Séance du 27 mai 1998
ÉLOGE FUNÈBRE DE SOSEFO MAKAPÉ
PAPILIO, SÉNATEUR DE WALLIS-ET-FUTUNA
M. le président.
Mes chers collègues, je vais prononcer l'éloge funèbre de Sosefo Makapé
Papilio.
(M. le secrétaire d'Etat, Mmes et MM. les sénateurs se
lèvent.)
Le 5 avril dernier, notre collègue Sosefo Makapé Papilio disparaissait
subitement.
Il avait su nous faire connaître ces îles de Wallis et Futuna et nous les
rendre plus proches, s'en faisant le plus ardent des défenseurs et le plus
brillant des avocats.
Né en février 1928 sur son territoire, Sosefo Makapé Papilio, fils du roi
d'Alo, a su concilier modernité et tradition. Dépositaire de l'héritage
culturel de l'île, il aura à coeur de toujours réaffirmer son attachement à la
République.
Après des études au séminaire de Lano, il s'engage comme volontaire dans
l'armée à l'âge de vingt et un ans. Il y sera le premier sous-officier français
issu du territoire.
Réformé en 1956, il devient commerçant et appréhende ainsi concrètement les
réalités de l'économie insulaire.
Sa carrière politique débute en 1958. Il est alors élu membre du conseil
d'administration de Wallis-et-Futuna. Il sera réélu en 1967, puis en 1972. Il
s'y imposera comme un représentant éminent et respecté du territoire.
C'est ainsi qu'il représentera à plusieurs reprises Wallis-et-Futuna à la
conférence du Pacifique sud.
Elu conseiller territorial à partir de 1962, il est régulièrement reconduit
dans ses fonctions avant d'accéder à la présidence de l'assemblée territoriale
qu'il exercera de 1967 à 1971.
Son nom restera lié à l'adoption du statut de territoire d'outre-mer pour
Wallis-et-Futuna.
Ce dévouement au territoire lui vaut d'être élu le 26 septembre 1971 au Sénat,
où il rejoint la commission des affaires culturelles.
C'est tout naturellement qu'il rapporte en 1978 le projet de loi modifiant la
loi de 1961 conférant le statut de territoire d'outre-mer à Wallis.
Tout en plaidant un attachement indéfectible à la France, il rappelle alors la
nécessité de préserver la spécificité de l'archipel dans le respect des
coutumes et des moeurs locales.
La question de l'enseignement est un problème crucial auquel il se trouve
confronté.
Dans un esprit de conciliation et d'apaisement, il s'emploie à la préservation
d'un système auquel la population de l'archipel est attachée.
En 1987, il rapporte une proposition de loi organisant le transfert de
compétence du second cycle de l'enseignement du second degré au territoire de
Polynésie française, apportant sa subtile connaissance des réalités du
terrain.
Attaché aux valeurs de solidarité et de respect de l'autre, Sosefo Makapé
Papilio croit à leur promotion par le sport.
A la tribune du Sénat, il ne manque jamais de féliciter les athlètes
originaires de Wallis-et-Futuna pour les distinctions reçues.
Sur le plan local, il mène une politique active de promotion des activités
sportives.
Président de la ligue d'athlétisme, président de la ligue de football, il
intervient sans relâche pour la construction de nouvelles installations
sportives dans l'archipel.
Elu local, il est confronté à une double spécificité : l'insularité et
l'éloignement du territoire.
Les difficultés liées au transport des personnes et des biens affectent le
dynamisme de l'activité locale.
Aussi plaide-t-il avec le pouvoir de conviction qui est le sien pour une
meilleure prise en charge des frais de transport des étudiants boursiers, qui
doivent accomplir plus de 2 000 kilomètres pour se former à Nouméa.
Pour lutter contre la dépendance économique, Sosefo Makapé Papilio se consacre
au développement d'un groupement d'intérêt économique pour la promotion de
l'artisanat de l'île.
Attaché au maintien des territoires dans la République, il suivait avec
attention la vie politique de la Nouvelle-Calédonie, dont le rôle politique et
culturel lui apparaissait, à juste titre, comme prépondérant dans le
Pacifique.
En octobre 1986, Wallis connaît des événements politiques difficiles qui
conduisent à la proclamation de l'état d'urgence. Il soutient le Gouvernement
dans des négociations difficiles avec les chefs coutumiers, réaffirmant
l'inscription de la coutume dans la loi républicaine. Conscient des liens qui
unissent très fortement Wallis-et-Futuna au devenir de la Nouvelle-Calédonie,
il montre une grande joie lorsque la paix s'instaure enfin à la suite des
accords de Matignon. Il suit avec une attention vigilante les évolutions
institutionnelles en cours.
Dix ans après les accords de Matignon, un nouveau rendez-vous constitutionnel
nous est fixé, qui sera déterminant pour l'avenir de la région.
Sosefo Makapé Papilio n'est plus, mais le souvenir d'un homme généreux,
profondément attaché à la République et à son île, demeure.
Je voudrais dire à son épouse et à ses enfants combien nous nous associons à
leur douleur.
A ses collègues de la commission des affaires culturelles, à ses amis du
groupe du Rassemblement pour la République, j'apporte le témoignage de la
sympathie du Sénat tout entier. Que ses amis de Wallis-et-Futuna sachent
combien il restera présent dans nos esprits et dans nos coeurs.
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat au budget.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat au budget.
Monsieur le président, mesdames et messieurs
les sénateurs, madame, au nom du Gouvernement, je tenais à m'associer à
l'hommage du Sénat rendu à Sosefo Makapé Papilio, sénateur de Wallis-et-Futuna,
et à transmettre à son épouse, à ses enfants ainsi qu'à leurs proches nos plus
sincères condoléances.
Vous avez, monsieur le président, remarquablement retracé le parcours de
Sosefo Makapé Papilio. Je ne saurais, en effet, mieux dire ce que vous venez
vous-même d'évoquer devant la Haute Assemblée, au sein de laquelle votre
collègue disparu a siégé vingt-sept années durant.
Il est néanmoins de mon devoir de rappeler que, engagé volontaire à Nouméa en
1949, Sosefo Makapé Papilio est promu sergent le 1er avril 1951, devenant ainsi
le premier sous-officier wallisien. Il est réformé en 1956, avec le grade de
sergent-chef.
Il revient à Wallis-et-Futuna en 1959 comme secrétaire-interprète et se lance,
dès lors, dans les affaires.
Elu à la première assemblée territoriale de Wallis en 1962, il en devient le
président en 1967 jusqu'en 1971.
C'est alors, en septembre de cette même année, qu'il est élu pour la première
fois sénateur, puis réélu en 1980 et 1989. Inscrit au groupe du Rassemblement
pour la République, il devient membre de la commission des affaires culturelles
pour terminer sa carrière sénatoriale à la commission des affaires sociales.
Parallèlement, à l'exclusion d'une seule interruption de 1977 à 1982, il
demeure conseiller territorial jusqu'en 1990, année où il démissionne de son
mandat pour raisons de santé. Outre son mandat de sénateur, il s'implique
également dans différentes associations sportives et sociales.
Sa brutale disparition, le 5 avril dernier, dans des circonstances tragiques,
prive le Sénat d'un ardent défenseur des traditions wallisiennes.
A ses collègues de la Haute Assemblée je renouvelle les regrets du
Gouvernement auquel j'ai l'honneur d'appartenir.
A vous, madame, à vos enfants comme à vos plus proches alliés, je donne
l'assurance de notre profonde compassion pour la peine que vous avez à subir et
vous conforte de notre plus cordiale et chaleureuse sympathie.
M. le président.
Mes chers collègues, nous allons interrompre nos travaux pendant quelques
instants en signe de deuil.
La séance est suspendue.