. - Le Gouvernement a annoncé un certain nombre de projets fiscaux visant à supprimer les déductions supplémentaires pour frais professionnels accordées à certaines professions, dont les musiciens.
Les conséquences d'une telle mesure, si elle était appliquée, sont multiples.
Pour les musiciens eux-mêmes, dont le pouvoir d'achat régresse alors que les frais professionnels augmentent.
Pour les orchestres enfin, dont les cotisations salariales des musiciens sont calculées sur le salaire brut minoré de l'abattement fiscal actuellement remis en cause.
En conséquence, M. Ivan Renar demande à M. le ministre de la culture quelles mesures il compte prendre afin de favoriser le retrait de ce projet. (N° 456.)
VII. - M. Ivan Renar attire l'attention de M. le ministre de la culture sur les conséquences de la suppression de l'abattement de 30 % pour frais professionnels dont bénéficient les journalistes.
Cet abattement a été instauré en 1934 et fait partie intégrante du statut de journaliste.
Il faut aussi le considérer comme une aide à la presse, dans une profession où la moyenne des salaires est de 12 000 francs brut.
Sa suppression entraînerait une perte du pouvoir d'achat équivalant à un mois de salaire.
Au-delà, elle s'apparente à une remise en cause du statut du journaliste.
En conséquence, il lui demande quelles mesures il entend prendre pour garantir le maintien de cet abattement. (N° 450.)
VIII. - M. Ivan Renar attire l'attention de M. le ministre de la culture sur le non-versement de l'intégralité de la subvention d'Etat aux quotidiens à faibles ressources publicitaires.
En effet, cette subvention a été instituée il y a plus de quinze ans pour compenser partiellement les difficultés spécifiques des quotidiens ne bénéficiant que de faibles ressources publicitaires.
Lors de l'examen de la loi de finances de 1996, une hausse de 50 % de cette aide a été votée par le Parlement. Or il s'avère que seule une partie de cette enveloppe a été versée, le manque à gagner pour les quotidiens concernés s'élevant à 3,6 millions de francs.
Derrière ces chiffres, c'est le respect du pluralisme des titres et la survie de certains journaux qui sont menacés.
En conséquence, il lui demande quelles mesures il compte prendre pour que soit versée l'intégralité du fonds d'aide. (N° 451.)
IX. - M. Jean-Jacques Robert attire l'attention de M. le ministre du travail et des affaires sociales sur la situation de la formation en alternance ainsi que sur le projet de fusion des collectes des taxes de l'alternance et de l'apprentissage.
Il constate que les organismes paritaires collecteurs agréés, les OPCA, à qui seraient confiés les fonds collectés, tardent cette année encore à reverser aux entreprises et aux centres de formation les taxes de l'alternance.
Il semble que 2,5 milliards de francs soient également bloqués à l'Association de gestion du fonds des formations en alternance, l'AGEFAL, alors que 20 000 contrats de qualification n'ont pas trouvé de financement.
C'est pourquoi il lui demande quelles mesures il compte mettre en oeuvre pour remédier à cette situation particulièrement préoccupante. (N° 458.)
X. - M. Hubert Durand-Chastel attire l'attention de Mme le ministre délégué pour l'emploi sur le fait que la création d'emplois en France dépend beaucoup de nos exportations et des parts de marchés à l'extérieur.
La mondialisation de l'économie nécessite d'accentuer la présence française à l'étranger ; il existe, en effet, une corrélation entre les flux de notre commerce extérieur dans une zone donnée et le nombre de ressortissants français installés dans cette zone.
Or, le nombre de Français résidant à l'étranger reste très insuffisant, en particulier dans les pays émergents. Un des obstacles au développement de l'expatriation tient au fait que le nombre des offres d'emplois à l'international est très inférieur au nombre de candidats au départ. Conscient de cette difficulté, le Président Jacques Chirac, en déclarant le 29 août aux ambassadeurs de France : « vous êtes aussi les ambassadeurs de l'économie française et c'est sur ce terrain que votre action sera jugée », a porté la préoccupation de l'emploi au niveau de l'action diplomatique.
Déjà, un regroupement des organismes de soutien au commerce extérieur au sein d'un groupement d'intérêt public a été réalisé, pour mieux coordonner et redéployer les actions visant à l'internationalisation des entreprises. S'agissant de l'emploi à l'étranger, deux grandes structures en France gèrent les offres et les demandes : l'Office des migrations internationales, l'OMI, et l'ANPE international ; ce dernier organisme a, au cours du premier semestre 1996, traité 2 601 offres d'emploi ; mais la faiblesse de son effectif en personnes, 19 employés au total, limite son activité. Ne conviendrait-il pas de le renforcer sensiblement avec des membres du nombreux personnel de l'ANPE, qui compte plus de 15 000 personnes ?
Ne serait-il pas également souhaitable de coordonner les actions et les moyens de ces services, et de rechercher une synergie avec les comités consulaires pour l'emploi et la formation et les autres acteurs qui sont situés à l'étranger ?
Ces mesures prenant en compte la mondialisation du travail faciliteraient l'expatriation des Français, avec l'accroissement de nos exportations et un meilleur emploi en France. (N° 467).
XI. - Mme Danielle Bidard-Reydet attire l'attention de M. le ministre du travail et des affaires sociales sur l'avenir de l'hôpital Avicenne, en Seine-Saint-Denis.
Celui-ci a une double vocation : d'une part, répondre aux besoins de santé d'une population de 1,5 million d'habitants, d'autre part, jouer son rôle de centre hospitalier universitaire en liaison avec l'unité de formation et de recherche, l'UFR, médecine de Bobigny, composante de l'université Paris-Nord-Villetaneuse.
Cet hôpital est localisé dans le nord-est parisien, nettement sous-équipé en établissements hospitaliers par rapport au reste de la région parisienne. Ancien hôpital franco-musulman, il n'a jamais bénéficié d'une modernisation et d'une remise à niveau à la hauteur des exigences voulues par l'Assistance publique pour ses hôpitaux parisiens.
Lié à l'UFR de médecine à Bobigny, l'hôpital Avicenne participe au développement de l'enseignement supérieur et de la recherche en Seine-Saint-Denis. Ces filières universitaires du domaine scientifique, sanitaire et social permettent la formation de près de 4 000 étudiants principalement originaires du département. Mais il n'a jamais bénéficié de création d'unité de recherche de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale, l'INSERM, ou du Centre national de la recherche scientifique, le CNRS. La création, il y a neuf ans, de l'Institut oncologique cellulaire moléculaire humaine, l'IOCMH, malgré les limites de sa forme associative, a permis de pallier cette absence.
Malgré les garanties antérieures et l'engagement financier du conseil général de la Seine-Saint-Denis, les récentes décisions de diminution importante de crédits auraient de très lourdes conséquences. Elles remettent tout d'abord en cause le projet de création d'un centre de cancérologie. Pourtant, le cancer est la première cause de mortalité en Seine-Saint-Denis, et près d'un patient sur deux pris en charge à Avicenne relève d'une pathologie tumorale. Ensuite, elles accroîtraient le déséquilibre du secteur public par rapport au secteur privé. Enfin, en fragilisant la structure hospitalière, elles affaiblissent les conditions d'enseignement et de recherche de l'UFR d'autant plus que l'IOCMH, financé par le seul secteur associatif, voit ses crédits diminuer et est lui-même menacé.
Cette situation entraîne un grand mécontentement de la part des personnels, des élus et de la population de Seine-Saint-Denis, qui souhaitent un véritable centre hospitalier universitaire de qualité. D'où la nécessaire création d'un véritable centre de cancérologie tel qu'il était programmé dans le plan quinquennal 1996-2000, regroupant les activités déjà existantes, complétées par un centre de radiothérapie.
Afin de permettre à la Seine-Saint-Denis de bénéficier d'un CHU de haute qualité scientifique et médicale, elle lui demande d'intervenir afin que des crédits d'investissement soient débloqués et que l'autorisation d'implantation de radiothérapie soit accordée. (N° 452.)
XII. - M. Jacques Machet interroge M. le ministre de l'économie et des finances sur le projet de loi de finances pour 1997.
Plusieurs mesures prises par le Gouvernement concernant l'immobilier inquiètent les acteurs de ce secteur de notre économie.
Tout d'abord, la décision de ne pas reconduire pour 1997 la baisse de 30 % des droits de mutation à titre onéreux, ainsi que l'allégement des droits de succession ou de donation pour les logements locatifs anciens tandis que l'obligation pour les investisseurs de pratiquer des loyers intermédiaires est maintenue.
Ensuite, le projet de loi de finances pour 1997 ne prévoit pas la reconduction de la possibilité d'obtenir un prêt à taux zéro dans l'ancien avec peu de travaux et supprime la déductibilité des intérêts d'emprunt pour l'achat de la résidence principale.
Le marché de l'immobilier ne cesse de régresser malgré plusieurs annonces d'une reprise qui, malheureusement, se fait toujours attendre.
Certaines mesures pourtant pourraient relancer ce secteur d'activité dont celles-ci :
- un dispositif d'aide simple correspondant à une déduction d'impôt de 10 % du prix du logement ancien acquis ;
- la déduction forfaitaire des charges portée à 15 % ;
- l'alignement du plafond d'imputation des déficits fonciers sur le revenu global du logement ancien et du logement neuf, soit 100 000 F au lieu de 70 000 F ;
- que la mesure visant à une déductibilité de 20 % des travaux engagés avec un plafond de 40 000 F puisse être faite plus d'une fois tous les cinq ans et que la définition des travaux soit élargie.
Ces mesures permettraient de relancer le bâtiment et l'immobilier et de mettre un terme à la progression constante des suppressions d'emplois constatée ces dernières années. (N° 468.)
XIII. - M. André Vezinhet appelle l'attention de M. le ministre de l'économie et des finances sur les derniers résultats économiques et financiers publiés par le conseil d'administration du Crédit foncier, le 29 août 1996, pour le premier semestre 1996, qui affiche un bénéfice net de 402 millions de francs.
A la lecture de ces chiffres, il apparaît que la situation de cet établissement est aujourd'hui fort éloignée des difficultés avancées par le Gouvernement et qui avaient conduit ce dernier à présenter un plan d'ensemble le 26 juillet 1996.
Ce projet, qui programme le démantèlement d'un établissement reconnu par tous pour ses compétences dans le financement du logement social, ne nous paraissait pas une réponse adaptée ; à ce jour, il est totalement inacceptable.
Il interroge le ministre sur ses intentions.
Compte-t-il persister dans la direction qu'il s'était fixée il y a quelques mois ou bien compte-t-il profiter du débat parlementaire annoncé pour rechercher des solutions autres qui sont souhaitables et possibles et qui ouvriraient de meilleures perspectives pour les 3 300 salariés du Crédit foncier ?
Il lui indique enfin que, si la première hypothèse devait être privilégiée, son groupe politique combattrait avec force et détermination un ensemble de mesures qui, d'un trait de plume, gommerait l'existence et le savoir-faire d'une institution fondée il y a cent cinquante ans. (N° 462.)
XIV. - M. Yves Guéna demande à M. le ministre délégué au logement si une limitation trop restrictive des plafonds de ressources pour l'attribution de logements HLM ne risque pas d'avoir des conséquences dommageables pour la gestion des offices HLM.
En effet, d'une part, ces restrictions risquent de laisser vides un certain nombre de logements ; d'autre part, la situation précaire de nombre de locataires entraînera des difficultés pour le recouvrement de loyers. Face à une telle situation, les offices rencontreront des problèmes de financement à court terme et devront ralentir le rythme des constructions. (N° 463.)
XV. - Mme Nicole Borvo attire l'attention de M. le ministre de l'équipement, du logement, des transports et du tourisme sur les conséquences dramatiques qu'aurait la délocalisation des services centraux de la SNCF envisagée par la direction pour Paris mais aussi pour l'ensemble de l'entreprise.
Cette délocalisation irait contre les intérêts des usagers et des cheminots qui ont montré leur attachement à ce grand service public. Elle irait également à l'encontre des intérêts de Paris qui verrait une fois de plus un service d'intérêt national et des milliers d'emplois quitter la ville.
Alors que le Gouvernement s'était engagé à geler toutes les opérations projetées par la SNCF pendant la réécriture du plan, cette décision est inacceptable.
Pourtant, les salariés et leurs organisations syndicales sont porteurs d'autres choix. Il faut les écouter. Par ailleurs, le Conseil de Paris, sur proposition des élus communistes, a voté à l'unanimité le voeu que les activités parisiennes de la SNCF soient maintenues à Paris.
Pour toutes ces raisons, elle lui demande ce qu'il compte faire pour s'opposer à cette délocalisation et garantir l'emploi et le développement du service public à Paris. (N° 460.)
A seize heures et le soir :
2. Discussion du projet de loi (n° 512, 1995-1996) relatif à l'emploi dans la fonction publique et à diverses mesures d'ordre statutaire.
Rapport (n° 44, 1996-1997) de M. François Blaizot, fait au nom de la commission des lois constitutionnelles, de législation, du suffrage universel, du règlement et d'administration générale.
Délai limite pour les inscriptions de parole dans la discussion générale : lundi 28 octobre 1996, à dix-sept heures.
Délai limite pour le dépôt des amendements : lundi 28 octobre 1996, à dix-sept heures.

Délai limite pour les inscriptions de parole

Déclaration du Gouvernement sur les affaires étrangères :
Délai limite pour les inscriptions de parole dans le débat : mercredi 30 octobre 1996, à dix-sept heures.
Personne ne demande la parole ?...
La séance est levée.

(La séance est levée à vingt-deux heures cinquante-cinq.)

Le Directeur
du service du compte rendu intégral,
DOMINIQUE PLANCHON





QUESTIONS ORALES REMISES À LA PRÉSIDENCE DU SÉNAT (Application des articles 76 à 78 du réglement)


Formation et débouchés professionnels des étudiants
inscrits dans la filière sportive de l'université Bordeaux-II

483. - 24 octobre 1996. - M. Philippe Madrelle appelle l'attention de M. le ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche sur un caractère injuste et absurde de la méthode de sélection mise en place par le département du sport de l'université Bordeaux-II. Devant le très grand nombre d'étudiants souhaitant s'inscrire en première année de STAPS (sciences techniques et activités physiques et sportives), l'université a procédé au recrutement par minitel. Ce n'est pas le meilleur test d'aptitude à la filière sportive ! 235 étudiants bacheliers ont été inscrits l'an dernier à Bordeaux-II : 350 viennent d'être accueillis dans le hall de l'université faute de locaux. Face au succès de cette filière sportive et au non-sens du système de sélection choisi, il lui demande de bien vouloir lui préciser les mesures qu'il compte prendre afin d'assurer une formation correcte et des débouchés professionnels aux étudiants concernés.

Retraite des enseignants du secteur privé

484. - 24 octobre 1996. - Saisie par les personnels de l'enseignement privé sous contrat, et notamment par le SNEC-CFTC, qui représente 35 % d'entre eux, Mme Janine Bardou souhaite appeler l'attention de M. le ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche au sujet d'une discrimination qui demeurerait en ce qui concerne la retraite des maîtres de ces établissements. En effet, malgré le principe de parité inscrit dans la loi « Debré-Guermeur », les enseignants du secteur privé cotiseraient pour leur retraite beaucoup plus que les fonctionnaires, pour un montant de pension inférieur dans la plupart des cas. Ainsi, un instituteur d'une école sous contrat cotiserait, au cours de l'année 1996, 5 000 F de plus qu'un fonctionnaire, un adjoint d'enseignement contractuel, près de 7 300 F de plus, et un certifié sous contrat plus de 9 000 F de plus que son homologue du public. La parité inscrite dans la loi semble donc ne pas être respectée. Les représentants des maîtres du privé, en particulier le SNEC-CFTC, demandant l'ouverture d'une négociation en matière de retraite, elle souhaiterait que puisse être étudié ce dossier, afin qu'une solution à ce problème puisse être trouvée.

Mobilité des directeurs d'école

485. - 24 octobre 1996. - M. Jean Clouet attire l'attention de M. le ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche sur la situation des directeurs d'école qui exercent une fonction importante et complexe : à l'égard des enseignants, ils ont une mission pédagogique ; ils doivent connaître les élèves et leurs parents ; acteurs de la vie locale, il est nécessaire qu'ils soient au fait de ses divers aspects, notamment au niveau des quartiers d'implantation de leurs écoles ; il leur faut par ailleurs nouer et développer des relations de travail et de convivialité avec les élus municipaux et leurs services. Tout ceci demande du temps. Or, pour des raisons administratives qui paraissent ignorer tout ce qui précède, les directeurs d'école souffrent d'une mobilité excessive, ne séjournant parfois qu'un an ou deux dans leur établissement. Il conviendrait de revenir à la situation antérieure où régnait une heureuse stabilité. Il appartient aux services compétents de s'y employer.




ANNEXES AU PROCÈS-VERBAL
de la séance du jeudi 24 octobre 1996


SCRUTIN (n° 14)



sur l'amendement n° 30, présenté par M. Philippe François, au nom de la commission des affaires économiques et du plan, à l'article 21 du projet de loi, modifié par l'Assemblée nationale, sur l'air et l'utilisation rationnelle de l'énergie. (Adaptation du parc automobile des personnes publiques.)


Nombre de votants : 316
Nombre de suffrages exprimés : 316
Pour : 238
Contre : 78

Le Sénat a adopté.

ANALYSE DU SCRUTIN


GROUPE COMMUNISTE RÉPUBLICAIN ET CITOYEN (15) :
Pour : 15.

GROUPE DU RASSEMBLEMENT DÉMOCRATIQUE ET SOCIAL EUROPÉEN (23) :

Pour : 18.
Contre : 4. _ MM. Jean-Michel Baylet, André Boyer, Yvon Collin et Mme Joëlle Dusseau.
N'a pas pris part au vote : 1. _ M. Paul Girod, qui présidait la séance.

GROUPE DU RASSEMBLEMENT POUR LA RÉPUBLIQUE (94) :

Pour : 94.

GROUPE SOCIALISTE (75) :

Contre : 74.
N'a pas pris part au vote : 1. _ M. Claude Pradille.

GROUPE DE L'UNION CENTRISTE (60) :

Pour : 59.
N'a pas pris part au vote : 1. _ M. René Monory, président du Sénat.

GROUPE DES RÉPUBLICAINS ET INDÉPENDANTS (44) :

Pour : 44.

Sénateurs ne figurant sur la liste d'aucun groupe (10) :

Pour : 8.
N'ont pas pris part au vote : 2. _ MM. Jean-Pierre Lafond et Paul Vergès.

Ont voté pour


François Abadie
Nicolas About
Philippe Adnot
Michel Alloncle
Louis Althapé
Jean-Paul Amoudry
Philippe Arnaud
Alphonse Arzel
Denis Badré
Honoré Bailet
José Balarello
René Ballayer
Bernard Barbier
Janine Bardou
Bernard Barraux
Jacques Baudot
Marie-Claude Beaudeau
Jean-Luc Bécart
Michel Bécot
Henri Belcour
Claude Belot
Georges Berchet
Jean Bernadaux
Jean Bernard
Daniel Bernardet
Roger Besse
Danielle Bidard-Reydet
Claude Billard
Jacques Bimbenet
Jean Bizet
François Blaizot
Paul Blanc
Maurice Blin
Annick Bocandé
André Bohl
Christian Bonnet
James Bordas
Didier Borotra
Nicole Borvo
Joël Bourdin
Yvon Bourges
Philippe de Bourgoing
Jean Boyer
Louis Boyer
Jacques Braconnier
Gérard Braun
Dominique Braye
Paulette Brisepierre
Guy Cabanel
Michel Caldaguès
Robert Calmejane
Jean-Pierre Camoin
Jean-Pierre Cantegrit
Jean-Claude Carle
Auguste Cazalet
Charles Ceccaldi-Raynaud
Gérard César
Jacques Chaumont
Jean Chérioux
Marcel-Pierre Cleach
Jean Clouet
Jean Cluzel
Henri Collard
Charles-Henri de Cossé-Brissac
Jean-Patrick Courtois
Pierre Croze
Charles de Cuttoli
Philippe Darniche
Marcel Daunay
Désiré Debavelaere
Luc Dejoie
Jean Delaneau
Jean-Paul Delevoye
Jacques Delong
Michelle Demessine
Fernand Demilly
Christian Demuynck
Marcel Deneux
Charles Descours
Georges Dessaigne
André Diligent
Jacques Dominati
Michel Doublet
Alain Dufaut
Xavier Dugoin
André Dulait
Ambroise Dupont
Hubert Durand-Chastel
Daniel Eckenspieller
André Egu
Jean-Paul Emin
Jean-Paul Emorine
Hubert Falco
Pierre Fauchon
Jean Faure
Guy Fischer
Hilaire Flandre
Jean-Pierre Fourcade
Alfred Foy
Serge Franchis
Philippe François
Jean François-Poncet
Jacqueline Fraysse-Cazalis
Yann Gaillard
Philippe de Gaulle
Patrice Gélard
Jacques Genton
Alain Gérard
François Gerbaud
François Giacobbi
Charles Ginésy
Jean-Marie Girault
Daniel Goulet
Alain Gournac
Adrien Gouteyron
Jean Grandon
Francis Grignon
Georges Gruillot
Yves Guéna
Jacques Habert
Hubert Haenel
Emmanuel Hamel
Anne Heinis
Marcel Henry
Pierre Hérisson
Rémi Herment
Daniel Hoeffel
Jean Huchon
Bernard Hugo
Jean-Paul Hugot
Claude Huriet
Roger Husson
Jean-Jacques Hyest
Pierre Jeambrun
Charles Jolibois
Bernard Joly
André Jourdain
Alain Joyandet
Christian de La Malène
Jean-Philippe Lachenaud
Pierre Laffitte
Pierre Lagourgue
Alain Lambert
Lucien Lanier
Jacques Larché
Gérard Larcher
Edmond Lauret
René-Georges Laurin
Henri Le Breton
Jean-François Le Grand
Edouard Le Jeune
Dominique Leclerc
Jacques Legendre
Guy Lemaire
Marcel Lesbros
François Lesein
Félix Leyzour
Maurice Lombard
Paul Loridant
Jean-Louis Lorrain
Simon Loueckhote
Roland du Luart
Hélène Luc
Jacques Machet
Jean Madelain
Kléber Malécot
André Maman
Philippe Marini
René Marquès
Pierre Martin
Paul Masson
François Mathieu
Serge Mathieu
Jacques de Menou
Louis Mercier
Michel Mercier
Lucette Michaux-Chevry
Daniel Millaud
Louis Minetti
Louis Moinard
Georges Mouly
Philippe Nachbar
Lucien Neuwirth
Nelly Olin
Paul d'Ornano
Joseph Ostermann
Georges Othily
Jacques Oudin
Robert Pagès
Sosefo Makapé Papilio
Charles Pasqua
Michel Pelchat
Jean Pépin
Alain Peyrefitte
Bernard Plasait
Régis Ploton
Alain Pluchet
Jean-Marie Poirier
Guy Poirieux
Christian Poncelet
Jean Pourchet
André Pourny
Jean Puech
Henri de Raincourt
Jack Ralite
Jean-Marie Rausch
Ivan Renar
Victor Reux
Charles Revet
Henri Revol
Philippe Richert
Roger Rigaudière
Guy Robert
Jean-Jacques Robert
Jacques Rocca Serra
Louis-Ferdinand de Rocca Serra
Josselin de Rohan
Michel Rufin
Jean-Pierre Schosteck
Maurice Schumann
Bernard Seillier
Raymond Soucaret
Michel Souplet
Louis Souvet
Martial Taugourdeau
Henri Torre
René Trégouët
François Trucy
Alex Türk


Maurice Ulrich
Jacques Valade
André Vallet
Alain Vasselle
Albert Vecten
Jean-Pierre Vial
Robert-Paul Vigouroux
Xavier de Villepin
Serge Vinçon

Ont voté contre


Guy Allouche
François Autain
Germain Authié
Robert Badinter
Jean-Michel Baylet
Monique ben Guiga
Maryse Bergé-Lavigne
Jean Besson
Jacques Bialski
Pierre Biarnès
Marcel Bony
André Boyer
Jean-Louis Carrère
Robert Castaing
Francis Cavalier-Benezet
Gilbert Chabroux
Michel Charasse
Marcel Charmant
Michel Charzat
William Chervy
Yvon Collin
Raymond Courrière
Roland Courteau
Marcel Debarge
Bertrand Delanoë
Gérard Delfau
Jean-Pierre Demerliat
Rodolphe Désiré
Marie-Madeleine Dieulangard
Michel Dreyfus-Schmidt
Josette Durrieu
Bernard Dussaut
Joëlle Dusseau
Claude Estier
Léon Fatous
Aubert Garcia
Claude Haut
Roland Huguet
Philippe Labeyrie
Dominique Larifla
Guy Lèguevaques
Claude Lise
Philippe Madrelle
Jacques Mahéas
Michel Manet
Jean-Pierre Masseret
Marc Massion
Pierre Mauroy
Georges Mazars
Jean-Luc Mélenchon
Gérard Miquel
Michel Moreigne
Jean-Marc Pastor
Guy Penne
Daniel Percheron
Jean Peyrafitte
Jean-Claude Peyronnet
Louis Philibert
Bernard Piras
Danièle Pourtaud
Gisèle Printz
Roger Quilliot
Paul Raoult
René Régnault
Alain Richard
Roger Rinchet
Michel Rocard
Gérard Roujas
René Rouquet
André Rouvière
Claude Saunier
Michel Sergent
Franck Sérusclat
René-Pierre Signé
Fernand Tardy
André Vezinhet
Marcel Vidal
Henri Weber

N'ont pas pris part au vote


MM. Jean-Pierre Lafond, Claude Pradille et Paul Vergès.

N'ont pas pris part au vote


MM. René Monory, président du Sénat, et Paul Girod, qui présidait la séance.


Les nombres annoncés en séance avaient été de :
Nombre de votants : 315
Nombre de suffrages exprimés : 315
Majorité absolue des suffrages exprimés : 158
Pour l'adoption : 238
Contre : 77

Mais, après vérification, ces nombres ont été rectifiés, conformément à la liste ci-dessus.

SCRUTIN (n° 15)



sur l'amendement n° 38, présenté par M. Philippe Adnot, au nom de la commission des finances, à l'article 23 bis du projet de loi, modifié par l'Assemblée nationale, sur l'air et l'utilisation rationnelle de l'énergie. (Elargissement à tous les véhicules des aides aux exploitants de réseaux de transports en commun.)


Nombre de votants : 316
Nombre de suffrages exprimés : 316
Pour : 316
Contre : 0

Le Sénat a adopté.

ANALYSE DU SCRUTIN


GROUPE COMMUNISTE RÉPUBLICAIN ET CITOYEN (15) :
Pour : 15.

GROUPE DU RASSEMBLEMENT DÉMOCRATIQUE ET SOCIAL EUROPÉEN (23) :

Pour : 22.
N'a pas pris part au vote : 1. _ M. Paul Girod, qui présidait la séance.

GROUPE DU RASSEMBLEMENT POUR LA RÉPUBLIQUE (94) :

Pour : 94.

GROUPE SOCIALISTE (75) :

Pour : 74.
N'a pas pris part au vote : 1. _ M. Claude Pradille.

GROUPE DE L'UNION CENTRISTE (60) :

Pour : 59.
N'a pas pris part au vote : 1. _ M. René Monory, président du Sénat.

GROUPE DES RÉPUBLICAINS ET INDÉPENDANTS (44) :

Pour : 44.

Sénateurs ne figurant sur la liste d'aucun groupe (10) :

Pour : 8.
N'ont pas pris part au vote : 2. _ MM. Jean-Pierre Lafond et Paul Vergès.

Ont voté pour


François Abadie
Nicolas About
Philippe Adnot
Michel Alloncle
Guy Allouche
Louis Althapé
Jean-Paul Amoudry
Philippe Arnaud
Alphonse Arzel
François Autain
Germain Authié
Robert Badinter
Denis Badré
Honoré Bailet
José Balarello
René Ballayer
Bernard Barbier
Janine Bardou
Bernard Barraux
Jacques Baudot
Jean-Michel Baylet
Marie-Claude Beaudeau
Jean-Luc Bécart
Michel Bécot
Henri Belcour
Claude Belot
Monique ben Guiga
Georges Berchet
Maryse Bergé-Lavigne
Jean Bernadaux
Jean Bernard
Daniel Bernardet
Roger Besse
Jean Besson
Jacques Bialski
Pierre Biarnès
Danielle Bidard-Reydet
Claude Billard
Jacques Bimbenet
Jean Bizet
François Blaizot
Paul Blanc
Maurice Blin
Annick Bocandé
André Bohl
Christian Bonnet
Marcel Bony
James Bordas
Didier Borotra
Nicole Borvo
Joël Bourdin
Yvon Bourges
Philippe de Bourgoing
André Boyer
Jean Boyer
Louis Boyer
Jacques Braconnier
Gérard Braun
Dominique Braye
Paulette Brisepierre
Guy Cabanel
Michel Caldaguès
Robert Calmejane
Jean-Pierre Camoin
Jean-Pierre Cantegrit
Jean-Claude Carle
Jean-Louis Carrère
Robert Castaing
Francis Cavalier-Benezet
Auguste Cazalet
Charles Ceccaldi-Raynaud
Gérard César
Gilbert Chabroux
Michel Charasse
Marcel Charmant
Michel Charzat
Jacques Chaumont
Jean Chérioux
William Chervy
Marcel-Pierre Cleach
Jean Clouet
Jean Cluzel
Henri Collard
Yvon Collin
Charles-Henri de Cossé-Brissac
Raymond Courrière
Roland Courteau
Jean-Patrick Courtois
Pierre Croze
Charles de Cuttoli
Philippe Darniche
Marcel Daunay
Marcel Debarge
Désiré Debavelaere
Luc Dejoie
Jean Delaneau
Bertrand Delanoë
Jean-Paul Delevoye
Gérard Delfau
Jacques Delong
Jean-Pierre Demerliat
Michelle Demessine
Fernand Demilly
Christian Demuynck
Marcel Deneux
Charles Descours
Rodolphe Désiré
Georges Dessaigne
Marie-Madeleine Dieulangard
André Diligent
Jacques Dominati
Michel Doublet
Michel Dreyfus-Schmidt
Alain Dufaut
Xavier Dugoin
André Dulait
Ambroise Dupont
Hubert Durand-Chastel
Josette Durrieu
Bernard Dussaut
Joëlle Dusseau
Daniel Eckenspieller
André Egu
Jean-Paul Emin
Jean-Paul Emorine
Claude Estier
Hubert Falco
Léon Fatous
Pierre Fauchon
Jean Faure
Guy Fischer
Hilaire Flandre
Jean-Pierre Fourcade
Alfred Foy
Serge Franchis
Philippe François
Jean François-Poncet
Jacqueline Fraysse-Cazalis
Yann Gaillard
Aubert Garcia
Philippe de Gaulle
Patrice Gélard
Jacques Genton
Alain Gérard
François Gerbaud
François Giacobbi
Charles Ginésy
Jean-Marie Girault
Daniel Goulet
Alain Gournac
Adrien Gouteyron
Jean Grandon
Francis Grignon
Georges Gruillot
Yves Guéna
Jacques Habert
Hubert Haenel
Emmanuel Hamel
Claude Haut
Anne Heinis
Marcel Henry
Pierre Hérisson
Rémi Herment
Daniel Hoeffel
Jean Huchon
Bernard Hugo
Jean-Paul Hugot
Roland Huguet
Claude Huriet
Roger Husson
Jean-Jacques Hyest
Pierre Jeambrun
Charles Jolibois
Bernard Joly
André Jourdain
Alain Joyandet
Christian de La Malène
Philippe Labeyrie
Jean-Philippe Lachenaud
Pierre Laffitte
Pierre Lagourgue
Alain Lambert
Lucien Lanier
Jacques Larché
Gérard Larcher
Dominique Larifla
Edmond Lauret
René-Georges Laurin
Henri Le Breton
Jean-François Le Grand
Edouard Le Jeune
Dominique Leclerc
Jacques Legendre
Guy Lèguevaques
Guy Lemaire
Marcel Lesbros
François Lesein
Félix Leyzour
Claude Lise
Maurice Lombard
Paul Loridant
Jean-Louis Lorrain
Simon Loueckhote
Roland du Luart
Hélène Luc
Jacques Machet
Jean Madelain
Philippe Madrelle
Jacques Mahéas
Kléber Malécot
André Maman
Michel Manet
Philippe Marini
René Marquès
Pierre Martin
Jean-Pierre Masseret
Marc Massion
Paul Masson
François Mathieu
Serge Mathieu
Pierre Mauroy
Georges Mazars
Jean-Luc Mélenchon
Jacques de Menou
Louis Mercier
Michel Mercier
Lucette Michaux-Chevry
Daniel Millaud
Louis Minetti
Gérard Miquel
Louis Moinard
Michel Moreigne
Georges Mouly
Philippe Nachbar
Lucien Neuwirth
Nelly Olin
Paul d'Ornano
Joseph Ostermann
Georges Othily
Jacques Oudin
Robert Pagès
Sosefo Makapé Papilio
Charles Pasqua
Jean-Marc Pastor
Michel Pelchat
Guy Penne
Jean Pépin
Daniel Percheron
Jean Peyrafitte
Alain Peyrefitte
Jean-Claude Peyronnet
Louis Philibert
Bernard Piras
Bernard Plasait
Régis Ploton
Alain Pluchet
Jean-Marie Poirier
Guy Poirieux
Christian Poncelet
Jean Pourchet
André Pourny
Danièle Pourtaud
Gisèle Printz
Jean Puech
Roger Quilliot
Henri de Raincourt
Jack Ralite
Paul Raoult
Jean-Marie Rausch
René Régnault
Ivan Renar
Victor Reux
Charles Revet
Henri Revol
Alain Richard
Philippe Richert
Roger Rigaudière
Roger Rinchet
Guy Robert
Jean-Jacques Robert
Michel Rocard
Jacques Rocca Serra
Louis-Ferdinand de Rocca Serra
Josselin de Rohan
Gérard Roujas
René Rouquet
André Rouvière
Michel Rufin
Claude Saunier
Jean-Pierre Schosteck
Maurice Schumann
Bernard Seillier
Michel Sergent
Franck Sérusclat
René-Pierre Signé
Raymond Soucaret
Michel Souplet
Louis Souvet
Fernand Tardy
Martial Taugourdeau
Henri Torre
René Trégouët
François Trucy
Alex Türk
Maurice Ulrich
Jacques Valade
André Vallet
Alain Vasselle
Albert Vecten
André Vezinhet
Jean-Pierre Vial
Marcel Vidal
Robert-Paul Vigouroux
Xavier de Villepin
Serge Vinçon
Henri Weber

N'ont pas pris part au vote


MM. Jean-Pierre Lafond, Claude Pradille et Paul Vergès.

N'ont pas pris part au vote


MM. René Monory, président du Sénat. et Paul Girod, qui présidait la séance.


Les nombres annoncés en séance ont été reconnus, après vérification, conformes à la liste de scrutin ci-dessus.

SCRUTIN (n° 16)



sur les amendements n° 31, présenté par M. Philippe François, au nom de la commission des affaires économiques et du plan, et n° 39, présenté par M. Philippe Adnot, au nom de la commission des finances, à l'article 25 du projet de loi, modifié par l'Assemblée nationale, sur l'air et l'utilisation rationnelle de l'énergie (faculté d'exonération pour les véhicules non polluants de la vignette automobile).



Nombre de votants : 316
Nombre de suffrages exprimés : 316
Pour : 238
Contre : 78

Le Sénat a adopté.

ANALYSE DU SCRUTIN


GROUPE COMMUNISTE RÉPUBLICAIN ET CITOYEN (15) :
Pour : 15.

GROUPE DU RASSEMBLEMENT DÉMOCRATIQUE ET SOCIAL EUROPÉEN (23) :

Pour : 19.
Contre : 4. _ MM. Jean-Michel Baylet, André Boyer, Yvon Collin et Mme Joëlle Dusseau.

GROUPE DU RASSEMBLEMENT POUR LA RÉPUBLIQUE (94) :

Pour : 94.

GROUPE SOCIALISTE (75) :

Contre : 74.
N'a pas pris part au vote : 1. _ M. Claude Pradille.

GROUPE DE L'UNION CENTRISTE (60) :

Pour : 59.
N'a pas pris part au vote : 1. _ M. René Monory, président du Sénat.

GROUPE DES RÉPUBLICAINS ET INDÉPENDANTS (44) :

Pour : 43.
N'a pas pris part au vote : 1. _ M. Jean Delaneau, qui présidait la séance.

Sénateurs ne figurant sur la liste d'aucun groupe (10) :

Pour : 8.
N'ont pas pris part au vote : 2. _ MM. Jean-Pierre Lafond et Paul Vergès.

Ont voté pour


François Abadie
Nicolas About
Philippe Adnot
Michel Alloncle
Louis Althapé
Jean-Paul Amoudry
Philippe Arnaud
Alphonse Arzel
Denis Badré
Honoré Bailet
José Balarello
René Ballayer
Bernard Barbier
Janine Bardou
Bernard Barraux
Jacques Baudot
Marie-Claude Beaudeau
Jean-Luc Bécart
Michel Bécot
Henri Belcour
Claude Belot
Georges Berchet
Jean Bernadaux
Jean Bernard
Daniel Bernardet
Roger Besse
Danielle Bidard-Reydet
Claude Billard
Jacques Bimbenet
Jean Bizet
François Blaizot
Paul Blanc
Maurice Blin
Annick Bocandé
André Bohl
Christian Bonnet
James Bordas
Didier Borotra
Nicole Borvo
Joël Bourdin
Yvon Bourges
Philippe de Bourgoing
Jean Boyer
Louis Boyer
Jacques Braconnier
Gérard Braun
Dominique Braye
Paulette Brisepierre
Guy Cabanel
Michel Caldaguès
Robert Calmejane
Jean-Pierre Camoin
Jean-Pierre Cantegrit
Jean-Claude Carle
Auguste Cazalet
Charles Ceccaldi-Raynaud
Gérard César
Jacques Chaumont
Jean Chérioux
Marcel-Pierre Cleach
Jean Clouet
Jean Cluzel
Henri Collard
Charles-Henri de Cossé-Brissac
Jean-Patrick Courtois
Pierre Croze
Charles de Cuttoli
Philippe Darniche
Marcel Daunay
Désiré Debavelaere
Luc Dejoie
Jean-Paul Delevoye
Jacques Delong
Michelle Demessine
Fernand Demilly
Christian Demuynck
Marcel Deneux
Charles Descours
Georges Dessaigne
André Diligent
Jacques Dominati
Michel Doublet
Alain Dufaut
Xavier Dugoin
André Dulait
Ambroise Dupont
Hubert Durand-Chastel
Daniel Eckenspieller
André Egu
Jean-Paul Emin
Jean-Paul Emorine
Hubert Falco
Pierre Fauchon
Jean Faure
Guy Fischer
Hilaire Flandre
Jean-Pierre Fourcade
Alfred Foy
Serge Franchis
Philippe François
Jean François-Poncet
Jacqueline Fraysse-Cazalis
Yann Gaillard
Philippe de Gaulle
Patrice Gélard
Jacques Genton
Alain Gérard
François Gerbaud
François Giacobbi
Charles Ginésy
Jean-Marie Girault
Paul Girod
Daniel Goulet
Alain Gournac
Adrien Gouteyron
Jean Grandon
Francis Grignon
Georges Gruillot
Yves Guéna
Jacques Habert
Hubert Haenel
Emmanuel Hamel
Anne Heinis
Marcel Henry
Pierre Hérisson
Rémi Herment
Daniel Hoeffel
Jean Huchon
Bernard Hugo
Jean-Paul Hugot
Claude Huriet
Roger Husson
Jean-Jacques Hyest
Pierre Jeambrun
Charles Jolibois
Bernard Joly
André Jourdain
Alain Joyandet
Christian de La Malène
Jean-Philippe Lachenaud
Pierre Laffitte
Pierre Lagourgue
Alain Lambert
Lucien Lanier
Jacques Larché
Gérard Larcher
Edmond Lauret
René-Georges Laurin
Henri Le Breton
Jean-François Le Grand
Edouard Le Jeune
Dominique Leclerc
Jacques Legendre
Guy Lemaire
Marcel Lesbros
François Lesein
Félix Leyzour
Maurice Lombard
Paul Loridant
Jean-Louis Lorrain
Simon Loueckhote
Roland du Luart
Hélène Luc
Jacques Machet
Jean Madelain
Kléber Malécot
André Maman
Philippe Marini
René Marquès
Pierre Martin
Paul Masson
François Mathieu
Serge Mathieu
Jacques de Menou
Louis Mercier
Michel Mercier
Lucette Michaux-Chevry
Daniel Millaud
Louis Minetti
Louis Moinard
Georges Mouly
Philippe Nachbar
Lucien Neuwirth
Nelly Olin
Paul d'Ornano
Joseph Ostermann
Georges Othily
Jacques Oudin
Robert Pagès
Sosefo Makapé Papilio
Charles Pasqua
Michel Pelchat
Jean Pépin
Alain Peyrefitte
Bernard Plasait
Régis Ploton
Alain Pluchet
Jean-Marie Poirier
Guy Poirieux
Christian Poncelet
Jean Pourchet
André Pourny
Jean Puech
Henri de Raincourt
Jack Ralite
Jean-Marie Rausch
Ivan Renar
Victor Reux
Charles Revet
Henri Revol
Philippe Richert
Roger Rigaudière
Guy Robert
Jean-Jacques Robert
Jacques Rocca Serra
Louis-Ferdinand de Rocca Serra
Josselin de Rohan
Michel Rufin
Jean-Pierre Schosteck
Maurice Schumann
Bernard Seillier
Raymond Soucaret
Michel Souplet
Louis Souvet
Martial Taugourdeau
Henri Torre
René Trégouët
François Trucy
Alex Türk


Maurice Ulrich
Jacques Valade
André Vallet
Alain Vasselle
Albert Vecten
Jean-Pierre Vial
Robert-Paul Vigouroux
Xavier de Villepin
Serge Vinçon

Ont voté contre


Guy Allouche
François Autain
Germain Authié
Robert Badinter
Jean-Michel Baylet
Monique ben Guiga
Maryse Bergé-Lavigne
Jean Besson
Jacques Bialski
Pierre Biarnès
Marcel Bony
André Boyer
Jean-Louis Carrère
Robert Castaing
Francis Cavalier-Benezet
Gilbert Chabroux
Michel Charasse
Marcel Charmant
Michel Charzat
William Chervy
Yvon Collin
Raymond Courrière
Roland Courteau
Marcel Debarge
Bertrand Delanoë
Gérard Delfau
Jean-Pierre Demerliat
Rodolphe Désiré
Marie-Madeleine Dieulangard
Michel Dreyfus-Schmidt
Josette Durrieu
Bernard Dussaut
Joëlle Dusseau
Claude Estier
Léon Fatous
Aubert Garcia
Claude Haut
Roland Huguet
Philippe Labeyrie
Dominique Larifla
Guy Lèguevaques
Claude Lise
Philippe Madrelle
Jacques Mahéas
Michel Manet
Jean-Pierre Masseret
Marc Massion
Pierre Mauroy
Georges Mazars
Jean-Luc Mélenchon
Gérard Miquel
Michel Moreigne
Jean-Marc Pastor
Guy Penne
Daniel Percheron
Jean Peyrafitte
Jean-Claude Peyronnet
Louis Philibert
Bernard Piras
Danièle Pourtaud
Gisèle Printz
Roger Quilliot
Paul Raoult
René Régnault
Alain Richard
Roger Rinchet
Michel Rocard
Gérard Roujas
René Rouquet
André Rouvière
Claude Saunier
Michel Sergent
Franck Sérusclat
René-Pierre Signé
Fernand Tardy
André Vezinhet
Marcel Vidal
Henri Weber

N'ont pas pris part au vote


MM. Jean-Pierre Lafond, Claude Pradille et Paul Vergès.

N'ont pas pris part au vote


MM. René Monory, président du Sénat, et Jean Delaneau, qui présidait la séance.


Les nombres annoncés en séance avaient été de :
Nombre de votants : 317
Nombre de suffrages exprimés : 317
Majorité absolue des suffrages exprimés : 159
Pour l'adoption : 239
Contre : 78

Mais, après vérification, ces nombres ont été rectifiés, conformément à la liste ci-dessus.

SCRUTIN (n° 17)



sur les amendements n° 32, présenté par M. Philippe François, au nom de la commission des affaires économiques et du plan, et n° 40, présenté par M. Philippe Adnot, au nom de la commission des finances, tendant à supprimer l'article 26 du projet de loi, modifié par l'Assemblée nationale, sur l'air et l'utilisation rationnelle de l'énergie (faculté d'exonération pour les véhicules non polluants de la carte grise).


Nombre de votants : 316
Nombre de suffrages exprimés : 316
Pour : 238
Contre : 78

Le Sénat a adopté.

ANALYSE DU SCRUTIN


GROUPE COMMUNISTE RÉPUBLICAIN ET CITOYEN (15) :
Pour : 15.

GROUPE DU RASSEMBLEMENT DÉMOCRATIQUE ET SOCIAL EUROPÉEN (23) :

Pour : 19.
Contre : 4. _ MM. Jean-Michel Baylet, André Boyer, Yvon Collin et Mme Joëlle Dusseau.

GROUPE DU RASSEMBLEMENT POUR LA RÉPUBLIQUE (94) :

Pour : 94.

GROUPE SOCIALISTE (75) :

Contre : 74.
N'a pas pris part au vote : 1. _ M. Claude Pradille.

GROUPE DE L'UNION CENTRISTE (60) :

Pour : 59.
N'a pas pris part au vote : 1. _ M. René Monory, président du Sénat.

GROUPE DES RÉPUBLICAINS ET INDÉPENDANTS (44) :

Pour : 43.
N'a pas pris part au vote : 1. _ M. Jean Delaneau, qui présidait la séance.

Sénateurs ne figurant sur la liste d'aucun groupe (10) :

Pour : 8.
N'ont pas pris part au vote : 2. _ MM. Jean-Pierre Lafond et Paul Vergès.

Ont voté pour


François Abadie
Nicolas About
Philippe Adnot
Michel Alloncle
Louis Althapé
Jean-Paul Amoudry
Philippe Arnaud
Alphonse Arzel
Denis Badré
Honoré Bailet
José Balarello
René Ballayer
Bernard Barbier
Janine Bardou
Bernard Barraux
Jacques Baudot
Marie-Claude Beaudeau
Jean-Luc Bécart
Michel Bécot
Henri Belcour
Claude Belot
Georges Berchet
Jean Bernadaux
Jean Bernard
Daniel Bernardet
Roger Besse
Danielle Bidard-Reydet
Claude Billard
Jacques Bimbenet
Jean Bizet
François Blaizot
Paul Blanc
Maurice Blin
Annick Bocandé
André Bohl
Christian Bonnet
James Bordas
Didier Borotra
Nicole Borvo
Joël Bourdin
Yvon Bourges
Philippe de Bourgoing
Jean Boyer
Louis Boyer
Jacques Braconnier
Gérard Braun
Dominique Braye
Paulette Brisepierre
Guy Cabanel
Michel Caldaguès
Robert Calmejane
Jean-Pierre Camoin
Jean-Pierre Cantegrit
Jean-Claude Carle
Auguste Cazalet
Charles Ceccaldi-Raynaud
Gérard César
Jacques Chaumont
Jean Chérioux
Marcel-Pierre Cleach
Jean Clouet
Jean Cluzel
Henri Collard
Charles-Henri de Cossé-Brissac
Jean-Patrick Courtois
Pierre Croze
Charles de Cuttoli
Philippe Darniche
Marcel Daunay
Désiré Debavelaere
Luc Dejoie
Jean-Paul Delevoye
Jacques Delong
Michelle Demessine
Fernand Demilly
Christian Demuynck
Marcel Deneux
Charles Descours
Georges Dessaigne
André Diligent
Jacques Dominati
Michel Doublet
Alain Dufaut
Xavier Dugoin
André Dulait
Ambroise Dupont
Hubert Durand-Chastel
Daniel Eckenspieller
André Egu
Jean-Paul Emin
Jean-Paul Emorine
Hubert Falco
Pierre Fauchon
Jean Faure
Guy Fischer
Hilaire Flandre
Jean-Pierre Fourcade
Alfred Foy
Serge Franchis
Philippe François
Jean François-Poncet
Jacqueline Fraysse-Cazalis
Yann Gaillard
Philippe de Gaulle
Patrice Gélard
Jacques Genton
Alain Gérard
François Gerbaud
François Giacobbi
Charles Ginésy
Jean-Marie Girault
Paul Girod
Daniel Goulet
Alain Gournac
Adrien Gouteyron
Jean Grandon
Francis Grignon
Georges Gruillot
Yves Guéna
Jacques Habert
Hubert Haenel
Emmanuel Hamel
Anne Heinis
Marcel Henry
Pierre Hérisson
Rémi Herment
Daniel Hoeffel
Jean Huchon
Bernard Hugo
Jean-Paul Hugot
Claude Huriet
Roger Husson
Jean-Jacques Hyest
Pierre Jeambrun
Charles Jolibois
Bernard Joly
André Jourdain
Alain Joyandet
Christian de La Malène
Jean-Philippe Lachenaud
Pierre Laffitte
Pierre Lagourgue
Alain Lambert
Lucien Lanier
Jacques Larché
Gérard Larcher
Edmond Lauret
René-Georges Laurin
Henri Le Breton
Jean-François Le Grand
Edouard Le Jeune
Dominique Leclerc
Jacques Legendre
Guy Lemaire
Marcel Lesbros
François Lesein
Félix Leyzour
Maurice Lombard
Paul Loridant
Jean-Louis Lorrain
Simon Loueckhote
Roland du Luart
Hélène Luc
Jacques Machet
Jean Madelain
Kléber Malécot
André Maman
Philippe Marini
René Marquès
Pierre Martin
Paul Masson
François Mathieu
Serge Mathieu
Jacques de Menou
Louis Mercier
Michel Mercier
Lucette Michaux-Chevry
Daniel Millaud
Louis Minetti
Louis Moinard
Georges Mouly
Philippe Nachbar
Lucien Neuwirth
Nelly Olin
Paul d'Ornano
Joseph Ostermann
Georges Othily
Jacques Oudin
Robert Pagès
Sosefo Makapé Papilio
Charles Pasqua
Michel Pelchat
Jean Pépin
Alain Peyrefitte
Bernard Plasait
Régis Ploton
Alain Pluchet
Jean-Marie Poirier
Guy Poirieux
Christian Poncelet
Jean Pourchet
André Pourny
Jean Puech
Henri de Raincourt
Jack Ralite
Jean-Marie Rausch
Ivan Renar
Victor Reux
Charles Revet
Henri Revol
Philippe Richert
Roger Rigaudière
Guy Robert
Jean-Jacques Robert
Jacques Rocca Serra
Louis-Ferdinand de Rocca Serra
Josselin de Rohan
Michel Rufin
Jean-Pierre Schosteck
Maurice Schumann
Bernard Seillier
Raymond Soucaret
Michel Souplet
Louis Souvet
Martial Taugourdeau
Henri Torre
René Trégouët
François Trucy
Alex Türk


Maurice Ulrich
Jacques Valade
André Vallet
Alain Vasselle
Albert Vecten
Jean-Pierre Vial
Robert-Paul Vigouroux
Xavier de Villepin
Serge Vinçon

Ont voté contre


Guy Allouche
François Autain
Germain Authié
Robert Badinter
Jean-Michel Baylet
Monique ben Guiga
Maryse Bergé-Lavigne
Jean Besson
Jacques Bialski
Pierre Biarnès
Marcel Bony
André Boyer
Jean-Louis Carrère
Robert Castaing
Francis Cavalier-Benezet
Gilbert Chabroux
Michel Charasse
Marcel Charmant
Michel Charzat
William Chervy
Yvon Collin
Raymond Courrière
Roland Courteau
Marcel Debarge
Bertrand Delanoë
Gérard Delfau
Jean-Pierre Demerliat
Rodolphe Désiré
Marie-Madeleine Dieulangard
Michel Dreyfus-Schmidt
Josette Durrieu
Bernard Dussaut
Joëlle Dusseau
Claude Estier
Léon Fatous
Aubert Garcia
Claude Haut
Roland Huguet
Philippe Labeyrie
Dominique Larifla
Guy Lèguevaques
Claude Lise
Philippe Madrelle
Jacques Mahéas
Michel Manet
Jean-Pierre Masseret
Marc Massion
Pierre Mauroy
Georges Mazars
Jean-Luc Mélenchon
Gérard Miquel
Michel Moreigne
Jean-Marc Pastor
Guy Penne
Daniel Percheron
Jean Peyrafitte
Jean-Claude Peyronnet
Louis Philibert
Bernard Piras
Danièle Pourtaud
Gisèle Printz
Roger Quilliot
Paul Raoult
René Régnault
Alain Richard
Roger Rinchet
Michel Rocard
Gérard Roujas
René Rouquet
André Rouvière
Claude Saunier
Michel Sergent
Franck Sérusclat
René-Pierre Signé
Fernand Tardy
André Vezinhet
Marcel Vidal
Henri Weber

N'ont pas pris part au vote


MM. Jean-Pierre Lafond, Claude Pradille et Paul Vergès.

N'ont pas pris part au vote


MM. René Monory, président du Sénat, et Jean Delaneau, qui présidait la séance.


Les nombres annoncés en séance avaient été de :
Nombre de votants : 317
Nombre de suffrages exprimés : 317
Majorité absolue des suffrages exprimés : 159
Pour l'adoption : 239
Contre : 78

Mais, après vérification, ces nombres ont été rectifiés, conformément à la liste ci-dessus.