Séance du 15 décembre 1998
SOMMAIRE
PRÉSIDENCE DE M. JEAN-CLAUDE GAUDIN
1.
Procès-verbal
(p.
0
).
2.
Questions orales sans débat
(p.
1
).
CONTRÔLE TECHNIQUE
DES SYSTÈMES D'ASSAINISSEMENT NON COLLECTIF (p.
2
)
Question de M. Gérard César. - MM. Jean-Claude Gayssot, ministre de l'équipement, des transports et du logement ; Gérard César.
CONDITIONS DE CIRCULATION
DANS LE COULOIR RHODANIEN (p.
3
)
Question de M. Jean Besson. - M. Jean-Claude Gayssot, ministre de l'équipement, des transports et du logement.
RÉALISATION DE LA LIAISON FERROVIAIRE
GRANDE CEINTURE OUEST (p.
4
)
Question de M. Gérard Larcher. - MM. Jean-Claude Gayssot, ministre de l'équipement, des transports et du logement ; Gérard Larcher.
HARMONISATION DU RECLASSEMENT
DES MAÎTRES AUXILIAIRES DEVENUS TITULAIRES (p.
5
)
Question de M. Ivan Renar. - MM. Claude Allègre, ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie ; Ivan Renar.
FINANCEMENT DES FRAIS DE FONCTIONNEMENT
DES DEUG (p.
6
)
Question de M. Rémi Herment. - MM. Claude Allègre, ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie ; Rémi Herment.
CLASSES PRÉPARATOIRES AUX GRANDES ÉCOLES (p. 7 )
Question de M. Jean-Louis Lorrain. - MM. Claude Allègre, ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie ; Jean-Louis Lorrain.
RATIFICATION PAR LA FRANCE
DE LA CONVENTION UNIDROIT (p.
8
)
Question de M. Daniel Hoeffel. - Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication ; M. Daniel Hoeffel.
FINANCEMENT DE L'ARCHÉOLOGIE PRÉVENTIVE (p. 9 )
Question de M. Gérard Cornu. - Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture
et de la communication ; M. Gérard Cornu.
APPLICATION DE LA LOI DU 28 FÉVRIER 1997 RELATIVE À L'INSTRUCTION DES
AUTORISATIONS DE TRAVAUX DANS LE CHAMP DE VISIBILITÉ DES ÉDIFICES CLASSÉS (p.
10
)
Question de M. Maurice Blin. - Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture
et de la communication ; M. Maurice Blin.
SITUATION DES SAGES-FEMMES (p. 11 )
Question de M. Charles Descours. - Mme Nicole Péry, secrétaire d'Etat aux droits des femmes et à la formation professionnelle ; M. Charles Descours.
CONSÉQUENCES DE LA FERMETURE DE CREYS-MALVILLE (p. 12 )
Question de M. Jean Boyer. - MM. Christian Pierret, secrétaire d'Etat à l'industrie ; Jean Boyer.
PRÉSIDENCE DES OFFICES DE TOURISME (p. 13 )
Question de M. Jean-Claude Carle. - MM. Christian Pierret, secrétaire d'Etat à l'industrie ; Jean-Claude Carle.
APPLICATION DE LA LOI N° 96-603 DU 5 JUILLET 1996
DITE « LOI RAFFARIN » (p.
14
)
Question de M. André Vallet. - MM. Christian Pierret, secrétaire d'Etat à l'industrie ; André Vallet.
Suspension et reprise de la séance (p. 15 )
PRÉSIDENCE DE M. CHRISTIAN PONCELET
3.
Eloge funèbre de Georges Mazars, sénateur du Tarn
(p.
16
).
MM. le président, Christian Sautter, secrétaire d'Etat au budget.
Suspension et reprise de la séance (p. 17 )
PRÉSIDENCE DE M. PAUL GIROD
4.
Conférence des présidents
(p.
18
).
5.
Loi de finances rectificative pour 1998.
- Suite de la discussion et adoption d'un projet de loi (p.
19
).
Article additionnel après l'article 16 nonies (p. 20 )
Amendements n°s 5 et 6 de M. Lauret. - MM. Edmond Lauret, Philippe Marini, rapporteur général de la commission des finances ; Christian Sautter, secrétaire d'Etat au budget. - Rejet des deux amendements.
Article 16 decies (p. 21 )
Amendements identiques n°s 28 de M. Adnot et 43 de M. Souplet. - MM. Philippe
Adnot, André Bohl, le rapporteur général, le secrétaire d'Etat, Michel
Moreigne, Michel Charasse. - Adoption des deux amendements.
Adoption de l'article modifié.
Articles 16
undecies
à 16
quaterdecies
. - Adoption (p.
22
)
Article 16
quindecies
(p.
23
)
Amendements identiques n°s 23 de la commission et 10 de M. Ballayer. - MM. le rapporteur général, Jacques Machet, le secrétaire d'Etat. - Adoption des deux amendements supprimant l'article.
Articles additionnels après l'article 16 quindecies (p. 24 )
Amendement n° 39 rectifié de M. Charasse. - MM. Jean-Pierre Demerliat, le
rapporteur général, le secrétaire d'Etat, Alain Lambert, président de la
commission des finances ; Jean-Philippe Lachenaud, Michel Charasse, Paul
Loridant, René Trégouët, Jean-Paul Delevoye, Jean Clouet. - Rejet.
Amendement n° 42 rectifié
bis
de M. Loridant. - MM. Paul Loridant, le
rapporteur général, le secrétaire d'Etat. - Adoption de l'amendement insérant
un article additionnel.
Amendement n° 52 du Gouvernement. - MM. le secrétaire d'Etat, le rapporteur
général, le président de la commission, Jean-Philippe Lachenaud. - Rejet.
Amendement n° 55 de la commission. - MM. le rapporteur général, le secrétaire
d'Etat. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.
Amendement n° 44 rectifié de M. Ballayer. - MM. René Ballayer, le rapporteur
général. - Retrait.
Amendements n°s 60 et 59 du Gouvernement. - MM. le secrétaire d'Etat, le
rapporteur général. - Adoption de l'amendement n° 60 insérant un article
additionnel ; rejet de l'amendement n° 59.
Article 17 (p. 25 )
M. le rapporteur général.
Adoption de l'article.
Article additionnel après l'article 17 (p. 26 )
Amendement n° 24 de la commission. - M. le secrétaire d'Etat, Mme Marie-Claude Beaudeau, M. le rapporteur général. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.
Articles 18 et 19. - Adoption (p.
27
)
Article 19
bis
(p.
28
)
Amendement n° 56 de la commission. - MM. le rapporteur général, le secrétaire
d'Etat. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.
Article additionnel après l'article 19 bis (p. 29 )
Amendements identiques n°s 57 de la commission et 49 rectifié de M. Hoeffel. - MM. le rapporteur général, Jean-Paul Delevoye, le secrétaire d'Etat. - Adoption des deux amendements insérant un article additionnel.
Articles 20 et 21. - Adoption (p.
30
)
Article 22 (p.
31
)
Amendement n° 25 de la commission. - MM. le rapporteur général, le secrétaire
d'Etat. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.
Article 23. - Adoption (p.
32
)
Article 24 (p.
33
)
Amendement n° 26 de la commission. - MM. le rapporteur général, le secrétaire
d'Etat. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.
Article 25 (p. 34 )
Amendement n° 50 du Gouvernement. - MM. le secrétaire d'Etat, le rapporteur général. - Adoption de l'amendement rédigeant l'article.
Article additionnel après l'article 25 (p. 35 )
Amendement n° 58 du Gouvernement. - MM. le secrétaire d'Etat, le rapporteur général, Michel Charasse. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.
Vote sur l'ensemble (p. 36 )
M. Michel Mercier, Mme Marie-Claude Beaudeau, MM. Bernard Angels, Jean-Philippe
Lachenaud, le secrétaire d'Etat.
Adoption, par scrutin public, du projet de loi.
6.
Nomination de membres d'une commission mixte paritaire
(p.
37
).
7.
Dépôt d'une résolution
(p.
38
).
8.
Dépôt d'un rapport supplémentaire
(p.
39
).
9.
Ordre du jour
(p.
40
).
COMPTE RENDU INTÉGRAL
PRÉSIDENCE DE M. JEAN-CLAUDE GAUDIN
vice-président
M. le président.
La séance est ouverte.
(La séance est ouverte à dix heures trente.)
1
PROCÈS-VERBAL
M. le président.
Le compte rendu analytique de la précédente séance a été distribué.
Il n'y a pas d'observation ?...
Le procès-verbal est adopté sous les réserves d'usage.
2
QUESTIONS ORALES SANS DÉBAT
M. le président. L'ordre du jour appelle les réponses à des questions orales sans débat.
contrôle technique
des systèmes d'assainissement non collectif
M. le président.
La parole est à M. César, auteur de la question n° 368, adressée à Mme le
ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement.
M. Gérard César.
Monsieur le ministre, l'article 35 de la loi sur l'eau du 3 janvier 1992
institue un contrôle des installations d'assainissement non collectif à la
charge des communes, qui peuvent également assurer les dépenses d'entretien, si
elles le décident. A cet effet, il leur revient de mettre en place des services
publics d'assainissement non collectif avant le 31 décembre 2005.
Dans le département de la Gironde, l'instruction des dossiers et le contrôle
étaient assurés par les services de la direction départementale des affaires
sanitaires et sociales, la DDASS, jusqu'au 30 juin 1998. Cette date a marqué la
clôture du transfert vers les communes des prestations jusqu'alors assurées par
les services de l'Etat, même si des actions d'information et de formation ont
été proposées aux élus. On peut d'ailleurs se demander à quelle tâche seront
désormais affectés les fonctionnaires de la DDASS qui avaient acquis une solide
expérience et un potentiel de connaissances dans le domaine de l'assainissement
non collectif.
Monsieur le ministre, vous n'êtes pas sans savoir que ce transfert de
compétences est lourd de conséquences pour les communes, en particulier pour
les petites communes rurales. Beaucoup de difficultés sont à attendre et de
nombreuses interrogations s'élèvent en raison du manque de moyens techniques,
juridiques et financiers dont souffrent ces communes face à leurs nouvelles
responsabilités.
Quelles sont, en effet, celles qui disposent de techniciens ou de services
qualifiés ?
Quelle sera la responsabilité du maire en cas de problèmes dans l'appréciation
technique de la validité de l'installation ?
Si le résultat du contrôle apparaît négatif, quels seront les moyens dont le
maire disposera pour inciter, voire contraindre le propriétaire à réaliser dans
les normes son assainissement ?
Malgré les pouvoirs de police dont il jouit en matière de salubrité, qui lui
permettent d'accéder sur des terrains privés, ne risque-t-on pas de connaître
quelques conflits avec certains propriétaires, qui peuvent se montrer
réfractaires ?
Enfin, ce transfert de compétences s'accompagne d'un transfert de charges
supplémentaires pour les collectivités, déjà fortement sollicitées, dont le
coût est aujourd'hui difficile à évaluer. Qu'elles sollicitent l'intervention
des services de l'Etat, comme la direction départementale de l'équipement, ou
qu'elles fassent appel à des prestataires privés, ces collectivités doivent, de
toutes les façons, rémunérer cette assistance. Nous constatons, une fois de
plus, le désengagement de l'Etat.
Une enquête récente réalisée par Ipsos-Opinion pour le
Courrier des Maires
a révélé que 45 % des maires pensent qu'ils ne solliciteront pas un nouveau
mandat en 2001. Selon ce sondage, la difficulté d'être maire aujourd'hui tient
non seulement aux responsabilités juridiques croissantes, à la complexité des
réglementations et des normes, mais aussi au manque de moyens financiers et
humains.
Ne craignez-vous pas, monsieur le ministre, que tous ces ingrédients soient
réunis dans le sujet qui nous préoccupe à ce jour et contribuent à augmenter
encore un peu plus le pourcentage des maires hésitant à renouveler leur mandat
?
En conclusion, monsieur le ministre, pouvez-vous me dire quelles mesures le
Gouvernement envisage de prendre pour aider les communes à assurer les
nouvelles responsabilités qui leur incombent en matière d'assainissement ?
M. le président.
La parole est à M. le ministre.
M. Jean-Claude Gayssot,
ministre de l'équipement,des transports et du logement.
Monsieur le
sénateur, Mme Voynet m'a demandé de vous prier de l'excuser et de vous
transmettre la réponse qu'elle a préparée à votre intention.
La loi sur l'eau du 3 janvier 1992 a été votée à l'unanimité. Elle a fait de
l'assainissement non collectif un mode de traitement des eaux usées à part
entière. En effet, lorsque les conditions techniques requises sont mises en
oeuvre, l'assainissement non collectif garantit des performances comparables,
voire supérieures, à celles de l'assainissement collectif et permet de disposer
de solutions plus économiques pour l'habitat dispersé. Il constitue la solution
de référence en milieu rural.
Contrairement à l'assainissement collectif, la prise en charge de la
réalisation et du bon fonctionnement des ouvrages d'assainissement non
collectif appartient aux personnes privées, qui sont, par conséquent,
responsables en cas de pollution.
Comme vous le soulignez, monsieur le sénateur, les communes sont toutefois
responsables du contrôle de ces installations, et la circulaire
interministérielle du 22 mai 1997, prise donc par le gouvernement précédent,
apporte de nombreuses précisions sur les modalités de ce contrôle et sur son
organisation au sein des services publics d'assainissement non collectif.
La mission de ces nouveaux services publics est d'assurer un contrôle des
installations d'assainissement non collectif lors de leur réalisation ainsi
qu'un contrôle régulier de leur bon fonctionnement et de leur entretien. Si les
communes le souhaitent, ces services pourront également assurer eux-mêmes tout
ou partie de l'entretien des installations, à la demande des intéressés.
L'emploi à plein temps de personnel qualifié pour assurer ces services rend
nécessaire un périmètre d'intervention suffisant. C'est pourquoi les communes
rurales ont tout intérêt à se regrouper en syndicat intercommunal pour exercer
cette nouvelle compétence.
Le service public chargé du contrôle et, le cas échéant, de l'entretien des
installations d'assainissement autonome est financé, comme le service
d'assainissement collectif, par une redevance qui sera mise à la charge des
usagers. Une modification de la réglementation est en cours, notamment pour
clarifier les modalités de perception de cette redevance.
Par ailleurs, monsieur le sénateur, deux cent vingt-cinq postes vont être
créés dans les agences de l'eau pour faciliter la mise en oeuvre du dispositif
« Nouveaux métiers, nouveaux emplois » dans le domaine de l'eau. Ainsi, les
collectivités pourront bénéficier d'une assistance pour l'embauche
d'emplois-jeunes dans les services publics d'assainissement non collectif, ce
qui devrait réduire leur coût.
Mme Voynet tient à souligner le délai important qui a été donné aux communes
pour mettre en place le service de contrôle de l'assainissement non collectif,
puisqu'elles ont jusqu'au 31 décembre 2005 pour l'organiser. Pendant cette
phase transitoire, il a été demandé aux préfets de maintenir l'action que
pouvaient avoir les DDASS en matière de contrôle de l'assainissement non
collectif et de développer un appui technique pour la mise en place des
structures communales ou intercommunales de contrôle technique, de manière à
assurer le transfert de compétences sur celles-ci.
Cet encouragement donné au maintien et au développement de l'assainissement
non collectif devrait enfin permettre d'atténuer dans le futur l'importance des
travaux d'extension de l'assainissement collectif en zone rurale et, par voie
de conséquence, les budgets communaux qui leur sont consacrés.
M. Gérard César.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. César.
M. Gérard César.
J'ai bien compris, monsieur le ministre, que certaines modifications vont être
apportées au dispositif. Je tiens néanmoins à insister sur un point qui me
paraît important : certaines DASS renvoient aujourd'hui les dossiers aux maires
sans les instruire.
M. Jean-Claude Gayssot,
ministre de l'équipement, des transports et du logement.
Je le sais !
M. Gérard César.
Mme Voynet pourrait-elle donner des instructions aux DASS pour que les
dossiers ne soient plus renvoyés par retour du courrier ? Cette pratique est
inadmissible ! Nous ne pouvons pas le supporter.
M. Jean-Claude Gayssot,
ministre de l'équipement, des transports et du logement.
Je transmettrai
!
M. Gérard César.
Je vous en remercie, monsieur le ministre.
CONDITIONS DE CIRCULATION
DANS LE COULOIR RHODANIEN
M. le président.
La parole est à M. Besson, auteur de la question n° 371, adressée à M. le
ministre de l'équipement, des transports et du logement.
M. Jean Besson.
Monsieur le président, ma question vous intéresse vous aussi puisqu'elle a
trait aux difficultés de circulation dans la vallée du Rhône !
Monsieur le ministre, mon département, la Drôme, prend appui sur le couloir
rhodanien. Il est à la fois carrefour du Rhône et du sillon alpin, goulet et
passage obligé entre l'Europe du Nord et l'Europe du Sud.
Il offre des points de contact importants entre les différents modes de
transport, le rail, l'eau et la route, avec la RN 7 et l'autoroute A 7, les
voies ferrées classiques et les nombreux oléoducs ainsi que la réalisation en
cours de la ligne du TGV Sud-Est.
Le couloir de la vallée du Rhône est aujourd'hui saturé. Pourtant, l'axe
nord-sud Paris-Lyon-Marseille demeure un objet stratégique en termes de
développement à l'échelle du territoire européen.
C'est dans cet environnement que le problème de l'augmentation constante du
trafic de l'autoroute A 7 prend toute sa signification. Ce problème et toujours
plus d'actualité, puisqu'il semble, compte tenu de l'évolution du trafic, que
le seuil de saturation structurel de cette infrastructure pourrait être atteint
dans les années 2001-2002.
Face à cette situation, monsieur le ministre, je tenais à orienter ma question
dans deux directions.
S'agissant d'abord de l'autoroute A 51, entre Grenoble et Sisteron, cette
infrastructure, essentielle pour le désenclavement du massif alpin, doit aussi
être capable d'offrir une alternative autoroutière crédible à l'A 7. C'est dans
cet esprit que les élus drômois, de toute tendance politiques, se mobilisent
depuis de nombreuses années pour un tracé par le col de Lus-la-Croix-Haute.
Très attentif à l'évolution de ce dossier, je souhaiterais obtenir des
informations sur l'étude en cours ainsi que sur le calendrier prévisionnel
relatif à la réalisation de cette infrastructure. Ce dernier est, en effet,
essentiel pour intégrer cette liaison dans la réflexion sur un itinéraire de
délestage.
S'agissant, ensuite, de l'étude intermodale sur l'axe A 7 - A 9 réalisée par
votre prédécesseur en 1992, il est aujourd'hui nécessaire de la remettre à
jour.
Si les deux grands axes autoroutiers nord-sud inscrits au schéma directeur
pour décharger l'axe rhodanien, deviennent une réalité avec, d'une part, l'A 75
entre Clermont-Ferrand et Béziers et, d'autre part, l'enchaînement des
autoroutes A 39, A 48, A 51 entre Dijon - Grenoble et Aix-en-Provence, il
convient de savoir si le dispositif sera suffisant et, dans l'hypothèse
négative, de déterminer les différentes solutions envisageables.
Vous n'ignorez pas le traumatisme que produirait le passage d'une nouvelle
infrastructure dans notre couloir rodhanien. Le refus catégorique opposé par
les populations et les élus locaux au projet de l'A 79 en est la preuve. C'est
pourquoi une nouvelle étude intermodale sur l'axe nord-sud doit être menée, en
intégrant cet axe dans le cadre européen et en demandant un développement
détaillé de toutes les solutions permettant la mixité des transports.
La question qui se pose aujourd'hui et de savoir non seulement comment éviter
la saturation des couloirs naturels mais, surtout, et de manière toujours plus
pressante, comment éviter l'asphyxie.
Bien sûr, confronté à des couloirs saturés, on peut spontanément répondre par
l'augmentation des capacités, mais on se rend compte aujourd'hui que cette
seule voie est une impasse. C'est donc à l'imagination et à la recherche en
termes de complémentarité entre les différents modes de transport qu'il faut
faire appel, car le temps difficile des décisions approche...
M. le président.
La parole est à M. le ministre.
M. Jean-Claude Gayssot,
ministre de l'équipement, des transports et du logement.
Comme vous
l'avez souligné, monsieur le sénateur, les infrastructures constituant l'axe
nord-sud, qui emprunte notamment le couloir rhodanien, connaissent
régulièrement des problèmes de congestion qui vont en s'aggravant avec la
croissance des flux de transport.
La solution à ces difficultés, qui ne peut être, comme vous l'avez également
souligné, que plurimodale, repose sur un développement équilibré des
infrastructures routières, ferroviaires et fluviales. Il est donc nécessaire
d'adopter une approche globale. D'ailleurs M. le président le sait, puisque la
ville de Marseille est directement concernée.
Cette question s'inscrit pleinement dans les préoccupations du Gouvernement,
qui a déposé un projet de loi relatif à l'aménagement et au développement
durable du territoire, que le Parlement examinera prochainement. Partant des
besoins exprimés, ce texte prévoit de substituer aux actuels schémas modaux des
schémas de services collectifs de transport des marchandises et des
voyageurs.
Les réflexions sur ces schémas de services sont déjà en cours et, dans ce
cadre, le fonctionnement de l'axe nord-sud, que vous évoquiez, fait
actuellement l'objet de nouvelles études intermodales. Complétant et
actualisant les études antérieures, ces études s'attachent à comparer
l'ensemble des scénarios envisageables afin d'assurer le maintien de la
fluidité des trafics à moyen terme, y compris pendant les périodes
estivales.
Elles prennent en compte, bien entendu, l'autoroute A 75, que vous avez citée,
monsieur le sénateur. Je vous rappelle que l'enquête d'utilité publique
concernant le viaduc de Millau sera lancée demain. C'est très important parce
que si les choses sont confirmées après l'enquête d'utilité publique, nous
pourrons, grâce à la mise en concession, achever les travaux, y compris sur la
partie Béziers, et donc faire de cette liaison un axe très utile pour les
transits nord-sud.
Cela permettra aussi de prendre en compte l'axe constitué par les autoroutes A
39, A 48 et A 51, qui représentent une alternative à la liaison A 6-A 7.
L'A 39, qui a été mise en service récemment, permet déjà de capter une partie
des trafics du couloir rhodanien au nord de Lyon. Les études d'avant-projet
sommaire de l'A 48 entre Ambérieu et Bourgoin-Jallieu se déroulent de manière
que le projet puisse être soumis à enquête publique au cours du premier
semestre 1999.
En ce qui concerne la liaison Grenoble - Sisteron - que vous évoquiez sans
doute à propos de l'A 51 - des études complémentaires sont actuellement
réalisées sur le tracé par Lus-la-Croix-Haute selon trois options : projet
autoroutier en tracé neuf, aménagement autoroutier réutilisant en partie la RN
75 et, enfin, aménagement de cette dernière en route express à deux fois deux
voies.
L'état d'avancement de ces études me permet aujourd'hui de confirmer que la
concertation sur le choix du tracé pourrait avoir lieu avant l'été 1999, ce qui
me permettra d'arrêter un parti d'aménagement avant la fin de l'année 1999.
Dans le cadre de la préparation du prochain contrat de plan Etat-région, j'ai
par ailleurs indiqué, lors de mes deux derniers déplacements à Lyon, où j'ai
rencontré le président de la COURLY, la communauté urbaine de Lyon, qu'un
contournement autoroutier de cette ville me paraissait indispensable.
J'ai demandé au préfet de région de conduire entre janvier et mars 1999 - on y
est presque - une consultation complémentaire à partir des dernières études en
élargissant le débat aux départements de l'Ain, de l'Isère et de la Loire, et
au département de l'Ardèche, qui, bien entendu, peut être intéressé par le
contournement autoroutier ouest, lequel, par ailleurs, pourrait être relié à
l'A 7, l'A 45 future, y compris l'A 89. On est donc là dans un schéma de
fluidité et d'aménagement très intéressant.
J'ai proposé de retenir l'idée du contournement ferroviaire fret - pour le
coup, ce serait plutôt par l'est - de l'agglomération lyonnaise, et en tout cas
de réaliser rapidement des investissements pour améliorer à court terme la
capacité des infrastructures actuelles.
Vous savez que nous sommes en train d'étudier le moyen de résoudre le problème
des points noirs, des points de saturation du réseau ferroviaire. Il y en a
plusieurs dans notre pays. En l'occurrence, c'est moins le sillon lui-même qui
est engorgé que certains points du sillon. Lyon notamment constitue un point de
saturation, et j'ai demandé que des investissements soient réalisés dans
l'immédiat pour améliorer tout de suite la capacité des infrastructures
existantes, sans perdre de vue la perspective d'un contournement éventuel par
l'est.
Les études multimodales engagées prendront naturellement en compte l'existence
des trois lignes ferroviaires nord-sud : rives droite et gauche du Rhône et,
bientôt, la ligne TGV Méditerranée, qui va dégager des sillons sur le réseau
actuel ; je le répète : nous devrons travailler sur les points de saturation
qui touchent, notamment, Nîmes et Montpellier. A ces lignes, il convient
d'ajouter la ligne Clermont-Ferrand - Béziers qui est sous-utilisée et sur
laquelle, compte tenu de la saturation de la vallée rhodanienne, pourraient
sans doute être transférés certains trafics. Je fais des propositions de
développement, en liaison avec Réseau ferré de France.
La SNCF devra saisir les nouvelles opportunités de services ferroviaires qui
se présenteront, en particulier pour le transport du fret, et rechercher une
utilisation optimale des infrastructures dont elle disposera.
Je pourrais encore m'exprimer sur toute une série de questions qui touchent
des régions et des départements.
Vous le voyez bien, le Gouvernement entend intégrer la préoccupation qui est
la vôtre et qui est celle de toutes les personnes concernées, dans ces régions
et dans ces départements, par le transit nord-sud quotidien, et plus encore en
période estivale et de vacances. Il s'agit de faire en sorte que les réponses
apportées ne concernent pas un seul mode de transport, mais soient
véritablement multimodales, c'est-à-dire qu'elles prennent en compte à la fois
la route, le fer et le trafic fluvial, notamment sur le Rhône.
M. Jean Besson.
Merci, monsieur le ministre !
RÉALISATION DE LA LIAISON FERROVIAIRE
GRANDE CEINTURE OUEST
M. le président.
La parole est à M. Gérard Larcher, auteur de la question n° 375, adressée à M.
le ministre de l'équipement, des transports et du logement.
M. Gérard Larcher.
Monsieur le ministre, je souhaiterais attirer votre attention sur l'opération
ferroviaire « grande ceinture ouest », qui, dans le cadre des futures
tangentielles, notamment le projet régional Lutèce, reliera
Saint-Germain-en-Laye et Noisy-le-Roi, en incluant les gares de Mareil-Marly,
Saint-Germain-Bel-Air et Saint-Nom-la-Bretèche.
Cette infrastructure, qui rompt avec la tendance centripète des transports
dans la région d'Ile-de-France et promeut des liaisons transversales de commune
à commune, a été inscrite successivement aux Xe et au XIe plan.
Aujourd'hui, faisons le bilan.
Le Conseil d'Etat a rendu ses décisions Le 1er octobre dernier, le conseil
d'administration du syndicat des transports parisiens s'est prononcé
favorablement sur l'avant-projet et les collectivités territoriales ont donné
leur accord explicite sur le financement de ce projet. Le conseil général des
Yvelines a confirmé son accord pour participer à hauteur de 80 millions de
francs. Le conseil régional, quant à lui, à prévu une prise en charge de 523
millions de francs.
Nous avons un rendez-vous avec le calendrier, avant la fin de l'année, le 27
décembre exactement, car la déclaration d'utilité publique serait caduque
au-delà de cette date ; d'ailleurs, mon collègue Alain Gournac vous a déjà fait
part de cette inquiétude, monsieur le ministre.
Quelles dispositions définitives et immédiates comptez-vous prendre pour
donner votre approbation à ce projet essentiel pour une grande partie des
Franciliens et qui a reçu l'accord de toutes les villes concernées ?
Je souhaite obtenir aujourd'hui un calendrier qui prévoie une réponse avant la
fin de l'année 1998, c'est-à-dire dans un délai très court. Je le répète : le
projet a été inscrit dans deux plans et a fait l'objet d'accords de
financement. Il serait donc dommageable que ce projet soit suspendu - pour des
raisons que je ne peux imaginer - à une signature qui, si elle n'intervenait
pas avant le 27 décembre prochain, le fragiliserait sur le plan juridique.
M. le président.
La parole est à M. le ministre.
M. Jean-Claude Gayssot,
ministre de l'équipement, des transports et du logement.
Monsieur le
sénateur, vous appelez mon attention sur le projet de réouverture au trafic
voyageurs de la ligne SNCF de la grande ceinture ouest, communément appelée
GCO. Ce projet consiste, comme vous le savez, à prolonger la ligne reliant
actuellement Paris - Saint-Lazare et Saint-Nom-la-Bretèche vers
Saint-Germain-en-Laye d'une part, et vers Noisy-le-Roi d'autre part, en
réutilisant les emprises de la grande ceinture ferroviaire.
Après l'examen favorable et l'approbation du dossier d'avant-projet par le
conseil d'administration de RFF, Réseau ferré de France, le 9 juillet 1998, par
la SNCF et par le conseil d'administration du syndicat des transports parisiens
le 1er octobre 1998, la SNCF et RFF ont récemment soumis à l'approbation
ministérielle le dossier de la réalisation d'une première étape, c'est-à-dire
la liaison Saint-Germain-en-Laye - Noisy-le-Roi.
Vous le savez, compte tenu de l'inadaptation de l'offre de transport aux
besoins des habitants de la périphérie de la capitale, des millions d'heures
sont actuellement perdues chaque jour dans des embouteillages aux abords de
Paris et des centaines de milliers de salariés sont contraints d'allonger
considérablement leur temps de transport en faisant matin et soir le détour par
le coeur de la capitale pour se rendre à leur travail et en revenir.
Voilà pourquoi, monsieur le sénateur, les projets de rocades de banlieue à
banlieue sont, pour moi, les priorités du prochain contrat de plan.
Le développement de l'offre de transport devra porter sur la petite et la
grande couronne. J'ai demandé aux services de l'Etat d'accélérer les études
afin de disposer des critères d'appréciation en vue de déterminer, en
concertation avec la région d'Ile-de-France, un phasage pour la réalisation des
projets éligibles.
Vous avez raison de ne pas rechercher d'autres arguments, que vous ne voulez
d'ailleurs pas imaginer. Quels sont les problèmes auxquels nous sommes
confrontés ?
Les projets de réutilisation de la grande ceinture, communément appelés
tangentielles, font apparaître des rentabilités contrastées. Si l'intérêt
socio-économique des tangentielles nord et sud paraît acquis, les éléments dont
je dispose pour la tangentielle ouest font apparaître de réelles incertitudes
sur les résultats escomptés en termes de coût, de trafic et de transfert modal
de la voiture vers les transports collectifs, ce dernier point étant, comme
vous le savez, une composante essentielle de la démarche des PDU, les plans de
déplacement urbain.
J'ai donc demandé aux services de l'Etat d'approfondir les évaluations sur ce
projet.
Dans cette attente, compte tenu du fait que la déclaration d'utilité publique
de la GCO arrive à échéance - comme vous l'avez dit avec beaucoup de gravité -
à la fin de l'année, j'ai décidé de signer l'approbation ministérielle afin de
ne pas bloquer le projet et donc de préserver l'avenir.
M. Gérard Larcher.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. Gérard Larcher.
M. Gérard Larcher.
Monsieur le ministre, je me réjouis de l'annonce de cette signature. Celle-ci
était comme suspendue, et nous n'osions pas imaginer qu'elle dépende d'autres
décisions concernant le nord de la région d'Ile-de-France.
M. Jean-Claude Gayssot,
ministre de l'équipement, des transports et du logement.
C'est mon cadeau
de Noël !
(Sourires.)
M. Gérard Larcher.
Je mesure bien ce que vous voulez dire en termes de plans de déplacement
urbain, car c'est effectivement un élément fort important. Mais il est très
rare, dans une région fortement urbanisée, que, grâce aux efforts des maires -
je pense en particulier au maire de Noisy-le-Grand et à celui de
Saint-Germain-en-Laye - nous parvenions à trouver un accord général et à
écarter les difficultés naturelles formées de légitimes intérêts individuels
mais qui ne recouvrent pas l'intérêt collectif des riverains. Aussi, renvoyer à
d'autres calendes une telle décision aurait été une faute et en même temps le
signal de blocage de beaucoup d'autres projets concernant le transport de
commune à commune, qui rompt avec la tendance centripète dans la
région-capitale.
Je me réjouis donc de cette décision. Pour autant, il ne faut pas perdre de
temps pour que, conformément au rendez-vous fixé par le président du conseil
régional et par le président du conseil général, la mise en service ait bien
lieu en 2001, afin que les habitants de cette partie de l'Ile-de-France
puissent en bénéficier.
HARMONISATION DU RECLASSEMENT
DES MAÎTRES AUXILIAIRES DEVENUS TITULAIRES
M. le président.
La parole est à M. Renar, auteur de la question n° 336, adressée à M. le
ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie.
M. Ivan Renar.
Monsieur le ministre, je veux vous interroger aujourd'hui sur les conditions
restrictives de reclassement qui s'appliquent à certains maîtres auxiliaires
accédant à un corps de personnels titulaires de l'éducation nationale.
En effet, les maîtres auxiliaires recrutés au grade de maître auxiliaire
troisième catégorie, MA III, et qui accèdent, au cours de leur service, au
grade de maître auxiliaire deuxième catégorie, MA II, ou à celui de maître
auxiliaire première catégorie, MA I, sont pénalisés dans leur reclassement
d'accès à la titularisation.
La mise en oeuvre du reclassement est régie par un décret du 5 décembre
1951.
Sans entrer dans les détails techniques et très précis contenus dans ce texte,
il apparaît que les modes de prise en compte de l'ancienneté des maîtres
auxiliaires et de leurs services effectués ont été modifiés au fil des années.
Il en résulte une reconstitution de carrière qui ignore la totalité des
services effectués par le maître auxiliaire.
Concrètement, cela se traduit, pour un maître auxiliaire en catégorie III, par
exemple, par un reclassement moins avantageux lors de son accès à un corps de
fonctionnaires titulaires s'il accède en même temps à la catégorie II, que s'il
était resté dans sa catégorie d'origine. Ce qui est une promotion, justifiée
par l'obtention d'un nouveau titre universitaire, devient donc un désavantage.
Les maîtres auxiliaires qui, en plus de leur service, ont travaillé pour
obtenir de nouveaux diplômes, sont sanctionnés, étant moins bien reclassés que
s'ils étaient restés dans leur catégorie d'origine.
Je citerai l'exemple d'un maître auxiliaire de deuxième catégorie reçu
certifié à la session de 1997. A la date de son reclassement, il a accumulé dix
ans de services antérieurs, neuf ans en catégorie III et un an en catégorie II.
Il sera reclassé au deuxième échelon de professeur certifié avec un reliquat
d'ancienneté de sept mois et sept jours ! Admettons tout de même le paradoxe et
l'injustice de cette situation !
Les protestations et revendications des maîtres auxiliaires et de leurs
représentants syndicaux n'ont pu jusqu'à présent déboucher sur une modification
des règles appliquées.
Si chacun reconnaît le caractère anormal de ces reclassements et le bien-fondé
des demandes des maîtres auxiliaires, rien n'évolue, les réponses apportées
n'évoquant que « l'impossibilité de trouver une solution réglementaire pour
lever les difficultés ».
Ne faut-il pas voir derrière cette formule une difficulté financière qui
empêcherait de rétablir des règles justes ? Il serait d'ailleurs intéressant,
monsieur le ministre, de savoir précisément le nombre de maîtres auxiliaires
concernés par ce reclassement.
Je me fais donc ici l'interprète des maîtres auxiliaires qui souhaitent voir
enfin prises les mesures de justice leur garantissant un reclassement prenant
en compte toute leur ancienneté et les efforts accomplis pour progresser dans
leur profession.
M. le président.
La parole est à M. le ministre.
M. Claude Allègre,
ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie.
Vous avez raison, monsieur le sénateur, d'attirer l'attention sur ce problème
des maîtres auxiliaires, lesquels ont constitué pendant des années la variable
d'ajustement au sein de l'éducation nationale : leur recrutement et leur renvoi
s'effectuaient en effet au gré des adaptations à opérer dans tel ou tel
endroit.
La politique a radicalement changé depuis notre arrivée au Gouvernement. En
effet, les 10 000 maîtres auxiliaires qui devaient être mis à la porte par M.
Bayrou, alors ministre de l'éducation nationale, ont été réembauchés, et ils
sont intégrés régulièrement - 4 000 l'ont été cette année - selon les règles en
vigueur dans la fonction publique, c'est-à-dire par des concours
spécifiques.
Il n'en demeure pas moins que le point que vous dénoncez, dans cette
intégration, présente un caractère tout à fait anormal.
L'article 8 du décret n° 51-1423 du 5 décembre 1951 modifié précise que les
agents sont nommés dans leur nouveau grade avec une ancienneté égale à celle
qu'ils avaient acquise dans leur précédent grade, multipliée par le rapport des
coefficients caractéristiques de ce grade au coefficient caractéristique du
nouveau grade. C'est donc l'ancienneté dans le dernier grade et non
l'ancienneté totale de service qui est prise en compte.
Cette position, très anormale, a toutefois été récemment confirmée par la cour
administrative d'appel de Nantes, dans l'arrêt Laroze du 2 octobre 1997.
L'application stricte de cet article peut conduire à reclasser moins
avantageusement un maître auxiliaire de catégorie II qui aurait auparavant
accompli des services en tant que maître auxiliaire de catégorie III mais qui
ne serait que depuis peu de temps en catégorie II, par rapport à un maître
auxiliaire ayant accompli la même durée de service dans la seule catégorie
III.
Cette situation ne nous a pas échappé. Jusqu'à présent, malgré une étude
approfondie, et pour des raisons qui ne sont pas financières, aucune solution
réglementaire satisfaisante n'a pu être trouvée.
Comme vous, monsieur le sénateur, je suis assez étonné, pour ne pas dire plus,
de cet état de fait, et je considère moi aussi qu'il s'agit là d'une profonde
anomalie. Nous essayons de faire modifier cette disposition, mais cette
dernière, qui s'applique lors de la titularisation de fonctionnaires
appartenant à nombre de catégories, relève essentiellement de la compétence de
mon collègue en charge de la fonction publique.
M. Ivan Renar.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. Renar.
M. Ivan Renar.
Je vous remercie, monsieur le ministre, de votre coup de chapeau aux maîtres
auxiliaires comme de votre appel passionné publié hier dans un grand journal du
soir, appel qui, j'espère, nourrira la réflexion de tous ceux qui, dans ce
pays, gravitent autour de l'éducation nationale.
Je vous remercie également de votre réponse, même si cette dernière ne me
donne pas entièrement satisfaction. En effet, perdure une situation totalement
injuste qui pénalise les efforts, le travail accompli et les diplômes d'un
certain nombre de personnes travaillant dans l'éducation nationale.
Ce système que vous déplorez, comme moi-même, est un encouragement à
l'immobilisme et donne des armes à ceux qui montrent du doigt le métier
d'enseignant.
Ne pourrait-on trouver une solution similaire à celle qui a été mise en oeuvre
pour les instituteurs et les professeurs d'école, à la suite de la négociation
que vous avez conduite voilà quelque temps, et qui permettrait aux maîtres
auxiliaires de changer complètement de catégorie ? Il faudrait en effet trouver
des règles de classement harmonisées pour tous les maîtres auxiliaires, à la
fois pour les futurs reclassés mais aussi pour tous les autres qui doivent
retrouver, selon moi, toute leur ancienneté.
En tout cas, monsieur le ministre, je vous remercie de vos efforts et de ceux
de votre collègue en charge de la fonction publique.
financement
des frais de fonctionnement des DEUG
M. le président.
La parole est à M. Herment, auteur de la question n° 365, adressée à M. le
ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie.
M. Rémi Herment.
Monsieur le ministre, je souhaite attirer votre attention sur la prise en
charge par l'Etat du financement des frais de fonctionnement des DEUG à
Bar-le-Duc.
En effet, lors de sa réunion du 2 juillet 1998, le conseil général de la Meuse
s'est associé à la question d'urgence déposée par le maire de Bar-le-Duc au
sujet du financement par l'Etat des frais de fonctionnement des DEUG du
chef-lieu du département.
En 1994, M. le Premier ministre s'engageait dans la prise en charge du
financement des frais de fonctionnement de ces DEUG dont le montant annuel
s'élève à 1,2 million de francs, frais de fonctionnement jusqu'alors partagés
entre le conseil général de la Meuse, qui en assumait les deux tiers, et la
ville de Bar-le-Duc pour le tiers restant.
Le gouvernement Juppé, à son tour, considérant qu'il y avait un engagement
formel, décidait, en 1996, de prendre la moitié du déficit de fonctionnement,
soit 600 000 francs, à la charge de l'Etat et affirmait que ce montant allait
progressivement augmenter afin de couvrir la totalité de la somme en
question.
Cette somme de 600 000 francs fut virée fin 1996 à l'université Nancy-I,
réduisant ainsi de moitié, comme prévu, le financement des deux collectivités
meusiennes.
En rappelant par écrit ces engagements, le conseil général et la ville sont
intervenus à plusieurs reprises auprès du ministre de l'éducation nationale,
comme auprès du Premier ministre, et n'ont obtenu, depuis plus d'un an, aucune
réponse sur ce point particulier.
Dans ces conditions, la ville et le conseil général ont à nouveau inscrit à
leur budget le doublement de leurs crédits spécifiques pour 1998, alors même
que les résultats aux examens sont excellents grâce à une qualité de travail
tout à fait exceptionnelle des étudiants et à une mobilisation de leurs
enseignants, et que, partout, les universités sont financées par l'Etat.
Pourquoi le Gouvernement ne répond-t-il pas à notre attente, monsieur le
ministre ? Je tiens à rappeler ici les efforts importants que nous avons déjà
consentis, notamment depuis la décentralisation, et que nous continuons à
produire en faveur de la formation dans un département touché de façon
préoccupante par les stigmates de la désertification.
M. le président.
La parole est à M. le ministre.
M. Claude Allègre,
ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie.
Monsieur le sénateur, la réponse est extrêmement simple : l'antenne de
Bar-le-Duc est rattachée à l'université Nancy-I, laquelle est autonome, ce à
quoi je tiens énormément.
Ce n'est donc pas en vous adressant au ministre de l'éducation nationale ou,
encore moins, au Premier ministre que vous pourrez obtenir une réponse
s'agissant des problèmes de l'antenne de Bar-le-Duc.
La dotation pour 1998 en faveur de l'université Nancy-I s'est élevée à 42,913
millions de francs, montant qui prend en compte les effectifs et les moyens de
l'antenne de Bar-le-Duc. Il appartient à l'université Nancy-I, dans le cadre de
son autonomie, de répartir, conformément à l'article 20 de la loi du 26 janvier
1984, les crédits dont elle dispose en fonction de ses priorités.
On ne peut pas, monsieur le sénateur, réclamer plus d'autonomie pour les
universités et demander ensuite à l'Etat de régler les problèmes au sein de
l'université Nancy-I.
Je prends la mesure des efforts accomplis, monsieur Herment, et je comprends
vos problèmes ; néanmoins je ne crois pas - et je suis obligé de vous le dire -
que vous résoudrez ces derniers en vous adressant à chaque fois au ministre,
voire au Premier ministre, alors que nous essayons au contraire de déléguer les
responsabilités à l'échelon local. Il vous faut donc, s'il existe quelque
anomalie dans le fonctionnement de l'université Nancy-I quant à la répartition
des moyens qui sont alloués à celle-ci, vous tourner vers le président de
l'université Nancy-I et, à la rigueur, vers le recteur chancelier des
universités. En tout cas, je ne peux rien faire d'autre que de vous renvoyer à
la règle qui prévaut dans ce pays, à savoir que les universités gèrent leur
budget en fonction de leurs choix stratégiques et des perspectives qui leur
sont ouvertes.
M. Rémi Herment.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. Herment.
M. Rémi Herment.
Je dois vous remercier, monsieur le ministre, de ces précisions, dont nous
connaissions en grande partie la teneur ; mais je dois aussi souligner que nos
appels auprès de l'université de Nancy I n'ont jamais produit d'effet, cette
université nous expliquant que l'enveloppe globale qui lui est allouée par vos
soins ne prend pas en compte l'antenne universitaire de Bar-le-Duc.
Je vous ai entendu avec beaucoup de satisfaction et de plaisir, je dois le
dire, nous affirmer le contraire, et il est bien évident que le président du
conseil général de la Meuse et moi-même allons entreprendre à nouveau des
démarches auprès de l'université de Nancy I.
M. Claude Allègre,
ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le ministre.
M. Claude Allègre,
ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie.
Je me permets de souligner, monsieur le sénateur, que je vous ai donné une
petite information supplémentaire : si vous n'obtenez pas satisfaction auprès
de l'université, le recteur chancelier des universités est habilité à vous
fournir les informations locales du type de celles que vous demandez.
M. Rémi Herment.
Merci, monsieur le ministre.
classes préparatoires aux grandes écoles
M. le président.
La parole est à M. Jean-Louis Lorrain, auteur de la question n° 369, adressée
à M. le ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la
technologie.
M. Jean-Louis Lorrain.
Monsieur le ministre, l'extrême vigueur des réactions des associations de
professeurs de classes préparatoires m'interpelle. Elle m'incite, à un moment
où l'ensemble du corps enseignant se sent vivement touché par vos remarques, à
vous interroger sur l'opportunité de minimiser les épreuves des concours, de
diminuer la rémunération des heures d'interrogation orale et d'écrêter de 17 %
le montant des heures supplémentaires, dont chacun sait qu'elles n'ont de «
supplémentaires » que le nom puisque ce sont des raisons d'ordre structurel qui
rendent cette catégorie d'enseignants chevronnés grands « consommateurs » de
ces heures que je qualifierai plutôt de complémentaires.
Est-il utile, sous couvert de solidarité avec les emplois-jeunes, que votre
ministère finance grâce à cette ponction, de démotiver ces professeurs
davantage encore, alors qu'augmenter le nombre des emplois-jeunes est une
mesure de caractère éphémère puisque c'est différer le problème de cinq années
sans le résoudre ?
Monsieur le ministre, vous avez dit : « Vous ne trouverez jamais dans ma
bouche des propos agressifs à l'endroit des professeurs de classes
préparatoires. » Je vous en donne acte. « Leurs programmes ont beaucoup évolué
sous l'impulsion de M. Lionel Jospin, alors ministre de l'éducation... Ces
enseignants font un travail bien difficile et souvent ils meurent jeunes, mais
les attaques contre les classes préparatoires sont un fantasme. » Pour
travailler dans ce milieu, j'ai une perception particulière de ces fantasmes !
« La seule question qui se pose est celle-ci : faut-il maintenir des classes où
il n'y a que quinze élèves et qui envoient un reçu à Polytechnique tous les
cinquante ans ? »
Heureusement, les classes préparatoires ne mènent pas toutes à l'Ecole
polytechnique, qui ne concerne chaque année que quatre cents étudiants sur les
dizaines de milliers concernés par ces concours, et comptent, chacune, en
moyenne, quarante élèves !
Vos propos, monsieur le ministre, m'amènent à citer ceux de Mme Jacqueline de
Romilly, qui faisait récemment allusion aux vieilles attaques contre l'élitisme
en précisant qu'elle trouvait « assez amusant que l'on se refuse à encourager,
à aider cet effort de perfectionnement, de formation intellectuelle qui aboutit
à un concours, qui aboutit à un progrès, et qu'on fasse cela l'année même du
Mondial ». Et d'ajouter : « Les gens qui entraînent ceux qui jouent, on les
respecte et, à ma connaissance, on les paye. »
Il est vrai, monsieur le ministre, qu'on les porte aux nues, ces entraîneurs,
et qu'à eux reviennent la considération et la gloire. Je n'ai rien à redire à
cela. Mais notre souci d'excellence doit-il se limiter au ballon rond ? Sans
hiérarchisation de nos valeurs, n'encourons-nous pas un
penalty
?
M. le président.
La parole est à M. le ministre.
M. Claude Allègre,
ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie.
Je ne voudrais pas qu'un tel débat donne lieu à trop d'amalgames et de
confusion.
D'abord, je n'ai rien à envier à Mme de Romilly en ce qui concerne l'élitisme,
je vous le dis nettement, et, du coup, je n'ai pas de leçon à recevoir !
En ce qui concerne les classes préparatoires, j'ai fait une chose que je crois
juste : les heures supplémentaires dites annuelles, qui étaient autrefois
payées sur quarante-deux semaines parce qu'il y avait quarante-deux semaines,
sont maintenant payées sur trente-six semaines parce qu'il y a trente-six
semaines. Cela me paraît relever d'une bonne gestion.
Grâce à cela, effectivement j'ai pu embaucher 20 000 jeunes qui étaient au
chômage au travers du dispositif emplois-jeunes, et je suis content d'avoir
réalisé cette opération de solidarité qui ne touche en rien les classes
préparatoires.
Les classes préparatoires ne sont pas menacées, non plus que ceux qui y
enseignent, qui font un travail très difficile et qui le font dans de bonnes
conditions. Simplement, les professeurs concernés ne sont pas contents de voir
baisser leurs émoluments.
Contrairement à ce que vous avez dit, monsieur le sénateur, j'ai augmenté les
heures supplémentaires effectives, étant entendu que les heures supplémentaires
annuelles sont des heures globales.
S'agissant des concours, savez-vous, monsieur le sénateur, que la France
dépense chaque année plus d'un milliard de francs pour l'organisation des
concours, ce que nos principaux concurrents s'abstiennent de faire ?
L'administration de l'éducation nationale - et non pas spécialement le
ministre - a donc tendance à demander aux responsables des diverses écoles de
minimiser le nombre d'options, de particularités, qui augmentent les frais de
manière considérable.
Quand on sait que pour recruter 200 normaliens de la rue d'Ulm on dépense
plusieurs dizaines de millions de francs, on est en droit de se poser un
certain nombre de questions !
Mon administration a donc adopté depuis plusieurs années, depuis le temps où
M. Bayrou était ministre de l'éducation nationale, une méthode qui consiste à
donner une dotation de base et à dire à ceux qui veulent complexifier les
concours qu'ils doivent trouver le financement correspondant sur leurs fonds
propres. C'est une méthode de gestion qui en vaut une autre !
Le problème, c'est que, les concours étant gérés par les directeurs d'école
eux-mêmes, certaines initiatives ont été prises qui ne me paraissent pas
heureuses. Il en est ainsi de celle qui consiste à ne corriger qu'une partie
des disciplines et à décréter, sur cette base, une préadmissibilité. En effet,
outre le fait que cette initiative ne fait pas faire des économies
fantastiques, elle me paraît modifier les conditions du concours. Me souciant
d'abord de l'intérêt des élèves, j'ai donc demandé aux directeurs d'école
concernés de rapporter la mesure. Par conséquent, là encore, il n'y a pas de
menaces.
En fait, il y a beaucoup de fantasmes, dus notamment au fait suivant. Pour
certains concours, on compte plusieurs milliers de candidats, si bien que,
contrairement à ce qui se passait avant, il y a non plus un jury mais
plusieurs. Outre les problèmes de coût, le système atteint donc maintenant ses
limites physiques.
Aussi, les directeurs d'école - je dis bien « les directeurs d'école », et non
pas le ministère - sont-ils amenés à trouver des formules nouvelles pour faire
passer les concours.
Cela n'enlève rien à l'idée que l'on se fait du concours puisqu'il s'agit
simplement de modalités.
Pour ma part, je souhaite qu'il y ait davantage de concertation entre les
directeurs d'école et les professeurs de classes préparatoires, car, encore une
fois, dans cette affaire, le ministère n'est qu'un « marieur » en quelque
sorte, et je ne voudrais pas que, pour ne pas régler des problèmes qui sont des
problèmes bilatéraux, on se tourne à chaque fois vers le haut, car c'est
exactement à l'opposé de ma méthode : je souhaite que les gens discutent entre
eux et que le ministère s'en mêle le moins possible.
Pour ce qui est des classes qui ne comptent « que quinze élèves », on ne peut
que constater que certaines classes préparatoires ne sont pas assez nombreuses.
Ces classes, je ne souhaite pas les supprimer. Je souhaite, au contraire,
qu'elles accueillent plus de monde, car la formation qui y est dispensée est
très utile.
On m'a très souvent entendu vanter - il y a donc bien des fantasmes ! - la
qualité des classes de khâgne, qui assurent une formation littéraire très
large, alors que nous n'arrivons pas, à l'Université, à proposer cette
formation très large dans les DEUG littéraires parce que les professeurs
veulent absolument des spécialisations étroites.
Il y a donc non pas des menaces mais une certaine auto-intoxication d'un
milieu quelque peu restreint qui est atteint dans son portefeuille, et qui
proteste. C'est là un droit que je lui reconnais pleinement mais, pour autant,
ils ne doivent pas avancer des arguments qui n'ont pas de fondement.
M. Jean-Louis Lorrain.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. Jean-Louis Lorrain.
M. Jean-Louis Lorrain.
Monsieur le ministre, je vous remercie de la tonalité de votre intervention,
qui m'a touché.
Je n'avais pas du tout l'intention de donner des leçons. Croyez que je m'en
garderai bien !
Je partage tout à fait votre avis sur les frais d'examen, les frais de
reconnaissance de tel ou tel établissement, pour être moi-même, modestement,
président du conseil d'administration d'une école d'ingénieurs.
Au travers de ma question, je voulais simplement lancer un cri. En effet,
certains d'entre nous, dans notre catégorie, éprouvent parfois le besoin d'être
reconnus pour être dynamisés.
Vous ne partagez pas du tout, me semble-t-il, l'idée d'un élitisme restrictif.
Notre pays a besoin d'une élite, même s'il est vrai qu'il faut se soucier aussi
de ceux qui n'ont pas la possibilité ou les moyens d'en faire partie.
RATIFICATION PAR LA FRANCE
DE LA CONVENTION UNIDROIT
M. le président.
La parole est à M. Hoeffel, auteur de la question n° 338, adressée à Mme la
ministre de la culture et de la communication.
M. Daniel Hoeffel.
Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, ma question
concerne la ratification par la France de la convention Unidroit.
Les vols qui ont été commis il y a un certain temps au Louvre, et tout
dernièrement celui d'un tableau de Corot, ou les vols constatés à la galerie
d'art moderne de Rome - un Cézanne et deux Van Gogh - attirent l'attention de
l'opinion publique sur l'importance des vols d'objets d'art aux dépens des
collections publiques. On dit même que c'est un musée entier qui disparaît
chaque année en Italie si l'on totalise le nombre des vols d'oeuvres publiques
et privées, notamment dans les églises.
J'ajoute qu'au Conseil de l'Europe j'ai pu percevoir combien nos collègues
parlementaires des pays d'Europe centrale et orientale sont sensibilisés à
l'explosion des trafics alimentés par les vols souvent accompagnés de
déprédations aux dépens d'un patrimoine d'autant plus précieux qu'il est le
témoignage de l'histoire malmenée par les dictatures installées à partir de
1945.
De même, nous savons que sont apparues sur le marché des mosaïques byzantines
arrachées à des monuments du nord de Chypre.
Ne pensez-vous pas, madame la ministre, qu'à côté des indispensables mesures
de sécurité dans les musées et les monuments il convient de priver de débouchés
le trafic des objets d'art ?
L'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe vient d'adopter à l'unanimité
la recommandation 1372 demandant aux quarante Etats membres du Conseil de
l'Europe de ratifier la convention Unidroit, qui impose à l'acquéreur d'un
objet d'art un minimum de diligence pour s'assurer de la régularité de son
achat et bénéficier ainsi de la présomption de bonne foi.
Ne serait-il pas opportun que la France prenne l'initiative de la ratification
de cette convention et invite ses partenaires de l'Union européenne ainsi que
les candidats à l'adhésion à la ratifier également ?
Nos concitoyens ne s'attacheront durablement à l'Europe que si la disparition
des frontières s'accompagne du respect des cultures et d'une meilleure
sécurité. Cette orientation a inspiré, précisément, le pacte contre la
criminalité organisée récemment adopté par les pays de l'Union européenne et
par les onze pays candidats. Ne pensez-vous pas qu'une large ratification de la
convention Unidroit compléterait cet effort nécessaire en rendant plus
difficile la revente d'objets arrachés au patrimoine des différentes nations
européennes ?
M. le président.
La parole est à Mme le ministre.
Mme Catherine Trautmann,
ministre de la culture et de la communication.
Monsieur le sénateur, la
convention Unidroit sur les biens culturels volés ou illicitement exportés,
signée à Rome le 24 juin 1995, est une contribution importante à la sauvegarde
du patrimoine culturel de l'humanité. Il s'agit d'un instrument de première
importance pour la protection des différents patrimoines culturels nationaux et
qui a vocation à devenir universel.
Depuis le 22 juillet 1998, la convention Unidroit est entrée en vigueur comme
instrument contraignant pour les cinq Etats qui l'ont ratifiée, à savoir la
Roumanie, la Lituanie, le Paraguay, la Chine et l'Equateur. Comme dix-neuf
autres Etats, dont deux Etats membres de la Communauté européenne - l'Italie et
les Pays-Bas - la France a signé la convention, mais ne l'a pas encore
ratifiée, ainsi que vous le soulignez, monsieur le sénateur.
Cette convention va dans le sens des efforts qui, depuis déjà le début du
siècle, visent à empêcher le pillage d'oeuvres d'art dans les pays en voie de
développement. La France a toujours été la première à agir en la matière et je
souhaite qu'elle le reste.
Sur le plan moral, la convention représente une avancée considérable à une
époque où les agressions criminelles contre le patrimoine artistique, les vols,
le pillage des sites archéologiques augmentent chaque année de façon très
alarmante.
Sur le plan juridique, elle représente une amélioration indiscutable du droit
positif actuel. Les dispositions de la convention devraient exiger plus de
prudence et de circonspection de la part des acheteurs de biens culturels. Il
devrait en résulter un assainissement du commerce, un frein à la revente
d'objets volés ou illicitement exportés.
Le cadre juridique des demandes de restitution de biens culturels devrait
devenir plus lisible et aussi plus prévisible. Les intérêts en cause ne sont
pas financiers mais d'abord patrimoniaux et d'ordre public ; il s'agit de la
protection du patrimoine et du progrès de l'Etat de droit.
Sans méconnaître l'exigence et la charge supplémentaire qui pèseront de ce
fait sur les acquéreurs, il me paraît moral d'assumer cet inconvénient au
regard des enjeux patrimoniaux.
La possibilité de récupérer facilement un bien volé - puisque tout possesseur
d'un bien culturel volé à l'avenir devra dans tous les cas le restituer -
devrait pouvoir satisfaire tous les collectionneurs et les musées désireux de
protéger leur propriété culturelle. Qui ne se réjouirait des dispositions de la
convention qui leur faciliteront les restitutions d'oeuvres volées ?
Les différentes critiques ont souligné que ce texte prévoyait un renversement
de la charge de la preuve, qui révolutionnerait le droit français, dans la
mesure où le propriétaire d'un bien meuble est présumé de bonne foi et n'a donc
pas à faire la preuve de sa diligence lors de l'acquisition de l'oeuvre.
Il s'agit là d'une exagération puisque la décision à prendre reste
souverainement appréciée par le juge du fond d'après les circonstances de la
cause.
La convention Unidroit indique d'ailleurs un certain nombre de principes qui
permettront de juger de la « diligence » de l'acheteur et qu'il est
relativement facile à mettre en oeuvre. Par exemple, la consultation de « tout
registre relatif aux biens culturels volés raisonnablement accessible » devrait
contraindre les Etats à tenir des listes les plus complètes possibles de biens
volés sur le plan national comme sur le plan international, même si celles-ci
sont encore loin d'être exhaustives et doivent être mises à jour en
permanence.
Néanmoins, en France, l'Office central de répression des vols d'oeuvres d'art
met en place une informatisation des vols très efficace ; la direction des
musées de France et la direction du patrimoine et de l'architecture vont très
prochainement se connecter sur cette base.
En résumé, les dispositions de la convention présentent de tels avantages que
les quelques gênes qu'elles causeront aux futurs acquéreurs sont largement
compensées. La ratification par la France de ce texte serait une avancée
supplémentaire, à la fois dans la lutte contre la criminalité et dans la
construction d'une Europe culturelle.
La France a ratifié récemment la convention de l'UNESCO de 1970 sur le
commerce illicite ; ce serait à son honneur qu'elle prenne l'initiative en vue
de la ratification de cette convention Unidroit de 1995 et invite ses
partenaires de l'Union européenne, ainsi que les candidats à l'adhésion, à
ratifier ce texte. Cette initiative est d'autant plus importante qu'une
directive communautaire du 15 mars 1993 est venue, quant à elle, régler le
problème de la restitution des biens culturels ayant quitté illicitement le
territoire d'un Etat membre, et que l'articulation entre ce texte communautaire
intégré dans le droit interne des Etats membres et la convention Unidroit doit
être traitée par tous les Etats membres afin de garder à ces textes toute leur
portée et leur efficacité.
Je suis donc convaincue de l'intérêt qu'a la France de ratifier cette
convention. Vous pouvez compter sur le dialogue constructif et actif que je
mène avec l'ensemble de mes collègues pour que cette ratification soit le fait
non seulement de la France, mais aussi d'autres Etats membres.
M. Daniel Hoeffel.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. Hoeffel.
M. Daniel Hoeffel.
Il s'agit, en l'occurrence, d'un élément essentiel du patrimoine de
l'Europe.
Il y va aussi de la perception qu'ont nos concitoyens européens de la capacité
de l'Europe à protéger cet élément essentiel de notre culture.
Je vous fais confiance, madame la ministre, pour engager les négociations ou
les pourparlers permettant à la France de ratifier rapidement la convention
Unidroit et, de ce fait, de montrer l'exemple à ses partenaires de l'Union
européenne.
FINANCEMENT DE L'ARCHÉOLOGIE PRÉVENTIVE
M. le président.
La parole est à M. Cornu, auteur de la question n° 354, adressée à Mme le
ministre de la culture et de la communication.
M. Gérard Cornu.
Madame la ministre, ma question a trait au financement de l'archéologie
préventive.
Je ne nie pas l'importance de préserver la « mémoire du sol », donc notre
patrimoine. Toutefois, je voudrais attirer votre attention sur les conséquences
des opérations d'archéologie préventive pour les aménageurs, qu'ils soient
privés, publics ou semi-publics.
Vous savez que le financement s'effectue par opérations. Or les aménageurs
sont doublement pénalisés : ils le sont d'abord par la durée des fouilles,
d'autant que l'on n'a jamais de certitude quant à cette durée ; ils subissent
ensuite une pénalisation financière qui grève lourdement les opérations
d'aménagement.
Je peux vous citer l'exemple très concret de communes rurales de mon
département qui voulaient se lancer dans des opérations de lotissement pour
favoriser le logement locatif ; elles ont dû malheureusement abandonner leurs
projets, la pénalisation financière liée à la durée prévisible des fouilles ne
leur permettant pas de financer ces opérations dans de bonnes conditions.
Il m'apparaît souhaitable de revoir le mode de financement actuel. Ne
pourrait-on pas envisager une mutualisation des frais de l'archéologie
préventive, sur le modèle de la taxe locale d'équipement ou de la taxe sur les
espaces naturels sensibles ? Telle est ma question.
M. le président.
La parole est à Mme le ministre.
Mme Catherine Trautmann,
ministre de la culture et de la communication.
Monsieur le sénateur, la
question du financement de l'archéologie préventive est au coeur des problèmes
que connaît le secteur de la recherche archéologique, mais il n'en épuise pas
toutes les facettes.
Il s'agit d'une préoccupation constante des élus des communes rurales qui,
lorsqu'elles sont aménageurs publics, ont moins de moyens que d'autres communes
à consacrer à la réalisation et au financement de fouilles importantes.
Une grande confusion caractérise en effet depuis des décennies toute
l'organisation de cette discipline scientifique pourtant essentielle pour la
connaissance et la transmission de la mémoire nationale.
Je m'attache à en clarifier les modes d'exercice.
Il manque à l'évidence un cadre juridique clair, puisque, comme dans la
plupart des pays européens, la législation sur la préservation du patrimoine
archéologique, qui date de 1941, a été adoptée avant le développement de
l'archéologie préventive, née de l'essor des grands chantiers et des opérations
d'aménagement.
Afin que ces fouilles soient néanmoins réalisées, l'Etat, les aménageurs et
les archéologues, que ceux-ci appartiennent aux services régionaux
d'archéologie, aux services des collectivités locales ou au CNRS, ont été
conduits à improviser des solutions dont les limites étaient connues depuis
longtemps.
Ces fouilles sont financées par les aménageurs, selon une pratique en vigueur
dans la plupart des pays européens et confirmée par la convention européenne
pour la protection du patrimoine archéologique adoptée en 1992 par le Conseil
de l'Europe et ratifiée par la France en 1995, dite convention de Malte. Mais
le ministère de la culture est amené ponctuellement à aider les opérateurs qui
ne peuvent assumer le coût d'une fouille archéologique en totalité.
Par ailleurs, je tiens à souligner - les choses changeront peut-être avec le
nouvel établissement public - que l'AFAN, l'Association pour les fouilles
archéologiques nationales, pratique des tarifs tenant compte de la nécessité
d'intervenir dans des fouilles d'importance différente et dans des contextes
financiers variés.
Depuis plusieurs années, la réforme de l'archéologie préventive a été annoncée
à maintes reprises. Or celle-ci n'a pas connu le moindre début de
concrétisation. L'intensité du débat actuel, vous l'avez peut-être constaté sur
le terrain, monsieur le sénateur, résulte largement de cette situation et de la
difficulté pour les archéologues d'exercer depuis des années des missions par
nature contraignantes pour autrui sans véritable cadre d'intervention.
Du côté des collectivités ou des aménageurs privés, il y a aussi cette
crispation liée au coût et à la durée des fouilles.
Il est certain que les contraintes induites par l'archéologie, notamment en
termes financiers, peuvent être difficilement supportables par certaines
communes et contrarier une politique d'équipement et d'aménagement du
territoire essentielle pour le développement économique et social. A l'inverse,
la destruction de vestiges archéologiques constitue une perte irréparable pour
la connaissance de la mémoire du sol et pour notre patrimoine national.
J'ai donc décidé de traiter ce dossier au fond, et j'ai chargé M. Bernard
Pêcheur, conseiller d'Etat, Bernard Poignant, maire de Quimper, et Jean-Paul
Demoule, professeur d'université, d'une mission visant à formuler des
propositions.
Ces trois personnes ont apporté leurs points de vue respectifs de
scientifique, de juriste, mais aussi d'élu confronté aux problèmes posés par
les centres-villes sensibles, les fouilles et les questions d'aménagement
public.
Au terme d'une concertation approfondie avec toutes les parties intéressées,
ils m'ont récemment remis leurs conclusions. Celles-ci se fondent sur
l'affirmation de l'archéologie préventive comme science et comme service public
national à caractère scientifique dont l'Etat est garant.
L'Etat assumera directement certaines des missions relevant de ce service
public : établissement de la carte archéologique nationale, prescription
scientifique, contrôle des opérations et évaluation des résultats.
Un établissement public national de recherche, se substituant à l'actuelle
association des fouilles archéologiques nationale, assurera la réalisation des
opérations de terrain. Il pourra faire appel, en tant que de besoin, à d'autres
organismes publics disposant de compétences scientifiques en matière
d'archéologie.
Logiquement, une meilleure organisation du service devrait permettre de ne
plus connaître ces lenteurs ou ces délais dans la conduite des fouilles. La
clarification des responsabilités entre l'Etat et les aménageurs devrait aussi
amener - pas d'emblée, certes - des modifications, mais dans une logique à la
fois de protection du patrimoine et de publication. J'ai d'ailleurs d'ores et
déjà prévu, dans le budget 1999, une augmentation de crédits à cet effet. Tout
le monde comprend la nécessité de fouilles afin de préserver la « mémoire du
sol », mais encore faut-il ensuite que l'on exploite ce patrimoine. Un
financement pour la publication est donc prévu.
J'approuve les orientations et les propositions des conclusions de ces
spécialistes ; sur ces bases un projet de loi sera rapidement élaboré et soumis
au Parlement. Nous aurons donc l'occasion d'en reparler. Une fois cette loi
définitivement adoptée, je pourrai en évaluer les conséquences financières.
M. Gérard Cornu.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. Cornu.
M. Gérard Cornu.
Je vous remercie, madame la ministre, d'avoir répondu très clairement à la
préoccupation de tous les élus concernant l'archéologie préventive.
J'ai bien compris le problème de la durée des fouilles. J'appelle cependant
votre attention sur le problème du financement car j'ai l'impression que la
réflexion n'est pas encore parvenue à maturité. Or ce problème est fondamental
pour l'avenir de l'archéologie préventive.
APPLICATION DE LA LOI DU 28 FÉVRIER 1997 RELATIVE
À L'INSTRUCTION DES AUTORISATIONS DE TRAVAUX
DANS LE CHAMP DE VISIBILITÉ DES ÉDIFICES CLASSÉS
M. le président.
La parole est à M. Blin, auteur de la question n° 356, adressée à Mme le
ministe de la culture et de la communication.
M. Maurice Blin.
Madame la ministre, cette question orale, j'aurais souhaité, vous le savez
bien, ne pas avoir à vous la poser. J'y suis contraint, et je le regrette, à la
suite du retard incompréhensible que subit la publication des décrets
d'application de la loi du 28 février 1997 née d'une proposition de loi
d'origine sénatoriale et adoptée à l'unanimité par les deux assemblées. Elle
reprenait celle qu'avait déposée, le 8 février 1996, notre collègue Claude
Huriet et qu'avaient signée quatre-vingt-quinze sénateurs.
Cette loi, vous le savez mieux que personne, madame la ministre, a pour objet
une meilleure définition des pouvoirs des architectes des bâtiments de France.
Elle prévoit modestement la création d'une commission régionale auprès de
laquelle les élus pourraient éventuellement en appeler d'une décision des
architectes qui leur paraîtrait manifestement contestable.
Depuis cette date, pas moins de six questions écrites, une question orale sans
débat et une question d'actualité vous ont été posées, madame la ministre, et
leurs auteurs demandent tous que soient enfin publiés ces décrets
d'application. Le 11 juin dernier, vous leur répondiez : « Les décrets seront
bientôt signés, c'est une affaire de jours. »
Aujourd'hui, plus de six mois après cette déclaration et vingt-deux mois après
la promulgation de la loi, ces décrets ne sont toujours pas parus. Dois-je
rappeler que le Gouvernement ne dispose, en principe, que de six mois pour les
publier ?
Il s'ensuit deux interrogations.
D'abord, quand ces décrets, impatiemment attendus par tous les élus locaux et
tout particulièrement par l'Association des maires de France, sortiront-ils
enfin ?
Nous ne pouvons en effet que nous alarmer d'un retard qui, reconnaissez-le,
madame la ministre, n'est guère compatible avec le respect dû à la volonté du
législateur, surtout lorsque celle-ci s'est aussi unanimement exprimée.
M. Charles Descours.
Très bien !
M. Maurice Blin.
Ensuite, quelle assurance pouvons-nous avoir que ces futurs décrets seront
bien fidèles à la loi, c'est-à-dire qu'ils garantiront, au sein de la
commission, la parité entre les élus et les membres de l'administration, parité
quantitative, mais parité qualitative également ? Dans le cas contraire,
celle-ci serait vidée de sa substance. Les parlementaires que nous sommes
accepteraient difficilement que leur volonté soit ainsi tournée.
Qu'on m'entende bien, et ce sera mon dernier mot : par cette initiative, je le
rappelle une dernière fois, le Parlement n'a eu aucunement l'intention de
mettre en péril la sauvegarde du patrimoine national, auquel tous les élus sont
attachés et que les architectes des bâtiments de France servent le plus souvent
avec zèle et compétence. Il a seulement voulu que soient évités à l'avenir
certains abus consistant à imposer aux communes qui abritent des bâtiments
classés ou inscrits des charges soit inutiles, soit insupportables.
Bref, il souhaite tout simplement que soient créées, enfin, les conditions
d'une concertation entre des élus et des fonctionnaires également responsables,
et ce Parlement, madame, voudrait ne pas être déçu.
M. Charles Descours.
Très bien !
M. le président.
La parole est à Mme le ministre.
Mme Catherine Trautmann,
ministre de la culture et de la communication.
Monsieur le sénateur, je
partage tout à fait votre souci, comme celui de l'ensemble des élus qui ont
estimé qu'il était important de disposer d'une instance de recours par rapport
à des décisions dont ils ont contesté les motifs ou le fond.
Mais je voudrais faire une remarque de méthode. J'ai pris connaissance de ce
texte lors de ma prise de fonctions. Je veux bien accepter tous les reproches
relatifs aux délais, mais je souligne l'absence d'instruction juridique
préalable à l'adoption de la loi. Sa réalisation nous aurait pourtant permis de
promulguer ce décret beaucoup plus rapidement.
En effet, les difficultés se sont posées ultérieurement. Il a donc fallu mener
un travail de fond, y compris au niveau interministériel, car le ministère de
la culture et de la communication n'est pas le seul à être impliqué dans cette
affaire.
Nous nous y sommes consacrés sans attendre, même si je reconnais que les
délais sont longs. Je suis moi-même évidemment concernée, car je souhaite que
les commissions soient rapidement mises en place.
Nous arrivons maintenant au bout du processus, puisque le décret d'application
relatif à l'instruction des autorisations de travaux dans le champ de
visibilité des édifices classés ou inscrits dans les secteurs sauvegardés est
sorti du Conseil d'Etat depuis peu de temps et entrera en application le 1er
mai 1999.
Conformément à la loi, ce décret prévoit la mise en place des commissions
régionales du patrimoine et des sites. Elles comportent - je vous rassure sur
leur composition, monsieur le sénateur - sept membres de droit représentant
l'administration, huit élus, huit personnalités qualifiées, trois représentants
des associations et quatre représentants des professionnels. Une telle
composition devrait donner à ces commissions la représentativité et la
possibilité d'expertise nécessaires à l'instruction objective des cas qui leur
seront soumis.
Ces commissions remplaceront, il est vrai, les deux instances qui existent
aujourd'hui. J'ai d'ores et déjà informé les préfets, lors d'un exposé que j'ai
fait devant eux le 11 décembre dernier, de la nécessité d'organiser et de
préparer ces commissions afin que leur mise en place s'effectue dans les
meilleures conditions à partir du 1er mai 1999.
Les directions régionales des affaires culturelles sont également informées,
et cela depuis déjà quelque temps, afin d'être en mesure de pallier les
problèmes d'organisation et de mettre en place ces commissions dans les
meilleures conditions.
Après avoir pris connaissance des observations qui ont été formulées par la
Haute Assemblée, le Gouvernement va donc assurer la publication du décret dès
que les dernières signatures - puisque le texte est en navette - auront été
apportées, ce qui ne change rien quant à la date de mise en application prévue
pour le 1er mai 1999.
Je me réjouis que le dispositif se mette en place et que nous répondions ainsi
à l'attente, exprimée à plusieurs reprises, des élus. Croyez-le, monsieur le
sénateur : je souhaite vraiment que tout soit fait pour qu'il n'y ait, ensuite,
ni contestation ni difficulté juridique quant au fonctionnement de ces
nouvelles commissions régionales.
Permettez-moi de souligner également, puisque je m'exprime devant le Sénat,
que cela suppose des moyens supplémentaires pour les DRAC, pour les services du
ministère de la culture et de la communication. J'entendais précédemment l'un
de vos collègues évoquer la nécessité d'une meilleure prise en compte de la
dépense des petites communes en faveur de la protection du patrimoine
archéologique, des dépenses motivées par les fouilles.
Or, lorsque j'ai présenté mon budget au Sénat, j'ai été surprise que soit
décidée sa diminution, et cela d'une manière importante, à un moment où, par
ailleurs, votre assemblée m'engage dans des dépenses nouvelles et accrues,
notamment pour que ces instances démocratiques puissent fonctionner au mieux
!
M. Maurice Blin.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. Blin.
M. Maurice Blin.
Madame la ministre, je vous remercie vivement des précisions que vous venez de
nous apporter, et je retiens deux éléments de satisfaction dont je vous sais
gré.
Le premier concerne la composition de ces commissions, qui me paraît moins
critiquable qu'il ne semblait qu'elle fût ; j'espère que la voix des élus
pourra s'y faire entendre comme elle le doit.
Le second tient au fait que nous arrivons au terme de ce marathon, qui nous a
retenus, vous et moi, beaucoup trop longtemps, je vous le concède bien
volontiers.
J'éprouve un regret cependant : celui de devoir patienter encore jusqu'au mois
de mai prochain pour que cette disposition soit appliquée. Cela me paraît
difficilement justifiable, étant donné que nous attendons déjà maintenant
depuis bientôt deux ans.
Enfin, j'estime très sincèrement que la mise en place de ces commissions
régionales ne devrait pas entraîner de difficultés financières. Nombre
d'organismes moins utiles fonctionnent aujourd'hui. Peut-être serait-il
possible de mieux équilibrer les charges.
SITUATION DES SAGES-FEMMES
M. le président.
La parole est à M. Descours, auteur de la question n° 364, adressée à M. le
secrétaire d'Etat à la santé et à l'action sociale.
M. Charles Descours.
Madame le secrétaire d'Etat, je déplore que M. le secrétaire d'Etat à la
santé, à qui je voulais parler non seulement des sages-femmes, mais aussi des
femmes, ne soit pas là.
Je veux évoquer le problème de la périnatalité en France et le mauvais taux de
mortalité que connaît notre pays.
En 1994, avait été instauré un plan de périnatalité. Quatre ans après, on
s'aperçoit que les résultats restent décevants et que les taux de mortalité
liée à la grossesse restent trop élevés pour un grand pays développé comme la
France.
Aujourd'hui, on s'oriente de plus en plus vers le concept de
naissance-maladie, c'est-à-dire plus vers une obstétrique curative que vers une
obstétrique préventive. Les sages-femmes ont, semble-t-il, de plus en plus de
difficultés à demeurer les garantes de la maternité physiologique, de la santé
périnatale, de l'accompagnement global des naissances, et de l'autonomie de la
profession. Nous pensons que les sages-femmes ne sont pas suffisamment
intégrées aujourd'hui dans cette politique de périnatalité et qu'elles
pourraient prendre beaucoup plus en charge qu'elles ne le font l'obstétrique
physiologique.
Les textes prévoient que le suivi des grossesses est dévolu tant aux médecins
qu'aux sages-femmes. Nous notons pourtant aujourd'hui qu'un très faible
pourcentage des consultations est réalisé par les sages-femmes, hors de tout
contexte pathologique : 1 %, semble-t-il.
Madame le secrétaire d'Etat, au cours des états généraux de la santé qui
doivent se dérouler au printemps prochain, le rôle des sages-femmes dans le
suivi de la grossesse normale pourrait-il être précisé ?
M. le président.
La parole est à Mme le secrétaire d'Etat.
Mme Nicole Péry,
secrétaire d'Etat aux droits des femmes et à la formation professionnelle.
Monsieur le sénateur, je peux comprendre votre déception devant l'absence de
M. Kouchner. J'essaierai néanmoins d'apporter une réponse précise à votre
question.
Vous avez interrogé le secrétaire d'Etat à la santé et à l'action sociale sur
la situation des sages-femmes.
Les sages-femmes, professionnelles médicales, ont un rôle privilégié dans la
définition et la mise en oeuvre de la politique périnatale française.
Il est nécessaire en effet de fournir aux femmes enceintes des informations
sur l'organisation des soins et d'améliorer le suivi médical, psychologique et
social de la grossesse.
C'est dans cet esprit qu'un arrêté en cours de préparation permettra aux
sages-femmes de jouer pleinement leur rôle de prévention et d'éducation pour la
santé auprès des femmes dès le début de la grossesse et, plus largement, auprès
des deux futurs parents.
En effet, la première séance de préparation à la naissance sera réalisée sous
la forme d'un entretien individuel et permettra ainsi aux sages-femmes d'être
des « professionnels référents » pour le déroulement ultérieur de la
grossesse.
C'est pour tenir compte de ces responsabilités nouvelles que le nombre de
sages-femmes en fonction sera augmenté de 10 % dès la prochaine rentrée.
En outre, la refonte de la nomenclature des actes professionnels des
sages-femmes favorisera leur présence au domicile des femmes qui sortent
précocement de la maternité.
La notion de prise en charge par les sages-femmes des femmes enceintes ne
présentant
a priori
pas de complication a fait l'objet de nombreux
débats au cours de la conférence de consensus organisée les 2 et 3 décembre
dernier par le collège national des gynécologues-obstétriciens français. Il
nous a semblé nécessaire d'engager une réflexion sur ce point extrêmement
important.
Un groupe de travail va être réuni sous l'égide du secrétariat d'Etat à la
santé et à l'action sociale dans les jours prochains afin d'étudier les
modalités de mise en place de « maisons de naissance », au sein desquelles les
sages-femmes assureraient la prise en charge globale des grossesses ne
présentant pas de risque particulier.
Enfin, les sages-femmes sont largement appelées à participer aux états
généraux de la santé afin de contribuer aux débats sur la politique périnatale.
En effet, un thème spécifique est consacré à la question de la naissance. M.
Bernard Kouchner aura l'occasion, lors de la clôture de ces états généraux en
mars prochain, de prendre en compte les réflexions de la profession.
M. Charles Descours.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. Descours.
M. Charles Descours.
Je prends acte de la réponse que vient de me donner Mme le secrétaire d'Etat,
au nom de M. Kouchner.
Sans doute les textes en vigueur auraient-ils permis de laisser jouer aux
sages-femmes le rôle qu'elles méritent. Je n'ignore pas que nous allons devoir
subir - c'est une affaire d'habitude, nous y sommes confrontés en permanence -
un léger différend avec les médecins gynécologues-obstétriciens.
Je rappelle que c'est grâce au Sénat qu'a été rendue possible l'accession
d'une sage-femme à la tête du Conseil de l'ordre des sages-femmes, jusqu'alors
présidé par un médecin gynécologue-accoucheur. C'est dire que nous sommes
sensibilisés depuis longtemps à ce problème.
Vous nous annoncez un arrêté. Tant mieux ! J'espère que son effet sera
double.
Ce que nous souhaitons, d'abord, c'est une diminution de la morbidité et de la
mortalité périnatales en France. En effet, si, dans ce domaine, nous obtenons
de meilleurs résultats que les Etats-Unis, nous ne faisons partie que des pays
modérément développés.
Nous souhaitons ensuite que le rôle des sages-femmes redevienne ce qu'il a été
autrefois pour les grossesses non pathologiques, notamment dans les campagnes,
bien sûr, mais aussi en ville, puisque, maintenant, presque toutes les femmes
accouchent en clinique.
CONSÉQUENCE DE LA FERMETURE DE CREYS-MALVILLE
M. le président.
La parole est à M. Jean Boyer, auteur de la question n° 366, adressée à M. le
secrétaire d'Etat à l'industrie.
M. Jean Boyer.
Monsieur le secrétaire d'Etat, à la suite de l'arrêt de Superphénix, le 2
février 1998, un comité interministériel a arrêté des mesures d'accompagnement
économique de la région. Or celles-ci sont peu ou pas appliquées et, depuis
plusieurs semaines, nous nous trouvons confrontés à la colère des personnels
des entreprises sous-traitantes.
M. Charles Descours.
C'est vrai !
M. Jean Boyer.
Je rappelle que 3 000 emplois sont menacés.
La première de ces mesures consistait en une aide d'EDF aux entreprises dans
leur recherche de diversification et de découverte de nouveaux marchés.
En pratique, que s'est-il passé ? Plus de 100 entreprises sont concernées ; le
soutien d'EDF a permis artificiellement de les faire vivre jusqu'au décret
définitif d'arrêt de la centrale, sans assurer leur avenir. Le décret devant
être signé ces jours-ci, qu'adviendra-t-il de ces entreprises ? Aucune
reconversion n'a été trouvée, ni même recherchée.
La deuxième mesure concernait la cellule de reclassement destinée aux salariés
des entreprises prestataires.
En pratique, un relais « emploi-Superphénix » a été mis en place. Il a reçu
quelques dizaines de personnes sur plusieurs centaines de salariés concernés.
Dois-je préciser qu'il a surtout donné du travail aux trois personnes venant
d'un cabinet de consultant ?
La troisième mesure concernait l'abondement, par l'Etat et EDF, du fonds de
développement économique profitant au bassin d'emploi de Creys-Malville, pour
respectivement 10 millions et 5 millions de francs.
En pratique, le préfet a effectivement perçu ces 15 millions de francs. Mais
ils n'ont pas été dépensés en totalité à ce jour, l'Etat et EDF étant seuls à
décider des projets méritant de recevoir des subventions. De toute manière,
cette somme est bien dérisoire, eu égard aux enjeux.
Est-il bien normal que les élus locaux ne soient pas conviés à décider de
l'utilisation de ce fonds ?
M. Charles Descours.
Bien sûr !
M. Jean Boyer.
La quatrième mesure était le classement du canton de Morestel en zone
industrielle éligible à la prime d'aménagement du territoire.
En fait, le dossier est en instance auprès de la Commission européenne et
risque d'y rester longtemps encore, si toutefois il en sort jamais.
La cinquième mesure était une mesure de soutien aux communes.
En pratique, l'annulation par l'Etat de certains remboursements, avances,
prêts dus par les collectivités locales, est toujours attendue. Certaines
communes continuent de supporter les frais et les honoraires d'avocats pour les
procès instruits contre les organismes prêteurs.
Il ne me reste donc qu'à constater avec regret - qu'en Isère - la parole de
l'Etat n'est pas respectée eu égard aux promesses faites.
M. Charles Descours.
Très bien !
M. Jean Boyer.
Monsieur le ministre, ma question est simple et directe : quelles instructions
allez-vous donner afin que la ville et le canton de Morestel, directement
touchés par la fermeture de la centrale de Creys-Malville et le bassin
économique environnant, obtiennent enfin ce à quoi ils ont droit, à savoir, je
me permets de le rappeler, une reconversion professionnelle pour les salariés,
la délocalisation d'entreprises privées ou publiques pour compenser les emplois
perdus, l'implantation de nouvelles activités pour les entreprises et
l'institution de mesures de compensation pour les collectivités locales ?
M. le président.
La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Charles Descours.
Avec Christian Pierret, la centrale de Creys-Malville n'aurait pas été fermée.
C'est la faute de Dominique Voynet !
M. Jean-Claude Carle.
C'est une faute historique !
M. le président.
Mme Voynet étant absente, c'est M. Pierret qui répond !
La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Christian Pierret,
secrétaire d'Etat à l'industrie.
Monsieur le sénateur, vous avez attiré
mon attention sur la situation économique et sociale particulièrement difficile
dans la région de Morestel, à la suite de la fermeture de Superphénix.
En effet, conformément à ses engagements politiques, ceux de la majorité
plurielle, le Gouvernement a décidé de ne pas redémarrer Superphénix. Cette
centrale est désormais inadaptée à la situation actuelle. Le parc des centrales
classiques suffit amplement à subvenir à nos besoins ; aujourd'hui, il n'y a
pas de tension, c'est le moins que l'on puisse dire, sur les prix de l'énergie
ni de pénurie dans l'approvisionnement en uranium. La filière de surgénération
ne semble donc pas, à court terme, avoir de perspective industrielle.
Pour autant, les opérations de démantèlement dureront plusieurs années. Par
elles-mêmes, elles permettront de maintenir un certain volant d'activité en
faveur du tissu économique local, ce qui atténuera la rigueur des conséquences
économiques et sociales de la fermeture du site.
Par ailleurs, parallèlement à la décision de mise à l'arrêt définitif de la
centrale de Creys-Malville, le Gouvernement a mis en place un programme
d'accompagnement économique et social qui devra s'échelonner sur au moins cinq
années. Il sera conduit - et de plus en plus - en étroite concertation avec les
collectivités locales.
M. Charles Descours.
Elles ne le vivent pas ainsi.
M. Christian Pierret,
secrétaire d'Etat.
Les choses vont progresser, monsieur le sénateur, et
la question posée par M. Boyer est utile dans la mesure où le Gouvernement
entend favoriser, comme nous le souhaitons tous, cette concertation
concrète.
Ce programme implique EDF et témoigne de la solidarité nationale envers la
région de Morestel.
Notre objectif est donc de faciliter la revitalisation économique et sociale
du bassin économique de Creys-Malville.
Plusieurs mesures sont d'ores et déjà opérationnelles. C'est pourquoi je suis
moins pessimiste que vous, monsieur Boyer, certaines mesures étant déjà entrées
en vigueur et ayant déjà donné des résultats.
Ainsi, un programme d'accompagnement économique des entreprises prestataires
de la centrale de Creys-Malville a été mis en place afin de faciliter leur
diversification. Les salariés peuvent en outre bénéficier des services d'une
cellule destinée à faciliter leur mobilité professionnelle. Vous ne l'ignorez
sans doute pas, la chambre de commerce et d'industrie du Nord-Isère, ainsi
qu'EDF y sont associées. Ce programme devra permettre aux entreprises
prestataires de Superphénix de retrouver d'autres contrats au sein d'EDF ou de
se diversifier vers de nouveaux clients.
A la suite de votre question, j'entends faire le point précis de la situation
et je vous rendrai compte dès que j'aurai obtenu les premiers résultats.
Je souhaite traiter avec le plus grand sérieux la question de l'avenir
économique et social de cette région, qui doit être redynamisée à la suite de
la décision que nous avons prise.
En deuxième lieu, un fonds de développement économique a été créé pour appuyer
les projets de développement et la création d'emploi. Il est doté de crédits
importants, puisque ceux-ci atteignent, pour la seule région de Creys-Malville,
15 millions de francs par an, dont 10 millions de francs apportés par l'Etat et
5 millions de francs par EDF. A ce jour, une structure
ad hoc
est
chargée localement de faire émerger et de suivre les projets.
Je peux annoncer au Sénat que dix-huit projets ont d'ores et déjà été retenus,
ce qui correspond à 228 emplois. Il s'agit, pour la moitié d'entre eux,
d'emplois nouveaux et, pour l'autre moitié, d'emplois simplement maintenus. Ces
dix-huit projets mobilisent environ 8 millions de francs.
En troisième lieu, 170 agents d'EDF sont en cours de reclassement au sein même
de l'entreprise. La mise en oeuvre des aides régionalisées et le soutien
logistique et financier de plusieurs organismes en faveur du développement des
PME permettront de conforter ce dispositif.
Enfin, les collectivités locales et les services de l'Etat, tout
particulièrement ceux de la direction régionale de l'industrie, de la recherche
et de l'environnement, la DRIRE, continueront à assurer sur le terrain
l'accueil et l'orientation des entreprises et des salariés que vous souhaitez,
monsieur le sénateur - et vous avez raison d'insister sur ce point - afin
qu'ils puissent profiter au mieux des outils que je viens d'évoquer, outils qui
sont mis à leur disposition dans l'optique d'un programme d'ensemble à l'égard
duquel je souhaite, avec vous, mesdames, messieurs les sénateurs, être vigilant
et actif.
Croyez en la détermination et en la résolution de l'Etat pour faire en sorte
que le canton de Morestel ne subisse pas de manière trop négative les
conséquences de la décision de ne pas remettre en route Superphénix.
M. Jean Boyer.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. Jean Boyer.
M. Jean Boyer.
Monsieur le secrétaire d'Etat, je vous remercie de cet acte de foi.
C'est la première réponse sérieuse que vous nous faites aux questions qui sont
posées aux femmes et aux hommes de ce secteur.
Vous avez dit que vous me rendriez compte ; vous n'avez pas à le faire. En
revanche, pour ce qui nous concerne, Charles Descours, sénateur de l'Isère, et
moi-même avons des comptes à rendre aux femmes et aux hommes qui souffrent et
qui sont traumatisés depuis plus d'un an par des décisions de l'Etat que nous
réprouvons.
J'ai noté que vous alliez nous tenir au courant ; mais je pense qu'il serait
utile que vous organisiez vous-même une table ronde sur les lieux afin
d'apaiser les esprits.
M. Charles Descours.
Oh, là là ! dans la gueule du loup !
M. Jean Boyer.
Mme Voynet n'est jamais venue.
M. Charles Descours.
Il vaut mieux qu'elle ne vienne pas ! Nous n'avons pas assez de CRS !
M. Jean Boyer.
Peut-être aurez-vous le courage de l'organiser, car, la situation étant ce
qu'elle est, vous devez faire face.
Nous serons à vos côtés dans la mesure où vous suivrez l'évolution de ce
dossier ô combien angoissant.
Je me rappelle qu'il avait été dit : « A circonstance exceptionnelle, réponse
exceptionnelle ». Je pense que votre réflexion est en train de progresser dans
cette voie. J'ai noté, par ailleurs, une réflexion de Mme Voynet : «
Remplacement d'un emploi par un emploi à salaire et qualification égaux ».
J'estime que ces promesses doivent impérativement être tenues.
Monsieur le secrétaire d'Etat, c'est la deuxième question orale que je pose
sur ce sujet et soyez assuré que les quatre sénateurs de l'Isère, y compris,
bien entendu M. Faure, reviendront à la charge aussi longtemps que la situation
ne sera pas éclaircie.
PRÉSIDENCE DES OFFICES DE TOURISME
M. le président.
La parole est à M. Carle, auteur de la question n° 351, adressée à M. le
ministre de l'intérieur.
M. Jean-Claude Carle.
Je souhaite attirer l'attention de M. le ministre de l'intérieur sur l'article
R. 142-7 du code général des collectivités territoriales relatif à la
désignation et aux attributions du vice-président de l'office de tourisme
lorsque celui-ci a la forme d'un EPIC, un établissement public à caractère
industriel ou commercial.
Si certaines préfectures admettent sans difficulté la possibilité pour le
maire, président de droit de cet organisme, de déléguer ses pouvoirs à un
adjoint, qui peut être l'adjoint chargé des questions touristiques, d'autres,
au contraire, font prévaloir une interprétation très stricte de ce texte, qui
oblige les maires à assurer eux-mêmes la présidence de l'office de tourisme,
ajoutant ainsi une charge supplémentaire à leurs nombreuses missions et
obligations au quotidien.
Je vous demande donc de bien vouloir préciser si un maire peut ou non déléguer
sa présidence de l'office de tourisme à l'un de ses adjoints et, dans
l'hypothèse d'une réponse négative, s'il ne serait pas possible de modifier
l'article R. 142-7 précité afin qu'une telle délégation puisse avoir lieu dans
les conditions prévues à l'article L. 2122-18 du code général des collectivités
territoriales.
M. le président.
La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Christian Pierret,
secrétaire d'Etat à l'industrie.
M. Queyranne, ministre de l'intérieur
par intérim, vous prie, monsieur le sénateur, de bien vouloir l'excuser de ne
pouvoir être présent aujourd'hui. Il m'a demandé de vous transmettre sa
réponse.
L'article L. 2122-18 du code général des collectivités territoriales prévoit
que le maire peut, sous sa surveillance et sa responsabilité, déléguer une
partie de ses fonctions à un ou plusieurs adjoints et, en l'absence ou en cas
d'empêchement des adjoints, à des membres du conseil municipal.
Ces possibilités de délégation s'appliquent aux fonctions dévolues au maire en
qualité d'exécutif local.
Or la présidence de droit de l'établissement public à caractère industriel et
commercial dénommé « office du tourisme » prévu à l'article L. 2231-9 du code
général des collectivités territoriales n'entre pas dans le champ de ces
fonctions exécutives. Il s'agit, en l'occurrence, d'une représentation ès
qualités au sein d'un organe d'administration d'un organisme juridiquement
distinct de la commune. Dès lors, l'application des dispositions de l'article
L. 2122-18 précité n'est pas possible en la matière.
L'article R. 142-7 du code des communes prévoit par ailleurs que la présidence
de la séance du comité de direction est assurée, en cas d'empêchement du
président de droit, par un vice-président élu en son sein parmi les membres
autres que les conseillers municipaux.
Sur le plan juridique, seule une modification législative permettrait de
prévoir l'attribution permanente de la présidence de droit à un adjoint délégué
au tourisme.
Sur le principe même, il peut effectivement apparaître comme peu cohérent de
limiter la représentation numérique de la commune au sein du comité de
direction et les facultés de suppléance de sa présidence de façon aussi
stricte, dès lors que la commune est réputée assurer la tutelle de
l'établissement public.
M. le ministre de l'intérieur me prie de vous indiquer qu'il entend par
conséquent saisir Mme la secrétaire d'Etat au tourisme de cette question,
relevant au premier chef de sa compétence, afin que soit examinée l'opportunité
de modifier les textes législatifs et réglementaires en la matière et qui soit
ainsi faite toute la place qu'elle mérite à la préoccupation que vous avez
exprimée, monsieur le sénateur.
M. Jean-Claude Carle.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. Carle.
M. Jean-Claude Carle.
Je prends acte de l'assurance que m'a donnée M. le secrétaire d'Etat et je
m'en réjouis, car je crois que cette mesure permettra effectivement de soulager
les maires dans leur tâche quotidienne.
Je souhaite simplement que le Gouvernement fasse preuve de toute la diligence
possible dans la résolution de ce problème.
Application de la loi n° 96-603
du 5 juillet 1996, dite « loi Raffarin »
M. le président.
La parole est à M. Vallet, auteur de la question n° 343, adressée à Mme le
secrétaire d'Etat aux petites et moyennes entreprises, au commerce et à
l'artisanat.
M. André Vallet.
Nul n'ignore que la loi Raffarin, s'agissant de la création de surfaces
commerciales, a porté à 300 mètres carrés la surface au-delà de laquelle un
projet doit obligatoirement être soumis à la commission départementale
d'équipement commercial.
Je voulais attirer l'attention de Mme Lebranchu sur le fait que les
commissions départementales d'équipement commercial, notamment celle des
Bouches-du-Rhône, ne semblent pas avoir véritablement tiré les conséquences de
la course au mètre carré qui se pratique dans le sud-est de la France.
Ainsi, en 1997, sur trente-trois projets présentés à la commission
d'équipement commercial des Bouches-du-Rhône, six seulement ont été refusés, Or
les Bouches-du-Rhône sont pourtant déjà l'un des départements où l'équipement
commercial est le plus dense.
Je signale que la région Provence-Alpes-Côtes d'Azur compte 1,5 million de
mètres carrés de grandes surfaces, soit près du tiers de toutes les grandes
surfaces de notre pays ! La commission départementale d'équipement commercial
ne devrait-elle pas avoir ce chiffre constamment à l'esprit lorsqu'elle
délibère, ce qui l'amènerait à réfléchir avant d'accorder d'autres
autorisations ?
Mais je veux surtout insister sur une situation dont ma ville,
Salon-de-Provence, risque fort, hélas ! de fournir une illustration.
A 8 kilomètres du centre de Salon-de-Provence, mais sur le territoire de la
commune de Miramas, il est prévu d'implanter un équipement commercial de 14 476
mètres carrés. Il se trouve que Miramas n'est pas située dans l'arrondissement
de Salon-de-Provence. De ce fait, le maire de Salon-de-Provence que je suis ne
pourra pas dire le moindre mot sur cet équipement, qui va pénaliser gravement
ma commune, où l'on compte déjà 1 600 mètres carrés de grandes surfaces et 600
commerces de détail, lesquels vont être particulièrement touchés par la
nouvelle implantation voisine.
Je voudrais donc savoir s'il ne serait pas possible de réviser les textes en
vigueur de façon à tenir compte du fait intercommunal. Il s'agirait, en
particulier, de permettre aux structures intercommunales de définir des zones
d'urbanisme commercial et aux maires des communes abritant un important
centre-ville de garder le contrôle des occupations commerciales non seulement
dans leur commune mais aussi dans les communes limitrophes.
Je souhaite que soient mis en place des schémas commerciaux instaurant, au
niveau d'une agglomération, de véritables règles, propres à structurer
l'ensemble du tissu commercial. Il faut y associer les partenaires locaux, les
responsabiliser et faire en sorte que le paysage commercial qui sera ainsi
défini corresponde véritablement aux voeux des populations concernées.
M. le président.
La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Christian Pierret,
secrétaire d'Etat à l'industrie.
Monsieur le sénateur, Mme Lebranchu,
secrétaire d'Etat aux petites et moyennes entreprises, au commerce et à
l'artisanat, retenue ce matin, vous prie de bien vouloir l'excuser.
Il convient tout d'abord de rappeler que, si la densité commerciale des
Bouches-du-Rhône s'établit globalement à près de 1 902 mètres carrés pour 1 000
habitants au 1er janvier 1998, pour une densité moyenne nationale de 1 308
mètres carrés, la densité commerciale réduite aux seuls hypermarchés,
supermarchés, magasins populaires et grands magasins s'établit à la même date à
264 mètres carrés dans les Bouches-du-Rhône, pour une densité moyenne nationale
de 285 mètres carrés.
Par ailleurs, s'il est vrai que vingt-sept projets sur trente-trois ont été
autorisés en 1997 par la commission départementale d'équipement commercial -
CDEC - des Bouches-du-Rhône, la situation doit être relativisée.
En effet, il convient de préciser qu'il résulte du dépouillement de quinze
scrutins, sur les vingt-sept qui ont débouché sur une autorisation de la CDEC
en 1997, que les décisions d'autorisation sont obtenues par au moins cinq voix
sur six possibles, ce qui permet de constater, cette année-là au moins, la
quasi-unanimité des scrutins en cas d'autorisation, scrutins auxquels
participent, outre trois élus, un représentant des consommateurs ainsi qu'un
représentant de la chambre de métiers et un représentant de la chambre de
commerce et d'industrie. Il faut noter que le sens des votes émis sur les neuf
premiers mois de 1998 est semblable à celui qui a été observé en 1997.
S'agissant de recours formés conformément à l'article 32 de la loi du 27
décembre 1973 modifiée portant loi d'orientation du commerce et de l'artisanat
devant la commission nationale d'équipement commercial, la CNEC, sur les quatre
seuls recours formés contre les décisions rendues par la CDEC des
Bouches-du-Rhône en 1997, trois ont été présentés contre des décisions de refus
et un seul, contre une décision d'autorisation. C'est souvent le contraire qui
se produit dans les autres départements.
Sur les neuf premiers mois de 1998, trois recours ont été formés, dont un seul
contre une décision d'autorisation tacite.
De plus, il convient de souligner que près d'un tiers des surfaces de vente
autorisées en 1997 concernait des extensions de magasins existants, soit 14 134
mètres carrés en extension, pour 27 625 mètres carrés en création ; ce taux
s'élève à près de 45 % sur les neuf premiers mois de 1998.
Enfin, un certain nombre de projets autorisés par la CDEC des Bouches-du-Rhône
en 1997 ne concernent pas directement l'activité du commerce traditionnel de
centre-ville, compte tenu soit de l'activité concernée, qui nécessite par
exemple une emprise de terrain importante, soit des auteurs des demandes
d'autorisation qui n'appartiennent pas toujours aux structures de la grande
distribution.
Ainsi, sur les dix-huit projets autorisés en 1997 et tendant à créer de
nouvelles surfaces de vente, cinq concernent des surfaces de bricolage et
jardinage, quatre ont trait à des stations de distribution de carburants, un
porte sur le commerce traditionnel de meubles et un vise une halle aux fruits
et légumes ; les sept autres projets autorisés en création se répartissent
ainsi : trois commerces à dominante alimentaire, respectivement de 316 et 675
mètres carrés, deux magasins de sport de 990 et 1 700 mètres carrés, un grand
magasin de 3 877 mètres carrés et un dépôt-vente de 1 500 mètres carrés.
Parallèlement, le bilan des opérations menées au titre du FISAC - Fonds
d'intervention pour la sauvegarde, la transmission et la restructuration des
activités commerciales et artisanales - dans le département des
Bouches-du-Rhône et visant à encourager les initiatives pour associer les
partenaires locaux au développement local, est le suivant : neuf opérations
représentent 6,5 millions de francs en 1997 et, pour l'heure, cinq opérations
représentent 5 millions de francs en 1998.
Nous veillerons à ce que ces évolutions se déroulent conformément aux voeux
des élus et des partenaires économiques, qu'il s'agisse du commerce concentré
ou du commerce de proximité. Nous veillons en outre, d'une manière générale, au
respect des équilibres que vous avez évoqués.
M. André Vallet.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. Vallet.
M. André Vallet.
Il semble, monsieur le secrétaire d'Etat, que ma question n'ait pas été bien
comprise.
Tout d'abord, je suis réservé sur les chiffres que vous avez cités concernant
l'équipement en supermarchés de notre département et qui ne concordent pas tout
à fait avec ceux que contient une note émanant de la préfecture des
Bouches-du-Rhône. Je ne manquerai pas d'écrire à Mme Lebranchu pour que des
chiffres indiscutables soient clairement établis.
Par ailleurs, monsieur le secrétaire d'Etat, vous avez dit que la plupart des
décisions de la CDEC des Bouches-du-Rhône avaient été prises à la
quasi-unanimité. Mais cela ne me surprend guère, et je sais d'avance que ce
sera probablement encore le cas dans quelques jours, lorsque la CDEC examinera
le projet d'implantation à Miramas que j'ai évoqué. Je vous l'ai dit, le
premier concerné, c'est-à-dire le maire de Salon-de-Provence, n'aura pas son
mot à dire ! Il est facile de faire l'unanimité quand les victimes ne sont pas
consultées !
Enfin, monsieur le secrétaire d'Etat, vous avez indiqué que les projets
portaient sur des magasins de bricolage, de meubles, et que, finalement, il ne
s'agissait pas de commerces susceptibles de concurrencer véritablement ceux de
centre-ville. Je ne suis pas tout à fait d'accord car, derrière une opération
comme celle de Miramas, se cache la mise en place d'une importante galerie
marchande.
Or les galeries marchandes ont un effet doublement pervers : elles attirent la
clientèle de la ville voisine et, de ce fait, les commerçants de celle-ci ont
tendance à s'y installer, délaissant le centre-ville. C'est là un phénomène
particulièrement préoccupant pour l'animation des centres-villes.
J'aimerais, monsieur le secrétaire d'Etat, que notre assemblée puisse un jour
débattre de l'application qui est faite actuellement, d'une manière générale,
de la loi Raffarin, car j'ai le sentiment que, en l'espèce, la volonté du
législateur n'est pas respectée.
M. Christian Pierret,
secrétaire d'Etat.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Christian Pierret,
secrétaire d'Etat.
Monsieur le sénateur, en même temps qu'elle prenait
son nouveau nom, la commission départementale d'équipement commercial a fait
l'objet d'une réforme, il y a quelques années. Si vous avez à vous plaindre de
la nouvelle répartition des compétences et de la nouvelle composition de cette
commission, vous devez vous en prendre à la majorité sénatoriale de l'époque.
Sans doute, d'ailleurs, avez-vous vous-même voté cette réforme !
La loi de 1973 prévoyait d'autres dispositions. La loi récente les a
modifiées. On ne peut aujourd'hui, deux ans après l'entrée en vigueur de la
loi, se plaindre de ce que la composition de cette commission a été réformée.
Au reste, l'usage et l'expérience aidant, ces nouvelles dispositions peuvent
elles-mêmes être revues. Mais cela dépend, monsieur le sénateur, de la majorité
du Sénat !
M. le président.
Mes chers collègues, l'ordre du jour de ce matin étant épuisé, nous allons
interrompre nos travaux ; nous les reprendrons à seize heures.
La séance est suspendue.
(La séance, suspendue à douze heures trente, est reprise à seize heures cinq,
sous la présidence de M. Christian Poncelet.)
PRÉSIDENCE DE M. CHRISTIAN PONCELET
M. le président. La séance est reprise.
3
ÉLOGE FUNÈBRE DE GEORGES MAZARS,
sénateur du Tarn
M. le président.
Mes chers collègues, je vais prononcer l'éloge funèbre de Georges Mazars.
(M. le secrétaire d'Etat, Mmes et MM. les sénateurs se lèvent.)
Notre collègue, Georges Mazars, sénateur du Tarn, est décédé le 2 novembre
dernier, à la veille de son soixante-quatrième anniversaire.
La maladie était pour lui, depuis longtemps déjà, un combat quotidien. Mais
les progrès du mal qui, chaque jour, l'affectait un peu plus semblaient nourrir
en lui la force d'aller plus loin, avec une volonté sans faille et un courage
étonnant.
Il luttait contre la maladie comme en politique, sans amertume, avec
détermination et, surtout, une très grande dignité. Jusqu'au bout, notre
collègue Georges Mazars a assumé son mandat avec sérénité. Lui qui n'avait
rejoint notre assemblée que récemment restera pour nous comme l'exemple d'un
homme courageux.
Cadet d'une famille de sept enfants, Georges Mazars naît le 3 novembre 1934 à
Mirandol. Après des études secondaires à Carmaux, sa vocation s'affirme très
vite : il sera instituteur. Il fréquente l'école normale de Toulouse et, à sa
sortie, en 1955, le village tarnais de Dourgne sera son premier poste. Le
village adopte très vite ce jeune et brillant instituteur.
Georges Mazars restera ancré à cette terre d'adoption, qui lui donnera
beaucoup : une famille, la chaleur de ses habitants, le plaisir d'enseigner et,
plus tard, le terrain d'une action politique.
Il quittera cependant plus de deux ans et demi cette terre du Tarn, appelé, en
1958, pour un service national dans l'armée de l'air au Congo. Il en reviendra
enrichi d'une expérience qu'il considérait comme précieuse.
Le déroulement de sa carrière le mène à la direction de l'école, puis, en
1962, du collège, qu'il contribue à pérenniser par son action conjointe avec
les parents d'élèves. Sa carrière d'enseignant lui vaudra d'être distinguée par
la rosette d'officier des Palmes académiques.
Dans une région que la tradition ancre fortement à gauche et qui vit en
d'autres temps naître Jean Jaurès, le véritable engagement politique de Georges
Mazars se fait après le congrès d'Epinay. Militant SFIO, il est à l'origine de
la création de la section du parti socialiste de Dourgne. En 1975, il est
membre de la commission exécutive du parti socialiste.
Parfaitement à l'aise dans l'action de terrain, Georges Mazars est porté par
ses convictions personnelles et sa foi dans l'action politique. Cette foi
explique d'ailleurs certainement les réussites obtenues et l'ampleur de ses
succès électoraux, qui rassemblent bien au-delà de l'audience de sa famille
politique. Son expérience d'éducateur le porte et lui donne l'assurance qu'il
est toujours possible de faire bouger les choses et d'avancer.
Ses propos francs et directs portent la marque de l'instituteur de « la laïque
», comme l'on disait couramment, maître dans l'art d'enseigner, mais aussi dans
celui d'écouter.
Son entrée en politique s'inscrit dans le prolongement de son action
professionnelle.
Conseiller municipal de Dourgne dès 1971, il est élu maire de la ville en
1983.
Le maire de Dourgne s'investit plus particulièrement dans la qualité des
services offerts à ses administrés. La gendarmerie, la crèche et le bureau de
poste sont rénovés pendant son mandat. Très attentif à la vie du tissu
associatif local, Georges Mazars s'emploie à dynamiser la vie associative de
Dourgne. Il est présent dans tous les domaines, dans les associations sportives
et culturelles, et nombre de manifestations portent son empreinte, en
particulier lorsque Dourgne célèbre le romarin avec toute la force et la gaieté
des traditions du terroir.
Touché, à titre personnel, par les difficultés rencontrées par les personnes
handicapées, Georges Mazars est à l'origine de la première association du Tarn
pour l'insertion professionnelle des enfants handicapés et président de
l'association pour les travailleurs handicapés. Nombre de centres d'aide par le
travail de son département doivent leur existence à sa volonté, à sa ténacité,
à sa persévérance.
En 1982, Georges Mazars est élu conseiller général du Tarn. Réélu en 1988, il
accède à la vice-présidence du conseil général en 1994 et travaille tout
particulièrement, ce qui n'étonnera personne, dans le secteur social.
En suivant en cela son inclination, son engagement sur le terrain et l'estime
des élus de son département le portent vers le Sénat en 1995. Il rejoint la
commission des affaires sociales, où il place sur le plan national la force de
ses convictions.
L'adoption, l'insertion des handicapés et la défense des services publics de
proximité seront les sujets privilégiés de sa réflexion. Il intervient de façon
remarquée lors du débat sur l'adoption en avril 1996.
Lors de l'examen du projet de loi de finances, il intervient avec force,
sagesse et surtout conviction en faveur de l'insertion sociale des handicapés
et du soutien au développement d'activités pour leur permettre de trouver leur
place sur le marché du travail.
Georges Mazars a conduit ainsi avec une grande générosité son combat personnel
sur la scène politique, réagissant avec une grande ouverture et un courage
immense à une expérience personnelle douloureuse.
Pour nous tous, il était un collègue généreux et très apprécié. Aussi, c'est
avec émotion que je fais part aujourd'hui à ses collègues de la commission des
affaires sociales et à ses amis du groupe socialiste des condoléances sincères
et émues du Sénat tout entier.
A sa femme, à sa fille, à tous ses proches, aux habitants de Dourgne, je tiens
à exprimer toute ma sympathie sincère et attristée.
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat au budget.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Vous venez, monsieur le président, de retracer d'une
façon remarquable ce que fut le parcours professionnel et politique de Georges
Mazars, sénateur du Tarn, conseiller général et maire de Dourgne.
Permettez-moi, au nom du Gouvernement et plus particulièrement au nom de son
Premier ministre, M. Lionel Jospin, d'exprimer à Mme Mazars, à sa fille et à
ses petits-enfants, à ses parents et à ses alliés, à MM. Jean-Marc Pastor et
Roger Lagorsse, ses collègues du Tarn, ainsi qu'aux membres du groupe
socialiste, toute l'amitié sincère et chaleureuse qui peut leur être témoignée
en de pareilles circonstances.
Le bon et généreux visage de Georges Mazars, son regard plein de douceur et de
malice vont nous manquer. Sans nul doute devrions-nous faire davantage appel à
l'esprit de ce qu'il a été, car, si la mort peut nous enlever un être cher,
elle ne peut en aucun cas nous ôter de la mémoire les idées et les combats qui
forgèrent la vie riche et intense de cet homme originaire de cette terre du
Ségala dont il était si fier.
D'après ce que m'ont rapporté certains de ses proches, Georges Mazars avait
fait sienne cette maxime : « Là où il y a une volonté, il y a un chemin. » Acte
de foi de l'instituteur, du pédagogue et de l'homme politique qu'il était, ces
quelques mots résument bien tout l'engagement d'un citoyen exemplaire au
service de la collectivité, au service de l'intérêt général.
Jean Jaurès, qui fut l'un de ses illustres prédécesseurs dans ce beau
département du Tarn, aurait sans doute aimé ce fils spirituel dont la vie se
confond tout entière avec le bien commun de la République, de toute la
République.
L'action sociale, la solidarité, le soutien aux plus nécessiteux et
l'insertion professionnelle des jeunes handicapés ont été ses engagements les
plus forts auxquels il s'était attaché avec un dévouement exemplaire.
Entré au Sénat au mois de septembre 1995, c'est tout naturellement à la
commission des affaires sociales qu'il siégera afin d'accomplir, sur le plan
législatif, ce pour quoi il se battait sur le terrain. En dépit de son état de
santé, il en fut un membre très actif, déterminé à ne pas se laisser terrasser
par le mal qui le rongeait, fidèle en cela à sa maxime préférée, digne et
pudique dans sonmalheur.
Georges Mazars laissera à chacun d'entre nous, au-delà des clivages parfois
superficiels, l'image d'un humaniste passionné, animé par le désir constant de
trouver les mots qui rassemblent et réconcilient les coeurs.
Georges Mazars était un serviteur au sens noble du mot. Etre remarquable, il
s'est donné à ses concitoyens ; à sa famille, en tout premier lieu, à ses
anciens élèves, à ses administrés de Dourgne, à ceux du Tarn, à la République
enfin. Oui, vraiment, comme l'avait déjà remarqué son ami Jean-Marc Pastor : «
C'est la fierté de la République de compter parmi ses enfants des hommes et des
femmes qui, à l'image de Georges Mazars, ont su la faire vivre au quotidien
toute une vie durant. »
Honneur, donc, au sénateur-maire de Dourgne, honneur à vous, madame, à votre
fille, d'avoir su chérir jusqu'à la fin un tel homme.
Veuillez, madame, croire à la sincère compassion du Premier ministre et de son
gouvernement dans l'épreuve qui vous atteint, comme à la chaleur de leurs
sentiments envers celui qui fut votre époux et notre ami.
M. le président.
Mes chers collègues, nous allons interrompre nos travaux quelques instants en
signe de deuil.
La séance est suspendue.
(La séance, suspendue à seize heures quinze, est reprise à seize heures
trente, sous la présidence de M. Paul Girod.)
PRÉSIDENCE DE M. PAUL GIROD
vice-président
M. le président. La séance est reprise.
4
CONFÉRENCE DES PRÉSIDENTS
M. le président.
La conférence des présidents a établi comme suit l'ordre du jour des
prochaines séances du Sénat :
A. -
Mercredi 16 décembre 1998 :
Ordre du jour prioritaire
A quinze heures :
1° Suite de la nouvelle lecture du projet de loi, adopté par l'Assemblée
nationale en nouvelle lecture, relatif au mode d'élection des conseillers
régionaux et des conseillers à l'Assemblée de Corse et au fonctionnement des
conseils régionaux (n° 81, 1998-1999).
Aucun amendement à ce projet de loi n'est plus recevable.
A vingt et une heures trente :
2° Projet de loi constitutionnelle, adopté par l'Assemblée nationale,
modifiant les articles 88-2 et 88-4 de la Constitution (n° 92, 1998-1999).
La conférence des présidents a précédemment fixé :
- au mardi 15 décembre 1998, à dix-sept heures, le délai limite pour le dépôt
des amendements à ce projet de loi constitutionnelle ;
- à trois heures la durée globale du temps dont disposeront, dans la
discussion générale, les orateurs des divers groupes ou ne figurant sur la
liste d'aucun groupe.
L'ordre des interventions sera déterminé en fonction du tirage au sort et les
inscriptions de parole devront être faites au service de la séance, avant
dix-sept heures, le mercredi 16 décembre 1998.
La conférence des présidents a précédemment décidé qu'il serait procédé à un
scrutin public à la tribune lors du vote sur l'ensemble du projet de loi
constitutionnelle.
B. -
Jeudi 17 décembre 1998 :
Ordre du jour prioritaire
A neuf heures trente :
1° Suite du projet de loi constitutionnelle, adopté par l'Assemblée nationale,
modifiant les articles 88-2 et 88-4 de la Constitution (n° 92, 1998-1999).
A quatorze heures quinze, dans la salle des séances, M. Christian Poncelet,
président du Sénat, procédera au dévoilement de la plaque commémorative à
l'effigie de Michel Debré, qui fut sénateur d'Indre-et-Loire de 1948 à 1958.
A quinze heures et, éventuellement, le soir :
2° Questions d'actualité au Gouvernement.
L'inscription des auteurs de questions devra être effectuée au service de la
séance avant onze heures.
3° Examen d'une demande tendant à autoriser la désignation d'une mission
commune d'information sur la décentralisation.
Les candidatures à cette mission commune d'information devront être déposées
au service des commissions au plus tard le mardi 15 décembre 1998, à dix-sept
heures.
Ordre du jour prioritaire
4° Suite de l'ordre du jour du matin.
C. -
Vendredi 18 décembre 1998,
à neuf heures trente, à quinze heures
et, éventuellement, le soir :
Ordre du jour prioritaire
Sous réserve de sa transmission, nouvelle lecture du projet de loi de finances
pour 1999 (AN, n° 1252).
La conférence des présidents a précédemment fixé :
- au jeudi 17 décembre 1998, à dix-sept heures, le délai limite pour le dépôt
des amendements à ce projet de loi ;
- à deux heures la durée globale du temps dont disposeront, dans la discussion
générale, les orateurs des divers groupes ou ne figurant sur la liste d'aucun
groupe.
L'ordre des interventions sera déterminé en fonction du tirage au sort et les
inscriptions de parole devront être faites au service de la séance, avant
dix-sept heures, le jeudi 17 décembre 1998.
D. -
Mardi 22 décembre 1998 :
Ordre du jour prioritaire
A neuf heures trente :
1° Nouvelle lecture du projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale en
nouvelle lecture, relatif aux animaux dangereux et errants et à la protection
des animaux (n° 111, 1998-1999).
La conférence des présidents a fixé au lundi 21 décembre 1998, à dix-sept
heures, le délai limite pour le dépôt des amendements à ce projet de loi.
2° Proposition de loi, adoptée par l'Assemblée nationale, relative à la
validation législative d'actes pris après avis du comité technique paritaire du
ministère des affaires étrangères (n° 109, 1998-1999).
La conférence des présidents a fixé au lundi 21 décembre 1998, à dix-sept
heures, le délai limite pour le dépôt des amendements à cette proposition de
loi.
3° Projet de loi autorisant l'approbation de l'accord d'adhésion du Royaume de
Suède à la convention d'application de l'accord de Schengen du 14 juin 1985
relatif à la suppression graduelle des contrôles aux frontières communes (n°
571, 1997-1998).
4° Projet de loi autorisant l'approbation de l'accord d'adhésion de la
République de Finlande à la convention d'application de l'accord de Schengen du
14 juin 1985 relatif à la suppression graduelle des contrôles aux frontières
communes (n° 570, 1997-1998).
5° Projet de loi autorisant l'approbation de l'accord d'adhésion du Royaume de
Danemark à la convention d'application de l'accord de Schengen du 14 juin 1985
relatif à la suppression graduelle des contrôles aux frontières communes (n°
569, 1997-1998).
6° Projet de loi autorisant l'approbation de l'accord de coopération entre le
Royaume de Belgique, la République fédérale d'Allemagne, la République
française, le Grand-Duché de Luxembourg, le Royaume des Pays-Bas, la République
italienne, le Royaume d'Espagne, la République portugaise, la République
hellénique, la République d'Autriche, le Royaume de Danemark, la République de
Finlande, le Royaume de Suède, parties contractantes à l'accord et à la
convention de Schengen, et la République d'Islande et le Royaume de Norvège,
relatif à la suppression des contrôles aux frontières communes (ensemble une
annexe) (n° 568, 1997-1998).
La conférence des présidents a décidé que ces quatre projets de loi feraient
l'objet d'une discussion générale commune.
7° Projet de loi autorisant la ratification de l'accord de partenariat et de
coopération entre les Communautés européennes et leurs Etats membres, d'une
part, et la République d'Azerbaïdjan, d'autre part (n° 561, 1997-1998).
8° Projet de loi autorisant la ratification de l'accord de partenariat et de
coopération entre les Communautés européennes et leurs Etats membres, d'une
part, et la République d'Ouzbékistan, d'autre part (n° 562, 1997-1998).
9° Projet de loi autorisant la ratification de l'accord de partenariat et de
coopération entre les Communautés européennes et leurs Etats membres, d'une
part, et la République d'Arménie, d'autre part (n° 563, 1997-1998).
10° Projet de loi autorisant la ratification de l'accord de partenariat et de
coopération entre les Communautés européennes et leurs Etats membres, d'une
part, et la Géorgie, d'autre part (n° 564, 1997-1998).
La conférence des présidents a décidé que ces quatre projets de loi feraient
l'objet d'une discussion générale commune.
11° Projet de loi autorisant la ratification du traité d'entente, d'amitié et
de coopération entre la République française et la République de Géorgie (n°
399, 1997-1998).
12° Projet de loi autorisant l'approbation du cinquième protocole (services
financiers) annexé à l'accord général sur le commerce des services (n° 22,
1998-1999).
13° Projet de loi autorisant l'approbation de la convention entre le
Gouvernement de la République française, le Gouvernement de la République
fédérale d'Allemagne et le Gouvernement du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et
d'Irlande du Nord relative aux personnels scientifiques de l'Institut
Max-von-Laue - Paul-Langevin (n° 446, 1997-1998).
14° Projet de loi autorisant l'approbation de la convention d'établissement
entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement de la
République togolaise (n° 560, 1997-1998).
15° Projet de loi autorisant l'approbation de la convention d'entraide
judiciaire en matière pénale entre le Gouvernement de la République française
et le Gouvernement de Hong Kong (n° 371, 1997-1998).
16° Projet de loi autorisant l'approbation de l'accord entre le Gouvernement
de la République française et le Conseil fédéral suisse en vue de compléter la
Convention européenne d'entraide judiciaire en matière pénale du 20 avril 1959
(n° 537, 1997-1998).
17° Projet de loi autorisant l'approbation de la convention d'assistance
administrative mutuelle entre le Gouvernement français et le Gouvernement
macédonien pour la prévention, la recherche, la constatation et la sanction des
infractions douanières (n° 32, 1998-1999).
18° Projet de loi autorisant l'approbation de la convention d'assistance
administrative mutuelle entre le Gouvernement de la République française et le
Gouvernement de la Fédération de Russie pour la prévention, la recherche et la
poursuite des fraudes douanières (n° 33, 1998-1999).
19° Projet de loi autorisant l'approbation de la convention d'assistance
administrative mutuelle en matière douanière entre le Gouvernement de la
République française et le Gouvernement de la République hongroise (n° 34,
1998-1999).
20° Projet de loi autorisant l'approbation de la convention entre le
Gouvernement de la République française et le Gouvernement de l'Ukraine en vue
d'éviter les doubles impositions et de prévenir l'évasion et la fraude fiscales
en matière d'impôts sur le revenu et sur la fortune (ensemble un protocole) (n°
558, 1997-1998).
A quinze heures :
21° Deuxième lecture du projet de loi, modifié par l'Assemblée nationale,
relatif à la protection de la santé des sportifs et à la lutte contre le dopage
(n° 75, 1998-1999).
La conférence des présidents a fixé au lundi 21 décembre 1998, à dix-sept
heures, le délai limite pour le dépôt des amendements à ce projet de loi.
E. -
Mercredi 23 décembre 1998 :
Ordre du jour prioritaire
A neuf heures trente :
1° Deuxième lecture du projet de loi, adopté avec modifications par
l'Assemblée nationale en deuxième lecture, portant règlement définitif du
budget pour 1995 (n° 96, 1998-1999).
2° Conclusions de la commission mixte paritaire ou nouvelle lecture du projet
de loi de finances rectificative pour 1998.
La conférence des présidents a fixé au mardi 22 décembre 1998, à dix-sept
heures, le délai limite pour le dépôt des amendements à ce projet de loi.
A quinze heures :
3° Eventuellement, deuxième lecture du projet de loi constitutionnelle
modifiant les articles 88-2 et 88-4 de la Constitution.
La conférence des présidents a fixé au mardi 22 décembre 1998, à dix-sept
heures, le délai limite pour le dépôt des amendements à ce projet de loi
constitutionnelle.
La conférence des présidents a décidé qu'il serait procédé à un scrutin public
ordinaire lors du vote sur l'ensemble du projet de loi constitutionnelle.
F. -
Mardi 19 janvier 1999 :
A neuf heures trente :
1° Dix-huit questions orales sans débat.
L'ordre d'appel des questions sera fixé ultérieurement.
- n° 353 de Mme Anne Heinis à M. le ministre de l'équipement, des transports
et du logement (effets des délinéateurs sur la sécurité routière) ;
- n° 363 de M. Michel Duffour à M. le ministre de l'économie, des finances et
de l'industrie (devenir du Centre national des télécommunications) ;
- n° 372 de M. Philippe Richert à M. le ministre de l'équipement, des
transports et du logement (distorsions de concurrence dans le domaine des
transports) ;
- n° 373 de M. Patrick Lassourd à M. le secrétaire d'Etat au logement (système
de perception du supplément de loyer de solidarité) ;
- n° 374 de M. Christian Demuynck à M. le ministre de l'équipement, des
transports et du logement (prolongement de la ligne de tramway n° 1 entre
Bobigny et la gare de Noisy-le-Sec) ;
- n° 376 de M. Daniel Eckenspieller à M. le ministre de la défense (avenir des
jeunes bénéficiant d'un report d'incorporation) ;
- n° 377 de M. Roland Courteau à M. le ministre de l'équipement, des
transports et du logement (calendrier de réalisation du TGV
Perpignan-Barcelone) ;
- n° 378 de M. Francis Giraud à M. le secrétaire d'Etat à la santé et à
l'action sociale (situation des médecins rapatriés d'Algérie au regard de
l'assurance vieillesse) ;
- n° 381 de M. René-Pierre Signé à M. le ministre de l'agriculture et de la
pêche (création d'un BTS aquacole au lycée agricole de Château-Chinon) ;
- n° 383 de M. Jean-Paul Hugot à M. le ministre de l'économie, des finances et
de l'industrie (régime fiscal des établissements d'enseignement supérieur
privés) ;
- n° 384 de M. Xavier Darcos à M. le ministre de l'équipement, des transports
et du logement (construction de l'autoroute A 89 Bordeaux-Clermont-Ferrand)
;
- n° 385 de M. Alain Dufaut à M. le ministre de l'économie, des finances et de
l'industrie (régime fiscal des associations organisatrices de spectacles) ;
- n° 386 de M. Franck Sérusclat à M. le ministre de l'économie, des finances
et de l'industrie (prélèvement de la taxe d'habitation) ;
- n° 387 de M. Hubert Durand-Chastel à M. le ministre délégué à la coopération
et à la francophonie (réciprocité et respect des accords bilatéraux en Côte
d'Ivoire) ;
- n° 388 de M. Bernard Murat à M. le ministre de l'éducation nationale, de la
recherche et de la technologie (réforme des heures complémentaires des
enseignants) ;
- n° 389 de Mme Marie-Claude Beaudeau à M. le ministre de l'économie, des
finances et de l'industrie (suppression des ventes hors taxes) ;
- n° 390 de M. Nicolas About à M. le ministre de l'économie, des finances et
de l'industrie (mise en oeuvre de l'instruction budgétaire et comptable M 14)
;
- n° 393 de M. Georges Mouly à M. le ministre de l'équipement, des transports
et du logement (désenclavement du Limousin).
A seize heures :
2° Projet de loi d'orientation agricole, adopté par l'Assemblée nationale
après déclaration d'urgence (n° 18, 1998-1999).
La conférence des présidents a fixé :
- au mardi 19 janvier 1999, à onze heures, le délai limite pour le dépôt des
amendements à ce projet de loi ;
- à quatre heures la durée globale du temps dont disposeront, dans le débat,
les orateurs des divers groupes ou ne figurant sur la liste d'aucun groupe.
L'ordre des interventions sera déterminé en fonction du tirage au sort et les
inscriptions de parole devront être faites au service de la séance, avant
dix-sept heures, le lundi 18 janvier 1999.
G. -
Mercredi 20 janvier 1999,
à quinze heures et le soir :
Ordre du jour prioritaire
Suite du projet de loi d'orientation agricole, adopté par l'Assemblée
nationale après déclaration d'urgence (n° 18, 1998-1999).
M. Pierre Joxe, Premier président de la Cour des comptes, déposera à dix-sept
heures trente sur le bureau du Sénat le rapport annuel de la Cour des
comptes.
H. -
Jeudi 21 janvier 1999 :
A neuf heures trente :
Ordre du jour prioritaire
1° Suite du projet de loi d'orientation agricole, adopté par l'Assemblée
nationale après déclaration d'urgence (n° 18, 1998-1999).
A quinze heures et le soir :
2° Questions d'actualité au Gouvernement.
L'inscription des auteurs de questions devra être effectuée au service de la
séance, avant onze heures.
Ordre du jour prioritaire
3° Suite de l'ordre du jour du matin.
I. -
Mardi 26 janvier 1999,
à dix heures trente et à seize heures :
Ordre du jour prioritaire
Sous réserve de sa transmission, projet de loi constitutionnelle relatif à
l'égalité entre les femmes et les hommes (AN, n° 985).
La conférence des présidents a fixé :
- au lundi 25 janvier 1999, à dix-sept heures, le délai limite pour le dépôt
des amendements à ce projet de loi constitutionnelle ;
- à quatre heures la durée globale du temps dont disposeront, dans le débat,
les orateurs des divers groupes ou ne figurant sur la liste d'aucun groupe.
L'ordre des interventions sera déterminé en fonction du tirage au sort et les
inscriptions de parole devront être faites au service de la séance, avant
dix-sept heures, le lundi 25 janvier 1999.
La conférence des présidents a décidé qu'il serait procédé à un scrutin public
à la tribune lors du vote sur l'ensemble du projet de loi constitutionnelle.
J. -
Mercredi 27 janvier 1999,
à quinze heures :
Ordre du jour prioritaire
1° Eventuellement, suite du projet de loi d'orientation agricole, adopté par
l'Assemblée nationale après déclaration d'urgence (n° 18, 1998-1999).
2° Sous réserve de sa transmission, projet de loi portant prorogation des
mandats des membres des conseils consultatifs et des conseils d'orientation et
de surveillance des caisses d'épargne et de prévoyance (AN, n° 1243).
La conférence des présidents a fixé au mardi 26 janvier 1999, à dix-sept
heures, le délai limite pour le dépôt des amendements à ce projet de loi.
3° Sous réserve de sa transmission, projet de loi créant le Conseil national
des communes « Compagnon de la Libération » (AN, n° 11).
La conférence des présidents a fixé au mardi 26 janvier 1999, à dix-sept
heures, le délai limite pour le dépôt des amendements à ce projet de loi.
K. -
Jeudi 28 janvier 1999 :
Ordre du jour établi en application de l'article 48,
troisième alinéa, de la Constitution
A neuf heures trente :
1° Question orale avec débat n° 8 de M. Paul Masson à M. le Premier ministre
sur le redéploiement des forces de sécurité.
En application des premier et deuxième alinéas de l'article 82 du règlement,
la conférence des présidents à fixé à trois heures la durée globale du temps
dont disposeront, dans le débat sur cette question, les orateurs des divers
groupes ou ne figurant sur la liste d'aucun groupe.
L'ordre des interventions sera déterminé en fonction du tirage au sort auquel
il a été procédé au début de la session et les inscriptions de parole devront
être faites au service de la séance, avant dix-sept heures, le mercredi 27
janvier 1999).
A quinze heures :
2° Conclusions de la commission des affaires économiques (n° 502, 1997-1998)
sur :
- la proposition de loi de M. Jean-Luc Bécart et plusieurs de ses collègues
tendant à frapper de nullité d'ordre public toute clause de mutation
immobilière exonérant les exploitants de mines de leur responsabilité en
matière de dommages liés à leur activité minière (n° 220, 1996-1997) ;
- la proposition de loi de M. Claude Huriet et plusieurs de ses collègues
complétant le code minier (n° 298 rectifié, 1996-1997) ;
- la proposition de loi de Mme Gisèle Printz et des membres du groupe
socialiste et apparentés, relative à la prévention des risques miniers après la
fin de l'exploitation (n° 229, 1997-1998) ;
- la proposition de loi de Mme Gisèle Printz et des membres du groupe
socialiste et apparentés, relative à la responsabilité des dommages liés à
l'exploitation minière (n° 235 rectifié, 1997-1998) ;
- la proposition de loi de M. Jean-Paul Delevoye et plusieurs de ses
collègues, relative à la responsabilité en matière de dommages consécutifs à
l'exploitation minière (n° 247, 1997-1998) ;
- la proposition de loi de M. Jean-Paul Delevoye et plusieurs de ses
collègues, relative à la prévention des risques miniers après la fin de
l'exploitation (n° 248, 1997-1998).
La conférence des présidents a fixé :
- au mercredi 27 janvier 1999, à dix-sept heures, le délai limite pour le
dépôt des amendements à ces conclusions ;
- à deux heures la durée globale du temps dont disposeront, dans la discussion
générale, les orateurs des divers groupes ou ne figurant sur la liste d'aucun
groupe ;
L'ordre des interventions sera déterminé en fonction du tirage au sort auquel
il a été procédé au début de la session et les inscriptions de parole devront
être faites au service de la séance, avant dix-sept heures, le mercredi 27
janvier 1999.
3° Proposition de loi de M. Alain Vasselle, relative à l'amélioration de la
prise en charge des personnes atteintes de démence sénile et, en particulier,
de la maladie d'Alzheimer (n° 210, 1997-1998).
Y a-t-il des observations en ce qui concerne les propositions de la conférence
des présidents relatives à la tenue des séances ?...
Y a-t-il des observations en ce qui concerne les propositions de la conférence
des présidents s'agissant de l'ordre du jour établi en application de l'article
48, alinéa 3, de la Constitution ?...
Ces propositions sont adoptées.
5
LOI DE FINANCES RECTIFICATIVE POUR 1998
Suite de la discussion et adoption d'un projet de loi
M. le président.
L'ordre du jour appelle la suite de la discussion du projet de loi de finances
rectificative pour 1998 (n° 97 1998-1999), adopté par l'Assemblée nationale.
[Rapport n° 116 (1998-1999)].
Dans la discussion des articles, nous en sommes parvenus à l'examen des
amendements tendant à insérer un article additionnel après l'article 16
nonies
.
Articles additionnels après l'article 16
nonies
M. le président.
Je suis saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion
commune.
Tous deux sont présentés par MM. Lauret et Payet.
L'amendement n° 5 tend à insérer, après l'article 16
nonies,
un article
additionnel ainsi rédigé :
« 1) Dans le premier alinéa de l'article 575 du code général des impôts, après
les mots : "France continentale" sont insérés les mots : "et dans le
département de la Réunion".
« 2) Au deuxième alinéa du 1. de l'article 268 du code des douanes, les mots :
"et à la Réunion" sont supprimés.
« 3) Le deuxième alinéa du 1. de l'article 268 du code des douanes est
complété par la phrase suivante :
« Dans le département de la Réunion, le montant du droit de consommation est
déterminé en appliquant les taux mentionnés aux articles 575 et 575 A du code
général des impôts aux prix de vente homologués en France continentale ».
« 4) Dans l'article 49 de la loi de finances pour 1997 (n° 96-1181 du 30
décembre 1996), après les mots : "droit de consommation" sont insérés les mots
: "perçu en France continentale". »
L'amendement n° 6 tend à insérer, après l'article 16
nonies,
un article
additionnel ainsi rédigé :
« Le deuxième alinéa du 1. de l'article 268 du code des douanes est complété
par la phrase suivante :
« Dans le département de la Réunion, le minimum de perception est fixé à 350
francs pour 1 000 cigarettes. Il est révisé chaque année en fonction de
l'évolution, pour l'année civile écoulée, de l'indice des prix à la
consommation pour les ménages incluant les tabacs. »
La parole est à M. Lauret, pour présenter ces deux amendements.
M. Edmond Lauret.
Monsieur le président, comme vous l'avez indiqué, j'ai cosigné ces amendements
avec mon collègue M. Payet, sénateur de la Réunion appartenant au groupe du
RDSE.
Le 26 novembre dernier, à l'Assemblée nationale, M. Kouchner, secrétaire
d'Etat à la santé et à l'action sociale, rappelait à juste titre les ravages du
tabac qui nous coûtent chaque année 60 000 morts.
M. Kouchner déclarait que le Gouvernement était attaché à ce que la
consommation du tabac diminue, notamment chez les jeunes. Il insista sur la
corrélation qui existe entre la hausse du prix du paquet de cigarettes et la
baisse de la consommation.
Le 3 décembre, monsieur le secrétaire d'Etat, vous avez fait adopter par
l'Assemblée nationale un amendement relevant les montants minimaux du droit de
consommation sur les tabacs, ce qui, à notre sens, représente une excellente
décision.
Or, il s'avère, mes chers collègues, que la décision prise par les députés
concerne le seul territoire continental de la France et non les départements
d'outre-mer, en particulier la Réunion où les prix du tabac sont anormalement
bas, ce qui entraîne aujourd'hui une véritable ruée des jeunes sur ce produit,
dont le caractère néfaste est indiscutable.
Mes chers collègues, j'ai entre les mains deux paquets de cigarettes
identiques : même marque, même contenance, même présentation.
M. le président.
Mon cher collègue, il est interdit de fumer en séance !
(Sourires.)
M. Edmond Lauret.
J'ai payé l'un de ces paquets 19,40 francs à Paris, et l'autre 10 francs à la
Réunion, alors que ces cigarettes sont toutes fabriquées du même côté de
l'Equateur !
Monsieur le secrétaire d'Etat, mes chers collègues, rien ne saurait justifier
une politique de santé outre-mer différente et de moins bonne qualité de celle
qui est menée sur le territoire métropolitain ! En effet, le tabac fait, hélas
! outre-mer, au moins autant de ravages sur la population, sur les jeunes en
particulier, qu'en France continentale.
J'ajoute que M. Queyranne, secrétaire d'Etat à l'outre-mer, faisait aussi
remarquer le 23 octobre, à l'Assemblée nationale, qu'outre-mer l'impératif de
santé publique n'était pas assuré, notamment par le niveau des taxes frappant
le tabac.
Les amendements que nous proposons ce jour ont pour objet de mettre fin à
cette anomalie, pour le plus grand bien de notre jeunesse.
L'amendement n° 6 est un texte de repli : il vise à limiter ce minimum de
perception aux deux tiers du minimum métropolitain, soit 350 francs pour 1 000
cigarettes, contre 515 francs pour 1 000 cigarettes en métropole.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission sur les amendements n°s 5 et 6 ?
M. Philippe Marini,
rapporteur général de la commission des finances, du contrôle budgétaire et
des comptes économiques de la nation.
Monsieur le président, monsieur le
secrétaire d'Etat, mes chers collègues, c'est un sujet complexe à traiter par
des personnes qui connaissent insuffisamment ce beau département de la Réunion.
Notre collègue Edmond Lauret est assurément mieux placé que les autres membres
de cette assemblée pour traduire un sentiment directement issu d'une pratique
très concrète et très quotidienne de son département.
Je souhaite rappeler, à la suite de ce qu'il a dit, que les prix publics du
tabac à la Réunion sont, comme dans l'ensemble des départements d'outre-mer,
inférieurs à ceux qui sont pratiqués en métropole. Cela tient compte des écarts
de pouvoir d'achat des consommateurs ; c'est du moins de cette manière que l'on
justifie la différence de tarif.
L'article 268 du code des douanes précise que le droit de consommation
applicable aux cigarettes doit permettre une vente au détail « à des prix égaux
aux deux tiers des prix de vente au détail en France continentale ».
Il paraît donc
a priori
légitime de vouloir aligner la situation
fiscale de la Réunion sur celle de la France continentale.
Cependant, à la lecture de l'amendement n° 6, il apparaît que ces dispositions
se traduiraient par des hausses de prix brutales. Elles sont même conçues pour
cela ! Le taux moyen d'imposition passerait ainsi de 42 % à 70 %.
La question est de savoir quelles seraient les conséquences de ces hausses de
prix brutales. On voit bien qu'en termes de défense de la santé publique, il y
aurait un effet direct favorable.
Mais certains estiment que des effets indirects difficiles à analyser
pourraient être plus défavorables et que la discontinuité dont il s'agit serait
susceptible de se traduire entre les producteurs par l'apparition d'une guerre
des prix, dont pourraient découler ultérieurement une baisse des rentrées
fiscales, l'affaiblissement du secteur d'activité, le développement de la
contrebande et,
in fine
, l'augmentation de la consommation.
Je ne vous dis pas que je suis moi-même totalement convaincu par ce scénario
catastrophe. C'est pourquoi je voudrais, pour m'avancer un peu plus sur ce
terrain que je connais, hélas ! trop mal, disposer au préalable, mes chers
collègues, de l'avis du Gouvernement.
M. le président.
Quel est donc l'avis du Gouvernement sur les amendements n°s 5 et 6 ?
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat au budget.
Monsieur le président, mesdames, messieurs
les sénateurs, comme l'article 16
nonies
le montre bien, le Gouvernement
est fermement déterminé à lutter contre le tabagisme.
Les amendements n°s 5 et 6 concernent non pas cette question en général, mais
le point plus précis de la fiscalité spécifique sur le tabac applicable dans le
département de la Réunion, comme dans tous les départements d'outre-mer : en
effet, la fiscalité sur les tabacs y est déterminée sur la base de l'article
268 du code des douanes, aux termes duquel le droit de consommation est fixé à
des taux permettant la vente des « produits à des prix égaux aux deux tiers des
prix de vente au détail en France continentale ».
Je vous apporterai deux réponses, monsieur Lauret.
En premier lieu, il n'est pas souhaitable de dissocier l'île de la Réunion des
autres départements d'outre-mer. Il faut garder un régime uniforme. Si ce
dernier mérite peut-être réflexion, il n'y a cependant pas de raison de
dissocier l'île de la Réunion des autres départements d'outre-mer.
En second lieu, vous avez cité un cas précis, monsieur le sénateur. J'ai donné
des instructions très fermes pour que ces règles, qui avaient peut-être été un
moment oubliées par les uns ou les autres, soient appliquées avec rigueur. Cela
s'est traduit, je crois, par un relèvement des prix du tabac à la Réunion.
Je considère donc l'amendement n° 5 et l'amendement de repli n° 6 comme des
appels adressés au Gouvernement pour que les règles destinées à lutter contre
la tentation du tabac chez les jeunes soient appliquées à la Réunion avec plus
de rigueur. C'est ce à quoi le Gouvernement s'est employé.
Cette satisfaction vous étant donnée, monsieur le sénateur, peut-être
pourriez-vous retirer vos amendements qui, je le répète ont pour inconvénient
principal de dissocier le sort de l'île de la Réunion de celui des autres
départements d'outre-mer ? A défaut, je serais obligé d'émettre un avis
défavorable sur ces deux propositions.
M. le président.
Quel est, en définitive, l'avis de la commission sur les amendements n°s 5 et
6 ?
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Je veux tout d'abord apporter un élément
complémentaire dans notre débat.
La commission des finances craint qu'un alignement complet des règles fiscales
applicables à la Réunion sur celles de la France continentale ne place les
cigarettes à un prix paradoxalement supérieur à celui qui est en vigueur sur le
continent.
Il nous faut donc nous assurer de la réalité de ce risque. Je n'ai pas la
possibilité de le faire pour l'instant, compte tenu des délais d'examen de ce
collectif budgétaire. Il nous faut également nous assurer, dans l'intérêt même
du département de la Réunion, qu'une évolution importante du régime des prix du
tabac ne fragiliserait pas l'usine de Saint-Pierre, qui emploie cent vingt
personnes. Il est clair que tout risque éventuel à cet égard doit absolument
être écarté.
Par ailleurs, l'argument de M. le secrétaire d'Etat en vue de la
non-dissociation des départements d'outre-mer me paraît déterminant.
L'intention de M. Lauret étant tout à fait incontestable, il serait utile, à
mon avis, que notre collègue puisse se rapprocher des sénateurs représentant
les autres départements d'outre-mer de telle sorte qu'une initiative commune
soit susceptible de voir le jour, ce qui nous permettrait alors de légiférer
dans des conditions satisfaisantes.
Par conséquent, après avoir entendu le Gouvernement, la commission confirme sa
demande de retrait de l'amendement, mais cette demande ne doit pas être
interprétée comme un avis nécessairement négatif sur le fond ou comme une fin
de non-recevoir. En effet, le sujet mérite davantage d'éclaircissements et il
doit sans doute être étudié sur le plan plus global des différents départements
d'outre-mer. Le mérite de notre collègue Edmond Lauret aura été, en tout cas,
d'avoir appelé notre attention sur un problème réel, qui ne peut manifestement
pas rester en l'état.
M. le président.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° 5.
M. Edmond Lauret.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Lauret.
M. Edmond Lauret.
Monsieur le rapporteur général, je réponds quatre fois non à vos quatre
arguments.
Tout d'abord, s'agissant du coût de la vie à la Réunion, on ne peut plus,
depuis que l'égalité sociale a été instaurée, prétendre qu'il est plus bas
qu'en métropole.
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
C'est vrai !
M. Edmond Lauret.
Les fonctionnaires sont surpayés - tout le monde en parle sans cesse - le SMIC
et le RMI sont au même niveau qu'en métropole, et on ne peut donc plus parler
maintenant de coût de la vie plus bas. Au contraire, certains demandent
aujourd'hui des majorations de traitement pour y faire face.
En ce qui concerne la hausse brutale du coût du tabac, je vous dis également
non, mon cher collègue, puisque le paquet de cigarettes était vendu à dix-huit
ou dix-neuf francs voilà un an et qu'il ne vaut plus que dix francs
aujourd'hui. On ne peut donc pas parler de hausse brutale ! Nous demandons
simplement que la diminution soit limitée : au lieu de passer de dix-neuf
francs à dix francs, le prix du paquet serait fixé à treize francs, ce qui nous
permettrait de récupérer la différence. Par mon amendement de repli, je demande
ainsi une progression de 30 %. Nous serions alors à treize francs, c'est-à-dire
à un prix nettement inférieur à celui qui était appliqué en début d'année.
Quant aux effets indirects pour les fabricants, je suis désolé de répondre
encore une fois non : je ne suis pas là pour défendre les fabricants qui
importent du tabac étranger à la Réunion, je ne fais que rejoindre M. Kouchner
quand il dit qu'il faut baisser la consommation de tabac.
En ce qui concerne la contrebande, enfin, mon cher collègue, vous connaissez
la Réunion : vous savez que c'est une île entourée de falaises, qui n'est
desservie que par deux ports. On n'y entre pas comme à Compiègne !
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Il n'y a pas de contrebande à Compiègne !
(Sourires.)
M. Edmond Lauret.
Pour ce qui a trait à l'usine de Saint-Pierre, l'argument ne tient pas.
Nous connaissons à la Réunion une situation particulière qui n'est pas celle
de la Martinique et de la Guadeloupe : dans ces deux départements, le prix du
tabac n'a pas baissé à ce point.
Je maintiens donc mes amendements.
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Je voudrais poursuivre ce débat avec M. Lauret et
confirmer un propos de M. le rapporteur général : si l'amendement n° 6 était
adopté - je parle de votre amendement de repli qui prévoit un minimum de
perception de 350 francs pour 1 000 unités - cela reviendrait à établir un
droit de consommation de 7 francs par paquet de vingt cigarettes, soit une
charge fiscale pour ce seul droit de près de 64 % du prix de vente, contre 58,3
% en métropole. Dans votre lutte contre le tabagisme, vous en arrivez ainsi à «
pousser le bouchon », si je puis employer cette expression familière, au-delà
de ce qui se passe en métropole.
Je crois pouvoir aussi rappeler que la Réunion a connu un épisode de guerre
des prix au terme duquel le prix de certaines cigarettes, dont celles que vous
avez exhibées, a considérablement diminué.
Grâce aux efforts de tous et, surtout, grâce aux effets de la fiscalité, leur
prix est remonté à un niveau plus normal. Peut-être ne faut-il donc pas
perturber, monsieur Lauret, cette remontée du prix des cigarettes à la Réunion
en allant au-delà d'un mouvement déjà clairement ascendant.
M. le président.
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 5, repoussé par la commission et par le
Gouvernement.
(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 6, repoussé par la commission et par le
Gouvernement.
(L'amendement n'est pas adopté.)
Article 16
decies
M. le président.
« Art. 16
decies
. - I. _ A l'article 1020 du code général des impôts,
les mots : "à 1028
ter
" sont supprimés.
« II. _ A l'article 1028
bis
du code général des impôts, les mots :
"sont exonérées des droits de timbre et, sous réserve des dispositions de
l'article 1020, des droits d'enregistrement" sont remplacés par les mots : "ne
donnent lieu à aucune perception au profit du Trésor".
« III. _ A l'article 1028
ter
du code général des impôts, les mots :
"sont exonérées des droits de timbre et, sous réserve des dispositions de
l'article 1020, des droits d'enregistrement" sont remplacés par les mots : "ne
donnent lieu à aucune perception au profit du Trésor". »
Je suis saisi de deux amendements identiques.
L'amendement n° 28 est présenté par MM. Adnot et Lachenaud.
L'amendement n° 43 est déposé par M. Souplet et les membres du groupe de
l'Union centriste.
Tous deux tendent, après le paragraphe III de cet article, à ajouter trois
paragraphes additionnels ainsi rédigés :
« ... - L'article 1028
ter
du code général des impôts est complété par
un alinéa ainsi rédigé :
« La même exonération s'applique lorsque la SAFER se substitue un ou plusieurs
attributaires sur tout ou partie des droits conférés, soit par une promesse
unilatérale de vente, soit par une promesse synallagmatique de vente portant
sur les biens visés à l'article L. 141-1 du code rural, sous réserve du respect
par l'attributaire d'un cahier des charges établi par la SAFER et dès lors que
la substitution intervient dans un délai maximal de six mois à compter de la
date d'enregistrement de ladite promesse et, au plus tard, au jour de l'acte
authentique réalisant ou constatant la vente. »
« ... - La dotation globale de fonctionnement est majorée à due concurrence
des pertes de recettes résultant de l'application du paragraphe ci-dessus.
« ... - La perte de recettes résultant pour l'Etat de l'application des
dispositions du paragraphe ci-dessus est compensée par un relèvement des droits
prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. Adnot, pour défendre l'amendement n° 28.
M. Philippe Adnot.
L'article 27 de la loi de finances de 1999 a fait baisser les droits de
mutation de 16 % à 4,80 %.
Tout le monde s'en réjouit, hormis les collectivités locales auxquelles cela
pose quelques petits problèmes, mais ce n'est pas l'objet de mon propos. En
revanche, cette baisse a une conséquence au niveau des SAFER, organes de
régulation du marché foncier, qui interviennent tant pour la maîtrise des prix
que pour la bonne régulation de ce marché.
En effet, les SAFER trouvaient leur marge dans le différentiel du droit de
mutation, parce qu'elles bénéficient d'un taux réduit à 0,60 %. Entre 0,60 % et
16 %, elles trouvaient donc une marge pour fonctionner et, quand elles
rétrocédaient, c'était attractif pour les acheteurs.
Maintenant que les droits sont à 4,8 %, il n'y a plus de marge d'intervention
et il va y avoir, naturellement, détournement des missions des SAFER.
La question est donc de savoir si le Gouvernement souhaite que les SAFER
puissent continuer à exister.
Cet amendement a pour objet, en prévoyant un seul acte notarié - ce qui permet
déjà de réduire un peu les frais - de corriger ce problème, même si nous savons
que cela ne le résoudra pas entièrement et qu'il faudra trouver d'autres
mesures complémentaires.
M. le président.
La parole est à M. Bohl, pour défendre l'amendement n° 43.
M. André Bohl.
Cet amendement n° 43 est identique à l'amendement n° 28 de M. Adnot.
Je considère qu'il est défendu.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission sur les amendements n°s 28 et 43 ?
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Dans mon rapport écrit, j'ai expliqué pourquoi la
baisse récemment décidée des droits de mutation aura paradoxalement un impact
défavorable sur les transactions réalisées par les SAFER. Or, vis-à-vis de ces
instruments particulièrement importants de l'action foncière en milieu rural,
il paraît utile d'éviter les effets pervers du dispositif adopté dans la loi de
finances.
C'est ce à quoi nous invitent nos collègues par les amendements n°s 28 et 43,
en proposant l'établissement d'un acte notarié unique exonéré de taxe de
publicité foncière pour les opérations des SAFER lorsque le délai entre
acquisition et cession est inférieur à six mois.
Ces deux amendements vont manifestement dans le sens d'un rétablissement de la
compétitivité des SAFER et la commission des finances, qui partage l'analyse de
leurs auteurs, a émis un avis favorable.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements n°s 28 et 43 ?
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
L'avis du Gouvernement n'est pas le même que celui de
la commission. En effet, les auteurs des deux amendements confondent deux
compétences des SAFER.
La mission normale des SAFER consiste - chacun le sait - à acheter des terres
ou des exploitations en vue de les rétrocéder ensuite à de jeunes agriculteurs.
C'est bien leur compétence principale, sinon exclusive.
A ce propos, M. le rapporteur général a raison de dire que le fait d'avoir
diminué les droits de mutation a retiré un avantage aux sociétés d'aménagement
foncier par rapport aux entreprises privées. C'est pourquoi l'article 16
decies
du présent projet de loi exonère de tout droit de mutation les
SAFER dans leur compétence principale.
Mais les amendements défendus par MM. Adnot et Bohl s'appliquent à d'autres
compétences des SAFER, en visant l'intervention de ces sociétés d'aménagement
foncier dans des opérations où elles n'achètent pas mais servent simplement de
courtier, facilitant ainsi l'achat et la revente sans être elles-mêmes parties
prenantes.
Il faut dire les choses très clairement : les SAFER n'exercent pas cette
dernière compétence en application de l'article L. 141-1 du code rural. En
fait, monsieur Adnot, vous proposez, si j'ai bien compris votre amendement, de
créer une nouvelle compétence qui serait exonérée de droits de mutation.
En résumé, s'agissant de la compétence principale qu'exercent actuellement les
SAFER, votre amendement est satisfait par l'article qui est en cours d'examen,
tandis que, en ce qui concerne la compétence supplémentaire que vous aimeriez
leur voir attribuer, votre amendement est sans objet.
C'est pourquoi je vous demande, ainsi qu'à M. Bohl, de retirer votre
amendement. Sinon, j'en demanderai le rejet.
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le rapporteurgénéral.
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
M. le secrétaire d'Etat a évoqué les missions des
SAFER, en application de l'article L. 141-1 du code rural.
J'en rappelle les termes : « Des sociétés d'aménagement foncier et
d'établissement rural, au capital social desquelles toutes les collectivités
publiques peuvent participer, peuvent être constituées en vue d'acquérir des
terres ou des exploitations agricoles ou forestières librement mises en vente
par leurs propriétaires, ainsi que des terres incultes, destinées à être
rétrocédées après aménagement éventuel.
« Elles ont pour but, notamment, d'accroître la superficie de certaines
exploitations agricoles ou forestières, de faciliter la mise en culture du sol
et l'installation ou le maintien d'agriculteurs à la terre et de réaliser des
améliorations parcellaires. »
Je n'ai pas du tout le sentiment, monsieur le secrétaire d'Etat, que les
amendements n°s 28 et 43 définissent une nouvelle mission ! Ils définissent un
moyen d'action, un mode d'organisation au service de la mission qui est
précisément impartie aux SAFER par l'article L. 141-1 du code rural, dont je
viens de donner lecture.
De plus, lorsque, le 3 décembre dernier, à l'Assemblée nationale, cette
question est venue en discussion, le président de la commission des finances,
M. Bonrepaux, s'est exprimé de la manière suivante : « Je ne pense pas,
cependant, monsieur le secrétaire d'Etat, que cette exonération soit suffisante
pour compenser le manque à gagner des SAFER et, faute d'une mesure
supplémentaire » - supplémentaire par rapport au texte tel qu'il a été voté par
l'Assemblée nationale - « les SAFER risquent de connaître encore des
difficultés. J'aimerais que vous nous précisiez, monsieur le secrétaire d'Etat,
quels moyens supplémentaires » - j'y insiste ! - « vous envisagez de leur
attribuer pour assurer leur fonctionnement. »
Votre réponse, monsieur le secrétaire d'Etat, tout empreinte d'une exquise
amabilité, fut la suivante : « La diminution des droits de mutation retire en
effet aux SAFER des ressources dont elles bénéficiaient antérieurement.
L'amendement de M. Bonrepaux répond à ce problème important. Je peux lui dire
que mon collègue et moi-même sommes attentifs à l'avenir des SAFER. »
Monsieur le secrétaire d'Etat, il faut aller plus loin que ce qui a été décidé
à l'Assemblée nationale, et c'est bien l'objet du dispositif qui a été défendu,
voilà quelques instants, par nos collègues !
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Monsieur le rapporteur, avec votre exquise rigueur,
vous avez vous-même donné la solution : vous avez lu l'article L. 141-1 du code
rural, qui évoque la rétrocession. Or cette dernière suppose une acquisition
préalable et, si j'ai bien compris, les amendements n°s 28 et 43 font état
d'opérations qui n'impliquent pas d'acquisition et de rétrocession.
L'intervention des SAFER se limite ici à un rôle de courtage qui, pour être
respectable, n'est cependant pas une compétence visée par l'article L. 141-1 du
code rural, dont vous venez de donner une lecture assez claire.
Comme je l'ai dit à M. Bonrepaux - et je vous remercie d'avoir cité ses
propos, ainsi que les miens, d'ailleurs - dans le cas où il y a acquisition et
rétrocession, il convient de redonner un avantage aux SAFER.
Tel est précisément l'objet de l'article 16
decies
, que nous examinons
en ce moment : les SAFER sont exonérées des droits de mutation de 4,8 % qui
frappent l'ensemble des transactions.
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le rapporteurgénéral.
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Ce n'est pas cet après-midi que nous allons devenir
des spécialistes du droit de l'aménagement foncier agricole ! Nous reparlerons
certainement de ces questions avec M. Souplet lorsqu'il rapportera le projet de
loi d'orientation agricole, d'ici peu.
Permettez-moi toutefois, monsieur le secrétaire d'Etat, d'insister sur un
point de droit et sur un point de fait.
Les amendements de nos collègues évoquent le cas où « la SAFER se substitue un
ou plusieurs attributaires. » Cela veut dire qu'elle devient transparente dans
une transaction qui est réalisée - c'est indiqué trois lignes plus loin - «
sous réserve du respect par l'attributaire d'un cahier des charges établi par
la SAFER ».
Autrement dit, on est bien dans le cadre de la mission légale de la SAFER. Ce
n'est qu'un moyen d'action, une modalité d'organisation juridique, les
objectifs restant inchangés. On n'invente pas de mission nouvelle pour les
SAFER, on essaie simplement, monsieur le secrétaire d'Etat, de vous rendre
service, comme bien souvent, sur de nombreux sujets.
(M. le secrétaire d'Etat s'exclame.)
En effet, dès le 1er janvier 1999, les nouvelles dispositions sur les
droits de mutation s'appliqueront et le problème de la compétitivité des SAFER
se posera. Vous en entendrez parler dans nombre de départements !
Voilà pourquoi nos collègues MM. Adnot, Lachenaud et Souplet ainsi que les
membres du groupe de l'Union centriste ont imaginé cette solution.
Aussi vous demanderai-je, monsieur le secrétaire d'Etat, dans le cadre de ce
débat très ouvert, de bien vouloir réexaminer la question.
M. Michel Charasse.
Ça coûte combien ?
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Quinze millions de francs !
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Je tiens à préciser immédiatement que ce n'est pas une
question de coût. En fait, nous avons une divergence d'opinion sur le terrain
juridique.
Je prétends que l'amendement déposé - évidemment, de toute bonne foi ! - par
MM. Adnot, Lachenaud et Souplet - modifie le code rural et qu'il a, dès lors,
sa place dans le prochain débat sur le projet de loi d'orientation agricole.
Vous, vous semblez dire, monsieur le rapporteur général - j'ai un tel respect
pour vos compétences juridiques que j'en suis presque intimidé - que nous
restons dans le cadre de l'article L. 141-1.
Cela dit, je maintiens mon point de vue : il s'agit d'une extension des
compétences des SAFER, car je ne vois pas, dans l'amendement tel que rédigé, où
se situe l'acte de rétrocession, acte de rétrocession qui est au coeur du
dispositif de l'article L. 141-1 du code rural.
M. le président.
Je vais mettre aux voix les amendements identiques n°s 28 et 43.
M. Philippe Adnot.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Adnot.
M. Philippe Adnot.
Monsieur le secrétaire d'Etat, il faut que vous compreniez bien, au travers de
cette intervention, que le problème n'est pas d'ordre politique. Il est de
savoir s'il est encore utile ou non qu'existe un outil foncier pour réguler le
marché.
C'est un outil très contraignant, très peu libéral, ce qui fait qu'en
l'instant nous sommes presque à front renversé : normalement, c'est certaines
personnes qui devraient militer pour que cet outil puisse continuer d'exister
et serve à faire en sorte que l'attribution, la répartition du foncier se fasse
de manière équitable dans ce pays.
La solution que vous proposez ne permettra pas aux SAFER d'être compétitives,
et donc de continuer à exister. En effet, il leur faut à peu près 8 % de marge,
et vous ne proposez que 4,8 %.
Dans le système actuel, la SAFER achète et rétrocède, par exemple, dans les
six mois. Il y a donc deux actes : un acte d'achat et un acte de rétrocession.
Nous, nous proposons qu'il n'y en ait qu'un pour les deux opérations, ce qui
engendrera des économies.
En tout état de cause, depuis très longtemps les SAFER sont obligées d'avoir
une rotation rapide des stocks pour ne pas prendre de risque, compte tenu des
évolutions éventuelles du marché. Quelques SAFER ont en effet connu de grandes
difficultés pour avoir eu une politique de stock importants qui les a
empêchées, après des variations de valeur sur le marché, de régler les
problèmes. Par conséquent, maintenant, elles vont assez vite.
Ce que nous proposons, c'est qu'on puisse faire les deux opérations dans un
même acte pour continuer de donner de la compétitivité à ces organismes.
M. Michel Moreigne.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Moreigne.
M. Michel Moreigne.
L'amendement présenté par M. Adnot diffère sensiblement, c'est le moins qu'on
puisse dire, de l'article 16
decies,
qui, même incomplet, apporte
néanmoins une solution intéressante.
Il m'a semblé entendre, il y a quelques instants, M. le secrétaire d'Etat dire
qu'il y avait place pour un « complément » de solution à ces difficultés des
SAFER - difficultés que chacun, ici, souhaite ne pas voir perdurer - dans le
cadre de la discussion du projet de loi d'orientation agricole.
Mes collègues du groupe socialiste et moi-même faisons confiance à M. le
secrétaire d'Etat. Nous nous en tiendrons donc à la rédaction de l'article 16
decies
tel qu'il nous vient de l'Assemblée nationale, sûrs que nous
sommes qu'un complément de solution sera apporté lors de la discussion du
projet de loi d'orientation agricole.
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Un tiens vaut mieux que deux tu l'auras !
M. Michel Charasse.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Charasse.
M. Michel Charasse.
Nous avons tous été sollicités par les SAFER, à la suite de la décision du
Gouvernement d'abaisser les droits de mutation. Et sans vouloir céder à quelque
démagogie que ce soit, il est vrai que nous n'avons pas été insensibles, les
uns et les autres, à la démonstration chiffrée qu'elles nous ont faite.
Je ne sais pas si l'article 16
decies
répond, autant qu'elles le
désirent, à leurs souhaits. Peut-être y répond-il partiellement, comme me le
souffle mon ami Michel Moreigne.
En tout cas, les amendements de MM. Adnot et Souplet me laissent quelque peu
perplexe. Non pas que je n'en comprenne pas les motifs ! Après tout, dans un
délai de six mois, donc très bref, on peut très bien concevoir qu'il n'y ait
qu'un seul acte !
Toutefois, ces amendements me paraissent poser un certain nombre de
problèmes.
D'abord, au regard du délai maximum de six mois, que se passe-t-il en cas de
force majeure ? La force majeure, cela existe ; c'est, par exemple, le décès
d'un des signataires de la promesse de vente, qui retarde les choses. Dans ce
cas, est-ce que l'on retombe dans le processus commun ou va-t-on attendre que
la jurisprudence vienne définir les cas dans lesquels la force majeure peut
jouer ou non ?
Monsieur le secrétaire d'Etat, pourquoi ne pas autoriser les SAFER, soit par
un article de la loi de finances, soit dans un autre cadre, à procéder par des
actes administratifs, comme le font les collectivités locales ? En l'espèce, il
n'y a pas d'acte notarié. Lorsque c'est un acte intercalaire, transitoire, je
sais bien qu'on ne peut pas enlever le pain de la bouche des notaires
(Sourires) ;
mais lorsque c'est un acte tout à fait provisoire,
pourquoi ne pas donner aux SAFER le droit de procéder par acte administratif
?
Les établissements publics fonciers, les établissements publics
intercommunaux, les collectivités locales ont le droit de procéder ainsi. Les
SAFER exercent une mission de service public analogue. On pourrait donc se
contenter d'un acte administratif.
Au-delà du coût - M. le rapporteur général a parlé de 15 millions de
francs,...
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Ce n'est pas grand-chose !
M. Michel Charasse.
... ce qui n'est pas, c'est vrai, une somme colossale - j'aimerais demander à
M. Adnot - peut-être ne pourra-t-il pas me répondre - pourquoi, pour le gage,
il fait transiter tout cela par la DGF puisque cela ne concerne pas les
collectivités locales. Les SAFER, que je sache, ne sont pas éligibles à la DGF
!
Si donc ces amendements posent une vraie question, les solutions techniques
qu'ils apportent ne sont pas des meilleures. C'est la raison pour laquelle nous
ne pourrons pas les voter.
Nous souhaitons cependant que le Gouvernement trouve une simplification
pendant la navette, qui permette de ne pas faire deux actes de vente quand un
seul suffirait.
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est M. le secrétaire d'Etat.
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Nous sommes en train de mener deux débats
simultanément.
Le premier vise à redonner aux SAFER une partie de l'avantage qu'elles ont
perdu avec la réduction des droits de mutation à titre onéreux. Le mieux que
l'on puisse faire est de les exonérer complètement des droits de substitution
qui ont été créés par la loi. C'est l'objet de l'article 16
decies
.
Puis, nous avons aussi - c'est très instructif - un débat sur l'avenir des
SAFER, qui, je le précise au passage à M. Charasse, sont des personnes privées
et à qui il est donc difficile, sans changer de statut, de procéder à des actes
administratifs unilatéraux.
M. Michel Charasse.
Il y a pourtant un commissaire du Gouvernement !
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Le débat sur l'avenir des SAFER est certainement
important. Mais il aurait mieux sa place, à mon sens, dans le cadre de la loi
d'orientation agricole que dans le collectif budgétaire, qui nous réunit
aujourd'hui et dans lequel on ne peut pas considérer que les compétences des
SAFER sont aujourd'hui autres que celles que leur attribue le code rural dans
le fameux article L. 141-1.
M. le président.
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix les amendements identiques n°s 28 et 43, acceptés par la
commission et repoussés par le Gouvernement.
(Les amendements sont adoptés.)
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 16
decies
, ainsi modifié.
(L'article 16
decies
est adopté.)
Articles 16
undecies
à 16
quaterdecies
M. le président.
« Art. 16
undecies.
- Le 4° du tableau du I de l'article 1585 D du code
général des impôts est complété par les mots : " ; locaux d'habitation à usage
locatif et leurs annexes mentionnés au 3° de l'article L. 351-2 du code de la
construction et de l'habitation qui bénéficient de la décision favorable
d'agrément prise dans les conditions prévues aux articles R. 331-3 et R. 331-6
du même code à compter du 1er octobre 1996". »
- (Adopté.)
« Art. 16
duodecies.
- Après l'article 1609 D du code général des
impôts, il est inséré un article 1609 E ainsi rédigé :
«
Art. 1609 E
. _ Il est institué, à compter de 1999, une taxe spéciale
d'équipement au profit de l'établissement public foncier de l'Ouest
Rhône-Alpes.
« Le montant de cette taxe est arrêté chaque année dans la limite de 30
millions de francs par le conseil d'administration de l'établissement public et
notifié au ministre de l'économie et des finances. Le montant maximum ne peut
être modifié que par une loi de finances. La taxe est répartie et recouvrée
dans la zone de compétence de l'établissement suivant les mêmes règles que pour
la taxe mentionnée à l'article 1608.
« Toutefois, au titre de 1999, le montant de cette taxe devra être arrêté et
notifié avant le 30 avril 1999. »
- (Adopté.)
« Art. 16
terdecies.
- I. _ Dans le premier alinéa du 3 du I de
l'article 1641 du code général des impôts et dans le deuxième alinéa de
l'article L. 173 du livre des procédures fiscales, après la référence :
"1414,", est insérée la référence : "1414
bis,
".
« II. _ Les dispositions du I s'appliquent à compter du 1er janvier 1999. »
- (Adopté.)
« Art. 16
quaterdecies.
- I. _ Le deuxième alinéa des articles
1609 C et 1609 D du code général des impôts est ainsi rédigé :
« Le montant de cette taxe est arrêté avant le 31 décembre de chaque année,
pour l'année suivante, dans la limite de 10 millions de francs, par le conseil
d'administration de l'établissement public et notifié aux services fiscaux.
»
« II. _ Toutefois, au titre de l'année 1999, le montant des taxes spéciales
d'équipement perçues au profit des agences pour la mise en valeur des espaces
urbains de la zone dite des cinquante pas géométriques en Guadeloupe et en
Martinique devra être arrêté et notifié avant le 30 avril 1999 ».
- (Adopté.)
Article 16
quindecies
M. le président.
« Art. 16
quindecies.
- Le premier alinéa du III de l'article L. 136-6
du code de la sécurité sociale est ainsi rédigé :
« La contribution portant sur les revenus mentionnés aux I et II ci-dessus est
assise, contrôlée et recouvrée selon les mêmes règles et sous les mêmes
sûretés, privilèges et sanctions que l'impôt sur le revenu. »
Je suis saisi de deux amendements identiques.
L'amendement n° 23 est présenté par M. Marini, au nom de la commission.
L'amendement n° 10 est présenté par MM. Ballayer, Machet, Badré, Maman et les
membres du groupe de l'Union centriste.
Tous deux tendent à supprimer cet article.
La parole est à M. le rapporteur général, pour présenter l'amendement n°
23.
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Avec l'article 16
quindecies
, nous sommes en
présence d'une chose assez surprenante.
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Ah !
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Cet article, que nous proposons de supprimer, vise en
effet à maintenir le prélèvement au profit de l'Etat au titre du recouvrement
de la CSG sur les revenus du patrimoine. Or, la loi de financement de la
sécurité sociale pour 1999, qui vient d'être votée - et, sur ce point au moins,
en termes identiques par les deux assemblées - a précisément supprimé ledit
prélèvement.
La commission des finances propose au Gouvernement d'être beau joueur, et donc
d'accepter les votes du Parlement : ce qui a été supprimé, maintenons-le
supprimé, ne le rétablissons pas à la faveur de l'examen, quelques jours après,
du collectif budgétaire, qui n'est pas nécessairement fait pour cela !
La commission estime que le maintien du prélèvement au profit de l'Etat n'est
pas indispensable, partageant en cela le point de vue de la commission des
affaires sociales, largement exprimé lors du débat sur la loi de financement de
la sécurité sociale.
Nous pensons avoir pris en compte l'ensemble des relations entre l'Etat et les
organismes de sécurité sociale, considérant que ceux-ci supportent les frais de
gestion des prestations qu'ils servent, en ce qui les concerne, pour le compte
de l'Etat.
La commission des finances propose donc la suppression de ce prélèvement, ce
qui n'allégera d'ailleurs pas, je le précise, le poids de la CSG pour le
contribuable, hélas ! car le prélèvement dont il s'agit est opéré sur le
produit de la contribution à taux constant pour les assujettis. Sa suppression
entraîne un simple transfert de recettes de l'Etat vers la sécurité sociale.
Je précise que l'enjeu est de l'ordre de 200 millions de francs pour 1999.
En 1997, le prélèvement ne représentait que 85 millions de francs. La
différence entre ces deux derniers chiffres tient à l'augmentation des taux de
la CSG, et je ne pense franchement pas, monsieur le secrétaire d'Etat, que les
frais de recouvrement pour l'Etat aient cru^, en moins de deux ans, dans les
mêmes proportions !
Raison de plus pour s'en tenir au vote que le Parlement a, volontairement et
en toute conscience, exprimé lors de l'examen de la loi de financement de la
sécurité sociale.
M. le président.
La parole est à M. Machet, pour présenter l'amendement n° 10.
M. Jacques Machet.
Notre amendement a également pour objet de supprimer l'article 16
quindecies.
En effet, alors que l'article 5
bis
de la loi de financement de la
sécurité sociale, adoptée définitivement le 3 décembre dernier, avait supprimé
les prélèvements pour les frais de recouvrement de la CSG sur les revenus du
patrimoine, le même jour, le Gouvernement obtenait le vote d'un amendement dans
le cadre du collectif maintenant ces mêmes prélèvements.
Une telle disposition, si elle devait être confirmée, serait donc contraire au
vote initial du Parlement, vote à l'unanimité au Sénat et à l'Assemblée
nationale.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements identiques n°s 23 et 10
?
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Le Gouvernement ne comprend pas que M. le rapporteur
général et M. Machet s'opposent à ce qui lui semble être une règle de bonne
gestion.
Quel est le fond du problème ?
Les services de l'Etat recouvrent, au profit de l'agence centrale des
organismes de sécurité sociale et du fonds de solidarité vieillesse, la CSG sur
les revenus du patrimoine, c'est-à-dire environ 20 milliards de francs en
1998.
Les services de l'Etat fournissent une prestation de services à la sécurité
sociale : de même que pour l'impôt sur le revenu, ils s'occupent de l'émission
et de l'envoi des rôles nominatifs, de la tenue des fichiers des contribuables,
du recouvrement et du contrôle des contributions. Cette prestation mobilise des
moyens humains et matériels : elle mérite donc d'être rémunérée.
Je répondrai maintenant à la remarque sarcastique de M. le rapporteur général
: l'Etat prend l'engagement de reverser intégralement à la sécurité sociale le
montant des rôles.
M. Michel Charasse.
Ah ! Comme pour les collectivités locales !
M. Michel Mercier.
Comme pour les impôts locaux après la « révision Charasse » !
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Voilà ! M. Mercier dit exactement la vérité !
(Sourires.)
M. le président.
Je vous en prie, mes chers collègues, un peu de discipline : nous sommes à la
fin de l'année, mais pas encore en vacances !
(Nouveaux sourires.)
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Je poursuis, monsieur le président, mon propos, qui
est très sérieux.
L'Etat prend donc en charge les contributions qui ne sont pas recouvrées. En
contrepartie, le prélèvement de 0,5 %, qui, de toute façon, n'est pas ressenti
par la personne imposée, est à mon avis une rémunération calculée « trop juste
», d'une part, au regard des services qui sont rendus à la sécurité sociale et
dont je la crois satisfaite, et, d'autre part, compte tenu de la garantie
apportée puisque, pour tous les rôles qui sont émis, le montant correspondant
sera versé jusqu'au dernier franc.
Je ne comprends donc pas, en toute sincérité, que M. le rapporteur général
soit défavorable à cette règle de bonne gestion : il est normal que l'Etat
fasse payer ses prestations ; surtout, l'importante garantie de ressources
qu'il assure à la sécurité sociale est sans commune mesure avec le prélèvement
de 0,5 %.
Je suis donc opposé aux amendements de suppression.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix les amendements identiques n°s 23 et 10, repoussés par le
Gouvernement.
(Les amendements sont adoptés.)
M. le président.
En conséquence, l'article 16
quindecies
est supprimé.
Articles additionnels après l'article 16
quindecies
M. le président.
Par amendement n° 39, MM. Charasse, Angels, Mme Bergé-Lavigne, MM. Demerliat,
Haut, Lise, Massion, Miquel, Moreigne et Sergent et les membres du groupe
socialiste et apparentés proposent, après l'article 16
quindecies,
d'insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - La prime versée par la Fédération française de football aux membres de
l'équipe de France et de son encadrement technique, à l'occasion de la dernière
rencontre donnant lieu à l'attribution de la Coupe du monde de football de
1998, est assujettie à une retenue égale à 15 % de son montant, libératoire de
l'impôt sur le revenu.
« II. - La perte de recettes pour l'Etat est compensée à due concurrence par
le relèvement des droits mentionnés aux articles 575 et 575 A du code général
des impôts. »
La parole est à M. Demerliat.
M. Jean-Pierre Demerliat.
Nous proposons de soumettre à une taxation atténuée la prime attribuée aux
joueurs et à l'encadrement technique de l'équipe de France de football à la
suite de la victoire en finale de la Coupe du monde.
Il s'agit en quelque sorte de clore un débat que nous avons ouvert le 23
novembre dernier avec un amendement de M. Foucaud.
Je ne reprendrai pas ici son vibrant plaidoyer avec la performance de notre
grande équipe. Il est clair que les joueurs et l'encadrement méritent notre
reconnaissance. Ainsi, comme cela avait été décidé pour les médaillés
olympiques de Nagano, un geste - et non pas un énorme cadeau fiscal, comme l'a
si bien dit notre collègue Michel Charasse le 23 novembre 1998 - doit être fait
en leur faveur.
Pour qu'il y ait symétrie avec les vainqueurs aux jeux Olympiques, nous
proposons que l'exonération ne porte que sur la prime versée pour la finale.
L'amendement de notre collègue du groupe communiste républicain et citoyen, en
exonérant de tout prélèvement les primes, créait une distorsion entre les
joueurs résidant en France et les autres. En outre, le cas de l'encadrement
technique n'était pas clairement traité. C'est pourquoi M. Foucaud avait retiré
l'amendement présenté par son groupe.
Le groupe socialiste a donc déposé un texte incluant l'encadrement technique
et aboutissant à une égalité de traitement entre les joueurs résidant en France
et ceux qui évoluent dans des clubs étrangers.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Effectivement, nous avons déjà abordé ce sujet
intéressant le 23 novembre dernier, lors de la discussion de la première partie
de la loi de finances, à l'occasion de l'examen d'un amendement du groupe
communiste républicain et citoyen visant à instaurer une franchise fiscale
complète pour les primes en question... dont j'avais souligné le caractère
social évident.
(Murmures.)
Le dispositif qui nous est présenté aujourd'hui est un peu moins
généreux, puisqu'il ne s'agit que d'un prélèvement libératoire de 15 %.
La commission a examiné avec attention cette question et rappelle qu'il existe
en effet un précédent de cette nature pour les médaillés olympiques. Toutefois,
ces derniers appartiennent, dans la plupart des cas, me semble-t-il, en théorie
tout au moins, à la catégorie des sportifs amateurs.
M. Roland du Luart.
Hum !
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
La commission a bien compris que les auteurs de
l'amendement voulaient veiller à ce que les membres de l'équipe de France -
auxquels, bien entendu, nous sommes tous reconnaissants - qui ont conservé leur
domicile fiscal dans notre pays - je n'ai pas de statistiques précises, mais il
s'agit peut-être d'une minorité - ne soient pas défavorisés par rapport à leurs
camarades qui ont délocalisé leur résidence fiscale, voire leur patrimoine.
M. Michel Mercier.
C'est un aveu !
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
La commission a trouvé cet amendement intéressant
parce qu'il prend en compte le risque et aussi la réalité des délocalisations
d'assiette fiscale auxquelles les excès de notre fiscalité conduisent bon
nombre de personnes sur lesquelles repose le dynamisme de notre pays. C'est
vrai pour les sportifs et, probablement aussi...
M. Paul Loridant.
Sortez les mouchoirs !
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Les mouchoirs... Pas plus et pas moins pour les uns
que pour les autres, mon cher collègue ! Quand il est question d'argent et de
patrimoine, il faut veiller à maintenir l'équité.
La commission se réjouit de voir le groupe socialiste prendre très au sérieux
les problèmes liés à la délocalisation fiscale d'un certain nombre de personnes
ayant perçu, pour des raisons X, Y ou Z, des revenus importants du fait d'une
activité elle-même particulièrment importante et décisive, comme ce fut le cas,
à l'évidence, pour notre joie à tous, des membres de l'équipe de France de
football, et souhaite connaître l'avis du Gouvernement sur ce sujet.
M. le président.
Quel est donc l'avis du Gouvernement ?
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Nous reprenons aujourd'hui un débat qui a déjà été
vibrant. Comment traiter de façon exceptionnelle un événement qui fut lui-même
exceptionnel : la victoire de l'équipe de France - sans oublier son encadrement
technique - lors de la dernière Coupe du monde de football.
Nous avons vécu cette victoire comme le témoignage exemplaire d'une
intégration sociale qui fait l'honneur de notre pays, et nous pensons qu'elle
mérite la reconnaissance de la nation. Bref, nous avons cherché ensemble une
solution.
L'amendement défendu par M. Dermerliat ne concerne en rien, comme M. le
rapporteur l'a sous-entendu, les délocalisations fiscales. Si la moitié des
joueurs de l'équipe de France jouent à l'étranger, c'est parce que ce sont de
grands champions,...
M. Roland du Luart.
Non, c'est parce qu'ils paient trop d'impôts en France !
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
... ce n'est pas pour se réfugier dans des paradis
fiscaux, comme d'autres personnes dotées de patrimoines importants peuvent
avoir la tentation de le faire.
M. Alain Lambert,
président de la commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes
économiques de la nation.
Les bras m'en tombent !
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Ils travaillent à l'étranger, pour la moitié d'entre
eux, parce que ce sont de grands champions.
L'amendement n° 39 apporte une solution heureuse et, je crois, équilibrée.
C'est pourquoi le Gouvernement s'y rallie, et lève donc le gage.
M. le président.
Il s'agit donc de l'amendement n° 39 rectifié.
Veuillez poursuivre, monsieur le secrétaire d'Etat.
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
D'ailleurs, je voudrais, après avoir vu M. le
président de la commission des finances hausser les épaules, rappeler que
certains joueurs français qui jouent un temps à l'étranger reviennent ensuite
jouer en France : c'est bien la preuve qu'ils placent leur avenir professionnel
avant toute question d'évasion patrimoniale ou fiscale !
M. Roland du Luart.
C'est à mourir de rire !
M. le président.
Quel est maintenant l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Monsieur le secrétaire d'Etat, ce débat est
assurément très éclairant !
Nous sommes tous très attachés au football, aux succès de l'équipe de France
et à son exemplarité, et vous avez bien fait de rappeler que nous avons tous, y
compris dans cette enceinte, été extrêmement fiers de cette équipe.
Mais nous voudrions bien que la qualité technique du football, pour parler de
ce sport, continue à progresser et, pour ce faire, il faut que les meilleurs
joueurs évoluent sur le sol national et ne s'en aillent pas à l'étranger.
Peut-être les spécialistes - je cherche notre collègue président du groupe
d'études sur le sport... je ne le vois pas -...
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Il est sur le terrain !
(Sourires.)
M. Philippe Marini,
rapporteur général...
pourraient-ils constater que dans l'ensemble des
championnats nationaux la France n'est pas toujours la mieux placée, en termes
de qualités footballistiques. La raison en est peut-être que certains de ces
très bons éléments exercent à longueur d'année, et durant une bonne partie de
leur carrière, à l'extérieur de nos frontières.
Monsieur le secrétaire d'Etat, pour aller dans le sens que nous souhaitons
tous d'un développement de ce sport populaire, sans doute serait-il bon de
s'inspirer de certaines des idées de la majorité sénatoriale, favorable
notamment à la baisse du barème de l'impôt sur le revenu, à la réduction des
charges sociales, parce que c'est certainement la façon de rapatrier dans notre
pays nombre de grands sportifs dont nous avons besoin !
(Très bien ! sur les
travées des Républicains et Indépendants, et de l'Union centriste.)
Mme Marie-Claude Beaudeau.
Ils reviennent pour jouer la Coupe du monde !
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Cela étant, sur l'amendement n° 39 rectifié, la
commission des finances s'en remet, à l'évidence, à la sagesse de la Haute
Assemblée.
M. le président.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° 39 rectifié.
M. Alain Lambert,
président de la commission des finances.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole et à M. le président de la commission des finances.
M. Alain Lambert,
président de la commission des finances.
M. le secrétaire d'Etat, au
cours du long débat du projet de loi de finances, a, utilement d'ailleurs,
attiré mon attention sur la finalité sociale qui devait présider à
l'élaboration de la législation fiscale.
Or, monsieur le secrétaire d'Etat, je ne perçois pas totalement la dimension
sociale de ce que vous avez trouvé juste dans l'amendement que nous sommes en
train de discuter.
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
C'est social par procuration !
M. Alain Lambert,
président de la commission des finances.
Au cours de la discussion du
projet de loi de finances, vous nous avez rappelés à ce qui pourrait être nos
devoirs lorsqu'il s'agissait de certaines catégories de redevables dont les
revenus pouvaient paraître élevés, ou de certaines catégories d'investissements
- je pense notamment à l'amortissement Périssol, devenu Besson.
Encore une fois, monsieur le secrétaire d'Etat, je souhaiterais que vous me
disiez, car je ne l'ai pas bien perçu - mais je suis perfectible ! - où est la
dimension sociale de la proposition que vous soutenez avec tant de foi.
Je suis tout à fait d'accord avec M. le rapporteur général sur ceci : votre
avis favorable sur cet amendement a une portée considérable, monsieur le
secrétaire d'Etat ; il marque le soutien aux Français qui gagnent, aux Français
qui font gagner la France.
Ces Français qui gagnent, il ne faut pas les pénaliser, il ne faut pas les
inciter à aller à l'étranger... sinon pour conquérir des parts de marché. Il
faut au contraire faire en sorte qu'ils continuent d'être fiers d'être français
et qu'ils n'aient pas le sentiment d'être maltraités par leur pays.
M. Roland du Luart.
Très bien !
M. Alain Lambert,
président de la commission des finances.
Nous sommes tous heureux de
célébrer dans cet hémicycle la victoire de la France en finale de la Coupe du
monde. Profitons de l'instant pour en tirer tous les enseignements, afin que la
France soit championne du monde non seulement en football, mais aussi en
économie et en emploi.
(Applaudissements sur les travées de l'Union centriste, du RPR et des
Républicains et Indépendants.)
M. Roland du Luart.
Cela devient très intéressant !
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
N'y a-t-il rien de social dans la volonté de la nation
tout entière, par le biais de ses représentants élus, de rendre hommage à une
équipe sportive qui a accompli une performance exceptionnelle ?
J'ajoute, et cela a été noté par les plus hautes autorités de l'Etat, monsieur
le président de la commission des finances, que l'intégration sociale
qu'incarne cette équipe de football mérite aussi quelque considération.
Sans vouloir prolonger ce débat, je reviens sur votre argument selon lequel
nos joueurs vont jouer à l'étranger parce qu'ils se sentent fiscalement
opprimés.
Tout d'abord, vous savez que, dans la coupe de l'Union européenne
football-association, l'UEFA, nous avons trois équipes qualifiées sur les huit
qui restent en compétition. Il nous reste donc d'excellents joueurs et
d'excellentes équipes.
De plus, des étrangers jouent en France ! On ne peut pas être européen avec
des convictions aussi sincères que les vôtres et dire que les Français doivent
jouer en France et que les étrangers doivent jouer à l'étranger !
M. Alain Lambert,
président de la commission des finances.
Je suis bien d'accord avec vous
!
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Nous sommes ici pour honorer une équipe qui a été le
flambeau de la France. J'espère que l'amendement déposé par le groupe
socialiste sera adopté, parce qu'il apporte une marque de considération que nos
footballeurs attendent.
M. le président.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° 39 rectifié.
M. Jean-Philippe Lachenaud.
Je demande la parole contre l'amendement.
M. le président.
La parole est à M. Lachenaud.
M. Jean-Philippe Lachenaud.
Ce débat, nous l'avons déjà eu lors de la discussion de la loi de finances, et
je m'exprime à nouveau contre cet avantage.
Il est tout à fait hypocrite de ne pas parler, à l'occasion des primes de
matches, des transferts, qui constituent l'essentiel des rémunérations des
joueurs professionnels de football, d'autant que, à cette occasion, les fonds
empruntent souvent des circuits financiers internationaux un peu...
complexes.
Par ailleurs, ne prendre en compte que la prime du dernier match n'a aucun
sens. Je ne suis d'ailleurs pas certain que l'entraîneur Aimé Jacquet et les
joueurs aient reçu une prime individualisée pour ce match.
Enfin, mes chers collègues, pensez aux autres sportifs, à tous ceux qui, dans
l'année, ont réalisé des exploits tout aussi remarquables. Pensez aux
escrimeurs, aux athlètes qui ont remporté de grandes compétitions mondiales et
dont les rémunérations ne bénéficieront pas du même régime fiscal favorable.
(MM. Bourdin et Miraux applaudissent.)
M. Michel Charasse.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Charasse.
M. Michel Charasse.
Je suis très étonné de ce débat, car, au fond, cet amendement assez anodin ne
mérite ni tant d'honneur ni tant d'indignité.
Mes chers collègues, même si l'intervention de M. Lachenaud n'est pas sans
intérêt, je dirai que l'on est dans le symbolique plus que dans le social,
monsieur le président de la commission.
Lors des derniers jeux Olympiques, je me souviens parfaitement de la grande
émotion populaire qui régnait alors ! On estimait qu'il n'était pas normal que
ces Français - il faut dire qu'ils étaient relativement peu nombreux - qui
avaient gagné des médailles olympiques ne soient pas récompensés d'une manière
ou d'une autre. Et le Parlement a décidé d'exonérer la prime olympique !
C'est une idée d'inspiration analogue qui avait motivé nos collègues du groupe
communiste républicain et citoyen lors de l'examen en première lecture de la
loi de finances pour 1999. Mais ils avaient vraiment visé très large,
puisqu'ils proposaient d'exonérer toutes les primes reçues à l'occasion de tous
les matches, ce qui représente des millions et des millions de francs.
Ils allaient ainsi très au-delà du geste que le Parlement avait voulu faire
autrefois à l'égard des médaillés olympiques.
Aujourd'hui, nous visons simplement la prime du dernier match. Et prévoyant un
prélèvement libératoire de 15 %, nous alignons exactement le sort fiscal des
joueurs résidents, c'est-à-dire de ceux qui paient leurs impôts en France, sur
le sort fiscal des joueurs non résidents, ceux qui sont imposables à
l'étranger...
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Il faut le faire pour les cadres !
M. Michel Charasse.
Il reste, monsieur Lachenaud, c'est vrai, que l'on n'a pas pensé aux autres
sportifs, dans les autres disciplines.
M. Alain Lambert,
président de la commission des finances.
On y reviendra !
M. Michel Charasse.
Mais, en l'occurrence, on est dans le symbolique. Que voulez-vous ? la Coupe
du monde de football a donné à la France un renom formidable, dont les Français
ont été très fiers.
J'ai ainsi pu entendre, lors d'une mission que j'ai accomplie en Afrique pour
le compte de la commission des finances entre la fin du mois de juin et le 14
juillet, tous mes interlocuteurs - les chefs d'Etat, les chefs de gouvernement,
les ministres... - m'interpeller ainsi : « Bravo la France ! C'est vraiment
formidable ! » J'entendais crier dans les rues : « Zidane ! Zidane ! Zidane
!... »
Monsieur le secrétaire d'Etat, ne croyez pas qu'ils me confondaient avec
Zidane ! Je vous rassure.
(Rires et exclamations sur de nombreuses travées.)
M. le président.
Veuillez conclure, mon cher collègue.
M. Michel Charasse
Je conclus, monsieur le président.
Il s'agissait de faire un geste. Est-il bon ? Est-il mauvais ?
Monsieur le président de la commission des finances, je connais votre
élévation d'esprit : vous savez bien que ces garçons qui se sont battus pour la
Coupe du monde sous le drapeau français, même s'ils n'étaient pas tous
Français...
(Vives exclamations sur de nombreuses travées.)
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Voyons !
M. Michel Charasse.
Vous voyez bien, mes chers collègues, que je ne suis pas suffisamment
spécialiste !
Donc ils étaient tous Français, mais pas tous résidents fiscaux !
En tout cas, c'est parce que nous considérons que ces joueurs ont bien mérité
de la patrie que la patrie reconnaissante leur accorde...
M. Alain Lambert,
président de la commission des finances.
... la Légion d'honneur !
M. Michel Charasse.
... ce petit cadeau, pour ce dernier match qui a donné tant de joie au
pays.
M. Paul Loridant.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Loridant.
M. Paul Loridant.
Ce débat est singulier et surréaliste.
A l'occasion de la discussion de cet amendement « anodin, mais symbolique »,
la majorité sénatoriale, avec l'adresse que l'on reconnait à M. le rapporteur
général,...
M. Michel Charasse.
Et avec beaucoup d'habileté !
M. Paul Loridant.
... veut mettre en cause la fiscalité française sur le revenu dans son
ensemble...
M. Roland du Luart.
C'est la preuve par neuf de M. Charasse.
M. Paul Loridant.
... en faisant un beau dégagement sur la France qui gagne et sur le fait que,
dans notre pays, on paie trop d'impôts.
Derrière ces remarques, il y a l'impôt proportionnel et non plus progressif
!
Pour ma part, je souhaite que l'on en revienne au texte de l'amendement et au
symbole qu'il représente.
Monsieur le rapporteur général, cet amendement a une portée considérable : il
honore une équipe de France plurielle, composée d'authentiques citoyens
français.
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Tout à fait !
M. Roland du Luart.
Heureusement que vous informez M. Charasse !
M. Paul Loridant.
Certains de ces joueurs ont fait le choix d'être français, puisqu'on est
français parce qu'on souhaite le devenir.
M. Alain Lambert,
président de la commission des finances.
C'est une chance et une fierté
de le devenir !
M. Paul Loridant.
Cette équipe n'a pas de caractère ethnique, comme certains ont voulu
l'imaginer ; elle est composée d'authentiques citoyens français. Elle a
travaillé non pas pour la réussite individuelle, mais pour un succès collectif,
accompagnée d'un entraîneur issu d'un milieu populaire et qui avait le sens de
l'élévation.
J'ajoute - et je terminerai sur ce point - que j'ai la chance qu'un des
joueurs soit de ma commune.
(Exclamations sur de nombreuses travées.)
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Félicitations !
M. Paul Loridant.
C'est l'un de ceux qui a marqué des buts.
Il est issu d'un milieu particulièrement défavorisé, mais il s'en est sorti
grâce à l'école de la République d'une ville de banlieue, car il s'est entraîné
dans un club sportif de la banlieue.
Cette équipe de France a montré que les banlieues aussi savent gagner. Or ce
n'est pas toujours ce que montrent les médias lorsqu'ils parlent des banlieues.
(Applaudissements sur les travées du groupe communiste républicain et
citoyen et sur les travées socialistes.)
M. René Trégouët.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Trégouët.
M. René Trégouët.
Notre collègue M. Charasse a employé des mots très forts et, finalement, on
est en train de passer du social au symbole.
Au fur et à mesure que notre débat prend de l'ampleur, je crois qu'il est
important de dire, comme vient de le faire avec force et avec grandeur le
président de la commission des finances, que la France a besoin de gagner dans
tous les domaines.
Sachez que l'on a tous été heureux que l'équipe de France l'ait emporté et
soit la première du monde.
Parallèlement, la France mériterait une grande place dans le monde, en
particulier en ce qui concerne les nouvelles technologies.
Pourtant, des milliers de jeunes nous quittent chaque jour. Quand on visite
les laboratoires américains, on rencontre des chercheurs français, des
mathématiciens français : ils ont abandonné la France parce qu'on ne savait pas
leur y faire une place et qu'on n'avait pas su créer un environnement
favorable.
Je crains dès lors que la portée symbolique de cet amendement ne revienne à
accorder plus d'importance à notre équipe de football qu'à notre équipe
gagnante d'entrepreneurs, qui, malheureusement, est actuellement obligée de
quitter notre pays.
M. Jean-Paul Delevoye.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Delevoye.
M. Jean-Paul Delevoye.
Je croyais que la noblesse d'un sport était de tout mettre en oeuvre pour la
victoire, et que la grandeur de la victoire tenait au désintéressement.
Rabaisser, dans un débat parlementaire, cette victoire à une question de
cadeau fiscal, au moment où tant et tant de nos concitoyens souffrent, ne me
paraît pas servir la cause du sport, et je ne suis même pas persuadé que cela
serve la cause des sportifs professionnels concernés.
Je suis même convaincu que leur joie d'avoir offert à notre pays une
formidable victoire, qui est un manifeste pour l'intégration et qui prouve que
la collectivité nationale a su rassembler des gens de différentes origines pour
montrer à la face du monde que notre pays était capable de gagner, n'a rien à
voir avec un quelconque cadeau fiscal, dont je ne suis pas persuadé qu'ils
soient demandeurs.
Cela me paraît réduire la portée de leur victoire, alors que celle-ci était
hautement symbolique. Pourquoi réduire les symboles à des questions d'argent ?
(Tres bien ! et applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et
Indépendants et de l'Union centriste.)
M. Jean Clouet.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Jean Clouet.
M. Jean Clouet.
Je suis en train de me demander ce qui serait arrivé si nous avions perdu la
finale !
(Rires.)
Aurait-on mis en berne les drapeaux sur tout le territoire ?
M. Paul Loridant.
Oui !
M. Jean Clouet.
Aurait-on surtaxé les joueurs sur leurs primes en amont ?
Je pense qu'il faut tout de même garder le sens des proportions, d'autant, je
le rappelle, que ces joueurs ont reçu une marque d'intérêt et un hommage
considérables en étant décorés de la Légion d'honneur !
Selon moi, ce débat est profondément ridicule.
(MM. Bourdin et Miraux
applaudissent.)
M. le président.
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 39 rectifié, accepté par le Gouvernement et
pour lequel la commission s'en remet à la sagesse du Sénat.
(L'amendement n'est pas adopté.)
Par amendement n° 42 rectifié, M. Loridant, propose d'insérer, après l'article
16
quindecies,
un article additionnel ainsi rédigé :
« A. - Il est inséré dans le code général des impôts, après l'article 39
quinquies
GB, un article additionnel ainsi rédigé :
«
Art. ...
- I. - Les entreprises d'assurance peuvent constituer en
franchise d'impôt une provision destinée à faire face à la perte globale de
gestion afférente à l'ensemble des contrats d'assurance sur la vie, de
nuptialité, de natalité et de capitalisation.
« II. - Pour chaque ensemble de contrats stipulant une clause de participation
aux bénéfices et un taux garanti identiques et au titre de chacun des exercices
clos pendant la durée de ceux-ci, il est établi un bilan prévisionnel des
produits et des charges futurs de gestion actualisés afférents à cet ensemble
de contrats. Cette durée tient compte des opérations futures de rachat et de
réduction, dans la limite de 80 % de la moyenne de celles intervenues au cours
de l'exercice considéré et des deux exercices précédents.
« Pour l'établissement de ces bilans, sont pris en compte :
« - les produits correspondant aux frais de gestion prévus contractuellement,
aux commissions de réassurance perçues pour couvrir de tels frais, ainsi qu'aux
produits de placements résiduels après déduction des sommes prélevées sur ces
produits pour couvrir les frais de gestion et des charges techniques et
financières résultant des clauses contractuelles. Les produits de placements
sont calculés en appliquant le taux de rendement pondéré de ces placements à la
moyenne annuelle des provisions mathématiques afférentes aux contrats visés au
I, calculée au titre des exercices concernés. Pour les obligations et titres
assimilés, le taux de rendement pondéré est calculé sur la base de leur
rendement hors plus-values jusqu'à la date d'amortissement, et pour le remploi
des sommes correspondant au montant de leurs coupons et au prix de
remboursement de ces titres, de 75 % du taux moyen semestriel des emprunts
d'Etat. Toutefois, ce pourcentage est fixé à 60 % pour les remplois devant
intervenir à compter de la sixième année suivant la date de la clôture de
l'exercice considéré. Pour les autres actifs, ce taux est calculé sur la base
de 70 % du taux de rendement pondéré moyen, hors plus-values, des obligations
et titres assimilés constaté au titre de l'exercice considéré et des deux
exercices précédents.
« - Les charges correspondant aux frais d'administration, aux frais de gestion
des sinistres et aux frais internes et externes de gestion des placements
retenus pour l'évaluation des produits, dans la limite du montant moyen des
mêmes charges engagées au titre de l'exercice considéré et des deux exercices
précédents.
« Le taux d'actualisation des produits et des charges futurs de gestion est le
taux défini au troisième alinéa.
« III. - Le montant de la provision est égal à la somme des soldes débiteurs
des bilans prévisionnels visés au II.
« IV. - La dotation pratiquée à la clôture de l'exercice considéré est, à la
date de clôture de l'exercice suivant, comparée à la dotation qui aurait été
pratiquée à la clôture de l'exercice considéré si les produits des placements
avaient été calculés en retenant le taux de rendement réel de ces placements
calculé au titre de ce dernier exercice. Lorsque la dotation effectivement
pratiquée est supérieure, une somme égale au produit d'une fraction de l'écart
global entre les deux dotations par le taux mentionné au premier alinéa du 3 du
II de l'article 238
septies
E constaté à la clôture de l'exercice
considéré est alors comprise dans le résultat imposable de cet exercice. Cette
fraction est égale à la somme des excédents de provisions constatés au titre de
chacun des exercices couverts par la dotation en cause, diminués d'un cinquième
de leur montant par exercice clos entre le premier jour du second exercice
suivant celui au titre duquel la dotation a été pratiquée et la date de clôture
de ces exercices, dans la limite des quatre cinquièmes de ces excédents. Pour
l'application de la phrase qui précède, l'écart global est affecté en priorité
aux excédents constatés au titre des exercices les plus proches. »
« B. - Les dispositions du A s'appliquent pour la détermination du résultat
des exercices clos à compter du 31 décembre 1998.
« C. - La perte de recettes résultant des dispositions des A et B ci-dessus
est compensée à due concurrence par le relèvement des droits prévus aux
articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. Loridant.
M. Paul Loridant.
Cet amendement, dont le caractère technique ne vous aura pas échappé, mes
chers collègues, concerne l'assurance sur la vie.
Les sociétés d'assurance vie sont tenues de constituer, sur le plan comptable,
une provision technique dite « provision de gestion », qui est définie à
l'article R. 331-3 du code des assurances et dont l'objet est de couvrir
l'ensemble des charges de gestion future des contrats non couvertes par des
chargements sur primes ou par des prélèvements sur produits financiers prévus
par ceux-ci.
Le montant de cette provision est déterminé en fonction des données du
contrat, puis réajusté chaque année en fonction de l'évolution des produits
financiers escomptée à la fin de chaque exercice.
Sur le plan fiscal, compte tenu du caractère aléatoire des charges et des
produits futurs de gestion pris en compte pour la détermination du montant de
la provision, la provision de gestion ne remplit pas toutes les conditions
posées par le 5° de l'article 39-1 du code général des impôts pour être admise
en déduction des résultats imposables.
Cette difficulté appelle l'adoption d'un texte de loi pour en autoriser la
déductibilité.
Ce texte revêt une grande importance. En effet, la situation de certaines
sociétés d'assurance vie est fragilisée par l'exacerbation de la concurrence
sur un marché désormais arrivé à maturité, et nous avons en tête les sinistres
qui ont pu toucher certaines compagnies d'assurances.
Cette situation conduit les entreprises à comprimer leurs prélèvements au
titre des frais de gestion, alors que la baisse des rendements obligatoires
réduit tendanciellement leurs capacités à servir des taux élevés aux
assurés.
Dans ce contexte, le rôle de la provision de gestion est déterminant pour
éviter que ces comportements très concurrentiels ne mettent en péril, à court
terme, la solvabilité des sociétés d'assurance.
L'objet de l'amendement n° 42 rectifié est précisément de permettre aux
sociétés d'assurance d'avoir un comportement de gestion prévoyant et de
prévenir les éventuels sinsistres qui pourraient survenir.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
La commission admire la technicité de notre excellent
collègue,...
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Et c'est un orfèvre qui parle !
(Sourires.)
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
... qui nous soumet un article additionnel de deux
pages rédigé de manière juridiquement impeccable, et d'ailleurs très proche des
préoccupations récemment exprimées et des conclusions récemment émises par le
rapport Lambert sur l'avenir de l'assurance.
Tout évolue, et il est effectivement important que nos entreprises, notamment
celles du secteur de l'assurance vie, demeurent compétitives. A cet égard, il
s'agit ici d'aligner le droit fiscal sur le droit comptable, l'administration
fiscale n'admettant pas jusqu'à présent en franchise fiscale les provisions
constituées par les sociétés d'assurance en conformité avec les normes
prudentielles européennes. La provision globale de gestion dont il est question
ici vise à couvrir l'ensemble des charges de gestion lorsque les frais de
gestion versés par les assurés sont insuffisants.
Mes chers collègues, la commission des finances n'a pas eu le temps nécessaire
pour réaliser une expertise approfondie de ce dispositif. Mais, d'une part,
elle l'a rapproché des propositions du rapport Lambert et, d'autre part, elle
estime avoir des raisons de penser que ce dispositif est proche des
préoccupations des milieux professionnels concernés.
Il est donc tout à fait justifié d'émettre un avis favorable à cet
amendement.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Après l'excellent commentaire de M. le rapporteur
général, le Gouvernement est, lui aussi, favorable à cet amendement.
Il est effectivement important que les sociétés d'assurance vie qui sont
présentes en France et qui doivent affronter une concurrence internationale de
plus en plus aiguë aient la possibilité de constituer des provisions de
gestion, ainsi que le propose M. Loridant avec l'amendement n° 42.
En conséquence, je lève le gage correspondant.
M. le président.
Il s'agit donc de l'amendement n° 42 rectifié
bis.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 42 rectifié
bis
, accepté par la
commission et par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet
de loi, après l'article 16
quindecies.
Par amendement n° 52, le Gouvernement propose d'insérer, après l'article 16
quindecies
, un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - II est inséré dans le code des assurances un article L. 132-16-1 ainsi
rédigé:
«
Art. L. 132-16-1.
- La valeur de rachat d'un contrat d'assurance sur
la vie souscrit sur sa tête par un époux commun en biens constitue un propre
pour celui-ci en cas de dissolution par décès de la communauté conjugale avant
le terme du contrat si, à la date de la dissolution de la communauté, le
contrat prévoit l'attribution du bénéfice en cas de vie et en cas de décès à
l'un ou l'autre des époux et si le conjoint du souscripteur a consenti à
l'opération.
« Aucune récompense n'est due à la communauté en raison des primes payées par
elle, à moins que celles-ci n'aient été manifestement exagérées, eu égard à
l'importance des revenus des époux ou qu'elles ne constituent un
apprauvrissement excessif de la communauté ».
« II. - Les dispositions du I sont applicables aux contrats en cours, sans
qu'il soit nécessaire de recueillir l'accord exprès du conjoint du
souscripteur, dès lors que l'entreprise d'assurance l'en a informé, dans des
conditions fixées par décret en Conseil d'Etat et que ce conjoint ne s'y est
pas opposé dans un délai de trois mois à compter de la réception de cette
information. »
La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Il s'agit d'un amendement relatif aux contrats
d'assurance vie non dénoués lors de la dissolution par décès des communautés
conjugales.
Cet amendement compliqué recouvre une situation qui, malheureusement, peut
frapper certains couples au moment du décès de l'un de ses deux membres.
Actuellement, l'article L. 132-16 du code des assurances dispose que, lorsque
l'un des conjoints décède alors qu'il avait souscrit un contrat d'assurance vie
sur sa tête et au bénéfice de son conjoint en cas de décès, le capital versé au
titre de ce contrat constitue un bien propre pour le conjoint survivant et,
donc, un bien exonéré de droits de succession.
Or, la Cour de cassation a, par son arrêt Praslicka du 31 mars 1992, considéré
que, suite au divorce d'époux mariés sous le régime de la communauté de biens,
un contrat d'assurance vie souscrit par un des époux et non dénoué doit être
intégré dans l'actif de la communauté, chaque époux ayant droit à la moitié de
la valeur du rachat du contrat.
Depuis lors, des hésitations se sont produites en ce qui concerne les
transpositions de cette jurisprudence aux liquidations par décès des
communautés conjugales.
Afin de mettre un terme aux incertitudes existantes qui posent, vous
l'imaginez fort bien, des problèmes humainement douloureux, puisque l'un des
deux conjoints est décédé et que l'autre ne sait pas quel sera le traitement
fiscal du contrat d'assurance vie, il est proposé de préciser le sort des
contrats d'assurance vie non dénoués lors de la dissolution par décès des
communautés conjugales et, partant, la situation de la valeur de rachat de ces
contrats au regard des droits de mutation à titre gratuit.
Ainsi, la valeur de rachat d'un contrat d'assurance vie souscrit sur sa tête
par un époux commun en biens constituerait un bien propre pour celui-ci en cas
de dissolution par décès de la communauté conjugale avant le terme du contrat
dès lors, notamment, qu'à la date de la dissolution de la communauté le contrat
en cause prévoit l'attribution de son bénéfice en cas de vie et en cas de décès
à l'un ou l'autre des époux et que le conjoint du souscripteur ait consenti à
l'opération.
Une telle modification législative permettra de régler les contentieux en
cours. Tout le monde pourrait être favorable à cette clarification technique,
qui aura des résonances humaines importantes.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
La commission n'est vraiment pas très enthousiaste à
l'égard de cet amendement du Gouvernement, et cela pour plusieurs raisons.
D'abord, vous nous soumettez, à ce stade de la discussion, un dispositif
juridique très complexe, alors qu'il n'est pas très facile d'approfondir le
sujet dans les délais qui nous sont impartis.
De plus, comme nos collègues s'en sont rendu compte en écoutant vos
explications, monsieur le secrétaire d'Etat, le sujet est plus juridique que
fiscal et concerne plus le droit civil que les produits d'épargne.
Enfin, cette disposition, qui n'est fiscale que par certaines de ses
conséquences, est vraisemblablement assez proche de ce que l'on appelle un
cavalier budgétaire.
Il est donc manifeste que la commission ne peut adhérer à votre proposition,
des éléments d'analyse juridique, surtout, nous conduisant à mettre en question
votre démarche, et que son avis est défavorable.
Quant au fond, c'est-à-dire les évolutions que vous voulez voir réaliser par
ce biais au sein de notre droit civil, il est bien évident que le président de
la commission des finances sera beaucoup plus compétent que je ne puis l'être
pour exposer les réserves qui sont à l'origine de cet avis défavorable.
M. Alain Lambert,
président de la commission des finances.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le président de la commission.
M. Alain Lambert,
président de la commission des finances.
Monsieur le secrétaire d'Etat,
en nous proposant de modifier le code des assurances, en réalité vous modifiez
le code civil.
Vous savez que le code civil prévoit la non-mutabilité des conventions
matrimoniales, c'est-à-dire que, lorsque nous nous marions, il convient que les
conventions matrimoniales auxquelles nous souhaitons nous soumettre - le régime
légal en l'absence de contrat de mariage - soient stables ; c'est l'intérêt du
couple et des tiers qui traitent avec le couple.
Or, par le biais d'un amendement - qui n'a d'ailleurs pas été retenu par la
commission des finances de l'Assemblée nationale, je vous le signale au passage
- M. le secrétaire d'Etat nous propose subrepticement d'arranger les affaires
de personnes en difficulté par la modification du code des assurances qui, en
fait, va totalement à l'encontre du principe de la non-mutabilité des
conventions matrimoniales.
Si nous suivions cette proposition du Gouvernement, les époux mariés, ou l'un
d'entre eux, pourraient utiliser l'épargne de la communauté légale à laquelle
ils sont soumis, n'ayant pas fait de contrat de mariage, pour en faire tout à
coup un propre, ce qui, pour les civilistes, qui sont nombreux dans cette
salle, est quand même un comble ! C'est, en effet, une modification du régime
matrimonial.
Les modifications de régimes matrimoniaux sont prévues dans notre droit civil,
mais elles sont assorties de règles assez exigeantes, en particulier celle de
l'homologation par le tribunal de grande instance. Chacun sait d'ailleurs de
quelles précautions ces homologations sont précédées.
Il arrive même que les magistrats commandent une enquête spécifique, enquête
qui conduit la gendarmerie à visiter chacun des enfants pour voir si la
modification du régime matrimonial n'a pas d'effet sur les droits légitimes
qu'ils estiment devoir protéger. Donc, encore une fois, cette homologation est
précédée d'un examen extrêmement attentif du magistrat.
Voilà que M. le secrétaire d'Etat va faciliter considérablement notre tâche
ou, en tout cas, la tâche de ceux qui vont vouloir transférer une partie du
patrimoine de la communauté dans le patrimoine propre de l'un des époux.
Nous ne méconnaissons pas la difficulté que soulève M. le secrétaire d'Etat.
En effet, lorsque le souscripteur de l'assurance décède le premier, le
bénéficiaire a l'avantage, au titre de la fiscalité qui régit l'assurance vie,
d'être exonéré de droits de succession sur la somme qu'il perçoit. Mais les
choses deviennent plus difficiles lorsque le bénéficiaire décède avant le
souscripteur.
La logique de votre amendement, monsieur le secrétaire d'Etat, consiste à
faire du bien qui pouvait être à l'origine un bien de la communauté un bien
propre au moment de la dissolution. Sur le plan fiscal, monsieur le secrétaire
d'Etat, votre proposition ne me dérange pas. Après tout, puisque vous faites
des cadeaux - on l'a vu pour les footballeurs - allons-y pour les souscripteurs
d'assurance ! Mais alors, dites que, dans l'hypothèse où le bénéficiaire
viendrait à décéder avant le souscripteur, l'opération s'analysera fiscalement
- j'insiste sur ce terme - comme s'il s'agissait d'un bien propre. Dans ce cas,
personnellement, je n'aurais aucun état d'âme, car je n'ai jamais confondu la
fiscalité et la morale. Je considérerais que le Gouvernement choisit, pour que
ce produit financier se vende dans de bonnes conditions, de l'assortir
d'avantages fiscaux particuliers.
En revanche, je me battrai du plus profond de mes convictions pour que vous ne
modifiez pas subrepticement le code civil. C'est trop précieux ! C'est la
confiance légitime qui unit deux époux lorsqu'ils se marient !
Je sais bien qu'avec le PACS les choses vont changer. Mais, mes chers amis,
nous sommes un certain nombre à croire que le couple doit vraiment bénéficier
de protection : les conventions matrimoniales, même tacites, auxquelles ils ont
souscrit en se mariant doivent être stables et les tiers, c'est-à-dire ceux
qui, en toute bonne foi, contractent avec eux, doivent être assurés que leur
régime matrimonial n'a pas fait l'objet de modifications.
Or la proposition que vous présentez, monsieur le secrétaire d'Etat, vise à
permettre ces modifications sans que les tiers, en particulier, en soient
informés.
Pour le bien du pays, pour la réputation du Gouvernement, il faut donc rejeter
cet amendement.
(Applaudissements sur les travées de l'Union centriste et du RPR.)
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Monsieur le président de la commission des finances,
le Gouvernement n'a pas l'intention de modifier subrepticement le code civil ;
cet amendement reste strictement dans le domaine fiscal. Je tiens d'ailleurs à
vous remercier de l'avoir présenté d'une façon plus claire : en vous écoutant,
j'avais envie de l'adopter.
(Sourires.)
Ainsi, lorsque deux époux ont souscrit un contrat d'assurance vie, si
l'un des deux décède, il y a deux possibi-lités.
Si c'est le souscripteur du contrat d'assurance vie qui décède avant le
bénéficiaire, dans ce cas, le capital est totalement exonéré de droits de
succession ; soit dit par parenthèse, il s'agit là d'une exception au code
civil prévue par le droit fiscal et le code des assurances.
Mais vous avez fort bien expliqué, monsieur le président de la commission, que
l'amendement que présente le Gouvernement vise la situation inverse,
c'est-à-dire le cas où le bénéficiaire du contrat d'assurance vie décède avant
le souscripteur. Dans l'état actuel des choses, le capital correspondant n'est
pas exonéré de droits desuccession.
Le Gouvernement propose qu'il y ait exonération, comme dans l'autre cas. Cet
amendement ne touche absolument pas au code civil ; il institue simplement un
parallélisme dans la situation fiscale des deux époux, que l'un ou l'autre soit
souscripteur ou bénéficiaire, que l'un ou l'autre meure le premier.
Il s'agit d'une mesure de justice qui vise à étendre une disposition
dérogatoire du code des assurances à la situation dans laquelle le bénéficiaire
du contrat de l'assurance vie décède avant le souscripteur.
Je vous remercie de nouveau, monsieur le président de la commission des
finances, d'avoir si bien expliqué les problèmes concrets que cet amendement
entend résoudre. C'est en pensant à ces problèmes concrets, qui seront ainsi
réglés sans qu'il soit touché en rien au code civil, qui est beaucoup trop
prestigieux pour que le Gouvernement le modifie à la sauvette, que je demande
au Sénat de voter cet amendement.
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le rapporteurgénéral.
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Nous nous sommes exprimés de manière tout à fait
claire et précise sur cet amendement. Dire, comme cela figure à la deuxième
ligne du texte proposé pour l'article L. 132-16-1 du code civil, que « la
valeur de rachat constitue un bien propre » signifie bien que l'on apporte une
modification au code civil.
Dès lors que cette modification est apportée subrepticement au code civil, il
ne nous est pas possible de donner un avis favorable sur cet amendement.
M. Jean-Philippe Lachenaud.
Je demande la parole contre l'amendement.
M. le président.
La parole est à M. Lachenaud.
M. Jean-Philippe Lachenaud.
Au début, on a eu l'impression que cet amendement n'avait pas d'incidence
fiscale. Ensuite, M. le secrétaire d'Etat a indiqué qu'il avait bien sa place
dans la loi de finances rectificative, qu'il avait effectivement un objectif
fiscal, objectif auquel, personnellement, je suis favorable. Malgré cela, je
suis conduit à suivre l'argumentation de M. le rapporteur général et de M. le
président de la commission des finances.
En effet, il est indiqué, dans le premier alinéa de cet amendement, que la
valeur de rachat constitue un bien propre. Si vous aviez écrit, monsieur le
secrétaire d'Etat : « est considéré sur le plan fiscal comme un bien propre »,
cela changeait déjà la portée de l'amendement.
Quant à l'alinéa 2, il est tout aussi mauvais.
(M. le président de la
commission des finances acquiesce.)
Vous avez indiqué que ces dispositions étaient destinées à mettre fin à des
contentieux. Mais relisons cet alinéa : « Aucune récompense n'est due à la
communauté en raison des primes payées par elle, à moins que celles-ci n'aient
été manifestement exagérées, eu égard à l'importance des revenus des époux ou
qu'elles ne constituent un appauvrissement excessif de la communauté. » On peut
imaginer tous les contentieux que fera naître le fait d'apprécier si les primes
sont manifestement exagérées, dans quelle proportion, comment et qui va
contester le statut fiscal des primes versées ?
Telles sont les deux raisons d'ordre juridique qui me conduisent, d'une part,
à souscrire à l'objectif de simplification et de clarification des contrats
d'assurance vie entre époux et, d'autre part, à voter contre cet amendement.
Par là même, je vous invite, monsieur le secrétaire d'Etat, à essayer de
trouver une meilleure rédaction.
M. le président.
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 52, repoussé par la commission.
(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président.
Par amendement n° 55, M. Marini, au nom de la commission, propose d'insérer,
après l'article 16
quindecies
, un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Le premier alinéa du
b
du 1° de l'article 209-0 A du code
général des impôts est ainsi rédigé :
« Les produits des titres dont la valeur est retenue pour le calcul de la
proportion mentionnée au
a
sont constitués directement par des
dividendes prélevés sur des sommes à raison desquelles la société distributrice
a été soumise à l'impôt sur les sociétés ou à l'impôt comparable visé à ce
a
ou sur des produits nets de participation ouvrant droit à l'application du
régime des sociétés mères, et par les plus-values résultant de leur cession.
»
« II. - La perte de recettes résultant du I ci-dessus est compensée par une
majoration à due concurrence des droits prévus aux articles 575 et 575 A du
code général des impôts. »
La parole est à M. le rapporteur général.
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Monsieur le président, monsieur le secrétaire d'Etat,
mes chers collègues, vous vous souvenez sans doute qu'un amendement dont
l'objectif était similaire a été défendu, voilà quelques jours, par notre
collègue M. Cazalet, lors de l'examen de la seconde partie de la loi de
finances. Cet amendement avait été retiré à la suite de votre engagement,
monsieur le secrétaire d'Etat, de résoudre le problème dans les plus brefs
délais.
J'ai cru comprendre que la question avait peut-être un peu évolué au cours de
contacts préparatoires, et c'est d'ailleurs pour favoriser cette évolution que
je dépose cet amendement portant article additionnel après l'article 16
quindecies
.
L'objet de l'amendement est de corriger une ambiguïté du dispositif prévu à
l'article 209-0 A du code général des impôts à l'égard des OPCVM investis
principalement en actions : SICAV ou fonds communs de placement.
L'article 14-1 de la loi de finances pour 1993 avait prévu que l'exception au
principe de prise en compte des écarts de valeurs liquidatives était applicable
aux parts ou actions d'OPCVM français ou établis dans un Etat membre de l'Union
européenne dont les fonds sont principalement investis en actions émises par
des sociétés elles-mêmes européennes et soumises à l'impôt sur les sociétés
dans les conditions de droit commun.
La loi ajoute qu'il doit s'agir de titres rémunérés par des dividendes ouvrant
droit à l'avoir fiscal. Cette seconde exigence crée un doute sur l'extension du
dispositif aux actions de sociétés européennes dans la mesure où l'avoir fiscal
n'existe à proprement parlé que dans notre pays. Il n'existe dans l'Union
européenne aucun dispositif équivalent par lequel l'actionnaire bénéficierait
d'un avoir fiscal égal à 50 %, ou désormais 45 % pour certains actionnaires, du
dividende distribué.
Or, il n'est pas concevable que seules les parts ou actions d'OPCVM
principalement investis en actions françaises puissent bénéficier de
l'exception législative. Ce serait peu cohérent à l'heure de la mise en place
de l'euro.
L'objectif de la mesure d'origine, qui consistait à taxer les gains latents
sur les revenus monétaires dégagés par l'intermédiation des OPCVM, resterait
respecté si l'exception concernait la détention de titres de capital de société
européennes rémunérés par des dividendes non déductibles du résultat fiscal des
sociétés émettrices ou par la redistribution des revenus de leur participation
ouvrant droit au régime des sociétés mères et filiales.
Il est proposé de mettre fin à cette ambiguïté en prévoyant que les titres
éligibles à cette exception sont ceux dont les produits sont constitués par des
dividendes tels que définis ci-dessus et par les plus-values des cessions de
ces titres.
De la sorte, les actions des sociétés européennes pourront être effectivement
prises en compte, comme il est normal dans le cadre de l'Union européenne.
Voilà, mes chers collègues, les raisons pour lesquelles la commission vous
soumet cet amendement.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Cet amendement réédite un appel qui nous a déjà été
adressé d'examiner cette question, dont M. Marini a bien montré le côté
techniquement délicat.
J'ai pris l'engagement que le Gouvernement allait étudier cette question. Elle
est trop délicate pour être examinée dans un délai aussi court. Je vous
propose, monsieur le rapporteur général, que nous en reparlions l'an prochain.
Au bénéfice de cet engagement, je vous incite...
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
L'euro, c'est le 1er janvier !
M. Alain Lambert,
président de la commission des finances.
C'est dans quinze jours.
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
... à retirer votre amendement, sinon j'en demanderai
le rejet.
M. le président.
Acceptez-vous de retirer votre amendement, monsieur le rapporteur général ?
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Non, je le maintiens.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 55, repoussé par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet
de loi, après l'article 16
quindecies.
Par amendement n° 44 rectifié, M. Ballayer et les membres du groupe de l'Union
centriste proposent d'insérer, après l'article 16
quindecies,
un article
additionnel ainsi rédigé :
« Le cinquième alinéa du 2° de l'article 3 de la loi n° 72-657 du 13 juillet
1972 instituant des mesures en faveur de certaines catégories de commerçants et
artisans âgés est ainsi modifié :
« 1. Le nombre : "24" est remplacé par le nombre : "32" ;
« 2. Le nombre : "27,90" est remplacé par le nombre : "37,20" ;
« 3. Le nombre : "83,50" est remplacé par le nombre : "111,33" ;
« 4. Le nombre : "87,40" est remplacé par le nombre : "116,50". »
La parole est à M. Ballayer.
M. René Ballayer.
La grande distribution devrait être l'un des secteurs les plus favorisés par
la suppression progressive de la part salariale de la taxe professionnelle.
En contrepartie, le présent amendement prévoit de relever d'un tiers les taux
d'aide au commerce et à l'artisanat qui pèse sur les grandes surfaces de plus
de 400 mètres carrés dont le chiffre d'affaires est au moins égal à 3 millions
de francs.
Le rendement de cette taxe était de 1 045 millions de francs en 1997, et il
devrait être de 1 159 millions de francs en 1998.
L'augmentation des taux prévue par le présent article devrait rapporter 350
millions de francs supplémentaires.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Il est certain que les grandes surfaces devraient
bénéficier de la suppression progressive de la part salariale de l'assiette de
la taxe professionnelle. Toutefois, elles contribueront au financement de cette
réforme de la taxe professionnelle par le biais de la modification du mode de
calcul de la valeur ajoutée ou par celui de l'augmentation de la cotisation
minimale de taxe professionnelle.
Il y aurait donc lieu de revoir cette question et de réexaminer les incidences
de la réforme de la taxe professionnelle sur la répartition des activités
commerciales entre les différentes formes de distribution.
N'étant pas en mesure de présenter aujourd'hui un avis définitif, la
commission demande à M. Ballayer de bien vouloir, dans l'immédiat, retirer son
amendement.
M. le président.
Monsieur Ballayer, accédez-vous à la demande de M. le rapporteur général ?
M. René Ballayer.
Oui, monsieur le président.
M. le président.
L'amendement n° 44 rectifié est retiré.
Par amendement n° 60, le Gouvernement propose d'insérer, après l'article 16
quindecies,
un article ainsi rédigé :
« Le III de l'article 5 de la loi de financement de la sécurité sociale pour
1999 (n° .... du ....) est supprimé. »
La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Les amendements n°s 59 et 60 ont pour objet de lever
des gages qui avaient été prévus aux articles 5 et 8 du projet de loi sur le
financement de la sécurité sociale pour 1999 et qui portaient, comme tous les
gages, sur les droits de consommation du tabac.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission sur l'amendement n° 60 ?
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Favorable, monsieur le président.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 60, accepté par la commission.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet
de loi, après l'article 16
quindecies.
Par amendement n° 59, le Gouvernement propose d'insérer, après l'article 16
quindecies,
un article additionnel ainsi rédigé :
« Le II de l'article 8 de la loi de financement de la sécurité sociale pour
1999 (n° .... du ....) est supprimé. »
Le Gouvernement a déjà défendu cet amendement.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
La commission est défavorable à cet amendement, par
cohérence avec le vote intervenu, il y a quelques instants, sur l'amendement n°
23 à l'article 16
quindecies.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 59, repoussé par la commission.
(L'amendement n'est pas adopté.)
II. _ AUTRES DISPOSITIONS
Article 17
M. le président.
« Art. 17. _ Dans le troisième alinéa de l'article 71 de la loi de finances
pour 1993 (n° 92-1376 du 30 décembre 1992), après les mots : "la société
Elf-Aquitaine", sont insérés les mots : ", le reversement d'avances
d'actionnaires ou de dotations en capital et les produits de réduction du
capital ou de liquidation". »
Sur l'article, la parole est à M. le rapporteur général.
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Par l'article 17, monsieur le secrétaire d'Etat, vous
proposez d'élargir le champ des recettes affectées au compte de privatisation
ou, plus exactement, au compte d'affectation spéciale des produits des cessions
de titres, parts et droits de sociétés.
La commission recommande l'adoption de cet article mais elle le fait sous deux
réserves, l'une d'interprétation, l'autre de précision, celle-ci justifiant
d'ailleurs le dépôt d'un amendement après l'article 17.
Peut-être voudrez-vous bien reconnaître, monsieur le secrétaire d'Etat, que
votre texte est un peu imparfait. A le prendre à la lettre, il semble permettre
d'affecter au compte d'affectation spéciale l'ensemble des avances
d'actionnaire et des produits de réduction du capital ou de liquidation quel
que soit le statut des entreprises concernées. Il convient donc de préciser que
ces affectations ne valent que pour autant que le secteur public est concerné.
Mais cela ne suffit pas.
La notion de secteur public, comme celle d'entreprise publique, peut, à
certains égards, paraître floue. Il y a, dans le secteur public, des
entreprises diverses : l'Etat détient directement la majorité du capital de
certaines, alors qu'il ne fait qu'en contrôler indirectement d'autres. Il
faudrait préciser comment sera traitée chacune de ces catégories.
Nous souhaitons, bien sûr, que l'affectation au compte ne concerne que les
droits et produits que l'Etat tient de sa participation directe au capital des
entreprises et établissements publics, et à hauteur de cette participation
seulement. Les intérêts des tiers, autres actionnaires ou autres titulaires de
droits, doivent à l'évidence être préservés. J'aurais aimé, monsieur le
ministre, que vous puissiez me confirmer que telle est bien votre intention.
Cela me donne d'ailleurs l'occasion de souligner combien il peut paraître
dangereux à un actionnaire de gérer une entreprise en partenariat avec
l'Etat.
En effet, votre texte permet à l'Etat de récupérer des apports qui auraient pu
ou qui auront pu être la condition objective sans laquelle des partenaires
extérieurs ne seraient jamais entrés dans le capital de ladite entreprise.
En tout état de cause, votre texte, qui étend le champ des recettes du compte,
nous a incités à nous pencher sur les dépenses du même compte. Nous y avons
trouvé une ligne qui nous a fortement déplu car elle s'intitule : «
Reversements au budget général ».
S'agissant d'un compte d'affectation spécial, nous estimons que l'existence
d'une telle ligne est paradoxale et contestable par nature. Ici, cette ligne
est particulièrement malvenue puisque le compte est censé retracer des
opérations de gestion du patrimoine de l'Etat : il est alimenté par des
recettes provenant de la cession d'actifs faisant partie de ce patrimoine.
Quant aux dépenses, si l'on respecte la notion même de compte d'affectation
spéciale, elles ne peuvent, logiquement, concerner que ce patrimoine
lui-même.
Ce que nous savons, par ailleurs, des conditions de l'équilibre du budget
général, avec son déficit de fonctionnement, a constitué une raison
supplémentaire pour la commission des finances de proposer au Sénat la
suppression de cette faculté de reversement au budget général.
Les recettes issues des cessions d'actifs au sein du secteur public doivent
financer soit des investissements dans le secteur public - des augmentations de
capital ou, le cas échéant, des investissements de croissance externe des
entreprises du secteur public -, soit le remboursement d'éléments de la dette
d'Etat.
Il s'agit d'éviter que, un jour ou l'autre, un ministre du budget quelque peu
impécunieux ne cède à la tentation d'employer ces recettes à autre chose.
(Protestations sur les travées socialistes.)
Ce n'est pas le cas
aujourd'hui, heureusement, compte tenu de la bonne conjoncture et des recettes
fiscales dont vous avez la chance de bénéficier en 1998, mais demain, monsieur
le secrétaire d'Etat, peut-être serez-vous plus impécunieux et aurez-vous à
résister à cette tentation. Or la pire des tentations est bien de consacrer des
recettes d'investissement au paiement de dépenses de fonctionnement. C'est
contre cette tentation que nous voulons vous prémunir. Nous ne voulons pas
qu'un tel risque puisse se présenter dans l'avenir.
Tel est, monsieur le président, l'objet de l'amendement que vous allez appeler
dans quelques instants en discussion et que je n'aurai donc pas à présenter de
nouveau.
M. le président.
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'article 17.
(L'article 17 est adopté.)
Article additionnel après l'article 17
M. le président.
Par amendement n° 24, M. Marini, au nom de la commission, propose d'insérer,
après l'article 17, un article additionnel ainsi rédigé :
« Dans le dernier alinéa de l'article 71 de la loi de finances pour 1993 (n°
92-1376 du 30 décembre 1992), les mots : "les reversements au budget général"
sont supprimés. »
M. le rapporteur général vient de défendre cet amendement.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
M. le rapporteur général, par cet amendement, pose un
problème de principe et met en garde le Gouvernement contre la tentation de
financer des dépenses de fonctionnement avec le produit de la cession de parts
de capital détenues par l'Etat.
En droit, lorsqu'un compte d'affectation spéciale dégage un excédent, celui-ci
peut être reversé - c'est une faculté, qui n'est pas utilisée mais qui existe -
au budget général. De ce point de vue, le compte d'affectation des produits de
cessions de titres, parts et droits de sociétés n'a rien d'exceptionnel : il
est dans le droit commun des comptes d'affectation spéciale.
De plus, le budget général peut très bien supporter des dotations en capital
au budget des charges communes, par le truchement du chapitre 54-90.
C'est là que nous passons du principe à la pratique.
J'ai le souvenir qu'entre 1993 et 1995 certains produits des privatisations
ont été rattachés directement aux recettes du budget général. Je comprends
bien, monsieur le rapporteur général, que vous souhaitiez nous mettre en garde
contre des comportements qui ont été observés au cours de cette période. Je
prends cet avertissement comme venant de quelqu'un qui a vécu, en matière
budgétaire, de belles et de moins belles périodes !
En droit budgétaire, la possibilité de reverser des excédents de ce compte
d'affectation spéciale vers le budget général est une faculté qui existe pour
ce compte comme pour d'autres. Rassurez-vous, monsieur le rapporteur général,
je ne compte pas en abuser, contrairement à ce qu'ont fait mes prédécesseurs
entre 1993 et 1995. C'est pourquoi je demande le rejet de votre amendement.
M. le président.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° 24.
Mme Marie-Claude Beaudeau.
Je demande la parole contre l'amendement.
M. le président.
La parole est à Mme Beaudeau.
Mme Marie-Claude Beaudeau.
Monsieur le rapporteur général, j'estime que votre conception de la gestion du
patrimoine de la nation est tout à fait contestable. Vous nous proposez une
mesure qui consiste à recapitaliser des entreprises publiques grâce au produit
de la vente d'autres entreprises publiques. Il s'agit en quelque sorte de
socialiser les pertes avant de privatiser les futurs profits.
L'expérience de la cession de la Compagnie générale maritime devrait pourtant
vous avoir fait réfléchir ! Il est vrai que vous avez défendu cette cession, à
l'époque, sans la moindre hésitation.
Pour notre part, nous sommes favorables à l'interruption pure et simple du
processus de cession des titres du secteur public.
Nous ne sommes pas convaincus, par exemple, du bien-fondé de ces cessions dans
le cadre d'une stratégie industrielle globale. A nos yeux, une telle stratégie
peut fort bien s'accommoder d'une démarche de développement de coopérations
mutuellement avantageuses entre partenaires publics et privés. Nous sommes
encore plus circonspects quant à la procédure que nous propose la commission
des finances, d'autant qu'elle s'inscrit dans une logique tout à fait étrangère
à la politique industrielle et économique qui peut être menée dans notre pays ;
elle relève plutôt de l'obsession de la réduction de la dette publique par tous
les moyens.
Nous semble également pour le moins discutable l'idée selon laquelle seul le
secteur privé serait susceptible de gérer convenablement certaines activités.
La manière dont nous avons été contraints de venir au secours de certaines
banques et compagnies d'assurances privées mises à mal par le krach immobilier
des années 1993 à 1996 fournit une bonne illustration du contraire.
Telles sont les raisons pour lesquelles nous voterons contre l'amendement n°
24.
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le rapporteurgénéral.
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Monsieur le secrétaire d'Etat, notre amendement est
en fait l'expression d'une sorte de jurisprudence constante de la commission
des finances sur la conception que nous estimons juste des comptes
d'affectation spéciale. Nous considérons que, si est maintenue la possibilité
d'un reversement du solde au budget général, il y a un risque ou une tentation
pour les années de vaches maigres.
Nous ne regardons pas derrière nous, nous regardons devant nous, et nous
souhaitons que la gestion budgétaire soit de plus en plus efficace et utile à
l'économie nationale.
Je voudrais également répondre à Mme Beaudeau que, si l'on se limitait à des
cessions comme celles de la Compagnie générale maritime, il n'y aurait pas
grand-chose dans le compte d'affectation spéciale en question.
L'intention qui sous-tend cet amendement porte sur des opérations d'une autre
ampleur qui pourraient avoir lieu un jour : la privatisation intégrale de
France Télécom ou l'ouverture au moins partielle du capital - lorsqu'il sera
constitué - de EDF-GDF. L'importance des enjeux impliquerait alors une parfaite
clarté quant à l'affectation du produit de telles cessions au désendettement de
l'Etat ou à la réalisation d'autres investissements au sein de ce qui, au moins
temporairement, demeurerait le secteur public.
Ce sont ces considérations de portée générale qui sont à la base de cet
amendement, lequel se situe, je le répète, dans la cohérence de la
jurisprudence que la commission des finances s'efforce d'établir avec constance
sur ces sujets de droit budgétaire.
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Je voudrais rassurer Mme Beaudeau. Il existe des
entreprises publiques auxquelles le Gouvernement, la majorité qui le soutient
et le pays tout entier sont très attachés. Je pense ici notamment à Réseau
ferré de France, qu'il faut doter en capital pour que les investissements
ferroviaires puissent se poursuivre, ou à Charbonnages de France, qui est une
fort belle entreprise. Il est nécessaire que la collectivité nationale apporte
des fonds propres à ces entreprises pour leur permettre de mener leurs
activités. Le Gouvernement considère qu'il convient, pour ce faire, d'utiliser
le produit de cessions d'actifs détenus par l'Etat.
Ces cessions ne sont pas motivées par une sorte d'acharnement à privatiser,
tel celui qu'on a pu observer dans une période antérieure. Elles ont pour objet
soit de respecter les engagements européens, soit de permettre aux entreprises
en question d'assurer leur avenir industriel dans la compétition européenne et
dans la compétition mondiale.
J'en viens maintenant à la question posée par M. Marini.
Je respecte tout à fait la constance prudentielle, si je puis dire, de la
commission des finances qu'incarnent ici son président et son rapporteur
général.
Monsieur le rapporteur général, selon vous, en cas de vaches maigres, nous
pourrions avoir la tentation d'utiliser les produits de ce compte d'affectation
spéciale. La France a connu sept années de vaches maigres, de 1991 à 1997,
pendant lesquelles la croissance a été particulièrement faible, son taux annuel
étant de l'ordre de 1,3 %. Si je file votre métaphore biblique, nous sommes
maintenant, je l'espère, au début d'une période de sept années de vaches
grasses durant lesquelles nous n'aurons pas l'occasion d'éprouver la tentation
que vous indiquez.
(Sourires.)
M. Gérard Braun.
Dieu vous entende !
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Prions !
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Priez, oui ! Très sincèrement, l'amendement vise à
supprimer, en fait, une faculté qui existe pour tous les comptes d'affectation
spéciale. Je ne vois pas pourquoi, monsieur le rapporteur général, vous mettez
le doigt plus particulièrement sur le compte d'affectation « Produits de
cessions de titres, parts et droits de sociétés ».
M. le président.
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 24, repoussé par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet
de loi, après l'article 17.
Articles 18 et 19
M. le président.
« Art. 18. _ I. _ Le Gouvernement est autorisé à participer à la révision
générale des quotes-parts des pays membres du Fonds monétaire international qui
a été approuvée par la résolution du conseil des gouverneurs de cette
institution en date du 30 janvier 1998, et dont la traduction est annexée à la
présente loi.
« Le montant de la quote-part de la France dans le Fonds monétaire
international est porté de 7 414,6 millions de droits de tirage spéciaux à 10
738,5 millions de droits de tirage spéciaux.
« II. _ Est autorisée l'approbation du quatrième amendement aux statuts du
Fonds monétaire international qui a été adopté le 23 septembre 1997 par le
conseil des gouverneurs de cette institution, et dont la traduction est annexée
à la présente loi.
« III. _ Le Gouvernement remettra chaque année au Parlement, au plus tard le
30 juin, un rapport présentant :
«
a)
L'activité du Fonds monétaire international au cours de son
dernier exercice budgétaire, notamment les actions entreprises par le Fonds
monétaire international pour assurer un suivi de la situation économique des
Etats membres qui font appel à son concours ;
«
b)
L'activité de la Banque mondiale au cours de son dernier exercice
budgétaire, notamment les actions entreprises par la Banque mondiale pour
assurer un suivi de la situation économique des Etats qui font appel à son
concours et un suivi des projets qui ont bénéficié de ses financements ;
«
c)
Les décisions adoptées par les instances dirigeantes du Fonds
monétaire international : conseil d'administration, conseil intérimaire,
conseil des gouverneurs, et les instances dirigeantes de la Banque mondiale
;
«
d)
Les positions défendues par la France au sein de ces instances
dirigeantes ;
«
e)
L'ensemble des opérations financières réalisées entre la France et
le Fonds monétaire international, d'une part, entre la France et la Banque
mondiale, d'autre part. »
- (Adopté.)
« Art. 19. _ Il est institué au titre de 1998 une dotation budgétaire
afin de compenser pour chaque région la perte de recettes résultant de la
suppression, à compter du 1er septembre 1998, de la taxe additionnelle
régionale aux droits de mutations à titre onéreux sur les immeubles à usage
d'habitation.
« La compensation versée à chaque région est égale au tiers du montant des
droits relatifs à la taxe additionnelle régionale mentionnée à l'article 1599
sexies
du code général des impôts effectivement encaissés entre le 1er
janvier et le 31 décembre 1997 pour le compte de cette région, au titre des
mutations d'immeubles ou fractions d'immeubles mentionnées aux articles 710 et
711 du même code.
« Ce montant est revalorisé en fonction de l'évolution de la dotation globale
de fonctionnement au titre de 1998. »
- (Adopté.)
Article 19
bis
M. le président.
« Art. 19
bis
. - L'article 1648 B
bis
du code général des impôts
est ainsi modifié :
« 1° Après le III, il est inséré un III
bis
ainsi rédigé :
« III
bis.
- Bénéficient également du fonds les fonds départementaux de
péréquation de la taxe professionnelle visés à l'article 1648 A qui, à la suite
d'un changement d'exploitant intervenu après le 1er janvier 1997 et concernant
des entreprises visées à l'article 1471, enregistrent une perte de ressources
supérieure au quart des ressources dont ils bénéficiaient l'année de survenance
de ce changement.
« Cette attribution est versée de manière dégressive sur trois ans. Les fonds
éligibles bénéficient :
« _ la première année, d'une attribution au plus égale à 90 % de la perte
subie ;
« _ la deuxième année, de 75 % de l'attribution reçue l'année précédente ;
« _ la troisième année, de 50 % de l'attribution reçue la première année. »
;
« 2° Le début du IV est ainsi rédigé :
« Outre les attributions versées aux fonds départementaux de péréquation de la
taxe professionnelle en application du III
bis,
le produit...
(Le
reste sans changement.)
»
Par amendement n° 56, M. Marini, au nom de la commission, propose :
A. - Dans le troisième alinéa du texte présenté par le 1° de cet article pour
le III
bis
à insérer dans l'article 1648 B
bis
du code général
des impôts, de remplacer le taux « 90 % » par le taux « 75 % » ;
B. - Dans le quatrième alinéa du même texte, de remplacer le taux « 75 % » par
le taux « 50 % » ;
C. - Dans le cinquième alinéa du même texte, de remplacer le taux « 50 % » par
le taux « 25 % ».
La parole est à M. le rapporteur général.
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Cet amendement a pour objet de réduire le montant de
la compensation versée par le fonds national de péréquation, le FNP, au fonds
départemental de péréquation de la taxe professionnelle de l'Essonne, de
manière à préserver les ressources des autres bénéficiaires du fonds national
de péréquation.
La commission des finances ne souhaite pas remettre en cause le dispositif
adopté en première lecture par l'Assemblée nationale. Il est manifeste que le
fonds départemental de la taxe professionnelle de l'Essonne est dans une
situation pour le moins étrange, sinon dramatique. Il a, en effet, perdu la
moitié de ses ressources en 1997, lors de la fusion d'Air France et d'Air
Inter, cette dernière compagnie étant devenue Air France Europe. Les raisons
techniques en sont explicitées dans le rapport écrit.
Or, contrairement à ce que vous avez déclaré à l'Assemblée nationale, monsieur
le secrétaire d'Etat, à savoir que la charge supplémentaire induite par ce
dispositif n'aurait pas d'effets négatifs sur les autres collectivités
bénéficiaires du fonds, ce dispositif, me semble-t-il, a nécessairement un
effet négatif sur le montant des crédits susceptibles d'être distribués aux 18
000 petites communes rurales qui sont les attributaires habituels du fonds
national de péréquation.
Vos propos m'ont surpris, monsieur le secrétaire d'Etat. En l'état actuel du
dispositif, l'extension du champ des attributions du FNP se fait au sein d'une
enveloppe inchangée. Plus d'attributaires, enveloppe inchangée ? Un effet
d'éviction est à craindre au détriment des attributaires habituels. Ce sera
toujours le même gâteau, mais les convives seront plus nombreux !
En conséquence, les 45 millions de francs qui seront versés au fonds
départemental de péréquation de la taxe professionnelle de l'Essonne ne
profiteront pas, par définition, aux collectivités qui en auraient bénéficié si
l'article 19
bis
n'avait pas été introduit dans le collectif budgétaire
!
Certes, les collectivités qui bénéficient du fonds national de péréquation
percevront les dividendes de l'augmentation des crédits dudit fonds, laquelle
sera de 0,9 % en 1999. Permettez-moi deux remarques à cet égard.
En premier lieu, nous ne savons pas ce que sera le taux d'inflation. Peut-être
sera-t-il de l'ordre de 0,9 %, voire inférieur. C'est du moins la crainte que
l'on peut avoir, monsieur le secrétaire d'Etat, pour les recettes budgétaires
de l'année 1999. Mais c'est un autre débat !
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Ce n'est pas une crainte pour les consommateurs !
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
L'intérêt des consommateurs et l'intérêt budgétaire
de l'Etat sont, malheureusement, un peu opposés, monsieur le secrétaire
d'Etat.
En second lieu, s'agissant de l'ensemble des ressources consacrées à la
péréquation de la taxe professionnelle, dans le projet de loi de finances pour
1999, les ressources du FNPTP, le fonds national de péréquation de la taxe
professionnelle, et du FNP affichaient un taux de progression de 15 %. A la
suite d'amendements adoptés tant à l'Assemblée nationale qu'au Sénat en faveur
des communes et des groupements défavorisés, le taux de progression est tombé à
2,5 %. Et aujourd'hui, après l'adoption de l'article 19
bis,
ce même
taux ne serait plus que de 0,9 %. Par conséquent, sur les 529 millions de
francs supplémentaires qui seront consacrés en 1999 à la péréquation de la taxe
professionnelle, seuls 34 millions de francs iront aux bénéficiaires
traditionnels du FNPTP et du FNP.
C'est la raison pour laquelle, monsieur le secrétaire d'Etat, j'aimerais
savoir ce qui vous fait penser que le dispositif de l'article 19
bis
n'aura pas d'effets négatifs sur les autres collectivités bénéficiaires du
FNP et, s'agissant du dispositif proposé, qui prévoit que le montant de la
compensation est, au plus, de 90 %, quel est le taux effectif que vous
envisagez de retenir.
Si vos réponses ne sont pas de nature à nous convaincre tout à fait, je
pourrai maintenir l'amendement n° 56 qui est, à ce stade, un amendement
d'appel. Tout dépend donc des assurances que vous pourrez nous apporter,
monsieur le secrétaire d'Etat, à la suite des déclarations que vous avez faites
à l'Assemblée nationale et que je n'ai vraiment pas comprises.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Effectivement, monsieur le rapporteur général, je
comprends votre amendement comme un appel à plus d'explications, mais il me
semble que vous les avez vous-même fournies dans votre question.
Il s'agit bien, en effet, d'une compensation supplémentaire, dont vous avez
bien voulu reconnaître qu'elle était légitime, puisque le fonds départemental
de péréquation de la taxe professionnelle de l'Essonne va perdre une très
grande partie de ses ressources. Vous avez indiqué de façon tout à fait claire
que le Fonds national de péréquation de la taxe professionnelle allait
bénéficier, en 1999, de ressources complémentaires provenant, d'une part, de
l'augmentation des recettes au titre de France Télécom - où l'on voit que le
mécanisme mis au point pour France Télécom présente quelques avantages pour les
communes les plus en difficulté - d'autre part, de l'augmentation de la
cotisation de péréquation, complétées par des recettes de l'Etat.
Au total, en arrondissant, cela permet de dégager environ 600 millions de
francs de plus pour 1999. Cette somme sera largement suffisante pour compenser
tout à la fois les diminutions de la dotation de compensation de la taxe
professionnelle des collectivités éligibles à la dotation de solidarité urbaine
ou à la dotation de solidarité rurale pour les bourgs-centres et le versement
au Fonds départemental de péréquation de la taxe professionnelle de
l'Essonne.
Donc, aucune commune ne perdra en 1999 par rapport à 1998.
Voilà donc les explications que vous avez souhaitées, monsieur le rapporteur
général, et les assurances que vous avez demandées. Je le confirme, la
compensation supplémentaire accordée aux communes de l'Essonne ne se fera
aucunement par diminution des transferts de péréquation aux autres communes.
Vous pouvez donc maintenant retirer votre amendement.
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le rapporteur général.
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Monsieur le secrétaire d'Etat, j'ai bien compris
qu'aucune commune bénéficiaire de la péréquation ne verrait son attribution
diminuer en 1999 par rapport à 1998. Or telle n'était pas exactement la
question que je posais.
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Ah ?
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
En effet, les sommes redistribuées ou susceptibles de
l'être au titre de la péréquation de taxe professionnelle atteignaient plus de
500 millions de francs avant les différentes mesures qui ont été votées tant à
l'Assemblée nationale qu'au Sénat, en particulier avant la prise en compte des
45 millions de francs destinés à être reversés au fonds départemental de
péréquation de la taxe professionnelle de l'Essonne. Donc, s'il est bien vrai
que les communes rurales ne vont pas voir leur situation se détériorer par
rapport aux attributions de l'année 1998, en revanche, il est non moins vrai
que, par rapport aux espérances qu'elles auraient pu avoir au vu des premiers
éléments de la loi de finances pour 1999, la réalité va leur apparaître
singulièrement plus défavorable ou, plus exactement, beaucoup moins favorable
!
Je persiste donc à penser qu'il y aura un réel effet d'éviction au détriment
des communes rurales, qui ont pu être plus ou moins bien traitées au cours des
années précédentes mais qui l'auraient été mieux en 1999 si ce dispositif
n'avait pas existé.
Je n'ai pas le sentiment, sous réserve de l'opinion de collègues plus férus
que moi de ces difficiles sujets, que votre réponse soit de nature à lever
véritablement toutes les craintes de la commission, monsieur le secrétaire
d'Etat.
Avec l'amendement n° 56, la commission ne conteste pas les droits à
répartition au bénéfice du département de l'Essonne, mais elle propose de les
faire décroître de manière un peu plus rapide que dans votre dispositif.
A ce stade, monsieur le secrétaire d'Etat, la commission ne croit pas avoir
reçu d'assurances suffisantes pour retirer l'amendement n° 56.
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Monsieur le rapporteur général, au moins convenez avec
moi que les termes du débat sont clairs.
Le Gouvernement, avec la majorité qui le soutient, a souhaité utiliser les
surcroîts de moyens du Fonds national de péréquation de la taxe professionnelle
- mais sans remettre en cause aucunement ce que recevaient déjà les
bénéficiaires antérieurs - en les concentrant, d'une part, sur des communes
bien particulières, à savoir les communes urbaines éligibles à la dotation de
solidarité urbaine et les communes rurales qui ont des charges de centralité en
tant que bourgs-centres, d'autre part, sur le département de l'Essonne.
Ce faisant, le Gouvernement a donc effectivement choisit pour l'attribution
des moyens supplémentaires affectés à ce fonds de péréquation des collectivités
particulièrement en difficulté.
Vous souhaitez, vous, et c'est votre droit, continuer à « saupoudrer ». Nous
voulons, nous, véritablement concentrer les moyens supplémentaires sur des
collectivités qui en ont particulièrement besoin, mais sans rien prendre aux
bénéficiaires habituels. C'est un choix politique.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 56 repoussé par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 19
bis
, ainsi modifié.
(L'article 19
bis
est adopté.)
Article additionnel après l'article 19
bis
M. le président.
Je suis saisi de deux amendements identiques.
Le premier, n° 57, est présenté par M. Marini, au nom de la commission.
Le second, n° 49 rectifié, est déposé par MM. Hoeffel, Delevoye et Reux.
Tous deux tendent à insérer, après l'article 19
bis
un article
additionnel ainsi rédigé :
« Le code général des collectivités territoriales est ainsi complété :
« I. - Le quatrième alinéa (3°) de l'article L. 2122-21 est complété par un
membre de phrase ainsi rédigé : ", de les imputer en section d'investissement
conformément à chacune des délibérations expresses de l'assemblée pour les
dépenses d'équipement afférentes à des biens meubles ne figurant pas sur les
listes et d'une valeur inférieure à un seuil fixés par arrêté des ministres en
charge des finances et des collectivités locales.
« II. - Les articles L. 3221-2 et L. 4231-2 sont complétés par un alinéa ainsi
rédigé :
« Il impute en section d'investissement, les dépenses d'équipement afférentes
à des biens meubles ne figurant pas sur les listes et d'une valeur inférieure à
un seuil fixés par arrêté des ministres en charge des finances et des
collectivités locales, sur délibérations expresses de l'assemblée. »
La parole est à M. le rapporteur général, pour défendre l'amendement n° 57.
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Cet amendement vise à affirmer la compétence de
l'assemblée délibérante pour décider de l'imputation en section
d'investissement des dépenses portant sur des biens meubles non expressément
désignés comme tels par les textes et dont la valeur est inférieure ou égale à
4 000 francs.
Il s'agit de tirer les conséquences d'un arrêt de la cour administrative
d'appel de Lyon, en date du 17 avril 1997, aux termes duquel seul le maire est
compétent pour décider de l'imputation en section d'investissement des biens de
moins de 4 000 francs.
Certains préfets ont décidé d'appliquer strictement cette jurisprudence ;
d'autres l'ont peut-être fait de manière moins stricte. Pourtant, depuis 1992,
une instruction de la direction de la comptabilité publique dispose que les
biens de moins de 4 000 francs sont inscrits en section de fonctionnement sauf
s'ils figurent sur une liste établie par ladite direction et si l'assemblée
délibérante en a décidé autrement.
Par conséquent, notre amendement vise à clarifier la situation. Il tend à
inscrire dans la loi la pratique de la direction de la comptabilité publique et
met fin aux problèmes de contrôle de légalité rencontrés par certains élus
depuis l'arrêt de la cour administrative d'appel de Lyon.
Dans une petite commune rurale, par exemple, le conseil municipal, instance
délibérante qui arrête le budget, doit être, selon nous, en mesure de classer
en section d'investissement des dépenses portant sur des biens meubles d'une
valeur unitaire de moins de 4 000 francs. Cette clarification est attendue,
monsieur le président de l'Association des maires de France, par un très grand
nombre de communes rurales de notre pays.
M. le président.
La parole est à M. Delevoye, pour présenter l'amendement n° 49 rectifié.
M. Jean-Paul Delevoye.
Il s'agit effectivement d'un amendement de clarification. Je n'ai rien à
ajouter aux explications très claires de M. le rapporteur général.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements identiques n°s 57 et 49
rectifié ?
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Le Gouvernement va prouver, une fois de plus, qu'il
est à l'écoute des élus locaux et de la Haute Assemblée : il considère que ces
amendements tendent à combler un vide juridique et à simplifier la gestion des
communes. Aussi, il émet un avis favorable sur cette disposition, qui est une
excellente suggestion de la part du Sénat.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix les amendements identiques n°s 57 et 49 rectifié, acceptés
par le Gouvernement.
(Les amendements sont adoptés.)
M. le président.
En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet
de loi, après l'article 19
bis.
Articles 20 et 21
M. le président.
« Art. 20. _ Sous réserve des décisions de justice passées en force de chose
jugée, sont validés, pour la période du 1er novembre 1995 au 5 décembre 1997,
les versements directs effectués par l'Etat au titre du capital-décès au profit
des ayants droit des maîtres contractuels ou agréés des établissements
d'enseignement privés sous contrat décédés, dans la mesure où ils seraient
contestés sur le fondement de l'illégalité du décret n° 95-946 du 23 août 1995.
Aucun remboursement de la cotisation de prévoyance versée au titre de la
convention collective du 14 mars 1947 étendue par la loi n° 72-1223 du 29
décembre 1972 portant généralisation de la retraite complémentaire au profit
des salariés et anciens salariés n'est dû, pour cette période, par l'Etat, aux
organismes de gestion des établissements d'enseignement privés sous contrat.
« A compter du 6 décembre 1997 et sous réserve des décisions de justice
passées en force de chose jugée, les obligations de l'Etat tenant au
remboursement aux organismes de gestion des établissements d'enseignement
privés sous contrat de la cotisation sociale afférente au régime de retraite et
de prévoyance des cadres institué par la convention collective du 14 mars 1947
et étendu par la loi n° 72-1223 du 29 décembre 1972 précitée sont égales à la
part de cotisations nécessaire pour assurer l'égalisation des situations prévue
par l'article 15 de la loi n° 59-1557 du 31 décembre 1959 sur les rapports
entre l'Etat et les établissements d'enseignement privés ; cette part est fixée
par décret en Conseil d'Etat. Ce texte fixe également, pour les ayants droit
des maîtres mentionnés ci-dessus auxquels la convention collective du 14 mars
1947 susmentionnée n'est pas applicable, les modalités de versement par l'Etat,
à compter du 6 décembre 1997, d'un complément de capital-décès.
- (Adopté.)
« Art. 21. _ Dans le cadre de la cession de la Société marseillaise de
crédit à la Banque Chaix, le ministre chargé de l'économie est autorisé à
accorder la garantie de l'Etat à la Banque Chaix, dans la limite de 435
millions de francs, pour la couvrir des préjudices résultant de pertes et
charges de la Société marseillaise de crédit qui se matérialiseraient après le
31 décembre 1997 et dont l'origine serait antérieure à la date de transfert des
titres.
« Cette garantie expirera le 31 décembre 2001, sauf pour les préjudices
relatifs aux obligations fiscales, douanières ou sociales pour lesquels la
garantie prendra fin au terme du mois suivant l'expiration du délai de
prescription. »
- (Adopté.)
Article 22
M. le président.
« Art. 22. _ I. _ L'article L. 255 A du livre des procédures fiscales est
ainsi rédigé :
«
Art. L. 255 A
. _ Les taxes, versements et participations prévus aux
articles 1585 A, 1599-0 B, 1599 B, 1599
octies
, 1635
quater
et
1723
octies
du code général des impôts sont assis, liquidés et recouvrés
en vertu d'un titre de recette individuel ou collectif délivré par le directeur
départemental de l'équipement ou, dans des conditions fixées par décret en
Conseil d'Etat, par le maire compétent pour délivrer les permis de construire
au nom de la commune en application du premier alinéa de l'article L. 421-2-1
du code de l'urbanisme.
« L'autorité mentionnée au premier alinéa peut déléguer sa signature aux
agents placés sous son autorité dans des conditions fixées par un décret en
Conseil d'Etat. »
« II. _ Sous réserve des décisions de justice passées en force de chose jugée,
sont réputées régulières les impositions mentionnées à l'article L. 255 A du
livre des procédures fiscales, assises et liquidées avant la publication de la
présente loi au Journal officiel de la République française, en tant qu'elles
seraient contestées pour un motif tiré de l'absence de signature ou de
l'incompétence du signataire de l'avis d'imposition ou de l'incompétence du
signataire du titre de recette. »
Par amendement n° 25, M. Marini, au nom de la commission, propose de rédiger
ainsi le paragraphe I de cet article :
« I. - L'article L. 255 A du livre des procédures fiscales est ainsi rédigé
:
«
Art. L. 255 A.
- Les taxes, versements et participations prévus aux
articles 1585 A, 1599
octies
du code général des impôts et les taxes
mentionnées au 1° de l'article L. 332-6-1 du code de l'urbanisme sont assis,
liquidés et recouvrés en vertu d'un titre de recette individuel ou collectif
délivré par le directeur départemental de l'équipement ou dans des conditions
fixées par décret en Conseil d'Etat, par le maire compétent pour délivrer les
permis de construire au nom de la commune en application du premier alinéa de
l'article L. 421-2-1 du code de l'urbanisme.
« L'autorité précitée peut déléguer sa signature aux agents placés sous son
autorité. »
La parole est à M. le rapporteur général.
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Cet article tend à valider les taxes d'urbanisme et à
rationaliser la procédure d'assiette, de liquidation et de recouvrement
desdites taxes.
La commission s'est interrogée sur le respect des règles constitutionnelles en
matière de validation législative. Vous savez, mes chers collègues, que depuis
une décision de juillet 1980, le Conseil constitutionnel estime qu'une
validation doit satisfaire à des exigences bien précises.
D'une part, le législateur doit respecter le principe de séparation des
pouvoirs et s'abstenir tant de valider les actes mêmes qui ont été annulés que
de faire obstacle à l'exécution des actes annulés par des décisions
juridictionnelles « passées en force de chose jugée ».
D'autre part, la validation doit être justifiée par des raisons d'intérêt
général. A cet égard, le Conseil constitutionnel a estimé, dans une décision de
décembre 1995 portant sur la loi de finances pour 1996, que « la seule
considération d'un intérêt financier » ne suffit pas à créer ce motif d'intérêt
général.
Il convient de noter que la jurisprudence du Conseil constitutionnel a évolué
et se montre de plus en plus exigeante en ce qui concerne les arguments
d'intérêt général avancés en faveur des validations législatives.
Dans une décision du 9 avril 1996, le Conseil constitutionnel a estimé ne pas
disposer d'un pouvoir d'appréciation et de décision identique à celui du
Parlement et s'est, en conséquence, limité à vérifier qu'il n'y avait pas
d'erreur manifeste d'appréciation sur l'importance des risques encourus.
Plus récemment, dans une décision du 19 novembre 1997, il a, au contraire,
strictement encadré la possibilité, pour le législateur, de procéder à des
validations législatives.
En l'occurrence, le présent article précise bien que la validation proposée
s'applique sous réserve des décisions de justice passées en force de chose
jugée.
En ce qui concerne l'intérêt général qui justifierait cette validation, il est
clair que le risque de contentieux s'élèverait à 14 milliards de francs, ce qui
semble suffire à établir un intérêt général significatif et correspond au
montant des taxes d'urbanisme liquidées depuis le 1er janvier 1994.
Conformément à l'article 1723
quater
du code général des impôts, le
paiement de la taxe d'urbanisme peut être effectué en deux versements, le
dernier étant exigible à l'expiration d'un délai de trente-six mois à compter
de la date de délivrance du permis de construire ou de la date à laquelle
l'autorisation de construire est réputée avoir été tacitement accordée.
Or - et j'en viens là au point sur lequel porte notre amendement - le produit
des taxes locales n'est pas garanti par l'Etat. En l'absence de validation des
taxes d'urbanisme, les communes pourraient être amenées à devoir rembourser des
sommes très importantes, ce qui ne manquerait pas de déséquilibrer fortement
leur budget.
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
C'est exact !
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Il nous paraît utile, pour concrétiser cette
validation, de procéder à des corrections rédactionnelles, qui sont prévues
dans cet amendement.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Après l'exposé aussi convaincant qu'exhaustif de M. le
rapporteur général, je ne peux qu'émettre un avis favorable sur cet amendement
rédactionnel.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 25, accepté par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 22, ainsi modifié.
(L'article 22 est adopté.)
Article 23
M. le président.
« Art. 23. _ I. _ A la fin de la première phrase du deuxième alinéa de
l'article 32-2 de la loi n° 90-568 du 2 juillet 1990 relative à l'organisation
du service public de la poste et des télécommunications, les mots : "de la
procédure d'offre publique à prix ferme" sont remplacés par les mots : "de
toute offre mentionnée à l'article 13 de la loi n° 86-912 du 6 août 1986
relative aux modalités des privatisations". »
« II. _ Le présent article s'applique également aux cessions antérieures à la
publication de la loi de finances rectificative pour 1998 (n° ... du ...). »
- (Adopté.)
Article 24
M. le président.
« Art. 24. _ La propriété des barrages d'Alfeld, de l'Altenweiher, du Ballon,
de la Lauch, du Forlet, de Soultzeren et du Schiessrothried, ainsi que leurs
annexes, est transférée par l'Etat au département du Haut-Rhin à titre gratuit.
Ce transfert sera constaté, le moment venu, par un acte administratif publié au
livre foncier. »
Par amendement n° 26, M. Marini, au nom de la commission, propose de compléter
in fine
la première phrase de cet article par les mots : « et après
remise en état de l'art ».
La parole est à M. le rapporteur général.
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
C'est un amendement de précision concernant les
conditions dans lesquelles doit se dérouler un transfert de propriété de l'Etat
au département du Haut-Rhin.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Je m'en remets à la sagesse du Sénat.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 26, pour lequel le Gouvernement s'en remet à
la sagesse du Sénat.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 24, ainsi modifié.
(L'article 24 est adopté.)
Article 25
M. le président.
« Art. 25. _ Dans le cadre des mesures de reconstruction des pays d'Amérique
centrale touchés par le cyclone Mitch, il est fait remise aux Etats concernés
de créances d'aide publique au développement dont ils ont bénéficié, pour un
montant total d'arriérés en principal et en intérêts au 15 novembre 1998 et de
capital restant dû au 15 novembre 1998 de 165 851 725,29 francs pour le
Honduras, de 448 977 678,13 francs pour le Nicaragua, de 29 858 072,82 francs
pour le Guatemala et de 59 807 476,33 francs pour le Salvador. L'ensemble des
intérêts de retard et des intérêts moratoires dus ou courus au 15 novembre sur
les montants annulés sont également annulés. »
Par amendement n° 50, le Gouvernement propose de rédiger comme suit cet
article :
« Dans le cadre des mesures d'aide à la reconstruction en faveur de Guatemala,
du Honduras, du Nicaragua et du Salvador touchés par le cyclone Mitch, il est
fait remise à ces Etats des arriérés en principal, intérêts et intérêts de
retard dus au 15 novembre 1998 et des échéances en principal et en intérêts
dues à compter du 16 novembre 1998 sur l'encours au 15 novembre 1998 des prêts
d'aide publique au développement dont ils ont bénéficié. »
La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Cet amendement est relatif à l'annulation de la dette
d'aide publique au développement de quatre pays d'Amérique centrale, le
Nicaragua, le Honduras, le Salvador et le Guatemala, qui ont été fortement
touchés par le cyclone Mitch en novembre dernier.
Comme vous le savez, le Gouvernement a décidé de mettre en oeuvre des mesures
exceptionnelles en faveur de ces pays pour les aider dans leur processus de
reconstruction. Les allégements de dettes s'inscrivent, bien sûr, dans cette
démarche.
Plusieurs mesures contribueront à cet effort d'allégement : l'annulation des
créances d'aide publique au développement ; l'octroi, dans le cadre du Club de
Paris, d'un différé de paiement sur les échéances dues au titre des crédits
commerciaux ; enfin, le traitement de dettes à moyen et long termes de ces
Etats aux conditions les plus favorables possibles. L'ensemble de ces mesures
qui sont en cours de finalisation, comme disent les spécialistes, devrait
représenter un effort financier de l'ordre de 1 milliard de francs.
Par cet amendement, le Gouvernement propose un dispositif simplifié de remise
de dettes. En effet, le Gouvernement souhaite faciliter et accélérer autant que
possible le traitement administratif des dossiers. J'espère que ce souhait sera
unanimement partagé par la Haute Assemblée.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Monsieur le secrétaire d'Etat, vous nous proposez,
par cet amendement, une nouvelle rédaction de l'article 25, qui tend à annuler
les créances d'aide publique au développement détenues par la France sur un
certain nombre de pays victimes du cyclone Mitch.
Si l'on s'en tient à l'objet de cet amendement, cette rédaction plus générale
viserait simplement à faciliter le traitement administratif des dossiers.
Monsieur le secrétaire d'Etat, cette explication ne me satisfait pas
totalement.
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Ah ?
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
La première rédaction qui a été adoptée par
l'Assemblée nationale comportait des montants chiffrés limitatifs pour la dette
annulée de chacun des Etats concernés.
D'après les informations que j'ai pu me procurer, monsieur le secrétaire
d'Etat, cette rédaction aurait pour effet d'annuler la moitié seulement de la
dette d'aide publique au développement pour deux de ces Etats, à savoir le
Guatemala et le Salvador. Ce fait, s'il était avéré, serait d'une certaine
gravité car le Président de la République en annonçant, lors de son voyage en
Amérique centrale, l'annulation de la totalité de la dette des pays concernés a
engagé la parole de la France. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle notre
commission a adopté l'article 25 dans sa rédaction initiale sous réserve qu'il
corresponde bien à la volonté du président de la République et donc de la
France d'une annulation complète des dettes visées.
J'ai transmis cette question à vos services la semaine dernière, monsieur le
secrétaire d'Etat. La réponse ne m'est parvenue que sous la forme de
l'amendement que vous venez de présenter et qui serait motivé par des raisons
purement techniques.
Aussi, je souhaiterais que vous puissiez nous confirmer que la rédaction
définitive de l'article 25, telle que vous la proposez dans cet amendement,
englobe bien l'annulation de la totalité des dettes dues à la France par les
Etats concernés.
En l'occurrence, il me paraît essentiel que nous puissions travailler en toute
clarté et que nous soyons sûrs que les propos publics tenus par M. le Président
de la République peu de temps après ce désastre ont été dûment suivie d'effet,
compte tenu des intentions exprimées et du retentissement d'une prise de
position qui engage notre pays tout entier.
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Monsieur le rapporteur général, vous émettez je ne
sais quelle suspicion. Il est clair, pour le Gouvernement, que la parole de la
France est engagée par le chef de l'Etat.
Nous avons modifié la formulation, mais pas le fond. Il s'agit bien de
procéder à l'annulation de la totalité des dettes d'aide publique au
développement des quatres pays concernés.
La différence, c'est qu'on ne connaît pas encore aujourd'hui le montant exact
des dettes de diverse nature de ces pays à l'égard de la France, Par
conséquent, en choisissant une formulation qui ne spécifie pas de chiffres,
nous renforçons l'engagement français d'annuler la totalité des dettes dont le
montant n'est pas encore complètement précisé.
Vous aviez besoin d'être rassuré, monsieur le rapporteur général, ce qui, à la
limite, m'attriste quelque peu, car le Gouvernement n'a pas l'habitude de
biaiser avec ce genre de sujet. M'étant exprimé clairement sur l'annulation de
la totalité de ces dettes, j'espère que vous comprendrez le sens de cet
amendement.
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le rapporteur général.
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Compte tenu des propos de M. le secrétaire d'Etat,
j'émets un avis favorable sur cet amendement.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 50, accepté par la commission.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, l'article 25 est ainsi rédigé.
Article additionnel après l'article 25
M. le président.
Par amendement n° 58, le Gouvernement propose d'insérer, après l'article 25,
un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Les taux de majoration fixés à l'article 2 de la loi n° 51-695 du 24
mai 1951 portant majoration de certaines rentes viagères et pensions, tels
qu'ils résultent de la loi de finances pour 1999, sont applicables, sous les
mêmes conditions de date, aux rentes viagères constituées entre particuliers,
conformément à la loi n° 49-420 du 25 mars 1949 révisant certaines rentes
viagères constituées entre particuliers.
« II. - Dans les articles 1er, 3, 4, 4
bis
et 4
ter
de la loi n°
49-420 du 25 mars 1949 précitée, la date du 1er janvier 1997 est remplacée par
celle du 1er janvier 1998.
« III. - Les dispositions de la loi n° 49-420 du 25 mars 1949 précitée
s'appliquent aux rentes perpétuelles constituées entre particuliers
antérieurement au 1er janvier 1998.
« Le capital correspondant à la rente en perpétuel dont le rachat aura été
demandé postérieurement au 30 septembre 1998 sera calculé, nonobstant toutes
clauses ou conventions contraires, en tenant compte de la majoration dont cette
rente a bénéficié ou aurait dû bénéficier en vertu de la présente loi.
« IV. - Les actions ouvertes par la loi n° 49-420 du 25 mars 1949 peuvent être
intentées pendant un délai de deux ans à compter de la publication de la
présente loi. »
La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Monsieur le président, ce dernier amendement vise, là
encore, un sujet concret de la vie quotidienne : les rentes viagères.
Il a pour objet de prévoir, pour les rentes constituées entre particuliers,
l'application des taux de majoration qui seront applicables en 1999 aux
majorations légales.
Traditionnellement, vous le savez, cette disposition était inscrite en loi de
finances. Toutefois, le Gouvernement avait lancé en cours d'année une réflexion
sur les modalités de majoration applicables à ces rentes, et c'est pourquoi le
projet de loi de finances initial pour 1999 ne comportait pas, comme les années
précédentes, de dispositions à ce titre.
Cette réflexion n'est aujourd'hui pas entièrement achevée mais, bien
évidemment, le Gouvernement ne veut pas pour autant pénaliser les crédits
rentiers. C'est pourquoi il propose, par cet amendement, l'indexation de leurs
rentes pour l'année 1999 encore, afin d'éviter d'éventuels contentieux qui
pourraient naître, à défaut d'une telle disposition, de la situation de vide
juridique dans laquelle nous pourrions nous trouver.
Cet amendement a donc pour objet de sécuriser les crédits rentiers.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
La commission des finances voudrait rendre hommage à
la clairvoyance d'un de nos collègues, qui, pour l'heure, n'en est pas
membre.
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Il est estimable quand même !
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Il s'agit de M. Yves Fréville qui, le 28 novembre
dernier, alors que nous examinions le projet de budget des charges communes,
déclarait ceci : « Puisque l'indexation des rentes viagères prévue par
l'article 77 ne portera plus sur les contrat entre particuliers, le
Gouvernement a-t-il l'intention, lors de la présentation d'un autre projet de
loi - il ne peut pas le faire à l'occasion de l'examen de ce projet de loi de
finances parce que le Conseil d'Etat verrait là un cavalier budgétaire - de
proposer une mesure d'indexation identique, de manière que l'incertitude qui
plane sur l'indexation de ces contrats soit levée ? »
Vous avez alors indiqué ceci, monsieur le secrétaire d'Etat : « Je répondrais
simplement à M. Fréville que Mme le garde des sceaux réfléchit sur ce point.
»
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Eh bien, voilà !
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Cet amendement, en effet, vise à majorer en 1999 les
rentes constituées entre particuliers d'un taux égal à celui qui est servi pour
les rentes viagères tel que défini dans le projet de loi de finances pour
1999.
Le Conseil d'Etat avait estimé, dans son avis rendu sur le projet de loi de
finances pour 1998, que cette disposition concernant la revalorisation des
rentes entre particuliers n'était constitutive d'aucune charge pour l'Etat. Dès
lors, elle ne pouvait figurer au sein de la loi de finances, pas plus dans la
loi de finances rectificative que dans la loi de finances initiale, mais devait
relever d'une disposition législative de droit commun.
Le rapporteur spécial des charges communes à l'Assemblée nationale a indiqué à
ce propos que le Gouvernement se serait engagé à supprimer ce cavalier dans le
projet de loi de finances pour 1999.
Cette disposition que vous nous soumettez, présentée tardivement sous la forme
d'un amendement tendant à insérer un article additionnel, nous arrive au grand
galop d'un cavalier sympathique, mais assurément budgétaire, monsieur le
secrétaire d'Etat.
(Sourires.)
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Oh !
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Il est par ailleurs un peu étonnant de voir le
Gouvernement revenir sur la position qui était la sienne il y a moins de deux
semaines. Et j'ai cité l'échange qui est intervenu ici même entre vous-même,
monsieur le secrétaire d'Etat, et M. Fréville.
Il appartiendra donc au Gouvernement de déterminer, pour l'avenir, le moyen le
plus opportun et juridiquement satisfaisant de rendre cette disposition
applicable pour ne pas pénaliser les particuliers qui se trouveraient, en
raison des problèmes de méthode législative rencontrés par le Gouvernement,
dans une situation de vide juridique à compter du 1er janvier prochain.
La commission des finances, favorable sur le fond, ne peut que relever la
fragilité du véhicule législatif choisi. Elle s'en remet donc à la sagesse de
la Haute Assemblée sur ce point.
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Je formulerai deux remarques.
Tout d'abord, monsieur le rapporteur général, vous avez souligné la sagacité
de M. Fréville, qui s'inquiétait de l'absence de dispositions concernant les
rentes viagères privées. Or l'article additionnel que je propose au Sénat
d'insérer dans le projet de loi de finances rectificative a précisément pour
objet d'apaiser l'anxiété de M. Fréville et des rentiers.
Par ailleurs, vous avez évoqué des cavaliers budgétaires ; or vous êtes un
homme de tradition, et vous savez donc que, depuis 1949, la majoration des
rentes viagères est inscrite dans des lois de finances. Cela fera bientôt
cinquante ans qu'il en est ainsi, et jamais le Conseil constitutionnel n'a
censuré une telle disposition. Par conséquent, je ne vois pas pourquoi vous
éprouveriez une inquiétude particulière à cet égard en cette fin de l'année
1998.
Ayant ainsi rassuré M. Fréville, M. le rapporteur général et l'ensemble des
rentiers, je vous recommande, mesdames, messieurs les sénateurs, de voter cet
amendement.
M. le président.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° 58.
M. Michel Charasse.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Charasse.
M. Michel Charasse.
Nous voterons l'amendement du Gouvernement. En matière de lois de finances, si
le droit d'amendement est strictement limité par l'ordonnance organique, il
existe, il doit jouer pleinement, et nous n'avons pas intérêt, les uns et les
autres, à chercher à le diminuer.
Est-ce qu'on augmente les rentes ? Réponse : oui ! Est-ce que les rentes sont
imposables ? Réponse : oui ! Est-ce qu'elles vont jouer sur les recettes de
l'Etat ? Forcément ! Par conséquent, nous créons une recette, et l'article 42
de la loi organique prévoit que sont recevables aux lois de finances les
amendements qui tendent à créer ou à augmenter une recette, à réduire ou à
supprimer effectivement une dépense, ou à assurer le contrôle des dépenses
publiques.
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Voilà ! Il a ramené le cheval à l'écurie !
M. Michel Charasse.
Par conséquent, et à mon grand regret, monsieur le rapporteur général, je ne
peux pour une fois - ce n'est en effet pas toujours le cas ! - aller dans votre
sens : je considère qu'il s'agit là non pas d'un cavalier budgétaire mais d'un
amendement créateur de recette !
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Et vous, vous êtes un créateur de raisonnements très
brillants !
M. le président.
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 58, pour lequel la commission s'en remet à la
sagesse du Sénat.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet
de loi, après l'article 25.
Vote sur l'ensemble
M. le président.
Avant de mettre aux voix l'ensemble du projet de loi, je donne la parole à M.
Mercier, pour explication de vote.
M. Michel Mercier.
Monsieur le président, monsieur le secrétaire d'Etat, mes chers collègues, au
terme de cette discussion, je me bornerai à quelques brèves observations qui
sous-tendent la position du groupe de l'Union centriste.
Très naturellement, ce projet de loi de finances rectificative pour 1998
intervient à un moment de l'année où, en dehors d'adaptations législatives
habituelles, nous pouvons, plutôt que prévoir, constater l'état des finances
publiques de notre pays.
De ce point de vue, monsieur le secrétaire d'Etat, nous nous réjouissons que
le Gouvernement ait bénéficié d'importantes rentrées budgétaires nouvelles et
imprévues, bref, comme vous l'avez dit vous-même, que l'année 1998 ait été une
période de vaches grasses budgétaires.
M. Michel Charasse.
Attention que les vaches grasses ne deviennent des folles !
(Rires.)
M. Michel Mercier.
C'est vous qui le dites, monsieur Charasse. Mais peut-être n'êtes-vous pas
très loin de la réalité, à voir ce que nous faisons du pactole dont nous
disposons ! Et je vous remercie de m'avoir soufflé l'expression, que je
n'aurais pas osé employer moi-même !
M. Michel Charasse.
Oh !
M. Michel Mercier.
Monsieur le secrétaire d'Etat, nous ne pouvons en effet que regretter la façon
dont le Gouvernement utilise le surplus de recettes fiscales dont il
bénéficie.
On aurait pu penser que ces recettes nouvelles auraient servi à améliorer la
situation budgétaire de notre pays, à diminuer notablement le déficit et la
charge de la dette publique, en dehors des opérations liées à la diminution du
taux de l'argent, et, en tout cas, à améliorer la situation patrimoniale de la
France.
Nous constatons, pour le regretter, que le Gouvernement a décidé de ne pas
diminuer les dépenses, ou, lorsqu'il le fait, il s'attaque aux dépenses
d'investissement plutôt qu'aux dépenses de fonctionnement.
Après la discussion du projet de loi de finances pour 1999, consacré aux
principes, nous en venons, avec la discussion du projet de loi de finances
rectificative, aux réalités.
Pendant la discussion du projet de budget pour 1999, le Gouvernement - parfois
vous-même, monsieur le secrétaire d'Etat, souvent vos collègues - n'a eu de
cesse de stigmatiser la position adoptée par le Sénat à la demande de sa
commission des finances, position qui consistait à voir où l'on pouvait
réaliser des économies et comment faire pour gérer le mieux possible la maison
France.
Je prendrai un exemple particulièrement pertinent qui montre bien que, tous
ensemble, nous aurions pu faire du meilleur travail ! Les sénateurs ayant
décidé de diminuer pour 1999 de quelque 6,2 milliards de francs les crédits du
titre IV du budget de l'emploi, ils ont eu affaire à une semonce plus que
sévère de votre collègue Mme la ministre chargée des affaires sociales qui, en
substance, a alors déclaré ceci : Doit-on faire de même pour l'insertion des
publics en difficulté, dont les crédits sont prévus au chapitre 44-74 ? Je le
comprendrais assez mal, alors que vous avez parlé de votre préoccupation, que
nous partageons, face à l'augmentation du chômage de longue durée.
Monsieur le secrétaire d'Etat, vous nous proposez de diminuer non pas de 6,2
milliards de francs les crédits du titre IV mais de 7,5 milliards de francs les
crédits de ce chapitre 44-74 relatif aux publics en difficulté et à l'insertion
!
La commission des finances, tant dans ce projet de loi de finances
rectificative pour 1998 que dans le projet de loi de finances pour 1999, a fait
un travail de fond, un travail solide, sérieux, permettant finalement au Sénat
d'adopter un ensemble de dispositions qui, telles qu'elles nous étaient
présentées, avaient grandement besoin d'être améliorées.
Vous nous donnez en quelque sorte raison, monsieur le secrétaire d'Etat, avec
la proposition que fait le Gouvernement dans le cadre de ce projet de loi de
finances rectificative.
Je souhaite donc que, à l'avenir, la position du Sénat ne soit pas
stigmatisée, médiatisée, alors même que le Gouvernement fait mieux encore dans
la réduction des crédits pour l'insertion, sans d'ailleurs que nos collègues de
la minorité sénatoriale y voient quoi que ce soit à redire !
Je tiens à remercier M. le président de la commission des finances et M. le
rapporteur général, qui ont travaillé de façon très sereine et extrêmement
approfondie pour nous permettre d'adopter un projet de loi de finances
rectificative pour 1998 tenant compte de la situation fiscale particulièrement
bonne dont notre pays a joui cette année, ce dont nous nous félicitons - si le
Gouvernement y est pour quelque chose, nous sommes prêts à le reconnaître et à
l'en féliciter - et essayant de préparer l'avenir mieux que ne l'avait fait le
projet de loi initial.
(Applaudissements sur les travées de l'Union
centriste, du RPR et des Républicains et Indépendants, ainsi que sur certaines
travées du RDSE.)
M. le président.
La parole est à Mme Beaudeau.
Mme Marie-Claude Beaudeau.
Monsieur le président, monsieur le secrétaire d'Etat, mes chers collègues,
c'est sans trop d'étonnement que nous avons constaté que le projet de loi de
finances rectificative pour 1998 avait connu quelques malheurs en passant par
le Sénat.
M. Alain Lambert,
président de la commission des finances.
Oh non !
Mme Marie-Claude Beaudeau.
C'est ainsi, par exemple, que les dépenses publiques ont été quelque peu
réduites, dans une solide tradition de recherche d'économies budgétaires que la
commission des finances de la Haute Assemblée s'est toujours fait fort de
mener,...
M. Alain Lambert,
président de la commission des finances.
C'est vrai !
Mme Marie-Claude Beaudeau.
... comme pour faire oublier sa grande mansuétude dans l'allégement des
contraintes fiscales pesant sur les plus hauts revenus et les entreprises.
M. Alain Lambert,
président de la commission des finances.
Les footballeurs !
Mme Marie-Claude Beaudeau.
Le meilleur exemple de la démarche de la commission des finances nous est
d'ailleurs fourni par le présent texte, puisque, en réalité, après avoir voté
une minoration des dépenses et une modification de l'article d'équilibre, les
amendements adoptés dans la seconde partie du texte conduisent à dégrader
profondément le solde budgétaire global.
Permettez-moi, mes chers collègues, de m'interroger sur la cohérence d'une
démarche volontariste de réduction des déficits publics qui s'échafaude autour
d'un accroissement de la dépense fiscale, et donc de moins-values importantes
pour le budget général.
Pour notre part, nous nous sommes inscrits dans ce débat avec un souci
essentiel : comment faire en sorte que les conditions soient réunies pour que
la croissance soit le plus justement partagée et pour que le moteur de cette
croissance, c'est-à-dire la consommation intérieure, ne connaisse pas de
fâcheux ratés dans le courant de l'année 1999 ?
Notre amendement portant sur la question des minima sociaux et de l'urgence
sociale - à laquelle il faut répondre - au travers d'une taxation plus
équilibrée des revenus financiers, véritable pierre de touche de toute réforme
fiscale dans l'intérêt du plus grand nombre, participait naturellement de cette
démarche.
De la même manière, l'ensemble de nos amendements sur la question du
plafonnement de la taxe d'habitation - quand bien même celle-ci sera concernée,
ces prochains mois, par une réforme d'ensemble ! - tendaient à faciliter pour
les ménages les plus modestes un allégement de leurs contraintes fiscales et
créaient une marge de pouvoir d'achat supplémentaire pour certains.
Quant à notre position de principe sur la question des déductions
professionnelles, elle demeure toujours valable, compte tenu des débats et de
la nécessité, pour ce qui nous concerne, de prendre la juste mesure du statut
professionnel qui en découle.
Nous espérons donc que, lors de la nouvelle lecture du texte à l'Assemblée
nationale, après l'échec prévisible de la commission mixte paritaire, on pourra
prendre en compte les principales préoccupations que nous avons exprimées dans
ce débat.
En tout état de cause, nous ne voterons évidemment pas, vous l'aurez compris,
le texte issu des travaux de notre assemblée.
M. le président.
La parole est à M. Angels.
M. Bernard Angels.
Monsieur le président, monsieur le secrétaire d'Etat, mes chers collègues,
comme nous l'avions dit lors de la discussion générale, le projet de loi de
finances rectificative pour 1998 présenté par le Gouvernement était un bon
collectif.
L'évolution des finances publiques a été conforme aux prévisions et le déficit
est même légèrement inférieur au chiffrage initial. Les ouvertures de dépenses
et les annulations de crédits réalisées apparaissent conformes aux nécessités
qui se sont fait jour en cours d'année et à une bonne maîtrise de la
dépense.
La majorité sénatoriale a remis en cause plusieurs dépenses. Je ne reviens pas
sur les motifs discutables de ces suppressions. Je note simplement que ces
suppressions ont modifié ce collectif, et donc notre appréciation.
Le groupe socialiste émettra, en conséquence, un vote négatif.
M. le président.
La parole est à M. Lachenaud.
M. Jean-Philippe Lachenaud.
Le groupe des Républicains et Indépendants votera le projet de loi de finances
rectificative, tel qu'il a été modifié tout au long de ces débats.
Ces deux jours de discussion nous laissent une impression à la fois de travail
tout à fait remarquable de la part de la commission des finances et de son
rapporteur, de dialogue constructif avec le Gouvernement, mais aussi de méthode
tout de même un peu brutale, qualifiée de « à la hussarde », et de délais très
brefs pour l'examen d'un projet de loi de finances rectificative.
Monsieur le secrétaire d'Etat, vous avez dit que le rapport vous décernait un
brevet de vertu budgétaire. Tel n'était pas tout à fait le cas, et la
discussion nous a permis de clarifier notre point de vue.
Notre point de vue est simple, et c'est la raison pour laquelle nous voterons
le projet de loi de finances rectificative ainsi amendé.
Ma première observation, c'est que le débat qui devait avoir lieu sur le
retournement et la modification de la conjoncture a été, une nouvelle fois,
escamoté. Nous le regrettons.
Ma deuxième observation, c'est que, si la loi de finances est certainement
très rigide, en raison du poids des services votés, des mesures acquises, il
reste néanmoins des marges de manoeuvre, marges de manoeuvre qui, dans la loi
de finances rectificative, s'élèvent à un peu plus de 20 milliards de francs,
les annulations étant intervenues, cette année, dès le mois de janvier.
Cela nous conforte dans notre conviction qu'une autre politique budgétaire est
possible, d'autant que les décisions qui interviennent en cours d'année vont
dans le sens de ce que nous proposons, nous, au moment du débat budgétaire,
c'est-à-dire la réduction des dépenses, la réduction du déficit et le freinage
de la croissance des dépenses publiques.
Ma troisième observation, monsieur le secrétaire d'Etat, c'est que, vraiment,
ce n'est ni le lieu ni le moment, dans un collectif budgétaire de 1998, de
présenter des dépenses qui portent sur les années 1999 et 2000 !
L'annulation de crédits, à hauteur de 2,8 milliards de francs, proposée par la
commission des finances et votée par le Sénat est donc entièrement justifiée.
Un collectif ne doit pas comporter des dépenses pour l'avenir. C'est d'ailleurs
contraire à l'ordonnance de 1959. Lesdites dépenses doivent figurer dans le
projet de loi de finances pour 1999 et, ensuite, pour respecter le principe de
l'annualité budgétaire, dans le projet de loi de finances pour l'an 2000.
Le débat d'aujourd'hui a également montré très clairement que le collectif
budgétaire était un mauvais véhicule pour la réforme fiscale. Vous l'avez
d'ailleurs reconnu, monsieur le secrétaire d'Etat, puisque, d'entrée de jeu,
vous avez déclaré qu'il valait mieux ne pas mettre dans ce collectif budgétaire
la réforme des bases cadastrales.
En revanche, d'autres textes touchant à la réforme fiscale - le statut des
journalistes, la réforme du droit de bail - ont été intégrés dans la loi de
finances rectificative. Cela a donné lieu à des textes pas très bien rédigés,
difficilement améliorables, sources de contentieux et de difficultés
d'interprétation, et sur lesquels le Sénat n'avait pas la même position que le
Gouvernement.
Pour l'avenir, il vaudrait mieux que les textes de réforme fiscale figurent
dans la loi de finances initiale ou dans des textes spécifiques de réforme
fiscale, plutôt que d'être présentés, un peu à la sauvette, il faut bien le
dire, dans les collectifs budgétaires.
Telles sont nos observations, telles sont nos conclusions et, en définitive,
telles sont toutes les raisons qui nous conduisent à voter le projet de loi de
finances rectificative tel qu'amendé par le Sénat à la suite du rapport tout à
fait remarquable de la commission des finances.
(Applaudissements sur les
travées des Républicains et Indépendants, du RPR et de l'Union
centriste.)
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Il serait discourtois, en cet instant, de commenter
les explications de vote. Aussi vais-je m'en abstenir.
Le Gouvernement a présenté un collectif budgétaire qui a respecté l'objectif
de déficit fixé il y a un an - il l'a même amélioré de 3 milliards de francs -
qui a utilisé des économies de constatation qui n'étaient pas forcément
décelables dès le début de l'année 1998, comme certains l'ont dit, pour
financer des dépenses courantes imprévues et qui a utilisé des marges fiscales
pour apurer des dettes qui existaient depuis longtemps et pour anticiper des
baisses d'impôt.
Le Sénat, dans sa majorité, a amendé ce projet conformément à son souhait
d'exprimer, avec une constance que je respecte, une autre politique dans le
domaine budgétaire. C'est son droit.
Je dirai simplement, en conclusion de ces deux jours de débat, que chacun
d'entre nous a défendu ses convictions avec ses arguments, avec un ton courtois
et avec la volonté d'améliorer certains articles lorsque cela était possible et
souhaité de part et d'autre.
J'en terminerai en remerciant le président de la commission des finances, M.
Lambert, qui a toujours fait régner la rigoureuse sagesse qui est la sienne, M.
le rapporteur général, dont le talent m'a comme d'habitude émerveillé, pour sa
connaissance détaillée de l'ensemble des dossiers complexes que nous examinons
ensemble, mais aussi les valeureux sénateurs de la minorité comme les courtois
sénateurs de la majorité.
Je ne saurais oublier, enfin, les présidents de séance, qui ont mené nos
débats dans la grande tradition de la Haute Assemblée.
(Applaudissements.)
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'ensemble du projet de loi.
En application de l'article 59 du règlement, le scrutin public est de
droit.
Il va être procédé au scrutin dans les conditions réglementaires.
(Le scrutin a lieu.)
M. le président.
Personne ne demande plus à voter ?...
Le scrutin est clos.
(Il est procédé au comptage des votes.)
M. le président.
Voici le résultat du dépouillement du scrutin n°
54:
Nombre de votants | 319 |
Nombre de suffrages exprimés | 318 |
Majorité absolue des suffrages | 160 |
Pour l'adoption | 219 |
Contre | 99 |
6
NOMINATION DE MEMBRES
D'UNE COMMISSION MIXTE PARITAIRE
M. le président.
M. le président du Sénat a reçu de M. le Premier ministre la demande de
constitution d'une commission mixte paritaire sur le texte que nous venons
d'adopter.
Il va être procédé immédiatement à la nomination de sept membres titulaires et
de sept membres suppléants de cette commission mixte paritaire.
La liste des candidats établie par la commission des finances, du contrôle
budgétaire et des comptes économiques de la nation a été affichée conformément
à l'article 12 du règlement.
Je n'ai reçu aucune opposition.
En conséquence, cette liste est ratifiée, et je proclame représentants du
Sénat à cette commission mixte paritaire :
Titulaires : MM. Alain Lambert, Philippe Marini, André Vallet, Jean-Philippe
Lachenaud, Yann Gaillard, Bernard Angels et Mme Marie-Claude Beaudeau.
Suppléants : MM. Denis Badré, Michel Charasse, Roland du Luart, Marc Massion,
Joseph Ostermann, Jacques Oudin et Jacques Pelletier.
7
DÉPÔT D'UNE RÉSOLUTION
M. le président.
J'ai reçu, en application de l'article 73
bis,
alinéa 8, du règlement,
une résolution, adoptée par la commission des affaires économiques et du Plan,
sur les propositions de règlements (CE) du Conseil relatif à la réforme de la
politique agricole commune (n° E-1052).
Cette résolution sera imprimée sous le n° 123 et distribuée.
8
DÉPÔT D'UN RAPPORT SUPPLÉMENTAIRE
M. le président.
J'ai reçu de M. Philippe François un rapport supplémentaire, fait au nom de la
commission des affaires économiques et du Plan, sur la proposition de
résolution présentée en application de l'article 73
bis
du règlement par
MM. Philippe François, Marcel Deneux, Jean-Paul Emorine, Mme Janine Bardou, MM.
Michel Barnier, Bernard Barraux, Georges Berchet, Jean Bizet, Roland Courteau,
Désiré Debavelaere, Mme Josette Durrieu, MM. Jean François-Poncet, Jean Huchon,
Jacques de Menou, Louis Minetti, Louis Moinard, Jean-Marc Pastor, Bernard
Piras, Paul Raoult, Charles Revet et Roger Rigaudière sur les propositions de
règlements (CE) du Conseil relatif à la réforme de la politique agricole
commune (n° E-1052).
Le rapport supplémentaire sera imprimé sous le n° 122 et distribué.
9
ORDRE DU JOUR
M. le président.
Voici quel sera l'ordre du jour de la prochaine séance publique, précédemment
fixée au mercredi 16 décembre 1998 :
A quinze heures :
1. Suite de la discussion en nouvelle lecture du projet de loi (n° 81,
1998-1999), modifié par l'Assemblée nationale en nouvelle lecture, relatif au
mode d'élection des conseillers régionaux et des conseillers à l'Assemblée de
Corse et au fonctionnement des conseils régionaux.
Rapport (n° 95, 1998-1999) de M. Paul Girod, fait au nom de la commission des
lois constitutionnelles, de législation, du suffrage universel, du règlement et
d'administration générale.
Aucun amendement à ce projet de loi n'est plus recevable.
A vingt et une heures trente :
2. Discussion du projet de loi constitutionnelle (n° 92, 1998-1999), adopté
par l'Assemblée nationale, modifiant les articles 88-2 et 88-4 de la
Constitution.
Rapport (n° 102, 1998-1999) de M. Pierre Fauchon, fait au nom de la commission
des lois constitutionnelles, de législation, du suffrage universel, du
règlement et l'administration générale.
Aucun amendement à ce projet de loi constitutionnelle n'est plus recevable.
Délai limite pour les inscriptions de parole dans la discussion générale :
mercredi 16 décembre 1998, à dix-sept heures.
La conférence des présidents a décidé qu'il serait procédé à un scrutin public
à la tribune lors du vote sur l'ensemble du projet de loi constitutionnelle.
Délais limites pour les inscriptions de parole et pour le dépôt des
amendements.
Sous réserve de sa transmission, nouvelle lecture du projet de loi de finances
pour 1999 :
Délai limite pour les inscriptions de parole dans la discussion générale :
jeudi 17 décembre 1998, à dix-sept heures.
Délai limite pour le dépôt des amendements : jeudi 17 décembre 1998, à
dix-sept heures.
Projet de loi, adopté avec modifications par l'Assemblée nationale en nouvelle
lecture, relatif aux animaux dangereux et errants et à la protection des
animaux (n° 111, 1998-1999) :
Délai limite pour le dépôt des amendements : lundi 21 décembre 1998, à
dix-sept heures.
Proposition de loi, adoptée par l'Assemblée nationale, relative à la
validation législative d'actes pris après avis du comité technique prioritaire
du ministère des affaires étrangères (n° 109, 1998-1999) :
Délai limite pour le dépôt des amendements : lundi 21 décembre 1998, à
dix-sept heures.
Projet de loi, modifié par l'Assemblée nationale, relatif à la protection de
la santé des sportifs et à la lutte contre le dopage (n° 75, 1998-1999) :
Délai limite pour le dépôt des amendements : lundi 21 décembre 1998, à
dix-sept heures.
Conclusion de la commission mixte paritaire ou nouvelle lecture du projet de
loi de finances rectificative pour 1998 :
Délai limite pour le dépôt des amendements : mardi 22 décembre 1998, à
dix-sept heures.
Eventuellement, deuxième lecture du projet de loi constitutionnelle modifiant
les articles 88-2 et 88-4 de la Constitution :
Délai limite pour le dépôt des amendements : mardi 22 décembre 1998, à
dix-sept heures.
Personne ne demande la parole ?...
La séance est levée.
(La séance est levée à dix-neuf heures trente.)
Le Directeur
du service du compte rendu intégral,
DOMINIQUE PLANCHON
Ordre du jour
des prochaines séances du Sénat
établi par le Sénat dans sa séance du mardi 15 décembre 1998
à la suite des conclusions de la conférence des présidents
Mercredi 16 décembre 1998 :
Ordre du jour prioritaire
A
quinze heures :
1° Suite de la nouvelle lecture du projet de loi, adopté par l'Assemblée
nationale en nouvelle lecture, relatif au mode d'élection des conseillers
régionaux et des conseillers à l'Assemblée de Corse et au fonctionnement des
conseils régionaux (n° 81, 1998-1999)
(Aucun amendement à ce projet de loi n'est plus recevable.)
A
vingt et une heures trente :
2° Projet de loi constitutionnelle, adopté par l'Assemblée nationale,
modifiant les articles 88-2 et 88-4 de la Constitution (n° 92, 1998-1999).
(La conférence des présidents a précédemment fixé :
- au mardi 15 décembre 1998, à 17 heures, le délai limite pour le dépôt des
amendements à ce projet de loi constitutionnelle ;
- à trois heures la durée globale du temps dont disposeront, dans la
discussion générale, les orateurs des divers groupes ou ne figurant sur la
liste d'aucun groupe.
L'ordre des interventions sera déterminé en fonction du tirage au sort et les
inscriptions de parole devront être faites au service de la séance, avant 17
heures, le mercredi 16 décembre 1998.)
(La conférence des présidents a précédemment décidé qu'il serait procédé à un
scrutin public à la tribune lors du vote sur l'ensemble du projet de loi
constitutionnelle.)
Jeudi 17 décembre 1998 :
A
neuf heures trente :
Ordre du jour prioritaire
1° Suite du projet de loi constitutionnelle, adopté par l'Assemblée nationale,
modifiant les articles 88-2 et 88-4 de la Constitution (n° 92, 1998-1999).
A
14 h 15,
dans la salle des séances, M. Christian Poncelet, président
du Sénat, procédera au dévoilement de la plaque commémorative à l'effigie de
Michel Debré, qui fut sénateur d'Indre-et-Loire de 1948 à 1958.
A
quinze heures
et, éventuellement, le soir :
2° Questions d'actualité au Gouvernement.
(L'inscription des auteurs de questions devra être effectuée au service de
la séance avant 11 heures.)
3° Examen d'une demande tendant à autoriser la désignation d'une mission
commune d'information sur la décentralisation.
(Les candidatures à cette mission commune d'information devront être
déposées au service des commissions au plus tard le mardi 15 décembre 1998, à
17 heures.)
Ordre du jour prioritaire
4° Suite de l'ordre du jour du matin.
Vendredi 18 décembre 1998,
à
neuf heures trente,
à
quinze
heures
et, éventuellement, le soir :
Ordre du jour prioritaire
Sous réserve de sa transmission, nouvelle lecture du projet de loi de finances
pour 1999 (AN, n° 1252).
(La conférence des présidents a fixé :
- au jeudi 17 décembre 1998, à 17 heures, le délai limite pour le dépôt des
amendements à ce projet de loi ;
- à deux heures la durée globale du temps dont disposeront, dans la discussion
générale, les orateurs des divers groupes ou ne figurant sur la liste d'aucun
groupe.
L'ordre des interventions sera déterminé en fonction du tirage au sort et les
inscriptions de parole devront être faites au service de la séance, avant 17
heures, le jeudi 17 décembre 1998.)
Mardi 22 décembre 1998 :
Ordre du jour prioritaire
A
neuf heures trente :
1° Nouvelle lecture du projet de loi, adopté avec modifications par
l'Assemblée nationale en nouvelle lecture, relatif aux animaux dangereux et
errants et à la protection des animaux (n° 111, 1998-1999).
(La conférence des présidents a fixé au lundi 21 décembre 1998, à 17
heures, le délai limite pour le dépôt des amendements à ce projet de
loi.)
2° Proposition de loi, adoptée par l'Assemblée nationale, relative à la
validation législative d'actes pris après avis du comité technique paritaire du
ministère des affaires étrangères (n° 109, 1998-1999).
(La conférence des présidents a fixé au lundi 21 décembre 1998, à 17
heures, le délai limite pour le dépôt des amendements à ce projet de
loi.)
3° Projet de loi autorisant l'approbation de l'accord d'adhésion du
Royaume de Suède à la convention d'application de l'accord de Schengen du 14
juin 1985 relatif à la suppression graduelle des contrôles aux frontières
communes (n° 571, 1997-1998).
4° Projet de loi autorisant l'approbation de l'accord d'adhésion de la
République de Finlande à la convention d'application de l'accord de Schengen du
14 juin 1985 relatif à la suppression graduelle des contrôles aux frontières
communes (n° 570, 1997-1998).
5° Projet de loi autorisant l'approbation de l'accord d'adhésion du Royaume de
Danemark à la convention d'application de l'accord de Schengen du 14 juin 1985
relatif à la suppression graduelle des contrôles aux frontières communes (n°
569, 1997-1998).
6° Projet de loi autorisant l'approbation de l'accord de coopération entre le
Royaume de Belgique, la République fédérale d'Allemagne, la République
française, le Grand-Duché de Luxembourg, le Royaume des Pays-Bas, la République
italienne, le Royaume d'Espagne, la République portugaise, la République
hellénique, la République d'Autriche, le Royaume de Danemark, la République de
Finlande, le Royaume de Suède, parties contractantes à l'accord et à la
convention de Schengen, et la République d'Islande et le Royaume de Norvège
relatif à la suppression des contrôles aux frontières communes (ensemble une
annexe) (n° 568, 1997-1998).
(La conférence des présidents a décidé que ces quatre projets de loi
feraient l'objet d'une discussion générale commune.)
7° Projet de loi autorisant la ratification de l'accord de partenariat et
de coopération entre les Communautés européennes et leurs Etats membres, d'une
part, et la République d'Azerbaïdjan, d'autre part (n° 561, 1997-1998).
8° Projet de loi autorisant la ratification de l'accord de partenariat et de
coopération entre les Communautés européennes et leurs Etats membres, d'une
part, et la République d'Ouzbékistan, d'autre part (n° 562, 1997-1998).
9° Projet de loi autorisant la ratification de l'accord de partenariat et de
coopération entre les Communautés européennes et leurs Etats membres, d'une
part, et la République d'Arménie, d'autre part (n° 563, 1997-1998).
10° Projet de loi autorisant la ratification de l'accord de partenariat et de
coopération entre les Communautés européennes et leurs Etats membres, d'une
part, et la Géorgie, d'autre part (n° 564, 1997-1998).
(La conférence des présidents a décidé que ces quatre projets de loi
feraient l'objet d'une discussion générale commune.)
11° Projet de loi autorisant la ratification du traité d'entente, d'amitié et
de coopération entre la République française et la République de Géorgie (n°
399, 1997-1998).
12° Projet de loi autorisant l'approbation du cinquième protocole (services
financiers) annexé à l'accord général sur le commerce des services (n° 22,
1998-1999).
13° Projet de loi autorisant l'approbation de la convention entre le
Gouvernement de la République française, le Gouvernement de la République
fédérale d'Allemagne et le Gouvernement du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et
d'Irlande du Nord relative aux personnels scientifiques de l'institut
Max-von-Laue - Paul-Langevin (n° 446, 1997-1998).
14° Projet de loi autorisant l'approbation de la convention d'établissement
entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement de la
République togolaise (n° 560, 1997-1998).
15° Projet de loi autorisant l'approbation de la convention d'entraide
judiciaire en matière pénale entre le Gouvernement de la République française
et le Gouvernement de Hong Kong (n° 371, 1997-1998).
16° Projet de loi autorisant l'approbation de l'accord entre le Gouvernement
de la République française et le Conseil fédéral suisse en vue de compléter la
Convention européenne d'entraide judiciaire en matière pénale du 20 avril 1959
(n° 537, 1997-1998).
17° Projet de loi autorisant l'approbation de la convention d'assistance
administrative mutuelle entre le Gouvernement français et le Gouvernement
macédonien pour la prévention, la recherche, la constatation et la sanction des
infractions douanières (n° 32, 1998-1999).
18° Projet de loi autorisant l'approbation de la convention d'assistance
administrative mutuelle entre le Gouvernement de la République française et le
Gouvernement de la Fédération de Russie pour la prévention, la recherche et la
poursuite des fraudes douanières (n° 33, 1998-1999).
19° Projet de loi autorisant l'approbation de la convention d'assistance
administrative mutuelle en matière douanière entre le Gouvernement de la
République française et le Gouvernement de la République hongroise (n° 34,
1998-1999).
20° Projet de loi autorisant l'approbation de la convention entre le
Gouvernement de la République française et le Gouvernement de l'Ukraine en vue
d'éviter les doubles impositions et de prévenir l'évasion et la fraude fiscales
en matière d'impôts sur le revenu et sur la fortune (ensemble un protocole) (n°
558, 1997-1998).
A
quinze heures :
21° Deuxième lecture du projet de loi, modifié par l'Assemblée nationale,
relatif à la protection de la santé des sportifs et à la lutte contre le dopage
(n° 75, 1998-1999).
(La conférence des présidents a fixé au lundi 21 décembre 1998, à 17
heures, le délai limite pour le dépôt des amendements à ce projet de
loi.)
Mercredi 23 décembre 1998 :
Ordre du jour prioritaire
A
neuf heures trente :
1° Deuxième lecture du projet de loi, adopté avec modifications par
l'Assemblée nationale en deuxième lecture, portant règlement définitif du
budget pour 1995 (n° 96, 1998-1999) ;
2° Conclusions de la commission mixte paritaire ou nouvelle lecture du projet
de loi de finances rectificative pour 1998.
(La conférence des présidents a fixé au mardi 22 décembre 1998, à 17
heures, le délai limite pour le dépôt des amendements à ce projet de
loi.)
A
quinze heures :
3° Eventuellement, deuxième lecture du projet de loi constitutionnelle
modifiant les articles 88-2 et 88-4 de la Constitution ;
(La conférence des présidents a fixé au mardi 22 décembre 1998, à 17
heures, le délai limite pour le dépôt des amendements à ce projet de loi
constitutionnelle.
La conférence des présidents a décidé qu'il serait procédé à un scrutin public
ordinaire lors du vote sur l'ensemble du projet de loi
constitutionnelle.)
Mardi 19 janvier 1999 :
A
neuf heures trente :
1° Dix-huit questions orales sans débat (l'ordre d'appel des questions
sera fixé ultérieurement) :
- n° 353 de Mme Anne Heinis à M. le ministre de l'équipement, des transports
et du logement (Effets des délinéateurs sur la sécurité routière) ;
- n° 363 de M. Michel Duffour à M. le ministre de l'économie, des finances et
de l'industrie (Devenir du Centre national des télécommunications) ;
- n° 372 de M. Philippe Richert à M. le ministre de l'équipement, des
transports et du logement (Distorsions de concurrence dans le domaine des
transports) ;
- n° 373 de M. Patrick Lassourd à M. le secrétaire d'Etat au logement (Système
de perception du supplément de loyer de solidarité) ;
- n° 374 de M. Christian Demuynck à M. le ministre de l'équipement, des
transports et du logement (Prolongement de la ligne de tramway n° 1 entre
Bobigny et la gare de Noisy-le-Sec) ;
- n° 376 de M. Daniel Eckenspieller à M. le ministre de la défense (Avenir des
jeunes bénéficiant d'un report d'incorporation) ;
- n° 377 de M. Roland Courteau à M. le ministre de l'équipement, des
transports et du logement (Calendrier de réalisation du TGV
Perpignan-Barcelone) ;
- n° 378 de M. Francis Giraud à M. le secrétaire d'Etat à la santé et à
l'action sociale (Situation des médecins rapatriés d'Algérie au regard de
l'assurance vieillesse) ;
- n° 381 de M. René-Pierre Signé à M. le ministre de l'agriculture et de la
pêche (Création d'un BTS aquacole au lycée agricole de Château-Chinon) ;
- n° 383 de M. Jean-Paul Hugot à M. le ministre de l'économie, des finances et
de l'industrie (Régime fiscal des établissements d'enseignement supérieur
privés) ;
- n° 384 de M. Xavier Darcos à M. le ministre de l'équipement, des transports
et du logement (Construction de l'autoroute A 89 Bordeaux-Clermont-Ferrand)
;
- n° 385 de M. Alain Dufaut à M. le ministre de l'économie, des finances et de
l'industrie (Régime fiscal des associations organisatrices de spectacles) ;
- n° 386 de M. Franck Sérusclat à M. le ministre de l'économie, des finances
et de l'industrie (Prélèvement de la taxe d'habitation) ;
- n° 387 de M. Hubert Durand-Chastel à M. le ministre délégué à la coopération
et à la francophonie (Réciprocité et respect des accords bilatéraux en Côte
d'Ivoire) ;
- n° 388 de M. Bernard Murat à M. le ministre de l'éducation nationale, de la
recherche et de la technologie (Réforme des heures complémentaires des
enseignants) ;
- n° 389 de Mme Marie-Claude Beaudeau à M. le ministre de l'économie, des
finances et de l'industrie (Suppression des ventes hors taxes) ;
- n° 390 de M. Nicolas About à M. le ministre de l'économie, des finances et
de l'industrie (Mise en oeuvre de l'instruction budgétaire et comptable M 14)
;
- n° 393 de M. Georges Mouly à M. le ministre de l'équipement, des transports
et du logement (Désenclavement du Limousin).
A
seize heures :
Ordre du jour prioritaire
2° Projet de loi d'orientation agricole, adopté par l'Assemblée nationale
après déclaration d'urgence (n° 18, 1998-1999).
(La conférence des présidents a fixé :
- au mardi 19 janvier 1999, à 11 heures, le délai limite pour le dépôt des
amendements à ce projet de loi ;
- à quatre heures la durée globale du temps dont disposeront, dans le débat,
les orateurs des divers groupes ou ne figurant sur la liste d'aucun
groupe.
L'ordre des interventions sera déterminé en fonction du tirage au sort et les
inscriptions de parole devront être faites au service de la séance, avant 17
heures, le lundi 18 janvier 1999.)
Mercredi 20 janvier 1999 :
Ordre du jour prioritaire
A
quinze heures
et le soir :
Suite du projet de loi d'orientation agricole, adopté par l'Assemblée
nationale après déclaration d'urgence (n° 18, 1998-1999).
M. Pierre Joxe, premier président de la Cour des comptes, déposera à 17 h 30
sur le bureau du Sénat le rapport annuel de la Cour des comptes.
Jeudi 21 janvier 1999 :
Ordre du jour prioritaire
A
neuf heures trente :
1° Suite du projet de loi d'orientation agricole, adopté par l'Assemblée
nationale après déclaration d'urgence (n° 18, 1998-1999).
A
quinze heures
et le soir :
2° Questions d'actualité au Gouvernement.
(L'inscription des auteurs de questions devra être effectuée au service de
la séance, avant 11 heures.)
3° Suite de l'ordre du jour du matin.
Mardi 26 janvier 1999 :
Ordre du jour prioritaire
A
dix heures trente
et à
seize heures :
Sous réserve de sa transmission, projet de loi constitutionnelle relatif à
l'égalité entre les femmes et les hommes (AN, n° 985).
(La conférence des présidents a fixé :
- au lundi 25 janvier 1999, à 17 heures, le délai limite pour le dépôt des
amendements à ce projet de loi constitutionnelle ;
- à quatre heures la durée globale du temps dont disposeront, dans le débat,
les orateurs des divers groupes ou ne figurant sur la liste d'aucun
groupe.
L'ordre des interventions sera déterminé en fonction du tirage au sort et les
inscriptions de parole devront être faites au service de la séance, avant 17
heures, le lundi 25 janvier 1999.
(La conférence des présidents a décidé qu'il serait procédé à un scrutin
public à la tribune lors du vote sur l'ensemble du projet de loi
constitutionnelle.)
Mercredi 27 janvier 1999 :
Ordre du jour prioritaire
A
quinze heures :
1° Eventuellement, suite du projet de loi d'orientation agricole, adopté par
l'Assemblée nationale après déclaration d'urgence (n° 18, 1998-1999).
2° Sous réserve de sa transmission, projet de loi portant prorogation des
mandats des membres des conseils consultatifs et des conseils d'orientation et
de surveillance des caisses d'épargne et de prévoyance (AN, n° 1243).
(La conférence des présidents a fixé au mardi 26 janvier 1999, à 17 heures,
le délai limite pour le dépôt des amendements à ce projet de loi.)
3° Sous réserve de sa transmission, projet de loi créant le Conseil national
des communes « Compagnon de la Libération » (AN, n° 11).
(La conférence des présidents a fixé au mardi 26 janvier 1999, à 17 heures,
le délai limite pour le dépôt des amendements à ce projet de loi.)
Jeudi 28 janvier 1999 :
Ordre du jour établi en application de l'article 48,
troisième alinéa, de la Constitution
A
neuf heures trente :
1° Question orale avec débat n° 8 de M. Paul Masson à M. le Premier ministre
sur le redéploiement des forces de sécurité.
(En application des premier et deuxième alinéas de l'article 82 du
règlement, la conférence des présidents à fixé à trois heures la durée globale
du temps dont disposeront, dans le débat sur cette question, les orateurs des
divers groupes ou ne figurant sur la liste d'aucun groupe ;
L'ordre des interventions sera déterminé en fonction du tirage au sort auquel
il a été procédé au début de la session et les inscriptions de parole devront
être faites au service de la séance, avant 17 heures, le mercredi 27 janvier
1999.)
A
quinze heures :
2° Conclusions de la commission des affaires économiques (n° 502,
1997-1998) sur :
- la proposition de loi de M. Jean-Luc Bécart et plusieurs de ses collègues
tendant à frapper de nullité d'ordre public toute clause de mutation
immobilière exonérant les exploitants de mines de leur responsabilité en
matière de dommages liés à leur activité minière (n° 220, 1996-1997) ;
- la proposition de loi de M. Claude Huriet et plusieurs de ses collègues
complétant le code minier (n° 298 rectifié, 1996-1997) ;
- la proposition de loi de Mme Gisèle Printz et des membres du groupe
socialiste et apparentés relative à la prévention des risques miniers après la
fin de l'exploitation (n° 229, 1997-1998) ;
- la proposition de loi de Mme Gisèle Printz et des membres du groupe
socialiste et apparentés relative à la responsabilité des dommages liés à
l'exploitation minière (n° 235 rectifié, 1997-1998) ;
- la proposition de loi de M. Jean-Paul Delevoye et plusieurs de ses collègues
relative à la responsabilité en matière de dommages consécutifs à
l'exploitation minière (n° 247, 1997-1998) ;
- la proposition de loi de M. Jean-Paul Delevoye et plusieurs de ses collègues
relative à la prévention des risques miniers après la fin de l'exploitation (n°
248, 1997-1998).
(La conférence des présidents a fixé :
- au mercredi 27 janvier 1999, à 17 heures, le délai limite pour le dépôt des
amendements à ces conclusions ;
- à deux heures la durée globale du temps dont disposeront, dans la discussion
générale, les orateurs des divers groupes ou ne figurant sur la liste d'aucun
groupe ;
L'ordre des interventions sera déterminé en fonction du tirage au sort auquel
il a été procédé au début de la session et les inscriptions de parole devront
être faites au service de la séance, avant 17 heures, le mercredi 27 janvier
1999.)
3° Proposition de loi de M. Alain Vasselle relative à l'amélioration de la
prise en charge des personnes atteintes de démence sénile et, en particulier,
de la maladie d'Alzheimer (n° 210, 1997-1998).
A N N E X E
Questions orales sans débat inscrites à l'ordre du jour
du mardi 19 janvier 1999
N° 353. - Mme Anne Heinis attire l'attention de M. le ministre de
l'équipement, des transports et du logement sur l'implantation de délinéateurs
sur la RN 13. Il s'agit de balises munies de dispositifs réfléchissants blancs
placés le long d'une route dont elles matérialisent le tracé. Ces équipements
ont été implantés de façon relativement systématique il y a quelques années,
puis ont été supprimés. La direction départementale de l'équipement,
interrogée, a répondu que si ces délinéateurs amélioraient le confort des
usagers, notamment par temps de pluie et (ou) de brouillard, ils favorisaient
une vitesse plus élevée et pouvaient donc avoir des effets globalement négatifs
sur la sécurité, alors que leur maintenance génère des contraintes et des
coûts. Les usagers sont nombreux et ont formé pétition, estimant au contraire
que ces équipements améliorent la sécurité la nuit, par temps de pluie et de
brouillard, sur des sections de route considérées comme dangereuses, alors que
de nombreux projets coûteux sont à l'étude pour diminuer le nombre d'accidents
mortels. Elle lui demande quel est son avis sur cette question et si des études
sérieuses ont réellement été menées pour apprécier l'effet des délinéateurs sur
la sécurité routière.
N° 363. - M. Michel Duffour attire l'attention de M. le ministre de
l'économie, des finances et de l'industrie sur les incertitudes quant au
devenir du Centre national des télécommunications (CNET). Depuis plus de
cinquante ans, cet organisme public a, de par ses missions, permis d'assurer
l'indépendance technologique de notre pays en aidant aux développements de
nouvelles technologies de pointe. Dans les deux sites des Hauts-de-Seine,
Issy-les-Moulineaux et Bagneux, des missions ont été abandonnées, des
fermetures d'équipements et de laboratoires sont programmées. Tout retard pris
dans le domaine du développement des technologies permettant d'élargir la
capacité de produire, de diffuser et de partager l'information risque de
pénaliser lourdement l'avenir de notre pays. Ces décisions, si elles devaient
se confirmer, se traduiraient par des suppressions d'emplois, annoncées par la
direction et refusées par les personnels et leurs syndicats. Aussi, il lui
demande de lui faire connaître les mesures et les initiatives que le
Gouvernement compte prendre pour assurer le potentiel technologique du CNET, la
pérennité de ses établissements, le maintien de ses emplois et pour répondre
aux demandes de concertation des personnels.
N° 372. - M. Philippe Richert souhaite attirer l'attention de M. le ministre
de l'équipement, des transports et du logement sur les importantes distorsions
de concurrence existant au sein de l'Union européenne dans le domaine du
transport de voyageurs, du fait des législations sociales, fiscales et
techniques très disparates d'un pays de l'Union à l'autre. Ainsi, tandis qu'en
France la journée de travail ne peut excéder douze heures, aucune limite de
temps n'est prévue dans le règlement social européen. Dans un autre registre,
la longueur maximale des véhicules en France est de 12 mètres, alors qu'elle
est de 15 mètres en Allemagne, en Belgique et aux Pays-Bas. Enfin, les
transporteurs français effectuant des voyages en Allemagne sont tenus
d'acquitter une taxe sur la valeur ajoutée de 16 %, alors que les transporteurs
allemands sont exonérés de la TVA française lors de leur passage sur notre
territoire. Ces disparités, combinées à de nombreuses autres, pénalisent
lourdement les transporteurs français par rapport à leurs homologues européens
et, en particulier, les sociétés de transports des régions frontalières comme
l'Alsace. Alors que le marché unique en matière de transport routier est entré
en vigueur le 1er juillet dernier, permettant aux transporteurs européens de
répondre aux appels d'offres des collectivités partout au sein de l'Union
européenne, les compagnies de transport de voyageurs allemandes peuvent
proposer des prix très compétitifs par rapport à ceux pratiqués par leurs
collègues français : 9 000 francs par exemple, pour le transport de 90
personnes entre Strasbourg et Paris, contre 15 000 francs en France. Il leur
est d'autant plus facile d'afficher des tarifs aussi bas que le gouvernement
allemand leur verse des subventions d'un montant de 160 000 DM (540 000 francs)
lorsqu'elles assurent des transports réguliers ou scolaires. Il lui demande si
ces problèmes de distorsion de concurrence, spécifiques au transport routier de
voyageurs dans les zones transfrontalières, sont pris en compte dans le cadre
des négociations menées actuellement au niveau communautaire et visant à
harmoniser les législations des pays de l'Union européenne en matière de
transport routier.
N° 373. - M. Patrick Lassourd alerte M. le secrétaire d'Etat au logement sur
les effets pervers provoqués par la « bureaucratisation » du système de
perception du supplément de loyer de solidarité (SLS). Le principe très
légitime du SLS visait à l'origine à faire contribuer ceux des locataires du
parc social dont les ressources avaient sensiblement augmenté depuis leur
entrée dans le parc HLM. Toutefois, les coûts des enquêtes annuelles,
l'adaptation permanente des outils de gestion des organismes, la complexité et
l'encadrement toujours plus important du dispositif ont progressivement affecté
le sens même du SLS. Vidé de sa substance, le système ne remplit plus son rôle
initial d'équité sociale. Le relèvement récent des plafonds de ressources, qui
a limité encore le nombre d'assujettis, ainsi que le décret d'application de la
loi d'orientation n° 98-657 du 29 juillet 1998 relative à la loi contre les
exclusions, prévoyant le plafonnement du coefficient de dépassement du plafond
de ressources, alourdissent encore davantage le dispositif. Il lui demande donc
si on ne pourrait pas laisser aux conseils d'administration des organismes HLM
le soin de déterminer le montant plafond de ce SLS au regard des services
rendus et des loyers du parc privé sur le même territoire géographique.
N° 374. - M. Christian Demuynck attire l'attention de M. le ministre de
l'équipement, des transports et du logement sur le projet de prolongement de la
ligne de tramway n° 1 de Bobigny jusqu'à la gare de Noisy-le-Sec. Ce projet est
actuellement bloqué par faute de majorité au conseil régional, permettant
d'octroyer les crédits nécessaires aux travaux. Il subsiste en effet un
contentieux majeur sur la définition du tracé, tant à Bobigny qu'à
Noisy-le-Sec, puisque deux projets ont été proposés, l'un par la Régie autonome
des transports parisiens (RATP), la direction départementale de l'équipement
(DDE) et le Syndicat des transports parisiens (STP), et l'autre par une
association locale de protection des riverains, dont le projet a d'ailleurs été
validé par les autorités techniques compétentes. De plus, il est moins cher que
le projet officiel et préserve totalement l'emploi, l'activité économique, la
sécurité des riverains et des écoliers. Aujourd'hui, deux hypothèses s'offrent
à l'Etat : le gel définitif du dossier par faute de crédits compte tenu de la
position de la majorité au conseil régional d'Ile-de-France, défavorable au
tracé initial du fait du manque de concertation entre les pouvoirs publics et
les associations et riverains locaux ; le déblocage rapide du dossier
conformément à l'intérêt général qui suppose une réouverture des négociations
entre la RATP et les habitants avec mise en oeuvre du projet alternatif. Il lui
demande quelle hypothèse est d'ores et déjà retenue.
N° 376. - M. Daniel Eckenspieller attire l'attention de M. le ministre de la
défense sur la situation des jeunes gens qui ont bénéficié des dispositions de
la loi n° 97-1019 du 28 octobre 1997 portant réforme du service national.
L'article L. 5
bis
A du code du service national prévoit que les jeunes
gens titulaires d'un contrat de travail de droit privé à durée déterminée
peuvent bénéficier d'un report d'incorporation d'une durée de deux ans pouvant
être prolongée. Les commissions instituées dans chaque région - afin
d'apprécier si l'incorporation immédiate du demandeur a pour conséquence de
compromettre son insertion professionnelle ou la réalisation d'une première
expérience professionnelle - viennent de rendre les premières décisions
accordant de tels reports. Plusieurs interrogations demeurent toutefois
s'agissant de l'implication de ce dispositif législatif pour les jeunes qui
viennent d'obtenir ce report. Dans deux ans, ils demanderont de nouveau le
bénéfice de l'article L. 5
bis
A du code du service national, à quelles
conditions leur sera-t-il accordé ? La situation professionnelle des jeunes au
sein de l'entreprise qui les emploie sera-t-elle considérée comme suffisamment
stable pour garantir une insertion professionnelle réelle et durable ? En tout
état de cause, ils devront théoriquement effectuer tôt ou tard leur service
militaire. Mais ne serait-il pas paradoxal, voire inopportun, de rappeler sous
les drapeaux des individus qui pourraient alors être âgés de plus de trente
ans, et souvent soutiens de famille, alors que la phase de transition vers
l'armée professionnelle devrait être achevée en 2002 ? En conséquence, il lui
demande de clarifier la portée de la loi pour ces jeunes gens.
N° 377. - M. Roland Courteau attire l'attention de M. le ministre de
l'équipement, des transports et du logement sur un nombre d'informations
particulièrement inquiétantes faisant état de la remise en cause du calendrier
de réalisation de la ligne nouvelle à grande vitesse sur le tronçon
Perpignan-Barcelone. Il lui rappelle que, lors des débats sur la ratification
de l'accord franco-espagnol au Parlement pour la construction de cette ligne
entre Figueras et Perpignan, la date de mise en service en 2004 avait été
annoncée à plusieurs reprises. Tout en lui indiquant qu'il s'agit là d'un
maillon essentiel du projet TGV Languedoc-Roussillon, sur l'axe
Londres-Paris-Montpellier-Barcelone-Madrid-Séville, reconnu à la fois comme le
plus européen des projets européens, le plus rentable et le plus porteur de
développement économique, il lui demande de lui apporter toutes précisions sur
l'évolution de ce dossier (depuis la date de ratification du traité
franco-espagnol), les différentes phases mises en oeuvre à ce jour, ainsi que
le calendrier précis de réalisation des travaux et de mise en service.
N° 378. - M. Francis Giraud appelle l'attention de M. le secrétaire d'Etat à
la santé et à l'action sociale sur la situation des médecins rapatriés
d'Algérie au regard de l'assurance volontaire vieillesse. Il lui rappelle qu'à
ce jour la prise en compte des dix années d'activité professionnelle pourtant
effectuées sous conventionnement par ces praticiens avant leur réintégration en
métropole demeure en suspens. En effet, des conditions équitables de rachat de
points ne leur sont pas proposées. En se référant aux propos tenus devant
l'Assemblée nationale, le 9 novembre 1998, il lui demande quelles démarches ont
été entreprises pour régler ce dossier. Il lui serait reconnaissant de bien
vouloir lui confirmer notamment que les conditions de rachat de points par les
intéressés seront bien celles fixées en 1962, lors de la création de
l'assurance volontaire vieillesse. Enfin, peut-il lui indiquer à quelle date
les intéressés peuvent escompter bénéficier de la totalité de leurs droits à la
retraite ?
N° 381. - M. René-Pierre Signé attire l'attention de M. le ministre de
l'agriculture et de la pêche sur un projet de création de brevet de technicien
supérieur aquacole (BTS) au lycée agricole de Château-Chinon. La direction
régionale de l'agriculture et de la forêt de Bourgogne a présenté, en octobre
1998, la candidature du lycée professionnel agricole du Morvan de
Château-Chinon pour bénéficier de l'ouverture d'un BTS aquacole. Cette
candidature était le voeu n° 1 de la direction régionale de l'agriculture et de
la forêt de Bourgogne. La sous-direction de la politique des formations
pédagogiques et programmes l'a classé comme voeu n° 3. Les remarques sont les
suivantes ; à ce stade, le projet n'a pas reçu l'aval de la sous-direction pour
la raison principale suivante : le statut du lycée professionnel agricole en
lui-même (lycée professionnel) ne permet pas d'avoir des classes de brevet de
technicien supérieur agricole ; seul un changement de statut en lycée
d'enseignement général et technique (LEGTA) permet d'obtenir un BTSA mais en
Bourgogne, ces cinq dernières années, les LPA de Semur-en-Auxois, de
Châtillon-sur-Seine et de Plombières-lès-Dijon sont devenus des LEGTA par
création, semble-t-il, d'un cycle BTSA ; il est prévu dans la loi d'orientation
agricole que, d'ici à cinq ans, les LPA et LEGTA se regrouperont en un seul
type de lycée ; la décision ne concerne donc pas le projet pédagogique. C'est
une décision politique à prendre pour l'évolution du lycée et en fait pour
l'aménagement du territoire. Le LPA du Morvan développe un enseignement pour
une agriculture particulière qui a une spécificité et une authenticité. Il
mérite donc d'être soutenu pour qu'il puisse jouer pleinement son rôle d'appui
en soutien de cette agriculture fragile. Ajouter à l'enseignement dispensé un
BTS aquacole, dans ce pays d'eaux vives et de lacs, semble une demande
justifiée.
N° 383. - M. Jean-Paul Hugot appelle l'attention de M. le ministre de
l'économie, des finances et de l'industrie sur les conséquences de
l'application de l'instruction fiscale du 15 septembre 1998 portant sur le
régime fiscal des organismes sans but lucratif aux établissements
d'enseignement supérieur privé organisés en association et régis par la loi du
1er juillet 1901. Il souhaite connaître les intentions du Gouvernement pour
contrecarrer la menace évidente contre la liberté d'enseignement, et donc
contre l'équilibre de l'enseignement supérieur français, qu'entraînerait
l'application de cette instruction à ces établissements.
N° 384. - M. Xavier Darcos attire l'attention de M. le ministre de
l'équipement, des transports et du logement sur le retard apporté à la
réalisation de l'autoroute A 89 Bordeaux-Clermont-Ferrand. Les travaux de cette
autoroute, d'une longueur de 288 kilomètres - dont 111 kilomètres affectant
directement la Dordogne et traversant 90 communes -, devraient débuter selon un
échéancier prévu entre le deuxième trimestre 1996 et l'été 1998. Or, le dernier
bulletin de septembre 1998, publié par la Société des autoroutes du sud de la
France et intitulé
Le Journal de l'autoroute A 89 Bordeaux-Clermont-Ferrand,
précise : « Il n'y a plus aucun calendrier de retenu pour l'axe
Mussidan-Brive, alors que celui-ci n'était déjà pas respecté. » En conséquence,
préoccupé par l'actuel enclavement de la Dordogne, il souhaite connaître le
détail des engagements financiers précis retenus par le ministère afin que le
retard constaté pour le financement de l'autoroute A 89 ne pénalise davantage
les Périgourdins.
N° 385. - M. Alain Dufaut attire l'attention de M. le ministre de l'économie,
des finances et de l'industrie sur les préoccupations exprimées par les
responsables des associations organisatrices de spectacles au regard des
conséquences de la réforme du régime fiscal des associations. En effet,
l'instruction du 15 septembre 1998, dont le louable objectif est de clarifier
la fiscalité des structures issues de la loi de 1901, suscite toutefois un
certain nombre d'interrogations pour le cas particulier de ces associations
gérant des théâtres locaux ou des festivals et bénéficiant à ce titre de
subventions des collectivités publiques. Il est permis de s'interroger, en
particulier, sur la qualification juridique de leurs activités. Si ces
associations sont reconnues comme étant à but lucratif, elles verront leurs
excédents assujettis à l'impôt sur les sociétés au taux de 36,66 %. Dans le
cas, par contre, où elles seraient considérées à but non lucratif, les impôts
et taxes qu'elles auraient à acquitter se révéleraient sans doute encore plus
importants, le remboursement des crédits de taxe sur la valeur ajoutée (TVA)
devenant impossible et les taxes sur les salaires augmentant alors
sensiblement. En tout état de cause, cette situation risque de remettre en
cause l'existence même de ces structures, ce qui entre assurément en
contradiction avec l'esprit ayant présidé à l'élaboration de l'instruction
précitée. Et, une nouvelle fois, ce sont les collectivités locales qui
constateront un désengagement de l'Etat à leur détriment, puisque celles-ci
seront sans doute condamnées à abonder le budget des théâtres et festivals.
Aussi, il souhaiterait connaître sa position sur ce problème et les mesures
qu'il envisage de prendre pour le résoudre.
N° 386. - M. Franck Sérusclat interroge M. le ministre de l'économie, des
finances et de l'industrie sur les modalités du prélèvement de la taxe
d'habitation au sein d'un couple. Après réception de la demande de paiement de
la taxe d'habitation pour le logement occupé en commun par les deux membres
d'un couple marié (sous le régime matrimonial de la séparation des biens),
adressée à « M. ou Mme X », demande à laquelle était accroché un RIB au nom et
numéro de compte de Mme X, cette dernière le renvoie dûment signé. Or, le
montant de la taxe est prélevé automatiquement sur le compte chèque postal de
M. X. Devant l'étonnement de ce dernier et lors de son appel aux services
concernés, il lui est répondu que c'est au « chef de famille » de payer. Il
l'interroge sur cette pratique qui peut conduire à une situation de découvert
alors que tout avait été prévu pour l'éviter ; remet en cause le régime
matrimonial de la séparation des biens ; revient, pour les services concernés,
à prélever l'argent « où cela les arrange » alors qu'un accord signé a été
donné pour un compte précis.
N° 387. - M. Hubert Durand-Chastel attire l'attention de M. le ministre
délégué à la coopération et à la francophonie sur les conditions de délivrance
des cartes de résident pour étrangers en Côte d'Ivoire et leurs conséquences
pour la communauté française de ce pays. Un décret du 4 août 1998 du
gouvernement ivoirien a, en effet, triplé le coût de la carte de résident des
ressortissants étrangers, passant de 50 000 francs CFA à 150 000 francs CFA,
soit 1 500 francs français. Bien que le ministre des affaires étrangères
ivoirien ait indiqué que ces dispositions ne sont pas applicables aux
ressortissants de la République française, et ce jusqu'aux réunions
franco-ivoiriennes prévues à la mi-décembre 1998, les commissariats n'étant pas
avisés exigent cette somme de nos compatriotes. Cela intervient dans un
contexte où les Français sont contraints de renouveler tous les ans leur carte
de résident, en contradiction avec les accords bilatéraux en vigueur. Ainsi, la
convention conclue entre la République de Côte d'Ivoire et la République
française sur la circulation des personnes, signée à Paris le 8 octobre 1976
(décret du 9 juin 1977), prévoit à l'article 6 qu'à l'issue de la première
délivrance de carte de résident d'un an les titulaires de ces cartes peuvent
obtenir des cartes de résident valables trois ans renouvelables. Egalement, le
décret du 29 mai 1990 portant application de la loi relative à l'entrée et au
séjour des étrangers en Côte d'Ivoire (publiée au
Journal officiel
de la
République de Côte d'Ivoire du 9 août 1990) stipule en son article 2 que, pour
les ressortissants de la République française ayant au moins un an de séjour en
RCI, le renouvellement se fera tous les trois ans. Or nos compatriotes ont dû
renouveler leur carte de résident tous les ans. Au vu de ces faits
préjudiciables à nos compatriotes, il lui demande s'il compte intervenir
vigoureusement auprès du gouvernement ivoirien afin que la réciprocité soit
respectée et que les accords bilatéraux soient enfin appliqués.
N° 388. - M. Bernard Murat attire l'attention de M. le ministre de l'éducation
nationale, de la recherche et de la technologie sur la publication, par son
cabinet, d'un document de cadrage relatif à la gestion des
enseignants-chercheurs et des enseignants et à la reconnaissance de leurs
fonctions. Ce document prévoit que le nombre d'heures complémentaires par
enseignant serait ramené, sur une période de trois ans, à 50 au maximum par an.
Ce document précise que les heures complémentaires n'ont pas vocation à être
effectuées par des enseignants-chercheurs, sauf à permettre des ajustements à
la marge. Elles doivent retrouver leur finalité, qui est l'intervention de
professionnels ou de personnalités extérieures dans les cursus
professionnalisés. La démarche adoptée serait, dans un premier temps, de
limiter les heures complémentaires afin de dégager les besoins ; puis, dans un
second temps, d'envisager des créations de poste afin de couvrir ces besoins.
Or, même s'il est certain qu'une intervention devient urgente en matière
d'heures complémentaires, les besoins sont déjà appréciables et cette démarche
risque de conduire à une dégradation des enseignements. Aussi, il lui demande
s'il ne serait pas plus opportun d'inverser la procédure en créant d'abord des
postes puis en limitant le nombre des heures complémentaires.
N° 389. - Mme Marie-Claude Beaudeau demande à M. le ministre de l'économie,
des finances et de l'industrie de lui exposer les moyens envisagés de modifier
la loi n° 92-677 du 17 juillet 1992, afin que la directive du Conseil des
Communautés européennes (CEE) N. 91-680 complétant le système commun de la taxe
sur la valeur ajoutée et modifiant, en vue de la suppression des contrôles aux
frontières, la directive (CEE) N. 77-388 et la directive (CEE) N. 92-12
relative au régime général, à la détention, à la circulation et au contrôle des
produits soumis à accise, ne s'applique pas. Elle attire plus particulièrement
son attention sur les effets négatifs de la suppression des ventes hors taxes
menaçant 140 000 emplois en Europe, 14 000 en France, dont 3 700 sur le seul
littoral calaisien.
N° 390. - M. Nicolas About attire l'attention de M. le ministre de l'économie,
des finances et de l'industrie sur la récente publication, au
Journal
officiel,
des derniers décrets relatifs à l'instruction budgétaire et
comptable M 14 des collectivités locales. Cette publication, beaucoup trop
tardive, va fortement pénaliser les communes qui ont fait le choix, depuis
plusieurs années, de voter leur budget au mois de décembre. Elles seront
pénalisées car elles n'auront pas les moyens matériels de s'adapter. Le simple
travail d'adaptation des logiciels informatiques réclamera en moyenne 50 jours
pour les sociétés prestataires de services. Les nouvelles maquettes budgétaires
ne seront donc pas disponibles avant le mois de février 1999 ! Les communes qui
auront voté leur budget en décembre, sur la base de la précédente nomenclature,
devront donc transposer leur budget dans sa nouvelle version, annuler celui de
décembre et revoter le budget primitif pour 1999, et ce avant le 31 mars 1999.
A titre de curiosité, il serait intéressant de savoir comment les communes, et
notamment celles qui ont moins de 5 000 habitants, pourront, dans un laps de
temps si court, gérer la période de transition de trois mois que leur concède
l'Etat. Au-delà des difficultés matérielles qui vont inévitablement se poser,
il dénonce les changements perpétuels de nomenclature que l'Etat fait subir aux
collectivités locales depuis dix ans. Bien sûr, il est louable de vouloir
ajuster la M 14 aux réalités fonctionnelles des communes, plutôt que de s'en
tenir à la nomenclature fonctionnelle des administrations (NFA). Mais
aujourd'hui cette instabilité de textes est une véritable calamité pour les
petites communes qui ont bien d'autres charges à assumer. Conscient que ces
textes ont fait l'objet d'une concertation avec le comité des finances locales,
il lui rappelle tout de même que la gestation de la M 14 s'est faite en dix
ans. Ne pouvait-on prévoir une solution durable dès le départ ? Quand donc les
préoccupations réelles des acteurs locaux seront-elles prises en compte ? Il
lui demande surtout quand l'Etat respectera enfin le principe fondamental de la
libre administration des collectivités locales, inscrit dans notre
Constitution, et pourtant si souvent écorné.
N° 393. - M. Georges Mouly appelle l'attention de M. le ministre de
l'équipement, des transports et du logement sur la nécessité de répondre aux
interrogations légitimes des Corréziens quant à la réalisation rapide des
projets de désenclavement de la région Limousin. Alors que la liaison routière
Montauban-Brive-Paris par l'A 20 avance dans de bonnes conditions, il lui
demande quelle suite doit être attendue des essais du train pendulaire sur la
liaison Paris-Toulouse et si la continuité de la liaison autoroutière
Bordeaux-Clermont-Ferrand entre les deux principales villes du département de
la Corrèze n'est que provisoirement remise en cause par les problèmes
techniques rencontrés, comme cela a été avancé lors de la dernière réunion du
comité départemental de pilotage du 1 % Paysage.
Le Directeur du service du compte rendu intégral, DOMINIQUE PLANCHON QUESTIONS ORALES REMISES À LA PRÉSIDENCE DU SÉNAT (Application des articles 76 à 78 du réglement)
Conditions d'installation de débits de tabac
en zone de montagne
405.
- 15 décembre 1998. -
M. Claude Domeizel
attire l'attention de
M. le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie
sur les difficultés rencontrées pour la création de débits de tabac dans les
communes rurales et en particulier dans les zones de montagne à faible densité
de population. Malgré les promesses d'assouplissement et la réflexion en cours
annoncée dans la réponse à la question écrite n° 4427 du 20 novembre 1997, la
demande de création d'un débit de tabac (bien souvent en complément d'une
épicerie) se heurte à la rigidité de la réglementation. Les communes situées en
zone rurale de montagne, atteignant à peine le seuil de population fixé pour la
création d'un débit de tabac, sont pourtant très souvent les centres
d'approvisionnement de toutes les petites communes alentours. Le relief et les
conditions climatiques rendent les déplacements plus difficiles vers la ville
la plus proche. A l'heure où, dans le cadre de l'aménagement du territoire, on
essaie de doter nos villages de commerces multiservices, il est aberrant que
des règles basées sur la rentabilité du comptoir de vente s'opposent à la
création d'un débit de tabac alors que précisément l'adjonction d'une telle
activité permettrait de rentabiliser les commerces existants et contribuerait à
leur maintien. Aussi, il lui demande quelles mesures il envisage afin d'adapter
cette réglementation aux communes rurales des zones de montagne.
ANNEXE AU PROCÈS-VERBAL
de la séance
du mardi 15 décembre 1998
SCRUTIN (n° 54)
sur l'ensemble du projet de loi de finances rectificative pour 1998, adopté
par l'Assemblée nationale.
Nombre de votants : | 319 |
Nombre de suffrages exprimés : | 318 |
Pour : | 219 |
Contre : | 99 |
Le Sénat a adopté.
ANALYSE DU SCRUTIN
GROUPE COMMUNISTE RÉPUBLICAIN ET CITOYEN (16) :
Contre :
16
GROUPE DU RASSEMBLEMENT DÉMOCRATIQUE ET SOCIAL EUROPÉEN (22) :
Pour :
16
Contre :
4. _ MM. François Abadie, Jean-Michel Baylet, André Boyer et
Yvon Collin.
Abstention :
1. _ M. Pierre Jeambrun.
N'a pas pris part au vote :
1. _ M. Paul Girod, qui présidait la
séance.
GROUPE DU RASSEMBLEMENT POUR LA RÉPUBLIQUE (99) :
Pour :
98
N'a pas pris part au vote :
1. _ M. Christian Poncelet, président du
Sénat.
GROUPE SOCIALISTE (78) :
Contre :
78
GROUPE DE L'UNION CENTRISTE (52) :
Pour :
52
GROUPE DES RÉPUBLICAINS ET INDÉPENDANTS (47) :
Pour :
47
Sénateurs ne figurant sur la liste d'aucun groupe (7) :
Pour :
6
Contre :
1. _ M. Gérard Delfau.
Ont voté pour
Nicolas About
Philippe Adnot
Louis Althapé
Jean-Paul Amoudry
Pierre André
Philippe Arnaud
Jean Arthuis
Denis Badré
José Balarello
René Ballayer
Janine Bardou
Michel Barnier
Bernard Barraux
Jean-Paul Bataille
Jacques Baudot
Michel Bécot
Claude Belot
Georges Berchet
Jean Bernadaux
Jean Bernard
Daniel Bernardet
Roger Besse
Jacques Bimbenet
Jean Bizet
Paul Blanc
Maurice Blin
Annick Bocandé
André Bohl
Christian Bonnet
James Bordas
Didier Borotra
Joël Bourdin
Jean Boyer
Louis Boyer
Jean-Guy Branger
Gérard Braun
Dominique Braye
Paulette Brisepierre
Louis de Broissia
Guy-Pierre Cabanel
Michel Caldaguès
Robert Calmejane
Jean-Pierre Cantegrit
Jean-Claude Carle
Auguste Cazalet
Charles Ceccaldi-Raynaud
Gérard César
Jacques Chaumont
Jean Chérioux
Marcel-Pierre Cleach
Jean Clouet
Gérard Cornu
Charles-Henri de Cossé-Brissac
Jean-Patrick Courtois
Charles de Cuttoli
Xavier Darcos
Philippe Darniche
Désiré Debavelaere
Luc Dejoie
Robert Del Picchia
Jean Delaneau
Jean-Paul Delevoye
Jacques Delong
Fernand Demilly
Christian Demuynck
Marcel Deneux
Gérard Deriot
Charles Descours
André Diligent
Jacques Dominati
Michel Doublet
Alain Dufaut
Xavier Dugoin
André Dulait
Ambroise Dupont
Jean-Léonce Dupont
Hubert Durand-Chastel
Daniel Eckenspieller
Jean-Paul Emin
Jean-Paul Emorine
Michel Esneu
Hubert Falco
Pierre Fauchon
Jean Faure
André Ferrand
Hilaire Flandre
Gaston Flosse
Jean-Pierre Fourcade
Bernard Fournier
Alfred Foy
Serge Franchis
Philippe François
Jean François-Poncet
Yves Fréville
Yann Gaillard
René Garrec
Jean-Claude Gaudin
Philippe de Gaulle
Patrice Gélard
Alain Gérard
François Gerbaud
Charles Ginésy
Francis Giraud
Daniel Goulet
Alain Gournac
Adrien Gouteyron
Francis Grignon
Louis Grillot
Georges Gruillot
Hubert Haenel
Emmanuel Hamel
Anne Heinis
Marcel Henry
Pierre Hérisson
Rémi Herment
Daniel Hoeffel
Jean Huchon
Jean-Paul Hugot
Jean-François Humbert
Claude Huriet
Roger Husson
Jean-Jacques Hyest
Pierre Jarlier
Charles Jolibois
Bernard Joly
André Jourdain
Alain Joyandet
Christian de La Malène
Jean-Philippe Lachenaud
Pierre Laffitte
Alain Lambert
Lucien Lanier
Jacques Larché
Gérard Larcher
Patrick Lassourd
Robert Laufoaulu
Edmond Lauret
René-Georges Laurin
Henri Le Breton
Jean-François Le Grand
Dominique Leclerc
Jacques Legendre
Guy Lemaire
Serge Lepeltier
Marcel Lesbros
Jean-Louis Lorrain
Simon Loueckhote
Roland du Luart
Jacques Machet
Kléber Malécot
André Maman
Philippe Marini
René Marquès
Pierre Martin
Paul Masson
Serge Mathieu
Louis Mercier
Michel Mercier
Lucette Michaux-Chevry
Jean-Luc Miraux
Louis Moinard
René Monory
Aymeri de Montesquiou
Georges Mouly
Bernard Murat
Philippe Nachbar
Paul Natali
Lucien Neuwirth
Philippe Nogrix
Nelly Olin
Paul d'Ornano
Joseph Ostermann
Georges Othily
Jacques Oudin
Charles Pasqua
Lylian Payet
Michel Pelchat
Jacques Pelletier
Jean Pépin
Jacques Peyrat
Alain Peyrefitte
Xavier Pintat
Bernard Plasait
Jean-Marie Poirier
Guy Poirieux
Ladislas Poniatowski
André Pourny
Jean Puech
Jean-Pierre Raffarin
Henri de Raincourt
Jean-Marie Rausch
Victor Reux
Charles Revet
Henri Revol
Henri de Richemont
Philippe Richert
Yves Rispat
Jean-Jacques Robert
Louis-Ferdinand de Rocca Serra
Josselin de Rohan
Michel Rufin
Jean-Pierre Schosteck
Bernard Seillier
Raymond Soucaret
Michel Souplet
Louis Souvet
Martial Taugourdeau
Henri Torre
René Trégouët
François Trucy
Alex Türk
Maurice Ulrich
Jacques Valade
André Vallet
Alain Vasselle
Albert Vecten
Xavier de Villepin
Serge Vinçon
Guy Vissac
Ont voté contre
François Abadie
Guy Allouche
Bernard Angels
Henri d'Attilio
Bertrand Auban
François Autain
Robert Badinter
Jean-Michel Baylet
Marie-Claude Beaudeau
Jean-Luc Bécart
Jean-Pierre Bel
Jacques Bellanger
Maryse Bergé-Lavigne
Jean Besson
Pierre Biarnès
Danielle Bidard-Reydet
Marcel Bony
Nicole Borvo
André Boyer
Yolande Boyer
Robert Bret
Jean-Louis Carrère
Bernard Cazeau
Monique Cerisier-ben Guiga
Gilbert Chabroux
Michel Charasse
Marcel Charmant
Michel Charzat
Yvon Collin
Raymond Courrière
Roland Courteau
Marcel Debarge
Bertrand Delanoë
Gérard Delfau
Jean-Pierre Demerliat
Dinah Derycke
Rodolphe Désiré
Marie-Madeleine Dieulangard
Claude Domeizel
Michel Dreyfus-Schmidt
Michel Duffour
Josette Durrieu
Bernard Dussaut
Claude Estier
Léon Fatous
Guy Fischer
Thierry Foucaud
Serge Godard
Jean-Noël Guérini
Claude Haut
Roger Hesling
Roland Huguet
Alain Journet
Philippe Labeyrie
Serge Lagauche
Roger Lagorsse
Dominique Larifla
Gérard Le Cam
Louis Le Pensec
Pierre Lefebvre
André Lejeune
Claude Lise
Paul Loridant
Hélène Luc
Philippe Madrelle
Jacques Mahéas
François Marc
Marc Massion
Pierre Mauroy
Jean-Luc Mélenchon
Gérard Miquel
Michel Moreigne
Jean-Marc Pastor
Guy Penne
Daniel Percheron
Jean-Claude Peyronnet
Jean-François Picheral
Bernard Piras
Jean-Pierre Plancade
Danièle Pourtaud
Gisèle Printz
Jack Ralite
Paul Raoult
Ivan Renar
Roger Rinchet
Gérard Roujas
André Rouvière
Claude Saunier
Michel Sergent
Franck Sérusclat
René-Pierre Signé
Simon Sutour
Odette Terrade
Michel Teston
Pierre-Yvon Tremel
Paul Vergès
André Vezinhet
Marcel Vidal
Henri Weber
Abstention
M. Pierre Jeambrun.
N'ont pas pris part au vote
MM. Christian Poncelet, président du Sénat, et Paul Girod, qui présidait la
séance.
Les nombres annoncés en séance ont été reconnus, après vérification, conformes
à la liste de scrutin ci-dessus.