SOMMAIRE
PRÉSIDENCE DE M. GÉRARD LARCHER
1.
Procès-verbal
(p.
0
).
2.
Loi de finances pour 1998.
- Suite de la discussion d'un projet de loi (p.
1
).
Demande de réserve (p. 2 )
Demande de réserve de l'article 61 quinquies. - MM. Alain Lambert, rapporteur général de la commission des finances ; Christian Sautter, secrétaire d'Etat au budget. - La réserve est ordonnée.
Articles additionnels après l'article 61 quinquies (p. 3 )
Amendements identiques n°s II-99 rectifié de M. Marini et II-151 rectifié de M.
Arnaud. - MM. Philippe Marini, Philippe Arnaud, le rapporteur général, le
secrétaire d'Etat, René Régnault. - Adoption, par scrutin public, des deux
amendements insérant un article additionnel.
Amendements n°s II-109 de Mme Bardou, II-117 de M. Sergent, II-140
(
priorité
) de M. Belot et sous-amendement n° II-160 de la commission ;
amendement n° II-152 de M. Arnaud. - MM. le rapporteur général, Philippe
Marini, Mme Janine Bardou, MM. Michel Sergent, Philippe Arnaud, le secrétaire
d'Etat. - Demande de priorité de l'amendement n° II-140 ; retrait des
amendements n°s II-152, II-117 et II-109 ; adoption du sous-amendement n°
II-160 et de l'amendement n° II-140 modifié insérant un article additionnel.
Amendement n° II-118 rectifié de M. Courteau. - MM. Roland Courteau, le
rapporteur général, le secrétaire d'Etat. - Retrait.
Amendement n° II-120 de M. Régnault. - MM. René Régnault, le rapporteur
général, le secrétaire d'Etat.- Retrait.
Article 61 sexies (p. 4 )
Mme Marie-Claude Beaudeau, M. le secrétaire d'Etat. Adoption de l'article.
Article additionnel après l'article 61 sexies (p. 5 )
Amendement n° II-116 de M. Régnault. - MM. René Régnault, le rapporteur général, le secrétaire d'Etat. - Retrait.
Articles additionnels avant l'article 61 septies (p. 6 )
Amendements n°s II-122 et II-123 de M. Peyronnet. - MM. Jean-Claude Peyronnet, le rapporteur général, le secrétaire d'Etat. - Retrait des deux amendements.
Article 61 septies (p. 7 )
Amendement n° II-89 de la commission. - MM. le rapporteur général, le secrétaire d'Etat. - Adoption de l'amendement supprimant l'article.
Article additionnel après l'article 61 septies (p. 8 )
Amendement n° II-124 de M. Peyronnet et sous-amendement n° II-162 de M. Charasse. - MM. Jean-Claude Peyronnet, le rapporteur général, le secrétaire d'Etat, Marcel Lesbros, Gérard Delfau, Michel Charasse, Christian Poncelet, président de la commission des finances. - Retrait du sous-amendement et de l'amendement.
Suspension et reprise de la séance (p. 9 )
PRÉSIDENCE DE M. MICHEL DREYFUS-SCHMIDT
3.
Conférence des présidents
(p.
10
).
4.
Candidature à une commission
(p.
11
).
5.
Loi de finances pour 1998.
- Suite de la discussion d'un projet de loi (p.
12
).
Article 61 quinquies (précédemment réservé) (p. 13 )
M. Alain Lambert, rapporteur général de la commission des finances.
Adoption de l'article.
Articles additionnels après l'article 61 septies (suite) (p. 14 )
Amendement n° II-125 de M. Régnault. - MM. René Régnault, le rapporteur général, Christian Sautter, secrétaire d'Etat au budget, Jean Chérioux. - Retrait.
Article 61 octies (p. 15 )
Amendement n° II-90 de la commission. - MM. le rapporteur général, le
secrétaire d'Etat, Paul Loridant. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.
Article 61 nonies (p. 16 )
Amendements n°s II-153 rectifié de M. Arnaud, II-50 de M. Cabanel, II-141 de M.
Camoin et II-126 de M. Delfau. - MM. Philippe Arnaud, François Lesein,
Jean-Pierre Camoin, Gérard Delfau, le rapporteur général, le secrétaire d'Etat,
André Vezinhet. - Rejet des amendements n°s II-153 rectifié et II-50 ; retrait
de l'amendement n° II-141 ; adoption de l'amendement n° II-126.
Adoption de l'article modifié.
Article 61
decies
. - Adoption (p.
17
)
Article additionnel après l'article 61
decies
(p.
18
)
Amendement n° II-42 de M. Amoudry. - MM. Jean-Paul Amoudry, le rapporteur général, le secrétaire d'Etat, Michel Charasse, Paul Loridant, Michel Barnier. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.
Article 64. - Adoption (p.
19
)
Article 65 (p.
20
)
Mme Marie-Claude Beaudeau.
Amendement n° II-154 de M. Souplet. - MM. Jacques Machet, le rapporteur
général, le secrétaire d'Etat. - Retrait.
Amendements identiques n°s II-91 de la commission et II-155 de M. Arnaud ;
amendement n° II-137 de Mme Beaudeau. - MM. le rapporteur général, Philippe
Arnaud, Robert Pagès, le secrétaire d'Etat, Mme Marie-Claude Beaudeau, M. René
Régnault. - Adoption des amendements n°s II-91 et II-155, l'amendement n°
II-137 devenant sans objet.
Adoption de l'article modifié.
PRÉSIDENCE DE M. JEAN DELANEAU
Article 65
bis
. - Adoption (p.
21
)
Articles additionnels après l'article 65
bis
(p.
22
)
Amendement n° II-138 de Mme Beaudeau. - MM. Paul Loridant, le rapporteur
général, le secrétaire d'Etat. - Retrait.
Amendement n° II-139 de Mme Beaudeau. - MM. Paul Loridant, le rapporteur
général, le secrétaire d'Etat. - Retrait.
Article 65
ter
. - Adoption (p.
23
)
Article 66 (p.
24
)
Mme Marie-Claude Beaudeau.
Amendements n°s II-101 de M. Gournac et II-92 de la commission. - MM. Alain
Gournac, la rapporteur général, le secrétaire d'Etat, Marc Massion. - Retrait
de l'amendement n° II-101 ; adoption de l'amendement n° II-92 rédigeant
l'article.
M. Christian Poncelet, président de la commission des finances.
Suspension et reprise de la séance
(p.
25
)
Seconde délibération (p.
26
)
Demande de seconde délibération. - MM. le secrétaire d'Etat, le président de la commission - Adoption.
Suspension et reprise de la séance (p. 27 )
Demande de vote unique sur l'ensemble de la seconde délibération. - M. le secrétaire d'Etat.
Article 27 (p. 28 )
Amendements n°s B-1 à B-21 et B-35 du Gouvernement.
Article 28 (p. 29 )
Amendements n°s B-22 à B-33 du Gouvernement.
Article 30 (p. 30 )
Amendement n° B-34 du Gouvernement.
Article 50 ter (p. 31 )
Amendement n° B-36 du Gouvernement.
Article 25 (coordination) (p. 32 )
Amendement n° B-37 du Gouvernement.
Adoption, par un vote unique, de l'ensemble de la seconde délibération.
Vote sur l'ensemble (p. 33 )
MM. le rapporteur général, le président de la commission, le secrétaire d'Etat.
Suspension et reprise de la séance (p. 34 )
PRÉSIDENCE DE M. RENÉ MONORY
MM. Serge Vinçon, Maurice Blin, Philippe Adnot, Henri de Raincourt, René
Régnault, Guy Cabanel, Mme Hélène Luc, MM. Yvon Collin, le secrétaire
d'Etat.
Adoption, par scrutin public à la tribune, du projet de loi de finances.
6.
Nomination de membres d'une commission mixte paritaire
(p.
35
).
7.
Nomination d'un membre d'une commission
(p.
36
).
8.
Dépôt de rapports du Gouvernement
(p.
37
).
9.
Transmission d'un projet de loi
(p.
38
).
10.
Dépôt d'une proposition d'acte communautaire
(p.
39
).
11.
Ordre du jour
(p.
40
).
COMPTE RENDU INTÉGRAL
PRÉSIDENCE DE M. GÉRARD LARCHER
vice-président
M. le président.
La séance est ouverte.
(La séance est ouverte à dix heures.)
1
PROCÈS-VERBAL
M. le président.
Le compte rendu analytique de la précédente séance a été distribué.
Il n'y a pas d'observation ?...
Le procès-verbal est adopté sous les réserves d'usage.
2
LOI DE FINANCES POUR 1998
Suite de la discussion d'un projet de loi
M. le président.
L'ordre du jour appelle la suite de la discussion du projet de loi de finances
pour 1998, adopté par l'Assemblée nationale. [n°s 84 et 85 (1997-1998).]
Dans la discussion des articles de la deuxième partie non joints aux crédits,
nous en sommes parvenus à l'examen de l'article 61
quinquies
.
Demande de réserve
M. Alain Lambert,
rapporteur général de la commission des finances, du contrôle budgétaire et
des comptes économiques de la nation.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le rapporteur général.
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Monsieur le président, je demande la réserve de
l'article 61
quinquies
jusqu'à la reprise de la discussion, après le
déjeuner. La commission des finances, pour émettre son avis, doit en effet
disposer d'informations qu'elle pense obtenir au cours de la matinée.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement sur cette demande de réserve ?
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat au budget.
Favorable.
M. le président.
La réserve est ordonnée.
Articles additionnels après l'article 61
quinquies
M. le président.
Je suis saisi de deux amendements identiques.
L'amendement n° II-99 rectifié est présenté par MM. Marini, Vasselle, Dufaut
et Gouteyron.
L'amendement n° II-151 rectifié est déposé par MM. Arnaud, Pourchet, Egu et
les membres du groupe de l'Union centriste.
Tous deux tendent à insérer, après l'article 61
quinquies,
un article
additionnel ainsi rédigé :
« I. - L'article L. 1615-4 du code général des collectivités territoriales est
complété par un alinéa ainsi rédigé :
« Les dépenses d'investissement relatives aux installations de traitement de
déchets exposés, à compter du 1er janvier 1999, par une collectivité
territoriale, un établissement public ou un groupement donne lieu à une
attribution du fonds de compensation pour la taxe sur la valeur ajoutée pour la
part dont ils n'ont pu opérer la déduction en application des règles prévues
pour les personnes redevables de la taxe sur la valeur ajoutée. »
« II. - La perte de recettes résultant du I ci-dessus est compensée par une
majoration, à due concurrence, des droits prévus aux articles 575 et 575 A du
code général des impôts. »
La parole est à M. Marini, pour défendre l'amendement n° II-99 rectifié.
M. Philippe Marini.
Monsieur le président, monsieur le secrétaire d'Etat, mes chers collègues,
l'amendement n° II-99 rectifié concerne un sujet dont nous avons déjà débattu
un certain nombre de fois dans cet hémicycle, et qui concerne les équipements
de traitement et de valorisation des déchets dans le cadre de l'application de
la loi du 13 juillet 1992. Cette dernière, qui oblige à l'élimination des
décharges, implique pour nos communes des programmes d'investissement très
importants en matière de valorisation, de traitement et d'incinération des
déchets.
Or, à cet égard, un problème peut se poser s'agissant de l'accès au Fonds de
compensation pour la TVA, le FCTVA. Les activités de valorisation des déchets
sont logiquement soumises à la TVA, la récupération de celle-ci s'effectuant
par la voie fiscale de droit commun au prorata des recettes de valorisation par
rapport à la totalité de l'activité de traitement, c'est-à-dire pratiquement la
totalité des activités d'un incinérateur.
Pour la partie restante de l'activité, les communes regroupées dans des
structures intercommunales peuvent prétendre à l'éligibilité des dépenses
d'investissement au FCTVA. Or, cette éligibilité n'est admise qu'à la condition
que la part de l'activité assujettie à la TVA reste « accessoire », règle dont
les contours me semblent à ce stade un peu flous.
Selon les circulaires du ministère de l'intérieur et la pratique
administrative, ce caractère accessoire est acquis en-deçà de 20 % du chiffre
d'affaires de l'installation de traitement. Une telle situation est paradoxale
puisque la loi de 1992 a pour objectif d'encourager au maximum la valorisation
des déchets.
Par ailleurs, la pratique fait peser une incertitude sur les plans de
financement des projets de construction d'usines d'incinération. En effet,
l'appréciation du caractère accessoire ou non des recettes de valorisation est
faite
a posteriori
et non
a priori.
Or, monsieur le secrétaire
d'Etat, c'est bien
a priori
que les communes, lorsqu'elles se lancent
dans des affaires représentant des centaines de millions de francs, doivent
monter les plans de financement !
Je citerai l'exemple du syndicat mixte de la vallée de l'Oise, que j'ai
l'honneur de présider : il représente 400 000 habitants pour 400 communes.
C'est donc un énorme syndicat. Le programme d'investissement dans lequel nous
allons nous lancer se monte à 500 millions de francs. Il est donc tout à fait
clair que l'appréciation du caractère accessoire ou non des recettes de
valorisation est un élément déterminant de la décision d'investissement.
C'est la raison pour laquelle Alain Vasselle, Alain Dufaut, Adrien Gouteyron
et moi-même avons déposé l'amendement n° II-99 rectifié, dont l'objet est
d'adapter les règles en vigueur afin que la partie de la TVA non récupérée par
la voie fiscale, supportée sur les investissements relatifs aux installations
de traitement des déchets, puisse ouvrir droit aux attributions du Fonds de
compensation pour la TVA, et ce quelle que soit l'importance de la part des
recettes de valorisation dans le chiffre d'affaires de l'installation de
traitement.
M. le président.
La parole est à M. Arnaud, pour défendre l'amendement n° II-151 rectifié.
M. Philippe Arnaud.
Cet amendement est identique à celui que vient de présenter M. Marini.
Cet amendement, qui n'a d'autre objet que de mettre fin à une situation
paradoxale, peut être considéré à mon avis comme un texte de bon sens.
Il convient, monsieur le secrétaire d'Etat, que l'Etat soit cohérent et ne
pénalise pas les collectivités investissant dans le respect scrupuleux de la
loi et de ses objectifs, au premier rang desquels figure la valorisation des
déchets.
Il est donc souhaitable que l'Etat encourage ces collectivités en leur
permettant de récupérer la TVA sur leurs investissemsents.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission sur les amendements identiques n°s II-99
rectifié et II-151 rectifié ?
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Les amendements n°s II-99 rectifié et II-151 rectifié
constituent, de l'avis de la commission des finances, un indispensable élément
de clarification pour les collectivités investissant dans la construction, très
coûteuse comme chacun le sait, d'usines d'incinération des ordures
ménagères.
En effet, l'éligibilité au FCTVA, ainsi que M. Marini nous l'a expliqué, n'est
admise que si la part des recettes de valorisation reste accessoire,
c'est-à-dire, selon l'interprétation donnée par l'administration, de l'ordre de
20 % du chiffre d'affaires. De plus, la loi sur les déchets fixe un objectif de
valorisation. Il paraît donc logique et conforme à la loi sur les déchets de
lever cette incertitude.
En conséquence, la commission des finances émet un avis favorable sur les
amendements n°s II-99 rectifié et II-151 rectifié, dont la rédaction paraît
répondre à l'objectif recherché.
Je rappelle enfin que, à la connaissance de la commission des finances, les
dispositions présentées dans ces deux amendements n'auraient pas de coût dans
l'immédiat puisque, actuellement, la plupart des installations ont des recettes
de valorisation inférieures à 20 % et bénéficient donc encore du FCTVA.
Il convient néanmoins d'éclairer l'horizon, en particulier pour que les
groupements de communes, qui vont avoir à engager des investissements très
importants en la matière, puissent se sentir encouragés dans la création de ces
installations modernes, lesquelles dépasseront sans doute le seuil que je viens
d'indiquer.
Par conséquent, la commission émet un avis favorable sur les amendements n°s
II-99 rectifié et II-151 rectifié.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements identiques n°s II-99
rectifié et II-151 rectifié ?
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
M. Marini a exposé une situation qui est complexe,
mais qui, contrairement à ce qu'a indiqué M. Arnaud, n'est pas paradoxale.
Il existe des règles générales d'éligibilité au Fonds de compensation pour la
TVA, que je rappellerai, après M. Marini.
Dans le cas où la collectivité locale qui construit un équipement de
traitement des déchets en confie l'exploitation à une entreprise privée selon
un marché de service public, l'équipement est mis à la disposition d'un tiers
et n'est pas bénéficiaire du Fonds de compensation pour la TVA. Il est aussi
possible d'imaginer - c'est le cas compliqué exposé par M. Marini - que la
collectivité exploite en régie directe le service d'enlèvement et de traitement
des ordures ménagères et effectue par ailleurs des opérations de valorisation
de déchets ménagers, opérations qui, elles, sont alors imposées à la TVA et
donnent lieu à remboursement par la voie fiscale.
Nous sommes donc dans une situation hybride dans laquelle les équipements sont
utilisés pour partie pour des activités de service public et pour partie pour
des activités commerciales. Dans ce cas, il est prévu que la taxe non
déductible par la voie fiscale peut, dans certains cas, faire l'objet d'un
remboursement grâce à une attribution du FCTVA dans la limite de la fraction
pour laquelle la TVA n'a pas été déduite fiscalement. Il faut notamment pour
cela - c'est le point en discussion - que l'usine de traitement ne soit
utilisée qu'à titre accessoire pour les besoins de l'activité imposée à la
TVA.
C'est à cet égard que je voudrais apporter une précision à MM. Marini et
Arnaud : le caractère accessoire ou non de l'activité s'apprécie au cas par
cas, avec souplesse, au vu d'un faisceau de critères. Contrairement à ce que
vous avez laissé entendre, il n'y a aucun seuil de 20 % ou autre. Ce dispositif
complexe comporte donc une marge de souplesse que je tiens à souligner.
Donc, selon les choix opérés par les autorités communales, il peut ou non y
avoir attribution du FCTVA.
En conclusion, ne serait-ce qu'au nom de cette simplicité que nous recherchons
tous, il n'est pas utile de prévoir une dérogation à des règles générales
d'éligibilité au FCTVA. C'est pourquoi, vous ayant apporté cette précision, je
vous demande, à l'un comme à l'autre, de retirer votre amendement, faute de
quoi, je suggérerai leur rejet.
M. le président.
Je vais mettre aux voix les amendements identiques n° II-99 rectifié et II-151
rectifié.
M. Philippe Marini.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Marini.
M. Philippe Marini.
Monsieur le secrétaire d'Etat, ce dialogue dure depuis plusieurs années
déjà.
Quel est l'enjeu derrière la valorisation des déchets ménagers ? C'est le prix
que nos concitoyens paieront pour le traitement de leurs ordures ménagères.
C'est le prix que les locataires paieront s'ils sont raccordés au chauffage
urbain.
S'agissant des recettes de valorisation de l'usine d'incinération dont je vous
ai parlé, il s'agira de vente de chaleur pour un site industriel et de vente de
chaleur pour le réseau de chauffage urbain du district urbain de
l'agglomération creilloise. Ce ne sont pas des catégories sociales
particulièrement privilégiées - pensons au plateau Rouher - qui bénéficieront
de l'apport d'énergie à un prix sans doute plus bas que celui qui est pratiqué
actuellement.
Le système, dites-vous, serait compliqué. Peut-être, mais c'est le seul qui
assure la transparence complète. Les syndicats intercommunaux qui sont
confrontés à ce problème, notamment celui que j'ai l'honneur de présider, n'ont
pas eu d'autre but, en choisissant la procédure des marchés publics, que
d'obtenir la mise en concurrence la plus exigeante.
Les membres de mon syndicat intercommunal - je vous ai dit quels en étaient
les contours - sont des tendances politiques les plus diverses. Nous sommes
tous confrontés au même problème, à savoir l'application de la loi de 1992, et
toutes les décisions que nous avons prises en la matière l'ont été à
l'unanimité, y compris par les amis de Mme Beaudeau, de M. Sergent et de M.
Régnault !
Nous avons la volonté de sortir ce problème de la polémique politicienne,
parce que l'enjeu, c'est l'effort que nous allons demander à nos concitoyens.
C'est donc volontairement que nous passons, et ce en toute clarté et en toute
lucidité, par la procédure des marchés publics et, bien sûr, c'est
volontairement que nous essayons de concevoir le montage financier le moins
préjudiciable à la bourse de nos concitoyens. Nous savons pertinemment que nous
allons devoir leur demander des efforts qui sont, naturellement, difficiles à
admettre. Le sujet réclame une grande pédagogie.
Il nous faut, dites-vous encore, présenter nos dossiers au cas par cas.
Certes, monsieur le secrétaire d'Etat, nous connaissons cette pratique. Mais
nous savons aussi que l'administration ne peut pas nous répondre
a
priori
sous la forme d'un rescrit, c'est-à-dire d'une prise de position
préalable. L'administration nous dira que notre projet est très bon, mais
qu'elle attendra la mise en service des équipements ainsi réalisés et les
recettes de valorisation. Ce n'est pas réaliste ! Comment voulez-vous que l'on
engage, dans le flou, un programme d'investissement de 500 millions de francs,
avec les conséquences que cela peut avoir sur le montant de la taxe
d'enlèvement des ordures ménagères ou sur le niveau des impôts locaux, selon la
formule de recouvrement choisie par les différentes communes ?
Monsieur le secrétaire d'Etat, ce langage, je l'ai tenu il y a un an à votre
prédécesseur et, voilà quelques jours encore, à M. Jean-Pierre Chevènement,
ministre de l'intérieur ; sa réponse à ma question orale préservait l'avenir et
était, à mon avis, un peu plus ouverte que la vôtre. Mais il faut compter avec
la tradition de Bercy, qui est naturellement différente de celle de la place
Beauvau !
Bref, monsieur le secrétaire d'Etat, il est essentiel, je vous en conjure, de
considérer ce dossier avec lucidité et de modifier la réponse opposée
actuellement aux nombreuses collectivités locales et aux nombreux syndicats
intercommunaux concernés. Je vous prie de croire que la bonne exécution de la
loi de 1992, donc l'amélioration de l'environnement, dépend beaucoup de la
réponse qui leur sera faite. C'est pourquoi, monsieur le secrétaire d'Etat, je
ne peux pas, en toute conscience, répondre à votre appel et retirer cet
amendement.
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat au budget.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Monsieur Marini, sans chercher à être plus ou moins
ouvert que tel ou tel de mes collègues, je vous répondrai que le problème est
assez simple. Les usagers dont vous parlez ont chacun deux poches, une poche de
consommateur d'énergie ou d'eau et une seconde poche de contribuable national.
Il s'agit simplement de déterminer qu'elle doit être la part du contribuable
national dans le financement de ces programmes extrêmement ambitieux de mise en
conformité avec la loi de 1992.
Mesdames, messieurs les sénateurs, effectuer ces investissements d'ici à 2002
constitue certainement un véritable défi, mais on ne peut pas ainsi, au détour
d'un amendement, poser le principe que tous ces équipements seront exonérés de
TVA sans aucune condition. M. le rapporteur général, avec sa rigueur
habituelle, a dit que cette mesure n'entraînerait aucun coût en 1998. J'ajoute
qu'en revanche, à partir de 1999, le coût pourra avoisiner les 300 millions de
francs !
Il conviendra d'y revenir dans le cadre de la réflexion future sur
l'intercommunalité, mais, à ce stade, on ne peut pas décider, en quelque sorte
à l'emporte-pièce, que les équipements de traitement et de valorisation des
ordures ménagères seront systématiquement exonérés de TVA.
Je suis donc ouvert et prêt à reprendre ce débat lors de l'examen du projet de
loi sur l'intercommunalité, mais, en attendant, je maintiens l'avis défavorable
du Gouvernement sur ces deux amendements identiques.
M. René Régnault.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Régnault.
M. René Régnault.
Monsieur le secrétaire d'Etat nous sommes, nous aussi, très sensibles au
problème de fond que soulèvent MM. Marini et Arnaud. Nous avons d'ailleurs déjà
eu l'occasion de nous exprimer depuis l'an dernier sur cette question.
Votre réponse, à l'instant, est éclairante à cet égard : vous reconnaissez que
les déchets posent des problèmes spécifiques, qu'il s'agisse de la collecte, du
traitement ou de la mise en place des schémas départementaux d'élimination des
déchets, ou qu'il s'agisse encore de la TVA applicable aux équipements rendus
nécessaires et de leur éligibilité au Fonds de compensation pour la TVA. Je
n'aurai garde d'oublier le niveau de la « participation » des usagers -
j'utilise à dessein ce terme pour éviter ceux de « redevance » ou de « taxe » -
qui pose un autre problème, celui du taux réduit de TVA, dont nous avons déjà
parlé en première partie et auquel nous demeurons fortement attachés ; il
s'agirait, en effet, d'étendre aux déchets le bénéfice de dispositions qui
existent déjà par ailleurs pour d'autres prestations. Il y a, là aussi, matière
à réflexion.
Monsieur le secrétaire d'Etat, le Gouvernement ouvrira donc le grand chantier
de la fiscalité écologique en 1998. En effet, sans attendre 2002, la réflexion
doit être menée, dans le cadre du projet de loi sur l'intercommunalité et de la
réforme de la fiscalité locale en 1998, dans le cadre aussi de la réouverture
du dossier sur le pacte de stabilité financière. J'aimerais vous en convaincre
: nous ne pourrons pas passer l'année 1998 sans, sur ces différents points,
avoir conduit la réflexion pour que, lors de la prochaine discussion
budgétaire, au lieu de renvoyer une nouvelle fois le dossier à plus tard, nous
soyons en mesure d'adopter des dispositions pratiques, concrètes et répondant à
l'ensemble des questions posées.
Si donc nous sommes sensibles à l'argumentation qu'ont développée nos
collègues, MM. Marini et Arnaud, nous sommes également sensibles à la réponse
que vous nous avez faite, monsieur le secrétaire d'Etat. Nous insistons
simplement pour que cette volonté du Gouvernement trouve sa concrétisation dans
un calendrier proche, c'est-à-dire en 1998.
Dans ces conditions, nous nous abstiendrons.
M. Philippe Arnaud.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Arnaud.
M. Philippe Arnaud.
Je remercie M. Régnault, mais, monsieur le secrétaire d'Etat, je n'ai, moi,
pas du tout été sensible à vos arguments ! En conséquence, je maintiens mon
amendement.
Permettez-moi de répondre aux deux objections que vous avez invoquées pour le
repousser.
Premièrement, il n'est pas question d'un « cadeau » de TVA offert sans
condition. Au contraire, nous prévoyons une condition expresse : le respect de
l'esprit de la loi, à savoir la meilleure valorisation des déchets. C'est une
condition très importante. A défaut, et c'est aisé à comprendre, les
investissements seront bien réalisés, mais pour une destruction des déchets qui
ne servira pas cette ambition majeure.
Deuxièmement, monsieur le secrétaire d'Etat, vous nous dites que l'on ne peut
pas pénaliser le contribuable national. Sur ce point-là, je ne suis pas plus
convaincu. Il s'agit de la mise en oeuvre de dispositions récentes qui,
normalement, connaîtront leur terme en 2002 alors que, pour la plupart, ces
investissements restent à réaliser. Dans tous les cas de figure, il ne s'agit
pas de créer pour l'Etat une charge nouvelle : il s'agit seulement, sur ces
investissements nouveaux, de demander à l'Etat, qui aura des recettes
nouvelles, de rendre à l'opérateur les recettes nouvelles de TVA qu'il aura
lui-même générées. Il n'y a ni ponction sur le budget de l'Etat ni charge
nouvelle. L'important est d'inciter et de favoriser les collectivités qui
veulent respecter l'esprit de la loi.
M. Philippe Marini.
Très bien !
M. le président.
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix les amendements identiques n°s II-99 rectifié et II-151
rectifié, acceptés par la commission et repoussés par le Gouvernement.
Je suis saisi d'une demande de scrutin public émanant du groupe du RPR.
Il va être procédé au scrutin dans les conditions réglementaires.
(Le scrutin a lieu.)
M. le président.
Personne ne demande plus à voter ?...
Le scrutin est clos.
(Il est procédé au comptage des votes.)
M. le président.
Voici le résultat du dépouillement du scrutin n°
56:
Nombre de votants | 318 |
Nombre de suffrages exprimés | 221 |
Majorité absolue des suffrages | 111 |
Pour l'adoption | 221 |
En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi de finances, après l'article 61 quinquies.
Je suis maintenant saisi de cinq amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° II-109, Mmes Bardou et Heinis, MM. Puech, Althapé, Ploton, de Rocca Serra, Jean Boyer, Pépin, Emin, Revol, Emorine et Dupont proposent d'insérer, après l'article 61 quinquies, un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - L'article L. 1615-7 du code général des collectivités territoriales est complété in fine par un dernier alinéa ainsi rédigé :
« Constituent également des opérations ouvrant droit à une attribution du Fonds de compensation pour la taxe sur la valeur ajoutée, les dépenses d'investissement exposées à compter du 1er janvier 1999, par un bénéficiaire du fonds dans le cadre des travaux permettant l'aménagement hydraulique d'un cours d'eau domanial et présentant un caractère d'intérêt général ou d'urgence. »
« II. - Les pertes de recettes pour l'Etat sont compensées par une majoration à due concurrence des droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
Par amendement n° II-117, MM. Sergent, Régnault et Angels, Mme Bergé-Lavigne, MM. Haut, Lise, Massion, Miquel et Moreigne, les membres du groupe socialiste et apparentés proposent d'insérer, après l'article 61 quinquies, un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - L'article L. 1615-2 du code général des collectivités territoriales est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« Par dérogation, les collectivités locales et leurs groupements bénéficient des attributions du Fonds de compensation pour la taxe sur la valeur ajoutée au titre des dépenses d'investissement exposées sur des biens dont ils n'ont pas la propriété, dès lors qu'elles présentent un caractère d'urgence pour la sécurité publique et que les propriétaires se révèlent défaillants. »
« II. - Les pertes de recettes pour l'Etat résultant des dispositions précédentes sont compensées à due concurrence par une hausse des droits prévus aux articles 403, 575 et 575 A du code des impôts. »
Par amendement n° II-140, MM. Belot, Mercier, Adnot, Arzel, Barnier, Blaizot, Bonnet, Borotra, Demilly, Doublet, Dufaut, Faure, Gouteyron, Hérisson, Hoeffel, Lesbros, Marini, Oudin, Raffarin, Vasselle et Girod proposent d'insérer, après l'article 61 quinquies, un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - L'article L. 1615-7 du code général des collectivités territoriales est completé par un alinéa ainsi rédigé :
« Toutefois, les collectivités locales et leurs groupements bénéficient des attributions du Fonds de compensation pour la taxe sur la valeur ajoutée au titre des dépenses d'investissement exposées, à compter du 1er janvier 1999, sur des biens dont ils n'ont pas la propriété et lorsqu'ils suppléent à la défaillance du propriétaire et que ces dépenses sont engagées soit dans le cadre d'une action de prévention ou de traitement d'un risque naturel, soit dans le cadre de travaux d'intérêt général entrepris sur le domaine public ou, le cas échéant, sur des terrains privés riverains. »
« II. - La perte des recettes pour le budget de l'Etat est compensée à due concurrence par le relèvement des droits visés aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
Cet amendement est assorti d'un sous-amendement n° II-160, déposé par M. Lambert, au nom de la commission des finances, et tendant, dans le texte proposé par l'amendement n° II-140 pour insérer un article additionnel après l'article 61 quinquies, après les mots : « dans le cadre de travaux d'intérêt général », à insérer les mots : « ayant fait l'objet d'une convention passée avec l'Etat selon des modalités fixées par décret en Conseil d'Etat, ».
Par amendement n° II-147 rectifié, MM. Rausch, Borotra, Girault, Souvet et Lombard proposent d'insérer, après l'article 61 quinquies, un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - L'article L. 1615-2 du code général des collectivités territoriales est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« Par dérogation, les collectivités locales bénéficient des attributions du Fonds de compensation pour la taxe sur la valeur ajoutée au titre des dépenses d'investissement exposées sur des biens dont ils n'ont pas la propriété dès lors qu'elles sont destinées à l'usage de l'Etat, d'une autre collectivité locale ou d'un établissement d'intérêt général. »
« II. - La perte de recettes pour le budget de l'Etat est compensée à due concurrence par le relèvement des droits visés aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
Par amendement n° II-152, MM. Arnaud, Pourchet et Egu proposent d'insérer, après l'article 61 quinquies, un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - L'article L. 1615-2 du code général des collectivités territoriales est complété in fine par un alinéa ainsi rédigé :
« Par dérogation, les collectivités locales et leurs groupements bénéficient des attributions du Fonds de compensation pour la taxe sur la valeur ajoutée au titre des dépenses d'investissement qui sont engagées par elles dans l'exercice de compétences de l'Etat, après convention passée selon des modalités fixées par décret en Conseil d'Etat. »
« II. - La perte de recettes résultant de l'application du I ci-dessus est compensée à due concurrence par le relèvement des droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
M. Alain Lambert, rapporteur général. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur général.
M. Alain Lambert, rapporteur général. Monsieur le président, pour la bonne compréhension du problème par le Sénat, je demande que l'amendement n° II-140, qui me paraît bien résumer la question, soit appelé en discussion par priorité.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur cette demande de priorité ?
M. Christian Sautter, secrétaire d'Etat. Il n'y voit pas d'objection, monsieur le président.
M. le président. La priorité est ordonnée.
La parole est à M. Marini, pour défendre l'amendement n° II-140.
M. Philippe Marini. Cet amendement, particulièrement important, vise à rendre éligibles au FCTVA les investissements réalisés par les collectivités locales sur des biens appartenant à l'Etat, à une autre personne publique ou à des particuliers, dès lors que l'intervention des collectivités locales est motivée soit par une menace pour la sécurité publique, soit par l'intérêt général et qu'elle est rendue nécessaire par la défaillance des propriétaires, personnes publiques ou privées.
En l'état actuel des textes, les investissements que réalisent les collectivités locales sur des terrains appartenant à des tiers ne sont pas éligibles au FCTVA.
En pratique, pourtant, les collectivités locales sont souvent conduites à intervenir sur des terrains appartenant à des tiers pour prévenir des risques naturels ou remédier aux conséquences de leur survenance. A titre d'exemple - mais ce n'est qu'un exemple - les départements côtiers interviennent souvent, dans l'urgence, pour conforter des digues par enrochement sur le domaine public maritime de l'Etat, les services locaux de l'Etat ne disposant pas toujours des crédits nécessaires à cet effet. Ainsi, pour protéger les populations, les collectivités locales se substituent à des services de l'Etat budgétairement défaillants.
De même, il arrive aux collectivités locales de procéder à des travaux d'intérêt général pour le confortement des berges le long du domaine public fluvial sur le domaine de l'Etat.
On peut aussi imaginer qu'en zone de montagne les communes ou les départements soient appelés à prendre des mesures pour, par exemple, prévenir des glissements de terrain.
Il s'agit, en raison de la nature même des travaux entrepris, d'investissements dont la charge financière est particulièrement lourde. Il n'est donc pas normal, dans de telles hypothèses, que les collectivités locales voient les interventions ainsi réalisées pénalisées par la non-éligibilité au FCTVA.
Il apparaît en effet légitime que l'Etat participe à cet effort d'investissement afin de ne pas laisser les collectivités locales assumer seules le coût de telles opérations, en particulier lorsque l'inaction de l'Etat et des particuliers est susceptible d'être à l'origine de dommages pour la collectivité et pour ses habitants.
Si cet amendement était transcrit dans la loi, pourraient désormais donner lieu au remboursement de la TVA les travaux effectués dans l'intérêt général ou pour prévenir les risques naturels sur les terrains de montagne menaçant de s'affaisser ou encore sur les domaines publics, fluvial ou maritime. Seraient ainsi visés, notamment, les travaux de défense contre l'envahissement des eaux, à l'heure où, pour les scientifiques, la hausse du niveau de la mer n'est plus une hypothèse d'école.
Telles sont les finalités de cet amendement, qui, je le souligne, a été cosigné par un grand nombre de collègues.
M. René Régnault. Il va falloir des sous !
M. le président. La parole est à M. le rapporteur général, pour défendre le sous-amendement n° II-160.
M. Alain Lambert, rapporteur général. Ce sous-amendement vise à introduire la notion de convention avec l'Etat pour les seuls investissements liés à des travaux d'intérêt général - j'y insiste : pour les seuls investissements liés à des travaux d'intérêt général.
Il s'agit de permettre à l'Etat de conserver la maîtrise des opérations qui seraient rendues éligibles au FCTVA.
M. le président. La parole est à Mme Bardou, pour défendre l'amendement n° II-109.
Mme Janine Bardou. Cet amendement va dans le sens de l'amendement n° II-140. Il vise à rendre éligible au Fonds de compensation pour la TVA les travaux d'investissement réalisés par les collectivités sur les cours d'eau domaniaux.
Actuellement, cela est impossible, au motif que les textes prévoient que seules sont éligibles les dépenses d'équipement intégrées au patrimoine de celui qui effectue la dépense.
Ce principe général a néanmoins dû être aménagé lorsqu'il s'est avéré être en contradiction avec des politiques nationales largement souhaitées par ailleurs - ainsi de l'ouverture à l'égibilité des fonds de concours versés à l'Etat en sa qualité de maître d'ouvrage des travaux sur les monuments classés - ou lorsque son application révélait certaines contradictions juridiques - ainsi de l'ouverture par l'article 33 de la loi de finance pour 1997 des dépenses de voirie engagées par des groupements de coopération intercommunale ne pouvant légalement être propriétaires des réseaux sur lesquel ils intervenaient.
Que constate-t-on en matière de cours d'eau domaniaux déclassés ? Leur entretien relève théoriquement du ministère chargé de l'environnement, lequel n'assume plus, depuis de nombreuses années, directement ses responsabilités. Les collectivités, de plus en plus préoccupées par la sécurité à la suite d'accidents malheureux survenus ces dernières années, ne peuvent, quant à elles, renoncer aux travaux indispensables. Or, le taux de subvention du ministère est, la plupart du temps, limité à 20 %. On aboutit ainsi à une situation paradoxale où non seulement les collectivités sont amenées à intervenir sur le patrimoine de l'Etat, mais où ce dernier reçoit sous forme de TVA plus qu'il ne verse au titre de l'aide apportée.
Comme cela a été fait pour les fonds de concours versés à l'Etat en sa qualité de maître d'ouvrage des travaux sur les monuments classés, comme cela a été fait pour les dépenses de voirie engagées par des groupements de coopération intercommunale ne pouvant légalement être propriétaires des réseaux sur lesquels ils intervenaient, il apparaît légitime de procéder à un aménagement des principes généraux de l'éligibilité au Fonds de compensation pour la TVA en matière de travaux effectués sur les cours d'eau domaniaux.
M. le président. La parole est à M. Sergent, pour défendre l'amendement n° II-117.
M. Michel Sergent. Cet amendement va dans le même sens que les deux précédents, et plus particulièrement l'amendement n° II-109.
Il vise à rendre éligibles au FCTVA les investissements réalisés par les collectivités locales sur des biens appartenant à l'Etat ou à des particuliers, dès lors que l'intervention des collectivités est motivée par une menace urgente pour la sécurité publique et qu'elle est rendue nécessaire par l'inaction des propriétaires.
L'inexécution de certains investissements - on l'a dit - peut avoir de graves conséquences : inondations, éboulements, etc. Les collectivités locales se trouvent, par conséquent, dans l'obligation de réaliser ces investissements sur des terrains qui ne leur appartiennent pas. Or, ces interventions sont actuellement exclues du bénéfice du FCTVA puisqu'il s'agit de dépenses engagées sur le patrimoine d'autrui et considérées, en conséquence, comme des dépenses pour le compte de tiers. Il faut remédier à cette situation.
Quant au surcoût pour l'Etat, il est, en réalité, inexistant puisque souvent ces terrains lui appartiennent. En conséquence, d'une certaine façon, il ne paiera que 20 % du coût au lieu de 100 % ! Tel a été le cas - M. Claude Haut pourrait en témoigner - notamment lors de catastrophes comme celle de Vaison-la-Romaine.
Si j'ai apprécié le propos de M. Marini, je relève que l'amendement qu'il a défendu, tout comme le sous-amendement de la commission, comporte quelques restrictions. Ainsi M. Marini a retenu la date du 1er janvier 1999 et non pas, comme Mme Bardou et nous-mêmes, celle du 1er janvier 1998. Quant à la commission des finances, elle fait état de la nécessité de signer des conventions, et chacun sait que nous préférerions la participation systématique du FCTVA à la soumission à une convention qui ne sera pas toujours signée de bon gré.
C'est la raison pour laquelle nous préférerions que soit adopté soit notre propre amendement, soit l'amendement n° II-109, qui vont exactement dans le même sens. A défaut, nous nous replierons sur l'amendement n° II-140.
M. le président. L'amendement n° II-147 rectifié est-il soutenu ?...
La parole est à M. Arnaud, pour défendre l'amendement n° II-152.
M. Philippe Arnaud. Cet amendement n° II-152 procède du même esprit que l'amendement n° II-140. Ce dernier, utilement et justement complété par le sous-amendement de la commission, me paraît toutefois fort restrictif puisqu'il semble ne viser que les dépenses d'investissement réalisées par les collectivités sur des biens dont elles n'ont pas la propriété.
En effet, dans la plupart des cas où les collectivités ou les groupements de collectivités se substituent à l'Etat, les dépenses engagées concernent des biens dont ils sont propriétaires. C'est le cas, par exemple, des perceptions, des gendarmeries et de nombre d'établissements d'enseignement supérieur : la collectivité est propriétaire des terrains et y construit des bâtiments pour le compte de l'Etat suite à une convention passée avec celui-ci, mais, puisque la destination de ces constructions ne relève pas de sa compétence, on ne lui permet pas de récupérer la TVA.
L'amendement n° II-152 tend donc à élargir la possibilité de récupérer la TVA à tout investissement réalisé par les collectivités ou leurs groupements lorsque, après qu'une convention a été passée avec l'Etat, un service public est mis en place.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur les amendements n°s II-140, II-109, II-117 et II-152 ?
M. Alain Lambert, rapporteur général. Tous ces amendements témoignent d'une préoccupation commune à leurs auteurs, portant sur l'inadaptation des règles d'éligibilité au bénéfice du FCTVA pour les investissements d'intérêt général réalisés par les collectivités locales sur des biens appartenant à des tiers, qu'il s'agisse de l'Etat ou de particuliers.
Dans ce cas, comme cela a été dit par tous les orateurs, il n'est pas possible, à l'heure actuelle, de récupérer le montant de la TVA acquittée sur les dépenses engagées, qui évitent pourtant souvent à l'Etat d'intervenir pour parer à la survenance de catastrophes naturelles, que ce soit en montagne, sur les berges des rivières ou sur le littoral.
Il s'agit donc de régler ce problème et de réviser notre conception du rôle du FCTVA. A cet égard, je constate que cette révision de principe du fonctionnement du FCTVA justifie l'adoption, par préférence, de l'amendement n° II-140, qui a été déposé par M. Belot et défendu tout à l'heure par M. Marini. En effet, sa rédaction permet de répondre aux préoccupations exprimées par les auteurs des amendements n°s II-109, II-117 et II-152.
Je suggère cependant au Sénat d'adopter également le sous-amendement que j'ai présenté voilà un instant et qui tend à préciser que les travaux d'intérêt général qui ouvriront droit à la compensation de la TVA sont ceux qui ont fait l'objet d'une convention avec l'Etat.
Par conséquent, la commission a essayé de trouver un juste équilibre, et je remercie M. Sergent d'avoir bien voulu indiquer tout à l'heure qu'il estimait raisonnable la proposition qu'elle avait faite.
Nous avons essayé de tenir compte des préoccupations de nos collègues.
En tout état de cause, la Haute Assemblée veut marquer, monsieur le secrétaire d'Etat, sa volonté de voir évoluer dans ce domaine les règles d'éligibilité au FCTVA.
En conclusion, la commission des finances demande à Mme Bardou, à M. Sergent et à M. Arnaud de retirer leurs amendements et de se rallier à l'amendement n° II-140, sur lequel elle émet un avis favorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur l'ensemble des amendements, ainsi que sur le sous-amendement n° II-160 ?
M. Christian Sautter, secrétaire d'Etat. J'ai écouté avec une grande attention les propos des différents intervenants.
Le problème posé concerne les travaux effectués par les collectivités locales en lieu et place des propriétaires défaillants. Dans de tels cas, il est très tentant de faire appel à l'Etat, en demandant que ces travaux soient éligibles au Fonds de compensation pour la TVA.
M. Alain Lambert, rapporteur général. Ces travaux arrangent bien l'Etat !
M. Christian Sautter, secrétaire d'Etat. Une telle disposition dérogerait à un principe qui constitue en quelque sorte la « colonne vertébrale » du Fonds de compensation pour la TVA, à savoir le principe de patrimonialité, selon lequel on rembourse la TVA perçue sur les travaux réalisés sur le patrimoine appartenant à la collectivité territoriale.
Je crois que, à force de vouloir porter atteinte à ce principe fondamental, on en arrivera à ce qu'une très faible proportion des travaux effectués sur le territoire soit soumise à la TVA. Vous comprendrez, mesdames, messieurs les sénateurs, que cela finirait par poser un problème d'ensemble pour les finances de l'Etat.
Je signale à ce propos que les amendements présentés, à l'exception de l'amendement n° II-140, éventuellement modifié par le sous-amendement n° II-160, auraient, s'ils étaient adoptés, une incidence sur le budget de l'Etat pour 1998, et que, par conséquent, ils auraient dû être examinés à l'occasion de la discussion de la première partie du projet de loi de finances.
Il ne me paraît pas possible de déroger à la règle fondamentale de patrimonialité.
Cela étant, l'Etat n'a pas le coeur sec, puisque, comme vous le savez, il participe, par le biais de subventions importantes, à l'entretien des rivières. Ainsi, l'effort global de l'Etat en faveur de l'entretien et de la remise en état des cours d'eau s'élève, sur dix ans, dans l'optique du plan décennal des rivières, à 4,740 milliards de francs, dont 2 milliards de francs pris en charge par l'établissement public Voies navigables de France.
Les collectivités locales ne sont donc pas du tout abandonnées à elles-mêmes, puisqu'elles peuvent bénéficier, au titre du chapitre 67-20 du budget du ministère de l'environnement, d'une subvention pouvant atteindre 33 % du montant toutes taxes comprises des travaux.
Pour cette raison, qui s'ajoute à mon attachement au respect du principe fondamental de patrimonialité, je suis défavorable à l'ensemble des amendements, ainsi qu'au sous-amendement n° II-160.
M. le président. Je vais mettre aux voix le sous-amendement n° II-160.
M. Philippe Arnaud. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. Arnaud.
M. Philippe Arnaud. Bien que M. le secrétaire d'Etat ne soit pas disposé à nous suivre, je souhaite tout d'abord exprimer ma satisfaction de constater que ma préoccupation est partagée par les différents intervenants qui siègent sur presque toutes les travées de notre Haute Assemblée.
J'avais évoqué ce sujet l'année dernière lors du précédent débat budgétaire, et j'ai renouvelé mes observations devant M. le ministre de l'intérieur, à l'occasion de l'examen des crédits de la décentralisation pour 1998, en déposant alors des amendements similaires à celui que je défends aujourd'hui.
Il s'agit simplement de faire en sorte que l'Etat, lorsqu'il demande aux collectivités d'investir à sa place, leur permette au moins de récupérer le montant de la TVA. Cela étant, je suis disposé à retirer l'amendement n° II-152 au profit de l'amendement n° II-140, et j'indique que je voterai le sous-amendement de la commission des finances.
M. le président. L'amendement n° II-152 est retiré.
M. Michel Sergent. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. Sergent.
M. Michel Sergent. Je vais moi aussi suivre la suggestion de M. le rapporteur général, qui nous a incités à nous rallier à l'amendement n° II-140, qu'il juge plus réaliste.
Je le trouve pour ma part un peu restrictif, mais il va effectivement dans le bon sens, et c'est la raison pour laquelle je retire mon amendement.
M. le président. L'amendement n° II-117 est retiré.
Mme Janine Bardou. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à Mme Bardou.
Mme Janine Bardou. Comme mes collègues, je me réjouis que notre débat aille dans le bon sens.
Je tiens néanmoins à préciser que les travaux dont il est ici question représentent une charge très lourde pour de petites communes lorsqu'ils revêtent un caractère d'urgence. S'agissant de l'entretien des cours d'eau, même si des subventions sont accordées, le coût des travaux engagés dépasse souvent les capacités financières des petites communes.
Cela étant, je me rallie à mon tour à l'amendement n° II-140 et je retire l'amendement n° II-109.
M. le président. L'amendement n° II-109 est retiré.
M. Philippe Marini. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Marini.
M. Philippe Marini. J'ai bien noté que la précision apportée par le sous-amendement de la commission en que qui concerne l'exigence d'une convention passée avec l'Etat vise exclusivement le cas où il s'agit de travaux d'intérêt général, et non pas celui d'une intervention d'urgence au titre d'une action de prévention ou de traitement d'un risque naturel.
Il me semble que cela ressort du texte même du sous-amendement, mais je tenais à le souligner.
M. Alain Lambert, rapporteur général. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur général.
M. Alain Lambert, rapporteur général. J'avais inopportunément placé une virgule avant le membre de phrase : « ayant fait l'objet d'une convention passée avec l'Etat selon des modalités fixées par décret en Conseil d'Etat », ce qui a bien sûr éveillé l'attention de notre collègue Philippe Marini. Par conséquent, je confirme que la commission des finances souhaite que seuls les investissements liés à des travaux d'intérêt général soient soumis aux modalités fixées par décret pris en Conseil d'Etat.
M. Philippe Marini. Voilà !
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix le sous-amendement n° II-160, repoussé par le Gouvernement.
M. René Régnault. Le groupe socialiste s'abstient.
(Le sous-amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix, ainsi modifié, l'amendement n° II-140, accepté par la commission et repoussé par le Gouvernement.
Mme Maryse Bergé-Lavigne. Le groupe socialiste s'abstient.
(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi de finances, après l'article 61 quinquies.
Par amendement n° II-118 rectifié, MM. Courteau et Courrière, les membres du groupe socialiste et apparentés proposent d'insérer, après l'article 61 quinquies, un article additionnel ainsi rédigé :
« Après le quatrième alinéa de l'article L. 2334-33 du code des collectivités territoriales, il est inséré un alinéa ainsi rédigé :
« Les établissements publics de coopération intercommunale dont la population excède 20 000 habitants dans les départements de métropole et 35 000 habitants dans les départements d'outre-mer sont éligibles lorsqu'ils exercent la compétence voirie au nom de leurs communes membres qui, elles, seraient éligibles si elles n'appartenaient pas à cet établissement. »
La parole est à M. Courteau.
M. Roland Courteau. Il s'agit là d'un amendement identique à celui que j'avais déposé avec M. Courrière et les membres du groupe socialiste, voilà un an, lors de la discussion du projet de loi de finances pour 1997.
En vertu de plusieurs circulaires, lorsque l'établissement public de coopération intercommunale exerce, par exemple, la compétence en matière de voirie au nom des communes membres, cette compétence n'est plus du ressort de ces dernières puisqu'elles l'ont déléguée. De ce fait, elles ne sont plus directement éligibles à la DGE, et c'est donc le groupement de communes qui, seul, peut bénéficier de celle-ci.
Cependant, mes chers collègues, et là est le problème, si le groupement compte une population supérieure à 20 000 habitants, il se trouve écarté du bénéfice de la DGE en vertu du dispositif défini par l'article 33 de la loi de finances pour 1996 et complété par l'article 12 de la loi du 26 mars 1996.
Par conséquent, de nombreuses communes, petites ou moyennes, de 200 à 1 000 habitants, dont les ressources sont faibles et qui adhèrent à un groupement de communes rassemblant plus de 20 000 habitants ne pourront prétendre bénéficier de la DGE pour leurs travaux de voirie, alors que d'autres communes, de même population, seront éligibles à la DGE, soit parce qu'elles n'adhérent pas à une structure intercommunale, soit parce que le groupement auquel elles appartiennent compte une population inférieure à 20 000 habitants.
C'est là, monsieur le secrétaire d'Etat, mes chers collègues, une incohérence technique grave ; pire, il y a inégalité devant la loi pour des communes d'égale importance ; pire encore, cette situation entraîne des effets pervers et négatifs pour l'intercommunalité en zone rurale. Je serais tenté de dire que, si on voulait saper l'intercommunalité, on ne s'y prendrait pas autrement.
C'est pourquoi notre amendement tend à réparer une injustice subie par des communes petites et moyennes.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Alain Lambert, rapporteur général. Monsieur le président, la situation décrite par M. Courteau me paraît contraire à l'esprit de la loi de 1996, mais la commission des finances souhaite connaître l'avis du Gouvernement.
Selon cet avis, soit elle proposera à notre collègue de retirer son amendement, soit elle s'en remettra à la sagesse du Sénat.
M. le président. Quel est donc l'avis du Gouvernement ?
M. Christian Sautter, secrétaire d'Etat. Le souhait de M. Courteau de rendre éligibles à la dotation globale d'équipement des établissements publics de coopération intercommunale de plus de 20 000 habitants en métropole et de plus de 35 000 habitants dans les départements d'outre-mer me semble aller à l'encontre du principe de l'article, bien connu, L. 2434-33 du code des collectivités territoriales, qui limite cette DGE aux groupements d'une certaine taille. En effet, comme l'a expliqué tout à l'heure Mme Bardou sur un autre sujet, les petites collectivités ont, en matière d'investissements, un comportement qui est différent de celui des grandes.
S'agissant des petites collectivités, tout investissement a un caractère irrégulier et parfois important, et l'aide de l'Etat permet, en fournissant un taux de subvention très significatif, de déterminer la réalisation d'un investissement important.
C'est un bon principe que de limiter l'éligibilité à la DGE des petites communes appartenant à des groupements de moins de 20 000 habitants qui ont un faible potentiel fiscal.
Il me semble - mais peut-être ai-je mal compris l'esprit de l'amendement - que celui-ci permettrait d'attribuer une dotation globale d'équipement à des groupements plus importants qu'actuellement. Il ne me paraît donc pas aller tout à fait dans le sens de l'équité intercommunale.
Par ailleurs, vous le savez, monsieur le sénateur, un effort a déjà été consenti en faveur des groupements qui réalisent des travaux de voirie pour lesquels une compétence leur a été déléguée par les communes. Ils bénéficient du Fonds de compensation pour la TVA sur ces travaux en lieu et place des communes membres.
Je vous suggère donc, monsieur Courtaud, que nous remettions l'ouvrage sur le métier à l'occasion du projet de loi sur l'intercommunalité, parce que c'est dans ce cadre qu'il pourrait être le mieux discuté.
C'est la raison pour laquelle je vous suggère de retirer votre amendement. A défaut, j'en recommanderai le rejet.
M. le président. L'amendement n° II-118 rectifié est-il maintenu, monsieur Courtaud ?
M. Roland Courteau. Je ne suis pas convaincu que chacun ait bien compris la situation des petites et moyennes communes qui, parce qu'elles ont adhéré à une structure intercommunale de plus de 20 000 habitants, sont privées de la possibilité de bénéficier de la DGE. Je ne suis pas persuadé que chacun ait bien compris ce que peut représenter une telle discrimination quant au développement et au maintien de l'intercommunalité.
De surcroît, je persiste et je signe : un vrai problème d'équité se pose entre des communes de même taille et de même population. Il faudra le résoudre en urgence.
Monsieur le secrétaire d'Etat, dans la mesure où le Gouvernement s'engage à étudier sérieusement cette question à l'occasion de la discussion prochaine du projet de loi sur l'intercommunalité, et dans ces conditions seulement, j'accepte de retirer mon amendement.
M. René Régnault. Il y a un vrai problème !
M. Alain Lambert, rapporteur général. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur général.
M. Alain Lambert, rapporteur général. J'ai entendu que M. Courteau allait retirer son amendement, mais je voudrais expliciter le point de vue de la commission pour que les choses soient bien claires, en particulier pour que M. Courteau soit convaincu que la commission des finances examine chaque amendement avec le même intérêt.
La commission a parfaitement compris que les petites communes appartenant à des établissements publics de coopération intercommunale de plus de 20 000 habitants sont pénalisées et qu'il faut régler ce problème.
Elle a simplement pensé - et elle souhaite le dire courtoisement, monsieur le sénateur - que c'était non pas dans ce texte, mais dans le projet de loi portant réforme de l'intercommunalité qu'il convenait de régler le problème.
J'ai trouvé dans la réponse du Gouvernement - je souhaite faire preuve de la plus grande courtoisie à son égard également - une invitation à résoudre ce problème dans le cadre de la loi portant réforme de l'intercommunalité, ce qui correspond au point de vue de la commission des finances.
M. Roland Courteau. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. Courteau.
M. Roland Courteau. Compte tenu des engagements de M. le secrétaire d'Etat et de M. le rapporteur général, je confirme que je retire cet amendement.
M. le président. L'amendement n° II-118 rectifié est retiré.
Par amendement n° II-120, MM. Régnault et Miquel, les membres du groupe socialiste et apparentés proposent d'insérer, après l'article 61 quinquies, un article additionnel ainsi rédigé :
« Dans le premier alinéa de l'article L. 3334-7 du code des collectivités territoriales, le pourcentage "40 % " est remplacé par le pourcentage "30 %". »
La parole est à M. Régnault.
M. René Régnault. Nous allons quelque peu changer de sujet : nous allons en effet traiter des départements les moins favorisés, et cela au travers de la dotation de fonctionnement minimale.
Je rappelle d'abord, pour que les choses soient claires à l'esprit de chacun, que l'enveloppe destinée à alimenter cette dotation, enveloppe qui est gérée par le comité des finances locales, s'est trouvée abondée - et c'est tant mieux ! - au fil des dernières années, d'une part, lors de la suppression de la DPSU, et, d'autre part, lorsque le législateur, dans la loi de 1995, a bien voulu convenir qu'il était injuste, inéquitable, de maintenir la DGF pour la région d'Ile-de-France.
Ainsi, l'enveloppe de cette dotation atteint-elle aujourd'hui 425 millions de francs sur une enveloppe totale de la DGF pour les départements de 17,7 milliards de francs, ce qui représente quelque 2,4 % du total.
L'éligibilité - et là est le problème - est fonction, d'une part, du potentiel fiscal, qui doit être inférieur à 40 % du potentiel fiscal moyen par habitant et, d'autre part, du potentiel fiscal superficiaire, qui doit être inférieur à 60 % du potentiel fiscal moyen par kilomètre carré.
Or, dans la pratique, c'est essentiellement ce second critère qui décide de l'éligibilité, puisque les quatre départements aujourd'hui éligibles le sont tous à ce titre.
Cela n'est guère équitable, puisque le critère du potentiel fiscal est l'indicateur le plus admis. Surtout, cela implique que les départements pauvres au travers du potentiel fiscal par habitant ne sont pas éligibles.
Ainsi, en Bretagne, région qui bénéficie du dispositif de péréquation interrégionale depuis le vote de la loi de 1995, le département des Côtes-d'Armor n'est pas éligible bien que son potentiel fiscal soit le plus faible des quatre départements bretons, et que, par ailleurs, il n'arrive qu'à la quatre-vingt-douzième place dans le classement de l'ensemble des départements.
Afin de rééquilibrer le système, cet amendement tend à modifier le critère du potentiel fiscal en abaissant le seuil d'éligibilité à 30 % d'insuffisance du potentiel fiscal.
Je veux présenter quelques remarques complémentaires pour mieux apprécier la situation.
En premier lieu, le potentiel fiscal moyen par habitant est déterminé en prenant en compte les départements et les territoires d'outre-mer, ce qui est assez exceptionnel puisque, généralement, une approche spécifique est retenue pour ces départements. Or, vous l'aurez compris aisément, leur prise en compte contribue à abaisser le niveau du potentiel fiscal moyen, donc à exclure les départements les moins favorisés de métropole.
En second lieu, je rappelle que le Gouvernement, sollicité sur la question, a transmis au Parlement un rapport qui a mis en évidence la trop grande place prise par le potentiel fiscal superficiaire.
Cet amendement vise à tenir compte de la réalité observée ; je vous demande donc, mes chers collègues, de l'adopter afin de contribuer à faire régner plus d'équité au bénéfice des départements les plus défavorisés.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Alain Lambert, rapporteur général. La commission des finances a trouvé sympathique l'amendement n° II-120, défendu par M. Régnault, à l'image d'ailleurs de son auteur !
Cela dit, elle aimerait néanmoins formuler deux remarques.
La première, que M. Régnault connaît très bien, c'est que l'ensemble du pacte de stabilité sera revu l'année prochaine, ce qui pourrait être le bon rendez-vous pour traiter de cette question.
Par ailleurs - c'est ma seconde remarque - il ne faut jamais oublier que nous agissons à enveloppe constante, et que la DGF gagnée par les uns est perdue par les autres.
Par conséquent, la commission, comme c'est son droit, souhaite entendre le Gouvernement. Peut-être, après avoir entendu M. le secrétaire d'Etat, monsieur Régnault, prendrez-vous la décision la plus justifiée, selon moi, et retirerez-vous votre amendement.
M. le président. Quel est donc l'avis du Gouvernement ?
M. Christian Sautter, secrétaire d'Etat. Tout d'abord, j'ai plus qu'un doute sur la validité de cet amendement dans le cadre d'une loi de finances, puisqu'il s'agit de modifier les règles de répartition interne de la DGF sans en modifier le montant global.
Sur le fond, il est clair que, si l'on suivait la démarche proposée par M. Régnault, quatre nouveaux départements deviendraient éligibles à la dotation de fonctionnement minimale. Or cela signifie, étant donné que l'on travaille à enveloppe constante, que les autres départements qui sont actuellement bénéficiaires de cette dotation de fonctionnement minimale perdraient en moyenne 10 % de leur propre dotation.
Je ne peux donc que suggérer à M. Régnault que cette question soit réexaminée dans le courant de l'année 1998. Son appel a été entendu et je souhaite qu'il retire cet amendement.
M. le président. Monsieur Régnault, l'amendement n° II-120 est-il maintenu ?
M. René Régnault. Monsieur le président, il est toujours très difficile d'accepter de maintenir certains dans les situations les plus intéressantes et de laisser de côté ceux qui attendent et qui sont en situation plus difficile ! Je vais avoir l'honnêteté d'aller jusqu'au bout de mes raisonnements et de mes choix.
M. le rapporteur général et M. le secrétaire d'Etat m'objectent que cette décision ne peut être prise à l'occasion de la discussion du projet de loi de finances. J'aurais pu leur répondre que je déposerai un amendement sur le collectif budgétaire dans quelques jours. Mais j'accepte que nous examinions cette question dans quelques mois, à l'occasion du projet de loi sur l'intercommunalité. Le comité des finances locales étudiera alors l'évolution de la DFM des départements. En fonction de ces éléments, nous apprécierons comment, en sortant du pacte de stabilité et en réformant les finances locales à compter de 1998 et pour les années suivantes, nous devons traiter cette question.
Je remercie M. le secrétaire d'Etat et M. le rapporteur général d'avoir bien voulu reconnaître le bien-fondé de cet amendement. J'ai bien compris que le projet de loi de finances n'était pas la bonne occasion de traiter ce problème. En conséquence, je retire mon amendement.
M. le président. L'amendement n° II-120 est retiré.
Article 61
sexies
M. le président.
« Art. 61
sexies
. - Le plafond de la taxe perçue au profit de
l'établissement public d'action foncière d'Argenteuil-Bezons en application de
l'article 1607
bis
du code général des impôts est fixé à 25 millions de
francs. Pour 1998, le montant de la taxe devra être arrêté par le conseil
d'administration et notifié aux services fiscaux avant le 30 avril 1998. »
Sur l'article, la parole est à Mme Beaudeau.
Mme Marie-Claude Beaudeau.
Je voudrais dire notre accord sur cet article, qui résulte d'une disposition
adoptée par l'Assemblée nationale au cours de sa séance du 18 novembre. J'en
rappelle les termes : « Le plafond de la taxe perçue au profit de
l'établissement public d'action foncière d'Argenteuil-Bezons en application de
l'article 1607
bis
du code général des impôts est fixé à 25 millions de
francs. Pour 1998, le montant de la taxe devra être arrêté par le conseil
d'administration et notifié aux services fiscaux avant le 30 avril 1998. »
Cette disposition va permettre d'assainir les finances de l'établissement dit
EPAFAB, grâce à la fixation du plafond de la taxe spéciale d'équipement perçue
à son profit à 25 millions de francs.
L'EPAFAB réalise des acquisitions foncières pour le compte des communes
membres et doit couvrir ses dépenses obligatoires de fonctionnement par des
recettes propres.
Nous nous félicitons de cette possibilité nouvelle. Mais l'EPAFAB pourrait
également bénéficier d'une dotation de l'Etat. C'est le cas, par exemple, de
l'établissement public Ouest - Rhône-Alpes, dit EPORA, dont l'objet est
identique à celui de l'EPAFAB, et qui reçoit déjà une dotation en capital de 30
millions de francs.
Monsieur le secrétaire d'Etat, ne pourrait-on envisager pour l'EPAFAB une
dotation en capital ? Il conviendrait que l'Etat vote une telle subvention, qui
permettrait à cet établissement d'assurer le « portage » réel de réserves
foncières.
Je vous demande donc d'examiner avec intérêt cette possibilité de
participation exceptionnelle de l'Etat. Une demande en ce sens a déjà été
formulée par la municipalité d'Argenteuil et elle s'inscrit, me semble-t-il
dans la suite logique de l'amendement qui a été voté.
Voilà, monsieur le président, monsieur le secrétaire d'Etat, mes chers
collègues, ce que je voulais dire à l'occasion du vote de cet article 61
sexies
.
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Je ne peux pas, à brûle-pourpoint, donner satisfaction
à Mme Beaudeau, mais je prends note de sa demande, qui sera examinée.
M. le président.
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'article 61
sexies.
(L'article 61
sexies
est adopté.)
Article additionnel après l'article 61
sexies
M. le président.
Par amendement n° II-116, MM. Régnault et Angels, Mme Bergé-Lavigne, MM.
Charasse, Haut, Lise, Massion, Miquel, Moreigne et Sergent, les membres du
groupe socialiste et apparentés proposent d'insérer, après l'article 61
sexies,
un article additionnel ainsi rédigé :
« Le premier alinéa de l'article 1519 A du code général des impôts est ainsi
rédigé :
« Il est institué en faveur des communes une imposition forfaitaire annuelle
sur les pylônes supportant des lignes électriques dont la tension est au moins
égale à 60 kilovolts. En 1998, le montant de cette imposition forfaitaire est
fixée à 1 000 F pour les pylônes supportant des lignes électriques dont la
tension est comprise entre 60 et 200 kilovolts, à 6 000 F pour les pylônes
supportant des lignes électriques dont la tension est comprise entre 200 et 350
kilovolts, à 12 000 F pour les pylônes supportant des lignes électriques dont
la tension est supérieure à 350 kilovolts. Ces montants sont révisés chaque
année proportionnellement à la variation du produit de la taxe foncière sur les
propriétés bâties constatées au niveau national. »
La parole est à M. Régnault.
M. René Régnault.
Lorsque nous avions défendu cet amendement à l'occasion de l'examen des
articles de la première partie, la commission des finances nous avait demandé
de le redéposer au moment de l'examen des articles de la deuxième partie. C'est
donc ce que nous faisons.
S'agissant de l'imposition forfaitaire sur les pylônes, cet amendement vise à
prendre en compte les pylônes qui supportent les réseaux à haute tension de 90
kilovolts et de 63 kilovolts, car il génèrent, à peu de chose près, les mêmes
inconvénients que les pylônes à très hautes tension, sur les plans de
l'esthétique et de la gêne en matière d'aménagement. De plus, ils ne font
qu'exceptionnellement, comme pour la très haute tension, l'objet
d'enfouissement.
J'insiste sur le fait qu'il ne s'agit pas de générer un surcoût important pour
EDF. En effet, le montant choisi est assez faible et les autres taux sont
légèrement revus à la baisse. Il s'agit, en revanche, d'apporter aux
collectivités locales sur le territoire desquelles ces lignes ne sont pas
enfouies une compensation pour les nuisances que de tels pylônes engendrent.
Puisque ce principe de l'imposition forfaitaire existe déjà pour les pylônes
des réseaux à très haute tension, il devrait être étendu aux pylônes des
réseaux à haute tension qui provoquent des nuisances équivalentes, et cela
d'autant plus qu'une telle extension n'engendrerait pas de réel surcoût pour
EDF.
Je souligne enfin que ces pylônes étant surtout installés dans des zones
rurales à habitat diffus, et donc à économie faible, une telle contribution
serait appréciée des collectivités concernées.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Ce prélèvement nouveau sur EDF, que notre collègue M.
Régnault a qualifié de « modeste », a d'autant plus inquiété la commission des
finances qu'il s'éléverait à 200 millions de francs. Evidemment, tout dépend de
quel point de vue on se place, mais je ne trouve pas la somme précisément
modeste...
De surcroît, ce prélèvement s'ajouterait à d'autres qui ont été décidés très
récemment, d'abord à l'occasion du texte dit « MUFF », qui a rendu EDF
redevable de l'impôt sur les sociétés, ensuite avec l'article 22 du présent
projet de loi de finances, qui double le taux de la taxe sur les ouvrages
électriques, portant à 6,8 milliards de francs le total des prélèvements de
l'Etat sur EDF.
Je parle sous le contrôle du Gouvernement : il me semble que la barque d'EDF
commence à être assez chargée. Faut-il y ajouter 200 millions de francs ? Tel
est d'autant moins l'avis de la commission des finances que ces 200 millions de
francs viendraient affecter les crédits destinés à l'enfouissement de lignes
auxquel nous sommes les uns et les autres attachés.
Si le problème évoqué par les auteurs de l'amendement est incontestablement
réel, il me semble qu'il pourrait être mieux résolu par une amélioration de la
gestion du fonds d'amortissement des charges d'électrification, notamment par
une meilleure répartition des dotations entre les différents syndicats
d'électrification.
Voilà, mes chers collègues, le point de vue de la commission des finances.
Si, véritablement, le Sénat insistait sur la nécessité de revoir cette
question, peut-être pourrait-on alors envisager de le faire à somme nulle,
c'est-à-dire de modifier les taxes sur les différents pylônes selon leur
catégorie puisque, vous le savez, des barèmes variant selon l'importance des
pylônes ont été introduits par différents textes.
Cela étant, après avoir entendu le point de vue du Gouvernement, peut-être
déciderez-vous, monsieur Régnault, de retirer votre amendement, ce qui
m'éviterait d'avoir à vous émettre un avis défavorable.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
L'avis du Gouvernement est qu'il ne faut pas accrocher
trop de taxes aux pylônes d'EDF !
Les taxes qui existent actuellement ont déjà été multipliées par six entre
1980 et 1996. Pour un pylône de 225 000 volts, la taxe est passée de 1 000
francs à 5 891 francs. Pour les pylônes de haute tension de 400 000 volts, elle
est passée de 2 000 francs à 11 786 francs. On a donc déjà fait beaucoup sur
les pylônes de ligne à haute tension.
Vous suggérez d'ajouter une taxe sur des pylônes de moyenne tension qui serait
compensée partiellement par un abaissement de la taxe sur d'autres pylônes. Non
seulement cela provoquerait des modifications de taxes à travers le territoire,
et donc des transferts de ressources un peu difficiles, mais le coût net d'une
telle mesure pour EDF représenterait une charge supplémentaire de 100 millions
de francs. Compte tenu de la régularisation de la fiscalité d'EDF en 1998, cela
paraît quelque peu excessif !
Par conséquent, monsieur le sénateur, il me semble qu'au vu de ces éléments
d'information vous pourriez retirer votre amendement.
M. le président.
Monsieur Régnault, maintenez-vous votre amendement ?
M. René Régnault.
Nous avons déjà la satisfaction d'avoir posé le problème et d'avoir recueilli
un certain écho du rapporteur général, qui fait même une suggestion en faveur
de l'évolution du dispositif, et nous ne pouvons, bien entendu, que
l'encourager dans cette voie.
Vous l'avez compris, monsieur le secrétaire d'Etat, mes chers collègues, nous
poursuivons deux objectifs.
Le premier est un objectif d'équité.
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Ce que tout le monde souhaite !
M. René Régnault.
Monsieur le secrétaire d'Etat, vous avez insisté sur les fortes augmentations
qui sont déjà intervenues pour les pylônes. Tant mieux pour les communes qui
perçoivent la taxe due sur les gros pylônes ! Mais celles qui ont sur leur
territoire des pylônes de réseaux moins importants certes, mais tout aussi
encombrants, tout aussi gênants sur le plan esthétique et posant un certain
nombre de difficultés en matière d'aménagement, ne perçoivent rien alors
qu'elles subissent un préjudice équivalent !
Le second objectif que nous poursuivons est l'enfouissement de ces pylônes,
puisque, dans ce cas, le dispositif proposé ne s'appliquerait pas.
Souhaitant qu'EDF renforce son action en la matière et que la commission des
finances, avec son rapporteur général, poursuive la réflexion dans ce domaine
avec le concours du Gouvernement, je retire cet amendement.
M. le président.
L'amendement n° II-116 est retiré.
Articles additionnels avant l'article 61
septies
M. le président.
Par amendement n° II-122, M. Peyronnet, Mme Pourtaud, MM. Régnault, Angels,
Mme Bergé-Lavigne, MM. Charasse, Haut, Lise, Massion, Miquel, Moreigne et
Sergent, les membres du groupe socialiste et apparentés proposent d'insérer,
avant l'article 61
septies,
un article additionnel ainsi rédigé :
« Le paragraphe I de l'article 35 de la loi de finances rectificative pour
1993 (n° 93-859 du 22 juin 1993) est complété par la phrase suivante :
« Pour les véhicules immatriculés à partir du 1er janvier 1999, dans la
circulaire ministérielle n° 77-191 du 23 décembre 1977, les mots : "m vaut
1 pour l'essence et 0,7 pour le gazole" sont remplacés par les mots :
"m vaut 0,85 pour l'essence et 0,85 pour le gazole". »
La parole est à M. Peyronnet.
M. Jean-Claude Peyronnet.
Si vous le permettez, monsieur le président, j'aimerais défendre en même temps
l'amendement n° II-123, qui porte sur le même sujet.
M. le président.
Je suis effectivement saisi d'un amendement n° II-123, présenté par M.
Peyronnet, Mme Pourtaud, MM. Régnault, Angels, Mme Bergé-Lavigne, MM. Charasse,
Haut, Lise, Massion, Miquel, Moreigne et Sergent, les membres du groupe
socialiste et apparentés, et tendant à insérer, avant l'article 61
septies,
un article additionnel ainsi rédigé :
« Le paragraphe I de l'article 35 de la loi de finances rectificative pour
1993 (n° 93-859 du 22 juin 1993) est complété par la phrase suivante :
« Une nouvelle circulaire fixera, avant le 1er janvier 1999, un mode nouveau
de calcul de la puissance administrative des véhicules légers, prenant en
compte, en substitution au mode actuel, la puissance réelle des véhicules
légers, exprimée en DIN ou kW, la vitesse de pointe, le taux de pollution en
gaz toxiques et en poussières émises, la proportion de pièces recyclables dans
la construction et la consommation exprimée en kWh en ville à 50 km/h. »
Veuillez poursuivre, monsieur Peyronnet.
M. Jean-Claude Peyronnet.
Les deux amendements ont trait au même problème, à savoir les anomalies qui
résultent d'une réglementation vieille d'une vingtaine d'années relative au
calcul de la cylindrée des véhicules particuliers.
Cette dernière est en effet calculée à partir des prescriptions d'une
circulaire à valeur législative qui date de 1977 et qui donne un avantage de 30
% aux véhicules diesel à cylindrée égale.
Cette réglementation, qui a vieilli, est à l'origine d'anomalies, de dérives,
et, pour être clair, il est nécessaire de la revoir.
J'avais déjà présenté ces deux amendements l'an dernier à l'occasion de
l'examen de la loi sur l'air - j'y reviendrai - la diésélisation excessive
pouvant poser un problème de santé publique dans notre pays, qui conduit,
depuis un certain nombre d'années, une politique originale dans ce domaine par
rapport à ses voisins.
Mais la première raison pour laquelle ils me semblent importants est une
raison de justice fiscale.
En effet, actuellement, de plus en plus de grosses voitures ont une cylindrée
de plus en plus faible en raison de la diésélisation. Je reprendrai l'exemple
que j'ai donné l'an dernier : la Safrance Dédicace diesel, de 2,5 litres qui
vaut 207 000 francs, appartient à la catégorie des 7 chevaux, alors que la
Safrane à essence, de 2,2 litres, qui vaut 203 000 francs, donc à peu près le
même prix, se trouve dans le catégorie des 11 chevaux. Il faut payer, pour la
première, environ 500 francs de vignette et, pour la seconde, environ 2 000
francs de vignette, selon les départements. De plus, la première voiture se
trouve dans la même catégorie qu'une petite voiture de 5 chevaux ou 6 chevaux
qui, elle, vaut 50 000 francs. C'est là une situation anormale.
Les départements, qui ont autant besoin de la ressource que procure la
vignette que les régions ont besoin de la ressource provenant des cartes
grises, sont donc conduits à augmenter le tarif de base de la vignette, ce qui
a des répercussions sur l'ensemble de la chaîne, et finalement, d'une façon
égale, ou presque, sur les différentes catégories, mais proportionnellement
plus importantes pour les petites cylindrées que pour les grosses. Il est donc
nécessaire de procéder à une révision.
Cette mesure pourrait en outre amorcer un renversement de la politique
traditionnellement favorable au diesel - qui aboutit à la diésélisation du parc
automobile - tout en épargnant l'essentiel des professionnels, contrairement à
la mesure qui tend à augmenter le prix du gazole.
S'agissant de la santé publique, nous connaissons tous maintenant les graves
inconvénients du gazole, l'émission de particules fines se révélant très
inquiétante, notamment chez certains sujets.
La mesure que je propose serait donc intéressante au regard de la protection
de l'environnement et de la santé publique.
Elle présente aussi un intérêt économique. J'ai eu la surprise de recevoir une
lettre d'un pétrolier dans laquelle il me disait tout le bien qu'il pensait de
ma proposition. Je n'ai pas d'accointances particulières avec les pétroliers,
mais cela m'a permis de constater que la France devrait importer du gazole,
faute d'en produire elle-même une quantité suffisante. Il y a là quelque chose
de paradoxal dans la mesure où toute une série de dispositions poussent à la
diésélisation, laquelle a, finalement, aussi des effets négatifs pour notre
balance commerciale.
L'amendement n° II-122 vise à égaliser, en quelque sorte, le calcul de la
cylindrée des véhicules particuliers.
L'amendement n° II-123 est plus précis et va plus loin. Il vise à démontrer
que l'on peut utiliser différents paramètres pour la différenciation des
véhicules en vue de la détermination de leur puissance fiscale : la vitesse de
pointe, exprimée en DIN ou en kilowatts ; le taux de pollution par émission de
gaz toxiques et de poussières ; la proportion de pièces recyclables dans la
construction ; la consommation exprimée en kilowatts-heure, etc. On pourrait
presque y ajouter la pointure du chauffeur !
(Sourires.)
En tout cas, il s'agit pour moi d'inciter le gouvernement actuel à poursuivre
la réflexion qu'avait commencé d'engager le gouvernement précédent sur la
modification du calcul de la puissance fiscale des véhicules.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission sur les amendements n°s II-122 et II-123 ?
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
M. Peyronnet vient en fait de résumer trois années de
travaux de la commission des finances sur ce sujet.
L'écart de fiscalité entre le gazole et l'essence est bien connu du Sénat
puisque, depuis trois ans, en effet, la commission des finances rappelle
régulièrement au Gouvernement la nécessité de progresser dans ce domaine.
C'est ainsi que, l'an dernier, sur la proposition de la commission, le Sénat a
demandé au Gouvernement d'établir un rapport en vue de fonder une nouvelle
législation en la matière sur des données techniques et statistiques
pertinentes, de manière à mettre au point les meilleures dispositions
possibles.
Ce rapport devait nous être rendu le 30 juin dernier. Il ne l'a pas été, mais
M. le secrétaire d'Etat a bien voulu nous donner, voilà quelques jours, des
assurances en nous annonçant ce rapport pour les « prochains jours ». Peut-être
en disposerons-nous donc dans les heures qui viennent ! A moins, monsieur le
secrétaire d'Etat, que vous ne préfériez attendre encore quelques jours pour
faire de ce rapport votre cadeau de Noël, ce dont nous vous serions très
reconnaissants !
(Sourires.)
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Je suis un laïque !
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Mais Noël est une fête qui est presque devenue laïque
!
Monsieur Peyronnet, lorsqu'il nous faudra légiférer à la lumière du rapport
promis, nous ne serons pas trop, majorité sénatoriale, minorité et
Gouvernement, pour mettre au point les dispositions les mieux adaptées.
Car il nous faut maintenant vraiment avancer ! Voilà trois ans que nous
disons, par exemple, que l'industrie automobile ne doit pas être seule prise en
compte, que l'industrie du raffinage, elle aussi, commence à être en danger.
Hélas ! nous n'avons absolument pas progressé sur ce dossier, quel qu'ait été
le gouvernement.
Dans l'attente de ce rapport, et après que vous aurez entendu les réponses,
sans doute rassurantes du Gouvernement, mon cher collègue, vous pourriez
retirer vos amendements, étant entendu que le Gouvernement tiendra
éventuellement compte des suggestions que vous avez formulées.
Cela dit, les amendements mériteraient, pour l'avenir, d'être rédigés
différemment, car il n'est guère envisageable de modifier une circulaire par
voie législative.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
M. Peyronnet a exposé avec une grande force de
persuasion les raisons pour lesquelles il faudrait, selon lui, assurer la
neutralité des formules de calcul de la puissance administrative des véhicules
à partir du 1er janvier 1999, de façon à réduire ce qui constitue une
distorsion entre les véhicules fonctionnant au gazole, qui ont un coefficient
de 0,7, et les véhicules fonctionnant à l'essence, qui ont un coefficient de 1.
Selon une approche parfaitement cartésienne, il propose de fixer un seul
coefficient de 0,85.
Vous le savez, monsieur le sénateur, le Gouvernement achève sa réflexion - M.
le rapporteur général y a fait allusion - sur la question de la détermination
de la puissance administrative des véhicules. Mes services travaillent avec
ceux du ministère de l'équipement, des transports et du logement et du
ministère de l'environnement sur ce sujet. Je vous confirme que le fameux
rapport prévu à l'article 117 de la loi de finances pour 1997 sera disponible à
la fin de l'année, donc ni à la Saint-Nicolas ni à la Noël, mais avant la
Saint-Sylvestre.
(Sourires.)
Il sera ensuite possible de supprimer les distorsions de traitement
fiscal qui résultent de l'actuelle formule de calcul pour chacune des trois
impositions qui sont assises sur la puissance administrative ; la taxe sur les
cartes grises, la vignette et la taxe sur les véhicules de société. On pourra
ainsi prendre en compte les préoccupations relatives à l'environnement que vous
avez exposées tout à l'heure.
Sous le bénéfice de ces explications, qui, me semble-t-il, monsieur Peyronnet,
vous donnent satisfaction, ainsi qu'à beaucoup de vos collègues puisque votre
démarche semble être l'aboutissement de trois années de travaux obstinés menés
dans cette assemblée, je vous demande de bien vouloir retirer vos amendements,
dans l'attente de ce rapport, qui sera disponible de façon imminente.
M. le président.
Monsieur Peyronnet, les amendements n°s II-122 et II-123 sont-ils maintenus
?
M. Jean-Claude Peyronnet.
Je voudrais d'abord dire à M. le rapporteur général que j'étais bien conscient
des problèmes de forme que soulevaient mes amendements. Il s'agissait avant
tout pour moi d'interpeller le Gouvernement. La réponse que j'ai obtenue me
satisfait.
J'avais déjà, l'an dernier, retiré de semblables amendements sous le bénéfice
de la promesse que m'avait faite Mme Lepage, alors ministre de l'environnement,
quant à la présentation de ce rapport au printemps.
Monsieur le secrétaire d'Etat, vous avez pris l'engagement formel de nous
remettre ledit rapport avant la fin de l'année. En conséquence, je retire ces
amendements.
M. le président.
Les amendements n°s II-122 et II-123 sont retirés.
Article 61
septies
M. le président.
« Art. 61
septies
. - I. _ Il est inséré, dans le code général des
impôts, un article 1599 F
bis
ainsi rédigé :
«
Art. 1599 F
bis
. _ Le conseil général peut, sur délibération,
exonérer de façon totale ou partielle de la taxe différentielle sur les
véhicules à moteur les véhicules qui fonctionnent, exclusivement ou non, au
moyen de l'énergie électrique, du gaz naturel-véhicules ou du gaz de pétrole
liquéfié.
« La délibération prend effet dans le délai prévu à l'article 1599 H. »
« II. _ Il est inséré, dans le code général des impôts, un article 1599
nonies
A ainsi rédigé :
«
Art. 1599
nonies
A
. _ L'Assemblée de Corse peut, sur
délibération, exonérer de façon totale ou partielle de la taxe différentielle
sur les véhicules à moteur les véhicules qui fonctionnent, exclusivement ou
non, au moyen de l'énergie électrique, du gaz naturel-véhicules ou du gaz de
pétrole liquéfié.
« La délibération prend effet dans le délai prévu à l'article 1599
duodecies
. »
Par amendement n° II-89, M. Lambert, au nom de la commission des finances,
propose de supprimer cet article.
La parole est à M. le rapporteur général.
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
La commission des finances propose la suppression de
l'article 61
septies,
car le Sénat s'était déjà opposé à une telle
disposition lors de la discussion de la loi sur l'air et en avait obtenu la
suppression en commission mixte paritaire.
Tous ici, nous sommes partisans de mesures positives pour l'environnement,
mais il apparaît que la mesure proposée n'est au fond que symbolique. En effet,
ce n'est pas pour quelques centaines de francs d'économies que l'on peut faire
sur la vignette que l'on achète une voiture électrique, dont le surcoût a été
chiffré à environ 50 000 francs.
En outre, il est apparu à certains membres de la commission que cette mesure
pourrait porter atteinte aux recettes fiscales des départements.
Une véritable réflexion sur la fiscalité en faveur des véhicules les moins
polluants passerait par une remise en cause du caractère dégressif du taux de
la vignette dans le temps, dans la mesure où il est reconnu que 20 % du parc le
plus ancien sont à l'origine de 80 % de la pollution atmosphérique due aux
voitures. Cela poserait cependant, à l'évidence, des problèmes d'équité.
C'est pourquoi la commission des finances a souhaité confirmer le vote du
Sénat à l'occasion de l'examen de la loi sur l'air en proposant de nouveau la
suppression de cette mesure d'exonération, qui alourdirait en outre
considérablement les tâches des services fiscaux en ce qui concerne la gestion
de la vignette.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Le Gouvernement est très sensible aux arguments
développés par M. le rapporteur général, notamment à ceux qui ont trait à la
complication de la tâche qui résulterait de cette mesure pour les services
fiscaux.
Etant donné, je le répète, qu'un rapport complet sera remis sur cette question
des puissances administratives des véhicules d'ici à la fin de l'année, le
Gouvernement s'en remet à la sagesse de la Haute Assemblée sur cet
amendement.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° II-89, pour lequel le Gouvernement s'en remet
à la sagesse du Sénat.
M. René Régnault.
Le groupe socialiste s'abstient.
Mme Marie-Claude Beaudeau.
Le groupe communiste républicain et citoyen également.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, l'article 61
septies
est supprimé.
Article additionnel après l'article 61
septies
M. le président.
Par amendement n° II-124, M. Peyronnet et les membres du groupe socialiste et
apparentés proposent d'insérer, après l'article 61
septies,
un article
additionnel ainsi rédigé :
« L'article 1599 J du code général des impôts est complété par une phrase
ainsi rédigée : "Pour les véhicules appartenant à une entreprise, elle
doit être acquise dans le lieu de principal stationnement du véhicule".
»
La parole et à M. Peyronnet.
M. Jean-Claude Peyronnet.
Il s'agit encore de la vignette et, en l'occurrence, d'une dérive dont on peut
s'étonner qu'elle ne se soit pas produite plus tôt.
Un certain nombre d'entreprises possédant de nombreux véhicules, notamment les
entreprises de location de véhicules, les font « domicilier » dans un
département que je ne citerai pas, disant seulement qu'il porte le numéro
minéralogique 51, pour obtenir un tarif de vignette qui est en effet
particulièrement attractif. Il va de soi qu'il en résulte pour les autres
départements une importante perte de recettes, liée à ce phénomène de « fuite
fiscale ».
Si cela avait été volontaire de la part du conseil général, on pourrait dire :
« Bravo l'artiste ! », et admirer le bon coup ainsi réussi. Mais le président
du conseil général du département concerné nous a expliqué très honnêtement,
lors du congrès des présidents de conseils généraux, que, à l'origine, le
département avait simplement fait d'autres choix et qu'il n'avait pas souhaité
tirer de la vignette une part importante de ses ressources. Or ce n'est pas le
cas des autres départements - si j'ai bien compris les réactions de mes
collègues - qui comptent sur cette ressource importante, qui tiennent à ce
qu'elle le demeure et qui aimeraient, en conséquence, qu'il ne puisse plus y
avoir d'échappatoire.
Voilà pourquoi mon amendement vise à faire en sorte que la vignette soit
effectivement acquittée dans le département ou le véhicule stationne
principalement. Les services fiscaux n'auraient qu'à procéder comme ils le
font, par exemple, pour la taxe professionnelle.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Nous connaissons tous, effectivement, le cas de ce
département où sont appliqués des tarifs de vignette très inférieurs à ce
qu'ils sont dans tous les autres départements.
Cependant, monsieur Peyronnet, la référence que vous proposez au « lieu
principal de stationnement » ne nous paraît guère facile à mettre en oeuvre.
Elle poserait des problèmes d'application délicats, voire insurmontables. C'est
la raison pour laquelle la commission des finances a émis un avis
défavorable.
Toutefois, si vous le permettez, mes chers collègues, je saisirai cette
occasion pour vous dire qu'il s'agit peut-être là, en modèle réduit, de ce qui
va se produire demain, en Europe, après le passage à l'euro.
M. Gérard Delfau.
C'est bien ce qui nous inquiète !
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Nous aurons alors la même unité de compte, ce qui
permettra de mesurer les différences de fiscalité entre les différents pays.
M. Gérard Delfau.
Eh oui !
M. Jean Chérioux.
Ce sera l'heure de vérité !
M. René Régnault.
Vous serez surpris !
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Nous serons sans doute inscrits dans une compétition
fiscale, ce qui remettra en cause un certain nombre d'idées reçues et de
pratiques fiscales et pourrait nous conduire à réviser complètement les
comportements qui sont les nôtres aujourd'hui.
Je ne voudrais pas provoquer d'insomnies chez nos collègues, mais nous vivons
là, en modèle réduit, je le répète, ce qui se produira probablement demain dès
lors que nous aurons une monnaie commune et que les vraies différences fiscales
qui existent aujourd'hui apparaîtront clairement. La compétitivité fiscale à
laquelle fait souvent allusion la commission des finances représente un
véritable enjeu pour l'avenir de notre pays.
Cela étant, je me suis éloigné de la question soulevée par l'amendement n°
II-124, monsieur le président. Celui-ci ne nous paraît pas répondre au problème
posé. Par conséquent, la commission des finances émet un avis défavorable.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Cet amendement tend à répondre à une situation
paradoxale.
Nous sommes tous très attachés au fait que les taux des impôts qui sont
affectés aux collectivités locales soient librement déterminés par celles-ci.
Le paradoxe, c'est que cette liberté, dans ce cas précis, est détournée de son
objet par des contribuables qui, en quelque sorte, « font leur marché » pour
bénéficier des taux les plus bas adoptés par certaines collectivités.
Pour parler clair, il n'est pas tout à fait normal que les deux tiers des
véhicules qui sont immatriculés dans la Marne en 1996 ne séjournent pas dans ce
département.
Par conséquent, vous soulevez une véritable question, monsieur Peyronnet. Le
problème est que la réponse que vous y apportez n'est peut-être pas la
meilleure.
En effet, d'une part, vous créez un risque : si le Parlement intervient en la
matière, l'Etat se verra contraint de compenser la perte financière éventuelle
que subiraient certains départements. Vous qui êtes soucieux des finances
publiques, vous comprendrez qu'il existe là un danger.
D'autre part, et c'est peut-être le principal argument, le critère du lieu
principal de stationnement du véhicule est assez difficile à contrôler dans la
pratique.
Ce que je peux vous dire, c'est que mes services et ceux du ministère de
l'équipement, des transports et du logement vont travailler à la recherche
d'une solution qui consisterait, par exemple, à obliger les sociétés à
immatriculer leurs véhicules en fonction de critères objectifs
d'utilisation.
Dans l'attente de cette réflexion, qui débouchera sur des propositions un peu
plus opératoires, je souhaite que vous retiriez cet amendement, monsieur le
sénateur.
M. le rapporteur général a profité de ce tremplin pour prendre de l'altitude
et évoquer le problème de la compétition fiscale en Europe. Il a effectivement
posé une vraie question. C'est la raison pour laquelle le Gouvernement est
engagé très vigoureusement dans un effort de coordination des politiques
fiscales à l'échelle européenne qui a donné lieu, au dernier Conseil des
ministres de l'économie et des finances de Luxembourg de premières décisions
concrètes.
Si M. le rapporteur général manifestait quelque inquiétude - ce n'est pas
véritablement le cas - à l'égard des conséquences de la mise en place de
l'euro, je lui dirais que les deux nouvelles que nous avons apprises
aujourd'hui - d'une part, l'implantation d'une usine automobile à Valenciennes
créant deux mille emplois et, d'autre part, le choix de Cherbourg comme plaque
tournante par une grande compagnie américaine de conteneurs - montrent que
notre territoire est très attractif et qu'il le restera après l'institution de
l'euro.
M. le président.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° II-124.
M. Marcel Lesbros.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Lesbros.
M. Marcel Lesbros.
Je suis très surpris de l'attitude adoptée par M. le rapporteur général de la
commission des finances dans cette affaire qui concerne les conseils
généraux.
Je représente le conseil général des Hautes-Alpes, qui est parmi les plus
défavorisés...
M. Michel Charasse.
Les plus pauvres !
M. Marcel Lesbros.
Effectivement ! Je cite un cas parmi bien d'autres ! Le système qui est
appliqué, et qui instaure une véritable concurrence, transforme les conseils
généraux en « marchands de vignettes » : c'est à celui qui parviendra à fixer
le prix le plus bas ! C'est immoral !
(M. François Lesein fait un signe
d'approbation.)
En outre - et j'ai la fierté d'ajouter mon nom à ceux des signataires de cet
amendement - on nous prive d'une recette qui est indispensable aux
départements. N'oublions pas, monsieur le secrétaire d'Etat, que, au début de
la décentralisation, cette vignette, avec une partie des droits de mutation,
était destinée à alimenter le budget social des départements.
M. Michel Charasse
C'était imposé par l'Etat !
M. Marcel Lesbros.
Maintenant, on nous prive de cette ressource !
Que faut-il faire ? Augmenter les impôts dans les départements pauvres ? Nous
ne le pouvons plus ! Il convient de prendre en compte une notion d'équilibre et
d'équité. C'est pourquoi, monsieur le secrétaire d'Etat, je vous demande
d'apporter une solution à ce problème qui est irritant pour tous les conseils
généraux et qui ne reflète pas la justice sociale et fiscale.
(Très bien !
et applaudissements sur les travées socialistes, ainsi que sur certaines
travées du RDSE.)
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le rapporteur général.
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Puisque mon excellent collègue M. Lesbros a manifesté
son étonnement quant à la position adoptée par la commission des finances, que
j'ai l'honneur d'exprimer en son nom, je lui dirai que, ce que l'on attend de
la commission des finances, c'est que les textes votés par le Sénat soient
applicables !
Or, en l'état actuel de l'amendement - je parle sous le contrôle d'un
président de conseil général, président de la commission des finances - je
rappelle que le texte proposé n'est pas applicable.
M. Marcel Lesbros.
Trouvez-en un qui soit applicable !
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Par conséquent, ne me reprochez pas d'émettre un avis
défavorable sur un texte inapplicable !
J'ai pris soin, tout à l'heure, de vous dire que je comprenais parfaitement -
et la commission des finances plus encore - les préoccupations que vous
exprimiez. Toutefois, l'amendement tendait à poser le problème et sans doute
son auteur ne se faisait-il pas d'illusions sur son applicabilité.
Je vous confirme que la cause que vous venez de défendre à nouveau est
parfaitement légitime, mais qu'elle ne peut pas être satisfaite par
l'amendement, dans sa rédaction actuelle.
M. Gérard Delfau.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Delfau.
M. Gérard Delfau.
Petites causes, grands effets et leçon de politique européenne de M. le
rapporteur général ! Je souhaite livrer quelques considérations à porter de ce
constat.
Tout d'abord, c'est effectivement une inégalité flagrante qu'un département
puisse, ainsi que l'a fort justement dit M. le secrétaire d'Etat, « faire son
marché ». Je ne suis pas conseiller général, mais je suis parlementaire d'un
département, l'Hérault, qui a le triste privilège de cumuler l'un des plus
forts taux de chômage et l'un des plus forts taux de RMIstes.
Il est évident qu'il y a là un manque à gagner important. Par conséquent, il
importe que le Parlement trouve la voie - si celle-ci n'est pas tout à fait la
bonne, il faut en trouver une autre - pour revenir à l'esprit du texte qui a
été voté. C'est fondamental !
Ensuite, je dirai que, au fond, la Marne, c'est notre Luxembourg !
(Sourires.)
Monsieur le secrétaire d'Etat, nous suivons avec beaucoup
d'attention les efforts très importants, que nous saluons, du Gouvernement pour
aboutir à une meilleure coordination des politiques fiscales. En effet, si des
résultats substantiels ne sont pas obtenus avant les échéances qui se
préparent, alors une inquiétude naîtra et peut-être même assisterons-nous, au
sein de la population, à une remise en cause d'une certaine conception de la
construction européenne, ce que je ne souhaite pas. Je tenais à le souligner,
car le sujet est véritablement grave.
M. Michel Charasse.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Charasse.
M. Michel Charasse.
Je partage tout à fait - M. le rapporteur général aussi, me semble-t-il, -
l'indignation exprimée par notre collègue et ami M. Peyronnet et soutenue par
M. Lesbros. D'ailleurs, sur le fond, le Gouvernement n'est pas en désaccord
avec ce qu'il faut penser de ces pratiques.
La situation actuelle est choquante. Je ne suis pas certain qu'elle ait été
voulue par le conseil général, mais il se trouve que c'est ainsi ! En effet,
dans le cadre de sa politique fiscale, ce conseil général a décidé, comme il en
a le droit, de ne pas fixer le tarif de la vignette à un niveau trop élevé. Il
devient maintenant le paradis fiscal de la vignette ! La Marne, paradis
fiscal... On imagine les cocotiers... En buvant un peu de champagne, cela doit
pouvoir s'arranger ! En tout cas, le résultat est là !
Monsieur le secrétaire d'Etat, ce ne serait pas grave si la taxe
différentielle était affectée au budget de l'Etat, comme c'était le cas avant
la décentralisation : elle n'avait pas d'affectation territoriale.
M. Gérard Delfau.
Eh oui !
M. Michel Charasse.
Or, depuis 1982, c'est le département qui perçoit cette taxe. Il s'agit d'une
contribution qui a pour objet de faire participer les automobilistes aux
charges des départements.
M. Christian Poncelet,
président de la commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes
économiques de la nation.
Aux charges sociales !
M. Michel Charasse.
Effectivement !
Par conséquent, elle doit être perçue par le département concerné.
Il est vrai, monsieur le rapporteur général, que le « lieu de principal
stationnement du véhicule » n'est pas d'interprétation facile. D'ailleurs, je
l'ai dit amicalement à mon ami M. Peyronnet. Personnellement, je préférerais
sous-amender l'amendement en indiquant non pas le « lieu », mais le «
département » - il s'agit, en effet, d'une recette du département - « du
principal établissement du propriétaire », les mots « principal établissement »
étant pris dans leur sens fiscal : il s'agit du lieu où le propriétaire demeure
habituellement, ou du domicile du propriétaire, ce qui me paraît préférable.
J'ignore le sort qui sera réservé à cet amendement, même sous-amendé, mais je
souhaite, monsieur le secrétaire d'Etat, que l'on n'en reste pas là.
Il faut savoir, mes chers collègues, que, dans le département de la Marne, la
préfecture a été obligée d'affecter une cinquantaine de fonctionnaires
supplémentaires au service des cartes grises pour l'immatriculation de ses
véhicules.
M. René Régnault.
Il faut les payer !
M. Michel Charasse.
Non seulement tous les départements de France et de Navarre sont grugés, mais,
en plus, c'est l'Etat qui paie !
M. Gérard Delfau.
Très bien !
M. Michel Charasse.
Je souhaiterais vraiment que vous étudiiez la possibilité de créer des frais
d'assiette et de recouvrement qui seraient prélevés sur la ressource du
département.
Ainsi, monsieur le sercrétaire d'Etat, vous rentreriez dans vos frais. Il ne
faut pas, en plus, que ce soit l'Etat qui paie ce genre de facilités !
Cela étant, je propose, monsieur le président, de sous-amender l'amendement n°
II-124 en remplaçant les mots : « lieu de principal stationnement du véhicule »
par les mots : « département du principal établissement du propriétaire ». Dès
lors, la disposition devient applicable, monsieur le rapporteur général !
M. le président.
Je suis donc saisi d'un sous-amendement n° II-162, présenté par M. Charasse,
et tendant, dans l'amendement n° II-124, à remplacer les mots : « lieu de
principal stationnement du véhicule » par les mots : « département du principal
établissement du propriétaire ».
Quel est l'avis de la commission sur ce sous-amendement ?
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Bien évidemment, je ne peux pas donner l'avis de la
commission, puisqu'elle ne s'est pas réunie, mais je peux vous donner une
réponse spontanée.
Il faut que le contrôle puisse être effectué. Il convient donc que le véhicule
puisse être rattaché à un lieu où le propriétaire dépose une déclaration
fiscale.
Si j'ai bien compris, M. Charasse propose que le lieu pris en considération
soit le département - il s'agit de la collectivité qui lève l'impôt - où est
situé le principal établissement du propriétaire, c'est-à-dire de
l'entreprise.
Je ne suis pas certain - mais je réfléchis en parlant - que nous ayons atteint
la totalité de l'objectif. En effet, lorsque nous sommes en présence d'une
entreprise qui comporte à la fois un établissement principal et des
établissements secondaires, certains véhicules sont rattachés au fonctionnement
de l'établissement secondaire. Lorsqu'il s'agit d'une filiale, les véhicules
sont rattachés à la filiale, mais, dans le cas contraire, je ne suis pas
persuadé que nous disposions, dans les comptes de l'entreprise, des moyens de
vérifier si lesdits véhicules sont rattachés à l'établissement secondaire ou à
l'établissement principal.
J'ai le sentiment, mon cher collègue, je vous le dis en toute humilité, de
faire de l'improvisation fiscale. Après les propos que je tiens depuis
plusieurs années sur la nécessité d'élaborer une bonne législation fiscale
créant un minimum d'insécurité, je suis pris en flagrant délit de ne pas faire
mon travail.
C'est ce qui me conduit à préciser que si le sous-amendement de M. Charasse
améliore la rédaction initiale de l'amendement, il ne me paraît pas atteindre
un niveau de perfection qui permette son adoption par le Sénat.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement, sur ce sous-amendement ?
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Je veux m'associer à cet exercice brillant
d'improvisation fiscale.
Je ne suis pas persuadé, sachant que le principal établissement de ces
entreprises de location est situé dans le département des Hauts-de-Saine, que
le transfert de la Marne vers les Hauts-de-Seine aille dans le sens de l'équité
interdépartementale que nous recherchons ! Certains, y compris sur ces travées,
pourraient cependant s'en réjouir !
Toutefois, je suggère, comme M. le rapporteur général, que nous remettions
l'ouvrage sur le métier jusqu'à ce que nous parvenions à une solution
équitable, au regard des ressources que les départements consacrent à leurs
dépenses sociales, et applicable.
Si nous consacrons, ensemble, un peu de temps à cette question, comme je l'ai
suggéré, nous trouverons, je n'en doute pas, une bonne solution.
M. le président.
Je vais mettre aux voix le sous-amendement n° II-162.
M. Michel Charasse.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Charasse.
M. Michel Charasse.
J'ai bien entendu M. le rapporteur général et M. le secrétaire d'Etat.
Franchement, mes chers collègues, la situation dont cet amendement est la
conséquence est véritablement irritante et il faut trouver une solution.
Je suis prêt à renoncer à mon sous-amendement - peut-être M. Peyronnet
fera-t-il de même en ce qui concerne son amendement ; je n'en sais rien, je ne
me suis pas concerté avec lui - si, d'ici au collectif budgétaire, vous nous
proposez, monsieur le secrétaire d'Etat, une solution, parce qu'il y en a
sûrement une. Qu'on ne fasse pas de l'improvisation fiscale en séance, je veux
bien, et je suis même le premier à regretter quelquefois que nous le fassions,
mais on ne peut pas en rester là. En effet, on ne peut demeurer dans une
situation où un département, volontairement ou non, bénéficie d'une rente,
l'Etat payant des sommes astronomiques.
On cherche des économies dans le budget de l'Etat. Eh bien ! mes chers
collègues, les quarante ou cinquante fonctionnaires qui sont affectés au
service des cartes grises à la préfecture de la Marne seraient certainement
mieux employés ailleurs. Je n'entre pas dans les détails, vous voyez ce que je
veux dire.
Par conséquent, monsieur le secrétaire d'Etat, si vous nous dites que, d'ici
au collectif, vous allez essayer de nous proposer une solution, je n'insiste
pas. Dans le cas contraire, quelles que soient les imperfections que je
reconnais à ce texte, même sous-amendé par mon propre sous-amendement, je le
voterai.
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Je comprends la hâte de la Haute Assemblée, qui
habituellement cherche à concilier la sagesse et l'efficacité.
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Elle y parvient assez souvent !
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Je l'ai dit tout à l'heure, les services des finances
et ceux de l'équipement vont travailler pour trouver une solution équitable et
efficace.
Je prends l'engagement que nous rechercherons cette solution de façon qu'elle
s'applique à la vignette de l'année 1999.
Toutefois, je ne promets pas qu'une solution sera trouvée d'ici au collectif
budgétaire. En effet, même si l'imagination fiscale est au pouvoir, le
dispositif auquel nous devons parvenir doit fonctionner correctement.
Nous allons donc chercher ensemble - et je suis à la disposition des sénateurs
qui ont des idées sur ce sujet - une solution qui, je le répète, soit
applicable à la vignette de 1999.
M. Christian Poncelet,
président de la commission des finances.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le président de la commission.
M. Christian Poncelet,
président de la commission des finances.
J'ai peu de chose à ajouter à ce
qui a été excellement dit par M. le rapporteur général.
A mes yeux, le problème de la vignette prend une dimension de plus en plus
préoccupante et il est donc impératif, monsieur le secrétaire d'Etat, que
l'engagement que vous venez de prendre, à savoir la réforme, dans le budget de
1999, de la perception de la vignette, soit tenu.
J'indique en effet à notre assemblée que se créent aujourd'hui des officines
dont le but est, précisément, de collecter des vignettes dans la Marne -
puisque ce département a été cité - au bénéfice de transporteurs ou de
propriétaires de véhicules d'autres départements.
Un véritable trafic se met en place. Il est temps, il est urgent d'y mettre
fin !
J'ai dénoncé ce trafic et ses conséquences à la radio, certains ont pu déjà
m'entendre : l'assiette fiscale concernant la vignette disparaîtra totalement
dans certains départements au bénéfice d'un département ou de quelques-uns.
On peut donc concevoir que la sagesse puisse conduire - et là je me tourne
vers ceux qui ont un peu d'expérience en ce domaine - à retirer l'amendement
parce que l'on ne peut pas légiférer dans la précipitation ; le sujet est trop
complexe. Cela dit, s'il ne tenait pas son engagement, le Gouvernement serait
alors responsable du trafic qui se créerait alors.
M. Michel Charasse.
Très bien !
M. le président.
Monsieur Charasse, le sous-amendement n° II-162 est-il maintenu ?
M. Michel Charasse.
Je voudrais que M. le secrétaire d'Etat prenne l'engagement de tout faire pour
que cette question soit réglée avant la fin de l'année, et je vais vous
expliquer brièvement pourquoi.
Si nous nous retrouvons dans un an, au moment de la discussion budgétaire de
1999, dans la même situation, nous ne pourrons pas régler cette question
puisque, je le rappelle, la vignette automobile est en vente du 1er novembre
jusqu'à début décembre. Par conséquent, il faut qu'elle soit résolue cette
année, car nous n'aurons pas l'occasion d'avoir un autre débat d'ici à la
prochaine campagne de vignette. Monsieur le secrétaire d'Etat, vous êtes
entouré de collaborateurs brillants - je les connais, je sais qu'ils le sont -
vous devez trouver une solution pour le collectif.
Cela dit, je retire mon sous-amendement.
M. le président.
Le sous-amendement n° II-162 est retiré.
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
En l'occurrence, monsieur Charasse, ce qui est en
cause, ce n'est pas une disposition fiscale, mais, si l'on choisit de modifier
les règles d'immatriculation, le code de la route. Or, une telle modification
n'aurait pas sa place dans la loi de finances.
Je prends l'engagement que le ministère des transports et le ministère des
finances vont travailler ensemble afin de trouver une solution pour la vignette
1999. Nous chercherons ensemble cette solution. Cela revient, pour l'essentiel,
à modifier les conditions, si je puis m'exprimer ainsi, de territorialisation
des véhicules de sociétés, car il s'agit bien de cela puisque, pour les
particuliers, il ne semble pas y avoir de problèmes. Sur ce point, le président
Poncelet l'a dit et je le répète, nous trouverons ensemble une solution pour la
vignette 1999.
(M. Charasse fait un signe d'assentiment.)
M. le président.
Monsieur Peyronnet, l'amendement n° II-124 est-il maintenu ?
M. Jean-Claude Peyronnet.
J'ai été très attentif à cette discussion et en particulier aux propos du
président Poncelet sur les dérives qui, monsieur le secrétaire d'Etat, risque
de concerner, dans l'avenir, non pas seulement les véhicules de location, mais
de plus en plus de véhicules.
En effet, le très grand nombre de véhicules immatriculés dans la Marne qui
circulent partout en France - il suffit d'être un peu sensibilisé à ce
problème, comme le sont tous les présidents de conseil général, pour s'en
rendre compte - montre qu'il ne s'agit pas, loin de là, d'un phénomène
concernant les seuls véhicules de location.
Il y a donc là un véritable problème et un risque majeur d'effondrement de ce
type de fiscalité. Aussi est-il urgent de se préoccuper du problème.
Je comprends, monsieur le secrétaire d'Etat, que vous ne puissiez pas prendre
d'engagement pour le prochain collectif - c'est dommage. Cependant, il est
indispensable de résoudre ce problème très rapidement. En effet, s'il est vrai
que la vente de la vignette pour 1998 vient de s'achever, il est également vrai
que les taux pour 1999 sont fixés actuellement. Aussi, il est urgent que les
départements sachent ce qu'il va advenir.
J'ajouterai que je ne partage pas tout ce qui a été dit sur la difficulté de
mise en oeuvre de cet amendement tel qu'il a été proposé. En effet, il
suffirait d'établir un régime déclaratif - que les services fiscaux savent
parfaitement vérifier - par agence de location dans la Haute-Vienne, dans la
Marne, dans les Hauts-de-Seine ou dans les Alpes-de-Haute-Provence. Ainsi, les
services fiscaux pourront - puisqu'ils le font très bien pour la taxe
professionnelle - voir comment les choses s'organisent.
On peut aussi imaginer des calculs qui seraient effectués à partir du chiffre
d'affaires des différentes agences dans les divers départements ; à ce
moment-là, les choses seraient assez simples. Je crois que l'on peut aller vite
sur ce dossier, monsieur le secrétaire d'Etat.
Toutefois - j'insiste sur ce point - il est nécessaire que les services de
l'Etat exercent un contrôle sur le comportement des particuliers, contrôle qui,
selon moi, est encore plus urgent que celui de la dérive concernant les
véhicules de location.
Cela étant dit, je retire cet amendement.
M. le président.
L'amendement n° II-124 est retiré.
Afin de permettre à la conférence des présidents de se réunir, le Sénat va
maintenant interrompre ses travaux ; il les reprendra à seize heures.
La séance est suspendue.
(La séance, suspendue à douze heures dix, est reprise à seize heures dix, sous
la présidence de M. Michel Dreyfus-Schmidt.)
PRÉSIDENCE
DE M. MICHEL DREYFUS-SCHMIDT
vice-président
M. le président. La séance est reprise.
3
CONFÉRENCE DES PRÉSIDENTS
M. le président.
La conférence des présidents a établi comme suit l'ordre du jour des
prochaines séances du Sénat :
A. -
Mercredi 10 décembre 1997,
à quinze heures :
1° Conclusions de la commission prévue par l'article 105 du règlement sur la
proposition de résolution tendant à requérir la suspension des poursuites
engagées contre M. Michel Charasse, sénateur du Puy-de-Dôme (n° 83, 1997-1998).
Ordre du jour prioritaire
2° Projet de loi portant ratification de l'accord-cadre de commerce et de
coopération entre la Communauté européenne et ses Etats membres, d'une part, et
la République de Corée, d'autre part (n° 382, 1996-1997) ;
3° Projet de loi autorisant la ratification de la convention relative à l'aide
alimentaire de 1995 (n° 372, 1996-1997) ;
4° Projet de loi autorisant l'approbation de l'accord international de 1994
sur les bois tropicaux (ensemble deux annexes) (n° 64, 1997-1998) ;
5° Projet de loi autorisant l'approbation de la convention d'assistance
administrative mutuelle entre le Gouvernement de la République française et le
Gouvernement de la République de Cuba pour la prévention, la recherche et la
poursuite des fraudes douanières (n° 76, 1997-1998) ;
6° Projet de loi autorisant l'approbation de la convention d'assistance
administrative mutuelle en matière douanière entre le Gouvernement de la
République française et le Gouvernement de la République de Pologne (n° 77,
1997-1998) ;
7° Projet de loi autorisant l'approbation de la convention d'assistance
administrative mutuelle entre le Gouvernement de la République française et le
Gouvernement de l'Ukraine pour la prévention, la recherche et la poursuite des
infractions douanières (n° 78, 1997-1998) ;
8° Projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale, autorisant l'approbation
de l'accord entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement
de la Fédération de Russie relatif au règlement définitif des créances
réciproques entre la France et la Russie antérieures au 9 mai 1945 sous forme
de mémorandum d'accord et de l'accord entre le Gouvernement de la République
française et le Gouvernement de la Fédération de Russie sur le règlement
définitif des créances réciproques financières et réelles apparues
antérieurement au 9 mai 1945 (n° 104, 1997-1998) ;
9° Projet de loi autorisant l'approbation de la convention sur la protection
des enfants et la coopération en matière d'adoption internationale (n° 365,
1996-1997) ;
10° Projet de loi autorisant l'approbation de l'accord entre le Gouvernement
de la République française et le Gouvernement de la République du Kenya en vue
d'éviter les doubles impositions en matière de transport aérien en trafic
international (n° 341, 1996-1997) ;
11° Projet de loi autorisant l'approbation de la convention entre le
Gouvernement de la République française et le Gouvernement de la République
gabonaise en vue d'éviter les doubles impositions et de prévenir l'évasion et
la fraude fiscales (n° 219, 1996-1997).
B. -
Jeudi 11 décembre 1997 :
Ordre du jour établi en application
de l'article 48, troisième alinéa, de la Constitution
A neuf heures trente :
1° Deuxième lecture de la proposition de loi, modifiée par l'Assemblée
nationale, consacrant le placement sous surveillance électronique comme
modalité d'exécution des peines privatives de liberté (n° 285, 1996-1997).
La conférence des présidents a fixé :
- au mercredi 10 décembre 1997, à dix-sept heures, le délai limite pour le
dépôt des amendements à ce projet de loi ;
- à une heure la durée globale du temps dont disposeront, dans la discussion
générale, les orateurs des divers groupes ou ne figurant sur la liste d'aucun
groupe ;
L'ordre des interventions sera déterminé en fonction du tirage au sort auquel
il a été procédé au début de la session et les inscriptions de parole devront
être faites au service de la séance, avant dix-sept heures, le mercredi 10
décembre 1997 ;
2° Conclusions de la commission des affaires économiques sur la proposition
de résolution de MM. Maurice Blin, Henri de Raincourt, Josselin de Rohan, Jean
François-Poncet et Gérard Larcher, tendant à créer une commission d'enquête
chargée d'examiner le devenir des grands projets d'infrastructures terrestres
d'aménagement du territoire, dans une perspective de développement et
d'insertion dans l'Union europénne (n° 107, 1997-1998) ;
3° Conclusions de la commission des finances sur la proposition de résolution
de MM. Maurice Blin, Henri de Raincourt, Josselin de Rohan, Louis Souvet et
Jean Arthuis, tendant à créer une commission d'enquête sur les conséquences
pour l'économie française de la réduction de la durée du travail à trente-cinq
heures hebdomadaires (n° 159, 1997-1998) ;
4° Conclusions de la commission des lois sur la proposition de résolution de
M. Henri de Raincourt, des membres du groupe des Républicains et Indépendants,
apparenté et rattachés administrativement, tendant à créer une commission
d'enquête pour procéder à un examen approfondi des procédures en vigueur en
matière de régularisation des étrangers en situation irrégulière sur le
territoire français et pour en évaluer les conséquences économiques et
financières (n° 95, 1997-1998) ;
5° Conclusions de la commission des affaires économiques sur la proposition de
loi de M. Gérard César et plusieurs de ses collègues portant diverses mesures
urgentes relatives à l'agriculture (n° 155, 1997-1998).
La conférence des présidents a fixé :
- au mercredi 10 décembre 1997, à dix-sept heures, le délai limite pour le
dépôt des amendements à ce texte ;
- à quatre heures la durée globale du temps dont disposeront, dans la
discussion générale, les orateurs des divers groupes ou ne figurant sur la
liste d'aucun groupe.
L'ordre des interventions sera déterminé en fonction du tirage au sort auquel
il a été procédé au début de la session et les inscriptions de parole devront
être faites au service de la séance, avant dix-sept heures, le mercredi 10
décembre 1997 ;
A quinze heures :
6° Questions d'actualité au Gouvernement.
L'inscription des auteurs de questions devra être effectuée au service de la
séance avant onze heures ;
7° Suite de l'ordre du jour du matin.
C. -
Lundi 15 décembre 1997,
à seize heures et le soir :
Ordre du jour prioritaire
Projet de loi de finances rectificative pour 1997, adopté par l'Assemblée
nationale (n° 156, 1997-1998) ;
La conférence des présidents a fixé au lundi 15 décembre 1997, à onze heures,
le délai limite pour le dépôt des amendements à ce projet de loi.
D. -
Mardi 16 décembre 1997,
à neuf heures trente :
1° Dix-huit questions orales sans débat :
L'ordre d'appel des questions sera fixé ultérieurement.
- N° 68 de M. Bernard Barraux, transmise à M. le ministre de l'intérieur
(statut des maires des communes rurales) ;
- N° 99 de M. Marcel Charmant à M. le ministre de l'intérieur (problèmes
causés par les biens immobiliers abandonnés) ;
- N° 107 de M. André Pourny à Mme le ministre de l'aménagement du territoire
et de l'environnement (dégâts causés par les buses aux élevages de volaille de
Bresse) ;
- N° 108 de M. Georges Mazars transmise à M. le ministre de la fonction
publique, de la réforme de l'Etat et de la décentralisation (situation des
anciens fonctionnaires d'Afrique du Nord) ;
- N° 110 de M. Gérard Larcher à M. le secrétaire d'Etat à sa santé (situation
budgétaire des hôpitaux d'Ile-de-France) ;
- N° 111 de M. François Lesein à Mme le garde des sceaux, ministre de la
justice (respect du principe de présomption d'innocence par les médias) ;
- N° 115 de M. Guy-Pierre Cabanel à M. le ministre de l'équipement, des
transports et du logement (politique des transports) ;
- N° 116 de M. Michel Duffour à M. le ministre de l'éducation nationale, de la
recherche et de la technologie (avenir de l'université Paris-X et du pôle
Léonard-de-Vinci) ;
- N° 120 de M. Soséfo Makapé Papilio à M. le ministre de l'éducation
nationale, de la recherche et de la technologie (grille indiciaire de
l'enseignement) ;
- N° 122 de M. Alain Dufaut à M. le ministre de l'intérieur (avenir des
sapeurs-pompiers) ;
- N° 124 de M. Robert Calmejane à Mme le ministre de la jeunesse et des sports
(conditions de retransmission de la Coupe du monde de football) ;
- N° 125 de M. Alain Gournac à M. le ministre de l'équipement, des transports
et du logement (lutte contre le bruit causé par les survols aériens) ;
- N° 126 de Mme Hélène Luc à M. le secrétaire d'Etat à la santé (fermeture de
la clinique de Choisy-le-Roi) ;
- N° 127 de M. Roland Courteau à M. le ministre de l'équipement, des
transports et du logement (retard dans la mise en oeuvre du plan
Etat-Région-Languedoc-Roussillon) ;
- N° 128 de M. Jean-Marc Pastor à M. le ministre de l'économie, des finances
et de l'industrie (réforme du réseau national de la Banque de France) ;
- N° 130 de M. Jean-Patrick Courtois à Mme le ministre de l'emploi et de la
solidarité (emplois-jeunes dans les associations) ;
- N° 131 de M. Michel Charzat transmise à M. le secrétaire d'Etat au logement
(congés-ventes et droit au logement) ;
- N° 133 de M. Auguste Cazalet à M. le ministre de l'équipement, des
transports et du logement (réalisation de l'autoroute Pau-Bordeaux).
Ordre du jour prioritaire
A seize heures :
2° Suite de la proposition de loi, adoptée par l'Assemblée nationale, relative
au fonctionnement des conseils régionaux (n° 27, 1997-1998) ;
La conférence des présidents a fixé au lundi 15 décembre 1997, à dix-sept
heures, le délai limite pour le dépôt des amendements à cette proposition de
loi.
Eventuellement, le soir :
3° Suite du projet de loi de finances rectificative pour 1997, adopté par
l'Assemblée nationale (n° 156, 1997-1998).
E. -
Mercredi 17 décembre 1997,
à quinze heures :
1° Eloge funèbre de M. François Mathieu ;
2° Sous réserve de leur création, nomination des membres :
- de la commission d'enquête sur le devenir des grands projets
d'infrastructures terrestres d'aménagement du territoire ;
- de la commission d'enquête sur les conséquences pour l'économie française de
la réduction de la durée du travail à trente-cinq heures hebdomadaire ;
- de la commission d'enquête sur la régularisation des étrangers en situation
irrégulière.
Les candidatures à ces trois commissions d'enquête devront être déposées par
les groupes au secrétariat du service des commissions avant le mardi 16
décembre 1997, à dix-huit heures.
Ordre du jour prioritaire
3° Projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale après déclaration
d'urgence, relatif à la nationalité (n° 145, 1997-1998).
La conférence des présidents a fixé :
- au mardi 16 décembre 1997, à dix-sept heures, le délai limite pour le dépôt
des amendements à ce projet de loi ;
- à quatre heures la durée globale du temps dont disposeront, dans la
discussion générale, les orateurs des divers groupes ou ne figurant sur la
liste d'aucun groupe.
L'ordre des interventions sera déterminé en fonction du tirage au sort auquel
il a été procédé au début de la session et les inscriptions de parole devront
être faites au service de la séance, avant dix-sept heures, le mardi 16
décembre 1997.
F. -
Jeudi 18 décembre 1997 :
Ordre du jour prioritaire
A neuf heures trente :
1° Suite de l'ordre du jour de la veille ;
A quinze heures :
2° Conclusions de la commission mixte paritaire ou nouvelle lecture du projet
de loi de finances pour 1998 ;
3° Conclusions de la commission mixte paritaire ou nouvelle lecture du projet
de loi de finances rectificative pour 1997.
G. -
Eventuellement vendredi 19 décembre 1997 :
Ordre du jour prioritaire
A neuf heures trente et à quinze heures :
Suite du projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale après déclaration
d'urgence, relatif à la nationalité (n° 145, 1997-1998).
H. -
Mardi 13 janvier 1998 :
A neuf heures trente :
1° Questions orales sans débat.
A seize heures :
Ordre du jour prioritaire
2° Projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale après déclaration
d'urgence, tendant à améliorer les conditions d'exercice de la profession de
transporteur routier (n° 161, 1997-1998).
La conférence des présidents a fixé au 13 janvier 1998, à dix-sept heures, le
délai limite pour le dépôt des amendements à ce projet de loi.
I. -
Mercredi 14 janvier 1998 :
Ordre du jour prioritaire
A quinze heures :
1° Suite de l'ordre du jour de la veille ;
2° Sous réserve de sa transmission, projet de loi organique portant
recrutement exceptionnel de magistrats de l'ordre judiciaire et modifiant les
conditions de recrutement des conseillers de cour d'appel en service
extraordinaire (AN, n° 501).
J. -
Jeudi 15 janvier 1998 :
Ordre du jour établi en application de l'article 48,
troisième alinéa, de la Constitution
A neuf heures trente :
L'ordre du jour sera fixé ultérieurement.
A quinze heures :
Questions d'actualité au Gouvernement ;
Suite de l'ordre du jour du matin.
K. -
Mardi 20 janvier 1998,
à neuf heures trente :
Questions orales sans débat.
L. -
Mercredi 21 janvier 1998 :
Ordre du jour prioritaire
A quinze heures :
Sous réserve de sa transmission, projet de loi relatif à l'entrée et au séjour
des étrangers en France et au droit d'asile (urgence déclarée) (n° 327 AN).
M. -
Jeudi 22 janvier 1998 :
Ordre du jour prioritaire
A neuf heures trente :
1° Eventuellement, conclusions de la commission mixte paritaire ou nouvelle
lecture du projet de loi relatif à la nationalité.
A quinze heures :
2° Suite de l'ordre du jour de la veille.
N. -
Mardi 27 janvier 1998 :
Ordre du jour prioritaire
A seize heures :
Suite du projet de loi relatif à l'entrée et au séjour des étrangers en France
et au droit d'asile (urgence déclarée) (n° 327 AN).
O. -
Mercredi 28 janvier 1998 :
Ordre du jour prioritaire
A quinze heures :
Suite de l'ordre du jour de la veille.
P. -
Jeudi 29 janvier 1998 :
A neuf heures trente :
Ordre du jour prioritaire
1° Suite de l'ordre du jour de la veille.
A quinze heures :
2° Questions d'actualité au Gouvernement.
Ordre du jour prioritaire
3° Suite de l'ordre du jour du matin.
Par ailleurs, la conférence des présidents a fixé les dates des séances de
questions d'actualité au Gouvernement, des séances de questions orales sans
débat et des séances mensuelles réservées par priorité à l'ordre du jour fixé
par le Sénat jusqu'à la fin de la session ordinaire 1997-1998.
ANNEXE
Dates prévisionnelles des séances de questions
et des séances mensuelles réservées
de janvier à juin 1998
Janvier 1998 :
- mardi 13 janvier, à neuf heures trente : questions orales sans débat ;
- jeudi 15 janvier : séance mensuelle réservée ;
- jeudi 15 janvier, à quinze heures : questions d'actualité au Gouvernement
;
- mardi 20 janvier, à neuf heures trente : questions orales sans débat ;
- jeudi 29 janvier, à quinze heures : questions d'actualité au
Gouvernement.
Février 1998 :
- mardi 3 février, à neuf heures trente : questions orales sans débat ;
- mardi 10 février : séance mensuelle réservée ;
- jeudi 12 février, à quinze heures : questions d'actualité au Gouvernement
;
- mardi 24 février, à neuf heures trente : questions orales sans débat ;
- jeudi 26 février, à quinze heures : questions d'actualité au
Gouvernement.
Mars 1998 :
- mardi 3 mars, à neuf heures trente : questions orales sans débat ;
- jeudi 5 mars : séance mensuelle réservée ;
- jeudi 5 mars, à quinze heures : questions d'actualité au Gouvernement ;
- jeudi 26 mars, à quinze heures : questions d'actualité au Gouvernement ;
- mardi 31 mars, à neuf heures trente : questions orales sans débat.
Avril 1998 :
- mardi 7 avril, à neuf heures trente : questions orales sans débat ;
- jeudi 9 avril, à quinze heures : questions d'actualité au Gouvernement ;
- jeudi 23 avril : séance mensuelle réservée ;
- jeudi 23 avril, à quinze heures : questions d'actualité au Gouvernement ;
- mardi 28 avril, à neuf heures trente : questions orales sans débat.
Mai 1998 :
- mardi 5 mai, à neuf heures trente : questions orales sans débat ;
- jeudi 14 mai, à quinze heures : questions d'actualité au Gouvernement ;
- mardi 19 mai, à neuf heures trente : questions orales sans débat ;
- mardi 26 mai : séance mensuelle réservée ;
- jeudi 28 mai, à quinze heures : questions d'actualité au Gouvernement.
Juin 1998 :
- mardi 2 juin, à neuf heures trente : questions orales sans débat ;
- jeudi 11 juin : séance mensuelle réservée ;
- jeudi 11 juin, à quinze heures : questions d'actualité au Gouvernement ;
- mardi 16 juin, à neuf heures trente : questions orales sans débat ;
- jeudi 25 juin, à quinze heures : questions d'actualité au Gouvernement.
Y a-t-il des observations en ce qui concerne les propositions de la conférence
des présidents relatives à la tenue des séances ?...
Y a-t-il des observations en ce qui concerne les propositions de la conférence
des présidents s'agissant de l'ordre du jour établi en application de l'article
48, alinéa 3, de la Constitution ?...
Les propositions de la conférence des présidents sont adoptées.
4
CANDIDATURE A` UNE COMMISSION
M. le président.
J'informe le Sénat que le groupe du Rassemblement pour la République a fait
connaître à la présidence le nom du candidat qu'il propose pour siéger à la
commission des affaires culturelles, à la place laissée vacante par M. François
Mathieu, décédé.
Cette candidature va être affichée et la nomination aura lieu conformément à
l'article 8 du règlement.
5
LOI DE FINANCES POUR 1998
Suite de la discussion d'un projet de loi
M. le président.
Nous reprenons la discussion du projet de loi de finances pour 1998, adopté
par l'Assemblée nationale.
Dans la discussion des articles de la deuxième partie non joints aux crédits,
nous en sommes parvenus à l'article 61
quinquies
, qui avait été
précédemment réservé.
Article 61
quinquies
(précédemment réservé)
M. le président.
« Article 61
quinquies.
- L'avant-dernier alinéa du III de l'article
1648 B
bis
du code général des impôts est complété par une phrase ainsi
rédigée :
« Par dérogation aux dispositions précédentes, les communes de 10 000
habitants au moins dont le potentiel fiscal est inférieur du tiers au potentiel
fiscal moyen par habitant de l'ensemble des communes appartenant au même groupe
démographique, et l'effort fiscal est supérieur à 80 % de l'effort fiscal moyen
des communes appartenant au même groupe démographique bénéficient du fonds dans
les conditions prévues au IV. »
La parole est à M. le rapporteur général.
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
La commission des finances ayant obtenu les
informations nécessaires, il m'est maintenant possible d'émettre un avis
favorable sur cet article.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 61
quinquies.
(L'article 61
quinquies
est adopté.)
Articles additionnels après l'article 61
septies
(suite)
M. le président.
Par amendement n° II-125, M. Régnault et les membre du groupe socialiste et
apparentés proposent d'insérer, après l'article 61
septies,
un article
additionnel ainsi rédigé :
« Après l'article 1599 J du code général des impôts, il est inséré un article
ainsi rédigé :
«
Art... -
Pour les véhicules de location, le tarif de la taxe
différentielle est fixé chaque année à la moyenne des tarifs fixés par les
conseils généraux. Son produit est distribué entre les départements en fonction
du nombre de véhicules immatriculés et de la longueur de la voirie
départementale. »
La parole est à M. Régnault.
M. René Régnault.
Il est un peu dommage que nous n'ayons pas traité de cet amendement tout à
l'heure, lorsque nous avons consacré beaucoup de notre temps à la taxe
différentielle d'un département que personne ne veut plus citer, mais que
chacun a bien en tête !
(Sourires.)
Monsieur le secrétaire d'Etat, vous avez pris un certain nombre
d'engagements. Permettez-moi de prolonger votre réflexion en défendant cet
amendement.
Tout d'abord, lorsqu'une situation du type de celle dont nous avons débattu se
présente, même si elle concerne des collectivités territoriales, l'Etat ne peut
s'en désintéresser, ne serait-ce qu'au nom du pouvoir régalien qui est le
sien.
Ensuite, dans la mesure où l'article 72 de la Constitution reconnaît leur
autonomie et en précise l'étendue, les collectivités territoriales sont
autorisées à lever l'impôt, en conséquence de quoi elles ont certaines dépenses
à assumer. Donc, entre l'impôt et les dépenses, il y a effectivement une
relation.
Pour revenir une dernière fois sur ce problème de vignette trop facilement
octroyée ou facilement octroyée par un département - mais la situation est
telle que rien ne s'y oppose - je ferai trois constats.
Premièrement, personne ne peut en douter - le débat de ce matin a été
éclairant à cet égard - nous sommes devant un dérapage que l'on pourrait
presque qualifier de perversion, faisant que certains départements
s'enrichissent facilement, mais sans raison.
Deuxièmement, les véhicules ainsi immatriculés dans un seul département
circulent sur tout le réseau routier national, sollicitent donc à ce titre
l'ensemble des services de l'équipement et génèrent, comme les autres,
certaines dépenses d'entretien. Aux uns la recette, aux autres la dépense, en
somme !
Troisièmement, je constate que la vignette, qui fut, à sa création, une
ressource affectée aux collectivités territoriales aux termes des lois de
décentralisation, est devenue une recette non affectée.
Partant de ces différents constats, je réfléchis au moyen raisonnable d'éviter
la perversion tout en étant plus juste avec chacun.
Compte tenu de la nature et de la vocation de ces véhicules, sachant qu'ils
circulent sur l'ensemble du territoire national, il me paraîtrait justifié de
leur appliquer une vignette à taux unique. D'où cet amendement, par lequel je
propose que ce taux unique corresponde à la moyenne des taux de vignette
pratiqués dans l'Hexagone. Je suggère, en outre, que le produit de ces taxes
soit constitué en un fonds et réparti entre les départements qui, de par la
loi, en sont de toute manière les destinataires, au double prorata, d'une part,
du nombre d'immatriculations dans chacun d'entre eux et, d'autre part, de la
longueur du réseau routier départemental.
Vous le voyez, mes chers collègues, un tel système aurait le mérite d'une
certaine péréquation et, au-delà, d'une certaine justice.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Cet amendement ouvre une brèche considérable dans
l'autonomie fiscale des départements, autonomie déjà bien faible. Il s'agit, en
fait, de nationaliser le taux de la vignette sur les véhicules de location pour
en redistribuer le produit aux départements.
Un tel schéma constituerait un précédent d'une grande portée ; peut-être
annoncerait-il la recentralisation d'un certain nombre d'autres ressources
naguère décentralisées. Souvenez-vous, lorsque nous avons voulu réduire les
droits de mutation sur les logements, par exemple, les difficultés étaient
telles que nous avons dû inventer des mécanismes de compensation compliqués au
bénéfice des collectivités locales.
Un précédent de cette portée mériterait sans doute que les collectivités
locales débattent au préalable de ses conséquences ou, à tout le moins, en
prennent conscience.
Aussi, j'en appelle à notre collègue René Régnault, dont nous connaissons le
sens aigu des responsabilités, lui qui siège au comité des finances locales et
qui donc ne peut pas méconnaître la portée du dispositif qu'il propose. Or il
s'agit de revenir sur le principe même de la décentralisation de cette
ressource. Si le Parlement en décide ainsi, après débat, soit ! Mais ce
précédent, encore une fois, ouvre sans doute la porte à la rediscussion de
l'ensemble des ressources qui ont été décentralisées.
Telles sont les raisons qui ont conduit la commission des finances à émettre
un avis défavorable.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Nous continuons donc le débat sur les véhicules de
location de la Marne !
(Sourires.)
M. Régnault nous propose un tarif moyen national appliqué aux
véhicules de location en fonction du nombre de véhicules immatriculés et de la
longueur de la voirie départementale. Il y a là une entorse forte aux lois de
décentralisation et aux critères de répartition de cet impôt collecté à
l'échelon national.
A mon avis, cette mesure risque de poser des problèmes techniques
considérables.
Depuis notre débat de ce matin, j'ai cherché à creuser l'idée selon laquelle
ces véhicules pourraient être soumis à la taxe professionnelle en tant que
biens d'équipement. Mes services, avec leur efficacité habituelle, rappellent
que le lieu d'imposition des véhicules à la taxe professionnelle est régi par
trois critères : le lieu de stationnement habituel ; à défaut, le lieu
d'entretien ou de réparation ; à défaut, le lieu de situation du principal
établissement.
Il est clair que les véhicules immatriculés dans la Marne ne paient pas la
taxe professionnelle dans la Marne.
M. Jean Chérioux.
Absolument !
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
La difficulté vient de ce que l'un des grands loueurs
de voitures, mais ce n'est qu'un cas parmi d'autres, acquitte la taxe
professionnelle afférente à l'ensemble de ces véhicules de location au siège
social, au lieu de son principal établissement, c'est-à-dire dans les
Hauts-de-Seine.
Vous voyez donc que nous devons poursuivre la réflexion ensemble. Il n'est pas
normal, en effet, qu'un département draine, soit volontairement, soit
involontairement, les recettes de vignette de l'ensemble des sociétés de
location de véhicules. Il faut trouver une solution non seulement équitable
mais aussi pratique, qui respecte la liberté des collectivités territoriales,
telle que l'ont proclamée les lois de décentralisation, tout en étant conforme
à l'utilisation de ces véhicules dans les départements.
C'est ce à quoi nous allons nous atteler, avec les services de l'équipement,
afin qu'un dispositif satisfaisant soit applicable pour la vignette de 1999.
En attendant, j'invite M. Régnault, qui a fait preuve d'imagination fiscale
(Sourires)
, à bien vouloir retirer son amendement, en souhaitant qu'il
soit associé, avec ceux de ses collègues qui le souhaiteraient, à la réflexion
sur un système plus juste mais aussi plus simple à gérer.
M. le président.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° II-125.
M. Jean Chérioux.
Je demande la parole contre l'amendement.
M. le président.
La parole est à M. Chérioux.
M. Jean Chérioux.
Monsieur le président, cela fait un certain temps déjà que le Sénat se penche
sur le problème de la vignette, mais, pour des personnes extérieures à cette
assemblée, ce débat doit paraître bien surréaliste...
Les lois de décentralisation ont accordé aux assemblées départementales la
liberté de fixer le taux d'une taxe bien déterminée. L'une de ces assemblées
prend une décision, mais, tout à coup, on se rend compte qu'elle a des effets
pervers. Et M. Régnault de nous proposer ce qu'il faut bien appeler une
véritable usine à gaz !
(Sourires.)
Je suis assez étonné. En effet, je l'ai toujours connu grand défenseur des
libertés locales. Or, il nous propose précisément d'ôter aux collectivités
territoriales, par des moyens assez alambiqués, la liberté de fixer le taux de
la taxe différentielle que leur avaient accordée les lois de décentralisation.
Cela démontre que, lorsque l'on fait une grande réforme comme la
décentralisation, il faut réfléchir à deux fois sur la nature des différents
impôts dont on transfère la responsabilité aux collectivités territoriales. A
l'évidence, on n'a pas suffisamment pensé que la France était un tout et que
les automobiles immatriculées dans un département pouvaient emprunter
l'ensemble du réseau routier national.
Encore une fois, tout cela a quelque chose d'assez surréaliste. En tout cas,
pour ma part, je voterai contre l'amendement de M. Régnault.
M. René Régnault.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Régnault.
M. René Régnault.
Que M. Chérioux se tranquillise : avant d'avoir à voter contre l'amendement,
qu'il attende que je prenne la décision à laquelle on m'invite, en quelque
sorte.
Je n'ai pas souvenir, et pourtant j'étais présent, que l'on ait même imaginé
qu'une telle dérive puisse se produire au moment de la discussion des lois de
décentralisation...
M. Jean Chérioux.
C'est le tort que l'on a eu !
M. René Régnault.
... en particulier quand on a transféré les compétences et les ressources
correspondantes.
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Voilà pourquoi il ne faut légiférer que « d'une main
tremblante » !
M. René Régnault.
Cela étant, mes chers collègues, vous ne seriez là ni les uns ni les autres -
moi non plus, d'ailleurs - si tout était parfait et s'il n'y avait parfois à
modifier la loi. Combien de fois légiférons-nous de toutes pièces et combien de
fois légiférons-nous pour corriger une loi existante ? Quand vous aurez fait le
compte, vous vous apercevrez que nous sommes là au coeur de notre mission.
Personne ne peut nier que nous devons nous attacher à l'équité. Quand elle est
mal assurée, nous avons le devoir de la rechercher.
Monsieur Chérioux, la liberté, oui ! Mais la liberté du renard libre dans le
poulailler libre, moi je ne suis pas pour !
Quant à votre argumentation, monsieur le rapporteur général, elle ne tient pas
vraiment, car vous savez bien que déjà un certain nombre de produits des
collectivités territoriales font en quelque sorte l'objet de la constitution
d'enveloppes. Ainsi, la DSU, la dotation de solidarité urbaine, comment
est-elle alimentée ? On prend bien à des collectivités pour constituer un fonds
qu'on redistribue, étant entendu qu'il y a des collectivités qui donnent et
d'autres qui reçoivent !
Cela avait quelque peu choqué certains, et je sais pourquoi. Mais, sur le
principe et sur le fond du mécanisme, on ne peut qu'être d'accord, surtout si
l'on a un souci d'équité.
Si donc votre argument a sa valeur, monsieur le rapporteur général, il a aussi
ses limites. Disons qu'il est à verser au dossier.
Je sais, monsieur le secrétaire d'Etat, que vous souhaitez trouver une
solution. Je suis tout disposé à travailler avec d'autres pour la rechercher.
Mais je sais aussi - je le dis à ceux qui se sont écriés, voilà un instant, sur
la machine à gaz -...
M. Jean Chérioux.
L'usine à gaz !
M. René Régnault.
... que ma machine artisanale pourrait bien se transformer en une machine
industrielle, plus sophistiquée, mais, pour autant, pas nécessairement moins
compliquée.
Cela étant dit, je retire l'amendement.
M. le président.
L'amendement n° II-125 est retiré.
Article 61
octies
M. le président.
« Art. 61
octies.
- Le Gouvernement présentera, avant le 30 juin 1998,
un rapport sur l'application, au cours des cinq dernières années, du dispositif
de l'article 244
quater
B du code général des impôts (crédit d'impôt
recherche).
« Ce rapport comportera des propositions en vue d'infléchir le crédit d'impôt
recherche de façon à :
« _ mieux l'orienter vers les PMI-PME ;
« _ mieux tenir compte de la capacité créatrice d'emplois des entreprises
bénéficiaires. »
Par amendement n° II-90, M. Lambert, au nom de la commission des finances,
propose de compléter cet article par un alinéa ainsi rédigé :
« - mieux prendre en considération sa contribution à l'aménagement du
territoire. »
La parole est à M. le rapporteur général.
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Puisque a été adopté le principe d'un rapport sur le
fonctionnement du crédit d'impôt recherche, la commission des finances a estimé
qu'il pouvait être utile d'ajouter dans l'objet de ce rapport la prise en
considération de sa contribution à l'aménagement du territoire.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.
M. le président.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° II-90.
M. Paul Loridant.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Loridant.
M. Paul Loridant,
Monsieur le rapporteur général, une fois n'est pas coutume, le groupe
communiste citoyen et républicain va vous apporter son soutien.
(Exclamations sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants et de
l'Union centriste.)
M. Jean-Pierre Camoin.
Voilà une bonne nouvelle !
M. Paul Loridant.
Un rapport est demandé au Gouvernement sur l'efficacité du crédit impôt
recherche, mesure fiscale dont le coût n'est pas négligeable pour le budget de
l'Etat puisqu'il est estimé à 3,6 milliards de francs. Il est donc légitime de
se demander ce que recouvrent les dépenses éligibles au crédit d'impôt.
Il semble, hélas ! que, dans certains cas, les entreprises bénéficient d'un
crédit d'impôt recherche sans faire d'effort particulier de recherche. A titre
d'exemple, nous croyons savoir que, çà et là, c'est simplement l'achat et
l'installation de nouveaux logiciels de gestion qui ont motivé le recours au
crédit d'impôt, sans que le lien avec la recherche appliquée dans les
entreprises concernées soit très évident.
Devons-nous maintenir cette disposition incitative du code général des impôts
? C'est à cette question que peut répondre le rapport demandé à l'article 61
octies,
en posant toutes les données du dossier.
S'il faut, en effet, réfléchir sur la nature des entreprises bénéficiaires du
crédit d'impôt, sur les emplois induits par le développement des activités de
recherche et leurs applications, sur les nouveaux processus de production, il
faut aussi réfléchir à l'impact de la mesure sur l'aménagement du
territoire.
A ce propos, il nous semble intéressant qu'un lien soit fait, monsieur le
rapporteur général, monsieur le secrétaire d'Etat, entre aménagement du
territoire et politique d'implantation des entreprises. Transférer une activité
de recherche n'est, certes, pas toujours facile, mais, comme il est rappelé
dans le rapport, cette mesure fiscale favorable intéresse plus particulièrement
les créateurs d'entreprise.
C'est donc pour faire le point sur ces questions de la plus haute importance
et dans cet esprit, monsieur le rapporteur général, que le groupe socialiste
(Rires)...
M. Jean Chérioux.
Lapsus revélateur !
M. Paul Loridant.
... le groupe communiste républicain et citoyen vous apportera son soutien.
M. le président.
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° II-90, pour lequel le Gouvernement s'en remet
à la sagesse du Sénat.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 61
octies,
ainsi modifié.
(L'article 61
octies
est adopté.)
Article 61
nonies
M. le président.
« Art. 61
nonies.
- Les personnes dont les demandes, déposées avant le
18 novembre 1997 au titre des mesures d'apurement définitif de la dette prises
par le Gouvernement, ont été déclarées éligibles par les commissions
départementales d'aide aux rapatriés réinstallés, bénéficient d'une suspension
provisoire des poursuites engagées à leur encontre jusqu'à la décision de
l'autorité administrative compétente.
« Ces dispositions s'appliquent également aux procédures collectives et aux
mesures conservatoires, à l'exclusion des dettes fiscales. Elles s'imposent à
toutes les juridictions, même sur recours en cassation. »
Je suis saisi de quatre amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion
commune.
Par amendement n° II-153 rectifié, MM. Arnaud, Balarello et Borotra, Mme
Heinis et M. Marquès proposent de rédiger ainsi cet article :
« Les termes de l'article 22 de la loi n° 93-144 du 31 décembre 1993 portant
diverses dispositions relatives à la Banque de France, à l'assurance, au crédit
et aux marchés financiers retrouvent effet pour l'ensemble des personnes
installées dans une profession non salariée qui ont déposé auprès des
commissions départementales d'aide aux rapatriés réinstallés, une demande au
titre des mesures d'apurement définitif de la dette prises par le Gouvernement,
jusqu'à la mobilisation des fonds de l'Etat.
« Ces dispositions s'appliquent dès la publication de la présente loi aux
instances en cours, y compris aux affaires instruites par la Cour de cassation,
ainsi qu'aux procédures collectives et aux mesures conservatoires. Les
personnes concernées conservent la libre disposition de leurs biens. Il en est
de même pour les dettes concernant les personnes tenues, avec ou pour le
débiteur principal. »
Par amendement n° II-50, MM. Cabanel, François-Poncet, Lesein, Soucaret et
Vallet proposent de rédiger comme suit l'article 61
nonies
:
« Les personnes qui ont déposé, avant promulgation de la présente loi, les
demandes au titre des mesures d'apurement définitif de la dette prises par le
Gouvernement, devant les commissions départementales d'aide aux rapatriés
réinstallés, bénéficient d'une suspension provisoire des poursuites engagées à
leur encontre jusqu'à la décision définitive de l'autorité administrative
compétente.
« Ces dispositions s'appliquent également aux procédures en cours, aux
procédures collectives et aux mesures conservatoires, ainsi qu'aux personnes
tenues, avec ou pour le débiteur principal. Elles s'imposent à toutes les
juridictions, y compris les tribunaux administratifs et recours en cassation.
»
Par amendement n° II-141, MM. Camoin, Alloncle, Cazalet, Laurin et Ostermann
proposent de rédiger comme suit l'article 61
nonies
:
« Les personnes dont les demandes ont été déposées avant le 9 décembre 1997,
ainsi que celles ayant été déclarées éligibles par les commissions
départementales d'aide aux rapatriés réinstallés, au titre des mesures
d'apurement définitif de la dette prises par le Gouvernement, bénéficient d'une
suspension provisoire des poursuites engagées à leur encontre jusqu'à la
décision de l'autorité administrative compétente et après recours, jusqu'à la
décision définitive des juridictions administratives compétentes.
« Ces dispositions s'appliquent aux procédures en cours, aux procédures
collectives et aux mesures conservatoires.
« Ces dispositions s'appliquent également aux personnes tenues, avec ou pour
le débiteur principal.
« Elles s'imposent à toutes les juridictions de l'ordre administratif ou
judiciaire de quelque degré que ce soit, y compris la Cour de cassation. »
Par amendement n° II-126, MM. Delfau, Courteau, Vezinhet, Courrière, Vidal,
les membres du groupe socialiste et apparentés proposent de rédiger comme suit
l'article 61
nonies
:
« Les personnes visées par l'article 44-1 de la loi de finances rectificative
du 30 décembre 1986 qui ont déposé un dossier auprès des commissions
départementales d'aide aux rapatriés réinstallés dans une profession non
salariée bénéficient d'une suspension provisoire des poursuites engagées à leur
encontre jusqu'à la décision de l'autorité administrative compétente.
« Ces dispositions s'appliquent également aux procédures collectives et aux
mesures conservatoires, à l'exclusion des dettes fiscales. Elles s'imposent à
toutes les juridictions, même sur recours en cassation. »
La parole est à M. Arnaud, pour défendre l'amendement n° II-153 rectifié.
M. Philippe Arnaud.
Cet amendement tend à compléter une disposition, adoptée par l'Assemblée
nationale en première lecture, et visant à suspendre les poursuites engagées à
l'encontre des rapatriés et des harkis.
L'article 61
nonies
tend en effet à accorder aux rapatriés réinstallés
une suspension provisoire des poursuites dont ils font l'objet en raison d'une
situation d'endettement liée à leur activité professionnelle.'
Cette disposition ne s'appliquerait qu'aux personnes déclarées éligibles par
les commissions départementales d'aide aux rapatriés réinstallés les CODAIR.
Or, les CODAIR ne siègent plus depuis mai 1997.
Il est donc proposé d'élargir le champ d'application de l'article à l'ensemble
des personnes installées dans une profession non salariée qui ont déposé, avant
le 18 novembre 1997, une demande d'apurement de la dette auprès des CODAIR, et
ce afin de préserver leurs droits.
M. le président.
La parole est à M. Lesein, pour défendre l'amendement n° II-50.
M. François Lesein.
Cet amendement a pratiquement le même objet que le précédent.
L'Assemblée nationale a adopté, en première lecture, un article relatif à une
« suspension des poursuites » concernant les rapatriés et les harkis, dans
l'attente du réglement de leur dossier de réinstallation.
Cet amendement tend à suspendre les poursuites pour toutes les personnes ayant
déposé un dossier à la CODAIR et toutes celles pouvant bénéficier de secours
exceptionnels ou d'aide sociale ou autre, jusqu'à réglement définitif de leur
dossier. En effet - on vient de le dire - les CODAIR ont cessé de siéger en mai
1997 sans avoir pu terminer leurs travaux, et l'étude des dossiers est en
suspens.
Il reste encore, à l'heure actuelle, 180 personnes qui risquent de ne pas
bénéficier de la suspension des poursuites adoptée par l'Assemblée nationale.
D'où cet amendement, que nous souhaitons voir adopté par le Sénat.
M. le président.
La parole est à M. Camoin, pour défendre l'amendement n° II-141.
M. Jean-Pierre Camoin.
Je ne veux pas reprendre tout ce qui vient d'être dit par mes collègues.
J'insiste simplement sur le fait que les CODAIR ne se sont plus réunies depuis
maintenant pratiquement un an et qu'il existe des dossiers qui seraient
éligibles, mais qui, n'étant pas passés devant ces commissions, risqueraient de
ne pas être examinés.
Notre amendement tend à réparer cette injustice. Il précise également - c'est
un point important - que ces dispositions, qui concernent les procédures en
cours, s'appliquent à toutes les juridictions, qu'elles soient d'ordre
administratif ou judiciaire.
M. le président.
La parole est à M. Delfau, pour présenter l'amendement n° II-126.
M. Gérard Delfau.
Cet amendement de précision procède du même esprit que les précédents.
Il reprend, sur le fond, le texte adopté par l'Assemblée nationale sur
l'initiative de notre collègue Gérard Bapt. Si son objet est donc limité, la
modification que nous souhaitons apporter permettra toutefois d'apporter sans
ambiguïté un traitement correct aux 150 à 200 derniers dossiers qui restent en
souffrance. Et le mot « souffrance », ici, n'est pas trop fort, si longtemps
après que ces hommes et ces femmes eurent vécu un si cruel déracinement.
Nous demandons donc qu'il soit précisé que les dossiers déposés font l'objet
d'une prorogation de la suspension des poursuites, comme cela a été le cas
jusqu'à présent pour les rapatriés réinstallés dans une profession non
salariée, ce qui ne figure pas dans la rédaction qui nous est soumise, après le
vote de l'Assemblée nationale.
Dans le même temps, nous demandons que soit retirée de ce texte la mention : «
les dossiers qui ont été déclarés éligibles par les CODAIR », ces termes
limitant singulièrement l'effet d'une prorogation de la suspension des
poursuites sur un certain nombre de dossiers en cours.
C'est bien l'ensemble des dossiers qui ont été déposés devant les CODAIR qui
doivent bénéficier de la suspension des poursuites, et pas seulement ceux qui
ont fait l'objet d'un premier examen.
Les cas sont trop sérieux pour que nous utilisions des artifices de procédure
sans grand effet sur le budget de l'Etat mais terribles pour les rapatriés
endettés et leurs familles.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission sur les amendements n°s II-153 rectifié,
II-50, II-141 et II-126 ?
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
La commmission des finances n'a pas cherché à cacher
son embarras sur cette question. En effet, la souffrance - on a utilisé le mot
tout à l'heure - est au coeur des préoccupations des personnes qui sont visées
par cet article, et à l'endroit desquelles la nation n'a sans doute pas
toujours rempli ses devoirs.
Mais, dans le même temps, il faut que la loi que nous adoptons soit juste et
équitable.
Après bien des hésitations, la commission des finances a ainsi considéré que
la rédaction actuelle de l'article était sans doute la moins mauvaise. Elle a
néanmoins souhaité que le Gouvernement donne son avis sur l'amendement n°
II-153 rectifié, puisqu'il vise les personnes réinstallées qui auraient
simplement déposé une demande devant les CODAIR sans que ces dernières se
soient prononcées sur l'éventuelle éligibilité de cette demande.
Cela étant, il faut que vous sachiez, mes chers collègues, que les dossiers
déclarés éligibles seront traités et feront l'objet d'une suspension des
poursuires lorsqu'ils sont éligibles.
Les autres amendements - l'amendement n° II-153 rectifié aussi, dans une
certaine limite - visent à faire bénéficier de la suspension des poursuites les
demandes qui ont été déposées, mais qui ont, hélas ! toute chance d'être
rejetées ou, en tout cas, d'être déclarées non éligibles. Dans cette hypothèse,
il s'agirait de faire bénéficier de la suspension de poursuites des personnes
qui ne remplissent pas les conditions.
Le délai limite de dépôt des demandes, si les informations que j'ai
recueillies sont exactes, est expiré depuis le 29 février 1996, de telle sorte
que toute demande récemment déposée bénéficierait de la suspension des
poursuites.
Or l'une de nos préoccupations était précisément d'éviter que des personnes
remplissant les conditions ne puissent voir leur cas tranché par la commission
concernée et ainsi ne pas bénéficier de la suspension des poursuites. Dès lors
que le délai est forclos depuis le 29 février 1996, il semble - le Gouvernement
pourra sans doute nous donner toute précision complémentaire - qu'aucune
demande déposée récemment n'aurait pu faire l'objet d'un examen aboutissant à
la suspension des poursuites.
Tout bien examiné - je le fais avec beaucoup d'humilité en raison du caractère
délicat de cette question -, l'article 61
nonies
tel qu'il est rédigé
actuellement semble offrir des garanties acceptables pour les personnes
concernées. C'est ce qui a amené la commission des finances à émettre un avis
défavorable sur tous les amendements et à souhaiter entendre le Gouvernement
sur l'amendement n° II-153 rectifié.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement sur les quatre amendements ?
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Le cas des rapatriés connaissant des difficultés
financières du fait des dettes qu'ils ont contractées pour se lancer, à
l'occasion de leur réinstallation en métropole, dans une activité
professionnelle non salariée constitue un sujet sensible sur lequel l'Assemblée
nationale s'est déjà penchée.
En 1994, il avait été décidé, comme cela a été rappelé, de créer des
commissions départementales d'aide aux rapatriés réinstallés. Ces commissions
ont réglé une grande partie des problèmes, mais de 100 à 200 dossiers sont
restés sans solution.
La disposition adoptée par l'Assemblée nationale et approuvée par le
Gouvernement vise à accorder à ces 100 à 200 personnes ou familles en
difficulté une suspension temporaire des poursuites, de façon que nous ayons le
temps de trouver avec elles une solution à leur problème qui, pour être ancien,
n'en est pas moins douloureux.
Or les quatre amendements proposés remettent en cause ce dispositif.
Par exemple, l'amendement n° II-50 prévoit qu'il suffit d'avoir déposé un
dossier pour bénéficier de cette suspension temporaire des poursuites, et a
donc pour objet d'étendre le champ d'application de la mesure décidée par
l'Assemblée nationale à des rapatriés qui pourraient avoir contracté des dettes
pour des raisons étrangères à leur réinstallation dans une activité
professionnelle non salariée. Cela signifierait la réouverture totale du
dossier du surendettement des familles rapatriées.
Tout en comprenant la motivation qui anime ses auteurs, le Gouvernement ne
peut pas accepter cette proposition, car il s'agit de résoudre le problème des
100 à 200 familles de rapatriés que j'ai évoquées.
Par ailleurs, aux termes de l'amendement n° II-126 déposé par M. Delfau et ses
collègues du groupe socialiste, il devrait être possible de déposer des
dossiers nouveaux. Autrement dit, il ne suffirait pas de trouver une solution
aux dossiers déjà déposés et restés en souffrance, qui concernent, je le
répète, de 100 à 200 personnes, puisque la procédure de règlement pourrait être
reprise
ab initia.
MM. Gérard Delfau et André Vézinhet.
Ce n'est pas ce qui a été dit !
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Quant à l'amendement n° II-141 de M. Camoin, il ajoute
également à la complexité du dispositif en repoussant la date limite de dépôt
des dossiers.
Enfin, l'amendement n° II-153 rectifié présenté par M. Arnaud prévoit une
modification très sensible de la teneur de l'article 61
nonies.
En
effet, il renvoie à des dispositions portant sur les remises de dettes, ce qui
ne correspond pas à l'objectif visé par le Gouvernement au travers de cet
article.
En conclusion, je crois que l'Assemblée nationale a eu raison de prévoir une
mesure temporaire de suspension des poursuites pour ceux qui ont déjà déposé un
dossier et dont le cas relève des commissions départementales d'aide aux
rapatriés réinstallés. En revanche, les quatre amendements en discussion, dont
l'adoption aboutirait à une réouverture du dossier du surendettement des
rapatriés, vont au-delà de ce que souhaite le Gouvernement, et j'en demande
donc le retrait ou, à défaut, le rejet.
M. le président.
Monsieur le rapporteur général, maintenez-vous votre avis défavorable sur les
quatre amendements ?
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Oui, monsieur le président.
M. le président.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° II-153 rectifié.
M. Philippe Arnaud.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Arnaud.
M. Philippe Arnaud.
Vous ne m'avez pas du tout convaincu, monsieur le secrétaire d'Etat, parce que
j'ai l'impression que nous ne nous sommes absolument pas compris.
Je maintiendrai donc mon amendement, en indiquant à M. le rapporteur général
que je ne pense pas que nous allions trop loin, puisque suspendre les
poursuites ne signifie pas du tout les abandonner. Il s'agit uniquement de
préserver les droits des intéressés.
M. le président.
Personne ne demande plus la parole ? ...
Je mets aux voix l'amendement n° II-153 rectifié, repoussé par la commission
et par le Gouvernement.
(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° II-50.
M. François Lesein.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Lesein.
M. François Lesein.
Tout comme mon collègue Philippe Arnaud, je n'ai pas été convaincu par la
réponse de M. le secrétaire d'Etat.
Je me doute bien que notre amendement subira le même sort que le précédent,
mais puisque mon département compte de très nombreux rapatriés et harkis, je
tiens, pour les honorer, à le maintenir.
M. le président.
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° II-50, repoussé par la commission et par le
Gouvernement.
(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° II-141.
M. Jean-Pierre Camoin.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. Camoin.
M. Jean-Pierre Camoin.
Je vais retirer cet amendement, suivant en cela l'avis de la commission, mais
c'est un peu la mort dans l'âme, car je reste persuadé qu'il existe des
dossiers éligibles - je dis bien « éligibles » - qui n'ont pas pu être défendus
devant la commission.
Je demande donc qu'ils soient étudiés, de telle façon que justice soit faite.
En effet, les lenteurs de l'administration sont, n'ayons pas peur des mots, la
cause d'injustices graves.
M. le président.
L'amendement n° II-141 est retiré.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° II-126.
M. Gérard Delfau.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Delfau.
M. Gérard Delfau.
Monsieur le secrétaire d'Etat, l'interprétation que vous avez faite de notre
proposition ne correspond ni au texte de l'amendement que nous avons déposé ni
aux explications que j'ai données. Il s'agit non pas d'ouvrir de nouveaux
dossiers mais, comme je l'ai précisé au nom de notre groupe, de 150 à 200 cas
qui sont aujourd'hui en « souffrance », pour reprendre le mot que j'avais
précédemment utilisé.
M. Raymond Courrière.
Très bien !
M. Gérard Delfau.
Cette loi date de 1986, et notre collègue Raymond Courrière, qui fut en son
temps chargé de ce département ministériel, pourrait en parler beaucoup mieux
que moi ; or, elle donne lieu à des difficultés d'interprétation.
En effet, quel que soit le gouvernement, l'administration de Bercy s'attache à
restreindre, pardonnez-moi de le dire aussi crûment, la portée des textes que
nous votons.
Ce fait crée des difficultés, et un petit nombre de personnes ne peut
bénéficier de ces dispositions.
Ainsi, l'Assemblée nationale avait voté cet article dans un élan unanime ; à
peine était-il adopté que l'administration en donnait une interprétation
restrictive.
C'est la raison pour laquelle nous sommes d'accord, sur toutes les travées de
cette assemblée, et pas seulement sur celles du groupe socialiste, non pas pour
ouvrir le dispositif à d'autres dettes que celles qui sont visées par la loi,
non pas pour augmenter le nombre des personnes concernées, mais pour affirmer
que le mot « éligible » ne peut pas être utilisé par l'administration pour
interdire à l'une ou à l'autre de ces 150 ou 200 personnes dont le dossier est
en souffrance de bénéficier provisoirement - j'y insiste - d'une suspension des
poursuites.
C'est vraiment peu demander, monsieur le secrétaire d'Etat, et cela
permettrait de plus de lever une ambiguïté qui, si elle subsistait, nourrirait
des conflits, sur un sujet sensible - M. le rapporteur général a prononcé des
paroles fort justes sur ce point - avec un certain nombre de personnes envers
lesquelles la nation a contracté une dette, parce qu'elles ont vécu des
périodes particulièrement difficiles.
Il serait, à mon avis, difficilement compréhensible que vous n'accédiez pas à
notre demande, monsieur le secrétaire d'Etat, car il me semble qu'il vaut mieux
régler ce problème dans l'enceinte du Parlement plutôt que dans le secret d'un
ministère que nous connaissons bien.
(Très bien ! et applaudissements sur
les travées socialistes.)
M. André Vezinhet.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Vezinhet.
M. André Vezinhet.
Il va sans dire que je fais mienne l'argumentation développée à l'instant par
mon collègue Gérard Delfau.
Monsieur le secrétaire d'Etat, « cette affaire, pour être ancienne, n'en est
pas moins douloureuse », avez-vous dit tout à l'heure. Eh bien non ! Disons
plutôt que cette affaire, parce qu'elle est ancienne, n'en est que tous les
jours un peu plus douloureuse ! Nous ne pouvons plus tolérer que perdure,
depuis quarante et un ans pour les rapatriés de Tunisie et du Maroc et depuis
trente-six ans pour les rapatriés d'Algérie, une situation ô combien
douloureuse.
Si des actes du Parlement français n'avaient pas marqué toute une série
d'étapes, nous serions peut-être aujourd'hui démunis devant ce problème...
Quoi qu'il en soit, les rapatriés outre-mer ont fait l'objet d'une loi-cadre
en date du 26 décembre 1961, devant permettre leur réinsertion sur le sol
métropolitain. Il s'agit de la loi dite « d'accueil et de réinstallation des
Français d'outre-mer », laquelle prévoyait en particulier d'accorder aux
rapatriés des prestations de retour, des prestations temporaires de
subsistance, des prêts à taux réduits, des subventions d'installation et de
reclassement, des facilités d'accès à la prévention et d'admission dans les
établissements scolaires, des prestations sociales, ainsi que des secours
exceptionnels.
Les différents décrets, arrêtés et ordonnances ont paru en mars 1962 et plus
de 35 000 familles ont bénéficié des mesures de réinstallation et contracté des
prêts à taux réduits dans l'espoir qu'une véritable indemnisation, promise par
l'article 4 de la loi n° 61-1439 du 26 décembre 1961, leur permettrait de
rembourser les emprunts de réinstallation.
Il a pourtant fallu attendre le 15 juillet 1970 pour que la première loi
d'indemnisation soit votée. Encore ne s'agissait-il que d'une loi « relative à
une contribution nationale », prévoyant une avance sur les créances détenues
par les rapatriés, que des députés, membres de la commission spéciale, avaient
présentée comme un « premier pas »... C'est dire que les pas effectués furent
lents et restent encore insuffisants.
Le deuxième pas fut la loi du 2 janvier 1978, dont le règlement s'étala sur
quatorze ans pour s'achever en 1992.
Le troisième pas fut franchi grâce à la loi du 16 juillet 1987, les paiements
correspondants étant arrivés à leur terme en septembre 1997.
Ce délai de trente-cinq ans après la spoliation pour les rapatriés d'Algérie,
quarante et un ans pour ceux du Maroc et de la Tunisie a faussé les données de
la réinstallation.
Les rapatriés réinstallés espéraient obtenir au travers de ces lois une
aisance de trésorerie. Malheureusement, deux articles de ces textes ont eu pour
effet de retenir le montant des prêts de réinstallation ainsi que les intérêts
desdits prêts, et cela par anticipation sur l'indemnisation.
Les affaires acquises par les rapatriés en vue de leur réinstallation, dans la
précipitation du douloureux retour, étaient, en quasi-totalité, les moins
rentables. Dès la première année, les emprunts n'ont pas pu être remboursés. De
ce fait, les rapatriés ont été privés de concours bancaires extérieurs et, par
la même, de trésorerie.
Beaucoup ont vendu leurs biens, d'autres sont restés dans une telle précarité
qu'il a fallu, dès la fin de l'année 1963, voter une loi instituant des mesures
de protection juridique en leur faveur. Celles-ci ont été suivies depuis par
une cascade de textes législatifs dont le dernier a vu ses effets s'arrêter au
31 décembre 1996, alors que le problème récurrent de la réinstallation n'était
pas réglé dans sa totalité.
Pour que le solde des dossiers puisse être instruit dans la sérénité, un texte
assurant la protection juridique des intéressés doit être adopté d'urgence.
Seules les personnes visées par l'article 44-1 de la loi de finances
rectificative du 30 décembre 1986 qui ont déposé un dossier auprès des
commissions départementales d'aide aux rapatriés réinstallés pourront
bénéficier de la suspension des poursuites.
Tel est le dispositif de l'amendement présenté par M. Gérard Delfau. Il
prévoit donc une date butoir, contrairement à ce que vous avez prétendu,
monsieur le secrétaire d'Etat. Nous sommes donc en complet désaccord sur ce
point !
Cette affaire a été parfaitement maîtrisée, elle ne laisse pas de place au
doute. J'en appelle au sens moral du Parlement et du Gouvernement.
(Applaudissements sur les travées socialistes, sur celles du groupe communiste
républicain et citoyen, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Je le répète, il s'agit d'un sujet ultra-sensible. La
question des rapatriés est extraordinairement délicate. M. Raymond Courrière,
qui siège parmi vous, le sait bien. Sous l'autorité d'un président aujourd'hui
défunt, il a fait beaucoup pour combler les retards qui avaient été
accumulés.
(Applaudissements sur les travées socialistes.)
M. Raymond Courrière.
Merci.
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Monsieur Camoin, je partage tout à fait votre
émotion.
Je m'adresse maintenant plus particulièrement à M. Delfau. Comme il l'a dit,
il y a un malentendu entre nous. Je cherche avec bonne volonté où il se
situe.
Nous sommes d'accord sur un point : selon vous, monsieur Delfau, il s'agit de
180 personnes ; quant à moi, j'ai évoqué les chiffres de 100 à 200
personnes.
Vous êtes partisan d'une suspension des poursuites jusqu'à la décision de
l'administration. Or, pour moi, c'est exactement ce que prévoit le texte adopté
par l'Assemblée nationale.
Je souhaiterais donc que vous m'expliquiez ce que vous ajoutez au texte de
l'Assemblée nationale, alors que, selon moi, il s'agit des mêmes personnes, des
mêmes dossiers, et de la même procédure de suspension des poursuites, dans
l'attente de la décision de l'administration.
Vous avez tenu, sur la noble administration de Bercy, des propos pas toujours
élogieux et je n'ai pas bien compris où vous aviez supputé un piège dans
l'amendement voté par l'Assemblée nationale et approuvé par le Gouvernement.
M. Gérard Delfau.
Puis-je vous interrompre, monsieur le secrétaire d'Etat ?
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Je le souhaite, même !
M. le président.
La parole est à M. Delfau, avec l'autorisation de M. le secrétaire d'Etat.
M. Gérard Delfau.
Merci, monsieur le secrétaire d'Etat, de me permettre de préciser ma pensée
car je subodore l'existence d'un malentendu qu'il faut lever dans l'intérêt de
tous, y compris de la noble administration pour laquelle je nourris, par
ailleurs - comme chacun d'entre nous - une grande révérence.
La difficulté réside dans le mot « éligible », que nos collègues de
l'Assemblée nationale ont fait figurer dans le projet de loi et qui paraît
pouvoir faire l'objet d'interprétation de l'administration et retirer le
caractère d'automaticité à la suspension provisoire des poursuites.
Autrement dit, je crois que nous sommes d'accord sur le fond.
Par ailleurs, s'agissant, vous l'admettrez avec moi, d'un dispositif n'ayant
pas une extension considérable mais qui est sensible, il me semble qu'il serait
sage que la Haute Assemblée unanime vote cet amendement.
M. le président.
Veuillez poursuivre, monsieur le secrétaire d'Etat.
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Monsieur Delfau, je vous remercie d'avoir bien précisé
votre pensée. La différence entre nos points de vue tient effectivement au
terme : « éligibilité ».
Il est clair que le Gouvernement a suivi l'Assemblée nationale sur un
dispositif applicable à 100 voire à 200 rapatriés qui ont été déclarés
éligibles par les commissions départementales d'aide aux rapatriés réinstallés
et prévoyant l'apurement de dettes contractées à l'occasion de leur
réinstallation pour l'exercice d'une activité professionnelle non salariée.
M. Camoin a bien expliqué que certains d'entre eux ne sont pas rentrés en
France dans les conditions les plus favorables - c'est le moins que l'on puisse
dire - et ont connu de grandes difficultés.
A partir du moment où ce critère est retenu, le Gouvernement et
l'administration qui est sous son autorité aboutissent au chiffre de 100 à 200
personnes.
Monsieur Delfau, si vous supprimez ce critère d'éligibilité, je ne vois pas
comment vous pouvez être sûr que ce sont cent quatre-vingts dossiers qui sont
concernés. Il est possible que leur nombre soit alors plus élevé.
Le débat a l'air technique, mais il est important.
La différence entre nos positions tient au fait que le Gouvernement et
l'Assemblée nationale évoquent des dossiers qui ont été déposés et reconnus
éligibles par les CODAIR alors que vous, vous faites référence à une population
plus vaste, à des personnes qui ont déposé un dossier sur lequel la commission
départementale d'aide aux rapatriés réinstallés ne s'est pas prononcée.
M. André Vezinhet.
Nous parlons de dossiers déjà déposés !
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Certes, mais ces dossiers déjà déposés n'entrent pas
forcément dans les critères retenus par la loi.
M. Gérard Delfau.
On verra !
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Il faut être clair si nous sommes d'accord sur le fait
qu'il s'agit de 100 à 200 dossiers déjà déposés, je pense que, dans ce cas,
l'article 61
nonies
vous donne satisfaction.
M. Gérard Delfau.
Non !
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Si vous souhaitez étendre la liste à ceux qui ont
déposé un dossier, ce qui logiquement devrait concerner plus de 180 personnes,
à ce moment-là, vous étendez le dispositif.
En conséquence, soit il s'agit de 180 personnes, auquel cas l'article 61
nonies
vous suffit et vous avez la courtoisie de retirer votre
amendement ; soit vous visez un objectif plus vaste et, dans cette hypothèse,
le Gouvernement vous demande de retirer votre amendement ou il demandera au
Sénat de le rejeter.
M. Jean-Pierre Camoin.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Camoin.
M. Jean-Pierre Camoin.
Monsieur le secrétaire d'Etat, vous venez de le dire, il s'agit d'un dossier
qui, sur le plan humain, a déjà soulevé de nombreuses difficultés. En
l'occurrence, nous risquons de renouveler une erreur.
Personnellement, je préfère commettre une erreur par excès, et je vais donc
voter l'amendement de mon collègue M. Delfau plutôt que de commettre une erreur
par défaut.
Nous devons préciser le dispositif comme le demande M. Delfau, afin de ne pas
ajouter une injustice à l'injustice.
(Très bien ! sur les travées du RPR et
des Républicains et Indépendants.)
M. le président.
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° II-126, repoussé par la commission et par le
Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, l'article 61
nonies
est ainsi rédigé.
Article 61
decies
M. le président.
« Les personnes visées par l'article 9 de la loi n° 94-488 du 11 juin 1994
relative aux rapatriés anciens membres des formations supplétives et assimilés
ou victimes de la captivité en Algérie et leurs enfants, qui sollicitent un
recours exceptionnel dans les conditions que prévoit ce texte, bénéficient,
jusqu'à ce qu'il soit statué définitivement sur leur situation d'endettement,
d'une suspension des poursuites à ce titre, qui s'impose à toutes les
juridictions, même sur recours en cassation. » -
(Adopté.)
Article additionnel après l'article 61
decies
M. le président.
Par amendement n° II-42, MM. Amoudry, Barnier, Carle, Hérisson et Rinchet
proposent d'insérer après l'article 61
decies
un article additionnel
ainsi rédigé :
« I. - Les entreprises, ayant pour objet l'exploitation d'un service de
télévision locale mentionnées aux deuxième, troisième et quatrième alinéas du
présent paragraphe, peuvent bénéficier d'une aide, dès lors que les ressources
commerciales provenant des messages diffusés à l'antenne et présentant le
caractère de publicité de marque ou de parrainage sont inférieures à 20 % de
leur chiffre d'affaires total.
« Pour bénéficier de l'aide, les entreprises doivent :
« - soit être titulaires d'une autorisation délivrée par le Conseil supérieur
de l'audiovisuel, en application de l'article 30 de la loi n° 86-1067 du 30
septembre 1986 relative à la liberté de communication ;
« - soit avoir conclu une convention avec le Conseil supérieur de
l'audiovisuel en application de l'article 34-1 de la loi n° 86-1067 du 30
septembre 1986 précitée ou être déclarées auprès dudit organisme, en
application de l'article 43 de la même loi.
« II. - Il est créé une taxe additionnelle perçue comme la redevance pour
droit d'usage mentionnée par l'article 53 de la loi n° 86-1067 du 30 septembre
1986. Le montant de cette taxe est fixé à 5 francs pour 1998.
« Un décret en Conseil d'Etat fixe les modalités d'application du présent
article. »
La parole est à M. Amoudry.
M. Jean-Paul Amoudry.
Cet amendement a pour objet de mettre fin à la précarité des télévisions
locales et de leur conférer des moyens leur permettant d'acquérir l'autonomie
financière.
A l'appui de cette initiative, je rappelle au Sénat que toutes les démocraties
occidentales ont favorisé le développement des télévisions locales. Jusqu'à
présent, la France fait exception.
Comme je l'ai indiqué dans l'exposé des motifs, la plupart des chaînes
locales, qu'elles soient hertziennes ou câblées, connaissent des difficultés.
Sur les quelque treize chaînes hertziennes créées, il en reste aujourd'hui
moins de la moitié. Quant aux quarante canaux locaux du câble, si l'on
enregistre quelques belles réussites, la plupart d'entre eux ont du mal à se
développer.
Le Conseil supérieur de l'audiovisuel estime d'ailleurs à plus de 200 millions
de francs les pertes accumulées depuis quelques années dans ce secteur. Il est
vrai que l'inadaptation du statut de ces chaînes est pour beaucoup dans les
difficultés financières qu'elles connaissent.
A court terme, il y a urgence. Quantité d'emplois sont en jeu. Il faut donc
intervenir pour que les expériences et les initiatives locales puissent
résister en attendant le changement de statut espéré.
Cet amendement tend à apporter une aide aux chaînes de télévision locales.
Dans le même registre, les radios locales sont aidées grâce à l'intervention du
Fonds d'aide à l'expression locale.
En ce qui concerne le mode de financement, il est proposé de percevoir une
taxe additionnelle à la redevance de cinq francs pour droit d'usage mentionnée
à l'article 53 de la loi du 30 septembre 1986.
Je précise qu'il ne s'agit pas là d'une taxe parafiscale, même si elle est
perçue dans les mêmes conditions que la redevance.
Je souhaite aussi rendre notre assemblée attentive au fait que, si l'on
additionne les chaînes hertziennes et les chaînes câblées, la télévision locale
concerne la plupart des Français.
En tout état de cause, lorsque de telles chaînes n'existent pas, le fonds
devrait permettre d'en susciter l'apparition, ce qui ne peut être que favorable
à l'expression locale et donc à la démocratie locale.
Au moment où, dans nos villes mais aussi en milieu rural, la distanciation des
liens sociaux est à déplorer, les médias de proximité remplissent une
incontestable fonction de rapprochement entre les hommes. Il importe de donner
à ces chaînes locales le ballon d'oxygène financier dont elles ont besoin.
Le Sénat ne peut rester insensible à cette dimension locale de la politique
audiovisuelle. C'est pourquoi je souhaite vivement que notre Haute Assemblée
veuille bien adopter le présent amendement.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Alain Lambert,
rapporter général.
La commission a examiné cet amendement avec grand
soin. Elle est en effet consciente du fait que certaines chaînes de télévision
par câble éprouvent de grandes difficultés.
Elle a par ailleurs constaté que les télévisions locales soulèvent un intérêt
sur de nombreuses travées. L'expression « sur de nombreuses travées » vise
notamment M. Loridant, qui a été l'auteur de plusieurs amendements sur ce
sujet.
Sur le fond, la commission des finances a été dans l'embarras ; il serait
malhonnête de ma part de vous le cacher, mes chers collègues. En effet, cette
question pose des problèmes de principe.
Tout d'abord, pouvons-nous envisager de financer par un prélèvement à
caractère national des émissions à caractère local, encore que, dans d'autres
domaines, des prélèvements nationaux servent des intérêts locaux ?
Ensuite, du fait des difficultés économiques des télévisions locales - leurs
pertes s'élèveraient au total, si nos informations sont exactes, à environ 200
millions de francs - l'Etat pourrait-il apporter une aide à ces sociétés pour
leur permettre de passer un cap difficile ?
Quoi qu'il en soit la modification de régime économique, notamment grâce à
l'accès à la publicité locale par certaines catégories d'opérateurs, ouvrirait
la voie de l'équilibre.
Toutefois, cette évolution demeure très controversée, notamment par la presse
locale qui craint de perdre des recettes de publicité.
Peut-être le Gouvernement fera-t-il valoir - c'est en tout cas l'impression de
la commission des finances - qu'une modification de cette nature pourrait être
traitée dans le cadre de futur projet de loi sur l'audiovisuel.
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Absolument !
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
La commission des finances a donc souhaité entendre
l'avis du Gouvernement et, au final, elle a décidé de s'en remettre à la
sagesse du Sénat.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Le Gouvernement n'est pas très favorable à cet
amendement.
Le système actuel est simple : une redevance audiovisuelle est affectée au
financement du secteur audiovisuel à caractère général et public.
Subventionner des services télévisuels privés par une taxe additionnelle à la
redevance aurait, me semble-t-il, trois inconvénients majeurs.
Le premier serait, évidemment, de créer un risque de confusion des genres
entre le service public audiovisuel et la télévision d'opérateurs privés, qui
ont pour vocation de s'autofinancer, c'est d'ailleurs le cas dans certains pays
étrangers cités en exemple sur « certains bancs » du Parlement.
Deuxièmement, l'existence d'une offre privée subventionnée pourrait entraver
l'émergence d'une offre privée « autofinancée » viable.
Troisièmement, cela créerait une concurrence entre le secteur public
audiovisuel - je pense notamment aux programmes régionaux de France 3, sur
lesquels chacun se penche actuellement et qui se sont développés avec un grand
succès ces dernières années - et une offre locale audiovisuelle qui serait,
elle aussi, subventionnée.
Entre les télévisions généralistes du service public et les télévisions
privées, il y a place, de toute évidence, pour des télévisions intermédiaires,
si je puis dire, dont certaines sont, en quelque sorte, des télévisions
d'intérêt local, mi-service public, mi-service privé. Mais, dans sa forme
actuelle, l'amendement crée une sorte de confusion.
Comme l'a dit M. le rapporteur général, peut-être la solution de ce problème
résiderait-elle plutôt dans une régulation de l'ensemble du secteur de
l'audiovisuel. Par conséquent, cet amendement trouverait davantage sa place
dans le futur projet de loi sur la communication audiovisuelle qui est préparé
par ma collègue Mme Trautmann, ministre de la culture et de la communication,
et qui sera discuté au Parlement dans le courant du printemps.
Telles sont les raisons pour lesquelles je vous propose de rejeter cet
amendement tendant à créer une nouvelle taxe de 5 francs, qui s'ajouterait à la
redevance, mais dont la justification ne me paraît pas légitime.
M. le président.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° II-42.
M. Michel Charasse.
Je demande la parole contre cet amendement.
M. le président.
La parole est à M. Charasse.
M. Michel Charasse.
Monsieur le président, monsieur le secrétaire d'Etat, mes chers collègues, sur
le fond, je serais tout à fait prêt à me rallier aux arguments des auteurs de
l'amendement, parce que se pose sans doute un vrai problème. Mais je dois dire
amicalement à nos collègues qui ont signé cet amendement que je me sens un peu
gêné quant à la solution qu'ils ont trouvée.
En effet, je vois au moins trois motifs de non-conformité de leur amendement
aux textes constitutionnel et organique.
Tout d'abord, cet amendement crée une charge, mais je n'insisterai pas
là-dessus. Passons.
Surtout, nos collègues nous proposent de surtaxer par la loi, donc par un
impôt, une taxe parafiscale qui, elle, relève du décret. On nous propose donc
de créer une surtaxation dont l'assiette et les modalités de recouvrement sont
fixées par décret, alors que, normalement, l'impôt a une assiette et des
modalités de recouvrement - c'est l'article 34 de la Constitution -
obligatoirement fixées par la loi.
Que dirait-on, mes chers collègues, si, demain, le Gouvernement nous proposait
de surtaxer un impôt par une taxe parafiscale dont il a seul la maîtrise,
puisque les taxes sont créées par décret, par exception aux règles concernant
les impôts ou les lois organiques, le Parlement n'intervenant que pour
autoriser la perception de la taxe au-delà du 31 décembre de l'année de
création ?
Un troisième élément doit être pris en compte : l'affectation. Nous avons bien
compris la solution de nos collègues, mais ce supplément n'est pas une taxe
parafiscale. Or seule la taxe parafiscale peut être affectée. C'est donc un
impôt et il ne peut pas être affecté, sauf si le Gouvernement nous propose une
forme d'affectation par l'intermédiaire d'un compte spécial du Trésor ou d'un
budget annexe, ce qui n'est pas le cas.
Pour ces motifs, monsieur le président, et pour ces motifs seulement, je ne
peux pas soutenir la proposition de nos collègues. En effet, si le Conseil
constitutionnel est saisi du projet de loi de finances et si cet amendement
venait à être voté, il lui réserverait un sort que, sur le fond, il ne mérite
pas à mon avis.
C'est la raison pour laquelle je préférerais de beaucoup que nos collègues
auteurs de l'amendement attendent, pour régler cette question, le projet de loi
annoncé par M. le secrétaire d'Etat au budget et qu'ils prennent un peu de
temps pour examiner les conditions dans lesquelles un fonds pourrait être créé
afin d'alimenter ces télévisions locales qui sont confrontées à des
difficultés.
Tels sont, monsieur le président, les motifs pour lesquels, à moins que
l'amendement ne soit retiré, je ne pourrai malheureusement pas soutenir nos
collègues.
M. Paul Loridant
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Loridant.
M. Paul Loridant.
J'apporterai mon soutien à l'amendement qui est présenté par nos collègues des
deux départements savoyards et qui touchent à la vie des télévisions que
j'appelle de proximité, sujet sur lequel, vous le savez, mes chers collègues,
je suis intervenu à plusieurs reprises.
Les télévisions de proximité sont diffusées soit par voie hertzienne, soit par
câble. Il est incontestable que ces télévisions de proximité ont une mission de
service public local. Au demeurant, monsieur le secrétaire d'Etat, cette
mission est reconnue par les services fiscaux, et c'est à ce titre qu'elles
font l'objet d'un traitement particulier, tant pour les subventions qui sont
versées par les collectivités locales que pour les prestations rémunérées par
ces collectivités dès lors que ces télévisions diffusent des informations à
caractère local, avec toutes les garanties de neutralité et de pluralisme
qu'exige le CSA.
Je vous rappelle également, monsieur le secrétaire d'Etat, qu'à la différence
des télévisions nationales et de la presse écrite les télévisions de proximité
ne peuvent recourir à la publicité issue de la grande distribution, et qu'elles
ne bénéficient pas d'un régime fiscal particulier.
En effet, la presse écrite est exonérée de taxe professionnelle ; les
télévisions de proximité ne le sont pas. Il existe un taux réduit de TVA pour
la presse écrite ; ce n'est pas le cas pour les télévisions de proximité. Il y
a une aide de l'Etat pour la distribution de la presse écrite ; il n'y en a pas
pour les télévisions de proximité. J'ajoute qu'il n'y a aucune aide spécifique
de l'Etat.
Je suis prêt à reconnaître que les modalités de l'amendement ne sont peut-être
pas les plus adaptées. Néanmoins, je n'ai pas senti, de la part du
Gouvernement, une volonté de prendre à bras-le-corps ce dossier, que j'avais
déjà soumis au précédent gouvernement, en vain.
Je souhaite donc, monsieur le secrétaire d'Etat, que le Gouvernement prenne en
compte une réalité locale, c'est-à-dire ces télévisions de proximité, qui
contribue à la démocratie locale, à l'expression des citoyens et à la diffusion
auprès de nos concitoyens de ce qui se passe dans leur quartier.
Passant outre les obstacles constitutionnels évoqués par mon collègue M.
Michel Charasse, pour ma part, je voterai cet amendement en espérant que le
Gouvernement voudra bien, un jour, prendre à bras-le-corps ce dossier qui me
tient particulièrement à coeur !
M. Michel Barnier.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Barnier.
M. Michel Barnier.
Naturellement, je vais également voter cet amendement, puisque je fais partie
des cosignatures aux côtés de M. Amoudry et de mes collègues qui, vous l'avez
compris, sont originaires de cette région des Alpes qu'est la Savoie.
Nous avons l'expérience d'une télévision locale. Par conséquent, monsieur le
secrétaire d'Etat, au-delà de ce qui peut être dit par le ministère des
finances et qui ne nous surprend pas, nous savons de quoi nous parlons.
Nous souhaitons notamment nous inscrire en faux contre la crainte que vous
avez exprimée tout à l'heure de voir ces télévisions locales troubler le jeu,
voire concurrencer le service public.
Dans notre région, la télévision locale existait depuis plusieurs années. Elle
était, comme l'a dit M. Loridant, un facteur de proximité, j'ajouterai même de
convivialité, créant un état d'esprit auquel étaient attachées des milliers de
personnes, souvent extrêmement modestes, en tout cas isolées, comme beaucoup le
sont dans nos régions de montagne.
Tout au long de ces années, je n'ai pas constaté, monsieur le secrétaire
d'Etat, que cette télévision locale engendrait la moindre gêne pour le service
public ni la moindre concurrence avec France 3 Grenoble. Cette chaîne d'Etat,
si je puis dire, a parfaitement cohabité et s'est développée malgré l'existence
de cette télévision locale, qui a été « étouffée » progressivement par le
manque de moyens.
Je conclus donc cette explication de vote vous invitant, mes chers collègues,
à soutenir et à approuver cet amendement. Certes, notre collègue Michel
Charasse s'est livré tout à l'heure à une démonstration juridique, précise,
technique. Je suis très ému de son souci de préserver le texte de tout risque
d'inconstitutionnalité. Nous verrons bien, mon cher collègue, si le Conseil
constitutionnel est saisi de ce projet de loi de finances, s'il se prononce et
s'il annule cette disposition.
En attendant, en adoptant cet amendement, le Sénat donnera un signal,
notamment dans le sens de la décentralisation.
En écoutant M. le secrétaire d'Etat et M. Charasse, je ne sentais plus
souffler l'esprit de la décentralisation, qui a pourtant animé, en 1981, le
côté gauche de l'hémicycle, et parfois même le côté droit.
Cet amendement porte sur une initiative que nous voulons soutenir, pas
seulement chez nous d'ailleurs, mais partout en France et qui s'inscrit dans
l'esprit de la décentralisation. Voilà pourquoi je souhaite beaucoup que cette
Haute Assemblée, précisément attachée à l'esprit de décentralisation, adopte
cet amendement.
M. Alain Gournac.
Très bien !
M. le président.
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° II-42, repoussé par le Gouvernement et pour
lequel la commission s'en remet à la sagesse du Sénat.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet
de loi de finances, après l'article 61
decies.
Article 64
M. le président.
« Art. 64. - Les dispositions du deuxième alinéa du I de l'article L.
322-4-8-1 du code du travail sont abrogées à compter du 1er janvier 1998.
« Toutefois, les conventions conclues en application de ces dispositions avant
la date mentionnée à l'alinéa précédent demeurent régies par l'article L.
322-4-8-1. » -
(Adopté.)
Article 65
M. le président.
« Art. 65. - I. - Le II de l'article 113 de la loi de finances pour 1996 (n°
95-1346 du 30 décembre 1995) est ainsi modifié :
« 1° Les mots : "; elles s'appliquent jusqu'au 31 décembre 1997"
sont supprimés ;
« 2° Les mots : "entre les 1er octobre 1996 et 31 décembre 1997"
sont remplacés par les mots : "à partir du 1er octobre 1996" » ;
« 3° Les mots : "pendant cette même période" sont remplacés par les
mots : "à partir de cette date". »
« II. - Au 5° de l'article L. 241-6 du code de la sécurité sociale, les mots :
"de l'article L. 241-6-1" sont remplacés par les mots : "des
articles L. 241-6-2 et L. 241-6-4, et de l'article 7 de la loi n° 93-1313 du 20
décembre 1993 quinquennale relative au travail, à l'emploi et à la formation
professionnelle".
« III. - Les articles L. 241-6-1 et L. 241-6-3 du même code sont abrogés.
« IV. - L'article L. 241-6-4 du même code est ainsi modifié :
« 1° Au premier alinéa, les mots : "par dérogation aux dispositions de
l'article L. 241-6-1" sont supprimés ;
« 2° Au troisième alinéa, les mots : "versés par les employeurs visés à
l'article L. 241-6-1" sont remplacés par les mots : "versés à des
salariés dont l'emploi emporte l'obligation édictée par l'article L. 351-4 du
code du travail et à des salariés mentionnés au 3° de l'article L. 351-12 du
même code, par des employeurs" ;
« 3° Il est ajouté deux alinéas ainsi rédigés :
« Elles ne sont pas applicables aux gains et rémunérations versés par les
organismes visés à l'article 1er de la loi n° 90-568 du 2 juillet 1990 relative
à l'organisation du service public de la poste et des télécommunications.
« Le bénéfice des dispositions du présent article ne peut être cumulé avec
celui d'une autre exonération totale ou partielle de cotisations patronales de
sécurité sociale, à l'exception de l'abattement prévu à l'article L. 322-12 du
code du travail, ni avec l'application de taux spécifiques, d'assiettes ou
montants forfaitaires de cotisations. »
« V. - L'article L. 241-13 du même code est ainsi modifié :
« 1° Au premier alinéa, les mots : "le salaire minimum de croissance
majoré de 20 % puis de 33 % à compter du 1er octobre 1996" sont remplacés
par les mots : "le salaire minimum de croissance majoré de 30 %" »
;
« 2° Le deuxième alinéa est complété par une phrase ainsi rédigée :
« Lorsque le nombre d'heures rémunérées est inférieur à la durée légale ou
conventionnelle du travail applicable sur un mois civil, le montant de la
réduction est calculé au prorata du nombre d'heures rémunérées au cours du mois
considéré. » ;
« 3° Les troisième, quatrième et cinquième alinéas sont remplacés par un
alinéa ainsi rédigé :
« Le plafond et le coefficient afférents aux gains et rémunérations égaux ou
supérieurs à 169 fois le salaire minimum de croissance peuvent être adaptés
pour certaines catégories de salariés relevant de professions soumises à des
dispositions spécifiques en matière de durée maximale du travail, sous réserve
du respect de ces dispositions, dans des conditions et selon des modalités
fixées par décret en Conseil d'Etat. »
« VI. - A l'article 1062-1 du code rural, les références : "L.
241-6-1" et "L. 241-6-3" sont supprimées.
« VII. - Aux articles 1062-2 et 1062-3 du même code, les mots : "et
jusqu'au 31 décembre 1997" sont supprimés.
« VIII. - A l'article L. 241-6-2 du code de la sécurité sociale et à l'article
1062-3 du code rural, les mots : "supérieurs à 169 fois le salaire minimum
de croissance majoré de 21 % et" sont supprimés.
« IX. - Les dispositions du présent article prennent effet à compter du 1er
janvier 1998. Elles sont applicables aux gains et rémunérations versés à
compter du 1er janvier 1998 ou, pour les marins salariés, aux services
accomplis à compter de cette date. »
Sur cet article, la parole est à Mme Beaudeau.
Mme Marie-Claude Beaudeau.
L'examen de cet article 65, qui est relatif à l'aménagement de la réduction
dégressive des cotisations patronales de sécurité sociale sur les bas salaires,
conduit mon groupe à s'interroger sur deux points.
Il s'interroge tout d'abord sur le bien-fondé de tels allégements de charges,
en tentant d'établir une sorte de bilan coût-avantage de cette mesure, ainsi
que sur la nécessité de réorienter les aides publiques à l'emploi.
Instauré par le gouvernement de M. Alain Juppé, dispositif phare, le système
d'allégement ou d'exonération de charges sociales pesant sur les bas salaires
avait pour objet la réduction du coût du travail.
Dans le cadre du « donnant donnant », cette politique des aides à l'emploi
affichait comme ambition la création ou le maintien d'emplois peu qualifiés,
notamment. Ainsi, étaient exonérés de cotisations sociales les employeurs pour
les salaires inférieurs à 133 % du SMIC.
Sur cet objectif de réduction des chiffres du chômage, un constat s'impose :
celui de l'échec !
Pour les finances publiques, le coût de cette mesure s'élève à environ 40
milliards de francs, soit l'équivalent de la création de 45 000 emplois
environ.
Ces aides représentent une charge très lourde pour l'Etat.
Quant au financement de notre système de protection sociale, précisément de la
branche famille, qui, à l'origine, était uniquement alimentée par les
cotisations patronales, il a été mis en péril. De plus, les salariés peu
qualifiés n'ont aucunement bénéficié de formation ou de hausse de salaire.
Le nouveau gouvernement s'est interrogé sur l'existence de tels allégements.
Dans le projet de budget pour 1998, le plafond d'exonération est ramené à 130 %
du SMIC et le principe de proratisation pour le temps partiel est rétabli. En
abaissant le seuil des salaires concernés, on ralentit le mécanisme
d'allégement des charges sociales ; toutefois, le système n'est pas totalement
remis en cause.
Au cours du débat budgétaire, alors qu'elle défendait les crédits de son
ministère, Mme Aubry nous a dit son intention de déposer sur le bureau du
Parlement un rapport qui ferait le point de l'ensemble des aides à l'emploi.
Nous souhaitons que ce rapport nous permette de réorienter ces aides.
En effet, il nous semble que, dès cette année, par l'intermédiaire de la loi
de finances, il aurait été possible de freiner beaucoup plus, voire
d'interrompre ce mouvement d'allégement des charges sur les salaires. Vous le
savez, il faut réorienter ces aides publiques à l'emploi dans le secteur
privé.
Pour notre part, nous ne prônons pas leur arrêt brutal. Nous dénonçons
seulement leur manque d'efficacité, leur excès dû principalement au fait
qu'elles s'inscrivent dans les objectifs patronaux de flexibilité, de réduction
du coût du travail, conduisant au développement de la précarité.
Nous ne sommes d'ailleurs pas totalement persuadés que les aides aient
vraiment servi en priorité à l'emploi, à la progression des salaires et à
l'amélioration de la qualification.
Aux réductions des charges, monsieur le secrétaire d'Etat, nous préférons les
aides publiques qui serviraient en quelque sorte à bonifier les crédits
d'entreprises réellement créatrices d'emplois, assurant une modulation des taux
d'intérêt jusqu'à un taux négatif. Vous le voyez, nous voulons des aides à
l'emploi plus efficaces et plus encadrées.
M. le président.
Par amendement n° II-154, M. Souplet et les membres du groupe de l'Union
centriste proposent, au II de l'article 65, de remplacer les mots : « des
articles L. 241-6-2 et L. 241-6-4 » par les mots : « de l'article 1062-3 du
code rural ».
La parole est à M. Machet.
M. Jacques Machet.
Les exonérations des cotisations d'allocations familiales consenties, au titre
de l'emploi de main-d'oeuvre, aux entreprises situées en zones de rénovation
rurale, aux termes de l'article L. 241-6-2 du code de la sécurité sociale, aux
entreprises nouvelles au sens fiscal, selon l'article 7 de la loi quinquennale,
et aux exploitants assujettis au régime agricole sur la base de la surface
minimum d'installations, selon l'article 1062-3 du code rural, introduites par
l'article 113 de la loi de finances pour 1996 procèdent, en matière de
modalités de calcul, de l'application de règles identiques.
Il importe que le coût intégral de ces exonérations soit compensé par le
budget de l'Etat, comme le prévoit l'article L. 131-7 du code de la sécurité
sociale inséré par la loi n° 94-637 du 25 juillet 1994, afin de garantir les
ressources de la caisse nationale des allocations familiales.
La rédaction actuelle de l'article L. 241-6 du code de la sécurité sociale
relatif aux ressources de cet organisme prévoit la compensation par le budget
de l'Etat des seules exonérations accordées au titre de l'article L. 241-6-2 du
code de la sécurité sociale et de l'article 7 de la loi quinquennale.
Il convient d'adopter le même principe s'agissant de l'exonération mise en
oeuvre par l'article 1062-3 du code rural.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Il s'agit d'un amendement de précision.
En effet, si nous avons bien compris, les dispositifs se sont un peu
superposés et on peut se poser des questions sur leur application.
La commission souhaite entendre la réponse du Gouvernement et, si cette
réponse apaisait les inquiétudes de M. Machet, elle conseillerait à celui-ci de
retirer son amendement.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Christian Sautter ,
secrétaire d'Etat.
Cet amendement pose le problème de la compensation des
exonérations de cotisations d'allocations familiales consenties aux exploitants
assujettis au régime agricole.
Il est vrai que les salariés agricoles ouvrent droit, pour les entreprises qui
les emploient à deux types d'exonération de cotisations d'allocations
familiales suivant la zone où est située l'entreprise.
Si l'entreprise est située dans une zone de revitalisation rurale - les ZRR -,
cette exonération, totale jusqu'à 1,5 SMIC, est intégralement compensée par le
budget de l'Etat, qu'il s'agisse de salariés d'exploitants ou de
non-exploitants.
En dehors de ces zones, et pour les seuls salariés non occasionnels des
exploitants agricoles cette exéonération, totale jusqu'à 1,5 SMIC et de moitié
entre 1,5 et 1,6 SMIC, est partiellement compensée selon les règles applicables
à l'ensemble des entreprises pour les salaires allant jusqu'à 1,3 SMIC.
Pour les salaires compris entre 1,3 et 1,6 SMIC, il a été considéré que cette
mesure était compensée par le passage de l'assiette cadastrale à l'assiette
réelle pour les cotisations d'allocations familiales des salariés des
exploitants. J'admets bien volontiers que ce système est assez compliqué.
Ainsi, la mise en oeuvre concomitante des mesures d'exonération et de la
réforme de l'assiette permet d'assurer une totale neutralité pour les comptes
de la branche famille et garantit les ressources de la caisse nationale des
allocations familiales, principe auquel le Gouvernement est, comme vous,
attaché.
Je pense, monsieur le sénateur, que ma réponse doit vous donner satisfaction.
Je vous suggère donc de retirer votre amendement, sinon je serai obligé de m'y
opposer.
M. le président.
La parole est à M. le rapporteur général.
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Je demande la parole.
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Compte tenu des explications données par le
Gouvernement, qui éclairent l'application des différents dispositifs,
explications qui n'étaient pas inutiles - M. le secrétaire d'Etat a bien voulu
admettre que les choses étaient compliquées -...
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Absolument !
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
... je pense que notre collègue Jacques Machet a
satisfaction. Je lui conseille donc de retirer son amendement.
M. le président.
Monsieur Machet, l'amendement est-il maintenu ?
M. Jacques Machet.
Compte tenu de tout ce qui vient d'être dit, je le retire.
M. le président.
L'amendement n° II-154 est retiré.
Je suis saisi de trois amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion
commune.
Les deux premiers sont identiques.
L'amendement n° II-91 est présenté par M. Lambert, au nom de la commission des
finances.
L'amendement n° II-155 est déposé par MM. Arnaud, Badré et les membres du
groupe de l'Union centriste.
Tous deux tendent à supprimer le 1° du V de l'article 65.
Par amendement n° II-137, Mme Beaudeau, M. Loridant et les membres du groupe
communiste républicain et citoyen proposent, dans le texte présenté par le 1°
du V de l'article 65 pour modifier le premier alinéa de l'article L. 241-13 du
code de la sécurité sociale, de remplacer le taux : « 30 % » par le taux : « 25
% ».
La parole est à M. le rapporteur général, pour présenter l'amendement n°
II-91.
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
L'article 65 est un article très important. Il
aménage le dispositif de ristourne dégressive fusionnée des cotisations
sociales sur les bas salaires.
Je rappelle que cette ristourne est maximale pour les salaires égaux au SMIC -
elle atteint alors 1 210 francs - et qu'elle diminue ensuite jusqu'aux salaires
égaux à 1,33 SMIC, pour lesquels l'avantage devient nul. Elle concerne,
aujourd'hui, mes chers collègues, près de cinq millions de salariés.
L'article 65 a trois objets principaux.
En premier lieu, il pérennise le dispositif : en deuxième lieu, il ramène
au prorata
du temps travaillé l'avantage de la ristourne - cette mesure
permet 4 milliards de francs d'économie pour le budget de l'Etat ; en troisième
lieu, il ramène le plafond des salaires concernés de 1,33 à 1,3, ce qui permet
une économie de 2,1 milliards de francs.
Pour être exhaustif, je me dois de signaler que le Gouvernement s'apprête, par
décret, à geler le SMIC au niveau de 1997 pour calculer les ristournes
applicables en 1998, ce qui permet encore une économie de 400 millions de
francs.
La commission des finances estime que la politique d'allégement sur les bas
salaires a permis, selon les documents actés par la conférence internationale
sur l'emploi et les salaires du 10 octobre 1997, de défendre l'emploi peu
qualifié dans un contexte défavorable.
C'est pourquoi elle propose de rétablir à 1,33 SMIC le plafond des salaires
concernés par la ristourne dégressive, afin de ne pas freiner une des mesures
pour l'emploi qui lui semble des plus utiles parce qu'elle touche au coût du
travail peu qualifié, qui est excessif dans notre pays.
MM. Alain Gournac et Michel Mercier.
Très bien !
M. le président.
La parole est à M. Arnaud, pour défendre l'amendement n° II-155.
M. Philippe Arnaud.
M. le rapporteur général a parfaitement exposé l'objet de cet amendement.
J'ai entendu tout à l'heure les explications de Mme Beaudeau avec beaucoup
d'intérêt, mais je dois dire que je suis extrêmement inquiet quant aux
conclusions qu'elle tire. Ce n'est pas surprenant, d'ailleurs, puisque ses
prises de position sont fondamentalement opposées aux nôtres.
Madame, dans le domaine de l'emploi, il y a urgence. Je crois que le
Gouvernement l'a montré en sollicitant la possibilité de créer rapidement de
nouveaux emplois pour les jeunes.
S'il est vrai que ces dispositifs sont modestes dans leurs effets, il n'en
reste pas moins que cinq millions de salariés sont touchés et, si les résultats
sont modestes, c'est peut-être parce que l'aide est modeste.
Il est certain que, si l'Etat prend en charge la quasi-totalité des salaires
augmentés des charges sociales pour les nouveaux emplois, les chances de succès
seront plus grandes.
Cela dit, je crois que l'objectif recherché par le Gouvernement est bien de
permettre aux jeunes qui sont concernés de s'orienter, dans les cinq ans à
venir, vers le secteur privé, vers le secteur marchand, et de faire en sorte
que ces emplois soient pérennisés et donc solvabilisés.
En ce moment, nous traitons d'emplois qui existent dans le secteur marchand,
surtout dans les toutes petites entreprises, puisqu'il s'agit des bas salaires
et d'emplois non qualifiés.
Faisons en sorte de maintenir ces emplois ! Faisons en sorte que ces salariés
peu qualifiés ne se retrouvent pas à la rue, à cause de charges trop lourdes
!
M. le président.
La parole est à M. Pagès pour défendre l'amendement n° II-137.
M. Robert Pagès.
M. Arnaud ne sera pas étonné que je ne partage pas son point de vue.
En effet, l'amendement n° II-137 vise à réduire encore un peu plus le taux de
prise en charge par le budget de l'Etat,...
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Quelle erreur !
M. Robert Pagès.
... au titre du chapitre 44-75 du budget des charges communes, des cotisations
sociales dues normalement par les entreprises pour ce qui concerne les
prestations familiales.
Ce dispositif est d'un coût élevé - plus de 40 milliards de francs - et nous
nous interrogeons sur sa portée réelle.
Evidemment, nous aurons l'occasion de revenir sur cette question à propos de
la discussion des amendements n°s II-91 et II-155, qui visent, à la surprise
générale, à majorer les dépenses publiques de 6,5 milliards de francs.
Cette proposition pourrait paraître surprenante, venant de la commission des
finances qui a déployé depuis deux semaines toute son énergie et les moyens
informatiques les plus modernes pour réduire les dépenses publiques au travers
d'amendements divers et variés de réduction des crédits des titres III et
IV.
Passons sur cet épiphénomène qui montre simplement que la majorité sénatoriale
peut réhabiliter la dépense publique quand elle tombe dans l'escarcelle des
entreprises et la condamner quand elle concerne les ménages ou les salariés.
(Protestations sur les travées de l'Union centriste et du RPR.)
Revenons à l'essentiel : la question de l'efficacité même de la ristourne
dégressive.
Qu'ont donc fait les entreprises de cette ristourne dégressive, qui, depuis le
vote de la loi quinquennale sur l'emploi en décembre 1993, a coûté au budget de
l'Etat, d'abord 9 milliards de francs, puis 17 milliards de francs, puis encore
36 milliards de francs et, désormais, 42 milliards de francs ?
En quatre ans, ce sont près de 105 milliards de francs qui ont été ainsi
mobilisés par cette ristourne dégressive, c'est-à-dire le produit d'une année
moyenne sur la période de l'impôt sur les sociétés.
A quoi ont donc bien pu servir ces sommes considérables ?
Ont-elles servi à augmenter les salaires plus que la croissance du produit
intérieur brut ne le permettait ?
Apparemment ce n'est pas le cas, puisque la part des salaires dans la valeur
ajoutée était, à la fin de 1996, la même qu'en 1993. Cette part des salaires
dans la valeur ajoutée est même largement inférieure à celle des années
1981-1982 et elle est de trois points inférieure au taux atteint en 1970.
Il y a, en revanche, deux domaines dans lesquels ce processus d'allégement du
coût du travail, selon la terminologie en vigueur, a pu jouer.
C'est d'abord celui de la réduction des intérêts dus par les entreprises non
financières auprès des établissements de crédit, même si l'essentiel de cet
allégement est plutôt imputable à la réduction du niveau des investissements
productifs et à la baisse globale des taux d'intérêt.
C'est surtout celui de l'accroissement des dividendes versés, qui ont crû,
entre 1993 et 1996, de près de 100 milliards de francs, selon une moyenne
annuelle de 7 % à 8 %, représentant un montant assez proche de celui du cumul
de l'allégement des cotisations familiales.
Cette politique d'allégement du coût du travail n'a donc pas eu, de notre
point de vue, d'effets positifs sur l'emploi et l'investissement et son produit
a, selon toute vraisemblance, été utilisé ailleurs que là où le besoin s'en
faisait effectivement sentir.
Nous pensons donc qu'il faut donner à la dépense publique sur l'emploi un
contenu différent de celui qu'elle a eu jusqu'ici.
Voilà pourquoi nous approuvons les termes de l'article 52 du présent projet de
loi, qui institue le crédit d'impôt pour création d'emplois, et nous sommes
plus que réservés sur le maintien de l'« abattement famille » au niveau fixé
par l'article 65.
Sous le bénéfice de ces observations, je vous invite donc à adopter notre
amendement.
(Très bien ! et applaudissements sur les travées du groupe communiste
républicain et citoyen.)
M. le président.
Quel est l'avis de la commission sur l'amendement n° II-137 ?
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Il est très défavorable.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements identiques n°s II-91 et
II-155, ainsi que sur l'amendement n° II-137 ?
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Le Gouvernement pourrait être dans une situation
confortable, à mi-chemin entre deux propositions opposées. En effet, M. le
rapporteur général et M. Arnaud proposent de porter le plafond à 1,33 fois le
SMIC, alors que M. Pagès, après que Mme Beaudeau eut développé l'idée selon
laquelle il vaut mieux aider directement les entreprises que de leur consentir
des réductions de charges, a milité pour un plafond de 1,25 fois le SMIC.
Je voudrais justifier devant la Haute Assemblée le traitement que le
Gouvernement a appliqué à la ristourne dégressive et, par là même, dissiper un
certain nombre d'idées fausses.
Dans la mesure où le Gouvernement propose de ramener le plafond de la
ristourne dégressive de 1,33 à 1,30 fois le SMIC, vous pourriez considérer
qu'il souhaite réduire autant que faire se peut la portée de cette mesure. Mais
il faut se souvenir que, le 1er juillet 1997, le SMIC a été revalorisé de 4 %
et que, de ce fait, pour une entreprise, le plafond passe de 8 521 francs au
premier semestre de 1997 à 8 663 francs en 1998.
Par conséquent, il s'agit simplement pour le Gouvernement d'accompagner la
revalorisation du SMIC.
Pour se convaincre de la confiance, fût-elle mesurée, que le Gouvernement
place dans le dispositif des exonérations de cotisations sociales pour la
main-d'oeuvre non qualifiée, il suffit de constater que l'ensemble des sommes
consacrées aux allégements de charges atteignent, dans le présent projet de loi
de finances, 44,1 milliards de francs, en hausse de 2,3 % par rapport au budget
de 1997, ce qui n'est pas négligeable.
Ainsi, en la matière, le Gouvernement a adopté une attitude prudente : il a
tenu compte de la hausse du SMIC sans remettre fondamentalement en cause le
dispositif.
En revanche, le Gouvernement s'est attaché à faire en sorte qu'une économie
soit réalisée pour certains salariés travaillant à temps partiel.
En tout cas, le Gouvernement souhaite observer la situation pendant un an
encore pour voir si le principe d'allégement des charges pesant sur le travail
peu qualifié débouche enfin sur des résultats concrets.
Jusqu'à présent, les études n'ont pas fait apparaître de résultats
particulièrement tangibles, mais il se peut que la médiocrité de la croissance
française depuis six ans n'ait pas permis aux entreprises de profiter
pleinement de ce dispositif d'exonération.
Telles sont les raisons pour lesquelles le Gouvernement estime qu'il est sage
de s'en tenir au taux de 1,30 fois le SMIC et demande le rejet des trois
amendements.
M. le président.
Je vais mettre aux voix les amendements identiques n°s II-91 et II-155.
Mme Marie-Claude Beaudeau.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à Mme Beaudeau.
Mme Marie-Claude Beaudeau.
En fait, ces deux amendements visent à maintenir en l'état la ristourne
dégressive sur les cotisations d'allocations familiales normalement dues par
les entreprises.
Ce dispositif est aujourd'hui particulièrement coûteux puisqu'il donne lieu à
une dépense budgétaire représentant 40 milliards à 42 milliards de francs,
c'est-à-dire bien plus que les sommes dévolues à de nombreux budgets civils.
Il présente, en outre, le défaut essentiel d'être en quelque sorte annexé au
budget des charges communes et donc gagé par l'émission de titres de dette
publique, obligations ou bons du Trésor.
Il a cependant un avantage : celui de mettre en évidence la persistance dans
notre pays de niveaux de rémunération manifestement inadaptés à la réalité de
la production de richesses.
D'ailleurs, dans l'objet de l'amendement n° II-155, nos collègues du groupe
centriste indiquent que cinq millions de salariés du secteur privé sont
concernés par l'application de ce dispositif d'allégement des cotisations.
Au demeurant, il y a là, si j'ose dire, « tromperie sur la marchandise » car,
en réalité, ce ne sont pas les salariés qui sont concernés : ce sont les
entreprises qui bénéficient, à proportion des effectifs entrant dans le champ
du dispositif, d'une remise particulièrement importante sur leurs
cotisations.
Dans les faits, la ristourne dégressive est d'un montant égal au quart des
cotisations normalement dues par les entreprises, ce qui nous donne à penser
que, si l'on décidait demain de porter le taux de prélèvement de 5,4 % à 4,1 %
environ, on serait dans une situation tout à fait identique.
Quoi qu'il en soit, il convient de poser une question fondamentale : les
emplois qui sont concernés par l'application de la ristourne dégressive
sont-ils, oui ou non, des emplois peu qualifiés ?
Nous pensons, nous, qu'une part essentielle des emplois concernés exige un
certain niveau de qualification que le niveau de la rémunération offerte au
salarié ne prend pas véritablement en compte, ce qui traduit la pression sur
les salaires, laquelle a, depuis plusieurs années, des effets négatifs sur la
demande intérieure et réduit d'autant les débouchés de nos entreprises.
La ristourne dégressive est donc vécue plutôt comme une aubaine par les
entreprises, dont la politique salariale se trouve ainsi justifiée.
J'observe d'ailleurs que les salariés gagneraient en compréhension du
dispositif si leur employeur avait le bon goût de leur préciser, notamment à
l'occasion des négociations salariales annuelles, le montant de la ristourne
dont il bénéficie.
L'existence de ce dispositif a, enfin, un effet pervers bien connu : il
encadre très strictement les perspectives de promotion interne des salariés,
car l'entreprise rechigne à perdre le bénéfice de la ristourne.
La ristourne crée donc les conditions d'une stagnation des qualifications et
des rémunérations qui engendre un modèle social inadapté aux exigences du
temps.
Mes chers collègues, nous ne relancerons pas la machine économique avec des
salariés sous-payés, aux qualifications et aux acquis professionnels non
reconnus.
Nous pensons que, si l'Etat doit intervenir dans le champ de l'emploi, il
convient qu'il le fasse selon d'autres modalités que celles que nous critiquons
ici.
Nous voterons donc contre les amendements n°s II-91 et II-155.
M. René Régnault.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Régnault.
M. René Régnault.
Approuvant la solution proposée par le Gouvernement, nous voterons contre ces
deux amendements, qui ne nous paraissent d'ailleurs pas en cohérence avec le
souhait de la majorité sénatoriale de voir diminuer les dépenses de l'Etat.
En effet, l'adoption de ces amendements entraînerait mécaniquement
l'augmentation de la compensation que l'Etat doit verser annuellement aux
organismes de sécurité sociale.
Nous nous y opposons donc, au premier chef, au nom du souci de ne pas
augmenter le déficit budgétaire, et nous manifestons là, me semble-t-il, une
cohérence plus grande que nos collègues de la majorité sénatoriale.
Par ailleurs, nous estimons qu'il ne doit plus y avoir, comme par le passé, de
croissance exponentielle des exonérations de charges sociales sans contrepartie
en termes de créations d'emplois. Sinon, à quoi cela sert-il ? Nous le savons,
ces exonérations généreusement distribuées ont trop souvent suscité des effets
d'aubaine, les employeurs embauchant des salariés dont ils avaient en toute
hypothèse besoin, mais profitant du système pour en reporter le coût sur la
collectivité nationale.
Il en résulte que cela ne produit aucune ressource nouvelle pour l'Etat, ni de
cotisations supplémentaires pour la sécurité sociale, ni un surcroît de
consommation. Il s'agit donc d'une opération à fonds perdus.
S'agissant plus particulièrement des exonérations de charges sur les bas
salaires, ce système coûte aujourd'hui environ 40 milliards de francs par an.
Il concerne six millions de salariés, et les experts estiment qu'il aurait
permis la création nette de 40 000 emplois. Dès lors, le moment n'est-il pas
venu, alors que notre pays compte encore trois millions et demi de chômeurs,
selon le bureau international du travail, de réfléchir à l'efficacité d'une
mesure aussi onéreuse ?
Est-il normal que les contribuables continuent à soutenir ainsi certaines
activités, alors que, on le sait fort bien, les emplois dans ces secteurs - je
pense notamment à la grande distribution - sont précaires, que le temps partiel
y est couramment subi et que les marges dégagées par ces entreprises sont
néanmoins les plus importantes de toute notre économie ?
Il est donc nécessaire de remettre tout cela à plat et d'étudier des modalités
mieux adaptées, profitant, certes aux entreprises, qui doivent demeurer
compétitives, mais aussi aux salariés, en termes de conditions de travail.
Le Gouvernement agit sagement en décidant de maintenir la dotation pour la
ristourne dégressive à 40 milliards de francs, ce qui est déjà tout à fait
considérable, et en proposant d'étudier, dès l'année prochaine, une
modification de l'assiette des cotisations patronales de sécurité sociale.
Nous devons avoir le double souci de ne pas pénaliser le travail des salariés
les moins qualifiés et de ne pas pénaliser les entreprises qui les emploient,
mais nous devons aussi veiller, en tant que garants de l'intérêt général - ce
qui dépasse la seule économie - à ne pas faire subventionner par le budget de
l'Etat la baisse des salaires et la précarité.
Dès cette année, le Gouvernement s'est engagé dans la voie de l'amélioration
du pouvoir d'achat des salariés par le transfert des cotisations maladie vers
la CSG. Il appartient maintenant aux entreprises, particulièrement à l'occasion
de l'aménagement et de la réduction du temps de travail, de percevoir les
fruits des avantages consentis par la nation, mais aussi de savoir innover,
pour mieux produire et mieux motiver leurs salariés.
En conséquence, mes chers collègues, nous vous invitons à voter, comme nous,
contre les amendements identiques de la commission et du groupe de l'Union
centriste.
M. Philippe Arnaud.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Arnaud.
M. Philippe Arnaud.
Je viens d'entendre évoquer un possible effet d'aubaine. L'effet d'aubaine est
certain s'agissant des emplois qui ont été mis récemment à la disposition des
collectivités ou des associations.
M. René Régnault.
C'est une bonne chose pour les collectivités locales !
M. Philippe Arnaud.
Je suis moi-même élu local et j'ai, certes, entendu trop de mes collègues
avouer dans les couloirs cet effet d'aubaine. Il est d'ailleurs tout à fait
compréhensible dès lors que l'on finance quasiment 100 % de l'emploi
considéré.
Je suis d'accord avec Mme Beaudeau lorsqu'elle affirme que l'imporant est de
relancer la machine économique, mais je ne suis pas sûr que ces nouveaux
emplois publics, parapublics ou associatifs soient bien de nature à favoriser
cette relance.
La machine économique ne sera relancée que par les entreprises, singulièrement
par des petites entreprises. Je vous appelle d'ailleurs à ne pas faire
l'amalgame entre les grandes entreprises dont les capitaux seraient détenus par
quelques grands messieurs qui feraient des profits sur le dos des salariés.
(Murmures sur les travées socialistes et sur celles du groupe communiste
républicain et citoyen.)
Ce temps est révolu !
Mme Marie-Claude Beaudeau.
Vous êtes naïf, mon cher collègue !
M. Philippe Arnaud.
Il y a des millions de petits artisans, de petits commerçants, qui sont
effectivement les employeurs...
M. Alain Gournac.
Exactement !
M. Philippe Arnaud.
... de main-d'oeuvre souvent peu qualifiée,...
M. Jean Grandon.
Tout à fait !
M. Philippe Arnaud.
... et heureusement que ces entreprises sont là !
(M. Jacques Machet applaudit.)
Par conséquent, toute mesure d'allégement des charges permettant à ces
nombreuses petites entreprises de se maintenir, de conserver leurs salariés,
voire d'en embaucher - même si les effectifs demeurent nécessairement modestes,
est bienvenue.
C'est pour cette raison que je persiste à demander au Sénat d'adopter mon
amendement en même temps que celui de la commission des finances.
M. René Régnault.
Vous demandez à l'Etat de payer les emplois !
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le rapporteur général.
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Je ne voudrais pas empêcher notre excellent collègue
Robert Pagès de se joindre à la proposition de la commission des finances et de
Philippe Arnaud. Il s'est trompé, me semble-t-il, sur l'évaluation de nos
propositions : il les a chiffrées à 6,5 milliards de francs, alors qu'il s'agit
de 2,1 milliards de francs. Cette précision lui permettra sûrement de réviser
sa position et de se rallier à notre proposition.
Tout à l'heure, notre collègue René Régnault a évoqué le problème de la
cohérence. Je souhaite lui dire que la cohérence de la majorité sénatoriale a
été totale et continue tout au long de la discussion budgétaire.
(Applaudissements sur les travées de l'Union centriste, du RPR et des
Républicains et Indépendants.)
M. Alain Gournac.
C'est vrai !
Mme Marie-Claude Beaudeau.
On vous le reconnaît, monsieur le rapporteur général !
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Nous n'avons jamais voulu esquiver les vrais débats.
Nous n'avons jamais cherché de prétextes pour constater nos désaccords.
Vous voulez soutenir l'emploi par la création d'emplois publics.
M. René Régnault.
Par l'émergence d'entreprises nouvelles !
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Nous ne le voulons pas ! Nous pensons que les emplois
publics détruisent les emplois privés.
(Très bien ! et applaudissements ur
les travées de l'Union centriste, des Républicains et Indépendants et du
RPR.)
Par conséquent, il est clair que le choix du Sénat est celui de l'emploi
privé.
M. Alain Gournac.
Eh oui !
M. René Régnault.
Payé par l'Etat !
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Il est indispensable que les emplois à bas salaire
puissent être aidés. Madame Beaudeau, il s'agit de soutenir non pas les
entreprises, mais ceux qui, dans ce pays, offrent des emplois ! L'erreur
fondamentale que vous commettez est de penser que l'on puisse inventer des
emplois sans entreprises.
M. Alain Gournac.
Très bien !
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Personne ne connaît d'emploi sans entreprise, à
défaut de l'emploi public payé par les contribuables ! Ce n'est pas la voie que
nous voulons pour la France !
(Très bien ! et applaudissements sur les travées de l'Union centriste, des
Républicains et Indépendants et du RPR, ainsi que sur certaines travées du
RDSE.)
M. le président.
Personne ne demande plus la parole ?
Je mets aux voix les amendements identiques n°s II-91 et II-155, repoussés par
le Gouvernement.
(Ces amendements sont adoptés.)
M. le président.
En conséquence, l'amendement n° II-137 n'a plus d'objet.
M. Robert Pagès.
Dommage !
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 65, ainsi modifié.
(L'article 65 est adopté.)
(M. Jean Delaneau remplace M. Michel Dreyfus-Schmidt au fauteuil de la
présidence.)
PRÉSIDENCE DE M. JEAN DELANEAU,
vice-président
Article 65
bis
M. le président.
« Art. 65
bis
. - I. - Après l'article L. 241-13 du code de la sécurité
sociale, il est inséré un article L. 241-14 ainsi rédigé :
«
Art. L. 241-14
. - Pour les professions dans lesquelles le salaire
minimum de croissance est, en vertu de dispositions réglementaires, calculé sur
une base différente de 169 heures par mois, les employeurs bénéficient d'une
réduction des cotisations d'assurance sociales et d'allocations familiales qui
sont à leur charge au titre de l'obligation de nourriture des salariés.
« Cette réduction est égale à un montant forfaitaire, fixé par décret, par
repas fourni ou donnant lieu au versement d'une indemnité compensatrice, dans
la limite des cotisations correspondantes.
« Le bénéfice des dispositions du présent article ne peut être cumulé avec
celui d'une autre exonération totale ou partielle de cotisations de sécurité
sociale ou l'application de taux spécifiques, d'assiette ou de montants
forfaitaires de cotisations, à l'exception de l'exonération prévue à l'article
L. 241-13. »
« L'avant-dernier alinéa de l'article L. 241-13 du même code est complété par
les mots : "et par l'article L. 241-14". » -
(Adopté.)
Articles additionnels après l'article 65
bis
M. le président.
Par amendement n° II-138, Mme Beaudeau et M. Loridant, les membres du groupe
communiste républicain et citoyen proposent d'insérer, après l'article 65
bis,
un article additionnel ainsi rédigé :
« Avant le 1er octobre 1998 le Gouvernement remettra au Parlement un rapport
portant sur le mode de taxation à la valeur ajoutée des prestations du secteur
de l'hôtellerie et de la restauration.
« Ce rapport portera notamment sur l'analyse des distorsions de concurrence
observées dans le secteur et les effets éventuels en termes d'emploi et de
niveau de rémunération d'une réduction des taux appliqués. »
La parole est à M. Loridant.
M. Paul Loridant.
Cet amendement tend à faire le point précis sur la question de la fiscalité
appliquée au secteur de l'hôtellerie et de la restauration, question qui a fait
l'objet d'un large débat lors de l'examen de la première partie du projet de
loi de finances.
Il convient, en effet, de donner à la représentation nationale toute
information susceptible de l'aider, dans le courant de l'année 1998, à
appréhender la portée d'une modification des taux d'imposition à la taxe sur la
valeur ajoutée des prestations de service en matière de restauration.
Il est temps d'étudier la situation de ce secteur important de notre activité
touristique, qui, hélas ! perd régulièrement des emplois et des entreprises.
Cependant, la question de l'assujettissement à la taxe sur la valeur ajoutée
ne constitue pas le seul remède à apporter aux difficultés de ce secteur. Il
conviendrait d'examiner de nouveau la question du crédit accordé à ces
établissements.
Il n'en demeure pas moins nécessaire de faire le point et de déterminer s'il
convient d'appliquer à la restauration un taux unique intermédiaire entre le
taux normal et le taux réduit de TVA ou s'il faut plutôt ramener l'ensemble des
prestations au taux réduit. Il importe de rechercher les incidences de ces
mesures sur le niveau de l'emploi ou encore sur celui des prix.
Tel est le sens de cet amendement, qui tend à demander au Gouvernement de
remettre un rapport au Parlement, de façon que ce dernier puisse légiférer en
étant en possession de tous les éclaircissements nécessaires sur cet important
secteur de l'activité économique et touristique.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Les auteurs de l'amendement demandent au Gouvernement
de remettre au Parlement un rapport sur le régime de la TVA applicable au
secteur de l'hôtellerie.
Je rappelle que le précédent gouvernement avait demandé un rapport à Salustro.
Par conséquent, nous avons déjà un certain nombre d'indications.
S'agissant des potentialités d'emplois qui ont été évoquées dans le secteur de
l'hôtellerie et de la restauration, en particulier ce ce qui concerne les
comparaisons avec d'autres pays, où de nombreux emplois sont créés dans ce
secteur, nous revenons au sujet précédent.
Le coût des emplois faiblement qualifiés est une cause de non-développement de
l'emploi dans ces secteurs. C'est plutôt dans ce sens qu'il faudrait
s'orienter.
Par conséquent, la remise d'un rapport au Parlement ne paraît pas utile à la
commission des finances, sauf si le Gouvernement jugeait opportun de compléter
les informations nécessaires à la fois à l'exécutif et au Parlement pour
prendre de nouvelles décisions en la matière.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
M. Loridant attire l'attention sur un problème qui est
bien connu. Il s'agit de la coexistence de deux taux de TVA différents qui
s'appliquent, l'un à la restauration, l'autre à la vente à emporter.
Cette situation résulte, chacun le sait, de la directive européenne du 19
octobre 1992, qui indiquait que les pays qui taxaient au taux normal la
restauration au 1er janvier 1991, ce qui était le cas de la France, devaient
continuer à appliquer ce taux normal. En revanche, les pays qui appliquaient un
taux réduit devaient continuer de le faire. Il y a donc effectivement des
différences au sein de l'Union européenne, mais elles sont bien claires.
Que peut-on faire en la matière ?
Une première solution consisterait à ramener au taux réduit de TVA les
activités de restauration. Toutefois, dans ce cas, nous nous heurterions à deux
obstacles : d'abord, il faudrait obtenir une dérogation communautaire ;
ensuite, le coût de cette opération pour les finances publiques s'élèverait à
près de 20 milliards de francs, pour un retour au taux réduit, et à 10
milliards de francs, si l'on décidait de porter le taux à 14 % ; mais il s'agit
d'un taux qui n'existe pas actuellement en matière de TVA.
La seconde solution apparaît encore plus complexe. Elle viserait à appliquer
aux vente à emporter le taux normal de TVA. La difficulté tient au fait que ces
ventes sont effectuées par des commerces très divers et que la clientèle qui
fréquente les magasins de vente à emporter est plutôt constituée de jeunes et
de personnes de condition modeste. Par conséquent, même si une telle mesure
serait très productive, je ne pense pas que le Gouvernement voudrait s'engager
dans cette voie.
L'objet de cet amendement est non pas de rechercher des solutions, mais de
mettre le dossier à plat. Malheureusement - ou heureusement, pour la
compréhension - la situation actuelle est claire. Compte tenu des éléments
d'information que je viens de vous communiquer - je vous ai donné les grandes
lignes, mais je pourrais évidemment les détailler - je ne vois pas quelle
serait l'utilité d'un rapport supplémentaire.
Pour le Gouvernement, il importe de faire en sorte que, sur le terrain, les
services de la concurrence veillent à ce que les restaurateurs n'appliquent pas
le taux réduit de TVA et que ceux qui pratiquent à la fois la consommation sur
place et la vente à emporter appliquent effectivement deux taux de TVA.
J'espère, monsieur Loridant, vous avoir persuadé que la remise d'un rapport au
Parlement ne constituerait pas une source d'informations supplémentaires. C'est
pourquoi je vous suggère de retirer votre amendement. Dans le cas contraire,
j'émettrais un avis défavorable.
M. le président.
Monsieur Loridant, l'amendement n° II-138 est-il maintenu ?
M. Paul Loridant.
J'ai bien entendu vos observations, monsieur le secrétaire d'Etat. Vous
conviendrez néanmoins que le problème est complexe : je ne suis pas certain que
l'on puisse facilement distinguer, au sein d'une même entreprise, la vente à
emporter et la vente à consommer sur place.
Je retire mon amendement - cela ne mange pas de pain !
(Rires.)
- mais le dossier sera beaucoup plus difficile à régler que
vous ne le pensez.
M. le président.
L'amendement n° II-138 est retiré.
Par amendement n° II-139, Mme Beaudeau et M. Loridant, les membres du groupe
communiste républicain et citoyen proposent d'insérer, après l'article 65
bis,
un article additionnel ainsi rédigé :
« Avant le 30 juin 1998, le Gouvernement remettra au Parlement un rapport
portant sur les dispositions fiscales concernant les problèmes de
l'environnement.
« Il portera notamment sur la question du traitement fiscal de la gestion et
de la collecte des déchets, des investissements réalisés en infrastructures de
traitement et de recyclage.
« Il comprendra également une analyse des aides publiques directes et
indirectes au financement de ces investissements. »
La parole est à M. Loridant.
M. Paul Loridant.
Cet amendement concerne une question importante, qui a été soulevée dans le
cadre de la discussion de la première partie de la loi de finances : il s'agit
des taux de la taxe sur la valeur ajoutée appliqués à la collecte, au
traitement et à la valorisation des déchets.
Sur le fond, cet amendement prévoit de tenir compte de l'ouverture du débat
sur la fiscalité environnementale, notamment dans la perspective de la mise en
oeuvre, par les collectivités locales, de mesures tendant à gérer autrement les
déchets ou à remettre à niveau les infrastructures d'adduction d'eau.
L'essentiel de l'effort en matière d'équipement public pour l'environnement
est, en effet, accompli par les collectivités locales, l'Etat assumant plus un
rôle d'élaboration des normes et de contrôle de ces normes.
D'ailleurs, les dispositifs législatifs et réglementaires les plus récents
pris en matière d'environnement découlent de la transposition de directives
communautaires. Ces directives ont un effet lourd sur les coûts des opérations,
comme en témoigne la montée en charge particulièrement forte du prix de l'eau
ces dernières années.
Il est donc nécessaire, de notre point de vue, de faire le point sur cette
relation entre la fiscalité et la préservation de l'environnement, et de
mesurer son incidence sur la conduite des politiques locales et sur la
politique d'aménagement du territoire.
Le souci de préserver le cadre de vie quotidien à un coût raisonnable est
largement partagé par les populations et, bien sûr, par les élus locaux.
L'intérêt de notre amendement, monsieur le secrétaire d'Etat, est précisément,
dans la perspective du débat que vous avez promis sur la fiscalité
environnementale, de mettre à la disposition du Parlement un rapport qui lui
permette de légiférer en toute connaissance de cause et avec plus de
sérénité.
C'est pourquoi, mes chers collègues, je vous invite à adopter cet
amendement.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
La commission estime que la multiplication des
rapports peut avoir une limite. Elle souhaite recueillir l'avis du Gouvernement
sur ce sujet.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Là encore, si la situation est simple, si je puis
dire, il n'existe pas d'incompatibilité communautaire à abaisser le taux de TVA
sur les opérations de collecte et de traitement des ordures ménagères de 20,6 %
- c'est le taux actuel - au taux réduit de TVA, puisque la fameuse annexe H
permet une telle diminution.
La seule question est de savoir à qui s'appliquerait éventuellement ce taux
réduit. S'agirait-il uniquement des collectivités qui mettent en oeuvre la
collecte ou le tri sélectif, comme certains l'ont déjà proposé à d'autres
occasions, ou bien d'une partie du service des ordures ménagères, par exemple
la collecte ou le traitement, ou encore des seules collectivités ou
prestataires de ces collectivités ? Bref, il y a toute une gamme de
possibilités !
Ce qui est certain, c'est que si l'on s'orientait, pour des raisons de
simplification, vers l'application du taux réduit à l'ensemble de l'activité de
collecte et de traitement des ordures ménagères, cela coûterait environ 600
millions de francs. Le Gouvernement estime que nous n'avons pas les moyens de
prendre une telle mesure fiscale dans le projet de loi de finances pour
1998.
Cela étant, vous l'avez souligné, monsieur le sénateur, le Gouvernement s'est
engagé à poursuivre la réflexion, d'ici à la prochaine loi de finances, sur une
fiscalité plus écologique. Il est clair que les ordures ménagères feront partie
de cette réflexion. Par conséquent, comme vous avez déjà beaucoup travaillé sur
ce sujet, je vous invite à participer à cette réflexion sur la fiscalité
écologique et, dans l'intervalle, je vous suggère de retirer votre
amendement.
M. le président.
Quel est, dans ces conditions, l'avis de la commission ?
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Je demande à M. Loridant de bien vouloir retirer son
amendement, faute de quoi je serai contraint de donner un avis défavorable.
M. le président.
Monsieur Loridant, l'amendement est-il maintenu ?
M. Paul Loridant.
Monsieur le président, je ne voudrais pas polluer le débat...
(Sourires.)
Pour faire plus propre, je retire cet amendement.
(Nouveaux
sourires.)
M. le président.
L'amendement n° II-139 est retiré.
Article 65
ter
M. le président.
« Art. 65
ter
. - L'article 99 de la loi n° 96-314 du 12 avril 1996
portant diverses dispositions d'ordre économique et financier est complété par
un alinéa ainsi rédigé :
« Toutefois, les entreprises visées au deuxième alinéa du présent article
pourront continuer à bénéficier en 1998 de ces dispositions dans la limite d'un
plafond de 650 000 francs s'appliquant, pour chaque entreprise et sur une
période de trois ans s'achevant le 31 décembre 1998 au plus tard, au cumul de
l'avantage qu'elles procurent et des autres aides publiques reçues pendant la
même période. Les entreprises qui souhaiteront bénéficier de cette prolongation
devront déclarer les aides perçues au titre de ces dispositifs, dans des
conditions qui seront fixées par décret. » -
(Adopté.)
Article 66
M. le président.
« Art. 66. - A l'article L. 612-5 du code de la sécurité sociale, après les
mots : "les personnes qui commencent ou reprennent", sont insérés les
mots : ", avant le 1er janvier 1998,". »
Sur cet article, la parole est à Mme Beaudeau.
Mme Marie-Claude Beaudeau.
Monsieur le président, monsieur le secrétaire d'Etat, mes chers collègues, le
devenir de l'aide destinée aux chômeurs créateurs ou repreneurs d'entreprise
est quelque peu conditionné par l'article 66 du projet de loi de finances.
Cet article tend, en effet, à mettre un terme à la formule précédente et à
développer désormais un autre type d'intervention, fondé à la fois sur le
conseil en gestion, au travers du chèque-conseil, dont la dotation est
équivalente à ce qui restait du financement de l'ACCRE, et sur la mise en place
d'un système d'avances remboursables, au travers des mesures adoptées dans le
cadre de la loi instituant les emplois-jeunes. Ce sont donc 240 millions de
francs qui vont être ainsi dépensés pour ce type d'action.
Par ailleurs, le dispositif de prise en charge des cotisations sociales
demeure pour partie, en étant recadré sur les besoins existants.
Pour notre part, il nous semble important de souligner que la meilleure façon
d'assurer la permanence des activités nouvelles créées dans le cadre de ce type
de dispositif passe par une autre logique que celle qui consiste à ne prendre
en compte que l'aspect « coût du travail ».
Un nouvel entrepreneur est, en effet, d'abord confronté à des coûts
d'établissement et d'emprunt, voire à une insuffisance de fonds propres qui
nécessitent une intervention publique d'une tout autre nature que celle qui a
été jusqu'à présent choisie.
Je retiens que le Gouvernement semble avoir choisi cette voie. Je ne peux
manquer de souligner que nous y sommes attentifs et que nous apprécions à sa
juste valeur cette réorientation de l'aide aux nouvelles entreprises qui nous
amène à réfléchir de manière « expérimentale » sur la nature de l'intervention
publique en matière d'emploi.
Je pense même que l'on devrait, à l'avenir, poser en termes nouveaux la
question de la dépense publique pour l'emploi qui a trop été perçue, durant ces
dernières années, comme portant prioritairement sur les coûts salariaux et pas
assez sur les relations de l'entreprise avec son environnement économique et
financier.
Cette position nous fait solliciter un examen critique de l'ensemble de la
dépense pour l'emploi, dans toutes ses composantes.
Nous devons en particulier, et nous l'avons déjà fait, nous interroger sur les
crédits du budget de l'emploi, ceux des charges communes qui y sont consacrés,
par exemple les 40 milliards de francs de la ristoune dégressive, sur les
exonérations d'impôt sur les sociétés ou encore sur les exemptions de taxe
professionnelle motivées par l'emploi.
Cette réflexion est ouverte et nous y participerons dans les mois et les
années à venir. Nous voterons donc l'article 66.
M. le président.
Je suis saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion
commune.
Par amendement n° II-101, M. Gournac et les membres du groupe du Rassemblement
pour la République proposent de supprimer l'article 66.
Par amendement n° II-92, M. Lambert, au nom de la commission des finances,
propose de rédiger comme suit l'article 66 :
« Dans le premier alinéa de l'article L. 612-5 du code de la sécurité sociale,
après les mots : "par le présent titre", sont insérés les mots :
"et dont les revenus au sens de l'article L. 131-6 n'excèdent pas 40 % du
plafond de la sécurité sociale". »
La parole est à M. Gournac, pour présenter l'amendement n° II-101.
M. Alain Gournac.
Par cet amendement, nous proposons tout simplement de supprimer l'article 66,
car chaque fois qu'il nous est proposé une mesure allant à l'encontre de
l'emploi, nous devons nous battre pour ne pas l'accepter.
L'exonération à concurrence de 30 % des cotisations d'assurance maladie et
maternité des non-salariés au titre des vingt-quatre premiers mois d'activités
avait été décidée pour favoriser la création d'entreprises indépendantes. Nous
savons tous en effet que, durant les deux premières années, ces entreprises
sont confrontées à de grandes difficultés de trésorerie et croulent sous les
cotisations à payer. Bien souvent, elles finissent d'ailleurs par disparaître
avec toutes les conséquences qui en résultent pour l'emploi.
Il nous est aujourd'hui demandé de supprimer cette disposition, qui avait des
effets très positifs. Nous ne sommes pas d'accord, et c'est pourquoi nous
proposons la suppression de l'article 66.
M. le président.
La parole est à M. le rapporteur général, pour défendre l'amendement n° II-92
et pour donner l'avis de la commission sur l'amendement n° II-101.
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
L'argumentation développée par M. Gournac est
intéressante. La suppression de l'article 66 qu'il propose est tout à fait
concevable, pour les raisons qu'il vient d'expliquer. D'ailleurs, du fait du
basculement vers la CSG d'une partie des cotisations d'assurance maladie et
maternité, le maintien en l'état du dispositif coûterait moins cher en 1998
qu'en 1997, puisqu'il reviendrait à 375 millions de francs contre 700 millions
de francs.
Néanmoins, la commission des finances vous propose un dispositif qui ne
maintient que partiellement le système actuel et qui repose sur deux
arguments.
D'une part, le basculement vers la CSG est une donnée qu'il faut prendre en
compte. D'autre part, depuis le début de la discussion, nous avons marqué notre
attachement à la maîtrise de la dépense publique ; en outre, nous avons voulu
éviter ainsi le maintien éventuel d'effets d'aubaine constatés.
M. Barrot avait proposé un dispositif qui avait d'ailleurs fait l'objet d'un
avis favorable en première délibération à l'Assemblée nationale avant d'être
rejeté au cours d'une seconde délibération. L'objectif du Sénat est, bien sûr,
d'adopter des dispositifs non seulement qu'il souhaite voir appliqués, mais
aussi qui aient quelque chance de survivre au terme de la discussion
budgétaire.
C'est pourquoi la commission des finances vous propose de réserver le bénéfice
de l'exonération aux travailleurs indépendants dont les revenus sont inférieurs
ou égaux à 40 % du plafond de la sécurité sociale et pour lesquels le
basculement vers la CSG n'entraînera pas nécessairement une augmentation du
revenu.
Elle vous suggère une nouvelle rédaction de l'article 66 qui a deux objectifs
: le premier est que les créateurs et repreneurs d'entreprises à faibles
revenus ne soient pas pénalisés et le second que l'Assemblée nationale ne
puisse que l'approuver.
Tel est le sens de l'amendement de la commission des finances. Si M. Gournac
voulait bien se rallier à notre position, il contribuerait à la renforcer et
cet amendement aurait une chance d'être adopté.
M. le président.
Monsieur Gournac, acceptez-vous de retirer votre amendement ?
M. Alain Gournac.
Ayant été totalement convaincu par l'argumentation de M. le rapporteur
général, je me rallie à l'amendement n° II-92 et je retire donc l'amendement n°
II-101.
M. le président.
L'amendement n° II-101 est retiré.
Quel est l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° II-92 ?
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
La commission des finances propose, par cet
amendement, de supprimer l'article 6 afin, selon elle, de faciliter la création
d'entreprises indépendantes.
Il me semble, en toute modestie, qu'à cette question d'une grande importance
le Gouvernement apporte une solution qui est plus efficace pour alléger le
poids de la cotisation minimale d'assurance maladie des travailleurs
indépendants ayant de faibles revenus.
Le premier argument a déjà été avancé par M. le rapporteur général : le
basculement des cotisations maladie sur la CSG qui a été prévu par le projet de
loi de financement de la sécurité sociale de 1998 permet d'alléger
substantiellement le montant de cette cotisation minimale. Elle sera en effet
divisée par deux, puisqu'elle passera de 7 500 francs à 3 885 francs. Cette
mesure va donc dans le sens que vous souhaitez.
J'y ajouterai le dispositif d'aide aux chômeurs créateurs d'entreprises, que
Mme Beaudeau a évoqué, dispositif qui a été récemment étendu par la loi du 16
octobre 1997 aux jeunes.
Ce dispositif est simple et ciblé sur des publics précis. Il présente plus
d'intérêt que l'exonération de 30 % de la cotisation minimale d'assurance
maladie et maternité puisqu'elle porte sur la totalité des cotisations. Qui
plus est, en pratique, 70 % des créateurs d'entreprises individuelles
bénéficient de cette mesure.
Si j'ajoute encore l'exonération des cotisations maladie pour les
entrepreneurs individuels dans les zones de revitalisation rurale et
l'exonération pendant cinq ans de la totalité des cotisations maladie pour les
créateurs-repreneurs dans les zones franches urbaines, vous constaterez que les
dispositifs en vigueur sont très suffisants. En conséquence, l'exonération de
30 % de la cotisation minimale ne se justifie plus. C'est pourquoi le
Gouvernement demande le rejet de cet amendement.
M. le président.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° II-92.
M. Marc Massion.
Je demande la parole contre l'amendement.
M. le président.
La parole est à M. Massion.
M. Marc Massion.
Nous estimons que l'exonération à concurrence de 30 % des cotisations maladie
et maternité au titre des vingt-quatre premiers mois d'activité des professions
non salariées n'a pas répondu aux espérances qui étaient placées en elle. Elle
a, bien entendu, largement profité aux professions libérales qui disposaient de
revenus élevés mais elle n'a pas eu d'effet décisif pour les créateurs
d'entreprise ayant de faibles revenus.
Nous préférons donc la mise en place du basculement de la cotisation maladie
sur la CSG qui profite à tous, salariés ou non-salariés, et qui apporte une
meilleure réponse aux travailleurs indépendants qui ne disposent pas encore de
ressources suffisantes.
Par ce biais, la cotisation minimale d'assurance maladie à laquelle 40 % des
travailleurs non salariés sont soumis diminuera de moitié environ, passant de 7
500 francs à 4 000 francs environ.
Dans ces conditions, l'objectif de cet amendement est atteint et même dépassé.
Ceux qui veulent créer une entreprise indépendante et qui ne disposent que de
faibles revenus bénéficieront même d'un système plus favorable.
Nous ne voulons pas faire de démagogie à l'égard de telle ou telle catégorie
sociale. Nous préférons mesurer les avantages objectifs que l'ensemble des
professions indépendantes et des salariés retireront du dispositif issu de la
loi de financement de la sécurité sociale.
C'est pourquoi nous appelons nos collègues à rejeter l'amendement n° II-92.
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le rapporteur général.
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Je tiens à rappeler que l'amendement de la commission
se justifie par le fait que, malgré le basculement vers la CSG d'une partie des
cotisations d'assurance maladie, les travailleurs indépendants, dont les
revenus sont compris entre 50 000 et 65 000 francs, verraient leurs revenus
baisser si l'exonération de 30 % devait être supprimée. L'amendement que je
vous propose d'adopter permet d'y remédier.
M. le président.
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° II-92, repoussé par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, l'article 66 est ainsi rédigé.
Mes chers collègues, nous avons achevé l'examen des articles de la deuxième
partie du projet de loi de finances pour 1998.
M. Christian Poncelet,
président de la commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes
économiques de la nation.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le président de la commission.
M. Christian Poncelet,
président de la commission des finances.
Monsieur le président, je
sollicite une suspension de séance afin d'examiner les propositions qui nous
sont soumises.
M. le président.
Le Sénat va, bien sûr, accéder à votre demande.
La séance est suspendue.
(La séance, suspendue à dix-huit heures trente, est reprise à dix-neuf heures
quinze).
M. le président.
La séance est reprise.
Seconde délibération
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Monsieur le président, en application de l'article 43,
alinéa 4, du règlement du Sénat, le Gouvernement demande qu'il soit procédé,
avant le vote sur l'ensemble, à une seconde délibération des articles 27 et
état B, 28 et état C, 30 et 50
ter
, ainsi que, pour coordination, de
l'article 25 et état A.
M. le président.
Le Gouvernement demande qu'il soit procédé à une seconde délibération des
articles 27 et état B, 28 et état C, 30 et 50
ter
, ainsi que, pour
coordination, de l'article 25 et état A.
Je rappelle que, en application de l'article 43, alinéa 4, du règlement, ont
seuls droit à la parole sur cette demande son auteur, c'est-à-dire le
Gouvernement, un orateur d'opinion contraire, le président ou le rapporteur de
la commission saisie au fond.
Aucune explication de vote n'est admise.
Quel est l'avis de la commission sur cette demande de seconde délibération
?
M. Christian Poncelet,
président de la commission des finances.
Favorable.
M. le président.
Y a-t-il un orateur contre ?...
Je consulte le Sénat sur la demande de seconde délibération, acceptée par la
commission.
(La seconde délibération est ordonnée.)
M. Christian Poncelet,
président de la commission des finances.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le président de la commission.
M. Christian Poncelet,
président de la commission des finances.
Monsieur le président, je
demande une suspension de séance de dix minutes, afin que la commission puisse
se réunir pour examiner les propositions du Gouvernement.
M. le président.
Nous allons donc interrompre nos travaux.
La séance est suspendue.
(La séance, suspendue à dix-neuf heures vingt, est reprise à dix-neuf heures
trente.)
M. le président.
La séance est reprise.
Nous allons procéder à la seconde délibération.
Je rappelle au Sénat les termes de l'article 43, alinéa 6, du règlement :
« Dans sa seconde délibération, le Sénat statue seulement sur les nouvelles
propositions du Gouvernement ou de la commission, présentées sous forme
d'amendements et sur les sous-amendements s'appliquant à ces amendements. »
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
La seconde délibération demandée par le Gouvernement a
différents objets, tant sur le plan des dispositions budgétaires que sur le
plan fiscal.
Je commencerai par les dispositions budgétaires. Le Sénat a profondément
modifié le projet de loi adopté par l'Assemblée nationale. Il a, à l'invitation
de la commission des finances, appliqué à la plupart des budgets ministériels
des normes de réduction des dépenses de l'Etat. Nous avons récapitulé cet
exercice hier.
Plusieurs corrections doivent être opérées pour coordination.
Il s'agit, en premier lieu, d'amender, pour coordination, les crédits, d'une
part, du ministère de l'agriculture et de la pêche et, d'autre part, du
ministère de l'équipement, des transports et du logement pour assurer
l'équilibre du budget annexe des prestations sociales agricoles et du budget
annexe de l'aviation civile, en cohérence avec les votes intervenus au Sénat
sur la première partie du projet de loi de finances.
En second lieu, le rejet de certains budgets, dont celui de la défense,
conduit à constater un plafond de dépenses inférieur à celui qui a été voté en
première partie : alors qu'en première partie le Sénat avait voté une réduction
de 21,3 milliards de francs du plafond des dépenses, cette réduction atteint
41,8 milliards de francs à l'issue des votes de la seconde partie. Pour
coordination, il convient donc de rétablir la cohérence entre les deux
votes.
De même, il nous faut modifier l'article d'équilibre pour tenir compte de
l'adoption de l'amendement n° II-91 à l'article 65, qui relève de 2,1 milliards
de francs les crédits affectés à l'exonération de cotisations sociales sur les
bas salaires.
Enfin, en troisième lieu, la seconde délibération doit permettre le vote des
amendements de crédits correspondant au voeu de la commission des finances. Les
états annexes et l'article d'équilibre doivent être corrigés en conséquence.
J'en viens maintenant aux dispositions fiscales. A cet égard, le Gouvernement
souhaite apporter une correction au texte actuel. Outre notre désaccord de fond
que je ne crois pas possible de trancher, je vois deux difficultés à maintenir
l'article 50
ter
dans sa rédaction actuelle, difficultés qui ont
probablement échappé à notre vigilance collective lors de la discussion des
articles.
La suppression du prélèvement du 1 % de solidarité portera sur les revenus de
1998, alors que la baisse de 16 % à 15 % du taux de la taxation sur les
plus-values de cessions mobilières est applicable immédiatement aux revenus de
1997. Cet amendement aurait donc dû être présenté lors de notre débat sur la
première partie du projet de loi de finances, compte tenu de son impact sur les
recettes de l'Etat, qui s'élève à 500 millions de francs. Par cohérence, je
vous propose donc de supprimer cette disposition.
Au total, le déficit serait porté à 236,31 milliards de francs à l'issue de
cette seconde délibération.
Compte tenu du nombre des amendements présentés, et conformément à l'article
44, alinéa 3, de la Constitution et de l'article 42, alinéa 7, du règlement, le
Gouvernement demande au Sénat de se prononcer par un seul vote sur les articles
soumis à la seconde délibération, modifiés par les amendements du Gouvernement,
à l'exclusion de tout autre amendement ou article additionnel.
M. le président.
Le Gouvernement ayant demandé un vote unique sur l'ensemble des articles et
des amendements soumis à la seconde délibération, je ne donnerai la parole sur
chacun des amendements qu'au Gouvernement, à la commission et, éventuellement,
à un orateur contre.
Article 27
M. le président.
Le Sénat a précédemment adopté l'article 27 dans cette rédaction :
« Art. 27. - Il est ouvert aux ministres, pour 1998, au titre des mesures
nouvelles de dépenses ordinaires des services civils, des crédits ainsi
répartis :
« «
Titre Ier : "Dette publique et dépenses en atténuation de recettes"
23 561 975 800 F
«
Titre II : "Pouvoirs publics"
118 434 000 F
«
Titre III : "Moyens des services"
975 833 814 F
«
Titre IV : "Interventions publiques"
- 4 082 486 622 F
«
Total
20 573 756 992 F
« Ces crédits sont répartis par ministère conformément à l'état B annexé à la
présente loi. »
Mais sur cet article, je suis saisi de vingt-deux amendements.
L'amendement n° B-1 est ainsi rédigé :
« Etat B
« Equipement, transports et logement
« TITRE III
« Crédits - 144 125 716 F
« Majorer ces crédits de 3 090 447 F. »
L'amendement n° B-2 est ainsi rédigé :
« Etat B
« Affaires étrangères et coopération
« I. - Affaires étrangères
« TITRE III
« Crédits 157 289 002 F
« Majorer ces crédits de 550 000 F. »
L'amendement n° B-3 est ainsi rédigé :
« Etat B
« Aménagement du territoire et environnement
« II. - Environnement
« TITRE III
« Crédits 5 256 569 F« Majorer ces crédits de 1 000 000 F« Minorer ces
crédits de 1 000 000 F. »
L'amendement n° B-4 est ainsi rédigé :
« Etat B
« Economie, finances et industrie
« III. - Industrie
« TITRE III
« Crédits - 737 009 961 F
« Majorer ces crédits de 2 000 000 F. »
L'amendement n° B-5 est ainsi rédigé :
« Etat B
« Education nationale, recherche et technologie
« I. - Enseignement scolaire
« TITRE III
« Crédits - 145 999 640 F
« Majorer ces crédits de 3 000 000 F. »
L'amendement n° B-6 est ainsi rédigé :
« Etat B
« Intérieur et décentralisation
« TITRE III
« Crédits 350 506 925 F
« Majorer ces crédits de 2 000 000 F. »
L'amendement n° B-7 est ainsi rédigé :
« Etat B
« Justice
« TITRE III
« Crédits 585 808 269 F
« Majorer ces crédits de 1 200 000 F. »
L'amendement n° B-8 est ainsi rédigé :
« Etat B
« Services du Premier ministre
« I. - Services généraux
« TITRE III
« Crédits 452 436 F
« Majorer ces crédits de 100 000 F. »
L'amendement n° B-9 est ainsi rédigé :
« Etat B
« Services du Premier ministre
« III. - Conseil économique et social
« TITRE III
« Crédits 1 317 382 F
« Majorer ces crédits de 500 000 F. »
L'amendement n° B-10 est ainsi rédigé :
« Etat B
« Affaires étrangères et coopération
« I. - Affaires étrangères
« TITRE III
« Crédits - 137 623 204 F
« Majorer ces crédits de 14 435 000 F. »
L'amendement n° B-11 est ainsi rédigé :
« Etat B
« Affaires étrangères et coopération
« II. - Coopération
« TITRE IV
« Crédits - 378 363 675 F
« Majorer ces crédits de 2 206 000 F. »
L'amendement n° B-12 est ainsi rédigé :
« Etat B
« Agriculture et pêche
« TITRE IV
« Crédits 56 799 093 F
« Majorer ces crédits de 1 300 000 F. »
L'amendement n° B-13 est ainsi rédigé :
« Etat B
« Aménagement du territoire et environnement
« II. - Environnement
« TITRE IV
« Crédits 31 149 793 F
« Majorer ces crédits de 400 000 F. »
L'amendement n° B-14 est ainsi rédigé :
« Etat B
« Anciens combattants
« TITRE IV
« Crédits 0 F
« Majorer ces crédits de 500 000 F. »
L'amendement n° B-15 est ainsi rédigé :
« Etat B
« Culture et communication
« TITRE IV
« Crédits - 406 669 629 F
« Majorer ces crédits de 5 925 000 F. »
L'amendement n° B-16 est ainsi rédigé :
« Etat B
« Education nationale, recherche et technologie
« II. - Enseignement supérieur
« TITRE IV
« Crédits - 283 900 000 F
« Majorer ces crédits de 2 000 000 F. »
L'amendement n° B-17 est ainsi rédigé :
« Etat B
« Emploi et solidarité
« II. - Santé, solidarité et ville
« TITRE IV
« Crédits 1 058 709 527 F
« Majorer ces crédits de 2 700 000 F. »
L'amendement n° B-18 est ainsi rédigé :
« Etat B
« Equipement, transports et logement
« TITRE IV
« Crédits 3 196 198 653 F
« Majorer ces crédits de 600 000 F. »
L'amendement n° B-19 est ainsi rédigé :
« Etat B
« Intérieur et décentralisation
« TITRE IV
« Crédits 72 303 296 F
« Majorer ces crédits de 8 000 000 F. »
L'amendement n° B-20 est ainsi rédigé :
« Etat B
« Jeunesse et sports
« TITRE IV
« Crédits - 121 146 000 F
« Majorer ces crédits de 660 000 F. »
L'amendement n° B-21 est ainsi rédigé :
« Etat B
« Services du Premier ministre
I. - Services généraux
« TITRE IV
« Crédits 265 890 614 F
« Majorer ces crédits de 500 000 F. »
L'amendement n° B-35 est ainsi rédigé :
« Etat B
« Economie, finances et industrie
I. - Charges communes
« TITRE IV
« Crédits - 12 075 044 000 F
« Majorer ces crédits de 2 100 000 000 F. »
Article 28
M. le président.
Le Sénat a précédemment adopté l'article 28 dans cette rédaction :
« Art. 28. - I. - Il est ouvert aux ministres, pour 1998, au titre des mesures
nouvelles de dépenses en capital des services civils du budget général, des
autorisations de programme ainsi réparties :
«
Titre V : « Investissements exécutés par l'Etat »
14 945 841 000 F
«
Titre VI : « Subventions d'investissement accordées par l'Etat »
54 859 703 000 F
«
Titre VII : « Réparation des dommages de guerre »
0 F
«
Total
69 805 544 000 F
. »
« Ces autorisations de programme sont réparties par ministère, conformément à
l'état C annexé à la présente loi.
« II. - Il est ouvert aux ministres, pour 1998, au titre des mesures nouvelles
de dépenses en capital des services civils du budget général, des crédits de
paiement ainsi répartis :
«
Titre V : « Investissements exécutés par l'Etat »
6 324 187 000 F
«
Titre VI : « Subventions d'investissement accordées par l'Etat »
29 588 150 000 F
«
Titre VII : « Réparation des dommages de guerre »
0 F
«
Total
35 912 337 000 F
. »
« Ces crédits de paiement sont répartis par ministère conformément à l'état C
annexé à la présente loi. »
Mais, sur cet article, je suis saisi de douze amendements.
L'amendement n° B-22 est ainsi rédigé :
« Etat C
« Equipement, transports et logement
« TITRE V
«
Autorisations de programme
7 311 176 000 F
«
Majorer ces autorisations de programme
21 000 000 F
«
Crédits de paiement
3 850 677 000 F
«
Majorer ces crédits de paiement
21 000 000 F
. »
L'amendement n° B-23 est ainsi rédigé :
« Etat C
« Affaires étrangères et coopération
I. - Affaires étrangères
« TITRE VI
«
Autorisations de programme
5 000 000 F
«
Majorer ces autorisations de programme
3 000 000 F
«
Crédits de paiement
5 000 000 F
«
Majorer ces crédits de paiement
3 000 000 F
. »
L'amendement n° B-24 est ainsi rédigé :
« Etat C
« Agriculture et pêche
« TITRE VI
«
Autorisations de programme
923 860 000 F
«
Majorer ces autorisations de programme
5 000 000 F
«
Crédits de paiement
385 420 000 F
«
Majorer ces crédits de paiement
5 000 000 F
. »
L'amendement n° B-25 est ainsi rédigé :
« Etat C
« Culture et communication
« TITRE VI
«
Autorisations de programme
2 263 040 000 F
«
Majorer ces autorisations de programme
2 600 000 F
«
Crédits de paiement
1 130 488 000 F
«
Majorer ces crédits de paiement
2 600 000 F
. »
L'amendement n° B-26 est ainsi rédigé :
« Etat C
« Education nationale, recherche et technologie
II. - Enseignement supérieur
« TITRE VI
«
Autorisations de programme
4 167 900 000 F
«
Majorer ces autorisations de programme
3 000 000 F
«
Crédits de paiement
2 314 500 000 F
«
Majorer ces crédits de paiement
3 000 000 F
. »
L'amendement n° B-27 est ainsi rédigé :
« Etat C
« Emploi et solidarité
II. - Santé, solidarité et ville
« TITRE VI
«
Autorisations de programme
1 295 404 000 F
«
Majorer ces autorisations de programme
5 100 000 F
«
Crédits de paiement
397 099 000 F
«
Majorer ces crédits de paiement
5 100 000 F
. »
L'amendement n° B-28 est ainsi rédigé :
« Etat C
« Equipement, transports et logement
« TITRE VI
«
Autorisations de programme
8 264 547 000 F
«
Majorer ces autorisations de programme
2 000 000 F
«
Crédits de paiement
3 122 311 000 F
«
Majorer ces crédits de paiement
2 000 000 F
. »
L'amendement n° B-29 est ainsi rédigé :
« Etat C
« Jeunesse et sports
« TITRE VI
«
Autorisations de programme
71 876 000 F
«
Majorer ces autorisations de programme
2 000 000 F
«
Crédits de paiement
71 876 000 F
«
Majorer ces crédits de paiement
2 000 000 F
. »
L'amendement n° B-30 est ainsi rédigé :
« Etat C
« Outre-mer
« TITRE VI
«
Autorisations de programme
1 857 981 000 F
«
Majorer ces autorisations de programme
5 150 000 F
«
Crédits de paiement
639 602 000 F
«
Majorer ces crédits de paiement
5 150 000 F
. »
L'amendement n° B-31 est ainsi rédigé :
« Etat C
« Intérieur et décentralisation
« TITRE VI
«
Autorisations de programme
10 554 020 000 F
«
Majorer ces autorisations de programme
201 074 000 F
«
Crédits de paiement
6 066 756 000 F
«
Majorer ces crédits de paiement
201 074 000 F
. »
L'amendement n° B-32 est ainsi rédigé :
« Etat C
« Aménagement du territoire et environnement
« II. - Environnement
« TITRE VI
«
Autorisations de programme
525 499 000 F
«
Majorer ces autorisations de programme
1 000 000 F
«
Crédits de paiement
202 464 000 F
«
Majorer ces crédits de paiement
1 000 000 F
. »
L'amendement n° B-33 est ainsi rédigé :
« Etat C
« Economie, finances et industrie
« IV. - Petites et moyennes entreprises,
commerce et artisanat
« TITRE VI
«
Autorisations de programme
18 770 000 F
«
Majorer ces autorisations de programme
300 000 F
-
«
Crédits de paiement
5 630 000 F
«
Majorer ces crédits de paiement
300 000 F
. »
Article 30
M. le président.
L'article 30 a été supprimé.
Mais je suis saisi d'un amendement n° B-34, qui vise à le rétablir dans la
rédaction suivante :
« I. - Il est ouvert au ministre de la défense, pour 1998, au titre des
mesures nouvelles sur les dépenses en capital des services militaires, des
autorisations de programme ainsi réparties :
«
Titre V : Equipement
1 200 000 F
«
Titre VI : Subventions d'investissement accordées par l'Etat
« Total
1 200 000 F
. »
« II. - Il est ouvert au ministre de la défense, pour 1998, au titre des
mesures nouvelles sur les dépenses en capital des services militaires, des
crédits de paiement ainsi répartis :
«
Titre V : Equipement
1 200 000 F
«
Titre VI : Subventions d'investissement accordées par l'Etat
»
« Total
1 200 000 F
. »
Article 50
ter
M. le président.
Le Sénat a précédemment adopté l'article 50
ter
dans cette rédaction
:
« I. - Les dispositions de l'article204 A du code général des impôts sont
abrogées à compter de l'imposition des revenus de 1998.
« II. - Dans le premier alinéa du 1 du I de l'article 39
quindecies,
dans la première phrase du premier alinéa du I de l'article 160 et dans le
2 de l'article 200 A du code général des impôts, le taux : "16 %" est
remplacé par le taux : "15 %".
« III. - La perte de recettes résultant du II est compensée par une
augmentation, à due concurrence, des droits prévus aux articles 575 et 575 A du
code général des impôts. »
Mais je suis saisi d'un amendement n° B-36, qui vise à supprimer les
paragraphes II et III de cet article.
Article 25
(coordination)
M. le président.
Le Sénat a précédemment adopté l'article 25 dans cette rédaction :
« Art. 25. - I. - Pour 1998, les ressources affectées au budget évaluées dans
l'état A annexé à la présente loi, les plafonds des charges et l'équilibre
général qui en résulte, sont fixés aux montants suivants :
(En millions de francs.)
A. -
Opérations à caractère définitif
|
1 607 862 | 1 548 153 | |||||||
A déduire : remboursements et dégrèvements d'impôts | 279 410 |
279 410 |
|||||||
Montants nets du budget général | 1 328 452 | 1 268 743 | 71 963 | 238 266 | 1 578 972 | ||||
Comptes d'affectation spéciale | 60 737 | 19 446 | 41 329 | » | 60 775 | ||||
Totaux pour le budget général et les comptes d'affectation spéciale | 1 389 189 | 1 288 189 | 113 292 | 238 266 |
1 639 747 |
||||
Budgets annexes |
|||||||||
Aviation civile | 8 135 | 6 197 | 1 938 | . | 8 135 | ||||
Journaux officiels | 970 | 898 | 72 | . | 970 | ||||
Légion d'honneur | 110 | 104 | 6 | . | 110 | ||||
Ordre de la Libération | 4 | 4 | » | . | 4 | ||||
Monnaies et médailles | 1 045 | 997 | 48 | . | 1 045 | ||||
Prestations sociales agricoles | 93 043 | 93 043 | » | . |
93 043 103 307 |
101 243 | 2 064 | . | 103 307 |
Solde des opérations définitives (A) | . | - 250 558 | |||||||
B. - Opérations à caractère temporaire Comptes spéciaux du Trésor |
|||||||||
Comptes d'affectation spéciale | 88 | . | . | . | 50 | ||||
Comptes de prêts | 4 251 | . | . | . | 6 080 | ||||
Comptes d'avances | 367 564 | . | . | . | 370 102 | ||||
Comptes de commerce (solde) | . | . | . | . | - 47 | ||||
Comptes d'opérations monétaires (solde) | . | . | . | . | 40 | ||||
Comptes de règlement avec les gouvernements étrangers (solde) | . | . | . | . | 40 | ||||
Solde des opérations temporaires (B) | . | - 4 362 | |||||||
Solde général (A + B) | . | - 254 920 |
« II à IV. - Non modifiés. »
Mais je suis saisi d'un amendement n° B-37, qui est ainsi rédigé :
« Le I de l'article 25 est remplacé par les dispositions suivantes :
« I. - Pour 1998, les ressources affectées au budget évaluées dans l'état A annexé à la présente loi, les plafonds des charges et l'équilibre général qui en résultent, sont fixés aux montants suivants :
(En millions de francs.)
RESSOURCES
DÉPENSES
ordinaires
civiles
DÉPENSES
civiles
en capital
DÉPENSES
militaires
DÉPENSES
totales
ou plafond
des charges
SOLDES
A. -
Opérations à caractère définitif
Budget général
Montants bruts1 607 8621 550 633
A déduire : remboursements et dégrèvements
d'impôts279 410279 410
Montants nets du budget général1 328 4521 271 22371 723217 9211 560 867
Comptes d'affectation spéciale
60 73718 94641 329»60 275 Totaux pour
le budget général et les comptes d'affectation spéciale1 389 1891 290 169113
052217 9211 621 142
Budgets annexes
Aviation civile8 1355 8972 2388 135 Journaux officiels97089872970 Légion
d'honneur1101046110 Ordre de la Libération44»4 Monnaies et médailles1 045997481
045 Prestations sociales agricoles93 04393 043»93 043
103 307101 2432 064103 307
Solde des opérations définitives (A)
-
231 953
B. -
Opérations à caractère temporaire
Comptes spéciaux du Trésor
Comptes d'affectation spéciale8850 Comptes de prêts4 2516 080 Comptes
d'avances367 564370 102 Comptes de commerce (solde)- 47 Comptes d'opérations
monétaires (solde)40 Comptes de règlement avec les gouvernements étrangers
(solde)40
Solde des opérations temporaires (B)
- 4 362
Solde général (A + B)
- 236 315
Le Gouvernement s'étant exprimé, quel est l'avis de la commission sur
l'ensemble de ces amendements ?
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
La commission y est favorable.
M. le président.
Y a-t-il un orateur contre l'un de ces amendements ?...
Nous avons achevé l'examen des articles soumis à la seconde délibération.
Je vous rappelle que, en application de l'article 44, dernier alinéa de la
Constitution, et de l'article 42, alinéa 7 du règlement, le Gouvernement
demande au Sénat de se prononcer par un seul vote sur les articles 27 et état
B, 28 et état C, 30, 50
ter
et, pour coordination, sur l'article 25 et
état A dans la rédaction de la première délibération modifiée par les
amendements n° B-1 à B-37, à l'exclusion de tout autre amendement ou article
additionnel.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix, par un seul vote, les articles 27 et état B, 28 et état C,
30, 50
ter
et, pour coordination, l'article 25, dans la rédaction de la
première délibération, modifiée par les amendements n°s B-1 à B-37 du
Gouvernement.
(Ces articles sont adoptés.)
Vote sur l'ensemble
M. le président.
La parole est à M. le rapporteur général.
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Monsieur le président, monsieur le secrétaire d'Etat,
mes chers collègues, c'est le président de la commission des finances, M.
Christian Poncelet, qui exprimera en mon nom personnel comme, je le sais, au
nom de la commission des finances, tous nos remerciements à ceux qui nous ont
permis de travailler dans le bonnes conditions.
Permettez-moi simplement de dire en cet instant combien j'ai pu apprécier le
soutien et les encouragements permanents qu'il m'a apportés. Il a permis à la
commission des finances de travailler dans les meilleures conditions. En un
mot, j'ai eu beaucoup de chance de l'avoir à mes côtés, afin de donner au Sénat
les informations qui lui étaient utiles pour se déterminer.
(Applaudissements sur les travées de l'Union centriste, du RPR et des
Républicains et Indépendants, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
Mes chers collègues, le Sénat aura montré sa responsabilité politique.
La majorité sénatoriale a mené une démarche organisée et déterminée, utile au
pays.
Elle a marqué une solidarité sans défaillance tout au long de la discussion
budgétaire.
Elle a atteint les objectifs qu'elle s'était fixés : maintenir les dépenses
pour 1998 au niveau de 1997 et diminuer les dépenses de 21,3 milliards de
francs, comme elle s'y était engagée ; réduire les prélèvements sur les
Français tout en ne dégradant pas le déficit, amélioré même de près de 3
milliards de francs.
Elle a éclairé une voie alternative à celle qui avait été choisie par le
Gouvernement.
Elle a envoyé un message d'espérance à tous ceux qui entreprennent dans le
pays,...
M. René Régnault.
Oh !
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
... à tous ceux qui prennent des risques, à ceux qui
acceptent le combat économique mondial pour que la France gagne.
A l'issue de l'examen de la première partie du projet de loi de finances, le
Sénat, je le répète, a ramené les dépenses de l'Etat pour 1998 à leur niveau de
1997.
Cette forte diminution a permis de mettre en valeur quatre préoccupations
essentielles.
La première tient au souci de diminuer la pression fiscale pesant sur les
ménages et de s'engager en faveur de la justice fiscale. Le Sénat a maintenu le
plan quinquennal de réduction de l'impôt sur le revenu et refusé une
suppression brutale des déductions professionnelles complémentaires.
Le Sénat a marqué sa préoccupation pour l'emploi en luttant contre
l'aggravation des charges supportées par les entreprises.
Il a affirmé sa volonté de poursuivre les engagements donnés en direction de
certains secteurs économiques tels que le secteur maritime et l'économie des
départements et territoires d'outre-mer.
Le Sénat a enfin réaffirmé sa préoccupation pour l'épargne, afin que cette
dernière soit orientée vers des placements longs et plus risqués.
Cet engagement fort en faveur de la maîtrise des finances publiques s'est bien
entendu traduit dans l'examen des fascicules budgétaires, lors de la deuxième
partie du projet de loi de finances, par l'adoption d'amendements de réduction
de crédits correspondants.
Ces réductions, je le rappelle, n'ont concerné que les dépenses de
fonctionnement, à l'exclusion des dépenses en capital, qui préparent l'avenir.
L'augmentation des crédits en faveur des missions régaliennes de l'Etat a été
bien évidemment approuvée.
Dans la deuxième partie du projet de loi de finances qu s'achève ce soir, le
Sénat a également réaffirmé ses convictions.
Il a choisi d'aller plus loin pour établir un régime véritablement incitatif
pour les bons de souscription de parts de créateurs d'entreprise.
En matière d'épargne, il a pris une série de dispositions pour égaliser et
pour modérer le régime des taxations des plus-values, même si nous sommes
revenus, voilà un instant, en seconde délibération, sur cette disposition.
Le Sénat a adopté plusieurs mesures importantes concernant les collectivités
locales : il a voté le principe d'une « déliaison à la baisse » des taux des
impôts locaux.
Il a choisi d'adapter le Fonds de compensation pour la TVA aux réalités de
l'investissement local.
Il a par ailleurs montré son intérêt en direction des étudiants en les
exonérant de taxe d'habitation lorsqu'ils sont logés en cité universitaire.
Il s'est attaché à garantir les droits de la défense dans la procédure du
droit d'enquête et a choisi d'étendre la suspension des poursuites engagées à
l'encontre des rapatriés réinstallés.
Enfin, en faveur de l'emploi, le Sénat a rétabli le niveau actuel de la
ristourne dégressive en faveur des bas salaires qui concerne aujourd'hui 5
millions de salariés.
Au total, mes chers collègues, la majorité sénatoriale a dit « non » au refus
de l'ouverture de nos frontières, car nous avons une économie capable de se
battre ; elle a dit « non » aux prélèvements incessants qui, sous prétexte de
protéger nos avantages, découragent finalement l'initiative ; elle a dit « non
» aux impasses offertes à notre jeunesse avec de faux emplois financés avec de
vrais déficits et avec des factures qui sont différées que les jeunes paieront,
eux-mêmes, demain.
Mais la majorité sénatoriale a voulu dire « oui » à l'investissement, « oui »
à l'épargne, « oui » aux entreprises, « oui » enfin à l'initiative
individuelle, qui est la clé du succès de la France.
(Très bien ! et vifs
applaudissements sur les travées de l'Union centriste, des Républicains et
Indépendants et du RPR, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
M. le président.
La parole est à M. le président de la commission de finances.
M. Christian Poncelet,
président de la commission de finances.
Monsieur le président, monsieur
le secrétaire d'Etat, mes chers collègues, au moment où s'achève cette lecture
du projet de loi de finances pour 1998, je voudrais à mon tour formuler
quelques observations à l'issue de ce que l'on appelle communément « le
marathon budgétaire ».
Rassurez-vous, mes chers collègues, je serai bref et je veillerai à ne pas
altérer ce climat de bonne humeur qui règne en cette fin d'après-midi.
(Sourires.)
M. René Régnault.
C'est vrai !
M. Christian Poncelet,
président de la commission des finances.
Je serai bref, car tout ou
presque tout a été excellemment dit par M. le rapporteur général, Alain
Lambert.
Qu'il me permette, même si sa modestie doit en souffrir, de lui dire et de
vous dire combien j'apprécie - et je sais que ce sentiment est partagé par
nombre d'entre vous, voire par l'unanimité de cette assemblée - sa compétence
éprouvée, sa conception exigeante de la politique, sa force de conviction et sa
courtoisie de tous les instants. Qu'il en soit publiquement félicité et
remercié.
(Vifs applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et
Indépendants et de l'Union centriste, ainsi que sur certaines travées du
RDSE.)
Cette discussion du projet de loi de finances a été marquée par la volonté de
la majorité sénatoriale de montrer à nos concitoyens qu'une autre politique
budgétaire est possible.
(Très bien ! sur les travées du RPR.)
Cette politique alternative passe par la maîtrise des dépenses publiques, dont
le poids particulièrement lourd - écoutez ce pourcentage : 55 % du produit
intérieur brut ! - étouffe notre économie, alimente les déficits et nourrit la
dette, cette dette que nous allons laisser à nos enfants et à nos
petits-enfants si des mesures de redressement ne sont pas prises.
M. Alain Gournac.
Exactement.
M. Christian Poncelet,
président de la commission des finances.
Pour la commission des finances
du Sénat, les théories keynésiennes d'action par la dépense publique pour
réguler le niveau d'activité de l'économie ont fait long feu, dans un contexte
caractérisé par la mondialisation et par l'accumulation des déficits.
Maastricht ou pas Maastricht, il est indispensable, quel que soit le
gouvernement en responsabilité, de réduire la dépense publique pour pouvoir
amorcer un reflux nécessaire des prélèvements obligatoires, dont le montant, à
l'évidence, est excessif : 46 % du produit intérieur brut, soit l'un des plus
élevés de tous les pays industrialisés !
M. Louis Althapé.
Très bien !
M. Marc Massion.
C'est l'héritage de Juppé !
M. Christian Poncelet,
président de la commission des finances.
Cela asphyxie les agents
économiques et paralyse leur décision de consommation et d'investissement.
Tel est, en vérité, le message sénatorial qui a été donné ici à l'opinion
publique pour l'éclairer et lui permettre d'effectuer ses choix politiques.
Certains membres de l'opposition sénatoriale nous ont qualifiés d'idéologues.
Il n'en est rien !
(Exclamations sur les travées du groupe communiste
républicain et citoyen.)
L'entreprise à laquelle nous nous sommes livrés, entreprise difficile - M. le
secrétaire d'Etat, avant le débat, l'a souligné ...
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Absolument !
M. Christian Poncelet,
président de la commission des finances.
... n'a fait que préfigurer en
toute clarté et en totale transparence, devant la représentation sénatoriale,
l'exercice occulte de régulation budgétaire que vous effectuerez, monsieur le
secrétaire d'Etat, dans quelques semaines, dans le silence de vos bureaux. J'en
prends entre nous, si vous le voulez bien, le pari.
M. René Régnault.
Ce ne sera pas nouveau !
M. Christian Poncelet,
président de la commission des finances.
A cet égard, j'espère, monsieur
le secrétaire d'Etat, que vous aurez à coeur de venir devant la commission des
finances, où vous êtes toujours invité et où nous sommes heureux de vous
recevoir, pour nous présenter les arrêtés d'annulation des crédits avant leur
parution au
Journal officiel (Très bien ! sur les travées du RPR),
annulations dont j'espère qu'elles ne porteront que sur les crédits de
fonctionnement, suivant en cela l'exemple du Sénat, et non sur les crédits
d'investissement.
Quoi qu'il en soit, je veux me féliciter, monsieur le secrétaire d'Etat, que
cette discussion budgétaire ait donné lieu à des débats politiques, au sens le
plus noble du mot, celui qu'il n'aurait jamais dû perdre.
Je vous remercie vivement et chaleureusement, monsieur le secréaire d'Etat,
d'avoir contribué activement à la qualité, à la sérénité et à la courtoisie de
ce dialogue démocratique et républicain.
Certes, la moisson législative a été maigre, et nous le regrettons. Nous
regrettons que le Gouvernement n'ait pas donné, pour prendre un exemple, une
suite favorable aux propositions mesurées et raisonnables du Sénat sur les
modifications susceptibles d'être apportées à la loi Pons ; nous en reparlerons
sans aucun doute, car c'est un grand tort d'avoir raison trop tôt.
De manière générale, nous sommes très attachés, monsieur le secrétaire d'Etat,
à la stabilité des règles du jeu fiscal, qui éclaire et qui inscrit dans la
durée les choix des agents économiques.
En revanche, ce que j'ai appelé le « yoyo fiscal » est anti-économique, car il
conduit à l'attentisme et risque de détourner de notre pays les investisseurs
étrangers. A cet égard, le caractère momentanément euphorisant de l'effet
Toyota ne saurait masquer de manière durable l'acuité de ce risque, maintes
fois soulignée ici.
Au terme de cette brève intervention, je veux me féliciter de la solidarité
dont a fait preuve la majorité sénatoriale dans la mise en oeuvre de l'exercice
difficile auquel la commission des finances l'avait invitée. La majorité
sénatoriale a rempli son contrat en faisant preuve d'une très grande
discipline, sans, toutefois, brider sa liberté d'expression.
Je veux, en outre, remercier les présidents de séance, qui ont fait respecter
avec une courtoise fermeté ou une ferme courtoisie, selon leur tempérament, le
calendrier imparti à la discussion budgétaire. Et ce n'était pas facile, cette
année !
Qu'il me soit également permis d'adresser en votre nom à tous, au nom du
rapporteur général et en mon nom, nos remerciements à tous les fonctionnaires
du Sénat qui nous ont apporté leur concours.
Personne ne fera grief au rapporteur général et à votre serviteur de
s'adresser plus particulièrement aux fonctionnaires de la commission des
finances, dont nous sollicitons largement la grande compétence, l'entière
disponibilité et le total dévouement. J'aimerais que le Sénat, unanime, les
applaudisse.
(Applaudissements.)
Enfin, je veux remercier la presse, qui s'est fait l'écho de nos travaux. Elle
a permis à l'opinion publique de prendre connaissance de la démarche
alternative adoptée par le Sénat.
En conclusion, le Sénat aura montré, une fois de plus, qu'il constitue un lieu
de dialogue, une instance de réflexion et une véritable force de propositions
dans l'intérêt bien compris de notre pays.
(Vifs applaudissements sur les
travées du RPR, des Républicains et Indépendants et de l'Union centriste, ainsi
que sur certaines travées du RDSE.)
M. Christian Sautter,
secrétaire d'état.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Je veux, pour commencer, m'associant aux propos de M.
le président de la commission des finances et de M. le rapporteur général,
souligner la qualité du dialogue républicain, fait d'échange d'arguments plutôt
que d'invectives, qui a marqué nos débats tout au long de l'examen du projet de
loi de finances.
Au terme de cet examen, le résultat est clair : nous avons entamé le débat
avec un budget et nous en ressortons avec deux : celui que le Gouvernement a
présenté et ce contre-budget que vous avez élaboré ensemble...
(Protestations sur les travées des Républicains et Indépendants, du RPR et
de l'Union centriste, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
Un sénateur du RPR.
Il n'y a qu'un budget !
M. Alain Gournac.
C'est le nôtre, et il est meilleur !
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
... et qui montre - c'était une démonstration utile !
- ce qu'aurait pu faire le précédent gouvernement si une dissolution inopinée
ne lui en avait enlevé la possibilité.
L'autre intérêt du contre-budget que vous avez élaboré ensemble, contre-budget
que je respecte puisqu'il est l'émanation de la majorité de la Haute Assemblée,
c'est qu'il démontre en creux à quel point le budget présenté par le
Gouvernement est vraiment tourné vers l'avenir, vers la jeunesse et vers la
solidarité.
(Applaudissements sur les travées socialistes, ainsi que sur
celles du groupe communiste républicain et citoyen. - Exclamations sur les
travées du RPR.)
Vous recherchiez 21,3 milliards de francs d'économies, mais, compte tenu d'une
extension de la ristourne, l'économie n'est que de 19,2 milliards de francs. Ce
n'est toutefois pas sur ce point que j'argumenterai.
Je souligne, au passage, que, sur le budget de la défense et sur celui des
anciens combattants, vous avez résisté à la tentation de majorer les dépenses
!
Où avez-vous fait des économies ?
Vous avez fait des économies qui sont, à mes yeux, dramatiques pour l'emploi,
puisque 6,3 milliards de francs ont été pris sur le budget de l'emploi et 3
milliards de francs sur les charges communes destinées à l'emploi. Ainsi, au
total, c'est près de la moitié des économies qui ont été faites sur
l'emploi.
Les économies ont porté, à hauteur de un milliard de francs, sur l'effort en
faveur des emplois-jeunes ; vous avez implicitement amputé les dispositifs
d'aide aux chômeurs de longue durée, les contrats emploi-solidarité, les
contrats initiative-emploi ; vous avez abaissé les moyens du service collectif
de l'emploi, qui aide les chômeurs à sortir de leurs difficultés.
Voilà, me semble-t-il, une économie de près de 9 milliards de francs qui est
lourde de conséquences pour le pays !
Deuxièmement, vous avez poursuivi, renouant avec la politique menée par le
gouvernement antérieur - c'est cohérent, je vous l'accorde - le gel des
rémunérations des fonctionnaires.
Troisièmement, vous avez procédé à des économies virtuelles à hauteur de 2,6
milliards de francs : un peu plus de 2 milliards de francs sur l'épargne
logement - économies virtuelles, parce qu'il faudra bien payer les primes
certaines des contrats qui arrivent à expiration ! - et, de la même façon, 500
millions de francs sur les aides personnelles pour l'accession à la
propriété.
Vous avez retiré 2,1 milliards de francs à l'éducation et à la recherche.
Nombre d'entre vous apprécieront cette démarche, qui, me paraît grave pour
notre jeunesse et pour l'avenir de notre pays face à la concurrence
internationale.
Vous avez réduit de 1 milliard de francs les minima sociaux et les crédits de
lutte contre la pauvreté et l'exclusion.
Vous avez réduit de 632 millions de francs les crédits aux équipements
collectifs et aux transports en commun.
Vous avez encore réduit de 500 millions de francs les crédits à l'agriculture,
et l'on sait que, en raison de la puissance des groupes de pression, ce sont
les jeunes agriculteurs, les bénéficiaires du fonds de gestion de l'espace
rural, qui seront touchés.
Les économies que vous avez faites sont symboliques d'une démarche politique
que, personnellement, je regrette.
Du côté des recettes, la cohérence est la même.
Vous avez rétabli, pour un montant de 14,3 milliards de francs, les réductions
d'impôt sur le revenu qui avaient été prévues par le gouvernement précédent. On
sait ce qui en résulte.
La conséquence, c'est la diminution - vous l'avez souhaitée, vous l'avez votée
- du taux marginal d'imposition de 56,8 % à 47 %.
Vous avez concentré 15 % des avantages fiscaux de cette réduction d'impôt sur
1,3 % des ménages, ceux qui ont un revenu imposable de plus de 500 000
francs.
Vous avez supprimé à 2 300 000 familles des réductions d'impôt pour
l'éducation de leurs enfants, à savoir 400 francs pour les collégiens, 800
francs pour les lycéens, 1 200 francs pour les étudiants.
Vous avez rétabli les provisions pour licenciement, à hauteur de 1,9 milliard
de francs.
Voilà quelques exemples qui montrent que, dans le domaine de la fiscalité, la
chasse, il est vrai bien imparfaite, du Gouvernement aux avantages fiscaux
injustifiés a été réduite complètement à néant par votre travail, travail que
je respecte, mais que je n'approuve pas.
Je dirai, en conclusion, pour imiter la concision et la robustesse du
président de votre commission des finances et de votre rapporteur général, que
je crois très sincèrement que votre budget fait trop confiance à la « main
invisible ». La main invisible, c'est bien, mais la main de la solidarité
nationale, c'est mieux.
Si notre pays doit entrer dans le xxie siècle, ce n'est pas uniquement en
abandonnant sa jeunesse aux forces du marché, aux forces de la mondialisation.
Nous devons tendre la main à notre jeunesse, nous devons tendre la main aux
plus faibles de nos concitoyens.
C'est ce que nous faisons au travers du budget que j'ai eu l'honneur de
présenter devant vous ; ce n'est pas ce que représente votre contre-budget.
(Applaudissements sur les travées socialistes et sur celles du groupe
communiste républicain et citoyen, ainsi que sur certaines travées du
RDSE.)
M. le président.
Mes chers collègues, nous allons maintenant interrompre nos travaux ; nous les
reprendrons à vingt-deux heures.
La séance est suspendue.
(La séance, suspendue à vingt heures, est reprise à vingt-deux heures, sous la
présidence de M. René Monory.)
PRÉSIDENCE DE M. RENÉ MONORY
M. le président.
La séance est reprise.
Nous reprenons la discussion du projet de loi de finances pour 1998, adopté
par l'Assemblée nationale.
Nous en sommes parvenus aux explications de vote sur l'ensemble du projet de
loi de finances pour 1998.
J'indique au Sénat que, compte tenu de l'organisation des débats décidée le 4
novembre 1997 par la conférence des présidents, chacun des groupes dispose de
quinze minutes pour ces explications de vote, à l'exclusion de la réunion
administrative des sénateurs ne figurant sur la liste d'aucun groupe, qui
dispose de cinq minutes.
La parole est à M. Vinçon.
(Applaudissements sur les travées du
Rassemblement pour la République.)
M. Serge Vinçon.
Monsieur le président, monsieur le secrétaire d'Etat, mes chers collègues, au
terme de ces vingt jours de débat budgétaire, je tiens tout d'abord à noter,
pour m'en féliciter, la qualité et la sérénité de nos discussions. L'échange
d'idées s'est déroulé dans le respect de l'autre,...
M. Pierre Fauchon.
C'est vrai !
M. Serge Vinçon.
... et c'est ainsi que fonctionnent le mieux, à mon avis, nos institutions.
Durant tous ces jours et toutes ces nuits, le Sénat a fait la preuve qu'il
était une assemblée moderne, résolument tournée vers le xxie siècle, et qu'il
avait toute sa place, par sa contribution, dans notre vie démocratique.
La discussion d'un projet de loi de finances est toujours un rendez-vous
essentiel de notre vie parlementaire. Il définit avec précision les contours
d'une politique voulue par le Gouvernement et fixe ce que seront les priorités
qui guideront cette politique.
Devant ce premier projet de budget présenté par le Gouvernement, soutenu par
la majorité singulièrement plurielle issue des dernières élections
législatives, la majorité sénatoriale et notre groupe ne pouvaient rester
silencieux.
Dans cette perspective, la majorité sénatoriale a décidé, sur l'initiative du
président de la commission des finances, M. Christian Poncelet, et du
rapporteur général, M. Alain Lambert, de fixer, pour l'examen de ce projet de
budget, plusieurs règles de conduite : réduire le déficit budgétaire à 236,3
milliards de francs, ce qui permettrait à la France de mieux respecter les
critères de convergence pour son entrée dans l'euro, supprimer les prélèvements
fiscaux supplémentaires que propose le Gouvernement, notamment sur les familles
et les entreprises,...
M. Jean Chérioux.
Très bien !
M. Raymond Courrière.
Il fallait le faire l'an dernier !
M. Serge Vinçon.
... poursuivre, au contraire, le processus quinquennal d'allégement de l'impôt
sur le revenu voté l'an dernier et, enfin, maintenir en « francs courants » le
montant des dépenses au niveau fixé par la loi de finances pour 1997.
Cet exercice nécessitait à la fois rigueur et sens des responsabilités ; il a
été réalisé par la majorité sénatoriale. Nous avons donné la preuve au
Gouvernement et à nos compatriotes qu'une autre politique est possible pour la
France et que les Français ne sont pas condamnés à voir s'alourdir en
permanence les prélèvements obligatoires...
M. Raymond Courrière.
Ils ont voté !
M. René-Georges Laurin.
Vous, taisez-vous !
M. Serge Vinçon.
... s'accroître la sphère publique au détriment des emplois marchands et enfin
se renforcer l'assistanat aux dépens de l'initiative.
Comme l'ont déjà excellemment souligné MM. Josselin de Rohan, Philippe Marini
et Jacques Oudin lors de la discussion générale, le Gouvernement fait preuve
d'optimisme quant à l'évolution du PIB qu'il attend en 1998. Cela rappelle
étrangement la loi de finances pour 1993 et ses prévisions utopiques.
On nous assure, explication chiffrée à l'appui, que la croissance sera de 3 %
en 1998. L'ensemble des données utilisées par le Gouvernement pour bâtir son
projet de budget nous semble pourtant peu crédible, qu'il s'agisse de
l'évolution attendue de l'investissement des entreprises - une hausse de 4,1 %
- de celle de la consommation des ménages - en progression espérée de 2 % - du
niveau du dollar - estimé à six francs - de l'évolution des taux d'intérêt ou
du fait que la demande intérieure devrait prendre le relais de la demande
étrangère.
Vient, hélas ! s'ajouter à ce scepticisme la crainte des conséquences
inéluctables de la crise financière asiatique, que certains économistes
estiment jusqu'à 0,5 point de perte de croissance. M. le ministre de
l'économie, des finances et de l'industrie a d'ailleurs reconnu devant le
Sénat, voilà deux semaines, qu'il était préoccupé par ces conséquences.
M. René Régnault.
Il a raison !
M. Serge Vinçon.
Le déficit du projet de budget général de l'Etat présenté par le Gouvernement
est annoncé comme étant en « nette diminution », à savoir de 27 milliards de
francs, par rapport à la loi de finances initiale pour 1997. Le Gouvernement a
plusieurs fois déclaré qu'il avait réussi à résoudre la « quadrature du cercle
» en réalisant un projet de budget réputé impossible avant l'été.
D'un projet de budget qualifié d'« impossible » par le Gouvernement, nous
sommes passés à un projet de budget « facile ». Il est vrai qu'il est plus aisé
de boucler un budget avec 60 milliards de francs de prélèvements obligatoires
supplémentaires sur les ménages et sur les entreprises, en stoppant la baisse
de l'impôt sur le revenu et en réhabilitant la dépense publique.
(Très bien
! et applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants
et de l'Union centriste. - Protestations sur les travées socialistes.)
M. Raymond Courrière.
C'est deux fois moins que Juppé !
M. Serge Vinçon.
A quoi sert-il de mettre la France en apnée pour atteindre l'objectif des 3 %
de déficit par rapport au PIB, alors que vous relancez la dépense publique ? Or
la continuité d'une politique de rigueur budgétaire, de maîtrise des déficits
et de baisse de la dépense publique peut seule placer la France dans une
perspective durable d'assainissement de ses finances, c'est-à-dire de
croissance et d'emploi.
M. Jean Chérieux.
Très bien !
M. Serge Vinçon.
S'agissant des recettes du projet de budget pour 1998, la majorité sénatoriale
a eu un comportement responsable en démontrant que la poursuite de la réforme
de l'impôt sur le revenu sur les quatre prochaines années était possible.
« Il n'y aura pas d'augmentation des prélèvements obligatoires et il n'y aura
pas de baisse des impôts », nous annonçait le Premier ministre dans son
discours de politique générale.
Vous n'avez, hélas ! pour nos compatriotes, respecté que la seconde partie de
cet engagement. Il y a eu reniement de la première promesse !
(Très bien !
et applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants et
de l'Union centriste.)
Vous ne ferez croire à personne que les prélèvements obligatoires ramenés au
PIB sont en diminution de 0,1 % en 1998. Il s'agit là d'un astucieux
trompe-l'oeil : le Gouvernement est passé maître dans ce qu'il est convenu
d'appeler le « saucissonnage fiscal ».
(Exclamations ironiques sur les
travées socialistes.)
En effet, c'est bien sur trois textes différents, à savoir le texte portant
mesures d'urgence à caractère fiscal et financier, le MUFF, le projet de loi de
financement de la sécurité sociale pour 1998 et le projet de loi de finances
pour 1998, que se répartissent les nouveaux prélèvements qui pèsent sur les
Français. Ainsi, le MUFF a certes été voté en 1997, mais ses répercussions sur
les entreprises, en 1998, s'élèveront à 24 milliards de francs.
Je ne rappellerai pas ici les très nombreuses majorations fiscales figurant
dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 1998. Elles
ont été dénoncées par notre groupe, et le Sénat a opposé l'exception
d'irrecevabilité.
A l'occasion de l'examen des dispositions fiscales de ce projet de budget,
notre groupe a tenu à remettre en cause les nouveaux prélèvements voulus par le
Gouvernement et sa majorité plurielle.
Je pense ainsi à la réduction au tiers de l'avantage procuré par la demi-part
supplémentaire dont bénéficient les personnes seules ayant élevé un ou
plusieurs enfants. Le Sénat est revenu sur cette mesure particulièrement
brutale n'ayant fait l'objet d'aucune concertation.
M. Jacques Oudin.
Très bien !
M. Serge Vinçon.
Je pense ensuite aux débats que nous avons eus sur le dispositif quirataire.
Le Gouvernement nous a dit qu'il voulait supprimer ce système et qu'il
réfléchirait ensuite à son remplacement. La majorité du Sénat a raisonné
différemment, et a tenu à prendre en compte les intérêts de la construction
navale française, créatrice d'emplois, et de notre marine marchande.
(Très
bien ! et applaudissements sur les travées du RPR et des Républicains et
Indépendants.)
Le dispositif quirataire, tel qu'il résulte de nos débats, est porteur de
davantage de sécurité et d'assurances pour l'avenir.
M. René Régnault.
A quel prix !
M. Serge Vinçon.
Je pense également à l'attaque sans précédent dont ont été victimes les
familles en matière fiscale. Vouloir réduire de moitié, comme le souhaite le
Gouvernement, le plafond de la réduction d'impôt accordée au titre de l'emploi
d'un salarié à domicile, c'est s'inscrire dans une démarche dogmatique faisant
abstraction de la réalité.
(Applaudissements sur les travées du RPR et des
Républicains et Indépendants).
En 1996, 475 600 salariés relevaient du dispositif « emplois familiaux
classiques » et 1 269 000 foyers fiscaux bénéficiaient de la mesure.
M. Gérard Roujas.
Prouvez-le !
M. Serge Vinçon.
Le Gouvernement a focalisé l'attention de l'opinion publique sur l'emploi de
personnes à domicile pour garder des enfants, mais quelle sera la situation,
une fois le projet du Gouvernement adopté, des personnes âgées, malades ou
handicapées qui, ne pouvant bénéficier des aides spécifiques mises sous
conditions de ressources, recouraient à l'emploi de personnes à domicile pour
les aider dans les actes quotidiens de la vie ?
Avec ces mesures, le Gouvernement remet en cause le libre choix du travail
pour les femmes et le maintien à domicile des personnes âgées.
(Exclamations
sur les travées socialistes, ainsi que sur certaines travées du RDSE. -
Applaudissements sur les travées du RPR et des Républicains et
Indépendants.)
M. Ivan Renar.
Voilà un homme à femmes !
M. Serge Vinçon.
Curieuse conception de la solidarité !
Quant au rééquilibrage annoncé entre fiscalité du travail et fiscalité du
capital, il convient de remarquer qu'il s'effectue par la seule aggravation de
la fiscalité sur l'épargne.
Un mot, enfin, sur la loi de défiscalisation outre-mer, qui a subi, pour
reprendre l'expression de notre rapporteur général, « un bien injuste procès en
sorcellerie ».
Le Gouvernement nous dit vouloir « moraliser » ce type d'investissements, pour
lequel des abus auraient été constatés.
M. René Régnault.
Oui !
M. Serge Vinçon.
Nous lui en donnons acte, mais le projet de sa majorité ne tendait pas à
moraliser ces investissements, il tendait a les faire disparaître !
MM. Philippe François
et
Jacques Oudin.
Très bien !
M. Serge Vinçon.
Là encore, la majorité du Sénat a pris ses responsabilités à l'égard de nos
compatriotes de l'outre-mer et n'a pas voulu que l'assistanat prenne le pas sur
l'initiative.
(Applaudissements sur les mêmes travées.)
M. André Maman.
Très bien !
M. Serge Vinçon.
La démarche engagée par la majorité sénatoriale sur le volet dépenses de ce
budget est claire : nous avons voulu limiter la dépense publique.
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Très bien !
M. Serge Vinçon.
En effet, la prévision gouvernementale de croissance des dépenses publiques de
1,36 % repose sur un montage en trompe-l'oeil. Elle est obtenue de façon
optique, grâce à la réduction massive des crédits militaires : les dépenses
d'équipement sont en recul de plus de 8 % au mépris non seulement de la qualité
de notre défense, mais aussi de l'activité de nos industries de défense, avec
plus de 20 000 suppressions d'emplois de haut niveau.
Je vous avoue ma surprise de constater l'abstention du groupe communiste dans
le vote des crédits du titre V, pourtant si importants pour l'emploi !
(Protestations sur les travées du groupe communiste républicain et citoyen.
- Applaudissements sur les travées du RPR et des Républicains et
Indépendants.)
Les économies sont obtenues ici par des rationalisations et des étalements de
programmes, autant d'attitudes de l'Etat dénoncées encore récemment par la Cour
des comptes ! Cette réduction des crédits représente une menace pour
l'application de la loi de programmation militaire, qui, à peine votée, n'est
plus respectée, et une menace aussi pour la cohérence de la réforme de notre
outil de défense.
Les efforts dont se targue le Gouvernement, l'Etat s'en exonère largement. Les
dépenses de fonctionnement progressent de 3,15 % en 1998, c'est-à-dire plus de
deux fois plus vite que le taux d'inflation prévu par la loi de finances.
Pour avoir vu à l'oeuvre les gouvernements socialistes dans l'époque récente,
le Gouvernement actuel se situe dans la même ligne : la bonne dépense publique
est celle qui augmente et la meilleure dépense publique est celle qui sert au
fonctionnement de l'Etat. Incapable de résister aux sirènes du « encore plus
d'Etat », le Gouvernement ne fait aucune économie sur son train de vie. C'est
sur les investissements que portera l'essentiel de la compression des
dépenses,...
M. René Régnault.
Vous en êtes convaincu ?
M. Serge Vinçon.
... une baisse de 0,5% au détriment de l'emploi et de l'effort nécessaire
d'équipement du pays.
Ce qui frappe, en France, par comparaison avec les autres Etats membres de
l'Union européenne, c'est le niveau atteint par le chômage et le pourcentage de
la population active qui se trouve sans emploi. On peut estimer à cinq millions
les personnes qui ne sont pas titulaires d'un véritable emploi.
Malheureusement, le projet de loi de finances pour 1998 va amplifier cette
situation en détruisant encore des emplois marchands pour créer des emplois à
la charge de la collectivité, des collectivités locales plus particulièrement.
Les emplois Aubry nous en ont donné l'illustration lorsque le Gouvernement a
refusé d'inscrire la clé de répartition du financement dans la loi.
La voie empruntée par le Gouvernement pour sa politique de la fonction
publique n'a pas manqué d'être dénoncée par notre groupe comme allant à
contre-courant de celle dans laquelle s'engagent tous nos partenaires.
N'ayons pas peur de rappeler qu'en France un actif sur quatre occupe un emploi
public, que depuis 1973, ce sont 1 600 000 emplois publics qui ont été créés,
alors que, dans le même temps, 600 000 emplois étaient détruits dans le secteur
privé.
Pourquoi s'obstiner à ne pas voir un lien entre la montée du chômage et la
progression des emplois publics ?
Le plus grave, ici, c'est que le Gouvernement a stoppé net le mouvement de
réduction initié par le précédent gouvernement, alors qu'il s'agit à l'évidence
de la politique à mettre en oeuvre.
En faisant repartir à la hausse des créations d'emplois publics, le
Gouvernement s'engage sur les traces de ses prédécesseurs socialistes.
Rappelons ici qu'entre 1981 et 1984 ce sont 200 000 emplois de fonctionnaires
qui ont été créés, pour un coût global de 22 milliards de francs.
La majorité sénatoriale a fait preuve de beaucoup de responsabilité en votant
la réduction des dépenses de fonctionnement et des dépenses d'intervention en
moyenne de 1,4 %. Ces réductions ont provoqué, tant sur les bancs du
Gouvernement que sur les travées de l'opposition sénatoriale, des réactions
qu'il est intéressant de rappeler. En résumé, nos propositions avaient pour
conséquence de bloquer le fonctionnement de l'Etat, entendait-on !
Il faut être sérieux et rappeler à nos collègues de l'opposition sénatoriale
que, dès la semaine prochaine, la Haute Assemblée aura à examiner le projet de
loi de finances rectificative pour 1997. A cette occasion, ils se rendront
compte que les annulations de crédits effectuées par le Gouvernement au mois de
juillet et au mois d'octobre sont sensiblement supérieures à celles qui ont été
adoptées par le Sénat. En toute logique, nos collègues socialistes et
communistes rejetteront, je l'espère, ce collectif budgétaire, puisque le
Gouvernement va encore plus loin que la majorité sénatoriale.
(Applaudissements sur les travées du RPR, de l'Union centriste et des
Républicains et Indépendants.)
Pour conclure, je tiens à remercier vivement M. Christian Poncelet,
président de notre commission des finances, notre collègue Alain Lambert,
rapporteur général, et l'ensemble des rapporteur spéciaux et des rapporteurs
pour avis, qui, par l'excellence de leurs travaux et le sens du vrai service du
pays dont ils ont fait preuve, ont permis au Sénat de se prononcer sur
l'ensemble des budgets analysés en toute connaissance de cause et dans un
contexte de réflexion et d'approfondissement digne d'une discussion
budgétaire.
Mes remerciements vont également à nos présidents de séance successifs, qui
ont su diriger nos débats avec talent, impartialité et rigueur.
Nous remercions enfin l'ensemble des fonctionnaires du Sénat de leur aide
précieuse tout au long de ces longues séances budgétaires, sans oublier les
collaborateurs de nos groupes politiques.
Parce qu'il représente une alternative crédible à la politique initiée par le
Gouvernement, le groupe du Rassemblement pour la République votera le projet de
loi de finances pour 1998 tel qu'il résulte des travaux du Sénat.
Il émet le souhait que le Gouvernement aura entendu le Sénat et qu'il sera
convaincu, à terme, de l'absolue nécessité de réduire les dépenses publiques et
les prélèvements obligatoires pour que la France puisse entrer dans le
troisième millénaire en situation de compétitivité, en étant capable de relever
les défis de notre temps.
La majorité plurielle risque de ne pas reconnaître dans quelques jours le
budget qu'elle va finalement adopter : il n'aura été qu'un leurre dont elle se
sera rendue complice.
Souvenons-nous de cette phrase d'Albert Camus : « La vérité, comme la lumière,
aveugle. Le mensonge, au contraire, est un beau crépuscule qui met chaque objet
en valeur. »
(Vifs applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains
et Indépendants et de l'Union centriste, ainsi que sur certaines travées du
RDSE.)
M. le président.
Mes chers collègues, je vous rappelle que vous avez au maximum quinze
minutes.
La parole est à M. Blin.
M. Maurice Blin.
Monsieur le président, monsieur le secrétaire d'Etat, mes chers collègues, le
budget dont nous achevons l'examen fera date dans l'histoire de la Ve
République. Son enjeu est capital. Il a valeur de symbole. C'est pourquoi je
voudrais, au nom de mon groupe, l'évoquer sans polémique inutile, mais avec
tout de même une certaine gravité.
Je le ferai sans esprit polémique
(Exclamations ironiques sur les travées
socialistes)
, parce qu'il ne me paraît pas nécessaire de redire, une fois
de plus, combien les politiques financière, économique et sociale de l'actuel
gouvernement sont éloignées de celles que le Sénat souhaite pour la France.
M. Jacques Machet.
Très bien !
M. Maurice Blin.
A cet égard, mon groupe et moi-même remercions à notre tour et très vivement
le président de la commission des finances et son rapporteur général du travail
exemplaire qu'ils ont accompli.
(Applaudissements sur les travées de l'Union
centriste, du RPR et des Républicains et Indépendants.)
Ils ont démontré qu'une plus grande maîtrise de la dépense publique était à la
fois nécessaire et possible sans que les services que l'Etat doit assurer à la
collectivité en soient affectés.
M. Bernard Piras.
C'est faux !
M. Maurice Blin.
Cette règle que respectent aujourd'hui tous nos voisins, je dis bien
tous,...
M. Christian Poncelet,
président de la commission des finances.
C'est vrai !
M. Maurice Blin.
... a été appliquée lors de l'examen des recettes en première partie de la loi
de finances.
Elle l'a été aussi dans la seconde partie, qui traitait des dépenses. La
majorité sénatoriale l'a comprise, défendue et appliquée. Elle aussi, nous l'en
remercions.
Pas de polémique, ai-je dit, et cela pour une seconde raison.
Cet affrontement d'idées et de mots, qui a fait les délices de la France
d'hier et parfois le charme du débat parlementaire, et auquel, j'en conviens,
monsieur le secrétaire d'Etat, vous excellez, n'est plus à la mesure de
l'enjeu.
Il ne s'agit pas de savoir si notre pays reste ou non fidèle à des principes
généreux, mais tragiquement abstraits. Il s'agit de savoir s'il fait ce qu'il
doit pour continuer à compter dans un monde, celui de demain, qui tourne
désormais le dos à celui d'aujourd'hui.
Or, j'observe avec tristesse que la France de 1998 aborde le xxie siècle avec
des recettes héritées du xixe, ...
M. Alain Gournac.
Oh, oui !
M. Bernard Piras.
A qui la faute ?
M. Maurice Blin...
celles-là mêmes auxquelles ont renoncé les pays avec lesquels, par un étrange
paradoxe, elle dit vouloir construire l'Europe sociale. Elle serait même tentée
de leur donner des leçons.
M. Bernard Piras.
Cela vous gêne ?
M. Maurice Blin.
Quel peut être son crédit lorsque, avec un taux de chômage de plus de 12 %,
elle s'adresse à des voisins qui ont ramené le leur à la moitié du sien, et
cela précisément parce qu'il se sont gardés de ses erreurs ?
Plusieurs sénateurs socialistes.
A qui la faute ? Merci Balladur ! Merci Juppé !
M. Maurice Blin.
Comment ne comprenez-vous pas, monsieur le secrétaire d'Etat, que l'ère de
l'idéologie est définitivement close et qu'en politique on a nécessairement
tort quand on prétend avoir raison tout seul ?
(Bravo ! et applaudissements
sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants et de l'Union
centriste.)
L'histoire n'appartient pas à ceux qui parlent ou qui communiquent, fût-ce
avec zèle. Elle appartient à ceux, tout simplement, qui réussissent.
(Nouveaux applaudissements sur les mêmes travées.)
Or, monsieur le
secrétaire d'Etat, je le dis, croyez-le, sans joie : vous allez échouer !
M. Josselin de Rohan.
Eh oui !
M. Maurice Blin.
Oh ! je sais bien, pour l'instant, comme on dit, tout baigne encore. Oubliés
les remèdes que le précédent gouvernement avait courageusement mis en
oeuvre,...
M. René Régnault.
On voit où ça l'a conduit !
M. Maurice Blin.
... je veux dire la stabilisation de la dépense publique, la résorption de la
dette, l'allégement programmé de l'impôt, la maîtrise des dépenses de santé, la
réduction du train de vie de l'Etat. Ils ne répondaient pourtant pas à je ne
sais quelle assurance doctrinaire. Non. Ils rompaient simplement avec des
décennies de facilités.
(M. de Menou applaudit.)
Certes, je vous le concède, ils n'ont pas toujours été compris. Est-ce à
dire qu'ils n'étaient pas utiles ? Nous croyons pour notre part, et tout au
contraire, qu'ils le sont plus que jamais. Il arrive à plus d'un peuple de se
tromper. La dignité de l'élu consiste alors non à le suivre et à l'entretenir
dans l'illusion, mais à l'éclairer et le convaincre.
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
A le guider !
M. Maurice Blin.
C'est le prix à payer pour garder l'estime de soi... et celle des autres !
(Bravo ! et applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et
Indépendants et de l'Union centriste.)
Ce n'est pas - et je le regrette, monsieur le secrétaire d'Etat - la voie que
vous avez choisie. A une politique rigoureuse et salvatrice, vous avez
substitué une politique molle et lénifiante.
(Exclamations sur les travées
socialistes.)
Plusieurs sénateurs du RPR.
Très bien !
M. Maurice Blin.
En veut-on quelques exemples ?
Vous demandez à l'Etat et aux collectivités territoriales de financer la
création de 350 000 emplois à la finalité sociale hautement proclamée, mais, en
fait, reconnaisons-le, bien incertaine. Coût : 7 milliards de francs en 1998 et
35 milliards de francs dans trois ans.
M. Bernard Piras.
Et le chômage ?
M. Maurice Blin.
Dans le même temps, vous réduisez de près de 9 milliards de francs les crédits
d'équipement militaire, condamnant à très court terme de 18 000 à 20 000
emplois hautement qualifiés, fer de lance de notre technologie et de nos
exportations. A qui fera-t-on croire que la France va y gagner ?
M. Jean Huchon.
Très bien !
M. Maurice Blin.
Vous imposez à des chefs d'entreprise une réduction de la durée hebdomadaire
du travail de trente-neuf à trente-cinq heures. Vous préférez la loi rigide,
aveugle,...
M. Bernard Piras.
C'est faux !
M. Maurice Blin.
... indifférente aux réalités économiques, au contrat souple...
M. Bernard Piras.
C'est faux ! Demandez à Toyota !
M. Maurice Blin.
... qui, seul, répond aux conditions de plus en plus diversifiées de la
production moderne.
Croire, pour parodier un sociologue célèbre, que l'on peut changer
l'entreprise par décret, c'est pécher par aveuglement et, je le crains, par
orgueil.
(Bravo ! et vifs applaudissements sur les travées de l'Union
centriste, du RPR et des Républicains et Indépendants.)
Vous aggravez, par des mesures obliques, la fiscalité des ménages, de
l'épargne, des entreprises, comme si vous vouliez les punir, ces entreprises,
de ne pas créer assez d'emplois alors que, plombées par les charges, elles n'en
peuvent mais !
Vous risquez, là encore, de casser une croissance sur laquelle vous comptez
par ailleurs pour abonder les ressources de l'Etat et de voir nous quitter les
plus entreprenants, les plus compétents de nos jeunes que nous avons
coûteusement formés dans nos universités et nos écoles.
Vous multipliez les réglementations et les interdits. Au nom de la défense de
l'environnement naturel, qu'au demeurant nous approuvons, vous créez un
environnement général étouffant
(Exclamations sur les travées socialistes)
qui transforme celui qui ose en suspect.
M. Josselin de Rohan.
Très bien !
M. Maurice Blin.
Il est vrai que cela occupera des milliers d'agents de l'Etat dont le nombre,
rapporte à la population, est le plus élevé d'Europe.
M. Jean-Claude Carle.
Eh oui !
M. Michel Dreyfus-Schmidt.
Vous n'êtes pas fonctionnaire, vous ?
M. Maurice Blin.
Comme me le disait, il y a peu, un fonctionnaire à la naïveté touchante d'un
dossier soumis à son approbation et qui tardait à la donner : « Je suis bien
embêté, je n'ai rien trouvé ».
M. Bernard Piras.
Vous êtes conscient de ce que vous dites !
M. Maurice Blin.
La vie, voyez-vous, est un match : il y faut un arbitre. Mais ce n'est pas lui
qui gagne, ce sont les joueurs. Or, au train où nous allons, il n'y aura
bientôt plus beaucoup de joueurs sur le terrain.
(Bravo ! et
applaudissements sur les travées de l'Union centriste, du RPR et des
Républicains et Indépendants.- Exclamations sur les travées socialistes et sur
celles du groupe communiste républicain et citoyen.)
Pour finir, je formulerai deux observations encore, mes chers collègues. Elles
seront brèves, mais je crois qu'elles portent loin si j'en juge par les
réactions de l'opposition sénatoriale.
Vous rêvez, monsieur le secrétaire d'Etat, d'une société plus juste, et cela
vous honore.
M. Ivan Renar.
Doux Jésus !
M. Maurice Blin.
Pour ce faire, vous vous acharnez à répartir l'emploi, le temps de travail, la
richesse. Nous la voulons, nous, plus équitable,...
M. Ivan Renar.
Et Pineau-Valencienne !
M. Maurice Blin.
... c'est-à-dire d'abord soucieuse de reconnaître sa dette à l'égard de ceux
qui produisent, travaillent durement, peinent et parient sur l'avenir, salariés
et employeurs confondus, à leurs risques et périls. La vraie justice c'est cela
!
(Applaudissements sur les travées de l'Union centriste, du RPR, des
Républicains et Indépendants, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
Ce n'est pas protéger à n'importe quel prix situations et droits acquis alors
que d'autres, dans le même temps et du même coup, sont purement et simplement
détruits. Seule une société forte, non divisée contre elle-même, peut-être
juste.
Je crains enfin que vous ne vous soyez mépris - tous vos choix depuis six mois
en témoignent - sur la véritable signification du scrutin de mai dernier qui
vous a ramenés aux affaires.
(Exclamations sur les travées
socialistes.)
M. Philippe François.
Exact !
M. Ivan Renar.
C'est une bonne autocritique !
M. René Régnault.
N'insultez pas la démocratie !
M. Dominique Braye.
Calmez-vous, mes chers collègues !
M. Maurice Blin.
Car, écoutez bien, cette élection, ce n'est pas vous qui l'avez gagnée, c'est
nous qui l'avons perdue.
(Exclamations et rires sur les travées du groupe
socialiste et du groupe communiste républicain et citoyen. - Applaudissements
sur les travées de l'Union centriste, du RPR et des Républicains et
Indépendants.)
M. Ivan Renar.
C'est tout le mal qu'on souhaite au Paris - Saint-Germain !
M. Maurice Blin.
Ce n'est pas du tout la même chose, et vous le savez très bien. Le peuple
français peut se laisser séduire un moment par la facilité,...
M. Michel Dreyfus-Schmidt.
Lincoln !
M. Maurice Blin.
... mais, dans ses profondeurs et dans sa majorité, il sait que l'on ne marche
ni longtemps ni droit avec des béquilles, fussent-elles celles d'un Etat dont
l'assistance coûte de plus en plus cher. Un peuple debout est nécessairement un
peuple responsable. Tel est, mes chers collègues, le constat de l'histoire, et
il est sans appel.
M. Christian Poncelet,
président de la commission des finances.
Très juste !
M. Maurice Blin.
A la veille du défi historique que lui lance un autre peuple et de l'avènement
de la monnaie européenne, il est temps...
M. Ivan Renar.
De faire un référendum.
M. Maurice Blin.
... que le nôtre se redresse. La majorité sénatoriale fera tout pour l'en
convaincre et pour l'y aider.
(Vifs applaudissements sur les travées de
l'Union centriste, du RPR, des Républicains et Indépendants, ainsi que sur
certaines travées du RDSE.)
M. le président.
La parole est à M. Adnot.
M. Philippe Adnot.
Monsieur le président, monsieur le secrétaire d'Etat, mes chers collègues, les
sénateurs non inscrits m'ont demandé d'exprimer leur sentiment en cette fin
d'examen budgétaire.
Je voudrais sans attendre vous indiquer que nous voterons le budget modifié
par le Sénat.
(Applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et
Indépendants et de l'Union centriste.)
M. Jacques Mahéas.
Quel scoop !
(Rires sur les travées socialistes.)
M. Philippe Adnot.
Nous le voterons essentiellement pour soutenir la ligne de conduite définie
par M. le président de la commission des finances et la majorité sénatoriale,
qui nous paraît primordiale pour aujourd'hui et pour demain.
M. Bernard Piras.
Quelle est la monnaie d'échange ?
M. Philippe Adnot.
Nous voulons indiquer clairement qu'il faut en finir avec la dérive des
dépenses publiques, qu'il faut arrêter de financer les dépenses de
fonctionnement de l'Etat par l'emprunt, qu'il faut stopper la hausse des
prélèvements obligatoires, conséquence directe de ce qui précède.
M. Michel Dreyfus-Schmidt.
Prenez-vous en au gouvernement Juppé !
M. Philippe Adnot.
Certains nous diront que tout cela est très formel et qu'il n'en restera rien.
Nous ne partageons pas ce point de vue. L'exercice auquel nous nous sommes
livrés est l'affirmation d'un changement profond de mentalité. Nous voulons
rompre avec la notion de « toujours plus égal toujours mieux ».
M. Christian Poncelet,
président de la commission des finances.
Très bien !
M. Bernard Piras.
Vous la remplacez par quoi ?
M. Philippe Adnot.
Cette ligne de conduite aura vocation à se poursuivre, même en cas de
changement de gouvernement. Voilà pourquoi nous voterons ce budget rectifié par
le Sénat.
En effet, pour autant, nous ne sommes pas satisfaits de ce budget. En effet,
nous devons, au-delà de l'équilibre comptable, nous intéresser à son aspect
qualitatif, et il faut bien se rendre à l'évidence : le Gouvernement, à travers
ses choix, a systématiquement privilégié les dépenses de fonctionnement au
détriment de l'avenir, au détriment de l'investissement, seul capable de
participer au bon positionnement de la France.
(Applaudissements sur les
travées du RPR, des Républicains et Indépendants et de l'Union
centriste.)
Dans l'avenir, nous devrons aller plus loin et ne pas hésiter à remettre en
cause tout ce qui en germe porte la marque d'une économie suradministrée, de
plus en plus pesante pour les forces vives de notre pays.
M. Bernard Piras.
C'est une blague !
M. Jean-Luc Mélenchon.
C'est le goulag !
M. Philippe Adnot.
Aucun d'entre nous ne doit oublier que la meilleure manière d'aider l'emploi
est de rendre compétitif notre pays en diminuant ses charges. Mais nous aurons
l'occasion d'en reparler, mes chers collègues.
(Applaudissements sur les
travées du RPR, des Républicains et Indépendants, de l'Union centriste, ainsi
que sur certaines travées du RDSE.)
M. le président.
La parole est à M. de Raincourt.
M. Henri de Raincourt.
Monsieur le président, monsieur le secrétaire d'Etat, mes chers collègues,
comme les autres orateurs, j'avais rédigé une explication de vote qui,
reprenant les éléments du projet de budget, devaient expliciter les raisons qui
nous avaient incités à le modifier, un hommage particulier étant rendu à M.
Poncelet, président de la commission des finances au rapporteur général, Alain
Lambert,...
M. Charles Pasqua.
Très bien ! Bravo !
M. Henri de Raincourt.
... à la commission des finances, et aux différents rapporteurs.
Mais, compte tenu de l'intervention excellente, il me permettra de le dire,
prononcée à l'instant par M. Blin
(Applaudissements sur les travées des
Républicains et Indépendants, du RPR, de l'Union centriste)
à laquelle mes amis du groupe des Républicains et Indépendants et moi-même
souscrivons totalement - qui d'ailleurs en serait surpris ? - il ne m'a pas
semblé opportun de redire ce qu'il avait lui-même si bien expliqué.
M. Bernard Piras.
Il vaut mieux !
M. Henri de Raincourt.
Par ailleurs, monsieur le secrétaire d'Etat, ayant écouté avec attention le
propos que vous avez tenu avant la suspension de séance à cette même tribune,
propos empreint de courtoisie, mais très sévère sur le fond, j'ai souhaité
présenter quelques éléments d'appréciation personnelle.
Vous nous avez dit, à de nombreuses reprises, que vous respectiez la démarche
dans laquelle nous nous étions engagés, mais vous l'avez assorti d'une
condamnation forte, ce qui est tout à fait légitime, personne ne peut vous en
faire grief. Vous nous avez donc reproché le fait que la démarche dans laquelle
la majorité du Sénat s'était engagée était anti-économique, antisociale,
qu'elle allait contre les intérêts de la jeunesse...
M. Jean-Luc Mélenchon.
C'est vrai !
M. Henri de Raincourt.
... et, par conséquent, que nous avançions en tournant le dos à l'avenir de
notre pays.
M. Bernard Piras.
Tout à fait !
M. Jean-Luc Mélenchon.
C'est vrai !
M. Henri de Raincourt.
De la même manière que je respecte l'appréciation que vous avez portée sur
notre démarche, je souhaite que vous acceptiez que je me demande, compte tenu
de la situation de la France aujourd'hui, au regard du contexte dans lequel
elle se trouve enclavée, si les mesures que notre pays a prises dans le passé
et s'apprête à prendre aujourd'hui vont lui permettre d'affronter l'avenir dans
les meilleures conditions.
M. Jacques Mahéas.
C'est vraiment la langue de bois !
M. Henri de Raincourt.
Si nous acceptons d'ouvrir les yeux, que constatons-nous ? Que la France,
année après année, augmente les prélèvements fiscaux et sociaux de toute
nature,...
M. Claude Estier.
Balladur !
M. Henri de Raincourt.
... que jamais nous n'avons consacré autant de crédits à la politique pour
l'emploi et que, jamais, il n'y a eu autant de chômeurs.
M. Christian Poncelet,
président de la commission des finances.
C'est vrai !
Mme Danièle Pourtaud.
A qui la faute ?
M. Henri de Raincourt.
De la même manière, si nous considérons les dépenses d'aide sociale qui sont
consenties tant par l'Etat que par l'ensemble des collectivités territoriales,
que constatons-nous ? Plus on dépense, plus, malheureusement, il y a de
pauvres, plus il y a de laissés-pour-compte !
Ce constat n'est guère porteur ni pour les uns ni pour les autres !
Accepterons-nous un jour de poser tous ces éléments sur la table et d'en
discuter sereinement pour déterminer quelles sont les mesures qu'il convient de
prendre ?
Il est certain que, face à la conception que vous avez développée, monsieur le
secrétaire d'Etat et ceux qui vous soutiennent, qui se fonde sur une
intervention sans cesse grandissante de l'Etat, conception étatiste que nous
connaissons bien et dont aujourd'hui, avec le recul, nous pouvons mesurer les
effets
(Murmures sur les travées socialistes),
nous sommes en mesure de dire que,
dans les pays où elle a été appliquée, elle a abouti à l'inverse de l'objectif
qui était recherché : elle est inefficace sur le plan économique et inéquitable
sur le plan social.
Il faut donc se sortir de ce piège. Pour cela, regardons autour de nous.
Dans des pays qui sont gouvernés par des majorités différentes, qu'elles
soient de droite ou de gauche, là où l'on a redonné de la liberté, là où l'on a
redonné de l'oxygène à ceux qui ont le courage, la volonté et aussi le
dynamisme pour entreprendre et pour se lancer,...
M. Bernard Piras.
Ce n'est qu'une affirmation !
M. Henri de Raincourt.
... des résultats tout à fait positifs ont été obtenus !
(Applaudissements
sur les travées des Républicains et Indépendants, du RPR, de l'Union centriste,
ainsi que sur certaines travées du RDSE. - Protestations sur les travées
socialistes et sur celles du groupe communiste républicain et citoyen.)
M. Bernard Piras.
Démontrez-le !
M. Henri de Raincourt.
Aux Etats-Unis, le mois dernier, mon cher collègue, 400 000 emplois ont été
créés.
M. Bernard Piras.
Quels emplois ? Des emplois au rabais !
M. Henri de Raincourt.
Si, nous, proportionnellement, nous n'en avions créé que 50 000 ou 80
000,...
M. Jean Chérioux.
Nous n'en serions pas là !
M. Henri de Raincourt.
... nous n'en serions pas là où nous en sommes aujourd'hui.
M. Bernard Piras.
Démago !
M. Henri de Raincourt.
En Grande-Bretagne, en Hollande, partout de bons résultats ont été
obtenus,...
M. Bernard Piras.
Avec quels salaires ? Avec quelles conditions de vie ?
M. Henri de Raincourt.
... ce qui signifie que le chômage est en réalité un choix politique, qui
résulte d'une conception étatique de l'organisation de la société.
(Très
bien ! et applaudissements sur les travées des Républicains et Indépendants, du
RPR, de l'Union centriste, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
Et c'est bien la raison pour laquelle le Sénat a voulu, une fois encore,
lucidement, courageusement, objectivement,...
M. René-Pierre Signé.
Arrêtez-le !
M. Henri de Raincourt.
... tirer les leçons du passé et s'engager délibérément dans les voies de
l'avenir. Quelles sont-elles ? C'est, naturellement, la limitation des dépenses
publiques ; c'est, bien entendu, la diminution des prélèvements fiscaux et
sociaux.
A cet égard, mes chers collègues, le budget pour 1998 va réserver de bien
mauvaises surprises.
M. Jacques Larché.
Eh oui !
M. Henri de Raincourt.
Sur qui va reposer l'effort ? Sur les familles, sur les entreprises, sur les
épargnants, trois catégories de Français qui font vivre, tourner, avancer la «
maison France »...
M. Bernard Piras.
Mais les Français ont voté !
M. Henri de Raincourt.
Or, du fait du budget de 1998, la « maison France » va voir son rythme se
ralentir, sa compétitivité diminuer, hélas ! Nous ne pouvons pas suivre le
Gouvernement dans cette voie.
L'année dernière, lors de la discussion du budget pour 1997, nous avions
voulu, avec le gouvernement de l'époque...
M. Michel Sergent.
Vous avez perdu !
M. Henri de Raincourt.
... donner un signal de baisse de la dépense publique et des prélèvements
obligatoires.
Il était donc tout à fait légitime que nous cherchions à avancer dans la même
direction. Nous avons, en effet, la certitude - suffisamment d'exemples sont là
pour le montrer - que c'est cette direction qui nous ouvrira les portes de
l'avenir.
M. William Chervy.
Ah ! Ça ira, ça ira, ça ira !
M. Marcel Charmant.
Les Français vous ont jugés !
M. Henri de Raincourt.
A la veille du jour où le Gouvernement va étudier un projet de loi sur la mise
en oeuvre publique, laïque et obligatoire des trente-cinq heures
(Rires sur les travées des Républicains et Indépendants, du RPR et de l'Union
centriste),
probablement payées trente-neuf, je voudrais dire que c'est
sûrement un mauvais coup pour la France.
M. Marcel Charmant.
Qu'en sait-il, lui, du haut de son château ?
M. Henri de Raincourt.
On va assister à cette chose extraordinaire : ce sont les fonds publics qui
vont, d'une manière généralisée, venir baisser, dans les entreprises privées,
les charges résultant de ces dispositions. On croit rêver ! Comment, en 1997,
un pays tel que la France peut-il continuer à s'engager avec un tel
aveuglement...
M. Bernard Piras.
Et vous, qu'est-ce que vous avez fait avant ?
M. Henri de Raincourt.
... dans cette voie qui ne peut être qu'une impasse ?
J'entends bien ce que l'on dit sur le côté gauche de cet hémicycle. Eh bien,
l'opinion publique,...
M. Marcel Charmant.
Elle a tranché !
M. Henri de Raincourt.
... à laquelle vous vous référez si souvent,...
M. Michel Sergent.
Les urnes !
M. Henri de Raincourt.
... est en train, me semble-t-il, d'ouvrir les yeux et de voir que la France,
dans cette compétition mondiale, ne pourra pas jouer son jeu avec les mesures
que vous nous proposez.
Monsieur le secrétaire d'Etat, telles sont les raisons pour lesquelles je
voulais répondre à l'intervention que vous avez faite avant la suspension du
dîner.
Avec détermination, le groupe des Républicains et Indépendants votera le
budget tel qu'il a été modifié par le Sénat sur proposition de la commission
des finances.
Quels que soient les cris et les vociférations, manifestations, il faut bien
le dire, d'une certaine incompréhension, nous savons que, ce faisant, nous
n'avons qu'un seul but : le service de la France. C'est un but que nous
partageons tous ici, mais nous en avons une conception différente. Eh bien, il
est heureux que le budget, élément essentiel de la vie politique nationale,
nous permette de faire nettement la différence entre la conception des uns et
celle des autres. Donnons-nous rendez-vous pour l'avenir !
(Vifs applaudissements sur les travées des Républicains et Indépendants, du
RPR et de l'Union centriste, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
M. le président.
Mes chers collègues, les débats budgétaires se sont toujours déroulés de
manière très correcte. Je demande à chacun de respecter les autres durant les
explications de vote.
(Applaudissements sur les travées de l'Union centriste.)
La parole est à M. Régnault.
(Applaudissements sur les travées socialistes.)
M. Roland du Luart.
Il ne doit pas y avoir deux poids deux mesures, monsieur le président !
M. le président.
Je demande à la majorité du Sénat d'écouter le représentant du groupe
socialiste dans le calme.
(Protestations sur les travées du RPR et des Républicains et
Indépendants.)
M. René Régnault.
Monsieur le président, lorsqu'ils me permettront de m'exprimer...
(Nouvelles protestations sur les mêmes travées.)
M. le président.
Monsieur Régnault, c'est vous qui avez donné l'exemple tout à l'heure !
(Applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants, du
RDSE et de l'Union centriste.)
M. Michel Dreyfus-Schmidt.
C'est de la provocation !
M. Bernard Piras.
Présidez, monsieur le président !
M. André Vezinhet.
Ou démissionnez !
M. le président.
Maintenant, mes chers collègues, on écoute religieusement M. Régnault !
M. René Régnault.
Monsieur le président, monsieur le secétaire d'Etat, mes chers collègues,
merci de permettre à un représentant de la majorité nationale de s'exprimer.
M. Josselin de Rohan.
Majorité grâce au Front national !
M. René Régnault.
Alors que s'achève le marathon budgétaire, je voudrais me féliciter - mais
peut-être suis-je imprudent ! - de la qualité de nos débats, au cours de ces
dernières semaines. La sérénité a toujours présidé à nos échanges.
Je crois sincèrement que nous le devons au Gouvernement
(Exclamations sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants et de
l'Union centriste.)
M. Jean-Claude Carle.
Ça c'est le gag !
M. René Régnault.
... qui s'est toujours efforcé de répondre avec courtoisie aux questions
posées, mais aussi - j'ai l'honnêteté de le dire - à la maestria du président
de la commission des finances et de notre rapporteur général.
(Vifs applaudissements sur les mêmes travées, ainsi que sur certaines travées
du RDSE.)
Enfin, la qualité de nos travaux a été rehaussée par le concours
compétent et la disponibilité de tous nos collaborateurs comme de l'ensemble
des personnels du Sénat. A tous, je veux dire merci.
(Applaudissements.)
Si je devais résumer d'une phrase les derniers moments que nous venons de
vivre, je dirais que l'intervention de mon prédécesseur à la tribune a
amplement montré que la France avait bien changé de majorité et que la peine
faite à certains était réelle : j'ai cru la deviner au travers de son
propos.
Mais voilà, la démocratie s'est exprimée !
M. Charles Descours.
Merci Le Pen !
M. René Régnault.
J'aurais aimé, monsieur de Raincourt, que vous nous parliez des conditions
dans lesquelles chôment les travailleurs de certains pays auxquels vous faisiez
référence. J'aurais aimé que vous nous parliez de la protection sociale, de la
santé, des conditions de formation dans ces pays.
M. Marcel Charmant.
Ils n'en ont rien à faire !
M. René Régnault.
Ce projet de loi de finances pour 1988 dont nous venons de terminer l'examen
n'a plus maintenant, tel qu'il a été modifié par la majorité sénatoriale, qu'un
lointain rapport avec celui que le Gouvernement avait présenté
initialement...
M. Jean Chérioux.
Heureusement !
M. Alain Gournac.
C'est bon pour les Français !
M. René Régnault.
... et avec celui que l'Assemblée nationale a adopté le 19 octobre. Pourtant,
ce projet de budget correspondait aux engagements que le Premier ministre, avec
son gouvernement, avait pris devant les Français. C'est d'ailleurs peut-être
pour cette raison que la majorité sénatoriale, au lieu de se livrer à un examen
attentif du projet, a préféré, optant pour une attitude d'opposition
dogmatique, tenter d'élaborer un autre budget.
Cette tentative nous est apparue dès le départ comme irréaliste et inadaptée,
monsieur le rapporteur général.
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Je le trouve très réaliste !
M. René Régnault.
Irréaliste, car la cohérence de ce contre-budget n'a pas toujours été
évidente.
Alors que certains membres éminents de la majorité demandent plus de crédits
pour les transports ou le nucléaire militaire - et je pourrais multiplier les
exemples - vous avez voté la réduction des crédits.
Alors que de nombreux maires de votre bord politique mettent en place des
emplois-jeunes, vous en supprimez le financement.
Nous, monsieur le rapporteur général, je vous le dis, nous ne voulons pas
augmenter l'emploi public par doctrine. Pour nous, il s'agit de faire émerger
de l'activité, de mettre des jeunes au travail, de les rendre responsables,
expérimentés, en leur permettant d'accéder à la vie active et à la
consommation, ce qui les fera aussi contribuer au gonflement des carnets de
commande.
(Applaudissements sur les travées socialistes et sur celles du groupe
communiste républicain et citoyen.)
Alors que vous réclamez une réduction des dépenses, vous supprimez l'une
des principales écononomies réalisées par ce budget, celle qui porte sur la
ristourne dégressive.
Alors que vous avez rétabli de nombreuses niches fiscales et aggravé ainsi les
pertes de recettes, vous avez fait retirer en seconde délibération, du fait des
pertes induites, une disposition, soutenue sur toutes les travées, concernant
la réduction du coût de la collecte et du traitement des ordures ménagères par
application d'une TVA réduite.
Votre projet de budget, monsieur le rapporteur général, est également
inadapté. Vos propositions constituent même un budget archaïque, tournant le
dos aux défis de la France d'aujourd'hui et de demain.
En effet, chers collègues de la majorité sénatoriale, vous avez voulu
démontrer, me semble-t-il, qu'une autre politique était possible, et vous avez
proposé un mélange de poursuite de la politique du gouvernement précédent et de
politique ultra-libérale. M. de Raincourt vient d'ailleurs de l'affirmer à la
tribune.
Je crois que vous avez surtout démontré que l'opposition, majorité dans cette
enceinte, n'avait pas entendu le message des électeurs et n'avait pas su tirer
le bilan de son échec.
(Vifs applaudissements sur les travées socialistes.)
En effet, sur quoi reposait la politique précédente, et donc votre
contre-budget aujourd'hui ?
Au-delà de la présentation « enrobée » sur la désétatisation, sur la nécessité
d'aider les forces vives de la nation, au-delà de ces mots vides de sens qui ne
trompent plus les Français, c'est en réalité l'injustice fiscale et sociale que
vous prônez et que vous entendez inlassablement promouvoir.
M. Alain Gournac.
Démago !
M. René Régnault.
C'est la réalité, non de la démagogie !
Injustice fiscale, d'abord : les ménages ont eu à subir plus de 200 milliards
de francs de hausses d'impôts concentrées sur les prélèvements non progressifs
- TVA, taxe intérieure sur les produits pétroliers, contribution sociale
généralisée, contribution au remboursement de la dette sociale - alors que
l'impôt sur le revenu, seul impôt progressif payé par un Français sur deux, a
été abaissé et que les impôts sur le capital ont été systématiquement
réduits.
Vous proposez de continuer dans cette voie en abaissant encore le barème de
l'impôt sur le revenu et en rétablissant la plupart des niches fiscales
supprimées par le gouvernement actuel.
Or ces avantages fiscaux permettent essentiellement à quelques Français
fortunés de réduire considérablement, et parfois de réduire à néant, leur
contribution aux charges de la nation par le biais de l'impôt sur le
revenu...
Par exemple, la réduction peut atteindre un million de francs dans le cadre du
régime quirataire dont il a été question tout à l'heure.
M. Josselin de Rohan.
On le dira aux Bretons !
M. René Régnault.
Il est vrai, monsieur de Rohan, que M. Pinault fait mieux !
Autre exemple représentatif de vos choix et de notre profonde différence :
vous supprimez la réduction d'impôt pour frais de scolarité, qui profite à
tous,...
M. Alain Gournac.
Et les allocations familiales ?
M. René Régnault.
... et vous rétablissez totalement l'aide à l'emploi à domicile, qui ne
profite qu'à 0,25 % des familles.
M. Alain Joyandet.
Revoilà la lutte des classes !
M. René Régnault.
Oui, et de quelle classe vous êtes-vous préoccupés ? De la classe des 0,25 %
de favorisés !
(Très bien ! et applaudissements sur les travées socialistes.
- Protestations sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants et de
l'Union centriste.)
Cela témoigne bien de votre conception particulière du soutien à la famille,
qui est un de vos chevaux de bataille contre le Gouvernement.
(Vives
exclamations sur les mêmes travées.)
Pour ce qui est de l'injustice sociale, je rappelle que les salariés avaient
été mis à la diète sous les gouvernements Balladur et Juppé : à peine plus de 2
% de croissance annuelle pour le privé, gel en 1996 et une hausse de seulement
1 % en 1997 pour le public. La conséquence avait été mécanique : le pouvoir
d'achat avait baissé pour la majorité des Français. Pourtant, vous persistez en
proposant un nouveau gel des traitements des fonctionnaires.
Or cette politique a eu pour résultats une croissance molle, un accroissement
des inégalités et du chômage et des comptes publics dans le rouge.
La consommation a augmenté d'à peine plus de 1 % en moyenne sur ces quatre
années du fait des ponctions fiscales et de l'incertitude, de la crainte du
lendemain, du manque de confiance des Français dans votre politique, qui a
entraîné un accroissement de l'épargne de précaution.
Quant à l'investissement, il a chuté. En quatre ans, il n'y a pas eu de
créations nettes d'emplois et plus de quatre cent cinquante mille personnes
sont malheureusement venues grossir les rangs des chômeurs.
M. Hilaire Flandre.
Et avant ?
M. Pierre Martin.
Et en quinze ans ?
M. René Régnault.
Pourtant, vous souhaitez poursuivre cette politique puisque vous supprimez les
crédits pour le financement des trente-cinq heures et ceux pour les
emplois-jeunes, avec des explications qui ne peuvent convaincre.
Quant aux comptes publics, malgré des hausses de prélèvements sans précédent,
malgré plus de 150 milliards de francs de recettes de privatisation, le déficit
public n'a pas réellement bougé : 4,1 % du PIB fin 1992 et plus de 4 % fin 1997
; la dette publique, elle, a explosé puisqu'elle a augmenté de 81 %, ce qui
représente 30 000 francs par habitant. C'est l'héritage légué à nos enfants !
(Protestations sur les travées du RPR.)
M. Hilaire Flandre.
Et l'origine ?
M. René Régnault.
Le nouveau Gouvernement a donc dû réagir. C'était indispensable...
M. Alain Gournac.
Pour réagir, il a réagi !
M. René Régnault.
... pour que la France respecte les conditions du passage à la monnaie unique.
Çà l'était également pour casser l'enchaînement « déficit - dette » dans lequel
vous étiez engagés, que vous nous avez légué et pour lequel les Français vous
ont sanctionnés.
(Applaudissements sur les travées socialistes et sur celles
du groupe communiste républicain et citoyen. - Protestations sur les travées du
RPR, des Républicains et Indépendants et de l'Union centriste.)
La principale action, outre la compensation des pertes de recettes fiscales, a
consisté en une stricte maîtrise des dépenses...
M. Hilaire Flandre.
Vous avez la mémoire courte !
M. René Régnault.
... en veillant à protéger le redémarrage de la demande et de
l'investissement.
Pourtant, plutôt que de saluer cet effort qui n'avait jamais été réalisé
pendant la législature précédente, vous avez multiplié les réductions de
dépenses utiles et importantes, avec parfois un réel arbitraire, et vous
supprimez des économies importantes comme celles qui portent sur la ristourne
dégressive.
Je vous le dis, mes chers collègues, ce n'est pas sérieux...
(Applaudissements sur les travées socialistes. - Protestations sur les
travées du RPR.)
M. Alain Gournac.
Parce que vous, vous êtes sérieux !
M. Dominique Braye.
C'est vous qui n'êtes pas sérieux !
M. René Régnault.
... ce n'est pas responsable, ce n'est pas crédible.
Ce budget fictif, ce budget d'une majorité qui ne l'est plus, n'est pas celui
qu'ont souhaité les Français. Au contraire, il contient tous les ingrédients
qu'ils ont refusé : l'injustice fiscale et sociale, la baisse des salaires et
du pouvoir d'achat, la non-priorité à l'emploi.
C'est pourquoi, laissant la majorité sénatoriale à ses espoirs, à ses rêves et
à son idéologie...
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Mais non ! A son avenir !
M. René Régnault.
... je préfère maintenant regarder le vrai budget de la France, celui que
l'Assemblée nationale a adopté et qu'elle devrait adopter de nouveau dans
quelques jours.
Monsieur le secrétaire d'Etat, ce projet de loi de finances correspond à nos
attentes, pour plusieurs raisons que je souhaite souligner sans être
exhaustif.
La première raison, c'est qu'il permet d'accompagner la reprise de la
croissance durable et forte.
M. Dominique Braye.
On verra !
M. René Régnault.
On le voit déjà et on le verra ensemble !
(Protestations sur les travées du RPR et des Républicains et
Indépendants.)
La croissance se rétablit progressivement dans notre pays,
en grande partie grâce à l'action du Gouvernement.
M. Jean Chérioux.
C'est la méthode Coué !
M. René Régnault.
S'agissant de la méthode Coué, vous n'avez pas de leçon à nous donner ! Vous
savez la pratiquer !
En soutenant la demande par le transfert des cotisations sociales sur la CSG,
par le quadruplement de l'allocation de rentrée scolaire et, dans ce budget,
par l'instauration d'un crédit d'impôt pour la réhabilitation des logements, en
arrêtant la progression des prélèvements obligatoires, en aidant les PME
innovantes, le Gouvernement crée l'environnement dont notre économie a
besoin.
La deuxième raison de notre soutien, c'est que ce budget inscrit clairement
notre pays dans l'Europe, dans la monnaie unique
(M. Chérioux proteste)
en permettant de respecter le critère des 3 % de déficit. Vous avez su,
monsieur le secrétaire d'Etat, remettre la France en bonne position...
(Applaudissements sur les travées socialistes. - Vives protestations sur les
travées du RPR et des Républicains et Indépendants.)
Vous qui aviez promis de réduire l'impôt sur le revenu sans le financer, vous
n'avez pas de leçon à nous donner !
Vous avez su, dis-je, monsieur le secrétaire d'Etat, remettre la France en
bonne position sans recours aux artifices précédents et ce, notamment, par un
strict contrôle des dépenses publiques.
La troisième raison, c'est que c'est un budget porteur d'avenir.
(Protestations sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants et
de l'Union centriste.)
MM. Hilaire Flandre et Dominique Braye.
Quel avenir ?
M. René Régnault.
Dans ce cadre de rigueur, vous avez su, monsieur le secrétaire d'Etat, dégager
les moyens nécessaires à la construction de la société de demain : les crédits
pour l'emploi sont largement augmentés, notamment pour financer les mesures
nouvelles pour les trente-cinq heures et pour les emplois-jeunes ; ceux de
l'éducation, du logement, de la justice et de la culture ont progressé
sensiblement.
Enfin, quatrième raison, ce budget remet au coeur de l'action politique la
justice sociale. Je donnerai quelques exemples : il accroît fortement les
crédits pour le logement social ; il allège la taxe d'habitation pour les
Français les moins aisés ; il augmente l'allocation versée aux anciens
combattants d'Afrique du Nord ; il majore les retraites agricoles les plus
modestes ; enfin, et surtout, il entame une profonde réforme fiscale en
réduisant des avantages fiscaux coûteux et injustes.
M. Alain Gournac.
Demain, on rase gratis !
M. René Régnault.
Nous savons que cette réforme se poursuivra par la baisse de la TVA, la
réforme de la fiscalité du patrimoine, l'introduction d'une fiscalité
écologique, la réforme tant et tant attendue des finances locales et la réforme
de l'intercommunalité fondée sur la démocratie et la solidarité.
M. Hilaire Flandre.
Que ne les avez-vous pas réalisées dans les années quatre-vingt !
M. René Régnault.
Sachez, monsieur le secrétaire d'Etat, que le groupe socialiste du Sénat
entend participer à ces réformes et vous apporter son concours.
(Exclamations sur les travées du RPR et des Républicains et
Indépendants.)
Un sénateur du RPR.
Ce serait bien la première fois !
(Sourires.)
M. René Régnault.
En avançant dans ces directions, monsieur le secrétaire d'Etat, vous préparez
ainsi notre pays au prochain millénaire, en menant une politique qui concilie
l'efficacité économique et la solidarité.
(Exclamations sur les mêmes
travées.)
M. Alain Gournac.
Vous dégraissez le mammouth !
M. René Régnault.
Cela n'est d'ailleurs aucunement contradictoire. Au contraire de ce que
voudraient nous faire croire les libéraux, un pays n'est jamais aussi fort que
lorsqu'il sait mobiliser par le partage des droits et des devoirs toute son
énergie.
Vous avez donc répondu positivement à nos attentes, et surtout à celles qui
ont été exprimées par les Français au printemps dernier.
Nous soutenons donc votre action et, si nous avions pu, nous aurions voté
votre projet de budget.
(Rires sur les travées des Républicains et
Indépendants, du RPR et de l'Union centriste.)
Comme nous devons nous prononcer sur cette copie fictive à laquelle se sont
employés, pendant des semaines, nos collègues de la majorité sénatoriale, bien
entendu, nous ne voterons pas la proposition qui nous est soumise ici ce soir.
(Exclamations sur les travées des Républicains et Indépendants, du RPR et de
l'Union centriste.)
La proposition de la majorité sénatoriale, c'est le budget de l'échec, la
faillite de la France par rapport aux défis politique et historique qui
l'attendent.
M. Roland du Luart.
Vous ne manquez pas d'air !
M. René Régnault.
C'est la raison pour laquelle nous voterons résolument contre cette
proposition.
(Vifs applaudissements sur les travées socialistes, sur celles
du groupe communiste républicain et citoyen, ainsi que sur certaines travées du
RDSE. - Huées sur les travées des Républicains et Indépendants, du RPR et de
l'Union centriste).
M. le président.
La parole est à M. Cabanel.
M. Guy Cabanel.
Monsieur le président, monsieur le secrétaire d'Etat, mes chers collègues, je
ne parlerai que dix minutes seulement...
Un sénateur socialiste.
C'est beaucoup !
M. Guy Cabanel.
... car j'ai souhaité laisser cinq minutes au représentant des radicaux de
gauche de mon groupe, qui exprimera un point de vue différent. C'est le respect
de son expression comme le respect de la mienne que je vous demande.
M. René-Pierre Signé.
Vous êtes un groupe pluriel !
M. Guy Cabanel.
Effectivement !
L'heure est venue de juger le budget de la France. La difficulté, c'est que
nous avons l'impression qu'il y a deux budgets, ce qui explique d'ailleurs le
fait que je désire partager mon temps de parole.
M. René-Pierre Signé.
Il y en a un qui est sans valeur !
M. Guy Cabanel.
C'est votre jugement !
Il y a donc deux budgets, l'un présenté par le Gouvernement, l'autre modifié à
la suite des travaux de la commission des finances et adopté au fur et à mesure
des débats par la majorité sénatoriale.
M. René-Pierre Signé.
C'est celui-là qui n'est pas le bon !
M. Guy Cabanel.
Cependant, il ne faudrait pas pour autant trop troubler le peuple français,
car ce projet de loi de finances, amendé ou non, est établi dans un contexte
qui évolue favorablement pour la France.
M. Jean-Louis Carrère.
Bravo M. Jospin !
M. Guy Cabanel.
Je ne voudrais pas que notre débat d'aujourd'hui obscurcisse le jugement du
peuple français.
Ce contexte favorable est fondé sur une balance commerciale excédentaire, sur
un dollar à six francs et sur une croissance mondiale qui prend de l'ampleur,
malgré quelques troubles en Asie. La conjoncture européenne, légèrement en
retard dans ce mouvement général, s'améliore également. Nous avons donc
l'espoir d'une croissance soutenue en France pour l'année prochaine, et un
budget a été élaboré.
En ce qui concerne le projet de budget du Gouvernement, je dirai ce que j'en
pense et je le ferai avec mesure.
Le Gouvernement a choisi de limiter les dépenses publiques sans rigueur, tout
au moins sans rigueur excessive, de ne pas entraver la croissance économique,
sans pour autant créer les conditions d'une relance de l'investissement privé
lourd.
Le Gouvernement s'est également attaché à maîtriser les déficits publics et ce
serait malhonnête de ne pas le reconnaître dans cet hémicycle !
(Très bien !
et applaudissements sur les travées socialistes, ainsi que sur certaines
travées du RDSE.)
Le Gouvernement s'est aussi efforcé de stabiliser la dette qui,
malheureusement, demeure encore à un niveau qui la rend lourde de conséquences
sur l'économie française et sur les finances de la France.
M. René-Pierre Signé.
La dette avait dérapé !
M. Guy Cabanel.
Le projet de loi de finances initial suppose une relance de la consommation.
Toutefois, le Gouvernement a opéré des choix, qui sont mal perçus dans cet
hémicycle.
M. René Régnault.
Eh oui !
M. Guy Cabanel.
Ces choix sont le refus de la poursuite de la baisse de l'impôt sur le revenu
des personnes physiques pour 1998, accroissement de la fiscalité des
entreprises - cette disposition figure déjà dans les mesures d'urgence fiscales
et financières qui sont prises - et augmentation des prélèvements sur
l'épargne.
M. Christian Poncelet,
président de la commission des finances.
Eh oui !
M. Guy Cabanel.
Cependant, le projet de budget qui a été élaboré par le Gouvernement comme
celui qui a été amendé par le Sénat ont obéi à deux contraintes qui me
paraissent fondamentales et que je tiens à rappeler ici.
En premier lieu, il importait de satisfaire aux critères du traité sur l'Union
économique et monétaire. Tant le texte du Gouvernement que le projet de budget
amendé par la commission des finances ont pris en compte ces contraintes. On ne
peut que s'en réjouir ! L'entrée de notre pays dans l'euro constitue un
objectif fondamental, qu'il ne faudrait pas manquer !
La seconde contrainte est tout aussi incontournable : lutter contre le chômage
et soutenir l'emploi. Sur cette seconde contrainte, les appréciations sont
différentes : des divergences apparaissent entre le texte du Gouvernement et
celui du Sénat.
En effet, le Sénat croit non pas à la stimulation de l'emploi par des mesures
d'Etat ou des mesures autoritaires, mais à l'esprit d'entreprise : c'est
l'entreprise qui, logiquement, doit favoriser l'emploi, de sorte qu'à la
logique du Gouvernement s'oppose celle de la commission des finances.
Dans ces conditions, je suis conduit à faire un choix avec la majorité du
groupe du Rassemblement démocratique et social européen et, ce choix, je le
fais en faveur du texte amendé par la commission des finances.
(Bravo ! et applaudissements sur certaines travées du RDSE, ainsi que sur les
travées de l'Union centriste, du RPR et des Républicains et
Indépendants.)
M. René-Pierre Signé.
C'est un mauvais choix !
M. Guy Cabanel.
Je le fais tout en sachant que cela a été un exercice difficile...
M. René-Pierre Signé.
C'est une erreur !
M. Guy Cabanel.
... et certains diront peut-être un exercice sans lendemain.
(Exclamations sur les travées socialistes.)
Il faut tout de même respecter la logique de chacun !
M. René-Pierre Signé.
Pas quand on dit n'importe quoi !
M. Guy Cabanel.
Nous sommes là pour échanger des idées ! La démocratie exige le libre
débat.
M. Roland du Luart.
Ils aimaient mieux le régime soviétique !
M. Guy Cabanel.
Soyons raisonnables, écoutons-nous les uns les autres ! Je sais bien qu'il est
infiniment plus difficile de débattre après un bon repas !
M. Marcel Charmant.
Cela ne vous oblige pas à dire des contrevérités !
M. Guy Cabanel.
L'histoire de l'économie est marquée de grands combats entre des penseurs !
M. Ivan Renar.
Il n'y a pas de penseurs ici !
M. Guy Cabanel.
Nous n'allons pas trancher le débat ce soir entre John Maynard Keynes et
Milton Friedman, ni vous ni moi !
M. Marcel Charmant.
Vous ne pouvez pas imaginer ce que c'est que d'être minoritaires ici !
M. Guy Cabanel.
Il faudra bien choisir des mesures qui correspondent aux besoins de la
France...
(Exclamations sur les travées du groupe socialiste.)
La vie est dure ce
soir !
M. Marcel Charmant.
Il faut donner la priorité au social !
M. Guy Cabanel.
Les mesures proposées...
(Exclamations sur les mêmes travées.)
M. le président.
Terminez, monsieur Cabanel ! Ne dialoguez pas !
M. Guy Cabanel.
Je ne dialogue pas, je m'efforce d'achever mon intervention !
Les mesures proposées par la commission me paraissent satisfaisantes pour
exprimer l'esprit de la libre entreprise.
M. René-Pierre Signé.
Non !
M. Guy Cabanel.
Je sais que cet effort a été difficile. Je sais que le budget de la défense a
été rejeté pour des raisons qui n'ont pas de rapport avec les principes
financiers immédiats. Je sais que certains budgets ont été minorés...
M. René-Pierre Signé.
Honteusement !
M. Guy Cabanel.
... dans leurs crédits de fonctionnement. Je sais que d'autres budgets ont été
votés. Moi-même, j'ai fait voter le budget de la santé, le budget du ministère
de l'intérieur et je ne suis pas gêné de l'avoir fait. Cependant, il existe,
dans l'ensemble, une opposition doctrinale. Pour ma part, mon choix est fait,
c'est le choix de mes amis qui constituent la majorité du groupe du RDSE, à
savoir le texte voté par le Sénat et amendé par la commission des finances.
M. Christian Poncelet,
président de la commission des finances.
Très bien !
M. Guy Cabanel.
Pour conclure, je souhaiterais, monsieur le secrétaire d'Etat, quel que soit
le budget qui sera appliqué en 1998, que la croissance nous donne des marges de
manoeuvre et qu'elle vous donne la chance, peut-être l'année prochaine, de vous
engager dans la voie d'un allégement des charges fiscales et sociales qui
pèsent sur les entreprises.
Mme Marie-Claude Beaudeau.
Les trente-cinq heures !
M. Guy Cabanel.
Il y aura là une véritable création d'emplois
(Mmes Brisepierre et Olin applaudissent),
un changement de mentalité, un
retour à l'espérance des classes moyennes françaises et, peut-être, une vraie
santé économique.
(Applaudissements sur certaines travées du RDSE, ainsi que sur les travées du
RPR, de l'Union centriste et des Républicains et Indépendants.)
M. le président.
La parole est à Mme Luc.
(Ah ! sur les travées du RPR et des Républicains et Indépendants.)
Mme Hélène Luc.
Monsieur le président, monsieur le secrétaire d'Etat, mes chers collègues,
nous arrivons au terme de la discussion de ce premier projet de loi de finances
après le changement du 1er juin dernier. Il n'est pas inutile de rappeler, dans
cet hémicycle, que les Françaises et les Français ont voté pour censurer la
droite au pouvoir...
M. René-Pierre Signé.
Bravo !
Mme Hélène Luc.
... et une politique que, avec eux, nous avons combattue avec
détermination.
M. Roland du Luart.
Et avec l'aide du Front national !
Mme Hélène Luc.
Ce vote était marqué par une immense aspiration au changement. Notre peuple a
signifié un rejet sans appel du libéralisme, de l'austérité qu'il subit,
d'abord au nom de la crise puis au nom d'autres objectifs comme la réalisation
d'une Europe de la finance, au lieu d'une Europe de l'emploi, sociale, et
démocratique que nous voulons construire.
Sur de tels enjeux, comme sur celui des politiques économiques et financières,
le contrôle des peuples est primordial. Au sujet de l'euro, la consultation des
Français s'impose.
(Exclamations sur certaines travées du RPR et des Républicains et
Indépendants.)
Ces politiques libérales successives ont affaibli la France. Elles ont
engendré pauvreté, précarité et désespérance.
M. Josselin de Rohan.
C'était mieux sous Staline !
Mme Hélène Luc.
La déstructuration du patrimoine industriel, l'engagement des profits et des
fortunes dans la spéculation au détriment de l'investissement productif ont, en
effet, accru sans cesse le chômage, générant un gâchis humain sans
précédent.
Les Françaises et les Français n'en peuvent plus de cette insécutité de vie,
de cette inquiétude du lendemain, de cette inquiétude pour leur avenir et celui
de leurs enfants. Ils veulent pouvoir donner toute sa place à cette jeunesse
qui aspire à entrer de plain-pied dans la société, avec son intelligence, sa
motivation et son enthousiasme.
L'attitude de la majorité sénatoriale nous a donné l'impression, tout au long
de ce débat, que celle-ci vit dans une autre France, celle où M. Balladur ou M.
Juppé auraient encore été Premier ministre, comme vous l'avez dit, monsieur le
secrétaire d'Etat, celle où le Parlement aurait été dominé de manière quasi
absolue par les partis de droite.
La majorité sénatoriale reste sourde au verdict du suffrage universel et cela
pose aussi un problème pour le bon fonctionnement de nos institutions.
(Applaudissements sur les travées du groupe communiste républicain et
citoyen, ainsi que sur les travées socialistes. - Protestations sur les travées
du RPR, de l'Union centriste et des Républicains et Indépendants.)
M. Alain Gournac.
Bravo les communistes !
M. Jean-François Le Grand.
Ah ! C'est bien communiste !
M. Alain Joyandet.
Rappelez Staline !
Mme Hélène Luc.
Le mode de scrutin, qui favorise outrancièrement la droite au Sénat, réduit à
la portion congrue la possibilité donnée au peuple de se faire entendre dans
notre assemblée. Les sénateurs du groupe communiste républicain et citoyen ont
déposé deux propositions de loi pour améliorer l'adéquation du Sénat à la
réalité politique française et ils ont demandé qu'elles viennent immédiatement
en discussion.
M. Ivan Renar.
Très bien !
Mme Hélène Luc.
L'attitude de la majorité sénatoriale a été de prendre systématiquement à
contre-pied les choix du 1er juin, ce qui lui fait perdre toute crédibilité.
M. Alain Gournac.
On verra !
Mme Hélène Luc.
S'agissant de la première partie du projet de budget, celle qui est relative
aux recettes, les principaux amendements qui ont été adoptés parlent
d'eux-mêmes : suppression de la réduction d'impôt pour frais de scolarité,
allégement du barème de l'impôt de solidarité sur la fortune, redressement
substantiel du plafond de restitution de l'avoir fiscal, et bien d'autres
mesures du même type.
En clair, les limitations que le Gouvernement a commencé à mettre en oeuvre
contre la spéculation, les mesures tendant à ramener l'argent vers l'emploi et
à l'éloigner de la Bourse, toutes ces mesures ont été combattues pied à pied
par la droite sénatoriale.
Le seul point positif concerne la restauration de l'abattement dont
bénéficient certains salariés, notamment les journalistes et les artistes.
M. Jean-Marie Girault.
Démagogie !
M. René-Pierre Signé.
Vive la gauche !
Mme Hélène Luc.
Rappelons tout de même que, devant la mobilisation des salariés, la commission
des finances a dû prendre en compte le caractère injuste de cette disposition.
Un accord doit être trouvé rapidement avec ces professions.
La première partie a donc été marquée par une protection systématique des
revenus spéculatifs et par cette mesure que je considère inacceptable et qui
vise à maintenir les provisions sur licenciement.
Croyez-vous, monsieur le rapporteur général du budget, que l'on facilitera la
création d'emplois en encourageant les licenciements ?
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Cela n'a rien à voir !
Mme Hélène Luc.
L'examen de la deuxième partie du projet de budget a sans doute été plus
édifiant encore quant au décalage entre la volonté des citoyens et les choix de
la droite sénatoriale. Adeptes du dogme libéral, votre objectif était de
réduire à tout prix le déficit public. Nous sommes, bien entendu, pour une
gestion équilibrée des finances publiques.
(Exclamations sur les travées du
RPR et des Républicains et Indépendants.)
M. Josselin de Rohan.
C'est nouveau !
Mme Hélène Luc.
Cela peut se faire par la mise à niveau des recettes en prenant l'argent là où
il est
(Nouvelles exclamations sur les mêmes travées),
chez les
spéculateurs et les grands patrons,...
M. Henri de Raincourt.
C'est nouveau !
(Sourires.)
Mme Hélène Luc.
... et non, comme vous le faites, en réduisant toujours plus les dépenses
publiques utiles comme celles qui concernent l'emploi, la formation, la santé
et le service public.
Ainsi, de façon systématique, exception faite pour quelques budgets
(Ah !
sur les travées du RPR et des Républicains et Indépendants),
vous avez
effectué des coupes claires sur de nombreux crédits qui sont pourtant
essentiels pour la nation. C'est ainsi que le budget de l'éducation nationale
affiche une diminution de 2,1 milliards de francs au titre de l'enseignement
scolaire et de 1 milliard de francs pour l'enseignement supérieur.
Comment peut-on laisser faire, alors que la qualité du système éducatif pour
lutter contre l'échec scolaire, les exclusions et les violences insupportables,
pour préparer la France au pari de l'intelligence du xxie siècle, exige tant de
l'éducation nationale, qui a un rôle de pivot dans le redressement de notre
société ?
(M. Carrère applaudit.)
Comment pouvez-vous justifier vos propos, monsieur le rapporteur général,
lorsque vous déclarez qu'il s'agit de diminuer d'un tiers le nombre de postes
ouverts aux différents concours de recrutement des personnels enseignants, de
réduire l'effectif des personnels de l'administration centrale
(M. Carrère
applaudit à nouveau),
de diminuer les rémunérations et de réaliser des
économies sur les heures supplémentaires ?
M. Roland du Luart.
C'est faux !
Mme Hélène Luc.
Mais dans quel monde la droite sénatoriale vit-elle pour décider de réduire
les crédits consacés à l'emploi de 6 milliards de francs dont 1 milliard de
francs sur les emplois-jeunes.
M. Marini, rapporteur spécial, indiquait tranquillement que le levier le plus
important de la lutte contre le chômage est constitué par une réduction des
dépenses publiques.
(Exclamations sur les travées du RPR.)
M. Josselin de Rohan.
Mais oui !
M. Henri de Raincourt.
C'est évident ! Il n'y a que vous qui ne le comprenez pas !
Mme Hélène Luc.
Ainsi, 1 milliard de francs sur les crédits consacrés aux emplois-jeunes
seraient supprimés si les vues de la majorité sénatoriale l'emportaient. Je
veux témoigner de la duplicité des élus de la majorité
(Protestations sur
les travées de l'Union centriste, du RPR et des Républicains et
Indépendants)
qui, au Parlement, rejettent les emplois-jeunes et suppriment les crédits
alors que, sur le terrain, - j'en ai eu la preuve à Choisy-le-Roi - ils disent
qu'il n'y en a pas assez !
M. Ivan Renar.
C'est vrai !
M. Josselin de Rohan.
La droite est au pouvoir à Choisy-le-Roi ?
(Rires sur les travées du RPR.)
Mme Hélène Luc.
Alors qu'il y a là un appel d'air pour les jeunes, l'espoir de pouvoir enfin
commencer à construire un projet de vie pour de nombreux jeunes, les élus de
droite ont recours à la démagogie et au double langage.
(Applaudissements
sur les travées du groupe communiste républicain et citoyen ainsi que sur les
travées socialistes. - Protestations et sourires sur les travées du RPR, de
l'Union centriste et des Républicains et Indépendants.)
Vous ne devriez pas rire, messieurs, c'est un problème trop important pour les
jeunes. Je ne supporte pas que vous riiez à cette occasion.
(Nouvelles
protestations sur les mêmes travées.)
M. Dominique Braye.
Nous, nous ne supportons pas la démagogie !
Mme Hélène Luc.
Quand vous êtes devant les jeunes, vous ne faites pas cela !
Sur qui comptez-vous donc, monsieur le rapporteur général, pour redresser la
France ?
M. Alain Gournac.
Pas sur les communistes !
Mme Hélène Luc.
Sur les spéculateurs, sur un patronat qui a trop souvent choisi de délocaliser
pour augmenter ses profits ? Nous considérons que c'est bien la collectivité
publique qui peut donner le signal de la lutte contre le chômage, impulser,
investir dans l'emploi,...
M. Hilaire Flandre.
On l'a vu à l'Est !
Mme Hélène Luc.
... et le CNPF serait bien inspiré d'en faire autant, plutôt que de mener des
combats politiciens qui n'ont rien à voir avec le développement des entreprises
et leurs salariés.
Dans quel monde la majorité sénatoriale vit-elle lorsqu'elle décide de réduire
le budget de la solidarité,...
M. Alain Gournac.
Dans celui de l'économie !
Mme Hélène Luc.
... de la santé et de la ville à hauteur de 1,3 milliard de francs,...
M. René-Pierre Signé.
C'est de l'affichage !
Mme Hélène Luc.
... ou quand elle réduit le budget affecté aux départements et territoires
d'outre-mer de 40,3 millions de francs
(M. le secrétaire d'Etat fait un
signe d'assentiment)
alors que, comme l'a rappelé M. Paul Vergès, la situation est si critique dans
ces départements et territoires ?
Remise en cause de la revalorisation salariale des fonctionnaires avec 3
milliards de francs, suppression de 3 milliards de francs pour le financement
des trente-cinq heures, réduction de 2 milliards de francs des crédits affectés
à l'épargne logement et de 500 millions de francs pour l'accession à la
propriété, réduction des crédits pour les logements sociaux des fonctionnaires
- mais exonération de la CSG pour les stock options ! - la liste des mesures
d'austérité est bien longue.
M. Raymond Courrière.
C'est social !
M. Roland du Luart.
Dans deux mois, vous allez voir les coupes dans les crédits !
Mme Hélène Luc.
Ces réductions sont d'autant plus insupportables qu'elles s'appliquent à un
projet de loi de finances, présenté par le Gouvernement de la gauche
plurielle,
(Ah ! sur les travées du RPR et des Républicains et Indépendants)
qui
s'inscrit, hélas ! dans le carcan des critères de Maastricht
(Nouvelles exclamations sur les mêmes travées)
et qui - écoutez bien,
messieurs ! - encore marqué par la gestion passée, est un budget de transition,
comme vous l'avez vous-même qualifié, monsieur le secrétaire d'Etat, et
d'inflexion sociale.
M. Alain Joyandet.
Le prochain budget sera plus à gauche !
M. Gérard Larcher.
Oui, on verra !
Mme Hélène Luc.
Les députés communistes ont voté ce budget. Nous aurions fait de même au Sénat
si la majorité ne l'avait complètement dénaturé,...
M. René Régnault.
Eh oui !
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Amélioré !
Mme Hélène Luc.
... car il reflète - c'est la nature même d'une loi de finances - la politique
qui est développée à l'heure actuelle dans notre pays. Il permet, par là même,
de présenter des évolutions positives dans le cadre d'un certain nombre de
fascicules budgétaires de la deuxième partie venant conforter les mesures
positives de la rentrée en matière sociale.
Nous sommes donc au départ de chantiers nouveaux et ambitieux, et un immense
travail, que nous voulons réussir avec le Gouvernement, reste à accomplir pour
permettre la réussite du changement. Mais il faut des résultats concrets, et
vite, comme pour les emplois-jeunes, les trente-cinq heures qui doivent se
conjuguer avec la croissance et une relance économique forte, condition
incontournable pour éradiquer le fléau qu'est le chômage.
Monsieur le secrétaire d'Etat, je ne reprendrai pas les propos de mon amie
Marie-Claude Beaudeau, qui avait fort bien expliqué notre vote sur la première
partie. Je regrette, je le dis franchement, que certains de nos amendements
n'aient pas été acceptés par le Gouvernement,
(Exclamations sur certaines travées du RPR)...
M. Josselin de Rohan.
Cela viendra sûrement !
M. Christian Poncelet,
président de la commission des finances.
Cela va venir !
Mme Hélène Luc.
... mais cela viendra.
Des signes de changement auraient pu être adressés en ce qui concerne l'impôt
de solidarité sur la fortune, comme nous l'avons demandé.
Une réflexion sur la fiscalité du patrimoine est décidée ; nous en prenons
acte. En effet, pouvons-nous accepter la situation indécente d'un
Pineau-Valencienne, grand patron, qui détient la neuvième fortune de France
avec 12 milliards de francs, l'une des plus importantes du monde...
M. Roland du Luart.
Vous vous trompez ! Ce n'est pas M. Pineau-Valencienne !
Mme Hélène Luc.
... et qui a échappé l'an dernier à l'impôt de solidarité sur la fortune,
(Exclamations sur les travées du RPR et des Républicains et
Indépendants)...
M. Roland du Luart.
Il va vous demander des dommages-intérêts !
M. Jean Chérioux.
Et Tapie ?
Mme Hélène Luc.
Cela ne vous plaît pas, c'est clair !
Pouvons-nous l'accepter, alors que les Restaurants du Coeur ouvrent leurs
portes pour accueillir les nombreux citoyens qui n'ont plus, ou ont à peine, le
minimum pour se nourrir et nourrir leur famille ?
(Exclamations et sourires sur les mêmes travées.)
Il est indécent,
messieurs, de rire quand je parle des Restaurants du Coeur !
(Applaudissements sur les travées du groupe communiste républicain et citoyen,
ainsi que sur les travées socialistes.)
Nous avons proposé aussi, notamment par la voix de mon ami Paul Loridant,
des mesures tendant à rééquilibrer la fiscalité locale en accentuant
l'efficacité de la taxe professionnelle.
Nous avons noté avec intérêt, monsieur le secrétaire d'Etat, votre volonté
d'engager rapidement une réflexion sur la globalité de la fiscalité locale,
d'une part, et un débat sur les politiques économiques et financières, d'autre
part.
M. Dominique Braye.
Réfléchissons... Réfléchissons...
Mme Hélène Luc.
Il y a urgence, car les collectivités locales craquent sous les effets de la
crise et les populations ne peuvent pas être sollicitées plus encore par
l'impôt local.
Toutes ces propositions, la majorité sénatoriale les a rejetées. Nous
espérons, en revanche, que le Gouvernement, qui ne pouvait pas, en quelques
mois, renverser totalement la vapeur,...
M. Charles Descours.
Ce n'est pas de la voile !
Mme Hélène Luc.
... saura étudier nos propositions et les intégrer dans son prochain
budget.
Nous attendons de lui qu'il accélère la politique engagée pour ramener
l'économie au service de l'homme, pour donner le souffle du renouveau,...
M. Charles Descours.
Le souffle dans les voiles, c'est bon !
Mme Hélène Luc.
... du progrès social dont notre pays a tant besoin.
La majorité sénatoriale, elle, par le vote de son contre-budget, a montré
qu'elle n'avait cure de la volonté du peuple.
D'évidence,...
M. le président.
Je vous prie de bien vouloir conclure, madame Luc.
Mme Hélène Luc.
Je termine, monsieur le président.
D'évidence, il est plus facile pour vous de faire adopter des mesures
financières aussi rétrogrades en restant arc-boutés sur le dogme de la pensée
unique que d'aller vous expliquer, dans les semaines qui viennent, là où la
France souffre,...
M. Charles Descours.
Vous allez faire l'euro !
Mme Hélène Luc.
... là où la France attend le changement,...
M. Pierre Fauchon.
Quel culot !
Mme Hélène Luc.
... là où la France s'engage pour la réussite et pour son avenir.
Nous voterons donc résolument contre le projet de budget modifié par la droite
sénatoriale.
Je voudrais dire aux fonctionnaires du Sénat combien toutes les sénatrices et
les sénateurs de notre groupe ont apprécié une fois de plus leur compétence,
leur travail et - pourquoi ne pas le dire ? - leur gentillesse. Qu'ils en
soient remerciés très chaleureusement.
(Applaudissements sur les travées du
groupe communiste républicain et citoyen et sur les travées socialistes. - Sur
certaines travées du RPR et des Républicains et Indépendants, on fredonne le
début de l'Internationale.
)
M. le président.
La parole est à M. Collin.
M. Yvon Collin.
Monsieur le président, monsieur le secrétaire d'Etat, mes chers collègues, au
terme de débats qui n'ont pas toujours été faciles, qui ont été souvent animés,
mais qui se sont malgré tout déroulés dans un climat de respect et de
courtoisie, notamment au sein de la commission des finances, sous l'autorité
bienveillante et conviviale de son président, M. Christian Poncelet,...
M. Jean-Pierre Camoin.
Allez au fait !
M. Yvon Collin.
... nous allons devoir maintenant nous prononcer sur l'ensemble du projet de
loi de finances pour 1998.
Exercice rituel, le vote d'un texte de loi n'est pourtant plus aussi simple
quand la conjoncture politique offre deux chambres parlementaires dont la
majorité de l'une soutient le Gouvernement alors que la majorité de l'autre se
trouve plutôt en état d'opposition - c'est un euphémisme !
M. Charles Descours.
Il y a un groupe qui est dans le même cas !
M. Yvon Collin.
Le choix des radicaux, au nom desquels je m'exprime,...
M. Guy Cabanel.
Des radicaux de gauche !
M. Yvon Collin.
... est de rejeter le texte tel qu'il a été modifié par la majorité
sénatoriale.
(Applaudissements sur certaines travées du RDSE, sur les
travées socialistes, ainsi que sur les travées du groupe communiste républicain
et citoyen.)
Initialement, bien entendu, nous l'approuvions, car le projet de loi de
finances présenté par le Gouvernement avait, à notre avis, plusieurs
qualités.
M. Christian Poncelet,
président de la commission des finances.
Ah !
M. Yvon Collin.
Tout d'abord, il était sincère. En effet, ce projet de budget, contrairement
aux précédents projets de loi de finances, a été élaboré sans artifices
comptables.
(Applaudissements sur les travées socialistes. - Protestations
sur les travées des Républicains et Indépendants, du RPR et de l'Union
centriste.)
Ensuite, il a été bâti dans le respect des engagements européens sans pour
autant imposer la rigueur.
Cette seconde performance méritait d'être soulignée à sa juste valeur.
Enfin, les priorités déterminées par le Gouvernement répondaient parfaitement
aux difficultés rencontrées par notre pays. En mettant l'emploi et la
solidarité au coeur des préoccupations budgétaires, on offrait des perspectives
d'espoir à tous ceux qui se trouvent en marge de notre société.
Le projet de loi de finances pour 1998, sans avoir la prétention de régler
tous les maux dont souffre la France, avait toutefois l'ambition de permettre
la construction d'une société plus moderne, plus juste et plus solidaire.
Que reste-t-il de ces intentions ?
M. Dominique Braye.
Rien !
M. Yvon Collin.
Après les nombreux amendements adoptés par la Haute Assemblée, il en ressort
un texte qui ne correspond plus aux objectifs initialement fixés.
M. Alain Gournac.
Heureusement !
M. Yvon Collin.
Mes chers collègues, grâce à votre talent ou plutôt à cause de votre talent -
il faut bien le reconnaître - nous avons emprunté la machine à remonter le
temps.
(Très bien ! sur les travées socialistes.)
Le projet de loi de
finances pour 1998 ressemble, à ce stade des débats, et dans certains de ses
aspects, à ce que l'on a connu l'année dernière, ...
M. Roland Courteau.
Très bien !
M. Yvon Collin.
... et ce n'est pas si loin que cela !
Les profondes modifications, telles que la baisse de l'impôt sur le revenu, la
baisse du barème de l'impôt sur les sociétés, le rétablissement de la
déductibilité pour indemnité de licenciement sur le bénéfice des sociétés, ou
encore le maintien de la réduction d'impôt pour les emplois à domicile,
contrarient le principe de justice fiscale qui guidait le texte d'origine.
Ensuite, s'agissant des dépenses, le Gouvernement avait opéré de savants
redéploiements afin de contenir le déficit budgétaire à 3 %, tout en créant de
nouvelles impulsions. Le Sénat a sérieusement inversé l'ordre des priorités en
abondant certains secteurs qui étaient à juste titre soumis à de légères
restrictions.
Inversement, une majorité d'entre vous, mes chers collègues, a jugé bon de
réduire les crédits de budgets aussi fondamentaux que le budget de l'éducation
nationale ou le budget de la solidarité, de la santé et de la ville.
Dans ces conditions, vous aurez compris que mes collègues radicaux...
M. Guy Cabanel.
De gauche !
M. Yvon Collin.
... et moi-même voterons contre ce texte. Nous sommes en effet contraints de
rejeter un projet de loi de finances ainsi dépouillé de ses ambitions.
(Applaudissements sur certaines travées du RDSE, sur les travées
socialistes, ainsi que sur les travées du groupe communiste républicain et
citoyen.)
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Charles Descours.
Et M. Strauss-Kahn ?
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Monsieur le président, mesdames, messieurs les
sénateurs, j'ai eu l'honneur de participer à vingt jours de débat grave et
passionnant qui s'achèvent en un débat aigu et passionné.
MM. René-Georges Laurin et Henri de Raincourt.
Où est le ministre des finances ?
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Je dois dire que, ce soir, la sagesse du président de
la commission des finances, M. Christian Poncelet, la cohérence du rapporteur
général, M. Alain Lambert, sont des bienfaits qui me semblent inégalement
contagieux.
(Exclamations sur les travées du RPR.)
Ce qui me paraît important, au terme de ce véritable débat, c'est que les
citoyens qui nous regardent, qui nous écoutent et qui nous liront auront en
main deux projets de budget : d'un côté, un projet de budget du Gouvernement,
sur lequel je reviendrai rapidement et auquel la majorité sénatoriale fait un
mauvais procès
(Protestations sur les travées du RPR),
et, de l'autre,
un contre-budget,...
M. Alain Gournac.
Un bon budget !
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
... qui a pu être mis au point grâce au dynamisme de
la commission des finances. Mais ce contre-budget est dur aux faibles, il est
inspiré d'exemples étrangers...
Mme Nelly Olin.
Ah non !
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
... qui n'ont pas toujours été des références pour
notre pays.
Il y a donc deux projets de budget, deux projets de société : nous sommes bien
en démocratie. Il est dommage que les élections qui auraient dû se dérouler en
mars 1998 aient eu lieu une année plus tôt,...
M. Dominique Braye.
Vous le reconnaissez : c'est dommage !
M. Alain Gournac.
C'est dommage pour la France !
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
... car les citoyens auraient été éclairés.
Je voudrais tout d'abord répondre rapidement à M. Vinçon. Comme l'a très bien
dit M. Cabanel, notre pays bénéficiera l'an prochain d'une croissance de 3 %,
perspective qui reste raisonnable.
Certes, il y a des orages en Asie, mais il y a, à l'intérieur de notre pays, à
l'intérieur de l'Europe continentale, des ferments de croissance, un
redémarrage de la consommation dont témoignent de nombreux indicateurs. Lorsque
la consommation, en Allemagne, en France et au Benelux aura redémarré,
l'investissement suivra ; l'Europe continentale - nous devons tous nous en
réjouir - vivra à nouveau une période de croissance dynamique dont elle avait
perdu le secret entre 1991 et 1997.
M. Alain Gournac.
On verra !
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Oui, nous verrons...
Le Gouvernement est accusé de dépenser plus.
M. Dominique Braye.
C'est vrai !
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Qui a doublé les aides à l'emploi entre 1992 et 1997 ?
Qui a accru les emplois publics de 3 % par an entre 1974 et 1981 ?
Le Gouvernement a limité les dépenses de l'Etat et, comme l'a dit M. Collin -
mais on en jugera
a posteriori
- le budget présenté par le Gouvernement
est un budget sans artifices. Vous verrez que la progression des dépenses
limitée à l'inflation sera réalisée sans les surprises que nous avons eues au
mois de juillet après avoir confié un audit à deux personnalités
incontestables.
(Applaudissements sur les travées socialistes, ainsi que sur
certaines travées du groupe communiste républicain et citoyen. - Protestations
sur les travées des Républicains et Indépendants et du RPR.)
Vous nous accusez de taxer plus. Vous verrez, lorsque nous aurons l'occasion
d'examiner le collectif budgétaire, que les impôts, levés par la nouvelle
majorité uniquement sur les grandes entreprises et pas sur les ménages, comme
en 1995,...
M. Jean Chérioux.
Et les veuves ?
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
... sont venus simplement se substituer à des recettes
qui manquaient par rapport aux prévisions de 1997.
Rappelons-nous que, en 1995, 140 milliards de francs d'impôts supplémentaires
avaient frappé principalement les familles, arrêtant nette la progression de la
consommation. Selon l'INSEE, les Français ont connu une baisse de revenus de
1,3 % en 1996. Nous verrons l'an prochain que les Français garderont leur gain
de revenu réel.
(Très bien ! et applaudissements sur les travées
socialistes.)
M. Josselin de Rohan.
Vous racontez des inexactitudes !
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Nous aurons l'occasion d'en reparler, monsieur le
sénateur !
Le projet que vous nous proposez est inspiré par un dogmatisme du « dépenser
moins », alors que notre objectif est de « dépenser mieux ».
(Protestations
sur les travées des Républicains et Indépendants, du RPR et de l'Union
centriste.)
MM. Dominique Braye et Alain Gournac.
Plus !
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
M. Régnault et Mme Luc ont bien montré que vous avez
fait des coupes graves : vous avez retiré 9 milliards de francs au soutien à
l'emploi, au soutien aux emplois-jeunes, au soutien aux chômeurs de longue
durée, au fonctionnement du service public de l'emploi. Vous avez retiré 2
milliards de francs à la recherche et à l'éducation nationale,...
M. Dominique Braye.
Il faut dégraisser le mammouth !
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
... alors que les Etats-Unis, qui sont vos
inspirateurs, réalisent des investissements de plus en plus importants en
matière de recherche et d'éducation. Vous avez retiré 1 milliard de francs aux
dépenses sociales qui touchent les plus faibles.
M. Josselin de Rohan.
Et la défense ?
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Je ne citerai pas les Restaurants du Coeur, mais je
trouve qu'il est grave d'avoir frappé en cet hiver de telles catégories
sociales !
(Applaudissements sur les travées socialistes et du groupe communiste
républicain et citoyen, ainsi que sur certaines travées du RDSE. -
Protestations sur les travées des Républicains et Indépendants, du RPR et de
l'Union centriste.)
M. Josselin de Rohan.
Et la défense ?
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Quant à la fiscalité, nous avons fait un effort,...
M. Charles Descours.
Non !
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
... et nous le poursuivrons pour supprimer un certain
nombre d'avantages fiscaux exagérés.
Je prendrai deux exemples seulement : la famille
(Vives exclamations sur les travées des Républicains et Indépendants, du RPR
et de l'Union centriste.)
Attendez que j'en parle !
M. Dominique Braye.
Vous l'avez assassinée !
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Je parle de la famille ! A ma gauche, une mesure...
M. Charles Descours.
Le parti communiste est contre !
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
... qui touche 60 000 familles.
M. Charles Descours.
Mais non, ce n'est pas vrai !
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Je parle de toute la gauche !
Soixante mille familles sont touchées par la réduction de moitié des aides
abusives aux emplois à domicile. A ma droite, vous avez supprimé vous-mêmes les
crédits d'impôt de 400 francs par enfant au collège, de 800 francs par enfant
au lycée.
(Protestations sur les travées du RPR.)
M. Dominique Braye.
Démago !
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Si, vous l'avez fait ! Vous avez supprimé le crédit
d'impôt de 1 200 francs accordé par étudiant !
(Applaudissements sur les
travées socialistes, ainsi que sur certaines travées du groupe communiste
républicain et citoyen et du RDSE.)
Vous avez touché 2 300 000 familles
!
Par conséquent, le nombre de familles touchées est de 60 000, d'un côté, et de
2 300 000, de l'autre !
Prenons un autre exemple : la baisse de l'impôt sur le revenu, à laquelle vous
êtes attaché,...
M. Philippe François.
Oui !
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
... avantage les contribuables les plus élevés. Ainsi,
1 % des redevables bénéficieraient de 15 % des avantages de la baisse de
l'impôt sur le revenu. Je pense donc que la justice fiscale est de notre côté.
(Très bien ! et applaudissements sur les travées socialistes, ainsi que sur
certaines travées du groupe communiste républicain et citoyen et du
RDSE.)
Maintenant, sans vouloir trop prolonger le débat, je voudrais dire un mot de
l'avenir, et tout d'abord de l'avenir immédiat.
M. Poncelet, avec sa grande sagacité, m'a dit que j'allais faire comme mon
prédécesseur, c'est-à-dire que, le 15 janvier, j'allais réviser à la baisse les
recettes fiscales - le 15 janvier 1997, c'est vrai, les recettes fiscales que
vous aviez votées, messieurs, ont été estimées à la baisse par les techniciens
de quinze milliards de francs - et que j'allais prendre un arrêté d'annulation
de dix milliards de francs au mois de mars.
Eh bien ! monsieur Poncelet, nous ferons moins mal que nos prédécesseurs,
(Protestations sur les travées des Républicains et Indépendants, du RPR et
de l'Union centriste, ainsi que sur certaines travées du RDSE),
ce qui,
j'en suis d'accord n'est pas une performance.
Vous êtes, messieurs, orfèvres pour juger nos prédécesseurs !
Comme nous avons calculé les impôts au plus juste, comme nous n'avons pas
dissimulé les dépenses sous le moquette
(Protestations sur les mêmes
travées)
- je vous signale que vous aurez à voter le financement de la «
jupette » dans le collectif de 1997, car il n'était pas prévu dans le projet de
loi de finances initial - comme nous avons fait un budget sincère, nous
n'aurons pas à faire des corrections dès que le Parlement souverain se sera
prononcé.
(Applaudissements sur les travées socialistes.)
Mais ce n'est
pas le plus important.
Le plus important, c'est l'Europe, dont très peu d'orateurs ont parlé.
M. Charles Descours.
Si, les communistes !
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
L'Europe est une perspective importante,...
M. Charles Descours.
Oui !
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
... une Europe dynamique,...
M. Charles Descours.
Oui !
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
... une Europe équilibrée.
M. Charles Descours.
Oui !
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
C'est grâce aux décisions que nous avons prises en
1997 que nous sommes aujourd'hui dans la perspective de l'euro, alors que nous
en étions éloignés cet été.
(Protestations sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants et de
l'Union centriste.)
Nous croyons à l'Europe, nous croyons à une Europe rééquilibrée...
(Protestations sur les mêmes travées),
nous croyons à la priorité de
l'emploi.
Le recul du chômage dans notre pays se fera de trois façons.
M. Charles Ceccaldi-Raynaud.
Il ne se fera jamais tant que vous serez là !
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Le chômage reculera, d'abord grâce à la croissance. Si
la croissance est de 3 % l'an prochain, 200 000 emplois seront créés par les
entreprises. Nous y comptons.
S'y ajoutent deux dispositifs qui enrichissent le contenu de la croissance.
Un sénateur du RPR.
Vous pouvez toujours compter dessus !
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Le premier, c'est les emplois-jeunes, dont vous avez
réduit les crédits, alors que les collectivités locales, heureusement ! se
décident rapidement. On fera les comptes dans les mois qui viennent de ceux qui
ont joué le jeu des emplois-jeunes et de ceux qui ont fermé la porte aux jeunes
!
(Applaudissements sur les travées socialistes, sur celles du groupe communiste
républicain et citoyen et sur certaines travées du RDSE.)
Le deuxième dispositif, c'est la réduction de la durée du travail, à
propos de laquelle vous agitez des épouvantails. Vous verrez, demain, que la
réduction de la durée du travail que nous proposons sera organisée dans
l'entreprise par la négociation et qu'elle débouchera sur l'emploi, avec l'aide
de l'Etat.
(Protestations sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants et de
l'Union centriste.)
Je terminerai,
(Ah ! sur les mêmes travées) -
je vous donne au moins satisfaction sur ce
point - en disant que nous croyons à l'emploi et que nous croyons que ceux qui
sont au bord de la route doivent avoir une deuxième chance.
(Brouhaha sur les travées du RPR.)
M. le président.
Je vous en prie, mes chers collègues, laissez M. le secrétaire d'Etat en
terminer.
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Nous croyons que l'éducation, c'est important ; nous
croyons que les emplois jeunes, c'est important ; nous croyons que les
dispositifs que vous avez votés pour les chômeurs de longue durée doivent être
préservés, et non pas écornés comme vous l'avez fait.
Un sénateur du RPR.
Vous croyez au Père Noël !
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
En conclusion, il y a deux projets de budget et deux
projets de société : il y a, d'un côté, le laisser-faire et la nonchalance et,
de l'autre, la volonté de croissance solidaire.
Notre budget est une étape, et nous continuerons.
Pour terminer sur une note consensuelle,...
M. Charles Descours.
Tony Blair !
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
... je veux, à mon tour, adresser des
remerciements.
Je remercie M. le président et MM. les vice-présidents du Sénat pour la façon
dont ils ont organisé et maîtrisé des débats qui, sauf exception, ont toujours
été d'une très grande courtoisie et d'une très grande richesse.
M. Pierre Biarnès.
Joyeux Noël et bonne année !
(Rires et applaudissements.)
M. Alain Joyandet.
C'est Coluche !
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Je veux remercier aussi M. le président de la
commission des finances et M. le rapporteur général, qui ont fait en sorte que
nous ayons un véritable débat républicain.
Je veux remercier les sénateurs de la minorité comme de la majorité qui ont
participé activement au débat budgétaire ; ce faisant, ils ont participé à un
vrai débat républicain.
Je veux, enfin, remercier les collaborateurs et le personnel du Sénat ainsi
que la presse.
(Applaudissements sur les travées socialistes, sur les travées du groupe
communiste républicain et citoyen, ainsi que sur certaines travées du RDSE. -
Protestations sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants et de
l'Union centriste, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
M. le président.
Le Sénat va procéder au vote sur l'ensemble du projet de loi de finances pour
1998.
En application de l'article 59 du règlement, le scrutin public est de
droit.
Conformément à l'article 60
bis
du règlement, il va être procédé à un
scrutin public à la tribune, dans les conditions fixées par l'article 56
bis
du règlement.
Je vais tirer au sort la lettre par laquelle commencera l'appel nominal.
(Le sort désigne la lettre B.)
M. le président.
Le scrutin sera clos quelques instants après la fin de l'appel nominal.
Le scrutin est ouvert.
Huissiers, veuillez commencer l'appel nominal.
(L'appel nominal a lieu.)
M. le président.
Le premier appel nominal est terminé. Il va être procédé à un nouvel appel
nominal.
Le scrutin va rester ouvert encore quelques minutes pour permettre à ceux qui
n'ont pas répondu à l'appel nominal de venir voter.
Personne ne demande plus à voter ?...
Le scrutin est clos.
MM. les secrétaires vont procéder au dépouillement.
(Il est procédé au comptage des votes.)
M. le président.
Voici le résultat du dépouillement du scrutin n° 57 :
:
Nombre de votants | 317 |
Nombre de suffrages exprimés | 312 |
Majorité absolue des suffrages | 157 |
Pour l'adoption | 216 |
Contre | 96 |
6
NOMINATION DE MEMBRES
D'UNE COMMISSION MIXTE PARITAIRE
M. le président.
Monsieur le président du Sénat a reçu de M. le Premier ministre la demande de
constitution d'une commission mixte paritaire sur le texte que nous venons
d'adopter.
Il va être procédé immédiatement à la nomination de sept membres titulaires et
de sept membres suppléants de cette commission mixte paritaire.
La liste des candidats établie par la commission des finances, du contrôle
budgétaire et des comptes économiques de la nation a été affichée conformément
à l'article 12 du règlement.
Je n'ai reçu aucune opposition.
En conséquence, cette liste est ratifiée et je proclame représentants du Sénat
à cette commission mixte paritaire :
Titulaires : MM. Christian Poncelet, Alain Lambert, Henri Collard,
Jean-Philippe Lachenaud, Philippe Marini, René Régnault et Paul Loridant.
Suppléants : MM. Bernard Angels, Denis Badré, Joël Bourdin, Guy Cabanel,
Michel Charasse, Yann Gaillard et Joseph Ostermann.
7
NOMINATION
D'UN MEMBRE D'UNE COMMISSION
M. le président.
Je rappelle au Sénat que le groupe du Rassemblement pour la République a
présenté une candidature pour la commission des affaires culturelles.
Le délai prévu par l'article 8 du règlement est expiré.
La présidence n'a reçu aucune opposition.
En conséquence, je déclare cette candidature ratifiée et je proclame :
M. Bernard Fournier membre de la commission des affaires culturelles à la
place laissée vacante par M. François Mathieu, décédé.
8
DÉPO^T DE RAPPORTS
DU GOUVERNEMENT
M. le président.
M. le président a reçu de M. le Premier ministre :
- en application de l'article 20 de la loi n° 94-679 du 8 août 1994 portant
diverses dispositions d'ordre économique et financier le rapport sur la
situation économique et financière du secteur public ;
- en application de l'article 24 de la loi n° 93-923 du 19 juillet 1993 le
rapport annuel sur la mise en oeuvre des opérations de transfert au secteur
privé d'entreprises publiques, de cession de participations minoritaires de
l'Etat et d'ouverture du capital d'entreprises publiques.
Acte est donné du dépôt de ces rapports.
9
TRANSMISSION D'UN PROJET DE LOI
M. le président.
J'ai reçu, transmis par M. le Premier ministre, un projet de loi, adopté par
l'Assemblée nationale, après déclaration d'urgence, tendant à améliorer les
conditions d'exercice de la profession de transporteur routier.
Le projet de loi sera imprimé sous le numéro 161, distribué et renvoyé à la
commission des affaires économiques et du Plan, sous réserve de la constitution
éventuelle d'une commission spéciale dans les conditions prévues par le
règlement.
10
DÉPÔT D'UNE PROPOSITION
D'ACTE COMMUNAUTAIRE
M. le président.
J'ai reçu de M. le Premier ministre la proposition d'acte communautaire
suivante, soumise au Sénat par le Gouvernement, en application de l'article
88-4 de la Constitution :
- Proposition de règlement (CE) du Conseil modifiant le règlement (CE) n°
1808/95 du Conseil du 24 juillet 1995 portant ouverture et mode de gestion de
contingents tarifaires communautaires consolidés au GATT et de certains autres
contingents tarifaires communautaires pour certains produits agricoles,
industriels et de la pêche, et définissant les modalités d'amendement ou
d'adaptation desdits contingents.
Cette proposition d'acte communautaire sera imprimée sous le numéro E 980 et
distribuée.
11
ORDRE DU JOUR
M. le président.
Voici quel sera l'ordre du jour de la prochaine séance publique, précédemment
fixée au mercredi 10 décembre 1997, à quinze heures :
1. Discussion des conclusions du rapport (n° 83, 1997-1998) de M. Patrice
Gélard, fait au nom de la commission prévue par l'article 105 du règlement, sur
la proposition de résolution (n° 15, 1997-1998) de M. Michel Charasse tendant à
requérir la suspension des poursuites engagées contre M. Michel Charasse,
sénateur du Puy-de-Dôme.
2. Discussion du projet de loi (n° 382, 1996-1997) portant ratification de
l'accord-cadre de commerce et de coopération entre la Communauté européenne et
ses Etats membres, d'une part, et la République de Corée, d'autre part.
Rapport (n° 59, 1997-1998) de M. Hubert Durand-Chastel, fait au nom de la
commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées.
3. Discussion du projet de loi (n° 372, 1996-1997) autorisant la ratification
de la convention relative à l'aide alimentaire de 1995.
Rapport (n° 58, 1997-1998) de M. André Rouvière, fait au nom de la commission
des affaires étrangères, de la défense et des forces armées.
4. Discussion du projet de loi (n° 64, 1997-1998) autorisant l'approbation de
l'accord international de 1994 sur les bois tropicaux (ensemble deux
annexes).
Rapport (n° 149, 1997-1998) de M. Hubert Durand-Chastel, fait au nom de la
commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées.
5. Discussion du projet de loi (n° 76, 1997-1998) autorisant l'approbation de
la convention d'assistance administrative mutuelle entre le gouvernement de la
République française et le gouvernement de la République de Cuba pour la
prévention, la recherche et la poursuite des fraudes douanières.
Rapport (n° 146, 1997-1998) de M. Michel Alloncle, fait au nom de la
commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées.
6. Discussion du projet de loi (n° 77, 1997-1998) autorisant l'approbation de
la convention d'assistance administrative mutuelle en matière douanière entre
le gouvernement de la République française et le gouvernement de la République
de Pologne.
Rapport (n° 147, 1997-1998), de M. André Boyer, fait au nom de la commission
des affaires étrangères, de la défense et des forces armées.
7. Discussion du projet de loi (n° 78, 1997-1998) autorisant l'approbation de
la convention d'assistance administrative mutuelle entre le gouvernement de la
République française et le gouvernement de l'Ukraine pour la prévention, la
recherche et la poursuite des infractions douanières.
Rapport (n° 148, 1997-1998) de M. André Boyer, fait au nom de la commission
des affaires étrangères, de la défense et des forces armées.
8. Discussion du projet de loi (n° 104, 1997-1998), adopté par l'Assemblée
nationale, autorisant l'approbation de l'accord entre le gouvernement de la
République française et le gouvernement de la Fédération de Russie relatif au
règlement définitif des créances réciproques entre la France et la Russie
antérieures au 9 mai 1945 sous forme de memorandum d'accord et de l'accord
entre le gouvernement de la République française et le gouvernement de la
Fédération de Russie sur le règlement définitif des créances réciproques
financières et réelles apparues antérieurement au 9 mai 1945.
Rapport (n° 150, 1997-1998) de M. Claude Estier, fait au nom de la commission
des affaires étrangères, de la défense et des forces armées.
9. Discussion du projet de loi (n° 365, 1996-1997) autorisant l'approbation de
la convention sur la protection des enfants et la coopération en matière
d'adoption internationale.
Rapport (n° 151, 1997-1998) de Mme Monique Cerisier-ben Guiga, fait au nom de
la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées.
10. Discussion du projet de loi (n° 341, 1996-1997) autorisant l'approbation
de l'accord entre le gouvernement de la République française et le gouvernement
de la République du Kenya en vue d'éviter les doubles impositions en matière de
transport aérien en trafic international.
Rapport (n° 3, 1997-1998) de M. Jacques Chaumont, fait au nom de la commission
des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la
nation.
11. Discussion du projet de loi (n° 219, 1996-1997) autorisant l'approbation
de la convention entre le gouvernement de la République française et le
gouvernement de la République gabonaise en vue d'éviter les doubles impositions
et de prévenir l'évasion et la fraude fiscales.
Rapport (n° 2, 1997-1998) de M. Jacques Chaumont, fait au nom de la commission
des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la
nation.
Délais limites pour les inscriptions de parole
dans la discussion générale
et pour le dépôt des amendements
Proposition de loi, modifiée par l'Assemblée nationale, consacrant le
placement sous surveillance électronique comme modalité d'exécution des peines
privatives de liberté (n° 285, 1996-1997).
Délai limite pour les inscriptions de parole dans la discussion générale :
mercredi 10 décembre 1997, à dix-sept heures.
Délai limite pour le dépôt des amendements : mercredi 10 décembre 1997, à
dix-sept heures.
Conclusions de la commission des affaires économiques sur la proposition de
loi de M. Gérard César et plusieurs de ses collègues portant diverses mesures
urgentes relatives à l'agriculture (n° 155, 1997-1998).
Délai limite pour les inscriptions de parole dans la discussion générale :
mercredi 10 décembre 1997, à dix-sept heures.
Délai limite pour le dépôt des amendements : mercredi 10 décembre 1997, à
dix-sept heures.
Projet de loi de finances rectificative pour 1997, adopté par l'Assemblée
nationale (n° 156, 1997-1998).
Délai limite pour le dépôt des amendements : lundi 15 décembre 1997, à onze
heures.
Proposition de loi, adoptée par l'Assemblée nationale, relative au
fonctionnement des conseils régionaux (n° 27, 1997-1998).
Délai limite pour le dépôt des amendements : lundi 15 décembre 1997, à
dix-sept heures.
Projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale après déclaration d'urgence,
relatif à la nationalité (n° 145, 1997-1998).
Délai limite pour les inscriptions de parole dans la discussion générale :
mardi 16 décembre 1997, à dix-sept heures.
Délai limite pour le dépôt des amendements : mardi 16 décembre 1997, à
dix-sept heures.
Personne ne demande la parole ?...
La séance est levée.
(La séance est levée le mercredi 10 décembre 1997, à zéro heure
trente.)
Le Directeur
du service du compte rendu intégral,
DOMINIQUE PLANCHON
ORDRE DU JOUR
DES PROCHAINES SÉANCES DU SÉNAT
établi par le Sénat dans sa séance du mardi 9 décembre 1997
à la suite des conclusions de la conférence des présidents
Mercredi 10 décembre 1997,
à
15 heures :
1° Conclusions de la commission prévue par l'article 105 du règlement sur
la proposition de résolution tendant à requérir la suspension des poursuites
engagées contre M. Michel Charasse, sénateur du Puy-de-Dôme (n° 83, 1997-1998).
Ordre du jour prioritaire
2° Projet de loi portant ratification de l'accord-cadre de commerce et de
coopération entre la Communauté européenne et ses Etats membres, d'une part, et
la République de Corée, d'autre part (n° 382, 1996-1997).
3° Projet de loi autorisant la ratification de la convention relative à l'aide
alimentaire de 1995 (n° 372, 1996-1997).
4° Projet de loi autorisant l'approbation de l'accord international de 1994
sur les bois tropicaux (ensemble deux annexes) (n° 64, 1997-1998).
5° Projet de loi autorisant l'approbation de la convention d'assistance
administrative mutuelle entre le Gouvernement de la République française et le
Gouvernement de la République de Cuba pour la prévention, la recherche et la
poursuite des fraudes douanières (n° 76, 1997-1998).
6° Projet de loi autorisant l'approbation de la convention d'assistance
administrative mutuelle en matière douanière entre le Gouvernement de la
République française et le Gouvernement de la République de Pologne (n° 77,
1997-1998).
7° Projet de loi autorisant l'approbation de la convention d'assistance
administrative mutuelle entre le Gouvernement de la République française et le
Gouvernement de l'Ukraine pour la prévention, la recherche et la poursuite des
infractions douanières (n° 78, 1997-1998).
8° Projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale, autorisant l'approbation
de l'accord entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement
de la Fédération de Russie relatif au règlement définitif des créances
réciproques entre la France et la Russie antérieures au 9 mai 1945 sous forme
de mémorandum d'accord et de l'accord entre le Gouvernement de la République
française et le Gouvernement de la Fédération de Russie sur le règlement
définitif des créances réciproques financières et réelles apparues
antérieurement au 9 mai 1945 (n° 104, 1997-1998).
9° Projet de loi autorisant l'approbation de la convention sur la protection
des enfants et la coopération en matière d'adoption internationale (n° 365,
1996-1997).
10° Projet de loi autorisant l'approbation de l'accord entre le Gouvernement
de la République française et le Gouvernement de la République du Kenya en vue
d'éviter les doubles impositions en matière de transport aérien en trafic
international (n° 341, 1996-1997).
11° Projet de loi autorisant l'approbation de la convention entre le
Gouvernement de la République française et le Gouvernement de la République
gabonaise en vue d'éviter les doubles impositions et de prévenir l'évasion et
la fraude fiscales (n° 219, 1996-1997).
Jeudi 11 décembre 1997 :
Ordre du jour établi en application de l'article 48,
troisième alinéa, de la Constitution
A
9 h 30 :
1° Deuxième lecture de la proposition de loi, modifiée par l'Assemblée
nationale, consacrant le placement sous surveillance électronique comme
modalité d'exécution des peines privatives de liberté (n° 285, 1996-1997).
(La conférence des présidents a fixé :
- au mercredi 10 décembre 1997, à 17 heures, le délai limite pour le dépôt des
amendements à cette proposition de loi ;
- à une heure la durée globale du temps dont disposeront, dans la discussion
générale, les orateurs des divers groupes ou ne figurant sur la liste d'aucun
groupe.
L'ordre des interventions sera déterminé en fonction du tirage au sort auquel
il a été procédé au début de la session et les inscriptions de parole devront
être faites au service de la séance, avant 17 heures, le mercredi 10 décembre
1997.)
2° Conclusions de la commission des affaires économiques sur la proposition de
résolution de MM. Maurice Blin, Henri de Raincourt, Josselin de Rohan, Jean
François-Poncet et Gérard Larcher tendant à créer une commission d'enquête
chargée d'examiner le devenir des grands projets d'infrastructures terrestres
d'aménagement du territoire, dans une perspective de développement et
d'insertion dans l'Union européenne (n° 107, 1997-1998).
3° Conclusions de la commission des finances sur la proposition de résolution
de MM. Maurice Blin, Henri de Raincourt, Josselin de Rohan, Louis Souvet et
Jean Arthuis tendant à créer une commission d'enquête sur les conséquences pour
l'économie française de la réduction de la durée du travail à trente-cinq
heures hebdomadaires (n° 159, 1997-1998).
4° Conclusions de la commission des lois sur la proposition de résolution de
M. Henri de Raincourt, des membres du groupe des Républicains et Indépendants,
apparenté et rattachés administrativement tendant à créer une commission
d'enquête pour procéder à un examen approfondi des procédures en vigueur en
matière de régularisation des étrangers en situation irrégulière sur le
territoire français et pour en évaluer les conséquences économiques et
financières (n° 95, 1997-1998).
5° Conclusions de la commission des affaires économiques sur la proposition de
loi de M. Gérard César et plusieurs de ses collègues portant diverses mesures
urgentes relatives à l'agriculture (n° 155, 1997-1998).
(La conférence des présidents a fixé :
- au mercredi 10 décembre 1997, à 17 heures, le délai limite pour le dépôt des
amendements à ce texte ;
- à quatre heures la durée globale du temps dont disposeront, dans la
discussion générale, les orateurs des divers groupes ou ne figurant sur la
liste d'aucun groupe.
L'ordre des interventions sera déterminé en fonction du tirage au sort auquel
il a été procédé au début de la session et les inscriptions de parole devront
être faites au service de la séance, avant 17 heures, le mercredi 10 décembre
1997.)
A
15 heures :
6° Questions d'actualité au Gouvernement.
(L'inscription des auteurs de questions devra être effectuée au service de
la séance, avant 11 heures.)
7° Suite de l'ordre du jour du matin.
Lundi 15 décembre 1997,
à
16 heures
et le soir :
Ordre du jour prioritaire
Projet de loi de finances rectificative pour 1997, adopté par l'Assemblée
nationale (n° 156, 1997-1998).
(La conférence des présidents a fixé au lundi 15 décembre 1997, à 11
heures, le délai limite pour le dépôt des amendements à ce projet de
loi.)
Mardi 16 décembre 1997 :
A
9 h 30 :
1° Dix-huit questions orales sans débat (l'ordre d'appel des questions sera
fixé ultérieurement) :
- n° 68 de M. Bernard Barraux transmise à M. le ministre de l'intérieur
(Statut des maires des communes rurales) ;
- n° 99 de M. Marcel Charmant à M. le ministre de l'intérieur (Problèmes
causés par les biens immobiliers abandonnés) ;
- n° 107 de M. André Pourny à Mme le ministre de l'aménagement du territoire
et de l'environnement (Dégâts causés par les buses aux élevages de volaille de
Bresse) ;
- n° 108 de M. Georges Mazars transmise à M. le ministre de la fonction
publique, de la réforme de l'Etat et de la décentralisation (Situation des
anciens fonctionnaires d'Afrique du Nord) ;
- n° 110 de M. Gérard Larcher à M. le secrétaire d'Etat à la santé (Situation
budgétaire des hôpitaux d'Ile-de-France) ;
- n° 111 de M. François Lesein à Mme le garde des sceaux, ministre de la
justice (Respect du principe de présomption d'innocence par les médias) ;
- n° 115 de M. Guy Cabanel à M. le ministre de l'équipement, des transports et
du logement (Politique des transports) ;
- n° 116 de M. Michel Duffour à M. le ministre de l'éducation nationale, de la
recherche et de la technologie (Avenir de l'université Paris-X et du pôle
Léonard-de-Vinci) ;
- n° 120 de M. Soséfo Makapé Papilio à M. le ministre de l'éducation
nationale, de la recherche et de la technologie (Grille indiciaire de
l'enseignement) ;
- n° 122 de M. Alain Dufaut à M. le ministre de l'intérieur (Avenir des
sapeurs-pompiers) ;
- n° 124 de M. Robert Calmejane à Mme le ministre de la jeunesse et des sports
(Conditions de retransmission de la Coupe du monde de football) ;
- n° 125 de M. Alain Gournac à M. le ministre de l'équipement, des transports
et du logement (Lutte contre le bruit causé par les survols aériens) ;
- n° 126 de Mme Hélène Luc à M. le secrétaire d'Etat à la santé (Fermeture de
la clinique de Choisy-le-Roi) ;
- n° 127 de M. Roland Courteau à M. le ministre de l'équipement, des
transports et du logement (Retard dans la mise en oeuvre du Plan Etat-région
Languedoc-Roussillon) ;
- n° 128 de M. Jean-Marc Pastor à M. le ministre de l'économie, des finances
et de l'industrie (Réforme du réseau national de la Banque de France) ;
- n° 130 de M. Jean-Patrick Courtois à Mme le ministre de l'emploi et de la
solidarité (Emplois-jeunes dans les associations) ;
- n° 131 de M. Michel Charzat transmise à M. le secrétaire d'Etat au logement
(Congés-ventes et droit au logement) ;
- n° 133 de M. Auguste Cazalet à M. le ministre de l'équipement, des
transports et du logement (Réalisation de l'autoroute Pau-Bordeaux).
Ordre du jour prioritaire
A
16 heures :
2° Suite de la proposition de loi, adoptée par l'Assemblée nationale,
relative au fonctionnement des conseils régionaux (n° 27, 1997-1998).
(La conférence des présidents a fixé au lundi 15 décembre 1997, à 17
heures, le délai limite pour le dépôt des amendements à cette proposition de
loi.)
Eventuellement le soir :
3° Suite du projet de loi de finances rectificative pour 1997, adopté par
l'Assemblée nationale (n° 156, 1997-1998).
Mercredi 17 décembre 1997,
à
15 heures :
1° Eloge funèbre de M. François Mathieu ;
2° Sous réserve de leur création, nomination des membres :
- de la commission d'enquête sur le devenir des grands projets
d'infrastructures terrestres d'aménagement du territoire ;
- de la commission d'enquête sur les conséquences pour l'économie française de
la réduction de la durée du travail à trente-cinq heures hebdomadaires ;
- de la commission d'enquête sur la régularisation des étrangers en situation
irrégulière.
(Les candidatures à ces trois commissions d'enquête devront être déposées
par les groupes au secrétariat du service des commissions avant le mardi 16
décembre 1997, à 18 heures.)
Ordre du jour prioritaire
3° Projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale après déclaration
d'urgence, relatif à la nationalité (n° 145, 1997-1998).
(La conférence des présidents a fixé :
- au mardi 16 décembre 1997, à 17 heures, le délai limite pour le dépôt des
amendements à ce projet de loi ;
- à quatre heures la durée globale du temps dont disposeront, dans la
discussion générale, les orateurs des divers groupes ou ne figurant sur la
liste d'aucun groupe.
L'ordre des interventions sera déterminé en fonction du tirage au sort auquel
il a été procédé au début de la session et les inscriptions de parole devront
être faites au service de la séance, avant 17 heures, le mardi 16 décembre
1997.)
Jeudi 18 décembre 1997 :
Ordre du jour prioritaire
A
9 h 30 :
1° Suite de l'ordre du jour de la veille.
A
15 heures :
2° Conclusions de la commission mixte paritaire ou nouvelle lecture du projet
de loi de finances pour 1998 ;
3° Conclusions de la commission mixte paritaire ou nouvelle lecture du projet
de loi de finances rectificative pour 1997.
Eventuellement, le
vendredi 19 décembre 1997 :
Ordre du jour prioritaire
A
9 h 30
et à
15 heures :
Suite du projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale après déclaration
d'urgence, relatif à la nationalité (n° 145, 1997-1998).
Mardi 13 janvier 1998 :
A
9 h 30 :
1° Questions orales sans débat.
A
16 heures :
Ordre du jour prioritaire
2° Projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale après déclaration
d'urgence, tendant à améliorer les conditions d'exercice de la profession de
transporteur routier (n° 161, 1997-1998).
(La conférence des présidents a fixé au mardi 13 janvier 1998, à 17 heures,
le délai limite pour le dépôt des amendements à ce projet de loi.)
Mercredi 14 janvier 1998 :
Ordre du jour prioritaire
A
15 heures :
1° Suite de l'ordre du jour de la veille.
2° Sous réserve de sa transmission, projet de loi organique portant
recrutement exceptionnel de magistrats de l'ordre judiciaire et modifiant les
conditions de recrutement des conseillers de cour d'appel en service
extraordinaire (AN, n° 501).
Jeudi 15 janvier 1998 :
Ordre du jour établi en application de l'article 48,
troisième alinéa, de la Constitution
A
9 h 30 :
L'ordre du jour sera fixé ultérieurement.
A
15 heures :
Questions d'actualité au Gouvernement ;
Suite de l'ordre du jour du matin.
Mardi 20 janvier 1998 :
A
9 h 30 :
Questions orales sans débat.
Mercredi 21 janvier 1998 :
Ordre du jour prioritaire
A
15 heures :
Sous réserve de sa transmission, projet de loi relatif à l'entrée et au séjour
des étrangers en France et au droit d'asile (urgence déclarée) (AN, n° 327).
Jeudi 22 janvier 1998 :
Ordre du jour prioritaire
A
9 h 30 :
1° Eventuellement, conclusions de la commission mixte paritaire ou nouvelle
lecture du projet de loi relatif à la nationalité.
A
15 heures :
2° Suite du projet de loi relatif à l'entrée et au séjour des étrangers en
France et au droit d'asile (urgence déclarée) (AN, n° 327).
Mardi 27 janvier 1998 :
Ordre du jour prioritaire
A
16 heures :
Suite du projet de loi relatif à l'entrée et au séjour des étrangers en France
et au droit d'asile (urgence déclarée) (AN, n° 327).
Mercredi 28 janvier 1998 :
Ordre du jour prioritaire
A
15 heures :
Suite du projet de loi relatif à l'entrée et au séjour des étrangers en France
et au droit d'asile (urgence déclarée) (AN, n° 327).
Jeudi 29 janvier 1998 :
A
9 h 30 :
Ordre du jour prioritaire
1° Suite du projet de loi relatif à l'entrée et au séjour des étrangers en
France et au droit d'asile (urgence déclarée) (AN, n° 327).
A
15 heures :
2° Questions d'actualité au Gouvernement.
Ordre du jour prioritaire
3° Suite de l'ordre du jour du matin.
(Par ailleurs, la conférence des présidents a fixé les dates des séances de
questions d'actualité au Gouvernement, des séances de questions orales sans
débat et des séances mensuelles réservées par priorité à l'ordre du jour fixé
par le Sénat jusqu'à la fin de la session ordinaire 1997-1998 [cf. annexe
jointe].)
A N N E X E I
Dates prévisionnelles des séances de questions
et des séances mensuelles réservées de janvier à juin 1998
Janvier 1998
Mardi 13 janvier,
à
9 h 30 :
questions orales sans débat.
Jeudi 15 janvier : séance mensuelle réservée.
Jeudi 15 janvier,
à
15 heures :
questions d'actualité au
Gouvernement.
Mardi 20 janvier,
à
9 h 30 :
questions orales sans débat.
Jeudi 29 janvier,
à
15 heures :
questions d'actualité au
Gouvernement.
Février 1998
Mardi 3 février,
à
9 h 30 :
questions orales sans débat.
Mardi 10 février : séance mensuelle réservée.
Jeudi 12 février,
à
15 heures :
questions d'actualité au
Gouvernement.
Mardi 24 février,
à
9 h 30 :
questions orales sans débat.
Jeudi 26 février,
à
15 heures :
questions d'actualité au
Gouvernement.
Mars 1998
Mardi 3 mars,
à
9 h 30 :
questions orales sans débat.
Jeudi 5 mars : séance mensuelle réservée.
Jeudi 5 mars,
à
15 heures :
questions d'actualité au
Gouvernement.
Jeudi 26 mars,
à
15 heures :
questions d'actualité au
Gouvernement.
Mardi 31 mars,
à
9 h 30 :
questions orales sans débat.
Avril 1998
Mardi 7 avril,
à
9 h 30 :
questions orales sans débat.
Jeudi 9 avril,
à
15 heures :
questions d'actualité au
Gouvernement.
Jeudi 23 avril : séance mensuelle réservée.
Jeudi 23 avril,
à
15 heures :
questions d'actualité au
Gouvernement.
Mardi 28 avril,
à
9 h 30 :
questions orales sans débat.
Mai 1998
Mardi 5 mai,
à
9 h 30 :
questions orales sans débat.
Jeudi 14 mai,
à
15 heures :
questions d'actualité au
Gouvernement.
Mardi 19 mai,
à
9 h 30 :
questions orales sans débat.
Mardi 26 mai : séance mensuelle réservée.
Jeudi 28 mai,
à
15 heures :
questions d'actualité au
Gouvernement.
Juin 1998
Mardi 2 juin,
à
9 h 30 :
questions orales sans débat.
Jeudi 11 juin : séance mensuelle réservée.
Jeudi 11 juin,
à
15 heures :
questions d'actualité au
Gouvernement.
Mardi 16 juin,
à
9 h 30 :
questions orales sans débat.
Jeudi 25 juin,
à
15 heures :
questions d'actualité au
Gouvernement.
A N N E X E I I
Questions orales sans débat
inscrites à l'ordre du jourdu mardi 16 décembre 1997
N° 68. - M. Bernard Barraux attire l'attention de M. le ministre de la
fonction publique, de la réforme de l'Etat et de la décentralisation sur
l'urgente nécessité d'améliorer le statut des élus locaux et notamment des
maires des communes rurales. Il lui demande de bien vouloir lui préciser les
mesures que le Gouvernement envisage de prendre visant à donner suite à cette
préoccupation.
(Question transmise à M. le ministre de l'intérieur.)
N° 99. - M. Marcel Charmant appelle l'attention de M. le ministre de
l'intérieur sur les préoccupations des maires, des maires ruraux notamment,
confrontés dans leurs communes aux problèmes posés par les biens abandonnés et
sans maître. En effet, on déplore, en particulier dans les communes rurales,
une augmentation sensible du nombre des biens immobiliers abandonnés à la suite
du décès de leur propriétaire. A défaut d'héritier connu, la procédure de
déclaration de vacance de la succession et la prise en charge des biens par
l'administration des domaines est excessivement longue dans sa mise en oeuvre.
Il faut compter en années et quelquefois en décennies. Pendant le déroulement
de cette procédure, les maires sont confrontés à la gestion d'une situation qui
leur échappe. Les pouvoirs de police qui leur sont conférés par le code des
communes et notamment par la loi n° 95-101 du 2 février 1995 sont inopérants en
l'absence de propriétaire reconnu. Bien souvent, dans ce cas ou dans celui de
la mise en oeuvre d'une procédure de péril imminent, la charge des travaux
nécessités par l'état d'abandon du bien et l'obligation de faire cesser
nuisances et péril pour la sécurité publique, incombe, de fait, à la commune et
est supportée par le budget communal, faute de pouvoir procéder au recouvrement
auprès du propriétaire. Cette situation, qui devrait revêtir sur le plan du
droit un caractère exceptionnel, tend malheureusement à se généraliser dans nos
communes rurales et à poser de plus en plus de problèmes à des élus qui, de
surcroît, disposent de peu de moyens, financiers notamment, pour y répondre. Il
lui demande de bien vouloir prendre en considération ce problème et d'envisager
de donner aux élus locaux de nouveaux moyens d'action dans ce domaine.
N° 107. - M. André Pourny attire l'attention de Mme le ministre de
l'aménagement du territoire et de l'environnement sur les dégâts très
importants que provoquent les buses dans les zones d'élevage de volaille de
Bresse. Etant protégées, celles-ci prolifèrent de façon excessive, causant, au
détriment des éleveurs, de lourdes pertes financières. Face aux arguments
apportés concernant le biotope ou les agissements des mustolidés ou des
rapaces, ainsi que certaines propositions évoquées pour lutter contre l'action
de ces redoutables prédateurs sur les élevages de volaille de Bresse, peut-être
serait-il bon de préserver ce mode d'élevage. Celui-ci est en Bresse, naturel,
de type expansif, offrant de vastes parcours sur lesquels les volailles sont
lâchées, garantissant un produit d'appellation d'origine contrôlée qui fait la
gloire d'une vaste région regroupant deux départements (l'Ain et la
Saône-et-Loire). Si les espèces de bondrées apivores, qui n'ont de la buse que
l'apparence, demeurent certes insectivores, il est indéniable que les espèces
telles que les buses butéo-butéo recherchent, en revanche, la proie facile et
sont friandes de volaille. En outre, il demeure impensable de vouloir protéger
les parcs d'élevage par la mise en place de filets aériens, une telle
entreprise étant tout à fait irréalisable si l'on songe aux hectares à
recouvrir. Aussi, il serait intéressant d'adapter l'autorisation exceptionnelle
permettant, dans un but de sécurité, la limitation des rapaces sur les zones
d'aéroports telles que Saint-Yan en Saône-et-Loire et de l'appliquer aux
élevages bressans. D'autres autorisations exceptionnelles ont également été
données, notamment pour lutter contre les méfaits des cormorans sur les étangs
de la Dombes ou ceux du lynx dans le Jura. Selon les mêmes critères, il serait
opportun de pouvoir adapter de telles dérogations en faveur des élevages des
volailles de Bresse d'appellation d'origine contrôlée dans le but de limiter la
prédation qu'elles subissent.
N° 108. - M. Georges Mazars appelle l'attention de M. le secrétaire d'Etat aux
anciens combattants sur la situation des anciens fonctionnaires d'Afrique du
Nord. L'ordonnance du 15 juin 1945 a permis, à ceux qui ont subi un préjudice,
du fait de la guerre ou des lois de Vichy, d'avoir la même carrière que celle
des fonctionnaires demeurés à l'abri des conséquence de la Seconde Guerre
mondiale. Cette ordonnance concernait alors les seuls fonctionnaires
métropolitains. En décembre 1982, le gouvernement socialiste a étendu ces
droits aux anciens fonctionnaires d'Afrique du Nord. En 1985, des commissions
administratives chargées de traiter les dossiers des anciens fonctionnaires
d'Afrique du Nord ont été mises en place par M. Laurent Fabius. Composées
notamment de six représentants de rapatriés, ces commissions ont donné
pleinement satisfaction, puisque plus de 3 000 dossiers ont été examinés de fin
1987 à début 1994. Mais, brutalement, sans consultation des associations
d'anciens combattants et rapatriés, ni des syndicats de fonctionnaires, le
gouvernement de M. Edouard Balladur a, par le décret du 16 novembre 1994,
profondément modifié la composition de ces commissions, en réduisant notamment
la représentation des bénéficiaires à deux membres, au lieu de six. Cette
nouvelle composition, totalement déséquilibrée, ne permet pas la reconnaissance
des droits des anciens fonctionnaires d'Afrique du Nord. Cette situation, qui
perdure depuis lors, est pour le moins fâcheuse, en particulier parce que ces
anciens fonctionnaires d'Afrique du Nord, qui attendent légitimement la prise
en considération de leur dossier, sont maintenant âgés de plus de soixante-dix
ans. Il souhaite donc savoir quelles dispositions il compte prendre concernant
les commissions chargées d'étudier les dossiers de ces anciens fonctionnaires
d'Afrique du Nord.
(Question transmise à M. le ministre de la fonction
publique, de la réforme de l'Etat et de la décentralisation.)
N° 110. - M. Gérard Larcher attire l'attention de M. le secrétaire d'Etat à la
santé sur la situation des hôpitaux de la région Ile-de-France, au regard du
taux d'évolution des budgets hospitaliers pour 1998 de 2,2 %. Un grand nombre
d'établissements devant l'évolution de la masse salariale et celle du coût
engendré par la réglementation sur la sécurité des soins ne pourront tenir leur
budget que s'ils bénéficient de cette évolution totalement. Or les décisions
prises par les services ministériels (direction des hôpitaux), qui définissent
les évolutions régionales, et par l'agence régionale d'hospitalisation de la
région Ile-de-France vont modifier en la diminuant cette évolution de 2,2 %. En
conséquence, il lui demande quelles dispositions il compte prendre afin que de
nombreux hôpitaux, notamment de la région Ile-de-France, ne se retrouvent pas
dans les faits avec des taux d'évolution de zéro ou des taux négatifs qui
entraîneraient d'importantes suppressions d'emplois ou des abandons d'activité
médicale.
N° 111. - M. François Lesein appelle l'attention de Mme le garde des sceaux,
ministre de la justice, sur les conséquences souvent irréparables qu'entraîne
la publicité faite autour des mises en examen de certains justiciables, qu'ils
soient célèbres ou non, et dont l'innocence est reconnue par la suite. En
effet, alors que la garde à vue, la mise en examen ou le jugement de certaines
personnes font parfois les gros titres de la presse nationale ou régionale, on
peut déplorer que ces mêmes titres n'accordent pas la même importance au
non-lieu, à la relaxe ou à l'acquittement prononcé en faveur de ces personnes.
Or, malgré la présomption d'innocence à laquelle il est théoriquement
impossible de porter atteinte en vertu de textes récents, on constate que toute
mise en cause médiatique s'accompagne d'une irréversible présomption de
culpabilité dans l'esprit des lecteurs, et ce malgré la survenue d'une décision
d'innocence. Dès lors, il lui demande s'il ne serait pas concevable d'adopter
un système, similaire à celui du droit de réponse, qui contraindrait les
organes de presse ayant fait état d'une mise en cause pénale, à faire également
état de la décision d'innocence, et ce dans les mêmes proportions.
N° 115. - M. Guy Cabanel rappelle à M. le ministre de l'équipement, des
transports et du logement que jamais la relation entre transport et croissance,
communications et développement, n'a été aussi évidente qu'en cette fin du xxe
siècle. La crise qui a secoué récemment le secteur des transports est à ce
titre d'autant plus importante. Il apparaît dès lors indispensable de réfléchir
à une réorganisation de ce volet essentiel de notre activité économique et
sociale. La position de notre pays au carrefour stratégique des liaisons
intracommunautaires impose des choix à faire partager à l'ensemble de nos
partenaires. C'est en particulier dans le domaine des grands transports
routiers et de ses incidences en matière d'environnement, d'aménagement du
territoire et de libre circulation des biens et des personnes qu'il importe
d'engager un vrai débat. Il pourrait déboucher sur un accord européen pour le
développement du ferroutage en transit sur le territoire français.
L'exploration de cette voie obligerait notamment la SNCF à se recentrer sur ses
missions essentielles ferroviaires et plus particulièrement à réaliser les
investissements nécessaires à ce type de transport combiné. Là n'est cependant
pas la seule difficulté. En effet, le statut social des chauffeurs routiers
nécessiterait lui aussi, pour le respect d'une concurrence équilibrée, la prise
de décisions communes au niveau de l'Union européenne. Sur ces différentes
hypothèses, il souhaiterait connaître son opinion et la détermination du
Gouvernement à poursuivre l'effort global consenti par le pays pour
l'organisation de son réseau de communication.
N° 116. - M. Michel Duffour attire l'attention de M. le ministre de
l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie sur la situation de
l'enseignement supérieur dans les Hauts-de-Seine et le manque de moyens criant
dont dispose l'université Paris-X et ses 35 000 étudiants alors qu'à proximité
de celle-ci, le pôle Léonard de Vinci accueille dans ses 50 000 mètres carrés
de locaux moins de 3 000 étudiants. Paris-X étouffe avec des locaux conçus
initialement pour recevoir 20 000 étudiants et ne peut remplir ses missions
éducatives dans des conditions satisfaisantes. Des élus des Hauts-de-Seine ont
attiré l'attention du précédent ministre sur cette situation en soulignant la
nécessité de doter cette université des moyens de fonctionnement nécessaires
afin d'étoffer l'équipe pédagogique et les capacités d'accueil. La progression
du budget du ministère de l'éducation nationale et de la recherche est une
bonne mesure. C'est un premier acte pour résoudre la crise qui traverse les
universités françaises. Il est cependant évident que l'ampleur des retards
accumulés pèsera négativement sur l'action gouvernementale dans un premier
temps. Comment, dans ces conditions, ne pas être scandalisé par l'existence du
pôle Léonard de Vinci quasiment vide. Cet établissement privé, au tarif
d'inscription prohibitif, a été financé à hauteur de 1,2 milliard par les
contribuables des Hauts-de-Seine qui continuent de payer 100 millions de francs
par an en fonctionnement pour une structure qui devrait servir l'intérêt
public. Cette situation est inacceptable. Le Premier ministre avait, avant les
dernières élections législatives, considéré que le gouvernement d'alors devait
« faire en sorte que cette université privée soit intégrée à l'université de la
République ». C'est pourquoi il demande à M. le ministre de lui faire part des
premières initiatives prises pouir donner le maximum d'essor à Paris-X, de
l'évolution qu'il souhaite impulser pour modifier la fonction du pôle Léonard
de Vinci et de l'état de ses contacts avec la présidence du conseil général des
Hauts-de-Seine pour intégrer cet établissement à l'université publique.
N° 120. - M. Soséfo Makapé Papilio attire l'attention de M. le ministre de
l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie sur la situation
paradoxale de trois enseignantes titulaires, employées au service de
l'enseignement catholique de son territoire. Il lui expose que ces trois
enseignantes furent tout d'abord classées dans la 3e catégorie, dite catégorie
BE-CEAP. Il lui précise qu'en 1996, elles subirent toutes trois avec succès les
épreuves du CAP et furent donc reclassées automatiquement dans la 5e catégorie,
dite catégorie des CAP, dès le jour de la rentrée scolaire de l'année suivante,
c'est-à-dire le 19 février 1997. Jusqu'à cette date, le déroulement de carrière
de ces trois enseignantes ne posait aucun problème ni statutairement, ni
financièrement parlant. Cependant, neuf jours plus tard, le 28 février 1997,
fut signé l'avenant à la convention de 1995, convention régissant les rapports
existant entre le Gouvernement de la République française et l'enseignement
primaire catholique du territoire des îles Wallis-et-Futuna. Il lui rappelle
que cet avenant comporte une nouvelle grille concernant les titulaires du CEAP.
Il lui précise que les trois enseignantes concernées, titulaires du CAP, en
plus du CEAP, furent refusées à un classement en CEAP nouvel indice plus
avantageux, et ce pour un écart de neuf jours seulement. D'où un sentiment
d'injustice ressenti par les intéressées. En conséquence, il lui demande de
bien vouloir intervenir pour que tous les titulaires du CAP et du CEAP, et pas
uniquement les trois intéressées, puissent bénéficier de la grille indiciaire
la plus avantageuse les concernant.
N° 122. - M. Alain Dufaut attire l'attention de M. le ministre de l'intérieur
sur les légitimes préoccupations exprimées par les sapeurs-pompiers ainsi que
par les élus locaux face aux menaces planant sur l'application des deux lois n°
96-369 du 3 mai 1996 relative aux services d'incendie et de secours et n°
96-370 relative au développement du volontariat dans les corps de
sapeurs-pompiers. Les propositions présentées par le Gouvernement à l'occasion
de la dernière réunion du Conseil supérieur de la fonction publique
territoriale, le 15 octobre dernier, au cours de laquelle celui-ci a émis un
avis défavorable sur quatre projets de décrets relatifs aux pompiers
(organisation des service d'incendie et de secours, amélioration statutaire,
régime indemnitaire et régime de travail des sapeurs-pompiers professionnels)
provoquent la colère des intéressés, qui insistent sur la nécessité de
favoriser la mise en cohérence de l'organisation et du fonctionnement du
service public d'incendie et de secours, objectif majeur de la réforme engagée
en 1996. Ayant pris acte de sa volonté, exprimée le 4 novembre dernier dans le
cadre d'une séance de questions d'actualité à l'Assemblée nationale, de mener à
bien cette réforme, fruit d'un important travail de concertation ayant abouti à
un compromis accepté par l'ensemble des parties, il lui demande de bien vouloir
lui préciser ses intentions concernant le règlement de ce dossier.
N° 124. - M. Robert Calmejane attire l'attention de Mme le ministre de la
jeunesse et des sports sur les conditions dans lesquelles s'organisent les
retransmissions des matchs de la Coupe du monde de football 1998 dans le
département de la Seine-Saint-Denis, qui aura l'honneur à coup sûr, mais pas
forcément l'avantage, d'accueillir les principaux moments de cette
manifestation sportive. Ainsi, grâce à votre intervention, les zones urbaines
sensibles (ZUS) bénéficient de l'exonération des droits de diffusion mais 56
quartiers seulement, répartis sur 22 communes parmi les 40 que compte le
département sont concernés. Et encore, plusieurs grandes villes comme Bagnolet,
Bondy, La Courneuve, Noisy-le-Grand, Neuilly-sur-Marne, Noisy-le-Sec ne le sont
que par 1 ou 2 secteurs classés en ZUS, tandis que d'autres, telles
Livry-Gargan, Romainville, Rosny-sous-Bois, Saint-Ouen, Tremblay ou Villemomble
ne sont pas accessibles du tout à ces dispositions et devront, si elles
désirent faire profiter leur population d'une retransmission, payer des droits
qui atteignent 500 000 francs par écran pour la totalité des épreuves. Il lui
demande instamment de faire pression, au nom du Gouvernement français, sur le
comité d'organisation et le groupement des radiodiffuseurs afin que les
démarches engagées par le conseil général de la Seine-Saint-Denis pour le
compte des communes séquano-dyonisiennes aboutissent à ce que l'ensemble de ce
département bénéficie de l'exonération des droits de retransmission. En effet,
les habitants du 93 ont largement contribué, par leurs impôts locaux, aux plus
de 100 millions de francs investis par le département pour les infrastructures
en périphérie du Grand Stade. De surcroît, plusieurs communes ont accepté, sur
la suggestion de la Fédération française de football, d'accueillir des équipes
étrangères de jeunes et de mettre leurs installations sportives à disposition.
Par ailleurs, le morcellement géographique des sites actuellement autorisés à
retransmettre les matchs risque de poser d'insolubles problèmes de sécurité et
d'ordre public, tant il paraît difficile de refuser à certains ce qui est
offert à d'autres, sous le fallacieux prétexte que la cité qu'ils habitent est
située à quelques mètres d'une ZUS. La conurbation séquano-dyonisienne peut, à
juste titre, et doit être considérée comme une entité sociale globale ou les
interactions des populations ne permettent pas de traiter différemment chaque
quartier selon sa localisation.
N° 125. - M. Alain Gournac attire l'attention de M. le ministre de
l'équipement, des transports et du logement sur les nuisances sonores dont se
plaignent trente communes des Yvelines regroupées en un comité qu'il préside et
qui sont liées aux nombreux survols aériens. Il demeure persuadé que l'adoption
de mesures techniques particulières serait de nature à limiter considérablement
le bruit lié à ces survols. Il conviendrait tout d'abord d'élever l'altitude
d'interception de l'axe ILS de 1 000 voire 2 000 pieds, ce qui réduirait de
façon importante le bruit perçu au sol. Cette solution est en partie
subordonnée au relèvement de l'altitude de transition. Elle pourrait être fixée
à 19 000 pieds comme aux Etats-Unis. Il conviendrait ensuite d'interdire dès 21
heures l'utilisation de la route MOSUD. L'intensité du trafic étant beaucoup
moins importante à ce moment de la journée, l'ensemble des vols pourrait être
dirigé vers le nord. Cette route pourrait être remplacée par une autre passant
au sud de Paris en haute altitude (10 000 pieds). C'est une disposition tout à
fait possible qui nécessite l'attribution de la balise EPR utilisée par les
contrôleurs d'Orly à l'aéroport de Roissy. Il conviendrait également de
favoriser, à l'atterrissage comme au décollage, la procédure face à l'ouest
avec une composante de vent arrière jusqu'à 5 noeuds. Il conviendrait encore de
profiter de la densité du trafic aérien, plus faible la nuit, pour diriger les
avions sur les zones peu urbanisées. La mise en place de cartes statistiques,
indiquant les couloirs à emprunter obligatoirement, serait en ce cas
indispensable. Il attire enfin son attention sur la nécessité d'inciter les
contrôleurs et les pilotes à une plus grande rigueur dans le respect de
certaines contraintes. Susciter chez eux une prise de conscience, individuelle
et collective, des conséquences de leur comportement, est aujourd'hui
nécessaire. Il croit fortement à la formation et au développement, dans la
profession, d'une culture antibruit. C'est près d'un demi-million d'habitants
qui, dans les Yvelines, est concerné par ces nuisances auxquelles s'ajoute
l'inquiétude que crée chez nos contitoyens la décision du Gouvernement
d'étendre la capacité de l'aéroport de Roissy. C'est pourquoi il lui demande
que soient mises en oeuvre les propositions que lui fait ce comité et qui
constituent des solutions techniques exploitables.
N° 126. - Mme Hélène Luc tient à attirer l'attention de M. le secrétaire
d'Etat à la santé sur la situation de la clinique de Choisy-le-Roi. Selon
certaines informations, la fermeture prochaine de cet établissement, qui offre
aux habitants de Choisy et des communes riveraines des soins de qualité, serait
envisagée. Elle tient à exprimer la grande émotion et la grande indignation
qu'elle partage avec le personnel de cette clinique, ses usagers et le maire de
Choisy. C'est pourquoi elle lui demande de prendre toute disposition pour
empêcher cette fermeture et assurer à cet établissement le développement
indispensable d'activités et de soins durables qu'il doit apporter au service
des populations et des malades.
N° 127. - M. Roland Courteau souhaite attirer l'attention de M. le ministre de
l'équipement, des transports et du logement sur le retard constaté dans la mise
en oeuvre de certains programmes de voirie, du contrat de plan
Etat-région-Languedoc-Roussillon 1994-1998, notamment dans le département de
l'Aude (rocade nord-est de Carcassonne, rocade nord-est de Narbonne et
carrefour des Hauts de Narbonne, déviation de Barbaire...). Plus précisément,
il lui rappelle qu'il était prévu, au titre du XIe Plan, la réalisation
d'ouvrages de contournement de la ville de Narbonne par une rocade nord-est et
l'aménagement de carrefours. Ces ouvrages représentent un caractère d'urgence
pour des raisons de sécurité. C'est pourquoi il lui demande quelles sont les
raisons des retards particulièrement lourds de conséquences apportés à la
réalisation de ces travaux, si des assurances peuvent lui être données quant au
financement des opérations programmées et s'il est en mesure de lui communiquer
le calendrier de leur mise en oeuvre.
N° 128. - M. Jean-Marc Pastor attire l'attention de M. le ministre de
l'économie, des finances et de l'industrie sur l'inquiétude persistante qui
règne dans le réseau des comptoirs et succursales de la Banque de France. Ce
personnel, ainsi que des responsables des collectivités locales concernées,
craignent en effet les conséquences sur l'emploi, d'une part, et sur la qualité
du service aux usagers, d'autre part, de l'éventuelle fermeture d'un grand
nombre de caisses de la Banque de France au plan national. En effet, depuis de
nombreux mois, le gouverneur de la Banque de France prépare une réforme du
réseau destinée à l'adapter et à préparer son intégration au système européen
des banques centrales. Cette réforme paraît basée sur une réduction de moitié
environ du nombre de comptoirs au niveau national ; des disparitions d'emplois,
par centaines. Une telle perspective peut difficilement être comprise alors que
la Banque de France dégage des bénéfices importants ; l'existence d'un réseau
dense de succursales constitue la garantie d'un service de qualité au moment
d'assurer la transition entre le franc et l'euro. De plus, la disparition de
nombreuses succursales entraînerait souvent la fermeture d'autres
administrations et d'agences bancaires commerciales. L'inquiétude se nourrit de
l'incertitude. C'est notamment en raison d'informations contradictoires que
l'appréhension grandit ces dernières semaines. Aussi, il y a aujourd'hui
urgence à clarifier la situation et à préciser ce qui paraît possible et
acceptable quant à la réforme envisagée du réseau national de la Banque de
France.
N° 130. - M. Jean-Patrick Courtois appelle l'attention de Mme le ministre de
l'emploi et de la solidarité sur les inquiétudes des responsables
d'associations nationales quant aux modalités des contrats emploi-jeunes,
définies par la loi n° 97-940 du 16 octobre 1997, et spécifiquement les
modalités s'appliquant à la fin du contrat de cinq ans. Il apparaît que de
nombreuses associations nationales souhaitent conclure des conventions avec
l'Etat dans le cadre de cette loi et ainsi développer des activités pour
l'emploi des jeunes. Pourtant, ces associations hésitent à recruter un grand
nombre de jeunes gens car elles redoutent la sortie du dispositif dans cinq
ans. D'une part, les associations ne savent aujourd'hui si elles pourront dans
cinq ans pérenniser les emplois créés, en dehors des aides apportées dans le
cadre de la présente loi. D'autre part, dans le cas où ces emplois ne seraient
pas pérennisés, elles ne savent pas si elles devront verser aux jeunes
finissant leur contrat de cinq ans, des indemnités de fin de contrat ou de
licenciement. Si tel était le cas, il est préférable qu'elles puissent le
prévoir et ainsi éviter de mettre en péril leur situation financière. Par
conséquent, il la remercie de bien vouloir lui apporter les précisions
nécessaires, qui permettront aux associations de pouvoir participer à la
création d'emplois pour les jeunes dans la plus grande sérénité.
N° 131. - M. Michel Charzat attire l'attention de M. le ministre de
l'équipement, des transports et du logement sur les congés-ventes donnés par
des grandes compagnies d'assurances ou des banques à leurs locataires, dans le
cadre du 1 % patronal. Dans les arrondissements de l'Est parisien, des
immeubles entiers sont concernés par ces congés-ventes. Il s'agit le plus
souvent d'immeubles construits dans les années soixante, grâce à des aides
importantes de l'Etat, via le Crédit foncier. Les locataires qui n'ont pas les
moyens d'acheter leurs logements sont nombreux (à peu près deux tiers des
concernés). Les propriétaires institutionnels disposent pourtant de nombreux
logements, à d'autres endroits, qui sont en location. En conséquence, il lui
demande comment il compte garantir le droit au logement pour tous.
(Question
transmise à M. le secrétaire d'Etat au logement.)
N° 133. - M. Auguste Cazalet souhaite attirer l'attention de M. le ministre de
l'équipement, des transports et du logement sur la vive inquiétude suscitée
auprès des élus et de la population d'Aquitaine par les lenteurs et
atermoiements entourant le projet autoroutier Pau-Bordeaux. Il lui rappelle que
les collectivités territoriales et les acteurs socio-économiques d'Aquitaine
ont constamment exprimé leur volonté de voir aménager un itinéraire performant
entre Bordeaux et Pau, que les conditions d'échange par la route entre Bordeaux
et les principales villes du Sud-Ouest intérieur se sont constamment dégradées
et que ce vaste espace central de l'Est aquitain et de l'Ouest pyrénéen n'est
irrigué que par de simples routes à deux voies traversant de nombreuses
agglomérations. Or, depuis le choix d'Alain Juppé de concéder cet itinéraire à
une société autoroutière, ce projet s'est arrêté à la définition de la bande
des 300 mètres. L'incertitude régnant autour de ce dossier devient
insupportable : ainsi des maires ne peuvent répondre à des demandes de permis
de construire, des entreprises retardent des projets d'investissement. Une
remise en cause de ce projet serait non seulement ressentie comme un affront
mais aussi comme le non-respect du principe de la continuité républicaine qui,
dans un domaine d'intérêt général, devrait s'imposer à tous. Il lui demande de
bien vouloir tout mettre en oeuvre pour que l'A 65 soit réalisée. Il lui
demande également de bien vouloir lui indiquer s'il compte étudier l'hypothèse
de la réouverture de la ligne ferroviaire Pau-Canfranc, dont il connaît
l'intérêt constant et permanent qu'elle suscite en Béarn et en Aragon depuis
près de vingt-six ans.
Nomination
d'un membre d'une commission permanente
Dans sa séance du mardi 9 décembre 1997, le Sénat a nommé M. Bernard Fournier,
membre de la commission des affaires culturelles, à la place laissée vacante
par M. François Mathieu, décédé.
Le Directeur du service du compte rendu intégral, DOMINIQUE PLANCHON QUESTIONS ORALES REMISES À LA PRÉSIDENCE DU SÉNAT (Application des articles 76 à 78 du réglement)
Enseignement des lettres anciennes classiques
135.
- 9 décembre 1997. -
M. Jean Clouet
demande à
M. le ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie
quelles sont les intentions du Gouvernement à l'égard de l'enseignement des
lettres anciennes classiques, latin et grec ?
ANNEXES AU PROCÈS-VERBAL
de la séance
du mardi 9 décembre 1997
SCRUTIN (n° 56)
sur l'amendement n° II-99 rectifié, présenté par MM. Philippe Marini, Alain
Vasselle, Alain Dufaut et Adrien Gouteyron, tendant à insérer un article
additionnel après l'article 61
quinquies
du projet de loi de finances
pour 1998, adopté par l'Assemblée nationale (éligibilité, des investissements
relatifs aux installations de traitement de déchets, au FCTVA).
Nombre de votants : | 318 |
Nombre de suffrages exprimés : | 221 |
Pour : | 221 |
Contre : | 0 |
Le Sénat a adopté.
ANALYSE DU SCRUTIN
GROUPE COMMUNISTE RÉPUBLICAIN ET CITOYEN (16) :
Abstentions :
16.
GROUPE DU RASSEMBLEMENT DÉMOCRATIQUE ET SOCIAL EUROPÉEN (22) :
Pour :
16.
Abstentions :
6. _ MM. François Abadie, Jean-Michel Baylet, André
Boyer, Yvon Collin, Mme Joëlle Dusseau et M. Robert-Paul Vigouroux.
GROUPE DU RASSEMBLEMENT POUR LA RÉPUBLIQUE (95) :
Pour :
94.
N'a pas pris part au vote :
1. _ M. Gérard Larcher, qui présidait la
séance.
GROUPE SOCIALISTE (75) :
Abstentions :
75.
GROUPE DE L'UNION CENTRISTE (58) :
Pour :
57.
N'a pas pris part au vote :
1. _ M. René Monory, président du Sénat.
GROUPE DES RÉPUBLICAINS ET INDÉPENDANTS (45) :
Pour :
45.
Sénateurs ne figurant sur la liste d'aucun groupe (9) :
Pour :
9.
Ont voté pour
Nicolas About
Philippe Adnot
Michel Alloncle
Louis Althapé
Jean-Paul Amoudry
Philippe Arnaud
Jean Arthuis
Alphonse Arzel
Denis Badré
Honoré Bailet
José Balarello
René Ballayer
Bernard Barbier
Janine Bardou
Michel Barnier
Bernard Barraux
Jacques Baudot
Michel Bécot
Henri Belcour
Claude Belot
Georges Berchet
Jean Bernadaux
Jean Bernard
Daniel Bernardet
Roger Besse
Jacques Bimbenet
Jean Bizet
François Blaizot
Paul Blanc
Maurice Blin
Annick Bocandé
André Bohl
Christian Bonnet
James Bordas
Didier Borotra
Joël Bourdin
Yvon Bourges
Philippe de Bourgoing
Jean Boyer
Louis Boyer
Jacques Braconnier
Gérard Braun
Dominique Braye
Paulette Brisepierre
Guy Cabanel
Michel Caldaguès
Robert Calmejane
Jean-Pierre Camoin
Jean-Pierre Cantegrit
Jean-Claude Carle
Auguste Cazalet
Charles Ceccaldi-Raynaud
Gérard César
Jacques Chaumont
Jean Chérioux
Marcel-Pierre Cleach
Jean Clouet
Jean Cluzel
Henri Collard
Charles-Henri de Cossé-Brissac
Jean-Patrick Courtois
Pierre Croze
Charles de Cuttoli
Philippe Darniche
Marcel Daunay
Désiré Debavelaere
Luc Dejoie
Jean Delaneau
Jean-Paul Delevoye
Jacques Delong
Fernand Demilly
Christian Demuynck
Marcel Deneux
Charles Descours
André Diligent
Jacques Dominati
Michel Doublet
Alain Dufaut
Xavier Dugoin
André Dulait
Ambroise Dupont
Hubert Durand-Chastel
Daniel Eckenspieller
André Egu
Jean-Paul Emin
Jean-Paul Emorine
Hubert Falco
Pierre Fauchon
Jean Faure
Gérard Fayolle
Hilaire Flandre
Jean-Pierre Fourcade
Bernard Fournier
Alfred Foy
Serge Franchis
Philippe François
Jean François-Poncet
Yann Gaillard
Philippe de Gaulle
Patrice Gélard
Jacques Genton
Alain Gérard
François Gerbaud
Charles Ginésy
Jean-Marie Girault
Paul Girod
Daniel Goulet
Alain Gournac
Adrien Gouteyron
Jean Grandon
Francis Grignon
Georges Gruillot
Jacques Habert
Hubert Haenel
Emmanuel Hamel
Anne Heinis
Marcel Henry
Pierre Hérisson
Rémi Herment
Daniel Hoeffel
Jean Huchon
Bernard Hugo
Jean-Paul Hugot
Claude Huriet
Roger Husson
Jean-Jacques Hyest
Pierre Jeambrun
Charles Jolibois
Bernard Joly
André Jourdain
Alain Joyandet
Christian de La Malène
Jean-Philippe Lachenaud
Pierre Laffitte
Jean-Pierre Lafond
Pierre Lagourgue
Alain Lambert
Lucien Lanier
Jacques Larché
Edmond Lauret
René-Georges Laurin
Henri Le Breton
Jean-François Le Grand
Edouard Le Jeune
Dominique Leclerc
Jacques Legendre
Guy Lemaire
Marcel Lesbros
François Lesein
Maurice Lombard
Jean-Louis Lorrain
Simon Loueckhote
Roland du Luart
Jacques Machet
Jean Madelain
Kléber Malécot
André Maman
Philippe Marini
René Marquès
Pierre Martin
Paul Masson
Serge Mathieu
Jacques de Menou
Louis Mercier
Michel Mercier
Lucette Michaux-Chevry
Daniel Millaud
Louis Moinard
Georges Mouly
Philippe Nachbar
Lucien Neuwirth
Nelly Olin
Paul d'Ornano
Joseph Ostermann
Georges Othily
Jacques Oudin
Sosefo Makapé Papilio
Charles Pasqua
Michel Pelchat
Jean Pépin
Alain Peyrefitte
Bernard Plasait
Régis Ploton
Alain Pluchet
Jean-Marie Poirier
Guy Poirieux
Christian Poncelet
Jean Pourchet
André Pourny
Jean Puech
Jean-Pierre Raffarin
Henri de Raincourt
Jean-Marie Rausch
Victor Reux
Charles Revet
Henri Revol
Philippe Richert
Roger Rigaudière
Jean-Jacques Robert
Jacques Rocca Serra
Louis-Ferdinand de Rocca Serra
Josselin de Rohan
Michel Rufin
Jean-Pierre Schosteck
Maurice Schumann
Bernard Seillier
Raymond Soucaret
Michel Souplet
Louis Souvet
Martial Taugourdeau
Henri Torre
René Trégouët
François Trucy
Alex Türk
Maurice Ulrich
Jacques Valade
André Vallet
Alain Vasselle
Albert Vecten
Xavier de Villepin
Serge Vinçon
Abstentions
François Abadie
Guy Allouche
Bernard Angels
François Autain
Germain Authié
Robert Badinter
Jean-Michel Baylet
Marie-Claude Beaudeau
Jean-Luc Bécart
Jacques Bellanger
Maryse Bergé-Lavigne
Jean Besson
Pierre Biarnès
Danielle Bidard-Reydet
Marcel Bony
Nicole Borvo
André Boyer
Jean-Louis Carrère
Robert Castaing
Francis Cavalier-Benezet
Monique Cerisier-ben Guiga
Gilbert Chabroux
Michel Charasse
Marcel Charmant
Michel Charzat
William Chervy
Yvon Collin
Raymond Courrière
Roland Courteau
Marcel Debarge
Bertrand Delanoë
Gérard Delfau
Jean-Pierre Demerliat
Jean Derian
Dinah Derycke
Rodolphe Désiré
Marie-Madeleine Dieulangard
Michel Dreyfus-Schmidt
Michel Duffour
Josette Durrieu
Bernard Dussaut
Joëlle Dusseau
Claude Estier
Léon Fatous
Guy Fischer
Aubert Garcia
Claude Haut
Roger Hesling
Roland Huguet
Philippe Labeyrie
Serge Lagauche
Dominique Larifla
Pierre Lefebvre
Guy Lèguevaques
Claude Lise
Paul Loridant
Hélène Luc
Philippe Madrelle
Jacques Mahéas
Michel Manet
Marc Massion
Pierre Mauroy
Georges Mazars
Jean-Luc Mélenchon
Louis Minetti
Gérard Miquel
Michel Moreigne
Jean-Baptiste Motroni
Robert Pagès
Jean-Marc Pastor
Guy Penne
Daniel Percheron
Jean Peyrafitte
Jean-Claude Peyronnet
Louis Philibert
Bernard Piras
Danièle Pourtaud
Gisèle Printz
Roger Quilliot
Jack Ralite
Paul Raoult
René Régnault
Ivan Renar
Roger Rinchet
Gérard Roujas
André Rouvière
Claude Saunier
Michel Sergent
Franck Sérusclat
René-Pierre Signé
Fernand Tardy
Odette Terrade
Paul Vergès
André Vezinhet
Marcel Vidal
Robert-Paul Vigouroux
Henri Weber
N'ont pas pris part au vote
MM. René Monory, président du Sénat, et Gérard Larcher, qui présidait la
séance.
Les nombres annoncés en séance ont été reconnus, après vérification, conformes à la liste de scrutin ci-dessus.
SCRUTIN (n° 57)
sur l'ensemble du projet de loi de finances pour 1998, adopté par l'Assemblée
nationale.
Nombre de votants : | 317 |
Nombre de suffrages exprimés : | 312 |
Pour : | 216 |
Contre : | 96 |
Le Sénat a adopté.
ANALYSE DU SCRUTIN
GROUPE COMMUNISTE RÉPUBLICAIN ET CITOYEN (16) :
Contre :
16.
GROUPE DU RASSEMBLEMENT DÉMOCRATIQUE ET SOCIAL EUROPÉEN (22) :
Pour :
13.
Contre :
6. _ MM. François Abadie, Jean-Michel Baylet, André Boyer,
Yvon Collin, Mme Joëlle Dusseau et M. Robert-Paul Vigouroux.
Abstentions :
3. _ MM. Pierre Jeambrun, Pierre Laffitte et François
Lesein.
GROUPE DU RASSEMBLEMENT POUR LA RÉPUBLIQUE (95) :
Pour :
93.
Abstentions :
2. _ MM. Emmanuel Hamel et Edmond Lauret.
GROUPE SOCIALISTE (75) :
Contre :
74.
N'a pas pris part au vote :
1. _ M. Fernand Tardy.
GROUPE DE L'UNION CENTRISTE (58) :
Pour :
56.
N'ont pas pris part au vote :
2. _ MM. René Monory, président du Sénat,
et Pierre Lagourgue.
GROUPE DES RÉPUBLICAINS ET INDÉPENDANTS (45) :
Pour :
45.
Sénateurs ne figurant sur la liste d'aucun groupe (9) :
Pour :
9.
Ont voté pour
Nicolas About
Philippe Adnot
Michel Alloncle
Louis Althapé
Jean-Paul Amoudry
Philippe Arnaud
Jean Arthuis
Alphonse Arzel
Denis Badré
Honoré Bailet
José Balarello
René Ballayer
Bernard Barbier
Janine Bardou
Michel Barnier
Bernard Barraux
Jacques Baudot
Michel Bécot
Henri Belcour
Claude Belot
Georges Berchet
Jean Bernadaux
Jean Bernard
Daniel Bernardet
Roger Besse
Jacques Bimbenet
Jean Bizet
François Blaizot
Paul Blanc
Maurice Blin
Annick Bocandé
André Bohl
Christian Bonnet
James Bordas
Didier Borotra
Joël Bourdin
Yvon Bourges
Philippe de Bourgoing
Jean Boyer
Louis Boyer
Jacques Braconnier
Gérard Braun
Dominique Braye
Paulette Brisepierre
Guy Cabanel
Michel Caldaguès
Robert Calmejane
Jean-Pierre Camoin
Jean-Pierre Cantegrit
Jean-Claude Carle
Auguste Cazalet
Charles Ceccaldi-Raynaud
Gérard César
Jacques Chaumont
Jean Chérioux
Marcel-Pierre Cleach
Jean Clouet
Jean Cluzel
Henri Collard
Charles-Henri de Cossé-Brissac
Jean-Patrick Courtois
Pierre Croze
Charles de Cuttoli
Philippe Darniche
Marcel Daunay
Désiré Debavelaere
Luc Dejoie
Jean Delaneau
Jean-Paul Delevoye
Jacques Delong
Fernand Demilly
Christian Demuynck
Marcel Deneux
Charles Descours
André Diligent
Jacques Dominati
Michel Doublet
Alain Dufaut
Xavier Dugoin
André Dulait
Ambroise Dupont
Hubert Durand-Chastel
Daniel Eckenspieller
André Egu
Jean-Paul Emin
Jean-Paul Emorine
Hubert Falco
Pierre Fauchon
Jean Faure
Gérard Fayolle
Hilaire Flandre
Jean-Pierre Fourcade
Bernard Fournier
Alfred Foy
Serge Franchis
Philippe François
Jean François-Poncet
Yann Gaillard
Philippe de Gaulle
Patrice Gélard
Jacques Genton
Alain Gérard
François Gerbaud
Charles Ginésy
Jean-Marie Girault
Paul Girod
Daniel Goulet
Alain Gournac
Adrien Gouteyron
Jean Grandon
Francis Grignon
Georges Gruillot
Jacques Habert
Hubert Haenel
Anne Heinis
Marcel Henry
Pierre Hérisson
Rémi Herment
Daniel Hoeffel
Jean Huchon
Bernard Hugo
Jean-Paul Hugot
Claude Huriet
Roger Husson
Jean-Jacques Hyest
Charles Jolibois
Bernard Joly
André Jourdain
Alain Joyandet
Christian de La Malène
Jean-Philippe Lachenaud
Jean-Pierre Lafond
Alain Lambert
Lucien Lanier
Jacques Larché
Gérard Larcher
René-Georges Laurin
Henri Le Breton
Jean-François Le Grand
Edouard Le Jeune
Dominique Leclerc
Jacques Legendre
Guy Lemaire
Marcel Lesbros
Maurice Lombard
Jean-Louis Lorrain
Simon Loueckhote
Roland du Luart
Jacques Machet
Jean Madelain
Kléber Malécot
André Maman
Philippe Marini
René Marquès
Pierre Martin
Paul Masson
Serge Mathieu
Jacques de Menou
Louis Mercier
Michel Mercier
Lucette Michaux-Chevry
Daniel Millaud
Louis Moinard
Georges Mouly
Philippe Nachbar
Lucien Neuwirth
Nelly Olin
Paul d'Ornano
Joseph Ostermann
Georges Othily
Jacques Oudin
Sosefo Makapé Papilio
Charles Pasqua
Michel Pelchat
Jean Pépin
Alain Peyrefitte
Bernard Plasait
Régis Ploton
Alain Pluchet
Jean-Marie Poirier
Guy Poirieux
Christian Poncelet
Jean Pourchet
André Pourny
Jean Puech
Jean-Pierre Raffarin
Henri de Raincourt
Jean-Marie Rausch
Victor Reux
Charles Revet
Henri Revol
Philippe Richert
Roger Rigaudière
Jean-Jacques Robert
Jacques Rocca Serra
Louis-Ferdinand de Rocca Serra
Josselin de Rohan
Michel Rufin
Jean-Pierre Schosteck
Maurice Schumann
Bernard Seillier
Raymond Soucaret
Michel Souplet
Louis Souvet
Martial Taugourdeau
Henri Torre
René Trégouët
François Trucy
Alex Türk
Maurice Ulrich
Jacques Valade
André Vallet
Alain Vasselle
Albert Vecten
Xavier de Villepin
Serge Vinçon
Ont voté contre
François Abadie
Guy Allouche
Bernard Angels
François Autain
Germain Authié
Robert Badinter
Jean-Michel Baylet
Marie-Claude Beaudeau
Jean-Luc Bécart
Jacques Bellanger
Maryse Bergé-Lavigne
Jean Besson
Pierre Biarnès
Danielle Bidard-Reydet
Marcel Bony
Nicole Borvo
André Boyer
Jean-Louis Carrère
Robert Castaing
Francis Cavalier-Benezet
Monique Cerisier-ben Guiga
Gilbert Chabroux
Michel Charasse
Marcel Charmant
Michel Charzat
William Chervy
Yvon Collin
Raymond Courrière
Roland Courteau
Marcel Debarge
Bertrand Delanoë
Gérard Delfau
Jean-Pierre Demerliat
Jean Derian
Dinah Derycke
Rodolphe Désiré
Marie-Madeleine Dieulangard
Michel Dreyfus-Schmidt
Michel Duffour
Josette Durrieu
Bernard Dussaut
Joëlle Dusseau
Claude Estier
Léon Fatous
Guy Fischer
Aubert Garcia
Claude Haut
Roger Hesling
Roland Huguet
Philippe Labeyrie
Serge Lagauche
Dominique Larifla
Pierre Lefebvre
Guy Lèguevaques
Claude Lise
Paul Loridant
Hélène Luc
Philippe Madrelle
Jacques Mahéas
Michel Manet
Marc Massion
Pierre Mauroy
Georges Mazars
Jean-Luc Mélenchon
Louis Minetti
Gérard Miquel
Michel Moreigne
Jean-Baptiste Motroni
Robert Pagès
Jean-Marc Pastor
Guy Penne
Daniel Percheron
Jean Peyrafitte
Jean-Claude Peyronnet
Louis Philibert
Bernard Piras
Danièle Pourtaud
Gisèle Printz
Roger Quilliot
Jack Ralite
Paul Raoult
René Régnault
Ivan Renar
Roger Rinchet
Gérard Roujas
André Rouvière
Claude Saunier
Michel Sergent
Franck Sérusclat
René-Pierre Signé
Odette Terrade
Paul Vergès
André Vezinhet
Marcel Vidal
Robert-Paul Vigouroux
Henri Weber
Abstentions
MM. Emmanuel Hamel, Pierre Jeambrun, Pierre Laffitte, Edmond Lauret et
François Lesein.
N'ont pas pris part au vote
MM. Pierre Lagourgue et Fernand Tardy.
N'a pas pris part au vote
M. René Monory, président du Sénat.
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