RAPPEL AU RÈGLEMENT
M. Emmanuel Hamel.
Je demande la parole pour un rappel au règlement.
M. le président.
La parole est à M. Hamel.
M. Emmanuel Hamel.
Madame le ministre, mon rappel au règlement sera bref, mais - vous le
comprendrez certainement - exprimé avec gravité : depuis le 21 août dernier,
six ou sept descendants de harkis font la grève de la faim sur l'esplanade des
Invalides, ce haut lieu de notre histoire, interpellant à travers leur
souffrance et leur jeûne la France tout entière sur la manière dont elle s'est
comportée depuis trente-cinq ans face aux problèmes dramatiques qu'ont connus
les harkis.
Vous avez désigné un inspecteur général des affaires sociales pour que,
prenant contact avec eux, il tente de leur faire cesser leur grève de la
faim.
Une grève de la faim d'une durée d'un mois constitue déjà véritablement - les
médecins présents dans cette assemblée pourraient l'attester - un risque grave
de perturbation physique définitive. Mais peut-être même les descendants de
harkis, tendus dans l'espoir que la France reconnaisse enfin ce qu'ont fait
leurs pères pour la France et les traite autrement, risquent-ils de continuer
encore.
Madame le ministre, je vous demande donc instamment de faire en sorte que des
contacts soient pris avec ces descendants de harkis et qu'une attitude soit
définie afin que cesse cette grève, car si, par malheur, certains d'entre eux
devaient en mourir, nous en serions tous responsables par l'attente mise à
donner une réponse dont nous comprenons qu'elle doit être positive,
véritablement positive !
(Très bien ! et applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et
Indépendants et de l'Union centriste, ainsi que sur certaines travées du
RDSE.)
M. le président.
Mon cher collègue, je vous donne acte de votre rappel au règlement.
Mme Martine Aubry,
ministre de l'emploi et de la solidarité.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à Mme le ministre.
Mme Martine Aubry,
ministre de l'emploi et de la solidarité.
Monsieur le sénateur, croyez
bien que cette grève qui a commencé au milieu des vacances a retenu mon
attention depuis le début. En effet, tout comme vous, je suis très sensible au
problème des harkis et aux conditions parfois extrêmement difficiles, voire
déplorables, dans lesquelles ils ont été accueillis voilà maintenant des
dizaines d'années dans notre pays.
Je sais aussi les difficultés que connaissent leurs enfants pour trouver un
emploi, s'installer et se loger.
Je voudrais vous dire très simplement les choses : nous sommes en relation
permanente avec les harkis depuis le début de leur grève ; je les ai fait
recevoir trois fois par mon cabinet, et M. Bernard Kouchner est encore allé
voir, voilà quelques jours, ceux qui étaient hospitalisés.
Les descendants de harkis en grève posent deux types de revendications.
Les premières revendications résultent de la façon dont les fonds destinés aux
rapatriés et aux harkis ont été distribués au détriment des harkis ces
dernières années.
M. Gérard Delfau.
Eh oui !
Mme Martine Aubry,
ministre de l'emploi et de la solidarité.
La Cour des comptes a
d'ailleurs soulevé ce problème. Je prends actuellement des mesures pour qu'un
rétablissement des fonds soit opéré vers les harkis, ce qui n'a pas été le cas
- je dois le dire - au cours des derniers mois.
Les secondes revendications sont liées à l'embauche et aux emplois pérennes
que les harkis souhaitent obtenir. Vendredi soir, des propositions leur ont été
faites afin de les assurer que, avec notamment le sous-préfet d'Aix-en-Provence
qui travaille avec eux depuis le début de cette grève et avec M. Lagarrigue,
l'inspecteur général des affaires sociales que j'ai désigné pour traiter leurs
problèmes, nous déployons tous ensemble nos efforts pour trouver une solution à
chacun d'entre eux.
Compte tenu de ces engagements, nous leur avons demandé de suspendre leur
grève. Ils ne l'ont pas souhaité, ce que je regrette, croyez-le bien.
Aujourd'hui, j'ai pris des mesures complémentaires. J'ai notamment demandé la
mise en place d'un soutien médical auprès d'eux, c'est-à-dire la présence
éventuelle d'une ambulance dans l'hypothèse de nouvelles difficultés.
Je souhaitais donc vous dire ceci, monsieur le sénateur : non seulement je
suis sensible aux difficultés des harkis et de leurs enfants, mais je m'emploie
à suivre personnellement et très attentivement le problème de cette grève de la
faim. Je regrette que ces jeunes qui sont désespérés n'aient pas saisi la main
que nous leur tendions pour leur apporter des réponses personnelles afin de
mettre un terme à cette grève de la faim qui peut mettre en danger la vie de
certains.
En tout cas, nous suivons ce problème sur le plan tant des revendications que
du volet sanitaire.
(Applaudissements sur les travées socialistes et sur
certaines travées du groupe communiste républicain et citoyen. - M. Daunay
applaudit également.)
M. Emmanuel Hamel.
Je vous remercie de votre réponse, madame le ministre.
3